Chapitre 2 : Maman, "M" et les hors-la-loi

Le magicien croisa le regard du jeune apprenti, [Y avait-il un lien?] mais sa doubleur au bras se ravivait instantanément. Jafert dévisagea le nécromancien amateur comme s’il voulait graver ce portrait dans sa mémoire. Il ne s’attarda pas trop malgré tout, Zarmshield montait déjà les escaliers jusqu’à son bureau.

- Bonne affaire monsieur ! Le ton de Jafert était honnêtement satisfait, il était tellement roublard qu’il s’était convaincu de sa supercherie. Il était bien décidé à mettre la main sur des artefacts de Maztica ou tout autre objet à revendre.

- Ma spécialité est, par un bienheureux hasard, tout ce qui pierres précieuses et joyaux, mais aussi les talismans et grigris d’origine tribale de Nouvelle-Amn. Ayant déjà perdu, trop de temps ici, je souhaiterai rencontrer vos amis dès que possible. Mes affaires m’appellent à la capitale, vous devez savoir ce que c’est.

Il laissait un instant de silence.

- Je ne pourrais rentrer bredouille ! Je serais ouvert à d'autres transactions, peut être moins conventionnelles, si elles étaient encore plus rentables.

A la discrétion du bureau de Zarmshield, le sous entendu était plus que clair.

Plissant les yeux pour mieux distinguer le visage de son interlocuteur dans la pénombre, Kald ravala un premier mouvement de colère. Tant d'amateurisme confinait à la supercherie. Et il n'en allait pas seulement du manque insolent d'étiquette avec lequel on l'accueillait...

- Aurile a bien des Mains, profane, répondit-il avec un dédain marqué, et toutes ne portent pas la hachette.

D'un geste accusateur, il pointa l'homme de l'extrémité de son bâton.

- Comment oses-tu paraître devant moi affublé du symbole du Dieu Menteur ? poursuivit-il avec la fougue de l'indignation. Ton masque insulte la Déesse !


Peut-être qu'il serait plus pratique de jouer cette conversation sur discord, si elle devait durer.

Ravi d’entendre de si bonnes nouvelles concernant les rescapés, le prêtre-nain remercia chaleureusement son confrère :

- Merci bien d’avoir pris soin d’eux, y’z’en avaient bien b’soin et même si j’avais pu prodiguer quelques soins, ceux-ci n’étaient guère suffisants. Sauvez ces pauv’ bougres était c’est d’la belle foi. Pis y sauront sûrement nous renseigner bien mieux qu’y’z’ont pu l’faire jusqu’à maint’nant.

La crainte du nain était surtout que les prisonniers aient pu être mis hors d’état de nuire pendant la nuit. Là ils auraient été bien incapables de tirer quoi que ce soit comme information utile. Une seconde pensée vint le frapper. S’ils étaient encore en vie, c’est peut-être qu’ils n’avaient rien d’intéressant à raconter… Mêmes incohérents a priori leurs propos pourraient peut-être venir étayer une des hypothèses échafaudées par le groupe.

- Pourr’ez-vous nous présenter à eux ? Nous souhaiterions qu’ils nous r‘content d’vive voix ce qu’ils ont vécu.

Il fit un clin d'œil à Murdock, un des rares compagnons d’armes avec qui il avait désormais quelques avis convergeant.

Une fois face aux rescapés il les laisserait d’abord raconter leur vécu. Puis il irait creuser la piste de ceux qu’ils pourraient reconnaître, du culte bizarre observé dans le sous-sol, des substances extraites sur le dragon-fée, etc.

Murdock était heureux d'apprendre qu'il avait pu contribuer à sauver des vies innocentes. Il adressait une courte prière à Torm, laissant son compagnon nain prendre les devants dans la discussion.

Il utilisait ce temps pour réfléchir à la situation. Il se rendait alors compte qu'il y avait probablement un élément qu'ils n'avaient pas assez pris en compte dans cet entrepôt : la présence d'un culte avec des esclavagistes. Malgré la magie profane présente sur les lieux, il écartait, même si c'était plus par intuition que par une réalité concrète, l'implication des mages rouges de Thay.

Murdock répondait d'un geste à Falrin pour lui signifier qu'il lui laissait mener la discussion. Il estimait, au moins dans un premier temps, que le prêtre était le plus qualifié pour obtenir des renseignements. Il suivait les deux hommes tout en poursuivant ses réflexes. Il attendait de voir les survivants qu'il allaient rencontrer et leur santé.

e reprochant de ne pas y avoir pensé plus tôt, Iskender alla voir Finsire pour obtenir l’autorisation de fouiller l’entrepôt. Celui-ci ne fit aucune difficulté et délivra à Iskender un laissez-passer.
Prenant ses deux chiens avec lui, Iskender alla montrer son laissez-passer au détachement du guet qui était sur place.
Le sergent ne fit aucune difficulté sauf qu’il fallait qu’Iskender ne gêne pas le travail des miliciens.
Iskender explora soigneusement le premier sous-sol, puisque les miliciens avaient terminé leur travail à ce niveau.
Il découvrit une tunique ornée d’un symbole qu’il ne connaissait pas. Il la prit avec lui pour la montrer à ses compagnons, qui, peut-être, connaîtraient la signification du symbole.
Il avait laissé ses chiens patrouiller, espérant –malgré le peu de chance que cela arrive- que l’un d’entre eux trouve une cachette ou une porte dérobée.
Ensuite, il s’attaqua aux souterrains lorsque le travail des miliciens fut terminé, toujours dans l’espoir, certainement un peu vain, de trouver un indice qui pût lui donner un début de piste.

Voyant les soldats d'affairer avec méthode, rassemblant le moindre document pour l'étudier plus tard, Iskender doutait de faire, seul, une trouvaille inattendue. Abordant le sergent commandant la petite escouade, il l'interrogea sur la baguette signalée par Jafert. L'homme lui confirma qu'un tel objet avait bien été retrouvé mais que, jugé potentiellement dangereux, il avait été aussitôt mis en sécurité.

Apercevant la tunique que le Shou tentait maladroitement de discimuler, le soldat se la fit remettre pour prendre place au milieu des autres indices déjà collectés. Simple subordonné, il ne pouvait pas autoriser les aventuriers à subtiliser la moindre preuve et il appartiendrait à Finsire de déterminer ce qu'il voudrait bien communiquer. Le mystérieux symbole étonna néanmoins l'homme qui, bien que n'ayant aucune idée de sa signification, se rappelait l'avoir vu figurer sur plusieurs parchemins trouvés dans ces lieux.



Les sous-entendus de Jafert avaient amené un sourire entendu de la part de l'alchimiste qui flairait déjà la bonne affaire qu'il pourrait réaliser. Bien sûr, Zarmshield pouvait servir d'intermédiaire mais tout avait un prix, surtout si son interlocuteur était pressé. Les communications avec l'empire Sythilisien étaient lentes et les accélérer coûtait assez cher mais tout était possible.

L'alchimiste se livrait le moins possible mais l'appât du gain lui faisait commettre quelques imprudences. L'homme possédait manifestement un moyen de contacter rapidement un intermédiaire au royaume des Ogres-Mages mais il voulait avoir confirmation des possibilités financières de l'ancien tenancier de bordel avant de s'engager plus avant.



Mis en présences des convalescents, Falrin et Murdock les abordèrent avec bonhomie, s'enquérant d'abord de leur vécu pour les mettre en confiance avant d'en arriver aux questions plus directes.

Si la mention du culte démoniaque les fit frissonner, les rescapés avouèrent avoir eu peu de contact avec ses prêtres qu'ils n'avaient aperçu qu'au moment de leur arrivée dans cette prison. C'était une horrible naine grise qui se chargeait d'eux, leur promettant les pires sévices s'ils ne se tenaient pas tranquille.

Des conversations surprises entre leurs geôliers, ils en avaient déduit que leur présence en ces lieux ne serait que de courte durée. Où devaient-ils être conduits pour la suite et par quelle moyen, ils n'en avaient aucune idée, pariant néanmoins sur un transport terrestre, ayant entendu certains de leurs gardiens, habillés comme des marins, qui déploraient le naufrage et la perte de leur navire. Un des enfants ajouta qu'on leur avait dit que les ogres les mangeraient s'ils pleurnichaient toujours quand on les auraient livré à ces monstres. Mais ça ne pouvait pas être vrai, n'est-ce pas, car les ogres, ça ne mangeait pas les enfants et, d'abord, y'avait pas d'ogres dans les environs.



L'éclat de colère de Kald eut l'effet souhaité sur son interlocuteur qui sembla se ratatiner encore plus. Penaud, l'homme retira promptement son masque, prenant conscience de sa bourde.

Malheureusement pour le Sossrim, les adeptes de la Vierge de Glace de Tulmene étaient vraiment ce qu'ils semblaient être : de notables incompétents doublés de parfaits crétins. D'ailleurs, le "chef" confirma rapidement leur faible influence en ville - ce n'était pas de la lâcheté, hein, juste de la prudence - liée à la petite taille de la cellule qui ne regroupait que trois familles du port. Ils avaient néanmoins d'excellents rapports avec l'église d'Umberlie, clandestine depuis la chute de son temple et son occupation indue par ce maudit prêtre de Valkur.

Les fidèles des dieux de la Fureur se serraient les coudes et se tenaient prêts à agir lorsqu'on le leur demanderait. Néanmoins, en attendant ce jour glorieux (qu'ils espéraient le plus lointain possible), ils se faisaient discrets, ne voulant pas compromettre les plans de leur dieu en se faisant démasquer trop tôt. Bref, ils ne faisaient rien et la perspective de devoir obéir à une main d'Aurile les effrayait car cela risquait de bouleverser une routine bien rassurante.

exé d’avoir à remettre la tunique au sergent qui commandait le détachement envoyé pour la fouille des sous-sols de l’entrepôt car il ne l’avait pas suffisamment bien rangée, Iskender tâcha de mémoriser le symbole pour pouvoir le décrire à ses compagnons.
Puis les soldats ayant terminés leur « déménagement » du sous-sol, Iskender accompagné de ses chiens continua de fouiller les lieux, espérant, malgré tout, pouvoir trouver quelque chose d’intéressant.
Au bout d’un long moment de vaine recherche, il se dit :

¤ Bon, tant pis, j’arrête puisque je ne trouve rien.
Je vais aller voir les autres et spécialement Murdock : il faut demander l’autorisation à Finsire de consulter les documents et objets saisies de façon à trouver une piste qui nous permette de continuer notre enquête. Pour le moment, à moins que quelqu’un ait trouvé une piste, nous ne savons pas où chercher.
Si Murdock demande cette autorisation, vu comme il est apprécié par Finsire, il y a toutes les chances pour qu’elle nous soit accordée. Et l’examen des pièces saisies pourrait nous permettre de trouver au moins une piste. Sans cela, nous serons probablement bloqués car les malfaisants se tiennent sur leurs gardes et devraient se tenir tranquilles pendant un certain temps. ¤

Jafert savait qu’il allait devoir convaincre un peu plus l’alchimiste mais le poisson était ferré. Le bougre voulait voir de quoi Jafert était capable. Malheureusement la bourse pendant à la ceinture du magicien était assez légère car il n’avait pu prendre le contenu de son butin lors de son départ d’Athkatla.

- Biensur ! Vous n’imaginez pas que je vais me déplacer avec des caissettes de pièces d’or très pesantes. Je suis venu à Tulmène avec de quoi acheter quelques babioles mais si les pièces sont conséquentes, je ferai parvenir le payement par navire.

Tromperie : +8

Le regard glacial du jeune Sossrim se fit plus froid encore.

- J'ai peur de mal comprendre, rétorqua-t-il au tissu insignifiant de paroles de son lâche interlocuteur. A qui va votre allégeance ?

Certes, à Tulmène où il ne comptait encore aucun allié, le soutien des adorateurs de la Reine-Garce ne devait pas être négligé. Mais l'ensorceleur, aussi zélé fût-il, n'était pas un véritable Frère de Glace, de la même manière que le Culte du Froid ne se confondait pas avec l'Eglise d'Aurile : l'un et l'autre, étroitement liés mais distincts, poursuivaient des objectifs propres.

- Le Culte n'a que faire des déboires de l'Eglise d'Umberlie, trancha-t-il d'un ton aussi coupant qu'une bourrasque dans les Terres gelées. Cette guerre de chapelle contre les fidèles de Valkur n'est pas la nôtre. Nos ennemis, les Thanthérim, sont défaits : Deskyr a fait rapatrier son héritage en Amn, il ne reviendra plus. Le champ est libre pour reprendre nos activités.

Si l'homme s'avérait dubitatif, Kald appuierait ses dires à l'aide des chroniques guerrières dérobées dans la crypte du manoir, puis décrirait le piteux état du noble impotent.

- Commençons par le commencement... L'anneau de l'hiver se trouvait dans les jungles de Chult ; il faut donc supposer que cette cellule du Culte du Froid poursuivait un autre but. Que cherchiez-vous à Velen ?

Après avoir obtenu des informations sur les anciennes activités de l'organisation, le Fils du Gel rassura le frileux notable sur ses attentes et celle de l'Eglise Froide. Il ne s'agissait nullement de se lancer dans une opération guerrière, mais d'abord de reconstituer les forces vives du réseau. S'il était nécessaire de frapper, il serait leur bras armé ; la Déesse lui avait fait don d'une grande puissance.

Pour finir, il interrogea le chefaillon sur le mystérieux M puis lui demanda ce qu'il savait des activités de Grollar Zarmshield, de sa lieutenant la duergar Grista et de leurs éventuelles accointances avec Jakar Pyllam Junior.

Murdock écoutait avec attention les propos des survivants et se rend compte que ceux ci ne savaient que peu de choses sur leurs ravisseurs. Cependant, il y avait suffisamment de matière pour faire un premier rapport au commandant Finsire. Murdock imaginait bien que l'entretien n'allait pas être des plus simple mais il était nécessaire de faire un point sur la situation et de repartir sur une nouvelle piste pour avancer.

- Falrin, je pense qu'on a suffisamment d'éléments pour faire un rapport à Finsire. Je vais m'y présenter. Si tu le souhaite, peux tu retrouver les autres pour me rejoindre chez le commandant Finsire. Je commencerais le rapport en vous attendant. Peut être que les autres ont découverts d'autres éléments pendant que nous sommes venus, ici.

Murdock approuvait de la tête la réponse de Falrin et, en remerciant encore le prêtre officiant dans le temple avant de partir, Murdock prenait la direction de la caserne du guet et le bureau de son commandant. Pendant tout le trajet, il gardait un oeil vigilant pour éviter toute mauvaise surprise tout en organisant le rapport qu'il allait présenter au commandant.

Arrivant devant l'entrée de la caserne, Murdock se présentait au garde de faction, lui annonçant qu'il avait un rapport détaillé à fournir directement au commandant Finsire et que ces compagnons viendront le rejoindre durant ce rapport. Suivant le garde, Murdock était introduit dans le bureau du commandant.

- Commandant Finsire, je suis désolé de vous déranger mais je viens vous faire un premier rapport sur nos découvertes. Je peux toutefois déjà vous dire que nous n'avons pas de preuve directe de l'implication de Zarmshield même si nous en avons de fort soupçon.

Murdock s'installait de manière plus confortable avant de poursuivre.

- Toutefois, avant d'aller plus en avant sur le rapport, je vous demande de trouver des logements pour les survivants de l'entrepôt. Ils se remettent de leurs blessures mais le temple dans lequel il se trouve est trop petit pour les garder plus longtemps dans leur mur.

Murdock rassemblait une dernière fois les éléments qu'il avait pu regrouper avant d'entamer le rapport préliminaire.

- Enfin, en ce qui concerne le rapport préliminaire, nous n'avons aucun doute réel de l'implication de Zarmshield. Une duergar a été vu s'enfuyant de l'entrepôt où nous avons libéré les personnes retenues. Lorsque nous sommes allés discuter et avertir Zarmshield de ce qui était advenu dans son entrepôt, nous avons pu voir cette même duergar quitter précipitamment sa boutique.

Murdock prenait une petite pause avant de poursuivre.

- Nous savons que Zarmshield avait confié l'entrepôt à un groupe de mercenaire qui en avait fait son quartier général. Il prétend cependant ignoré ce qu'ils y faisaient. Les prisonniers ont tous été capturés et pensent qu'ils ont été fait prisonnier par des pirates ayant perdu leur navire. Par contre, en raison du piège magique et des personnes que nous avons découverts dans l'entrepôt, nous supposons qu'il existe probablement l'implication d 'un lanceur de sorts de magie profane qui n'est pas un apprenti ainsi que l'implication d'un culte interdit ou plutôt discret. Le clergé de Valkur estime que cela pourrait être un clergé d'Umberlie mais nous n'avons aucun élément à ce sujet.

Murdock en venait maintenant pour ces demandes pour la suite de l'enquête.

- Pour avancer dans nos recherches, nous avons plusieurs demandes à vous formuler. Tout d'abord, vos hommes ont pris et saisi des objets dans l'entrepôt. Mes compagnons ayant des capacités dans le domaine de la magie voudrait les analyser pour éventuellement en déterminer l'origine. Concernant l'entrepôt, il doit y avoir un passage souterrain en son sein. S'il est possible de faire une nouvelle inspection en toute discrétion, cela serait plus utile. Enfin, nous savons que les ravisseurs sont au mieux des marins ou pire des pirates ayant perdu un navire récemment. Pouvez vous me donner une autorisation pour consulter les registres de la capitainerie du port de Tulmène, nous pourrons peut être y retrouver le nom du navire perdu - et donc son équipage. J'allais oublier. Zarmshield ayant engagé un groupe de mercenaires, il est souvent de coutume qu'un groupe de mercenaires se faisde enregistrer auprès des autorités lors de leur arrivée en ville. Si un tel registre existe à Tulmène, pouvons nous le consulter pour voir à quel groupe de mercenaires nous avons eu affaire.

Murdock se disait qu'il demandait beaucoup de choses alors qu'il n'amenait que peu de renseignements. Avec prudence et patience, il attendait la réaction et la réponse de Finsire face à cette situaiton.