Chapitre I : Tête fêlée ou danger masqué ?

Après avoir mis un peu d’ordre dans la maison, Abakor rejoignit Malcer et la compagnie dans le salon. Le parcours de Novrosha intéressa Abakor. Il n’avait jamais vu de Lycanthrope mais savait que certains de ces semblables avaient la capacité de muté.
Il laissa parler ses compagnons tout en réfléchissant sur les indices qu’ils avaient découverts. Ce doit être une malédiction ou il ne savait quoi? Tout ça sentait la magie et ce n’était pas son domaine. Il proposa son aide pour regarder les différents registres et manuscrits de leur hôte.

- Est-ce que vous pouvez nous expliquer comment votre père a récupéré tous ces livres ? Quel était son métier, était-il un mage ou un érudit ?
- Je pense aussi que tout ça est lié à la magie.

Abakor commence à tourner en rond dans la pièce. Il aimerait trouver la solution à cet imbroglio d’évènement lié à cette maison. Une petite idée lui traversa l'esprit. Même si c'était un peu gros, il ne fallait rien négliger.

- Pensez vous que quelqu’un dans la maison pourrait avoir des pouvoirs latents qui auraient été déclenché il y’a peu?

Son intérêt se porte vers le premier étage et son regard s'arrêta aussi sur Novrosha.

En dépit de l'heure avancée, l'enquête se poursuivait. Cette nouvelle intrusion inexpliquée avait réveillé la sagacité des mercenaires qui, peu à peu, parvenaient à emboîter les différentes pièces de l'inquiétant puzzle.

Malcer Lindigent

- Peur des araignées ? Le mot est faible ! s'esclaffa Malcer, manquant de renverser sa tisane. La plus petite de ces créatures lui arrache un hurlement... Peut-être l'un d'entre eux se souvint-il que Novrosha avait déjà signalé la phobie des "aragnes" dont sa maîtresse souffrait. Le maître de maison opinait silencieusement du chef tandis que Locredar réfléchissait à voix haute. - Tout cela se tient, mon brave, conclut-il la mine grave. Vous avez la tête aussi robuste que les bras ! Allez donc chercher mon registre ; si c'est pas un masque, c'est forcément une autre relique. -------------------- Genoux cagneux, échine courbée, épaules rentrées, teint cireux et petites lunettes au bout du nez : Malcer Lindingent a tout du rat de bibliothèque. Cet érudit est pourtant loin d'incarner la quiétude d'une bibliothèque... Tout son corps semble comme aux ordres d'une vigilance inquiète, pour ne pas dire paranoïaque.

Les hypothèses allèrent bon train les quelques minutes pendant lesquelles le nain s'absenta. Alors qu'il quittait le bureau, ses yeux rencontrèrent à nouveau la tenture ornementale qui décorait le mur opposé à la collection de masques : le symbole divin d'Oghma, Seigneur de la Connaissance, lui sembla de bon augure alors qu'ils s'apprêtaient à faire un peu de lumière sur cette ténébreuse affaire. Le devise brodée en lettres d'or qui le surplombait l'interpela sûrement, tant elle pouvait paraître ironique : "Une idée n'a aucun poids, mais elle peut déplacer des montagnes".

Tout en feuilletant le carnet du scrupuleux collectionneur, on continuait de s'enquérir auprès de lui : aucune piste, semblait-il, ne serait écartée cette fois-ci. Malcer avait répondu d'un ton on ne pouvait plus catégorique aux suspicions d'Abakor : aucun des résidents du manoir n'avait de dons de nature à invoquer les monstrueuses créatures qui les avaient attaqués. Il paraissait plus hésitant quant à sa précieuse bibliothèque, ou plutôt gêné aux entournures...

Malcer Lindigent

- Mon père n'avait aucun talent pour l'Art lui non plus, commença-t-il timidement. Il n'était pas érudit, mais il avait conscience de la valeur des livres qu'il m'a transmis ; c'est pour ça qu'il a veillé à mon éducation. Il n'avait pas d'ennemis déclarés, mais qui sait... La jalousie... Lui n'avait pas de l'indigent que le nom, à sa naissance ! Et ces masques alors ? Sa question, abrupte, était à l'évidence une manière d'en revenir à autre chose. Était-ce sa méfiance maladive qui poussait le marchand à ne pas tout leur dire sur ses manuscrits anciens ? Rhaugilath, pour avoir passé en revue de nombreux documents, ne pouvait que s'étonner que le père de Malcer ne fût pas magicien ou sorcier tant les textes sur la magie profane abondaient. S'ils voulaient tirer les vers du nez à leur ombrageux employeur, il leur faudrait probablement muscler leur sage interrogatoire. -------------------- Genoux cagneux, échine courbée, épaules rentrées, teint cireux et petites lunettes au bout du nez : Malcer Lindingent a tout du rat de bibliothèque. Cet érudit est pourtant loin d'incarner la quiétude d'une bibliothèque... Tout son corps semble comme aux ordres d'une vigilance inquiète, pour ne pas dire paranoïaque.

Le registre était rigoureusement tenu. Cela faisait plusieurs semaines qu'aucune entrée n'avait été ajoutée ; quant aux masques, pas un n'avait rejoint la collection depuis des mois. S'il fallait s'en tenir aux acquisitions les plus récentes, les soupçons ne pesaient qu'en tout et pour tout que sur trois masques.

Malcer expliqua que les lettres "P. M.", présentes sur presque toutes les pages, désignait Prudhosk Maindor. Ce marchand installé au Puits de Béorunna - première ville uthgarde de l'histoire ! - lui avait fourni la plupart des pièces de sa collection ; aussi ne s'embarrassait-il plus à écrire son nom en entier. Le margoulin profitait de l'absence de concurrence pour lui tenir la dragée haute, mais ça valait la peine.

Lancers...

Abakor - Jet de compétence : Social : 12(d20) +0(deg) +2(Cha) = 14
Locredar - Jet de compétence : Social : 11(d20) +0(deg) +0(Cha) +2 (don) = 13
Rhaugilath CLXXIV - Jet de compétence : Social : 3(d20) +4(deg) +3(Cha) = 10

L’expertise du registre était concluant, mais un autre choix s'offrait à nouveau.

Le nain réfléchissait à haute voix par moment :

¤ un masque de carnaval ? j'y crois pas trop ¤

- Peut on en déduire que ce P.M est un vendeur régulier et qu'il n'aurait pas d’intérêt particulier à ruiner son commerce ?

¤ Ou peu être à t'il justement vendu un artefact qui le gêné ? ¤

- Et ce Gum Lameluisante, vous le connaissez bien ?

- Vous les rencontrez les vendeurs de ces masques ?

Ne sachant pas vraiment faire un choix, Locredar proposa également un manière plus expéditif face à ces indécisions. Le principe était de prendre tous ces masques et d'aller les planquer séparément autour de la propriété afin d'en tirer plus de conclusion.
En même temps, personne de savait quelle porté la malédiction avait, si malédiction ou autres forme de magie il y avait dans ces masques.
Le nain proposa cette idée en dernier recourt et avec des pincettes car il supposait qu'il ne plairait pas à Malcer d'étaler sa précieuse collection à l’extérieur.

Cependant un autre détail avait attiré son attention dans le bureau de Malcer, cette tenture avec le symbole d'Oghma et surtout la devise brodé dessus : "Une idée n'a aucun poids, mais elle peut déplacer des montagnes".

¤ Ca ressemble quand même vachement à ce qu'il arrive dans cette maison ! ¤

Peu être etait-ce le méli-mélo que lui inspiré cette enquête et le fait que ces masques avait été acquis il y as des mois, mais l’espace d'un instant, le nain ne pu s’empêcher de suspecter également la tenture..

Locredar partagea à la tablé ses réflexions à ce sujet et conclut par une dernière question :

- Monsieur Lindigent, cette tenture dans votre bureau représentant Oghma, vous l'avez depuis longtemps ?

'est avec une certaine surprise que Rhaugilath se tourna vers Locredar quand il émit son hypothèse concernant la source des problèmes. Cela ne lui semblait pas facile à croire mais le nain avait probablement mit le doigt sur quelque chose. Il était clairement plus vif qu'il ne le semblait.

Si sa théorie était correcte, elle rejoignait celle de l'Halruéenne selon laquelle quelqu'un usait de magie pour tourmenter les habitants du manoir. Et elle pouvait aussi correspondre vaguement avec son opinion que Cefrey était peut-être capable de manipuler les arts arcaniques comme le faisaient les ensorceleurs, sans le savoir ou en connaissance de cause. Rhaugilath était aussi assez certaine que ce genre d'affliction, d'une manière similaire aux maladies sanguines, pouvait être transmis d'un parent à un enfant. Cela valait probablement le cout de partager ses suspicions avec le reste des présents.

-Au risque de me montrer brusque, je pense que Locredar est probablement près du but avec son idée de magie identifiant les plus profondes peurs des habitants du manoir pour les manifester. Je ne connais pas de sort capable de faire cela mais je n'ai pas fini mes études et la région est connue pour ses artefacts, y compris certains qui sont suffisamment anciens pour ne plus fonctionner correctement. Je crois qu'il y a un sort d'illusion qui permet de manifester les pires cauchemars d'une personne mais les monstres que nous avons rencontrés n'étaient clairement pas illusoires. Des invocations semblent plus plausibles mais, si elles étaient impressionantes, ces créatures ne me semblaient pas particulièrement extra-planaires et elles étaient des animaux. Tout en parlant, l'Halruéenne parvenait à de nouvelles conclusions et elle se demandait si elle devait continuer sur sa piste initiale. Elle décida de dévier, au moins pour l'instant. Cela me pousserait plutôt vers de la magie druidique, même si je ne connais pas grand chose au sujet, et cela me semble consistant avec l'idée que l'un des masques en est la cause.

Rhaugilath se tut le temps de réfléchir un peu à ce qu'elle venait de dire et à ce que les autres venaient de dire et à ce qu'elle avait noté plus tôt. Elle ne pensait plus que sa théorie première était correcte mais il y avait quelques questions qu'elle se posaient dans cette direction qu'elle pouvait formuler sans accuser Cefrey ou Mara.

-Plusieurs des livres les plus occultes dans votre bibliothèque ont sur leur première page un "P" calligraphié, parfois suivi d'un sablier sous un croissant de lune. Est-ce que ce "P" est aussi ce Prudhosk Maindor? Ou est-ce une autre personne? Je ne sais pas si cela est important mais je ne peux pas dire que ce ne l'est pas.

Toutes ces questions commençaient à ennuyer Abakor, c’était un homme d’action. Le registre leur donna quelques informations mais aussi une foule de questions nouvelles. Tout le monde était à donner son avis et Abakor se perdait dans tout ça ! Il faudrait avoir plus d’information sur les vendeurs de masques. Abakor avait entendu des choses sur la famille Thann d’Eauprofonde. Cette famille baignait dans la magie. L’oncle de danilo était un puissant magicien à sa connaissance mais tous les masques pouvaient être source de magie.

- Il faudrait aussi que vous nous présentiez ces masques. Peut-être qu’un détail pourrait nous mener sur une piste.

Abakor pose son doigt sur la ligne parlant de la famille Thann. Il tapota avec son index.

- Cette famille est une famille qui connait bien la magie. L’oncle de Danilo est un fort puissant magicien !
- Je vois que c’est un don, vous pouvez nous expliquer pourquoi ce Danilo vous a offert ce masque ?

Abakor se penche vers Malcer. Son regard était un peu dur. Il lui demanda de leur donner le maximum d’information et qu’il pensait que celui-ci ne leur disait pas tout. L’idée de la jeune femme concernant la magie druidique pouvait aussi être intéressante. Elle demanda aussi la signification du « p » calligraphié sur certains livres ce qui intrigua fortement Abakor. Il attendait les réponses de Malcer avec impatience.

D'un regard inquisiteur mais sans hostilité aucune, Malcer avait congédié sa servante. La discussion menaçait de prendre un tour plus confidentiel et l'homme soupçonneux préférait manifestement la préserver d'oreilles indiscrètes.

S'il avait sans surprise accueilli la proposition de Locredar par un refus catégorique, il s'était montré un peu plus disert à propos de la tenture (qu'il possédait depuis qu'il était jeune homme) ainsi qu'au sujet de l'origine des masques.

Malcer Lindigent

- Je n'ai jamais rencontré Prudhosk. C'est lui qui m'a écrit il y a de ça un an je dirais... Des aventuriers, d'autres marchands, lui avaient rapporté mon intérêt pour la culture uthgardte (deux mots prononcés avec emphase) : une nouvelle précieuse qui n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd... En feuilletant les pages du registre, ils avaient en effet pu constater que l'affaire était des plus juteuses pour le négociant. Ce dernier aurait donc eu peu d'intérêt, comme le suggérait le nain, à supprimer un si bon client. - Quant à Gum Lameluisante, il faisait partie d'une petite compagnie, poursuivit-il en fouillant visiblement dans sa mémoire. Des chasseurs de trésors, comme il m'arrive parfois d'en engager. Les forêts du grand Nord cachent de nombreuses reliques des temps passés, les pièces les plus anciennes de ma collection m'ont été procurées par ces expéditions. Je ne me souviens plus du nom... Quelque chose avec "intrépride" je crois... L'embarras se peignit sur son visage, il cherchait ses mots. Ceux-là n'ont pas eu de chance, hélas. Ces choses arrivent... C'est les risques du métier, n'est-ce pas ? Gum fut le seul des siens à revenir, peu bavard, amer. Il a empoché son dû sans négocier. Ce fut avec soulagement qu'il abandonna ce triste chapitre pour évoquer le présent de la famille Thann, à la demande d'Abakor. - Oh, n'allez pas vous imaginer... Ce cadeau ne vient pas du Grand Mage ! C'est dame Cassandra qui l'a fait envoyer, en remerciements des nombreuses copies d'ouvrages que nous lui avons procurées. Beaucoup de Thann sont des érudits, et plusieurs jeunes se sont lancés dans des études compliquées, comprenez-vous ? -------------------- Genoux cagneux, échine courbée, épaules rentrées, teint cireux et petites lunettes au bout du nez : Malcer Lindingent a tout du rat de bibliothèque. Cet érudit est pourtant loin d'incarner la quiétude d'une bibliothèque... Tout son corps semble comme aux ordres d'une vigilance inquiète, pour ne pas dire paranoïaque.

Ces révélations désignaient une nouvelle fois la bibliothèque du copiste comme une source exceptionnelle de savoirs. L'esprit vif de Raugilath s'était aussitôt saisi d'une si belle occasion de revenir à la charge sur la mystérieuse origine des manuscrits. Les réflexions de l'apprenti magicienne avaient fait forte impression, et tout le monde semblait convenir de la vraisemblance de ses hypothèses. Sur ces entrefaites était apparue Cefrei, dont quelques grincements de planches avaient annoncé la venue alors qu'elle descendait les escaliers. Pâle, la fragile créature était allée se placer à côté de son époux qui, non sans gêne et maladresse, essayait à nouveau de se dérober à cette nouvelle question par une réponse évasive.

Cefrey

- Ces gens ont prouvé leur valeur, Malcer, le coupa-t-elle timidement, d'une voix incomparablement douce. Ils ont ma confiance, comme ils ont mérité la tienne. Les lèvres pincées, l'homme consentit dans un soupir. - Cette lettre "P" est l'initiale de Phelanshalee, révéla-t-elle en chuchotant le prénom, par respect, superstition ou crainte. C'est à cette ensorceleuse qu'appartenait la plupart des ouvrages de notre collection, il y a bien longtemps... Celle-ci n'est plus aujourd'hui. L'aïeul de mon époux, un jour où Tymora guidait sans doute ses pas, a trouvé un sac enchanté contenant le trésor qui a changé la destinée de sa famille. C'était au fond du Bois-Froid, dans une petite grotte, sous quelques pierres entassées. C'est bien cela mon époux ? -------------------- Plus jeune que son époux, Cefrey Lindigent est une créature d'une infinie douceur. Sa voix, apaisante musique, coule comme du miel tandis que ses gestes, lents et gracieux, semblent autant de molles caresses. Plus que délicate, elle semble fragile et prête à se rompre au moindre choc : qu'elle ait enfanté sans périr semble tenir du miracle.

Elle posa affectueusement la main sur l'épaule de Malcer qui, les lunettes au bout du nez, gardait les yeux baissés, honteux que fût révélé le secret de la fortune des Lindigent. Leur ascension pouvait en effet passer pour malhonnête... On avait du mal à imaginer qu'un être aussi inoffensif et craintif ait pu avoir un ancêtre assez téméraire pour explorer les contrées sauvages. Il confirma d'un hochement de tête.

Ces nouvelles révélations avaient éloigné la discussion du sujet premier, les masques, que le maître des lieux les laisserait évidemment étudier à loisir du moment qu'ils ne les abimeraient pas. Fallait-il voir un lien entre la sorcière Phelanshalee et la malédiction qui frappait son illégitime héritier ?

Locredar écoutait attentivement les nouvelles informations de Raugilath, Malcer et Cerfrey.
Il ne comprenait pas pourquoi Malcer avait honte de la trouvaille de son aïeul, car après tout, il avait dû travailler dur pour en arriver la, tout comme Malcer.

Le nain essaya de remonter le moral à leur hôte :

-Vous savez Monsieur Lindigent, la chance fait parti de la vie, tout comme le travail que vous faite. Votre aïeul doit être fier de vous, de savoir que vous n'avez pas gâché sa chance.

Sa dernière phrase était dite avec un sourire amicale.

-Une ensorceleuse du nom de Phelanshalee qui n'est plus depuis bien longtemps vous dite. Excusez mon ignorance car je vais peu-être dire une belle bêtise mais pourrait elle être du peuple Utgarh ou de cette époque ?
-Car on pourrait peu être établir un lien entre tout ces livres occultes, ces masques préoccupant et ..

Les pensées du nain divaguèrent subitement.
¤Et .. une fillette qui passe beaucoup de son temps à lire..¤

Son sang se glaça.

-Plus important, où Mara va t'elle chercher sa lecture !?

L'adrénaline du nain était monté d'un cran. Il espérait que la réponse ne serait pas " dans la bibliothèque " et était prêt à foncer le cas échéant. A cette instant précis, il avait peur, peur pour Mara. Il espérait que l'un de ces livres occultes ne soit pas entre les mains de la petite..

endant quelques, longs, instants, le regard de Rhaugilath s'était vidé après les révélations de Cefrey sur l'identité du propriétaire de la rune P accompagnée du sablier et de la lune. Elle était aussi devenue un peu pâle, son sang quittant sa peau pour se précipiter vers son cerveau qui était en train de surchauffer avec de nouvelles hypothèses ... et au moins autant de nouvelles craintes. Pendant quelques temps, elle se trouva sur le point de dire tout haut que la famille Lindigent ne pouvait pas se plaindre d'avoir des problèmes si elle avait choisie de lier son destin à celui, quoique posthume, d'une pratiquante de l'Art sauvage mais son éducation la retint de se montrer aussi peu compatissante et charitable. Cela et la remarque de Locredar. L'incroyable ascension du nain dans l'estime de l'Halruéenne avait atteint son zénith et était en train de chuter plus vite que les anciennes citées de Néthérile. Cela étant dit, elle n'était pas certaine de sa théorie non plus, donc elle devait faire preuve de circonspection.

-Mon cher Locredar, je ne sais presque rien à propos des uthgardts et de leur culture mais je mettrais ma main au feu que Phelanshalee est un nom elfique. J'espère me tromper mais il me semble même fort probable que ce soit un nom drow. Que savez-vous de cette mage et de comment elle a acquis sa collection? Son intérêt semblait être dans l'origine des ensorceleurs et de leurs semblables, une question que les mages de ma patrie sa pause aussi depuis longtemps mais sans doute pour des raisons bien différentes. J'ignore si c'est possible mais avec leur magie imprévisible, cela ne me surprendrait pas tant que cela que l'un de ses grimoires réagisse de manière déplaisante à la présence de quelqu'un avec ce genre de trait, en particulier si ce quelqu'un n'a pas même le degré de maîtrise limité de l'Art qu'ont les ensorceleurs. Est-ce que vous connaissez quelqu'un qui aurait, ou suspectez quelqu'un d'avoir, ce genre de pouvoirs?

Le maître des lieux avait opposé une réponse catégorique à l'hypothèse de Locredar : les Uthgardts abhorraient la magie profane, les magiciens et les ensorceleurs. A sa connaissance - et il était LE spécialiste en ce monde - il n'y avait jamais eu d'Uthgardt qui maitrisât l'Art... Seulement des prêtres et des druides, et quelques bardes dont la nature des pouvoirs n'avait jamais été éclaircie encore. Les objets magiques étaient extrêmement rares parmi ce peuple : il s'agissait de reliques sacrées, dont les pouvoirs étaient d'essence divine. Quant à sa fille, elle ne maîtrisait que l'alphabet illuskan : la plupart des ouvrages de la bibliothèque demeuraient ainsi hors de sa portée. Ses lectures étaient surveillées, il s'agissait surtout de contes et de légendes parfaitement inoffensifs.

Rhaugilath n'était pas sans ignorer que de nombreux arcanistes taisaient leur véritable nom, une précaution élémentaire pour se préserver de maléfices. Il n'en demeurait pas moins que les consonnances du patronyme qui les intéressait - pseudonyme ou nom - semblaient bel et bien elfiques, ce que confirma Malcer.

Malcer Lindigent

- Nous n'avons pas poussé les recherches... bafouilla-t-il, dissimulant mal son embarras. Mes aïeux n'ont pas voulu attirer l'attention... vous comprenez, n'est-ce pas ? La peur qu'on nous retire une telle aubaine. Cette collection, c'était inespéré pour nous. Cefrei pressa son épaule ; il s'égarait... Passons. Nous savons seulement que la sorcière Phelanshalee est originaire de l'Aglarond. Quant à ses armoiries si l'on peut dire, le croissant de lune et le sablier, c'est le symbole d'une très ancienne confrérie de magiciens : l'Alliance. Nous en avons déduit que la sorcière Phelanshalee avait dû périr dans la terrible guerre qui a opposé sa confrérie aux sorciers rouges de Thay... -------------------- Genoux cagneux, échine courbée, épaules rentrées, teint cireux et petites lunettes au bout du nez : Malcer Lindingent a tout du rat de bibliothèque. Cet érudit est pourtant loin d'incarner la quiétude d'une bibliothèque... Tout son corps semble comme aux ordres d'une vigilance inquiète, pour ne pas dire paranoïaque.

Ces paroles réveillèrent un souvenir étonnement précis dans la mémoire de Rhaugilath, dont les connaissances en histoire de la magie étaient pourtant limitées. L'idée l'avait séduite, si bien qu'elle s'était profondément ancrée : quatre magiciens parmi les plus puissants du nord des Royaumes avaient jadis fondé une organisation ayant pour but de protéger la civilisation contre les hordes monstrueuses déferlant depuis l'Epine dorsale du monde. Leurs noms lui échappaient, mais elle les retrouverait aisément dans une bibliothèque ; peut-être même ici. "Grimwald", celui-ci lui revint tout à coup... L'Alliance avait été vaincue par Thay, au terme de plusieurs décennies d'un conflit extrêmement meurtrier.

Cefrey

- J'ai moi-même un don pour l'Art, comme vous l'a peut-être dit mon mari... rappela Cefrei. Je n'ai pas terminé mon apprentissage, mes prédispositions étaient faibles et ma santé trop fragile... Aucune amertume n'était perceptible dans sa voix. Je ne crois pas avoir transmis cela à ma fille, mais il est sûrement trop tôt pour en être tout à fait certaine. Ne croyez-vous pas ? -------------------- Plus jeune que son époux, Cefrey Lindigent est une créature d'une infinie douceur. Sa voix, apaisante musique, coule comme du miel tandis que ses gestes, lents et gracieux, semblent autant de molles caresses. Plus que délicate, elle semble fragile et prête à se rompre au moindre choc : qu'elle ait enfanté sans périr semble tenir du miracle.

L'Halruéenne n'avait aucune certitude en la matière... Une chose néanmoins était sûre : la bibliothèque ne présentait aucun ouvrage comparable à un livre de sort ou à un parchemin arcanique. Tous les ouvrages qu'elle avait passés en revue étaient scientifique, théorique ou encyclopédique.

Lancers...

Rhaugilath CLXXIV - Jet de compétence : Connaissance (folklore local) : 20(d20) +4(deg) +3(Int) = 27

'histoire n'était pas le sujet préféré de Rhaugilath. Pour sa défense, ce n'était pas un sujet qui intéressait un très grand nombre de mages issus d'un empire connu pour son hubris et sa chute. Toujours était-il qu'elle ne partageait pas l'opinion de Malcer que la confrérie fondée par Phelanshalee était ancienne quand elle ne devait pas être bien plus de millénaire. Mais elle ne pensait pas que le moment était idéal pour un tel débat, d'autant plus qu'il semblait probable que Lindigent soit mieux informé qu'elle. Elle préféra se tourner vers Cefrey pour discuter des talents de sa fille. Elle devait avouer qu'elle était un peu surprise par les révélations concernant le peu d'intérêt pour l'Art que le Nord semblait exprimer.

-Je dois avouer mon ignorance concernant l'administration de l'Art des Marches d'Argent mais les choses sont très différentes en Halruaa. Il est habituel que les couples soient formés afin de maximiser les chances de talents arcaniques dans leur progéniture et chaque enfant est évalué bien avant sa naissance afin de ne pas gâcher ce qui est, assez clairement, la ressource la plus précieuse de toute société. Il n'est pas rare que les enfants échouent à leur éducation mais, pour les plus faibles, cela veut généralement dire qu'ils quittent le pays pour échapper à la honte et, pour ceux qui sont trop puissants pour maitriser leurs talents correctement, cela veut généralement dire une destruction lorsqu'un sort finit par échapper au contrôle de son lanceur.

Rhaugilath essayait maintenant de se creuser la mémoire. Un seul nom additionel lui revenait mais, dans son souvenir et en supposant que l'organisation dont Malcer parlait et celle dont elle se souvenait était réellement les mêmes, son but avait été de protéger le Nord des Royaumes de multiples menaces ... et ils avaient échoué. Cela valait le coup de discuter de ce sujet un peu plus, lui semblait-il, après tout, cela pouvait être connecté au mystère qu'ils essayaient de percer.

-J'ai encore quelques questions concernant Phelanshalee. Que pouvez-vous nous dire sur l'Alliance, ses membres et sa chute? Ce n'était pas un chapitre très bien couvert pendant mes études. Où se trouve le Bois Froid et est-il possible que ce soit l'endroit où elle a péri? Est-il possible que ses héritiers soient la cause de vos troubles? Ils n'ont peut-être pas apprécié que leur héritage leur échappe et les elfes peuvent être rancuniers et patients. Est-ce que vous avez obtenus des objets d'origine elfique ou grâce à la médiation d'elfes récemment?