Chapitre 3 : City-tripes à Telpir

Le combat prenait une tournure bien avantageuse, au point qu’il se termina en deux coups de lames bien placés. Sentant le sang encore chaud de la gueunaude dégouliner sur sa main, elle ne put réprimer un sourire de pure satisfaction. Elle ne put pas ou ne voulais pas ? Difficile à dire même pour elle qui aimait beaucoup chasser les monstres en tous genre. Retirant sa lame de la gorge de la créature, elle essuya le sang de ses armes en les trempant dans l’eau puis essuyant l’eau sur ses propres vêtements. Ce faisant elle observa le nouveau terrestre qui lui avait filé un coup de main pour achever la bête sur la fin. Il avait l’aire bien taciturne comme humain. Il ne dit pas un mot, mais ce qui l’interpelait était surtout qu’il ne rangeait pas ses armes. Comme s’il s’attendait à devoir remettre le couvert avec le groupe. Il semblait tendu comme une corde d’arc. Enfin, dans cette situation, elle se sentait toute puissante, n’essuyant qu’une petite perte de force, elle se sentait des lors prête à combattre le dragon tortue de la veille. L’adrénaline et la liesse de la victoire prenant le pas sur ses inquiétudes.

Alors qu’elle essayait de calmer un peu son cœur et sa respiration, elle observait également que tout le monde s’affairait à prendre soin des personnes tombées. Ils semblaient encore en vie selon les dires des soigneurs de fortune. Une bonne chose, elle s’en serait peut-être voulu un peu de les perdre sur un coup de tête comme celui-ci, ou pas…

Elle écoutait alors Baelsul lui demander de ses nouvelles, tout en lui assenant une petite réprimande. Ce terrestre avait effectivement bon fond. Elle n’en doutait maintenant plus. Il avait visiblement très à cœur la sécurité des autres. Elle lui répondit avec un ton parfaitement joyeux.

-On viens de tuer un monstre, personne n’est mort malgré le fait que la victoire ne soit pas parfaite, je suis en super forme !!!

Elle ponctua sa phrase par un petit rire de satisfaction avant de décider de prendre un trophée de la créature morte. Un doigt, une mèche de cheveux, certainement pas un œil. Tout à sa réflexion sur le morceau de la bête qu’elle emporterait avec elle, essayant de penser à un truc qui ne sentirait pas la mort au bout de quelques jours, elle fouilla le corps sans vie de leur adversaire.

Baelsul revint quelques instants plus tard pour lui rappeler que même si pour elle le combat était un acte totalement gratuit, il pouvait servir une cause un peu plus altruiste.

-J’ai rien vue de plus la dedans de dangereux mais je vais aller fouiller le trou pour être sûr. Restez aux aguets, si ça tourne mal je vous préviendrais comme je pourrais.

Elle finit par se décider à prendre une mèche de cheveux qu’elle roula en boule pour la fourrer dans une poche isolée de son sac quand elle le retrouverait en haut de la falaise. En attendant elle serait dans un renfoncement de son armure, elle espérait ne pas le perdre. Rangeant ses armes, elle plongea une nouvelle fois dans l’eau pour explorer doucement la caverne. Attentive aux pièges et à d’éventuels autres bestioles à embrocher, mais surtout attentive au moindre objet qui pourrait avoir un lien avec des marins disparus ou qui pourraient avoir une certaine forme de valeur, même insignifiante pécuniairement. Elle espérait bien trouver un truc ou deux pour se rappeler cet instant où elle avait vaincu un monstre aux capacités à faire frémir et évanouir des hommes à sa simple vue.

En tout cas pour elle, la journée s’annonçait plus que merveilleuse. Elle était sur un petit nuage.

La décoction de jhuild fit merveille, et permit à Mikaïl d'être à nouveau actif. Cela dit, il ne fallait pas présumer de ses forces¹, et il était certain que lui, comme les autres, auraient besoin de quelques jours de repos complet. Seul Atanathar avait été épargné. Iulia était vivante, mais tout aussi affaiblie et quasiment inconsciente.

Cela valut mieux.

Dans la grotte, le spectacle était répugnant: un cadavre adolescent partiellement décharné trahissaient le funeste destin du fils disparu. Si les membres avaient été consommés —c'étaient les os dans les pots—, les organes du corps avaient été soit prélevés, soit laissés à pourrir. Laeylan n'eut pas le cœur de jouer au puzzle, mais elle ne trouva aucune trace d'un second cadavre adulte. Évidemment, rien n'indiquait qu'ils étaient tous les deux dans l'embarcation quand elle s'était échouée…

En fouillant le repaire, la genasi mit la main sur quantité de choses: un traité entrouvert à la couverture sombre était rempli de formules cabalistiques, et servait de reposoir à une poignée de pierres polies d'un noir de jais. Une baguette en os sertie d'une pierre précieuse côtoyait une dague de métal ordinaire un peu rouillée, à côté d'un bloc de roche plus plat et important. Sur un rebord s'alignaient une série de coquilles d'oursins, chacune remplie d'un liquide inconnu. Une couche de végétaux séchés occupait un coin de la grotte tandis que, d'après l'odeur, les latrines n'étaient pas loin. Un petit chaudron en terre cuite contenait une sorte de bouillabaisse immonde, et un autre était empli d'une eau claire dans laquelle flottait un seul œil de la taille d'une prune. Alors que Laeylan inspectait le récipient, l'œil pivota pour la suivre du regard…

Au-delà de tout cela, rapatrier le corps de la sorcière servirait certainement leur réputation en ville, si ce n'étaient leurs finances. Mais il serait sans doute de mauvais goût de faire reposer Iulia et le cadavre côte à côte, dans le chariot… Remonter à la corde ne fut pas une mince affaire —surtout pour la femme évanouie—, mais les aventuriers purent s'entraider et prendre tout le temps nécessaire. Une heure après leur arrivée, il était temps de rentrer.<sup>2

1</sup>: T'as assez de forces pour les quelques heures nécessaires pour rentrer en ville, puis dodo.
²: C'était pas très riche en évènement mais bon. Si vous voulez vous pouvez tirer vous-même vos jets d'athlétisme contre un DD de 5, mais il faut tenir compte des malus en force. Vous arrivez tous à remonter, grâce au beau-frère, quitte à vous tirer comme des sacs depuis le haut de le falaise. Ceux qui veulent peuvent être rentrés dans la grotte en restant au sec, au prix de quelques sueurs froides et glissades potentielles. Merak et Mikaïl, vos pensées du retour devraient tourner autour de la recherche d'un endroit sécurisé pour vous reposer (l'un est faible, l'autre perdra conscience quand la drogue cessera d'agir). Le dortoir de Maître Morn semble tout indiqué, si les autres vous en parlent.

Les trouvailles faites par Laeylan dans la grotte méritaient certainement qu'on y apporte davantage d'attention mais il serait largement temps de s'occuper de cela, une fois de retour en ville. Dans l'immédiat, le mieux à faire était d'en vérifier le caractère magique ou pas, ce que Mikaïl suggéra à ses compagnons adeptes de la Toile, lui-même n'en ayant pas la possibilité immédiate. Le jeune noble, quant à lui, se contenta d'inspecter minutieusement et de façon plus classique les différentes mixtures trouvées. Ces différentes opérations effectuées, il convenait de tout dissimuler dans leurs affaires avant de revenir à Telpir, histoire de ne pas attirer trop l'attention sur d'éventuels artefacts magiques. Ils décideraient plus tard de leur destination et répartition.

Malheureusement, la cadavre découvert ne laissait aucun espoir pour Iulia. Le beau-frère, informé, demanda la destruction du corps, mesure prudente qui évitait un retour à la non-vie de la dépouille. Après avoir érigé un rapide bûcher et incinéré le mort, il fallut ensuite insister un peu mais, à force d'arguments et de négociations, les restes de la guenaude purent être remonté, soigneusement roulés dans une couverture et chargés dans la charrette. L'idée était bien sûr de les montrer au Père Sarouf pour autopsie puis d'en tirer le meilleurs prix auprès d'autres lanceurs de sorts, apothicaires ou alchimistes.

Le trajet du retour fut long et pénible pour Mikaïl qui titubait de plus en plus, sentant ses forces l'abandonner de nouveau. Le jeune noble était inquiet à l'idée de regagner sa chambre et d'y rester seul, à la merci de n'importe quel visiteur. Rejoindre le dortoir commun lui apparu comme étant la meilleure solution. Après tout, l'aventure récente avait consolidé les liens au sein du groupe et ils seraient certainement amener à poursuivre les investigations ensemble. Autant commencer dès maintenant à se serrer les coudes dans l'adversité.

Les compagnons ne semblaient pas mal disposé et les découvertes dans la grotte n’amenèrent pas grand intérêt pour le mercenaire. Se détendant au fur et à mesure, il finit par ranger ses armes et remonter la falaise avec l'aide de l'idiot.

Comme à son habitude, il ne dit mot. Il n'était qu'un étranger dans leur camp, et ils n'avaient pas rompu le pain ensemble. Néanmoins, il suivit le groupe, par sureté, par confort, et surtout car il n'était pas certain qu'il ait assez de force pour rentrer seul.

Il n'avait qu'une hâte, retrouver le confort d'une auberge. Un repas chaud, de l'alcool fort, un lit confortable, et une femme pour lui tenir compagnie. C'est avec les choses simples de la vie que Merak soignait ses blessures.

Il retrouverait également sa mule et le reste de ses affaires. Et après... Après il s'occupera tranquillement de ces foies jaunes de traitre...

Baelsul était vraiment rassuré que malgré le coup dur, tous aient réussis à se relever. D’ailleurs Laeylan avait accepter d’inspecter la grotte. Une fois la menace écarter, Baelsul qui se sentait investit de la mission d’aider la pauvre Iulia, se fraya un passage dans la grotte avec l’aide de ses compagnons. Il prit son temps de bien trouver ses marques et surtout pour ne pas glisser. Il souhaitait inspecter la grotte et les objets trouvés avec une détection de la magie. Qui sait si cette fois, ce sort lui serait plus utile que lorsqu’ils avaient laissé le précieux artefact que contenait l’épave et que convoitait la tortue.

Il prit un bref instant comme l’avait suggéré Mikaïl pour analyser les objets et les écoles qui pouvaient générer leurs effets magiques. À défaut de savoir exactement ce que faisaient ces objets, il en aurait au moins une compréhension partielle. Faisant comme à son habitude, passer la magie par le pouvoir du chant, il commença à déployer ses cordes vocales pour canaliser la magie qui le traversa en faisant crépiter sa voix.

Une fois fait, il rangea les objets d’intérêt dans sa besace, sans volonté d’appropriation mais pour les présenter à Sarouf qui saurait en dire bien plus. Aidant Mikaïl dans la tâche ingrate d’accompagner le fils de Iulia dans sa mort, le demi-elfe accompagna le moment d’un chant elfique racontant l’adieu aux aïeux.

Le retour fut des plus pénible, tous étaient fatiguée, la charrette était unique et le groupe se traîna difficilement jusqu’à la ville. Heureusement, le repos serait accueilli avec délice au Boucanier Enfumé. Le demi-elfe n’avait pas bien compris l’intérêt de ramener la guenaude, même si le groupe en tirerait sûrement quelque chose, que ça soit dans les histoires de tavernes ou bien en piécettes.

Laeylan avait finit son office. La bestiole morte et les objets trouvé donné aux autres, elle garda cependant avec elle les pierres noires. Non pas non plus pour se les approprier, en fonction de leur valeur, les richesses seraient distribuées de façon plus ou moins équitable une fois tout le monde rentré. Avec la mèche de cheveux cela lui ferait un autre souvenir de cette journée qui était parfaite pour elle. Elle ressentait certes la fatigue, visiblement pas autant que les autres.

Le corps fut brulé, les magiciens investirent la grotte pour trouver d’autres centres d’intérêt. Rien que du classique dans ces situations post combat. Et le classique elle aimait cela. Au moins chacun avait un truc à faire…sauf elle. Enfin, elle estimait en avoir déjà assez fait avant d’autant que son coup de sang avait mis tout le monde en danger. Elle flânait de ci de la pendant que les autres terminaient leurs affaires. Elle aida un peu à remonter tout le monde en haut de la falaise et installer la gueunaude dans le chariot. Il serait peut-être plus sympathique avec Iulia de au moins couvrir la créature immonde avant de rentrer. Eviter d’attirer trop l’attention aussi. Elle chercha dans les restes de l’épave si un linge quelconque pouvait faire office de linceul.

Sur le chemin du retour, alors que tous semblaient un peu renfrogné et de mauvaise humeur, ou au moins bien affaiblis, elle entreprit de discuter avec le beau-frère. Maintenant qu’ils avaient retrouvé le corps de l’un des disparus, n’augurant rien de bon pour le deuxième, elle se disait qu’il avait une sorte de dette envers eux et qu’il pourrait bien répondre à quelques questions.

Elle n’avait pas oublié la caisse au fond du port et lui demanda alors s’il y avait une sorte de protection magique à l’entrée du port ou un truc un peu spécial dans cet environ. Restez vague pour ne pas éveiller les soupçons, il avait beau avoir une sorte de dette morale, les terrestres ne sont pas tous digne de confiance loin de là. Elle lui demanda également si par hasard il serait d’accord pour leur prêter une embarcation l’affaire de quelques heures. Elle ne pensait pas forcément y aller le soir même, encore que si Baelsul et Atanathar étaient prêts, ils iraient probablement, même si Mikaïl n’était pas en bonne disposition pour y aller. Quand au dernier terrestre, il ne lui avait pas adressé un mot depuis son arrivée donc elle ne se sentit pas une seul seconde obligée de lui en parler, malgré son aide pour la gueunaude.

Dans sa tête le retour de la gueunaude était une bonne idée. Les magiciens pourraient surement en tirer quelque chose, et elle en tirerait la satisfaction après de pouvoir faire un sale tour a Hammers. Arrivée au boucanier enfumé, elle demanda à Morn où elle pourrait poser ce cadavre pour la nuit sans qu’il ne soit découvert par un quelconque indiscret.

Quand Maître Morn les vit rentrer à l'auberge, dans l'après-midi, il eut la vision de sa taverne transformée en dispensaire de soins. Cela commençait à devenir une habitude…

Maître Morn

– Bons dieux ! D'où revenez-vous ? Que vous est-il arrivé ? Le récit rapide de la situation, autant par les aventuriers que par les quelques badauds qui les avaient vu arriver, l'éclaira rapidement. La seule réserve qu'il émit fut le cadavre de la guenaude, qu'il refusait chez lui. Mais de toute façon, les aventuriers comptaient l'apporter chez le vieux Sarouf au plus tôt. – Montez vous installer, je m'occupe de vous apporter ce qui manque. -------------------- Maître Morn, Vitor de son prénom, était un tavernier pragmatique, jamais joyeux, âgé mais endurant, qui cherchait à faire prospérer son établissement: le Boucanier Enfumé. Les rares moments où il n'était pas affairé, il avait l'habitude de caler sa main au creux de son estomac et de devenir une source d'informations intéressantes sur la ville de Telpir et ses environs.

Mikaïl monta avec difficulté les marches de l'escalier pour atteindre le dortoir, qui était la plus grande pièce de la taverne. Elle contenait quatre lits doubles —superposés— de sommaire facture, et le tavernier venait d'y ajouter deux chaises et un simple bureau, en plus de la literie pour lui et Merak. Le cormyrien s'affala, à nouveau au bord de l'épuisement, mais tâcha de rester digne pendant que l'homme lui expliquait les conditions de leur hébergement. Une idée avait germé dans son esprit, et ce fut une heureuse coïncidence pour Mikaïl que d'apprendre que s'ils l'acceptaient, Maître Morn souhaitait relever le niveau de son établissement. La main posée sur son ventre, il expliquait:

Maître Morn

– Vous comprenez Messire, normalement je n'héberge que des marins de passage pour une nuit, dans le meilleur des cas. Mais avec vous et vos camarades, je pourrais investir dans un vrai mobilier. Loin de moi l'idée de vous soutirer de l'argent, hein, Messire, mais vous comprenez, ça serait bien pour vous comme pour moi. – Mais je parle, je parle. Je vais vous laisser vous reposer, Messire. Je vous monterai à manger quand vous serez tous réunis… -------------------- Maître Morn, Vitor de son prénom, était un tavernier pragmatique, jamais joyeux, âgé mais endurant, qui cherchait à faire prospérer son établissement: le Boucanier Enfumé. Les rares moments où il n'était pas affairé, il avait l'habitude de caler sa main au creux de son estomac et de devenir une source d'informations intéressantes sur la ville de Telpir et ses environs.

En effet, les autres aventuriers s'étaient égaillés en ville pendant l'après-midi. Après avoir fouillé la grotte et emporté tout ce qu'ils avaient trouvé — y compris un petit sac vide en peau animale, qui irradiait une faible aura d'invocation —, le voyage avait du retour avait été pénible. Le trajet leur avait malgré tout servi à discuter leurs options, même si Merak n'avait pas été le plus disert.

Le mercenaire ne se sentait pas proche des aventuriers, mais à y réfléchir, il n'était proche de personne à Telpir. Plus maintenant que les mouettes s'étaient faites éradiquer. Pire encore, en revenant en ville, il serait sans doute une cible esseulée: il avait assez servi au sein de groupes armés pour savoir que le groupe est la meilleure protection d'un soldat en campagne. Il avait donc accepté de bonne grâce de partager un logement à bas prix avec ces nouveaux compagnons, et était parti chercher sa mule et ses affaires. Une fois arrivé à l'écurie où il l'avait laissée, on lui révéla que quelqu'un avait cherché à s'en emparer. Un inconnu était venu, prétendant venir de sa part. Le garçon d'écurie avait fermement résisté, ce qui fallait des félicitations, mais sans doute l'autre réessaierait-il. Quand bien même les oursins bleus le croyaient mort, ils avaient sans doute mis à profit la journée pour l'identifier et chercher à récupérer ses affaires… Merak était affaibli, et avait besoin d'une planque…

Atanathar, Laeylan et Baelsul, eux, avaient déposé Iulia chez elle, et emprunté le chariot pour transporter le corps — ils avaient promis de le ramener au beau-frère le soir-même —. Leur arrivée en ville, avec la femme inconsciente, n'avait pas permis de dissimuler le cadavre qu'ils transportaient. Les gardes les regardèrent d'abord d'un mauvais œil, mais ne leur firent pas tant d'histoires, quand d'autres passants sifflèrent leur admiration. Au fur et à mesure de leur progression dans la cité, quelques enfants ou adultes désœuvrés les suivirent même, félicitant les aventuriers pour avoir "zigouillé cette salope". Leur réputation alla croissant quand l'un d'eux mentionna le précédent combat sur les quais, quelques jours plus tôt, auquel avaient participé Baelsul et la genasi. Même dans la cosmopolite Telpir, Laeylan marquait les esprits…

Maintenant qu'ils avaient déposé la veuve chez elle, ils purent essayer de dissimuler leur chargement pour arriver plus tranquillement chez Sarouf. Là aussi, cela devenait une habitude:

Père Sarouf

- Atanathar, je t'avais oublié. Le livre que vous m'avez rapporté est passionnant, il… La découverte du corps sembla l'impressionner tout autant. Il l'identifia aussitôt, impressionné de voir son apprenti ramener une telle créature. Le récit de leur aventure et de la collection d'objets qu'ils ramenaient le fit opiner avec profusion — ou était-ce une forme de tremblement incontrôlé ? —. – Donc, vous avez identifié ces potions,1 mais vous ne savez rien de celles-ci. A part que ce ne sont pas des poisons… Et ces objets, celui-ci a une aura d'invocation, mais la baguette demeure mystérieuse. Je peux m'y atteler, bien que cela m'en coûte… Cent pièces d'or pour les deux, dans ce cas, et il faudra me les laisser quelques jours. Je peux aussi tester les potions et trouver l'origine de cette dent, pour deux pièces chacune.2 -------------------- Le vieux sage était chancelant, vouté et décrépi, mais c'était un puits de savoir. Il ne sortait presque jamais de sa vieille bicoque, où ses multiples robes et châles élimés protégeaient du froid son corps famélique. Si ses mains ne serraient pas un bâton de marche, c'est qu'elles étaient chargées de livres et parchemins.

Le corps de la guenaude suscitait un certain intérêt pour lui, et sans doute certains composants pourraient servir de matériel d'étude et d'expérience pour le vieux devin, mais Sarouf ne trépignait pour le leur acheter. Il consentit cependant à l'entreposer à l'arrière de sa demeure pour la nuit, et prit ensuite son apprenti à part — seul vaillant du groupe — pendant que les autres prenaient congé.

Quand tous se retrouvèrent au Boucanier enfumé, à la nuit tombée, l'halfelin n'était plus un apprenti. Avec quelque émotion, Sarouf lui avait suggéré de prendre son envol, et de lui trouver un remplaçant —sans prédisposition pour la magie—. Le vieil homme avait encore besoin d'un aide, mais pas d'un nouvel étudiant. Quant à Atanathar, il avait appris suffisamment pour progresser de son propre chef dans la maîtrise de la magie, et cette évolution ne paraissait plus compatible avec une tutelle sédentaire à Telpir:

Père Sarouf

- En définitive, tu as été bon élève, et un brave compagnon. Je pense que tu seras un confrère distingué… Et tu seras toujours le bienvenu, surtout avec du raik3 grillé. L'ancêtre était parti d'un rire qui dégénéra en quinte de toux. Il lui fallut un temps pour se remettre, avant de prier l'halfelin de laisser "un vieil homme" pour la nuit. Atanathar avait donc gagné la taverne où séjournaient ses camarades avec ses maigres affaires. -------------------- Le vieux sage était chancelant, vouté et décrépi, mais c'était un puits de savoir. Il ne sortait presque jamais de sa vieille bicoque, où ses multiples robes et châles élimés protégeaient du froid son corps famélique. Si ses mains ne serraient pas un bâton de marche, c'est qu'elles étaient chargées de livres et parchemins.

Regroupés devant un bon repas, ils avaient bien des choses à faire les prochains jours, mais la plupart d'entre eux devraient surtout se reposer. Leur interaction avec la sorcière les avaient laissés considérablement affaiblis, au point que le musculeux Baelsul aurait sans doute perdu un bras de fer avec le tavernier, et que Mikaïl parvenait à peine à se nourrir seul — l'effet du juild s'était dissipé —. Merak aurait sans doute préféré s'amuser dans la grande salle, au rez-de-chaussée, mais ce dortoir privé était plus discret, et sûr, pour ne pas révéler à la pègre locale qu'il avait survécu.

Proche de l'unique fenêtre, Laeylan tâcha de distinguer la mer, où dormait ce fameux coffre. Le beau-frère de Iulia lui avait dit pouvoir lui dégotter une barque, pourvu qu'elle ne parte pas pour la journée avec. Mais avec leurs forces diminuées, elle allait sans doute devoir patienter…

¹: Il y a là une potion d’Invisibilité pour les animaux et une potion d'aide. Les deux autres n'ont pas pu être identifiées malgré vos trois tentatives (une chacun). J'ai considéré l'utilisation de détection du poison.
²: Strictement, ça vous couterait le double. Mais j'ai réduit les coûts (ou compté simplement le tarif de consultation d'un sage) au regard de la grande expérience de Sarouf, qui va devoir tâtonner par essai et erreur. Pour les potions, il va faire lui aussi un jet d'art de la magie, qui sera aidé par vos tentatives ratées. En gros vous payez le prix d'une deuxième chance.
³: Espèce de poisson assez agressif de la mer des étoiles déchues.

Lancers...

Mikaïl - Jet de compétence : Art de la magie : 13(d20) +5(deg) +4(Int) = 22 vs DD25 ~ Echec
Mikaïl - Jet de compétence : Art de la magie : 2(d20) +5(deg) +4(Int) = 11 vs DD25 ~ Echec
Mikaïl - Jet de compétence : Art de la magie : 7(d20) +5(deg) +4(Int) = 16 vs DD25 ~ Echec
Mikaïl - Jet de compétence : Art de la magie : 20(d20) +5(deg) +4(Int) = 29 vs DD25 ~ Réussite
Baelsul - Jet de compétence : Art de la magie : 18(d20) +6(deg) -1(Int) = 23 vs DD25 ~ Echec
Baelsul - Jet de compétence : Art de la magie : 10(d20) +6(deg) -1(Int) = 15 vs DD25 ~ Echec
Baelsul - Jet de compétence : Art de la magie : 14(d20) +6(deg) -1(Int) = 19 vs DD25 ~ Echec
Atanathar Alcharyn - Jet de compétence : Art de la magie : 9(d20) +4(deg) +3(Int) = 16 vs DD25 ~ Echec
Atanathar Alcharyn - Jet de compétence : Art de la magie : 6(d20) +4(deg) +3(Int) = 13 vs DD25 ~ Echec
Atanathar Alcharyn - Jet de compétence : Art de la magie : 20(d20) +4(deg) +3(Int) = 27 vs DD25 ~ Réussite
Baelsul - Jet de compétence : Art de la magie : 16(d20) +6(deg) -1(Int) = 21 ~ Réussite
Baelsul - Jet de compétence : Art de la magie : 10(d20) +6(deg) -1(Int) = 15 ~ Echec

L'épisode de la grotte passé, les compagnons prirent le chemin du retour. Atanathar malgré sa petite taille aidait du mieux qu'il pouvait.

Leur nouveau compagnon, le mercenaire Merak, n'avait pas l'air d'une menace, au contraire il les avait aidé sans qu'on lui demande quoi que ce soit. Cela suffisait à Atanathar. Bien que taciturne, Atanathar réussit à lui arracher quelques syllabes sur le chemin du retour. Comme à son accoutumée avec un nouveau compagnon, Atanathar l'avait noyé sous une avalanche de question. C'est que le jeune halfelin a une curiosité insatiable.

Le retour en ville se fit sans trop de difficultés, les gardes ne les embêtèrent pas plus que nécessaires et les laissèrent à leurs affaires. C'est là que le groupe se divisa, Mikail et Merak prendraient leurs quartiers au Boucanier, tandis que Laeylan, Baelsul et Atanathar raccompagnèrent Iulia et son beau-frère avant d'aller rendre visite au vieux Sarouf.

Atanathar remarqua quand même que Laeylan et Baelsul avaient marqué les esprits, plusieurs badauds les reconnurent et parlèrent également de leur exploits dans le port.

Atanathar avait hâte de raconter leur aventure du jour à son maître. Il espérait secrètement qu'il serait fier d'eux mais de lui en particulier. Atanathar se demandait aussi s'ils pourraient tirer un beau pactole de la dépouille ou de quelques morceaux de celle-ci.

Arrivé à destination, il ne fallut qu'un coup d’œil au Maître d'Atanathar pour reconnaître la dépouille que les aventuriers lui rapportèrent. Atanathar lut dans son regard de l'étonnement et de la fierté, même si Atanathar du bien reconnaître que sa contribution à la fin de la guenaude était somme toute minime.

Peu après, Maître Sarouf s'adressa à son apprenti entre quatre yeux, pour lui faire part de son sentiment qu'il était temps pour Atanathar de prendre son envol. Il devrait dorénavant découvrir la magie par lui même au gré de ses pérégrinations, son maître n'avait apparemment plus grand chose à lui apprendre.

- Je vous trouverais quelqu'un pour vous aider, Maître. Je vous dois beaucoup, c'est grâce à vous que je suis devenu la personne que je suis maintenant et ça je ne l'oublierais jamais.

Sous l'impulsion de ses sentiments, bien qu'ambivalents, Atanathar étreignit son Maître. En effet, Atanathar était heureux et triste en même temps, heureux de prendre son envol pour parcourir le monde et triste de quitter son foyer et son maître.

Mais son maître avait raison, comme toujours, il était temps pour Atanathar de quitter le nid et partir à la découverte du vaste monde. Il réunit toutes ses affaires dans son sac, jeta un dernier coup d’œil à sa pauvre petite chambre et se dirigea vers le boucanier pour aller fêter la bonne nouvelle avec ses compagnons.

Arrivé à l'auberge il demanda à Maître Morn de faire monter une bonne bouteille pour lui et ses amis.

- Et pas de la piquette, hein. Vous voulez rehausser le niveau de votre établissement alors montrez moi ça.

Tout excité par la nouvelle, Atanathar ne prit même pas la peine de voir si tout le monde était là ou même éveillé, il rentra en trombe dans le dortoir et s'écria:

- Ca y est, je suis magicien! Maître Sarouf me dit prêt pour voler de mes propres ailes, il faut que l'on fête cela.

l était vraiment temps d'arriver en ville pour Mikaïl tant son épuisement était palpable. Le coup de fouet donné par le jhuild s'estompait et le magicien eut tout juste la force de se traîner jusqu'au dortoir commun où il s'affala plus qu'il ne s'assit sur un des lits. Là, il dut encore supporter le bavardage de maître Morn qui tenait absolument à lui faire part de ses dernières idées en matière d'hébergement. S'efforçant de ne pas vexer l'aubergiste, le jeune noble hochait régulièrement la tête en feignant de suivre la discussion alors que son esprit était tout entier focalisé vers un repos qui devait de plus en plus impératif au fur et à mesure que le temps passait.

Une fois seul, Mikaïl s'effondra dans un sommeil réparateur, ne se réveillant qu'au moment du retour de ses compagnons, émergeant juste dans un semi-brouillard. Picorant à peine dans le dîner, il trouva quand même la force de féliciter son nouveau collègue, l'assurant de son aide en cas de besoin, mais son esprit était déjà ailleurs, repassant les événements passés.

Sarouf leur serait d'une grande aide pour identifier leurs trouvailles mais tout cela coûtait fort cher et mettait l'accent sur la nécessité de trouver des sources de revenus. Dans un premier temps, le cadavre de la guenaude et les pierres d'onyx pouvaient épancher les premières dépenses mais cela ne pouvait constituer qu'un pis-aller.

De toute façon, Mikaïl était beaucoup trop faible pour espérer pouvoir bouger avant deux ou trois jours mais cela ne l'empêchait aucunement de mettre à profit cette inaction forcée pour poursuivre ses études. Il pourrait commencer par potasser le traité de divination rédigé par Sarouf puis, lorsqu'il pourrait quitter le lit pour s'installer au bureau, analyser le mystérieux carnet découvert dans la grotte. Avec de la méthode et un brin d'obstination, il devrait parvenir à décrypter les formules cabalistiques qui le composaient. Le magicien ne savait pas encore quel enseignement il pourrait en tirer mais sa curiosité naturelle était attirée par le parfum de mystère qui se dégageait de ces feuillets.

Le groupe était éreinté et la journée n’était pas finie. Heureusement et comme à son habitude, maître Morn réservait un accueil bienveillant au groupe constitué. Il était au petit soin et leur concocta de quoi se ragaillardir directement dans leur chambre. Le mercenaire bien amoché s’était joint au groupe et semblait prêt à vouloir récupérer ses forces auprès d’eux. Il n’avait pas dit grand-chose et malgré son air bougon, le demi-elfe jugeait sur les actes. Et sur ce sujet, il avait agi en allié face à la guenaude, solidairement avec le groupe.

Les passants semblaient attribuer une certaine forme de reconnaissance aux aventuriers pour leurs récents faits d’arme. Baelsul n’en resta pas moins indifférent, lui qui ne s’intéressait que peu à ce genre de distinction. Il préférait la nature et n’oubliait pas la mission que lui avait confié le vieux Turlang.

L’entretien avec le sage Sarouf, fut aussi instructif que d’accoutumé. Baelsul en profita pour le questionner sur les mœurs des Guenaudes. D’où venaient-elles ? Qui servent-elles ? Qu’est-ce que cette présence peut signifier ? Est-ce qu’elle aurait pu engloutir un corps entre le jour de la disparition du mari de Iulia et le jour présent ?

La soir Atanathar offrit sa tournée ! Les compagnons burent avec joie pour fêter cette annonce dont le demi-elfe pouvait comprendre la symbolique. Il faisait le parallèle entre ce lien de maître élève et sa propre relation avec son parrain et Ina, la druidesse qui l’avait tant guidé, notamment dans la maîtrise de son armure. Fatigué, le demi-elfe laissa rapidement le groupe pour aller se reposer. Le semi-homme avait bel et bien trouvé sa place dans cette fraterie. Le noble cormyrien semblait vouloir lui aussi s’y intégrer, restait la question de Merak.

Avant de s’endormir, Baelsul eut une pensée pour Sunie, la déesse qui l’avait déjà soignée par l’intermédiaire de Kerri. Il lui adressa une prière ainsi qu’à Khalreshaar*, la mère des demi-elfes.

*Khalreshaar est un des aspects de Mailikki, considéré comme la seule désse demi-elfe, elle serait le fruit de l'union de Silvanus et d'Hanali Celanil. C'est la déesse titulaire de Baelsul