Chapitre 3 : City-tripes à Telpir

La macabre découverte stoppa net les élucubrations développées par l'esprit trop fertile de Mikaïl. La connaissance toute livresque qu'il avait de la nature l'avait conduit à mal interpréter les traces laissées par la victime et son prédateur. Là où il avait, un instant, imaginé que la victime n'était qu'apparente et s'était redressée de son plein grès pour courir de concert avec son présumé ravisseur, il y avait eu, en fait, une jeune fille qui était parvenue à se dégager de l'étreinte d'un fauve pour tenter de le fuir et finir, hélas, par se voir rattrapée et dévorée.

Devant le corps déchiqueté, le Cormyrien ne fit aucun commentaire, détournant rapidement le regard de cet amas de chair ensanglantée pour s'accroupir et examiner les empreintes laissées par le prédateur. Entendant les observations de Laeylan, Mikaïl revint vers le cadavre et étudia, à son tour, les traces de morsures et de griffures, essayant, à partir de tous ces éléments, d'identifier la nature de leur auteur. Certes, il n'avait pas la longue expérience, ni la pratique, de ses compagnons plus ruraux, mais, contrairement à eux, la fréquentation assidue de bibliothèques particulièrement bien fournies lui avait donné un savoir plus général, la difficulté étant de faire coller la réalité à des dessins et croquis vus maintes et maintes fois.

- J'ai rarement pu assister à une pareille sauvagerie, murmura le devin, légèrement ébranlé dans ses convictions. S'il penchait toujours pour la capture du prédateur, il réalisait qu'ils risquaient devoir le tuer, ne serait-ce que pour préserver leur propre vie. Par contre, je pense qu'il faut ramener la malheureuse victime à sa famille. Enveloppons là dans une couverture et confectionnons un brancard pour la transporter. Sa famille décidera de la conduite à tenir.

Se redressant, Mikaïl lança un regard circulaire dans les bois alentour, s'attendant presque à voir des yeux assoiffés de sang les observer depuis les couverts.

- Je pense aussi qu'il vaut mieux rentrer et tenter de nous préparer un peu mieux pour la suite. Laeylan a clairement repéré le départ de la piste. Si la pluie ne vient pas brouiller les traces, nous aurons l'opportunité de revenir et de reprendre la traque.

Certes, une nouvelle attente pourrait permettre au prédateur de faire une nouvelle victime mais, au fond, cela importait peu au magicien qui voyait davantage une source de revenue possible, avec la prime à la capture promise par Hammers, qu'un danger potentiel pour la population.

- Retournons nous équiper plus sérieusement, poursuivit-il. Filets, cordes et drogue anesthésiante sont indispensables. De mon côté, je peux également mémoriser des sortilèges visant à abrutir l'animal. Je serais d'avis de tenter la capture et de ne la tuer qu'en dernier ressort.

Connaissance (nature) à +8, éventuellement Connaissance (Folklore local - Côte des dragons) à +8, Connaissance (mystères) à +12 et Connaissance (plans) à +10. Perception à +3.

Le retour dans les faubourgs — portant les restes épars de la disparue — ne fut pas glorieux, et même carrément lugubre. Néanmoins, entre les lamentations et la colère, les habitants virent que les aventuriers étaient déterminés à éliminer le monstre, et cela apaisa leurs émotions. Quoi qu'en pensaient certains érudits, la vengeance apportait son lot d'amère consolation. Les Vengeurs¹ ; c'était d'ailleurs le nom que leur donnaient désormais les habitants. Leurs actions contre les koalinths et contre la guenaude avaient construit leur réputation, à défaut d'être préventives. Merak avait d'ailleurs en tête sa propre vengeance, contre le gang des oursins bleus.

Rassembler du matériel prit du temps, mais ils parèrent au plus pressé, pour pouvoir profiter de l'après-midi. Outre l'origine de la dent, Sarouf avait pu identifier la nature des objets et potions magiques:

Père Sarouf

- Celui-ci est un sac à malice, qui permet d'invoquer de petits animaux à partir des boules de poil qu'il contient. Ces dernières se régénèrent lentement, mais il n'y a pas de moyen de déterminer quelle créature sera formée. Elle obéira aux ordres comme un animal dressé. La baguette est d'une autre sorte. Elle crée un enchantement pour charmer sa cible. La guenaude l'utilisait sans doute pour contrôler des animaux; elle dispose encore de plusieurs dizaines de charges. Ça ne fonctionnera pas sur des créatures magiques, en revanche… – J'ai étiqueté les deux potions et les ai transférées dans des contenants plus propres. L'une faussera les divinations qui vous vise pendant quelques heures: les auras décelées seront celles d'un leurre choisi à proximité. Vous pourrez ainsi ne pas révéler plus de magie qu'un vulgaire caillou, quand bien même vous porteriez toutes ces potions. La deuxième confère la vigueur et l'endurance d'une bête sauvage, mais ses effets ne durent que quelques minutes…2. -------------------- Le vieux sage était chancelant, vouté et décrépi, mais c'était un puits de savoir. Il ne sortait presque jamais de sa vieille bicoque, où ses multiples robes et châles élimés protégeaient du froid son corps famélique. Si ses mains ne serraient pas un bâton de marche, c'est qu'elles étaient chargées de livres et parchemins.

La dent qui avait été trouvée fichée dans le bateau de pêche était celle d'un ixitxachitl. Sarouf avait déjà évoqué ces prédateurs aquatiques qui formaient des communautés importantes au sud-est. S'ils avaient été attaqué par de telles aberrations, le pêcheur et son fils avaient pu fuir aveuglément et finir dans les griffes de la guenaude…

Mais vu le mode d'action de la créature qui hantait les bois, il valait mieux ne pas la laisser sévir une nuit de plus. Les questions furent donc remises à plus tard, et après s'être répartis leur équipement, le groupe était à nouveau prêt à s'enfoncer dans la forêt. Il restait à espérer que cette nouvelle épithète de Vengeurs n'allait pas devenir une épitaphe…

Pour ce tour de retrouvailles, j'attends principalement votre organisation et répartition de l'équipement, afin que je puisse mettre à jour vos inventaires. Dites-moi qui s'octroie quel objet. Contrairement aux potions, la baguette est un objet à potentiel magique, et donc seul un lanceur de sort adéquat ou un Utilisateur d'objets magiques (cf. compétence homonyme) pourra l'utiliser.
¹: Marvelous ! Un nom de groupe original !
²: Potions de Détection faussée et d'Endurance de l'ours. Comme dit précédemment, il faudra décompter 102 pièces d'or.

Bien tristement, le groupe avait fait marche arrière jusqu’à la ville. C’était la prudence qui avait guidé ce choix. Le titre des Vengeurs, laissait Baelsul indifférent, plus concentré sur la quête et le drame qu’ils avaient découvert plus tôt dans la journée. Néanmoins il appréciait l’idée de former un groupe avec ses autres compagnons.

La rencontre avec le vieux Sarouf, fut encore une fois source de richesse. Celui-ci leur raconta chacun des objets dont ils avaient fait trouvaille et ce à quoi ils avaient pu servir. L’archer de Lunargent dont la curiosité était titillée à chaque rencontre ne résista pas à l’envie de poser une question sur les loups garous.

- Cher Sarouf, notre nouvelle piste nous amène, semble-t-il, sur les traces d’un loup-garou. Pourriez-vous nous en dire plus sur ces créatures, leurs mœurs et leurs faiblesses ? Nous devons finaliser nos préparatifs et si notre intuition est juste, alors mettons toutes les chances de notre côté.

Le demi-elfe n’avait pas de prétention forte concernant les objets trouvés, si jamais ses compagnons avaient des préférences ils les laisseraient choisir. Le sac à malice le ferait bien rire si jamais il avait l’occasion de l’utiliser mais il soupçonnait Laeylan de vouloir y mettre la main. À moins que trop terrestres pour elles, ces animaux poilus ne l’intéressent pas.

La pression sur le groupe était forte, maintenant que toute la ville avait eu vent de leur nouvelle enquête et le vieux Sarouf en avait rajouté une couche en poussant le groupe au départ. Le groupe repartirait sur ses traces au moins jusqu’à l’endroit où ils avaient trouvé le corps de la fillette, c’était en tout cas la proposition de l’archer. De ce point de départ ils sauraient sûrement dénicher des indices pour avancer.

Revenir avec la dépouille de la jeune fille ne fût pas une tâche aisée. La douleur que cette nouvelle infligea à la famille et aux amis étaient très dur mais l'action de ramener le corps était au combien essentielle. Atanathar avait le sentiment d'avoir effectué une bonne action.

S'entendre surnommé les Vengeurs fit sourire Atanathar, cependant il n'en retira aucun plaisir, qui dit vengeur dit réaction à une action passée et donc que le mal avait déjà été fait, et ce dernier point l'embêtait énormément. Cela voulait dire que d'innocentes victimes avaient subit les exactions d'êtres malveillants.

Mais l'heure n'était pas aux réflexions philosophiques, l'heure était à l'action.

Après un passage rapide chez le Vieux Sarouf, où ils purent recueillir les objets qu'ils avaient trouvés dans la grotte de la guenaude, celui-ci leur signifia de vite passer à l'action concernant la bête sauvage car elle rôdait toujours en périphérie de la ville.

Le compagnons décidèrent de réunir un peu de matériel avant de repartir à la chasse de la bête.

Certes, Atanathar avait toujours le ventre un peu retourné de ce qu'ils avaient découvert, mais ce souvenir lui donna encore plus de motivation pour agir, ces compagnons et lui-même feraient tout ce qu'ils pourront pour capturer ou éliminer cette créature.

Quoique la première option ne lui plaisait pas beaucoup Atanathar garda ses pensées pour lui.

Vengeurs. Pourquoi pas au fond. Si les habitant de Telpir voulaient les baptiser ainsi, cette appellation était totalement indifférente à Mikaïl. Tant que ses intérêts propres et ceux des villageois coïncideraient, ils feraient route ensembles mais le magicien les abandonnerait sans la moindre hésitation - ni, d'ailleurs le moindre remors - s'il s'avérait qu'il ne lui était d'aucune utilité.

Sur le chemin du retour à la ville, le devin questionna plus précisément Laeylan sur la nature de la proie qu'ils allaient devoir traquer. Devaient-ils se focaliser sur un possible garou ou un autre canidé, tout aussi sanguinaire ? Plus le temps passait et moins Mikaïl croyait à l'hypothèse du lycanthrope, le calendrier des agressions ne se calquant pas du tout sur les cycles lunaires et, au fond, avoir affaire à une bête sauvage rassurait le jeune noble, une intelligence animale étant guidée surtout par l'instinct et, donc, certainement moins redoutable qu'une intelligence humaine.

À Telpir, le vieux Sarouf n'avait pas perdu son temps et leur rendait le butin, pris à la guenaude, soigneusement identifié. L'intérêt immédiat que voyait le devin était la possibilité d'utiliser cet équipement sur leur adversaire du moment. Charmer un animal et invisibilité face à ces mêmes animaux devraient leur donner un avantage non négligeable.

Préférant laisser à ces compagnons l'usage de ce matériel, Mikaïl émit simplement le souhait de garder pour lui les potions d'aide et de détection faussée, quitte à les revendre si le besoin s'en faisait sentir.

Chacun des aventuriers s'équipa de nouveau pour repartir en traque, se répartissant cordes et filets. Afin d'accroître leurs chances, Mikaïl demanda à Atanathar de faire jouer ses contacts pour se procurer quelques doses d'un poison anesthésiant dont Baelsul pourrait enduire ses flèches. À la tombée de la nuit, la bête serait leur captive ou, dans le pire des cas, serait morte.

- Reprenons la traque en suivant la piste, expliquait le mage. Laeylan, tu nous as assuré être en mesure de la remonter, n'est-ce pas ? Restons groupés et protégeons-nous mutuellement. Dès que le contact sera établi, je vérifierai la nature non-magique de la bête afin de savoir si la baguette peut être d'une quelconque efficacité. Ensuite, laissons parler nos armes, arc de Baelsul, épée de Laeylan et notre magie, en tâchant de ne pas la tuer mais de simplement la rendre inconsciente. La ramener vivante nous garantira une source de revenu non négligeable et contribuera grandement à notre notoriété. Le sort que les villageois lui réserveront ensuite ne nous regarde pas.

Confiant, Mikaïl savait être en mesure d'affaiblir la créature et de la plonger dans l'inconscience à l'aide des sortilèges qu'il avait récemment découverts mais n'avait-il pas déjà pêché par excès d'optimisme face à la guenaude ? Comme le dit un sage adage populaire, le plan le mieux élaboré ne tient pas une fois l'action engagée...

Si le retour a la civilisation s’était fait un peu plus lent en raison de la marche funèbre, une fois les habitants informés du triste sort de la dernière victime, Laeylan ne s’embarrassa pas en pleurs ni en semblant de sympathie pour la famille des victimes. Le prédateur a eu besoin de manger, elle n’a pas su défendre sa vie, fin de l’histoire non ? Quand au nouveau surnom, cela ne lui faisait ni chaud ni froid. La reconnaissance provenant d’êtres inférieures étant somme toute normal et leurs marques de reconnaissances assez banales, inutile de s’attarder ni de s’enorgueillir de la chose.

Elle avait pu répondre à Mikaïl ce qu’elle avait pu glaner comme traces. Un canidé, solitaire visiblement et de bonne taille. La liste des candidats dans une forêt sauvage comme celle-ci était assez longue. Malheureusement elle était bien plus apte à reconnaitre les créatures marines que les terrestres. Elle pu lui parler de ceci en direction de chez le vieux Sarouf. Une fois sur place, elle écoutait d’une oreille distraite, observant les bibelots du vieil homme quand le nom d’ixitxachitl lui fit reprendre ses esprits. Ça elle connaissait bien. De vraies saloperies. Autant beaucoup de créatures avaient un impacte important pour l’équilibre de la vie, autant celles-ci… on pourrait les faire disparaitre que cela ne la dérangerait pas le moins du monde.

-Fuir les ixitxachitl pour tomber sur une Gueunaude, autant dire que les dieux leurs avaient tournés le dos cette après midi là. Encore que…la gueunaude au moins ne prends pas plaisir à faire souffrir ses proies inutilement…

Elle garda pour elle et son esprit le nom de Démogorgon, le grand maitre des Ixitxachitl. Une légende des temps révolus depuis bien longtemps aux couleurs bien trop réalistes à son gout pour être prise à la légère. Superstitieuse, pas trop, suicidaire, pas une seule seconde.

-Nous pouvons reprendre la traque là où nous l’avons laissé, aussi simplement que de ramasser une pomme de pin. Le temps est resté fixe, tout ira bien. Par contre pour la suite, comme d’habitude je ne garantie rien. La chose pourrait aussi bien sentir notre approche et nous prendre à revers ou s’échapper. Une formation protectrice avec les fragiles au centre me semble la plus appropriée, comme ce matin lors de la première traque. Les armes à la main et les magies prêtent à fuser.

Avant de repartir à la chasse, elle s’était rendue rapidement à l’auberge pour récupérer son filet et acheter une corde supplémentaire au port. Elle porterait la corde en ceinture et le filet sur son épaule. Pouvoir se délester du filet rapidement en cas de danger était important. Il ne servirait qu’en cas de d’effet de surprise et elle en doutait fort. Quand a la corde, bien enroulée autour de sa taille, cela ne devrait pas la gêner pour ses manœuvres et le combat à venir.

Elle était en tout cas fin prête à reprendre la chasse au gibier. Quant au sort final du gibier, tout dépendrait de sa taille et de sa férocité durant le combat.

Sarouf n’était pas un spécialiste des créatures magiques comme les lycanthropes, et insista lui aussi sur la nécessité d’utiliser des armes en argent alchimique pour pouvoir les blesser. Mais de sa connaissance, c’était notablement des lycanthropes félins qui habitaient les profondeurs de la forêt de Guthmere, chère à Nobanion. Les empreintes résolument canines que Laeylan avait relevées ne correspondaient pas. Entre ce fait et la conviction de Mikaïl fondée sur la chronologie des attaques, les Vengeurs se dispensèrent finalement d’acquérir d’onéreuses huiles alchimiques pour enduire leurs armes. Avec un peu de chance, le poison anesthésiant que s’était procuré Athanatar suffirait sur la bête. Sans lui, l’emploi des cordes et filets ne serait pas aisé, car il fallait un long entraînement pour déployer une telle masse de manière efficace. Et s’ils voulaient garder la bête en vie pour gagner les faveurs de Hammers, ils allaient devoir tempérer leurs frappes, ce qui les rendrait d’autant plus vulnérables.

Sans doute Dame Talindras aurait-elle plus de connaissance sur la forêt et ses habitants, puisque sa compagnie s’y était installée, mais ils n’avaient plus le temps de battre la ville à sa recherche s’ils voulaient retrouver une piste fraiche. Ils partirent donc.

A mesure qu’ils refaisaient leur trajet matinal, l’angoisse les regagna à nouveau. Bien des gens se seraient estimés heureux d’avoir recouvré la défunte, et d’être sortis de la forêt en vie, pour ne plus jamais y retourner pendant deux générations. Le groupe était en train de revenir, presque littéralement, dans la gueule du loup.

En bonne pisteuse, Laeylan suivie de Baelsul enjoignit ses camarades à être le plus discrets possible sitôt qu’ils remontèrent la piste depuis les lieux du carnage. Les mages gardèrent leur familier à portée de mains, afin de ne pas les exposer inutilement, tandis que Merak surveillait leurs arrières.

Et ils n’eurent pas à attendre très longtemps, même s’il était difficile d’estimer les distances parcourues ou le temps passé à l’ombre des arbres. Leur progression était lente, car Leylan devait pister, mais aussi surveiller chaque recoin qui se dévoilait derrière chaque arbre ou rocher. Quand ils s’arrêtèrent plus longuement pour la troisième fois, Merak interrogea furieusement du regard. Comme d’autres, de la sueur perlait sur sa peau, et il était tendu comme un arc, ses mains sur ses armes.

Laeylan recula de quelques pas pour être à couvert, et chuchota. Il y avait une forme poilue couchée sous un escarpement de rocher, A moins qu’ils ne soient tombés par hasard sur une bête sauvage qui se reposait sur la piste du monstre, tous comprirent qu’ils venaient sans doute de tomber sur le monstre, repus et somnolant. De ce qu’elle avait vu, la genasi pouvait juste dire que la taille correspondait aux empreintes. Ils pouvaient soit attaquer de front, et rester ensemble, ou se disperser en arc de cercle pour cerner la créature sous son roc. Si c’était bien là leur terrible adversaire, le choix serait décisif…

Une fois tous les préparatifs terminés, la traque repris. Si la chaleur des sous-bois n’était pas étouffante, c’était plus le stresse de la situation qui faisait transpirer la jeune Genasie. L’adrénaline faisait son petit effet, son cœur battait à plein régime, ses tempes pulsaient sous l’afflux sanguin. Continuer de trouver les traces de la créature ne fut pas aisé mais ils finirent par arriver à un endroit avec une créature de taille semblable à celle qu’ils recherchaient.

Un petit retour en arrière pour rester discret, la créature se reposait et c’était tant mieux. Il faudrait maintenant qu’ils arrivent à trouver un plan d’action.

Se disperser offrirait des cibles faciles à la bête, mais réduirait ses chances de s’échapper. Rester en groupe, ou en formation avait le mérite de protéger les plus fragiles mais offrait une bonne porte de sortie a la bête. Tout en chuchotant, elle avisa ses compagnons.

-Qu’on y aille en formation ou en piège, cela m’importe peu puisque je serais de toute façon à l’avant. La question est : vous sentez vous capable de survivre si la chose vous charge ? Je suis pour tenter de la piéger en coupant ses retraites possibles. En attendant que vous preniez une décision, je vais retourner l’observer pour essayer d’en savoir plus. Rejoignez-moi quand vous serez décidés.

Tout aussi discrètement que la première fois, Laeylan s’approcha de là où elle avait aperçu la créature, pour tenter de l’identifier un peu plus précisément. Connaitre la cible est toujours source d’information précieuses.

Baelsul se positionna en seconde place au sein du groupe. Il n’avait pas l’expérience de Laeylan pour le pistage, mais pouvait mettre son expérience de la Haute-Forêt et ses traits au service de la protection de plus jeunes aventuriers. Toujours sur le qui-vive, le demi-elfe s’attachait à surveiller les arrières du groupe et à revérifier ce qu’avait vu Laeylan, deux paires d’yeux valaient mieux qu’une, mais il se fierait à son jugement pour décider dans ce type d’environnement. La tension était palpable, chacun faisait le moins de bruit possible, concentré sur la progression. Le flaire de la femme en bleu se révéla encore une fois juste. Il avait mis finalement peu de temps à retrouver la trace de cette forme poilue qui semblait être l’autrice des actes précédemment découverts.

Après que Laeylan ait donné son avis, Mikaïl proposa une approche sûre. L’elfe acquiesça, il se chargeait de la détection de la magie et demanda à Mikaïl s’il pouvait se charger de détecter l’invisibilité. Avant d’avancer, Baelsul suggéra une approche destinée à capturer ou endormir les bêtes, il ne voulait pas blesser un animal par excès de zèle. Il proposa à Atanathar de faire de même en enduisant chacun leur projectiles du produit anesthésiant qu’ils avaient pu récupérer.

S’adressant au groupe, il chuchota :
- Faisons un demi-cercle autour de l’animal sans le réveiller. Ne nous dispersons pas néanmoins. Il faut qu’il puisse s’échapper si jamais nous nous avisons que nous ne sommes pas de taille ou si c’est un animal inoffensif.

Après une pensée pour Khalreshaar, divinité de la forêt et des demi-elfes, il prépara son chant de détection de la magie. Puis Baelsul prit la direction de Laeylan qui les devançait. Le temps était à l’action.

Revenant sur les lieux du drames, "Les Vengeurs" reprirent la traque là où ils l'avaient interrompue, du moins le groupe suivit-il Laeylan dont les capacités étaient plus affûtées. Et comme plus tôt dans la journée, l'excitation de la traque recommença à naître en Atanathar mais plus de peur était mêlée à ce sentiment cette fois-ci, conséquence logique de leur découverte macabre du matin.

Suivant les conseils de Baelsul, Atanathar avait enduit les pointes de ses carreaux d'arbalètes du soporifique qu'ils avaient acquis et le jeune halfelin se tenait prêt à tirer.

Apparemment l'option de la capture était la plus répandue au sein du groupe, Atanathar espérait qu'ils ne s'en mordraient pas les doigts ultérieurement, mais il accepta l'idée et ferait ce qu'il pouvait pour atteindre l'objectif.

Il était temps maintenant de passer à l'action et Atanathar se positionna, le plus discrètement possible, de telle manière à ce qu'il puisse tirer plusieurs fois sur la créature avant qu'elle ne puisse être sur lui, il regarda autour de lui et essaya de trouver la position qui lui offrait le plus de couverture possible, une bonne vision sur la scène et un espace suffisamment dégager pour pouvoir tirer.

Les mains moitent d'excitation, il n'attendait plus que le signal de ses compagnons pour passer à l'action. Il était concentré et prêt.