Chapitre 3 : City-tripes à Telpir

Comme souvent, il valait mieux s'éloigner de la foule et de ses commérages pour trouver quelque chose. Il n'y avait rien de pire que les badauds d'autant plus catégoriques dans leurs affirmations qu'ils n'étaient au courant de rien. Le témoignage du voisin, pourtant décrié par les parents de la disparue, avait au moins le mérite d'apporter un début de piste. Certes, cela ne donnait pas l'identité de l'agresseur mais permettait d'orienter les recherches dans une direction.

Accroupi pour examiner les dernières empreintes trouvées, Mikaïl écoutait les commentaires de ses compagnons. La piste du lycanthrope était tentante mais la chronologie ne correspondait pas à ce que le jeune mage connaissait de cette maladie. Se redressant, il revint sur ses pas, prenant bien garde à ne pas piétiner la piste, pour s'adresser au vieillard qui les observait avec curiosité mais faisait attention de rester à distance convenable.

- Merci pour votre aide, monsieur. J'aurais une dernière question à vous poser : savez-vous si un lien quelconque existe entre les différentes victimes présumées de ce prédateur ? Outre le fait, bien sûr, d'habiter Telpir. Se fréquentaient-elles régulièrement, par exemple ?

Retrouvant ses compagnons, Mikaïl était d'avis de remonter la piste, tant qu'elle était encore fraiche. Les attaques ayant toutes eu lieu de nuit, les risques de faire une mauvaise rencontre étaient certainement moindre en plein jour. Laeylan devrait toujours être en mesure de poursuivre la traque, d'autant que les traces paraissaient assez claires.

Si les paroles du vieil indiscret n’intéressaient qu’à moitié la pisteuse, les traces sur le sol étaient bien plus intéressantes. Une chute, peut être un peu de lutte et se faire trainer. Quoi que ça soit qui fut tombé ici n’était pas consentant à continuer sur ce chemin. Regardant le sang séché et les traces de mains au sol, elle continua de suivre la piste du mieux qu’elle pouvait. Tout en suivant ladite piste, elle donnait ses impressions à ses compagnons de route. Elle parlait d’un ton alors monocorde, sans émotions. Rester factuel et ne pas spéculer avant de s’être relevé.

Après quelques mètres, elle se releva de sa traque et se retourne vers les autres.

-La piste continue encore en direction de l’extérieur de la ville. On peu continuer sur cette voie tant qu’elle n’est pas encore froide, mais rien ne garantie de trouver quoi que ce soit d’autre. Pas de traces de magie, pas de traces de sang supplémentaire. La blessure devait être superficielle. Si vraiment c’était un casse-croute, aucun intérêt pour un prédateur classique de la sortir de la ville et de galérer à la trainer pour la becter. Autant le faire sur place une fois derrière cet entrepôt.

Elle marqua une courte pause, puis enchaina dans un second souffle.

-La suite n’est que spéculation hasardeuse, mais je penche pour le fait qu’il n’y ait pas qu’une bouche à nourrir si c’est un casse-croute, ou des projets moins naturels si c’est pour autre chose. A ce stade on peu tomber sur n’importe quoi du loup avec sa portée affamé au monstre canin intelligent qui peut avoir d’autres projets. Si vous ne vous sentez pas prêt à vous battre, il vaut mieux renoncer.

-De mon côté, je continue la traque. Si vous me suivez, tâchez de rester discrets arme au poing. Il ne faudrait pas se faire surprendre. Marchez en colonne, les mages au centre et un guerrier à l’arrière. Soyez attentifs et restez sur vos gardes. Chacun regarde un coté particulier, évitez de disperser votre attention, celui qui ferme la marche devra surveiller par-dessus son épaule et sera une cible facile. Restez à portée de main les uns des autres et tapez l’épaule du voisin de devant si vous souhaitez faire une pause pour discuter. Evitez de parler trop fort, on ne connait pas les capacités de la cible.

Laeylan se sentait comme un poisson dans l’eau. Elle donnait ses instructions comme si elle dirigeait un groupe de chasse au monstre. Mieux valait être prudent. Leur force serait leur nombre et la polyvalence de leur groupe. Il était temps de replonger dans l’action. Elle repris son pistage pour aller aussi loin que possible.

Ville de Telpir, Côte des dragons, matinée 3 Kythorn 1373 CV
Climat: 13°C, ciel dégagé
Sol: chemin terreux
Sons: Promenade pastorale

Le vieil homme ne sut que répondre à la question de Mikaïl. Les victimes n'avaient pas l'air de partager un lien particulier, si ce n'était la mauvaise idée de s'être trouvées à découvert, la nuit…

La traque commença donc, sans beaucoup d'arrières pensées. Certains pensaient peut-être à la récompense supplémentaire promise par Gorstal Hammers s'ils parvenaient à capturer la créature, mais ils n'avaient pas vraiment acquis assez d'informations ou de matériel pour s'y employer. Et ils devaient maintenant consacrer toute leur attention à la traque, car même si Laeylan avait l'air de savoir y faire, personne ne devenait aventurier sans apprendre à prendre des précautions.

Rapidement, Laeylan avait observé une chose curieuse: la piste laissait d'abord voir des empreintes de canidés et la traction de la victime. Mais à quelques dizaines de mètres des habitations, des traces de pas prenaient le relais, comme si la victime s'était relevée et avait marché vers la forêt. Sans être très coutumière des sols terrestres, la rôdeuse remarqua cependant que ces empreintes étaient profondes et fort espacées, certainement sous l'effet d'une course. Les traces de la créature les accompagnait, et en certains lieux, les recouvraient. La créature avait suivi sa proie, mais la végétation rendait désormais les empreintes moins claires…

Si tôt, le soleil n'avait pas encore réchauffé l'atmosphère, et la piste les entraînait droit vers l'immense forêt de Gulthmere. Les pins et les cèdres s'y emmêlaient dans un terrain vallonné cher aux prospecteurs de minerais et de gemmes. C'était aussi le territoire de nombreux druides et monstres, dont leur protecteur divin Nobanion, et là où s'étaient implantés les hameaux de la Compagnie du Bâton pourpre, à laquelle appartenait Kerri Talindras.

Baelsul, notamment, se souvenait de l'engagement qu'elle leur avait proposé, et des difficultés auxquelles devaient faire face les colons qui s'y implantaient. Tôt ou tard, il devrait la traverser pour rejoindre la communauté de Parlecèdre, et accomplir sa propre quête.


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Tableau d'ambiance par Ivan Shishkin

Mais pour l'heure, la chasse était ouverte…

Lancers...

Laeylan - Jet de compétence : Survie : 6(d20) +7(deg) +2(Sag) = 15 vs DD15 ~ Réussite

Cette aventure avec ses compagnons était tout à fait différente de ce qu'Atanathar avait connu jusque là. Partir ainsi à la poursuite d'une créature inconnue, la traquer pour tenter de la capturer, voire de l'éliminer si la première option n'était pas réalisable, était une expérience nouvelle pour notre halfelin.

L'excitation de la traque commença à naître en Atanathar, c'était un sentiment nouveau, inquiétant et exaltant en même temps, il ne savait pas ce qui était le plus dominant des deux. Quoiqu'il en soit il suivit les conseils de Laeylan et prit son arbalète en main et l'arma, en effet on n'était jamais trop prudent.

Quant à la discrétion, Atanathar se souvint de la manière dont Ecthelöwe l'avait remarqué dans le port et n'en était toujours pas bien. C'était bien une des premières fois qu'il se fit débusquer si facilement

¤ Cet elfe n'est pas ordinaire, ce n'est pas possible autrement ¤

ruminait-il encore. Malgré ses origines et ses facultés innées il avait été remarqué comme s'il s'était promené à découvert en plein jour. Mettant sa frustration en sourdine, Atanathar s'appliqua a être le plus discret possible et garda les yeux bien ouverts sur ce qui les entourait au cas où une bête serait embusquée ou qu'une trace aurait échappé à Laeylan.

Etant plus proche de Mikaïl dans la file, Atanathar se permit un échange discret avec lui

- Mikaïl, si nous avons à faire à un lycanthrope ou un mort vivant, nous ne sommes pas armé en conséquence. Nous devions encore nous procurer l'argent alchimique, j'espère que tout le monde en a conscience. Avant de faire quoi que ce soit, il serait bien d'en être sûre avant d'agir!

C'était le seul intermède qu'il s'autorisa car cela lui pesait sur le cœur et il se devait de le partager. Il devait bien s'avouer qu'une partie de son être avait peur de ce qu'ils allaient rencontrer et que cette situation inconnue le mettait mal à l'aise. D'un autre côté, il y avait des personnes en danger et ils se devaient de les aider, sa seule crainte était qu'il espérait qu'ils n'arrivent pas trop tard.

Mais actuellement il devait se concentrer sur leur mission et il balaya donc ces pensées et repris son observation.

Je pars du principe que je suis derrière Mikaïl dans la colonne.

Remontant la piste, Laeylan leur faisait partager au fur et à mesure ses impressions, plongeant encore davantage Mikaïl dans le doute. Visiblement, un corps avait tout d'abord était traîné par un canidé, gros chien ou loup, pour ensuite se remettre debout et partir en courant, s'enfonçant au cœur de la forêt, suivi par son compagnon à quatre pattes. Voila qui battait en brèche toutes les connaissances du magicien. Jamais, dans ses lectures, il n'avait eu connaissance d'une transformation aussi rapide dans le domaine de la lycanthropie. Voir une victime repartir sur ses deux jambes aussi peu de temps après avoir été mordue aurait tenu du miracle. De la même façon, l'hypothèse du mort-vivant semblait improbable pour les mêmes raisons.

À moins que la jeune fille ne soit parvenue à se libérer de la gueule de l'animal pour s'enfuit, poursuivi par ce dernier... Mais, dans ce cas, Laeylan leur aurait certainement signalé des signes plus importants de lutte à l'endroit où cela serait survenu.

C'est en exposant ces impressions que Mikaïl réfuta les hypothèses d'Atanathar sur l'identité de la proie qu'ils traquaient mais sans toutefois pouvoir fournir de contre-propositions convaincantes. La prudence la plus élémentaire aurait consisté à retourner en ville pour prendre conseil auprès de maître Sarouf mais, grisée qu'elle était par la perspective d'une chasse, Laeylan ne l'entendrait certainement pas ainsi.

Dans l'incertitude dans laquelle ils se trouvaient, il convenait d'être extrêmement prudent. C'est dans cet état d'esprit que Mikaïl fixa un ordre de progression. En tête, Laeylan serait chargée de suivre la piste et de signaler tout fait anormal, telle la bifurcation soudaine d'empreinte signifiant qu'une de leurs proies venait de quitter le layon principal. Baelsul la suivrait à quelques mètres, surveillant les abords du sentier. Viendraient ensuite les deux magiciens, d'abord Mikaïl lui-même, puis Atanathar, chacun armé de son arbalète, l'arme soigneusement pointée de façon latérale (il s'agissait de ne pas lâcher accidentellement un carreau dans le dos de celui qui les précédait). Merak fermerait la marche, place périlleuse mais le Cormyrien comptait sur son camarade halfelin pour se montrer particulièrement vigilent en surveillant les arrières.

Avancer le plus discrètement possible tout en gardant yeux et oreilles grand ouverts, voila ce que Mikaïl déclara avant de donner le signal de la reprise de la traque.

Si la traque avait bel et bien commencé, Laeylan n’était pas sotte au point d’imaginer capturer la bête ce matin-là ni même de l’affronter. Elle n’envisageait qu’à moitié de la capturer d’ailleurs, cela serait très dépendant de quelle créature elle pistait. Elle entendit d’une oreille distraite les dires d’Atanathar et les réfutations de Mikaïl. Sur le principe elle était d’accord, la probabilité d’un lycaon ou d’un mort vivant se faisait de plus en plus faible. Un change forme peut être. En tout cas un truc qui n’est pas dirigé que par son instinct, pensait-elle. Elle imaginait également très mal comment la proie avait pu se défaire de la prise et se mettre à courir aussi vite et surtout en direction de la forêt, cela n’avait que peu de sens. En général on court vers la position de sureté et non de danger plus grand. En plus les faibles traces de sang auraient dû s’accentuer avec la course ce qui ne semblait pas trop le cas.

Ou alors c’était parce que le prédateur ne voulais pas de mal à la proie mais alors pourquoi venir ici ?

Ces questions toutes bêtes tournaient dans sa tête pendant qu’elle suivait la piste.

Juste avant de commencer la chasse dans la forêt, elle se retourna vers ses compagnons pour leur annoncer la couleur de ce qu’elle pensait.

-Je ne pense pas qu’on puisse attraper la chose aujourd’hui, mais avant de se préparer, il faut savoir à quoi on a affaire. On trouve ce que c’est et ou ça vit, on se prépare et on le débusque. C’est l’affaire d’une journée ou deux si on n’est pas trop mauvais.

Comme pour leur enquête avec les Koalinths, ils manquaient cruellement d’informations, mais cette fois ci, ils avaient au moins une piste un peu tiède.

Le pistage d'un monstre ou d'une proie était somme toute très similaire, au détail près que la mort ne cueillait pas toujours le même sujet. L'expérience de Laeylan et ses prévisions, réalistes, égaillèrent aux quatre vents leurs idées romancées d'une traque les menant droit au monstre acculé et à un combat épique.

En réalité, ils se retrouvèrent rapidement face à une scène de boucherie, et l'envol de quelques oiseaux charognards. Un corps humain déchiqueté et largement dévoré gisait à quelques dizaines de mètres de l'orée de la forêt, sous le couvert des arbres. C'était sans aucun doute la jeune fille disparue, et la propriétaire des empreintes qui fuyait la bête.

Sous le choc, les aventuriers prirent position et fouillèrent le périmètre, suant et anticipant une attaque. Mais une lente inspection et la présence des charognards leur confirmèrent que le prédateur n'était plus ici. Laeylan inspecta la scène pour la reconstituer et en apprendre davantage sur l'agresseur.

Entre les empreintes et les marques sur le cadavre, il ne faisait aucune doute que la bête était de type canidé. La jeune fille avait été poursuivie par la créature jusqu'à la forêt où elle avait été mise à mort. Si la bête avait planifié cela pour la dévorer tranquillement, cela dénotait une stratégie certaine…

Cherchant à déterminer par où était partie le monstre, Laeylan peina à retrouver la piste. Avec la diminution d'adrénaline, les précautions et l'excitation toutes neuves s'étaient émoussés et leurs propres passages et rondes entre les arbres avaient brouillé bien des traces. Après pas mal de temps perdu¹, la rôdeuse parvint à découvrir une nouvelle piste. Ils devaient mettre au point leur propre stratégie pour ne pas risquer de tomber —littéralement— dans la gueule du loup.

¹: En extérieur, un test de pistage manqué peut se retenter après une heure. Imaginez que vous devez battre le périmètre décimètre par décimètre pour retrouver un indice.
Si vous avez raisonnablement pensé à emporter au préalable quelque matériel, on peut considérer que vous l'avez avec vous (ainsi que les objets de chez Sarouf que je vous détaille incessamment). Sinon, vous avez l'opportunité de rentrer et revenir, Laeylan ayant repéré le début de la piste. Le jet ne devra être rejoué que s'il pleut, neige ou que vous laissez passer 24h.

Lancers...

Laeylan - Jet de compétence : Survie : 4(d20) +7(deg) +2(Sag) = 13 vs DD15 ~ Echec
Laeylan - Jet de compétence : Survie : 17(d20) +7(deg) +2(Sag) = 26 vs DD15 ~ Réussite
Atanathar Alcharyn - Jet de compétence : Perception : 4(d20) +1(deg) +1(Sag) +2(race) = 8
Baelsul - Jet de compétence : Perception : 18(d20) +0(deg) +0(Sag) +1 (racial) +3(familier) = 22
Mikaïl - Jet de compétence : Perception : 1(d20) +0(deg) +1(Sag) +2 (vigilance familier) = 4
Merak - Jet de compétence : Perception : 2(d20) +0(deg) +0(Sag) +2(Racé) = 4
Laeylan - Jet de compétence : Connaissance (nature) : 17(d20) +6(deg) +2(Int) = 25 vs DD12 ~ Réussite

Laeylan n’avait que peu d’espoir de retrouver la jeune fille vivante. Mais de là à tomber sur le repas laissé par la créature, c’était une autre paire de manche. La piste fut une véritable plaie à retrouver, sans mauvais jeux de mots avec la pauvre fille déchiquetée. Les indices supplémentaires qu’ils ont pu trouver indiquaient visiblement un loup. Loup solitaire, c’était chose rare. Sanguinaire, c’était également rare mais bien plus inquiétant. Pour elle, il était maintenant temps de passer à la deuxième phase du plan, la préparation. Il ne manquait que la taille probable du canidé. Avec la taille des morsures et la profondeur des plaies des dents, elle pourrait peut-être extrapoler la taille du monstre. Ainsi qu’en estimant la quantité de viande manquante à l’appel sur la victime, en prenant en compte le travail des charognards. Le spectacle était assez répugnant malgré tout le courage qu’elle pouvait montrer d’habitude. Son comportement classique laissait place à un visage grimaçant, et encore, les odeurs n’étaient pas encore présentes.

Ayant trouvé la nouvelle piste, qui mènerais soit à la tanière du prédateur soit à d’autres victimes, elle marqua la piste pour la retrouver facilement plus tard. Elle se retourna vers ses compagnons pour annoncer la suite.

-Messieurs, il ne nous manque que la taille de la bête pour savoir a quoi nous avons affaire. Si vous pouvez imaginer la taille des crocs par rapport aux blessures on en saura un peu plus. C’est clairement un genre de loup, donc pour la capture, soit l’un d’entre vous maitrise le filet ou les bolas, soit il faudra ajouter de quoi l’endormir aux pointes de flèches soit les deux. J’ai bien un filet mais je ne maitrise pas encore comme il faut le truc. Sarouf peut peut-être nous fournir de quoi pour endormir la cible. Il nous faudra également une à deux cordes très solides pour l’immobiliser pendant le transport. Je serais plus pour l’abattre sur place et lui donner une mort digne de son rang de prédateur, mais j’essaierais de suivre vos idées cette fois ci.

Laissant ses compagnons a leurs réflexions, elle s’accroupis pour continuer de s’imprégner des traces de la cible et de tout autre indice qu’il pouvait avoir laissé sur les premier mètres de la nouvelle piste.

L’excitation qu'Atanathar avait ressentie dans la traque de la créature fut vite douchée par la macabre découverte que les compagnons firent. Bien qu'il ait conscience de la possibilité d'une telle découverte, il ne s’y était pas préparé et le vivre était une tout autre chose. Atanathar du s'y reprendre à plusieurs fois pour ne pas remettre son petit-déjeuner. Ceci aussi était une nouvelle expérience dont Atanathar se serait volontiers passé.

Outre le fait qu'il fallait retrouver la trace de la créature qui avait infligé ce carnage, Atanathar eu une pensée pour les parents de la victime, c'est pourquoi il inspecta les restes de la défunte afin d'y retrouver un objet personnel qu'il pourrait remettre à la famille. Cela ne représentait qu’une maigre consolation pour les parents mais leur permettrait peut-être de faire leur deuil.

- Ne ramènerions-nous pas le corps aux parents ? Demanda-t-il à ses compagnons.

- Ou du moins ne pourrions-nous pas l’enterrer afin d’éviter que d’autres bêtes ne viennent se repaître de la dépouille ? Ajouta-t-il, encore un peu sous le choc de la découverte ?

Atanathar réalisait bien que s’était beaucoup demander à ses compagnons mais sa sensibilité l’avait fait parler. Etant lui-même sans famille, il tentait de s’imaginer ce que les parents de la jeune fille pourraient ressentir.

- Après tout nous ne sommes pas loin de la ville et nous devons y retourner pour compléter notre équipement. Renchérit-il pour convaincre ses camarades d’aventure.

N'attendant pas la réponse de ses compagnons Atanathar sortit sa couverture de son sac et se prépara à emballer le corps de la jeune fille dans celle-ci.

- Laeylan, non, je ne pense pas que mon ancien Maître ait ce genre de produit dans ses réserves, le mieux c’est d’aller chez un des alchimistes de la ville.

- Et question matériel, j’ai ma corde dans mon sac, cela pourra toujours servir.

a traque avait démarré et Baelsul avait grand plaisir de fouler à nouveau les sous-bois. Différents de ceux de haut-forêt, avec une compagnie plus fournie que la précédente, il se sentait en confiance.

Laeylan et son tempérament de feu (ou d’eau ?) guidait le groupe. Elle notait les empreintes, les indices de passages pour essayer de deviner ce que pouvait être la créature au-delà des premières suspicions. Malheureusement, la scène qui s’ouvrit alors à leurs yeux fit froid dans le dos. Les choses étaient sérieuses et le triste spectacle en était la preuve. Dégouté, Baelsul eu du mal à conserver son sang-froid, il évitait de regarder le cadavre. Atanathar avait eu la même idée que le demi-elfe lunargentais, ramener le corps aux parents pour qu’ils puissent l’identifier et conduire leur deuil.

- C’est techniquement faisable, mais ça ne sera pas beau à voir pour les parents. Et puis on n’est pas vraiment équipé d’une charrette. Peut-être le mieux serait de l’enterrer ici et de ramener une mèche de cheveux en souvenir.

Laeylan avait pris le temps d’inspecter le lieu et le corps. Après ces recherches elle avait annoncé la direction de la piste en ouvrant ses réflexions au groupe :

- Si c’est un monstre, mon avis est de ne point le laisser en vie. Il mériterait son sort si nous l’abattions. Mais n’ayant pas la moindre idée de la force d’une telle créature j’approuve la prudence. Pourquoi pas l’endormir avant de l’achever ? Je ne suis pas sûr que le ramener attacher soit une vraie bonne idée. S’il se libère, nous aurons tout à recommencer. Attendre qu’une autre jeune fille se fasse étriper n’est pas de mon goût.