Chapitre 1 bis : Apocalypse Dreams

Confiant en sa déesse, l'enfant du glacier écarta les pans de sa cape pour épingler sur sa robe de mage le flocon argenté. Il ne s'embarrassait pas de cachotterie devant Jafert, non qu'il lui fît confiance, mais plutôt parce qu'il le jugeait inoffensif.

Chassant d'un geste impatienté Thoïl de son chemin, il rejoignit Iskender dans l'entrée de la caverne. Aucun des livres qu'il avait repérés plus tôt n'était digne d'intérêt, à l'exception d'un carnet dont la couverture dissimulait deux parchemins. Assis sur une caisse, il prit le temps de les déchiffrer à la lueur de sa torche tandis que le rôdeur s'échinait à dégager des décombres un arc de redoutable envergure. L'une des caravanes pillées par les taslois comptait vraisemblablement un alchimiste, c'était du moins ce que l'essai sur les drogues et le sortilège de résistance qu'il venait de découvrir laissaient penser. Cette même hypothèse expliquait la présence si incongrue du matériel ayant servi à extraire le gaz du dragon-fée et des nombreuses fioles ; il n'en fallait pas plus à l'ensorceleur pour s'en convaincre.

Après avoir sauvé les quelques cigares chultiens qui avaient échappé aux bottes de Falrin, Kald reprit ses fouilles, ouvrant une vulgaire malle de voyage avant de se pétrifier. Sa surprise fut si violente qu'il lui sembla que le souffle glacial de Saukuruk l'avait frappé : d'une blancheur de neige, la tenue sacerdotale des Sœurs des Glace s'était découverte à sa vue.

Béni soit lHiver ! jubila-t-il dans sa langue maternelle en articulant avec douleur tant l'éblouissement divin avait saisi ses mâchoires.

Oubliant Iskender, il dégagea soigneusement l'étoffe de son carcan, déployant comme une bannière triomphante l'immaculé tissu aux délicats liserés bleus. Si une ceinture d'un gris laiteux complétait la panoplie rituelle, le serre-tête et la hachette manquaient. Peut-être n'était-ce là qu'une tenue de rechange et la prêtresse avait survécu ? Alors la broche ne lui aurait pas appartenu... Déposant avec précaution sa trouvaille, il chercha vainement des réponses à ses questions. La milice de Tulmène, si elle avait gardé un registre des caravanes pillées, pourrait sûrement le renseigner.

Les signes ne pouvaient tromper : loin des terres gelées, Elle veillait sur lui, le Fils du Gel ! N'avait-elle pas soufflé le Froid sur les taslois ? Un sourire aux lèvres, les yeux fermés et le poing amoureusement refermé sur le flocon à six branches, le jeune Sossrim se grisait de délires de grandeur. Dans cette région brûlante, Elle avait semé quelques flocons pour le guider, balisant son chemin afin que s'étende par sa main dévouée l'Hiver. Repu de pensées aussi fanatiques que mégalomanes, Kald replia avec un respect mêlé de crainte la tenue sacerdotale, puis l'enveloppa dans une autre étoffe avant de la glisser dans son sac.

Après avoir rejoint ses collègues, il attira Jafert loin de Thoïl pour lui montrer le carnet et les parchemins qu'il avait découverts. Hélas, comme on pouvait désormais s'y attendre, le magicien novice ne parvint à percer ces nouvelles arcanes... Lui étudia les pages parchemineuses que lui avait confiées Falrin avant d'aller babiller avec le dragon-fée. L'essai sur les drogues ayant éveillé la curiosité de l'Amnien, qui n'avait d'ailleurs pas caché son intérêt pour la substance emprisonnée par les fioles, il le lui avait tout naturellement cédé.

- Ta clairvoyance t'honore, Jafert, répondit Kald sans un sourire aux paroles flatteuses de l'ancien tavernier (il n'évoquait jamais la Déesse sans une certaine gravité). Une caverne n'est pas un lieu approprié pour prier Saukuruk, la caresse de son souffle ne pourrait t'y atteindre... Nous verrons demain soir.

Kald tente de déchiffrer le parchemin de Falrin. Il prendra le tour de garde qu'on lui laisse, assez indifférent sur ce sujet.

Caressant presque amoureusement le bois de l'arc qu'il venait de trouver, déçu de ne pas avoir déniché de carquois de flèches, Iskender remonta sur le "balcon". Alors qu'il prenait pied sur la plate-forme, la douleur à la jambe, souvenir de la morsure de l'araignée le fit grimacer de nouveau.

De son côté, Falrin avait empaqueté les effets personnels de Bheldor avec une ferveur religieuse au moins équivalente à celle de Kald devant la tenue sacerdotale de la prêtresse d'Aurile. Louant une nouvelle fois Haela, il en appela à la puissance de le Dame des Rixes pour soigner les valeureux combattants, refermant leurs plaies. Malheureusement, la faiblesse passagère ressentie par le rôdeur ne disparut pas mais ce dernier restait persuadé qu'il suffirait d'un peu de temps pour qu'il retrouve l'intégralité de ses moyens.

Pestant encore, Jafert ne parvenait pas à se concentrer assez pour réussir à tirer la moindre information des parchemins qu'on lui montrait, la faute certainement à Thoïl, revigoré, qui voletait autour de sa tête, posant milles questions et répondant à côté de celles qu'on lui posait en retour. Voulant à tout prix aider à déchiffrer les manuscrits, le dragon-fée était plus une gêne qu'autre chose. La tentative d'Iskender de le faire partir se soldant par un nouveau regard d'incompréhension (il n'allait tout de même pas s'aventurer ainsi dans la forêt alors qu'il faisait nuit noire), Kald dut se résoudre à supporter la versatile créature, veillant toutefois à mettre le plus de distance possible entre elle et lui.

Le Sossrim avait-il raté sa voie en arpentant les routes plutôt qu'en se plongeant dans l'étude des documents poussiéreux ? Ou alors Aurile le bénissait-elle vraiment, au point de le faire réussir là où les autres adeptes de l'Art échouait ? En tout cas, l'ensorceleur parvint assez rapidement à déchiffrer les runes qui noircissaient le parchemin trouvé par Falrin, sa connaissance de la graphologie naine l'ayant certainement beaucoup aidé. Relevant la tête, il laissa tomber qu'il ne s'agissait que d'un banal sort de "Tenue d'apparat", pouvant néanmoins se montrer utile lors de relations sociales. Ce nouveau succès du disciple de la Vierge de Glace accrut l'admiration de Jafert, l'amenant à douter de l'appui de Waukeen.

Les cadavres des taslois regroupés dans un de leurs dortoirs, le petit groupe s'organisa pour la nuit, prenant soin de remonter l'échelle afin de se prémunir de toute mauvaise surprise venant de l'extérieur.



La nuit fut paisible, les différents guetteurs qui se succédèrent ne décelant aucun mouvements suspects. Seuls les ronflements sonores de Falrin, auxquels venaient parfois se joindre ceux de Jafert, troublèrent parfois le sommeil des dormeurs.

Ressortant de la grotte, les aventuriers purent constater que le jour se levait, les premiers rayons du soleil asséchant la rosée du matin. Jetant un regard en arrière, Jafert, en bon Amnien, eut un regret en pensant aux marchandises qu'ils laissaient derrière eux, trop volumineuses pour pouvoir être transportées. Au retour, ils pourraient peut-être faire un détour pour venir les chercher si, toutefois, le contenue de la crypte de la famille Thanterim leur en laissait la possibilité.

En effet, maintenant que Thoïl était tiré d'affaire, leur mission initiale s'imposait de nouveau à leur esprit. D'ailleurs, en parlant du dragon-fée, il n'avait vu de lui qu'un bref éclair orangé lorsque, à peine ressortie à l'air libre, il disparut entre les arbres. Mais il ne fallait pas se réjouir trop vite, il n'était pas à l'abri d'un retour de l'irritante créature à qui il pouvait bien prendre l'envie de les accompagner jusqu'à la demeure en ruine des Thanterim.

Je ne poursuis pas trop votre progression, essayant de ralentir le temps pour permettre à Ezzeldri de vous retrouver. Disons que ce sera un tour d'attente qui vous permettra de vous mettre en route vers la cabane de Peurinn. Dans le prochain post, je décrirai votre arrivée à cette cabane et votre prise de contact avec votre nouveau camarade de jeu quête.

Lancers...

Kald - Jet de compétence : Art de la magie : 14(d20) +4(deg) +3(Int) = 21 ~ Réussite

Lors du repas avant le coucher, Iskender répondit aux questions de Kald concernant ce qu’il avait dit à Peurinn. Il fit part aux aventuriers de ses conclusions sur la présence de Taslois aux alentours : d’après ce qu’il avait pu déduire des propos un peu décousus du prisonnier, il semblerait qu’une partie (une bonne partie ?) des Taslois enregistrés sur le bateau ait trouvé la mort dans le naufrage. Que, donc, il était possible qu’il n’y ait pratiquement plus de Taslois dans les environs. Mais comme le prisonnier était maintenant mort, il ne pouvait plus confirmer ou infirmer les hypothèses d’Iskender…
En outre, dans la soirée, celui-ci était fâché que Thoïl reste avec eux pour la nuit : d’une part, il craignait que Kald lui fasse un mauvais sort (peut-être littéralement ) et d’autre part, Thoïl perdait du temps au lieu d’aller retrouver ses parents et de chercher si des dangers rôdaient encore dans la forêt.
Au matin, après une nuit calme, mais qui avait été malheureusement écourtée par sa période de garde, Iskender se sentit beaucoup mieux. La journée était belle, Thoïl était parti rapidement et Iskender espérait que c’était pour rejoindre ses parents et surveiller la forêt. De plus, il avait un nouvel arc plus puissant que celui qu’il avait avant.
Il leur restait à regagner la cabane du bucheron pour reprendre la charriot et repartir remplir leur mission. Bien sûr, Iskender comptait s’inquiéter de la famille de Tipeur et les avertir qu’il s’était peut-être trompé. Mais malgré son optimisme, il fallait toujours rester attentif et faire la route en marchant avec précaution, toujours aux aguets. Il s’était peut-être trompé sur les Talois, mais peut-être pas... Et de toute façon, cette forêt inconnue restait toujours inquiétante.

Ravi du précieux coup de main que lui avait donné Kald pour le déchiffrage du sort de tenue d’apparat, il rangea précieusement le parchemin dans son livre de prière. Le nain était bien content d’avoir pu réduire de repère à néant, il se savait sur le bon chemin pour poursuivre sa quête initiatique au service d’Haela. D’ailleurs la soirée avait aussi été agréable, un bon moment passé entre des aventuriers qui se répartissaient un joli butin au coin du feu, à l’abris du vent, de la pluie et du danger. Voilà qui avait requinqué le moral du nain, qui n’en avait pas tellement besoin étant donné son caractère jovial. Le nain avait proposé de se répartir les pièces d’or trouvé et de conserver le parchemin. Il n’en voulait pas trop, déjà heureux d’avoir reçu l’aide de son groupe dans la purification de ce sanctuaire.

Au petit matin, il prit soin de prier et de remercie Haela pour ce nouveau jour d’aventure qui s’ouvrait à eux. Il remercia également Vergadain pour son hospitalité en ce lieu encore associé à son royaume de Sondarr.

- Allons chez Peurin et reprenons not’ route ! Nous d’vons filer vers not’ quête maintenant. Ce petit détour à ragaillardit ma foi, mais il n’faudrait pas qu’on oublie c’qu’on est v’nu faire icitte !

Sur ces mots le nain remis son paquetage sur le dos. Sur le chemin il écouta attentivement la remarque d’Iskender. Ses réflexions avaient du sens, même s’il approuvait la mort du prisonnier Tasloi.

*M’enfin ce n’était pas vraiment le but du groupe dans ce lieu, il faudrait pas se laisser divertir tout de même.*

Couvant d'un regard aussi glacial que la mort le petit dragon-fée, Kald avait fini par décourager Thoïl de voleter près de lui. Il avait remercié poliment le Shou pour ses explications, s'abstenant de commentaires, puis avais remis à Falrin le parchemin hérité de Bheldor. Il était peu probable qu'un prêtre puisse en réveiller la magie, mais peu importait à l'ensorceleur : ce sortilège était trop insignifiant pour le disputer au nain.

Le mystère autour du Consortium de Rundeen demeurait entier, car rien ne permettait de démontrer absolument que l'organisation marchande travaillait avec l'Empire sythillisien. L'hypothèse était pourtant aussi vraisemblable que séduisante... Rompu aux intrigues d'Eglise et à leurs nombreuses cabales, le Fils du Gel doutait que les taslois soient des esclaves miraculés du naufrage. Il était plus plausible qu'il s'agisse de mercenaires, acheminés peut-être à dessein en territoire ennemi pour y semer le désordre. Si le bateau devait se rendre jusqu'à Murann, il était pour le moins étonnant que les peaux vertes aient si rapidement trouvé un débouché à leurs larcins. Leur arrivée était-elle plus ou moins prévue ? Le mystérieux M les attendait-il ou les avait-il retrouvés ? Et était-il lié à ce second symbole, dont la pièce n'était pas sans évoquer des desseins mercantiles ?

Feuilletant distraitement les pages du journal de bord, Kald se demandait comment cet objet lui-même avait pu échapper à la débâcle. Ce n'était certainement pas un des taslois qui l'avait embarqué... Alors le capitaine, Bahri Jassar, devait avoir survécu ! Un humain paraissait bien plus à même de trouver où écouler le butin des pillages qu'un gobelinoïde ; il devait avoir deviné juste. Cependant il valait mieux taire pour l'heure de pareilles déductions, qui, après tout, l'éloignaient de ses véritables desseins.

Durant son tour de garde, le Sossrim ne tarda pas à laisser son esprit vagabonder vers la Déesse. Sa bénédiction était indéniable : les signes étaient bien trop manifestes et bien trop nombreux pour douter ! En revanche, il demeurait difficile de les interpréter... Que lui était l'appui de Saukuruk si elle n'imprimait pas à son errance une direction ? Il espérait tirer un éclaircissement de ses prières, remises au lendemain.

Quelle agitation autour de l'humble demeure des Boscalier ! Peurinn avait été particulièrement efficace en rameutant aussi vite la garde, du moins, ce fut la première impression qui vint à l'esprit des aventuriers en arrivant dans la clairière. Renseignements pris et présentations faites, la présence, en ces lieux, des hommes d'arme était, en réalité, purement fortuite et, même si elle était indirectement liée à la présence des taslois dans cette forêt, n'avait rien à voir avec la destruction récente de leur repaire.

Même s'il se montrait particulièrement intéressé par l'élimination de ce groupes de monstres, le sergent n'avait pas le temps de faire un détour par la grotte, devant, au préalable, gagner Tulmene. Il aviserait la milice de la ville et cette dernière prendrait les mesures appropriées.

Suite aux dernières déductions d'Iskender qui laissaient penser qu'il n'y avait peut-être plus de taslois dans la forêt, Peurinn se montra réticent à abandonner son exploitation. Après tout, il avait parfaitement vécu, jusque là, sous la menace réelle de ces créatures. Alors il n'allait pas paniquer et s'enfuir maintenant qu'elles n'étaient vraisemblablement plus là.

Haussant les épaules avec indifférence, le sergent rassembla son détachement pour reprendre la route. Au dernier moment, Jeanne, visiblement tiraillée entre la mission confiée par Deskyr Thanterim et son honneur qui lui commandait de chasser le mal du Téthyr, opta pour l'accompagner, souhaitant se rendre rapidement à Monguldarath, résidence du Comte de Fyraven, pour l'informer des derniers événements. Avant de les quitter, elle remit à Kald la clé armoriée censé ouvrir la crypte, leur fixant rendez-vous à Tulmene d'ici deux ou trois jours. D'ici là, elle aurait pu rassembler des informations sur la famille Thanterim et sur la véracité de l'histoire.

De son côté, Ezzeldri décida de rester un peu. Après tout, il n'était pas si pressé que ça de rejoindre Tulmene qui ne semblait n'être qu'un gros bourg de pêcheurs. De plus, si un portail avait existé dans les environs, la proximité de la ville l'aurait certainement fait découvrir et il lui fallait donc s'enfoncer un peu plus dans la forêt pour espérer trouver quelque chose. Du coup, la présence de ce petit groupe d'aventuriers était une véritable aubaine et leur destination - rejoindre un manoir en ruine pour y fouiller une crypte potentiellement hantée - était propre à aiguiser la curiosité du halfelin.

La nuit se déroulait sans encombre, Jafert avait pris le premier tour de garde et put faire une nuit assez longue et réparatrice. Enroulé dans sa légère couverture de voyage le magicien revoyait les runes des parchemins qu’il avait étudiés juste avant de se coucher. Seul un des parchemins lui avait dévoilé ses mystères : il s’agissait d’un sortilège permettant de résister efficacement contre une multitude de drogues… Les 3 autres restaient insondables malgré l’aide de Kald.

¤ Et si la magie n’était pas faite pour moi, je ne suis qu’un tavernier des bas-fonds d’Athkatla. Même une longue tige du nord arrive mieux que moi à délier les fils de la toile. ¤

La mélancolie et le désespoir s’emparaient de Jafert, d’habitude guilleret et avenant, le magicien tournait et se retournait sur lui-même ne trouvant pas le sommeil. L’amnien se redressait et fouillé sa besace pour en sortir l’orbe toujours lumineux. L’artefact projetait alors une lueur sur les parois de la grotte mais tous les aventuriers dormaient sauf la sentinelle qui fixait l’aval du balcon. Eclairé suffisamment pour lire, le magicien feuilletait son grimoire pour retrouver une page en particulier ; la page du sortilège de 'lecture de la magie', un rituel assez basique que Jafert ne mémorisait même plus, pourtant il en avait besoin aujourd’hui.



Réveillé parmi les premiers, Jafert se mit à l’écart et pris quelques minutes pour déchiffrer le parchemin offert par Thanterim. Avec l'aide de la magie, cette fois, la tache fut automatique: 'Disque flottant de Tenser'… Tenser, Jafert avait vaguement entendu parler de sorcier. Le sortilège permettait de créer de la glace au milieu de Velen, c’était prodigieux. L’amour propre du magicien n’était malheureusement pas guéris, il en faudrait un peu plus.

La marche vers la ferme de Peurinn passa vite et une ambiance de cours d’école s’était immiscée dans le groupe qui avait souvent eu du mal à se mettre d’accord, la veille. Mais la victoire contre cette meute de Tasloïs avait resserrée les liens du groupe.



Jafert fit un signe bref d’au revoir à la paladine qui s’éloignait avec les miliciens.
¤ Enfin débarrassé de la flicaille, par contre Jeanne nous aurait été d’un bon soutient contre des morts vivants de la crypte, J’espère qu'ils ne seront pas tous solide comme le nain de la grotte.¤


- Bienvenus parmi nous Ezz, je peux t’appeler Ezz ? Bonne affaire ! Lança Jafert avec l'accent populaire et chantant que l'on peut entendre à Athkatla.

- Quelles sont tes aptitudes et qualités, halfelin ? diJafert était direct mais portait la bonne humeur sur lui. Le semi-homme pouvait découvrir un large sourire sous la barbe noir et tressée du magicien qui ne le dépassait que de deux têtes.

- Je ne sais pas si on t'a dit mais le coin est remplis de mort-vivant et certain sont bien coriaces. Jafert n'était toujours pas remis de sa rencontre avec le furieux Bheldor. Il laissait le soin à Falrin de rentrer plus dans les détails.

Utilisation du sort: Lecture de la magie.

- Oh ! Non…Non…Non… ¤ Non, non… ¤

Alors que le Hin venait de saluer le Sergent et sa milice, leur souhaitant bonne route tout en psalmodiant une prière envers le dieu de l’église de la Mésaventure, qu’il guide leurs pas jusqu’à leur prochaine destination. Il partit à petit pas rapide se mettre hors de la vue de Peurrin, enfin du petit Tipeur. Cette pipelette sur patte, avait piégé la veille le petit être qui ne souhaitait pas revivre le calvaire de discuter avec l’enfant. Cela était un des problèmes récurent chez les Halfelins. Mesurant la même taille le bien souvent que les enfants, ils les prenaient pour l’un des leurs. C’était humiliant, mais surtout agaçant.

Partie discrètement, il passa inaperçu aux yeux de Tipeur, qui semblait de toute façon concentré sur autre chose.

¤ Fiou ! ¤

Dans sa discrète fuite, il se trouva du coup parmi les aventuriers qui avaient mis ce matin en alerte tout le camp, pris d’abord pour des Tasloïs, sûrement confondu à la vue des deux nains, enfin le nain et l'homme de taille plus modeste qu’à l’accoutumé. Mais il restait toujours plus grand qu’Ezzeldri. Ce dernier fut d’ailleurs le premier à le saluer. L’approche familière et directe du prénommé Jafert ne choquait pas le Hin qui avait tendance à être familier lui aussi.

- Jaaaafert, c’est bien ça ? Il avait lâché le prénom, avec difficulté et hésitation, il n’était pas sûr d’avoir bien mémorisé le nom de tous. Et il poursuivra avec la même amicalité que lui. Ezz, Ezzi, Ezzeldri, ce sera comme il te plaira, Jaja. Mais on me connaît plus sous le nom d’Ezzeldri Marcheplume. Il leva à deux reprises ses yeux au ciel sans bouger la tête pour amener le regard de Jafert sur la plume rouge qui trônait au-dessus de son chapeau de cuir. Comme s’il ne l’avait pas encore remarqué. Ma venue en ces contrées n’est pas fortuite, je suis mandaté par l’Union des Voyageurs du Bureau de la Porte de Baldur. Vous connaissez sûrement ! (Pour le Hin, il était inimaginable que l’Union ne soit pas connu de tous, alors que lui-même n’en avait jamais entendu parler il n’y a pas si longtemps que cela.) Et cela, pour étudier une possible implantation d’un Bureau à Velen. Hum ! D’ailleurs, à ce sujet, j’enquête actuellement sur la présence d’un possible portail de téléportation dans les bois entre Velen et Tulmene. Mais ça reste très hypothétique.

Le regard du Halfelin à l’évocation du portail était plein d’excitation. Il n’évoqua pas sa dévotion envers Brandobaris, cela était naturel chez lui. Il ne se présentait pas en tant que prêtre. Il était prêtre et puis voilà. Il dévouait toutes ses aventures et voyages à son dieu, c’était dans l’ordre normal des choses. Néanmoins, les gens pouvaient le déduire assez facilement pour qui avait un peu de culture sur les religions de Féérune à la vue du pendentif en argent au symbole de Brandobaros qu’il portait autour du cou : une emprunte de pied Halfelin sculpté dans une pièce d’argent, entourée de signes décoratifs.

- Et comme j’ai entendu dire que vous aviez éliminé une horde de Tasloïs, c’est tout à votre honneur, par Brandobaris. S’exclama-t-il. Auriez-vous une idée de leur dessein en ces lieux, cela pourrait intéresser l’Union ? Et dans votre périple avez-vous eu vent d’un portail ?

Jeanne était éteinte depuis les dernières heures, son souhait de justice prenait le dessus dans son esprit sur sa fidélité à sa quête et à son groupe. Bien évidemment Falrin était déçu de perdre une compagne de cette qualité. Il décida néanmoins de ne point en rajouter, acceptant sa décision.

*Un d’perdu dix de r’trouvé comme on dit, pensa le nain*

Un certain Ezzeldri venait de croiser leur chemin et semblait prêt à les accompagner dans leur mission vers les ruines. Ce qui plut au nain, c’était son ton jovial, son air décontracté et l’impression qu’il n’était pas du genre à la prise de tête. Autant il était lié par un contrat à Jeanne et Kald qui du coup imposaient leur mauvais caractère, autant s’il fallait se trimballer des jours durant avec un nouveau venu, un peu de légerté ferait du bien.

- Bein l’bonjour Ezz, et bienvenu dans la compagnie des pas très grands, dit-il riant sûrement seul à sa blague. C’est pas mal ‘pas très grands’ ça marche pour ceux qui sont p’tit et ceux qui font des grands pas. Par contre jamais entendu parler d’c’tt’Union, mais j’déduis qu’ça doit être en lien avec le voyage ?

- A vrai dire, on a ben fait un ou deux hypothèses crédibles, mais rien de concret. Ça peut p’t’être intéresser l’Union oui, mais on n’les connait pas tellement, tu vois ?

- Enfin bref, y s’rait temps de s’mettre en route, sinon on risque d’être encore attiré par une autre distraction. Hein Kald ?

En arrivant à la maison de Peurinn, Iskender fut surpris de voir tant de monde. Après discussions, il s’aperçut quand en fait c’est plus par hasard que par volonté de mettre fin aux attaques répétées dans la forêt.
La décision de Jeanne de partir du groupe surpris et attrista le rôdeur : Jeanne s’était montrée une vaillante combattante et une bonne camarade. C’était une réelle perte pour la compagnie.
La décision d’Ezzildri, de rejoindre le groupe ne comblera probablement pas la perte de la combattante de première ligne, mais c’était une bonne nouvelle. Depuis le début, Iskender se méfiait de cette apparente facile mission.

- Bienvenu Ezzildri ! Je pense que tu sais que notre tache, qui a été présenté comme une simple promenade, risque de ne pas être de tout repos si on regarde tout ce qui s’est passé depuis notre départ. Et encore nous avons échappé au pire : un dragon a failli nous rôtir à bord de notre navire qui nous a amené ici, à la "tête du dragon" …
Dans notre petit périple, nous n’avons pas entendu parler de "portail", enfin, à ma connaissance.
Je suis heureux que tu sois parmi nous pour nous épauler et partager nos risques et découvertes !

Après avoir discuté, fait aussi ses adieux à la paladine, Iskender alla trouver Tipeur pour lui parler en privé :
- Tipeur, je pense que ton père t’en a déjà parlé : il a vu Thoïl et donc maintenant il sait que tu n’as pas menti au sujet de ton copain de jeu. Par contre, il faut bien que tu saches que la forêt est parfois dangereuse ! Même Thoïl, qui est très rapide et malin, s’est fait prendre par des méchants ! Donc, ça pourrait t’arriver aussi de te faire prendre par des méchants et peut-être que pour toi, personne ne pourra venir te délivrer... Alors, écoute quand même tes parents quand ils te disent de faire attention, et quand tu vas jouer avec Thoïl dis leur où tu vas.
Et puis, dans quelques années, si tu veux une vie d’aventure, viens me voir, peut-être avec Thoïl. D’ici là, moi aussi j’aurais grandi !...