Chapitre III : Des airs de hibou...

L’ « Hopital » de Kethra était un grand nom pour ce qui fut présenté aux aventuriers mais Phénix en avait vu d’autres durant ses mois de voyage d’un bout à l’autre de Féérune et il se contenta volontiers de cet abri.

Il avait fait toutes sortes de découvertes durant son long périple jusqu’aux Marches d’Argent, des filles de joies, que ses premiers compagnons de voyage lui firent découvrir assez tôt dans son périple pour le sortir de son innocente jeunesse, à la Ligue des Bottes Infatigables, dont certains des accompagnateurs qu’il rencontra en cours de route étaient membres.

Cette découverte des plaisirs charnels fut une grande révolution sensorielle pour le jeune rôdeur mais ses « parrains » le prévinrent quand même des risques liés à cette activité et lui donnèrent moult conseils pour se prémunir. Il se souvient, avec un brin de nostalgie, de leurs rires railleurs lorsqu’ils apprirent son inexpérience mais il se remémore surtout leur soutien quelque peu paternel dans la remédiation à ce manquement dans l’éducation du jeune homme.

Et le sourire contrit de la jeune prêtresse d’Ilmater fit renaître en Phénix le désir de la chair et lui répondit la toisant de toute sa hauteur :

- Bah, il y a certaine personne contre qui ont préfère se serrer que d’autres et puis cela tient chaud surtout en cette saison.

Phénix continua à la fixer, un sourire aux lèvres, guettant sa réaction. Son corps avait parlé par sa bouche mais il s’était voulu expressément ambigu et il espérait également drôle afin de se donner à tous deux une échappatoire le cas échéant.

Daphnis et Haleena

Les cajoleries d'Haleena et le ton affable de Daphnis eurent tôt fait de rassurer l'adolescent, qui avait gloussé de plaisir alors qu'on lui caressait la tête. Ayant bien volontiers cédé son lapin, il gazouillait et s'amusait avec un enthousiasme des plus puérils avec la petite Elvira, sans vraiment prêter attention aux questions. Il reprenait souvent les mots de la barbare en écho et, quand il répondait, c'était pour se perdre dans des détails insignifiants. Aussi fut-il nécessaire de prendre patience, de répéter, de simplifier tout en tempérant l'irascibilité du vieux Patreveni, dont les remarques impatientes risquèrent à plusieurs reprises de couper les rares répliques de l'ébervigé.

Ce curieux interrogatoire s'avéra peu fructueux. Ahou avait presque systématiquement haussé les épaules lorsqu'on l'interrogeait sur son passé, répétant à l'envi le mot "avant" et ses synonymes. Il sembla à Daphnis que cet esprit simple ne connaissait pas les époques. En revanche, il s'était montré très disert et inventif pour raconter tout ce qu'il voyait lors de ses excursions en forêt, allant jusqu'à mimer certains animaux, tels les chouettes, les lièvres et les loups. Haleena déduisit des dires d'Ahou qu'il vivait principalement la nuit, car nombre des bêtes qu'il avait citées étaient nocturnes. Cela lui rappela qu'elle l'avait rencontré à l'aube : son épaule était alors en piteux état. Quelques jours à peine s'étaient écoulés et il semblait parfaitement guéri ; du moins il ne semblait ressentir aucune gêne en gesticulant. Le garçonnet était paré de plus d'un mystère !

Pressé d'en finir, le prêtre d'Uthgar proposa qu'on confronte l'ébervigé à son étrange fresque. Alors qu'Haleena dépliait précautionneusement la toile, il l'observait avec la curiosité d'un enfant pour un nouveau jouet. Rien, dans son visage d'un angélisme primitif, n'indiquait qu'il ait soupçonné le vol ou l'emprunt commis par la jeune mère. Il applaudit bruyamment en reconnaissant son œuvre, ou peut-être parce qu'il retrouvait ce qu'il avait perdu.

L'ébervigé

- Ahou, ahou, répétait-il en tenant la toile d'une main et tapotant son torse de l'autre, revendiquant avec une surprenante fermeté sa propriété. Désignant successivement les différents éléments de la fresque, les interrogateurs n'obtinrent aucune information pertinente. Comme souvent l'ébervigé, de bonne volonté pourtant, répétait leurs mots ou divaguait à partir d'eux. Ainsi les interrogations sur les "maisons" leur valurent les bribes d'une comptine en illuskan que Daphnis eut le regret de ne pas goûter directement (la traduction ne pouvait que desservir l'original sur une telle composition) : - Ahou habite une maison citrouille Rapetipeton, le soleil est blond Rapetipeton, le soleil est rond Ahou aime les grenouilles La pluie qui mouille Et les œufs aux champignons. (rires enthousiastes) Ahou habite une maison patate Rapetipeton, chante le coucou Rapetipeton, danse le loup Ahou a des poils aux pattes Aime qu'on gratte Et tirer la queue du hibou. Ce ne fut que lorsqu'on désigna la forme blanche, dans l'un des coins de la fresque, qu'ils obtinrent une réaction véritablement digne d'intérêt. Le jeune homme observa avec attention la silhouette, approcha son visage, tourna la tête sous plusieurs angles, puis poussa un glapissement d'effroi si surprenant qu'il fit fondre en pleurs Elvira, aussitôt paniquée. Du fond de la hutte où Ahou s'était précipité pour se réfugier s'élevait sa voix, étrangement dure, sèche, violente. Ahou semblait s'être abandonné à une étrange litanie qu'il récitait à toute vitesse, en boucle, dans le langage commun : Recouvrez toutes les terres de glace ! Toutes les terres de glace ! De Glace ! Accueillez les vents et le froid à bras ouverts ! Les vents froids ! Froid ! Faites-en sorte que Faerûn craigne la Vierge de Glace ! -------------------- Un jeune homme crasseux d'une quinzaine d'année, l'air hébété, sourit béatement. Il marmonne ou chantonne : ses mots se bousculent toujours, s'ordonnent quelques fois, restent le plus souvent vides de sens.

Phénix et Kalam

Une ombre obscurcit furtivement le visage d'ordinaire si serein de la jeune prêtresse qui, si elle avait bien perçu l'allusion de Phénix, ne prit pas la peine de répondre.

- J'ai bien des choses à consigner dans mon registre, expliqua-t-elle en grimpant dans sa roulotte, d'une voix douce mais ferme. N'hésitez pas à allumer le feu, les enfants viendront se réchauffer.

Aux alentours, les deux compagnons qui fourbissaient leurs armes ne tardèrent pas à voir dépasser aux angles des tentes et des huttes les bouilles rondes, tordues entre méfiance et curiosité, de quelques gosses. Les jeunes spectateurs étaient plus nombreux de minute en minute ; d'abord silencieux, leur rumeur enflait peu à peu.

Soudain jaillirent dans les airs trois projectiles. Une pomme de pin roula entre les jambes de Kalam, tandis que Phénix, moins chanceux, en recevait une sur l'arrière du crâne, une autre dans le dos. Plus une tête brune n'était visible, pas une oreille, ni même un épi ne dépassaient. Seuls quelques ricanements étouffés traduisaient la présence de l'ennemi. Préparait-il une nouvelle salve ?

Lancers...

Daphnis - Jet de compétence : Social : 8(d20) +5(deg) +4(Cha) = 17
Haleena - Jet de compétence : Social : 9(d20) +0(deg) +1(Cha) = 10
Daphnis - Jet de compétence : Psychologie : 19(d20) +0(deg) +2(Sag) = 21
Kethra - Jet de compétence : Psychologie : 15(d20)+9 = 24
Menace fantôme 1 - Jet d'attaque à distance : 14(d20)+2 = 16
Menace fantôme 2 - Jet d'attaque à distance : 7(d20)+2 = 9
Menace fantôme 3 - Jet d'attaque à distance : 15(d20)+2 = 17

Les premiers instants de la discussion n'avaient rien appris à Daphnis, si ce n'était qu'Ahou était bien ce qu'il semblait être : un pauvre garçon à l'esprit dérangé qui avait du mal à mettre de l'ordre dans ses idées. Sa confusion rendait impossible le recueil d'informations sur ce qui lui était arrivé : il semblait ne vivre que dans l'instant présent, à l'instar de la plupart des animaux.

Lorsque la fresque lui avait été présentée, sa réaction avait été par contre des plus intrigantes, surtout lorsqu'il s'était mis à réciter en commun une forme d'invocation à Aurile.

¤ Ainsi donc, il a bien vu ou vécu quelque chose en lien avec la sorcière ! Je l'aurais parié... ¤

Très satisfait de cette découverte, le bel élu divin s'interrogea brièvement sur les implications de cette découverte, mais il repoussa à plus tard ses réflexions. Il aurait aimé partager ses questions avec Haleena, mais celle-ci devait s'occuper de la petite Elvira qui s'était mise à pleurer.

Sans attendre, il entra dans la hutte et se mit à invoquer un sort pour comprendre si l'étrange réaction d'Ahou était liée à une quelconque forme de magie ou si la vision de la forme blanche sur sa fresque avait réveillé une forme de blessure dans son esprit. Daphnis savait bien que la magie n'était guère appréciée dans le village, mais il ne voyait pas d'autre solution pour le moment et savait bien que la magie divine suscitait un moindre rejet que celle des mages et autres ensorceleurs.

Suit Ahou dans sa hutte.

Après s'être assuré qu'Ahou ne se met pas en danger lui-même, lance "détection de la magie" et scrute attentivement Ahou, puis la fresque.

Un sourire aux lèvres, Phénix se remit à l'ouvrage, sans s'offusquer outre mesure de la réaction de la jeune prêtresse. Il avait lancer un appât mais le poisson n'avait pas mordu, tant pis.

Les deux aventuriers attirèrent l'attention de quelques enfants, peureux ou intrigués ceux-ci ne s'aventurèrent guère au-delà du coin des roulottes. Puis soudain toutes les têtes blondes disparurent alors que les deux jeunes humains furent assailli par des projectiles inattendu.

Découvrant la nature des armes dont ils étaient la cible, Phénix ne put s'empêcher de sourire et se prêta volontiers au jeu.

- Aaaah Kalam, nous sommes attaqué, je suis touché, à moi.

Dit-il de manière assez mélodramatique et suffisamment fort pour ce faire également entendre par les enfants qu'il entendait glousser à l'abri du regard.

- Vite à couvert, défendons-nous!

Poursuivi-t-il à l'intention de Kalam toujours sur le même ton. Et joignant l'acte à la parole, le rôdeur ramassa les deux pommes de pin qui le touchèrent et en renvoya une sans trop de force vers ce qu'il pensait être le point d'origine de l'attaque.

Espérant que Kalam emboiterait le pas et qu'il se joindrait au jeu, ce qui leur offrirait à eux et aux enfants un divertissement bienvenu, Phénix lança la deuxième pomme de pin vers leurs assaillants. En enchaînant:

- Kalam, je suis à court de munition. On ne va pas s'en sortir.

Alors qu'il aiguisait tranquillement sa rapière, devant le feu qui venait réchauffer son visage, Kalam aperçut les enfants qui commençaient à se rassembler autour de lui et de Phénix. Certainement que la venue de nouvelles têtes suscitaient la curiosité des plus jeunes.
Néanmoins, le roublard ne s'attendait pas à recevoir un projectile. Il arrêta son geste, prêt à se lever pour invectiver les gamins, mais à son grand étonnement, son compagnon rôdeur, commença à s'amuser de la plaisanterie. Au début, Kalam resta de marbre.

- Mais qu'est-ce que tu fais ? Ils viennent de nous jeter des pommes de pin à la figure.

Puis il repensa à toutes ses années passées sur un bateau avec ses "pères". Ces moments passés à s'ennuyer, ces moments où il n'avait pas le droit de s'amuser ou même de parler, où à chaque fois qu'il proposait quelque chose, il se faisait rembarrer avec un coup de pied aux fesses. C'était peut-être le moment de rééquilibrer la balance. Il se mit à la place des enfants. Il ne voulait pas réagir comme ses "pères". Mais il ne savait pas comment faire. Il souffla tout bas à Phénix :

- Si tu parles à qui que ce soit de ce qui va se passer, je te jure que je t'égorge pendant ton sommeil.

Il attrapa ensuite la pomme de pin tombée entre ses jambes et la lança en direction des enfants. Se prenant au jeu, il cria :

- On ne se laissera pas faire. Tenez ! Prenez ça !

Il ramassa d'autres projectiles qu'il lança en cloche afin de ne pas blesser les enfants. Avec son pied, il en poussa en direction du rôdeur.

- C'est pas le moment de lâcher. Même s'ils sont trop forts pour nous, on abdiquera pas.

Il tenta de se cacher avec le rôdeur tout en continuant de s'amuser avec les enfants.

Haleena avait réussi à tirer une réaction différente de l’ébervigé mais il gardait toujours ses mystères. S’occupant et rassurant Elvira, la jeune Uthgard laissait Daphnis prendre les choses en mains. Le jeune homme suivait Ahou jusqu’au fond de la hutte.

Haleena se tourna vers Patreveni.
- lu gnlx hmvuhmv sekgv. lu n fvrn cvgskgxcv un gkcslvcv. vgxlu snjnfuv fv gvcdlc fv zmlfv, rv gv gnlg jng.

- xm jncunlg fv zmvcclvcg fngg uv ovov vxnx hmlnekm ? hmv gkgx lug fvdvgm ?

Des reflets luisants sortaient par l’embrasure de la hutte matérialisée par une peau d’animal.
¤ Que fait Daphnis là-dedans ? J’espère que ce n’est pas de la saleté de magie ! Ahou n’avait pas l’air tres calme, ça risque pas l’arranger. ¤

¤ Faisons lui confiance, il semble bien maîtriser son sujet malgré tout. ¤

Haleena et Daphnis

Dès qu'il entra, une odeur âcre agressa les narines de Daphnis : aux parfums désormais familiers de l'humus et de l'humidité se mêlait, dominante, une puanteur de fauve.

Dans cet espace réduit et sombre, le délicat natif d'Eauprofonde ne tarda pas à retrouver Ahou, recroquevillé dans un amas grossier de toiles, de guenilles et de peaux qui semblait lui servir de couche. Autour de ce nid crasseux, le sol, couvert de fougères et de graminées séchées, était jonché de divers débris : ossements, bogues de fruits secs, coquilles d'œufs, galets et bâtonnets parfois mâchonnés... Ne s'attardant pas sur ce dépotoir, il préféra sans doute contempler les frêles guirlandes qui le séparaient de l'ébervigé. Suspendues au plafond de branchages par d'épais fils de laine, plusieurs dizaines de plumes se balançaient lentement dans un ballet aérien et coloré. De tailles et de teintes extrêmement variées, elles offraient à n'en pas douter un répertoire complet des oiseaux vivant dans la région.

Ahou ne semblait pas avoir remarqué l'intrus. La tête dans les bras, il répétait sans cesse sa lugubre litanie. S'était-il souvenu d'un événement ou de quelqu'un ? Connaissait-il personnellement la sorcière ? Où donc avait-il pu entendre les sinistres paroles de la Vierge de Glace ? Quoi qu'il en fût, il était évident que la fresque avait éveillé quelque chose en lui.

Tymora avait accordé à son protégé le don de percevoir la magie, mais il ne décela pas le moindre fil de la Toile en ces lieux. Cela paraissait confirmer un phénomène purement psychologique : vraisemblablement, quelques rouages de la mémoire de l'adolescent s'étaient dégrippés.

A l'extérieur, Haleena avait fort à faire pour calmer Elvira que les cris de l'ébervigé avait plongée dans une profonde panique. Rougeaude, la petite se débattait comme un diable et restait hermétique aux mots de sa mère.

Patreveni Mainunique

- Approche-toi, ordonna le vieillard d'un ton bourru, alors qu'il se plaçait devant l'entrée de la hutte. Sans s'expliquer davantage, le prêtre d'Uthgar se mit à entonner un hymne d'une surprenante douceur, d'une voix tendre et tiède comme une caresse. Guidant son bâton de sa main unique, il faisait danser la tête de lion dans les airs au rythme de la mélodie. Les yeux du fauve s'illuminèrent brièvement : tous sentirent alors leur cœur s'alléger et leur esprit s'apaiser ; une sensation de bien-être et une inébranlable quiétude s'étaient emparé de chacun d'eux. Elvira souriait aux anges et Ahou s'était tu. Emerveillé, il se caressait les joues et le front comme pour essayer de saisir la source du miracle. - Ces guerriers ne vivent pas longtemps, répondit-il à Haleena, une conversation pouvant enfin être tenue. Le souvenir des combats dévorent les miettes de leur esprit. Entrons... L'extrémité de son bâton irradiait faiblement, preuve que la bénédiction d'Utghar était encore à l'œuvre. -------------------- Ce vieillard encore robuste dévisage quiconque l'approche avec la méfiance farouche des animaux blessés. Un moignon à la place de la main gauche, il tient vigoureusement de son autre main un bâton dont l'extrémité ferrée représente la tête d'un lion.

Kalam et Phénix

La bataille s'engagea, pour le plus grand plaisir des enfants dont les rires et les cris redoublèrent. Mais jouaient-ils vraiment ? L'ardeur qu'ils mettaient au combat pouvait sembler suspecte et le nom de Yusam revenait souvent dans leurs bravades.

La marmaille avait encerclé les étrangers et faisait feu de tout bois, ne se contentant plus d'envoyer des pommes de pin, mais tirant aussi des bâtons et des petits cailloux. Les éventuelles plaintes ou réprimandes n'y changèrent rien : les petits sauvages ne comprenaient pas un traître mot des paroles de Phénix ou de Kalam...

Skelli Piedsauvage

- nggvb ! fvsnojvb fv un, zkfvulgg ! rugit Skelli d'une voix tonitruante, ayant fait irruption dans le théâtre du combat. La rôdeuse, l'air revêche, leva une main menaçante vers les rares têtes brunes qui avaient osé tenir leur position ; elles prirent la fuite aussitôt. - Petits prendre vengeance, expliqua-t-elle d'un air accablé. Petits être voix de grands... Danger... Avaient-ils bien compris ce qu'insinuait leur guide ? Vraisemblablement, certains habitants du Puits de Béorunna semblaient tenir pour responsables de la mort de Yusam Ceux que l'Aigle avaient choisis. Il valait sûrement mieux rester sur leurs gardes. Dans son commun maladroit, elle leur apprit qu'elle avait indiqué à une petite escouade d'éclaireurs où ils avaient affronté les gobelours. Ces derniers partiraient dès l'aube et ne seraient probablement pas de retour avant plusieurs jours. -------------------- Le corps musculeux de cette femme semble avoir été taillé au burin. Toujours sur le qui-vive, elle se meut avec une aisance déroutante. Sa mâchoire carrée ne se desserre jamais pour une parole oiseuse.

La bataille des deux étrangers avec les enfants du village semblait prendre un tournant un peu différent que ce que le rôdeur avait imaginé.

Après les pommes de pin, se furent des bâtons et même de petites pierres que les enfants commencèrent à lancer sur les deux choisis de l'aigle.

- Aïe, ouille!

Certains projectiles tirèrent quelques petits cris de douleurs du grand jeune homme. Est-ce ces cris qui attirèrent l'attention de Skelli ou venait-elle avec d'autres intentions, toujours est-il qu'elle sermonna les enfants et la bataille pris fin aussi subitement qu'elle avait commencé.

Les brefs commentèrent qu'elle leur fit surprirent Phénix.

- Danger?!? Nous considèrent-ils responsables de la mort de Yusam?

L'homme originaire du Grand Val était interloqué par ce qu'il venait d'entendre. Lui et ses compagnons avaient justement essayé de sauvé Yusam.

Réfléchissant à cela, il remit un peu d'ordre dans ses affaires pour en débarrasser pommes de pin, pierres et brindilles et se mit à l'ouvrage de préparer le feu comme le lui avait autorisé Kethra.

Ses réflexions le menèrent à se demander ce qu'il pourrait bien faire pour faire fléchir l'avis de Uthgard à leur encontre et leur faire comprendre que lui et ses compagnons étaient là pour les aider et non pour leur nuire.

- Skelli, que peut-on faire pour aider? Tant que les éclaireurs ne seront pas revenus, nous allons devoir rester ici.

- Je peux aller chasser demain, par exemple pour ramener un peu de gibiers à ces gens qui me semble en avoir besoin? Il vous suffit de me dire où aller.

- Je peux aussi aller chercher du bois ou aider à la construction de maison? Dites-moi, je ne demande qu'à aider.

Attendant la réponse de leur guide, Phénix se repris son travail là où il l'avait laisser avant de se laisser distraire par les enfants. Il se remit donc à réparer et entretenir ses armes et son armure.

Le sort de Daphnis lui avait définitivement prouvé qu'aucune magie n'était à l'oeuvre et que l'état d'Ahou relevait, comme il le pensait, d'un trouble de son esprit. Il estimait probable que le jeune ait vécu quelque chose de traumatisant, comme ce Gum : mêmes symptômes et probablement même origine.

¤ Mais que leur fait donc cette sorcière ? ¤

A vrai dire, il n'était pas certain que la sorcière leur ait fait directement quelque chose, mais il était par contre évident qu'elle avait lien avec leur état. Patreveni avait apporté une aide précieuse en calmant aussi bien Elvira qu'Ahou.

Le jeune élu divin le regarda non sans admiration, avant de se tourner vers l'ébervigé. Choisissant ses mots, il se risqua à lui poser quelques questions.

- Tout va bien, Ahou, tu es avec des amis, dans ta hutte. Les paroles que tu as prononcées, ce sont celles d'une femme, n'est-ce pas ? Tu l'as déjà rencontrée ? A quoi ressemblait-elle ?

Il marqua une courte pause avant d'ajouter :

- Peux-tu nous dire où elle se trouve ? Ton dessin, ce serait une sorte de plan ?

Haleena resta quelques secondes à observer le bâton du vieil ours, Uthgar était bon et puissant, il aimait toujours les Uthgards et cela durerait longtemps. Elvira se laissait caressé par la main calleuse alors que se mère tendait l’oreille pour suivre ce qu’il se passait à l’intérieur.

Daphnis avait gagné la confiance de l’ébervigé et tentait d’obtenir des réponses concrètes. L’intelligent jeune homme saurait faire parler Ahou grâce à la douceur qui le caractérisait. Haleena laissé l’élu divin mener la conversation pour ne pas distraire Ahou qui n’en avait pas besoin de beaucoup. Elle ajoutant néanmoins une dernière question :

- Village, où ? Où ça ? Tu sais ? demandait-elle le plus calmement pour éviter que la situation précédente ne se reproduise. Elle indiquait à Ahou les différentes huttes présentes sur la toile.