Chapitre 3 : City-tripes à Telpir

Les instants les plus mémorables de la vie d'un aventurier se passaient souvent dans les donjons, souterrains, ruines et forêts profondes de Faerûn. Mais la majorité de leur temps se passait sur les routes, ou dans les villes. Et ces dernières pouvaient être le théâtre d'aventures tout aussi décisives, enrichissantes, et funestes…

City-tripes à Telpir
Illustration¹ de Elliott Butler

Thumbnail - click

Ville de Telpir, Côte des dragons, après-midi 29 Mirtul 1373 CV
Climat: 21°C, ciel dégagé
Sol: routes pavées, boueuses, ou planchées
Sons: Brouahah urbain

Au gré des intérêts, la petite troupe s'égailla dans plusieurs directions:

Laeylan avait hâte de respirer les eaux —polluées— du port; elle s'était défaite de son barda terrestre à l'auberge, et n'avait donc aucune crainte de mouiller son équipement. Elle se hâta vers le port lui-même, et passa près du chantier naval; parmi les ouvriers en plein labeur, elle crut d'ailleurs reconnaître la silhouette d'Eka. Prenant bien garde à éviter tout transbordement de caisses, cette fois-ci, elle se jeta à l'eau. Elle fouilla la zone où le koalinth assommé par Eka avait du sombrer, mais ne trouva aucun reste de son corps. Même dans des eaux relativement calmes comme celles-ci, il était quasiment impossible de pister après plusieurs jours. Laeylan ne trouva pas grand-chose de remarquable dans les eaux du port, car les nombreux déchets auraient demandé une fouille en règle qui ne lui faisait guère envie. Pourtant, elle finit par découvrir en lisière de la rade une épaisse caisse lestée qui paraissait en trop bon état pour avoir été abandonnée négligemment. Elle était soigneusement façonnée et étanchéifiée. Des anneaux métalliques permettaient de la saisir, mais elle était trop lourde pour être soulevée par la genasi.

Quand elle revint à la surface, on la pointa un instant du doigt, avant sans doute de la reconnaître comme la sang-de-flotte qui avait combattu les koalinths et le lion. Son apparence commençait à être connue sur les quais…

Elle demanda des renseignements sur les tribus aquatiques des environs, mais on se borna à lui parler des attaques des ixitxachitls sur les pêcheurs isolés, au sud-est. C'était un état de fait quand on vivait à proximité de tels prédateurs aquatiques. Laeylan nota mentalement qu'il ne fallait pas partir insouciamment dans cette direction. Les koalinths qui hantaient cette région de Serôs il y a quelques années encore avaient été massacrés pendant la dernière guerre, en 1369CV. Il ne devait plus en rester énormément…

Un des marins avait déjà vécu une attaque de dragon tortue, mais rien ne permettait de situer son domaine. Un autre jurait qu'il ne remettrait plus les pieds sur les flots tant que les dragons montraient des signes de folie. En y réfléchissant, avec tout ce qu'on entendait sur la Rage des dragons à travers Faerûn, ils avaient eu de la chance de pouvoir converser avec un dragon, eut-il été tortue.

Par contre, elle récolta un témoignage sur le Chasse-Rêve. Un vaisseau venu à Telpir l'avait supposément croisé, voguant vers le nord-ouest, à une vitesse défiant toute concurrence. Il paraissait qu'il rivalisait avec les vaisseaux elfiques d'antan. L'un des constructeurs de navire jurait qu'un tel navire avait autrefois été construit à Telpir, grâce aux instructions prêtées par des elfes de Faenasuor, une colonie d'elfes aquatiques, du côté de Mantétoile. L'étau se resserrait, mais Laeylan n'était pas beaucoup plus proche de pouvoir inspecter la coque du-dit vaisseau.

Baelsul jeta d'abord un coup à l'ébénisterie. Les objets fabriqués par l'artisan étaient réellement spectaculaires, et d'une finesse à couper le souffle. Même pour Baelsul qui était familier des œuvres elfiques, sans être lui-même un expert en la façon, c'était là des créations sublimes. Il y avait là du mobilier et des instruments, et pas d'armes en vue, mais cela vaudrait peut-être la peine d'interroger le marchand. Alors qu'il caressait le couvercle coulissant d'une coffret à bijoux, il sentit une légère aspérité sur la face interne. Il eut alors la surprise de déchiffrer une inscription, presque imperceptible, exquisement gravée en runes Thorass, l'alphabet du langage Commun. Sans contexte, intonation ou langage corporel, le Commun ne se prêtait guère à une communication précise, mais deux concepts étaient marqués et reconnaissables: "aide" et "prison".

Soudainement alerté, le demi-elfe inspecta les environs. Il remarqua deux visages qui trahissaient une forme d'hostilité. Le maître artisan présentant ses produits, lui, ne laissaient rien transparaître que la perspective de séduire des clients. Il commenta d'ailleurs avec enthousiasme l'objet que tenait encore Baelsul:

– Un magnifique coffret, parfait pour recevoir vos gains et mérites.

Pendant ce temps-là, Atanathar accompagnait Mikaïl pour le guider vers la demeure de l'enchanteur. Du reste, il avait entendu parler de certaines auberges accueillantes, le Vif Aiglefin, non loin des quais, étant parfaitement à même d'accueillir un grand seigneur comme le cormyrien. Ils traversèrent la ville et croisèrent notamment un convoi de chariots du Priakos du Vrai Écu, cette fameuse entreprise de commerce qui, depuis une quarantaine d'années, était devenue la référence en la matière dans cette partie du continent. Telpir avait cette particularité d'être une ville où transitait les marchandises, mais où elles ne se vendaient pas particulièrement. On y voyait bien plus d'entrepôts que d'échoppes, et c'était en soi un signe de richesse que d'avoir une propriété indépendante d'un magasin ou d'un dépôt. Quand ils arrivèrent à la belle demeure de Hammers, un valet de pied leur ouvrit, et demanda qui il devait annoncer, et pour quelle affaire.

Désolé du retard. Chronologiquement, Laeylan a déjà erré plusieurs heures, et est plus avancée que les autres. Probablement, Baelsul va la retrouver sur les quais s'il va y chercher Iulia.
¹: Dites-vous que c'est un quartier riche de Telpir. Bien des autres zones sont plus misérables, ou moins esthétiques.
Edit: le sujet a été scindé pour initier un nouveau chapitre

Lancers...

Laeylan - Jet de compétence : Perception : 20(d20) +6(deg) +2(Sag) = 28
Baelsul - Jet de compétence : Perception : 15(d20) +0(deg) +0(Sag) +1 (racial) +3(familier) = 19
Laeylan - Jet de compétence : Social : 17(d20) +0(deg) +0(Cha) = 17

Ce message a été modifié par Corax le Mercredi 04 Août 2021 à 21h01

L'apprenti semblait prendre vraiment à cœur la mission dont l'avait chargé Sarouf et, malgré l'autorisation explicite de faire quelque chose de plus intéressant, tint absolument à conduire Mikaïl à destination. Fallait-il y voir un sens du devoir et une loyauté sans faille envers son maître ou, tout simplement, la volonté d'assouvir sa curiosité devant un visiteur inattendu ? Toujours était-il que le jeune halfelin profita du trajet pour noyer son interlocuteur sous les questions.

À la fois irrité et amusé par cette curiosité - après tout, il y avait peu de temps encore, Mikaïl se trouvait dans la même situation qu'Atanathar et aurait également, sans le moindre doute, éprouvé le même intérêt devant un autre magicien, le cormyrien expliqua, conversant toujours en Chondathan, qu'il était, en effet, venu ici dans le but principal de rencontrer Sarouf dont la réputation s'était diffusée dans tout le bassin de la Mare aux Dragons. C'était d'ailleurs sur la recommandation expresse de Mellomir¹ qu'il avait entreprit le voyage jusqu'à Telpir, espérant bien y trouver différents manuscrits susceptibles de d'étayer les différentes recherches qu'il menait dans le monde des Arcanes. Car oui, Mikaïl était également un adepte de l'Art, finalement à peine plus avancé dans ce domaine que le jeune Atanathar, se spécialisant, à l'instar du mentor de ce dernier, dans le domaine de la divination.

Devant la demeure de l'enchanteur, Mikaïl retrouva l'attitude distante et légèrement hautaine qui convenait à tout noble soucieux de tenir son rang et d'en imposer à son entourage.

- Baron Mikaïl de Saillac, s'annonça-t-il, en Commun au valet de pied qui venait leur ouvrir, ne sachant pas très bien si ce dernier parlait le Chondathan. Peu importait que la baronnie ne soit plus qu'un champs de ruine et que le titre soit plus honorifique qu'autre chose, son utilisation devait juste servir à donner de la crédibilité sociale au jeune magicien.

- Dites à messire Hammers que je suis envoyé par la Pièce Silencieuse² pour trouver des livres spécialisés dans les différents aspects de la magie. Maître Sarouf m'a dit de m'adresser ici pour le domaine des enchantements.

¹ : Mellomir : historien, prophète et devin célèbre, vivant à Arabel au Comyr. Source : Volo's guide to Comyr.
² : La Chambre Silencieuse : temple de Suzail maintenant dédié au dieu de la connaissance, Oghma, après l'avoir été initialement à Dénéir, son scribe. Ce temple abrite également une importante bibliothèque, célèbre pour ses manuscrits rares. Source : Dungeon Magazine 198.

Je n'emploie volontairement plus les balises de langage, me contentant de dire en quelle langue je m'exprime. Je trouve qu'il est frustrant pour un lecteur extérieur de ne pas savoir de quoi on parle. Maintenant, si Corax préfère maintenir volontaire cette part de mystère, je peux très facilement y revenir.

Les créations de l’ébéniste étaient de qualité ! Sa mère étant elle-même tenancière d’un atelier d’artisanat elfique, il pouvait apprécier et reconnaître la valeur du temps travailler, même si la finesse elfe dépassait les plus belles créations des autres peuples – du moins à son goût.

La sensation que lui procura la découverte des inscriptions le préoccupa immédiatement. Était-ce un message de détresse ? En tout cas l’attitude des deux personnages qui lui semblaient hostiles renforcèrent sa curiosité envers l’objet. Ayant l’idée d’acquérir l’objet pour pouvoir l’étudier avec Atanathar voire Sarouf, deux autres utilisateurs de la magie, il préféra ne pas dévoiler tout de suite son jeu.

Il questionna l’artisan sur la provenance de l’objet, du bois et les techniques utilisées pour sa réalisation. En même temps il demanda l’autorisation à l’ébéniste de pouvoir regarder l’objet de plus près en le prenant en main. Le saisissant, l’archer lunargentais utilisa ses connaissances magiques pour une première inspection de l’objet, sans pour autant utiliser de sort.

*Ce type d’objet peut-il être la prison d’un être ?* Le lien avait été facile, peut-être trop pour lui d’ailleurs, mais c’était la piste qu’il avait décidé de choisir. Il resta néanmoins attentif aux actions et réactions des deux individus dont le regard s’était porté sur lui auparavant.

Après les échanges de politesses, pointant les défauts il tenterait une négociation à un tarif abordable pour cet objet de décoration et de curiosité. Une petite inspection avec la perle de détection de la magie saurait sûrement faire parler ces inscriptions.

Les informations glanées de ci de là au port furent somme toute assez intéressantes. Le chasse rêve, son objectif principal venait de s’étoffer d’une ou deux histoires de plus qu’elle devrait prendre en considération la prochaine fois qu’elle se remettrais en chasse dudit bateau. Elle garderait bien en mémoire le nom de la tribu d’elfes aquatiques pour aller les voir plus tard. Si elle ne pouvait pas rivaliser de vitesse avec le navire, il faudrait peut-être se renseigner sur lui à la source de sa création.

Pour le cas de la caisse, la situation était tout autre. Les indices permettent de voir qu’elle n’est probablement pas là par hasard, mais rien de plus à part qu’elle n’est pas transportable par ses seuls moyens. Le fait que le contenu soit protégé de l’eau la fit hésiter à tenter une ouverture en solitaire. Elle pourrait peut-être également se renseigner auprès du chef du port. Cette caisse a peut-être vocation à aider certains navires ou protection quelconque. Si le chef de port ne savait rien a son égard, elle en parlerait alors à ses compagnons pour la récupérer. Dans sa tête, plein de trésors et de merveilles se cachaient dans cette caisse. Un petit frisson d’inconnu et de mystère lui parcourus l’échine.

Ne faisant que très moyennement confiance en les terrestres à sa disposition immédiate pour répondre à ses interrogations sur la caisse, elle hésitât longuement une fois qu’elle eut trouvé le chef.

¤Et si ce terrestre se mettait en tête de prendre la caisse pour lui ? Pourquoi c’est si compliqué de vivre sur terre avec tous ces gens ? Ils font tellement n’importe quoi la plupart du temps…¤

Elle ne pouvait pas non plus prendre le risque de tomber dans un nouveau piège comme sur l’épave, cela risquait de signer la fin de sa vie si elle devait encaisser une blessure de plus. Le mieux qu’elle puisse penser à cette heure-ci serait de ne rien dire dans l’immédiat et de revenir avec ses compagnons pour tenter de se renseigner et une extraction selon les infos glanées. En groupe ils auraient plus d’impact et seraient des cibles un peu moins faciles qu’elle dans son état actuel.

Finalement elle n’avait rien appris de plus cette fois ci. Avec un peu de chance ses compagnons en auraient un peu plus à raconter lors du diner. Reniflant ses vêtements sentant l’eau sale du port, elle se dirigea vers un endroit un peu plus loin pour trouver un peu d’eau moins sale que celle-ci pour se rincer un peu. Dans sa tête, elle envisageait après de trouver un temple pour essayer de se requinquer. Elle appréhendait beaucoup de souffrir une fois de plus comme avec Eka, pourtant elle ne pouvait rester dans cet état surtout si la caisse était l’objet de convoitises quelconques.

A la porte de la maison de Hammers, le valet jaugea les deux magiciens d'un œil méfiant, avant de rentrer prévenir son maître en les laissant à la porte. Enfin, on les introduit dans un salon richement décoré. Gorstal Hammers avait tout de la description qu'on leur avait faite. Richement habillé, d'âge mûr avec des cheveux poivrés de sel, il portait des bijoux d'exception et une sacoche à composantes, tel un arcaniste aguerri. On pouvait deviner qu'il était plein de confiance et croire les rumeurs qu'il courrait autant l'or que les riches femmes de noblesse.

– Pardonnez mon imbécile de laquais. Il n'aurait pas du vous faire attendre à la porte, Messire du Saillac, vous et votre… compagnon. J'entends que vous cherchez une expertise en enchantements. Le père Sarouf a raison: je suis le meilleur en la matière… L'autre jour encore j'ai dominé toute une équipe de balourds, qui avaient eu le malheur de libérer une bête sauvage difficilement capturée… Ces marauds m'ont coûté cher, j'aurais mieux fait de leur imposer une petite pénitence mentale en compensation. Qu'espérez-vous de moi, et que puis-je attendre en retour ?

Baelsul demanda des renseignements à l'ébéniste, et les reçut de suite: l'homme s'appelait Ahmal et revenait d'un voyage au cours duquel il avait appris de nouvelles techniques de façonnage. Un petit secret qui expliquait le galbe de ces meubles et la sonorité parfaite de ces instruments. Il demandait un prix exceptionnel, mais pour une qualité, exceptionnelle…

Les créations étaient superbes, en effet, mais le demi-elfe n'y distingua aucune trace de magie reconnaissable. Peut-être Ahmal avait-il réellement maîtrisé une expertise faisant l'envie des artisans elfiques. Acquérir un tel objet ne serait pas difficile: Ahmal faisait tout pour les vendre. Mais négocier un rabais serait difficile: il n'y avait aucune défaut à ces pièces de maître.¹

Dans le port, Laeylan résolut que l'union faisait la force. Avec une bonne corde et de l'aide, elle pourrait sans doute repêcher le coffre depuis une barque. Mais alors qu'elle se rinçait à l'extrémité de la rade, elle vit une ombre furtive à l’extrémité de son champ de vision. Quelqu'un l'avait épiée, et venait de disparaître dans les habitations les plus isolées, en lisière de la ville. Courir après serait courir après un fantôme, mais peut-être pourrait-elle trouver une piste… A moins qu'il ne s'agisse encore d'un de ces curieux trop gênés de dévisager une genasi de face.

¹: ça sera 100 po pour un instrument de maître, mon bon sire. 50 po pour une pièce de mobilier.

Lancers...

Baelsul - Jet de compétence : Art de la magie : 9(d20) +6(deg) -1(Int) = 14
Laeylan - Jet de compétence : Perception : 19(d20) +6(deg) +2(Sag) = 27

Mikaïl eut un petit geste désinvolte de la main pour montrer qu'il ne se formalisait pas le moins du monde de l'attitude du valet. La météo relativement clémente expliquait cette mansuétude car, sous une pluie battante, cela aurait été une autre paire de manche et l'indulgence du cormyrien aurait été plutôt mise à mal.

- Heureuse rencontre, messire Hammers. Vous connaissez certainement Atanathar Alcharyn, l'apprenti de maître Sarouf, répondit Mikaïl en désignant son compagnon de la main. Il a eu l'amabilité de me guider jusqu'à vous.

Hochant la tête comme pour valider les vantardises de l'enchanteur, le jeune noble esquissa un sourire amusé lors de l'évocation de l'incident autour de la libération de la bête sauvage.

- Beaucoup ferait mieux de se mêler de leur affaires et rester à leur place, approuva-t-il sans poursuivre plus avant sa réflexion. Comme je l'ai expliqué à votre serviteur, la Pièce Silencieuse a fait l'honneur de me mandater pour enrichir leur bibliothèque en ouvrages ayant trait à la Toile. Je comptais d'ailleurs mettre à profit cette mission pour étoffer également ma propre bibliothèque. Documents généraliste pour ces bons prêtres et manuscrits plus spécialisés pour moi.

Mikaïl esquissa un léger sourire comme s'il venait de faire une bonne plaisanterie, marquant bien la frontière entre les écrits vulgarisant la magie et amplement suffisants aux communs des mortels et les publications arcaniques ne pouvant être comprises que par des adeptes de l'Art.

- Mellomir, qui a la bonté de me considérer comme un de ses amis, m'a conseillé de me rendre à Telpir pour y rencontrer Sarouf dont la renommée en matière de divination s'étend bien au-delà de la Côte des Dragons. Outre quelques ouvrages basiques destinés aux prêtres d'Oghma, il m'a fait l'honneur de me remettre un exemplaire de son célèbre "L'eau : miroir ou reflet ?".

Mikaïl marqua une légère pause pour laisser son interlocuteur s'imprégner de ses propos. À demi-mot, il venait de vanter la générosité du vieux devin, laissant entendre que Gorstal Hammers ne pouvait faire moins. Il fallait maintenant brosser le riche marchant dans le sens du poil, ce que le jeune noble se hâta de faire :

- Par contre, là où Mellomir est impardonnable, c'est qu'il ne m'a pas signalé que vous habitiez également cette ville. Si j'avais connu votre présence, je vous aurais, bien évidemment, réservé la primauté de ma visite. La réputation d'un enchanteur de votre talent aurait amplement justifié cela. Fort heureusement, Sarouf a eu la clairvoyance de combler cette ignorance, m'incitant à venir vous voir sans délai. Auriez-vous des ouvrages à me conseiller pour la Pièce Silencieuse ? Mais également pour moi, bien sûr ?

Baissant la voix pour entretenir un climat de complicité, Mikaïl ajouta avec juste la nuance d'admiration qu'il fallait dans la voix :

- Peut-être même un des traités sur les enchantements dont vous êtes l'auteur. Il est devenu quasiment impossible de se procurer "L'esprit incandescent" que je n'ai pu étudier autant que ce manuel le mériterait.

Ecartant légèrement les mains pour marquer son impuissance, le cormyrien conclut :

- J'ai bien conscience que ce que je pourrais proposer en échange serait bien dérisoire mais si je peux vous être d'une quelconque utilité dans un domaine ou un autre, n'hésitez pas à me le dire. À ce propos, êtes-vous au courant que la statuette du vaisseau d'Immurk avait été retrouvée ? Cette statuette conduirait directement au trésor d'Immurk lequel contiendrait, vraisemblablement, certains travaux de Seldzen. Certes, il est difficile de l'étudier en ce moment car elle est entre les nageoires d'un dragon tortue, mais elle n'est pas inaccessible, surtout pour quelqu'un de votre talent.

Voilà l'appât était lancé. Restait à voir s'il était assez tentant pour ferrer l'enchanteur...

Atanathar était encore perdu dans ses pensées par rapport à tout ce que Messire de Saillac avait dit qu'il ne réalisa pas qu'il fût introduit chez Gorstal Hammers avec Messire de Saillac. Il ouvrit bien ces deux yeux et ses deux oreilles pour ne rien perdre de ce qu'il vit et entendit. Lorsqu'il entendit Messire de Saillac le présenté à Gorstal Hammers, il s'inclina humblement. Etant perdu dans le dialogue des deux mages, Atanathar mis à profit sa situation pour étudier les lieux discrètement, cela pourrait peut-être bien lui servir plus tard, après tout ce mage semble étaler sa richesse à qui mieux mieux, une petite leçon d'humilité ne lui ferait pas de mal. Il enregistra la vantardise de Gorstal Hammers par rapport aux incidents du port et resta pantois que Messire de Saillac dévoile si simplement leur découverte de la statuette d'Immurk, à quoi jouait-il donc? Comme Maître Sarouf avait délibérément mis Messire de Saillac dans la confidence, il y avait certainement une raison qui échappait encore à Atanathar.
Atanathar, retombant dans ces souvenirs, était fortement tenté de subtiliser l'une ou l'autre babiole de valeur de ce Gorstal Hammers et de la remettre à Baelsul qui apparemment avait subit quelques dommages financiers suite à sa rencontre avec l'énergumène. Une chose est sûre, ce personnage arrogant n'avait pas acquis l'amitié d'Atanathar. C'est sur cette pensée qu'Eleanor décida de faire parler d'elle, surpris Atanathar ne pu la retenir lorsqu'elle sauta de sa poche pour partir à la découverte de l'endroit. Ni une ni deux Atanathar la poursuivi dans le but de la rattraper mais surtout, comme si Eleanor avait lu dans les pensées d'Atanathar, de mettre son plan en action.
- Eleanor, non ! Reste ici, petite chipie, ça ne se fait pas, allez revient.
- Excusez-la Messire Hammers, ce n'est pas dans ces habitudes de filer ainsi sans raisons.
Après avoir rattrapé Eleanor et s'être confondu en excuses Atanathar resta dans un coin pour continuer son inspection visuelle des lieux et son écoute attentive des discussions.

La jeune femme n’eut pas l’envie de courir après un curieux. S’il voulait se rincer l’œil, et bien libre à lui, de toute façon elle se baignait habillée pour le moment donc sa pudeur était sauve.

Une fois le rinçage fait, elle repartit en direction de la ville pour trouver le temple de Lathandre. Tout le monde lui conseillait d’y aller pour des soins magiques. Elle pourrait peut-être prendre quelques potions ou onguents pour aider à cicatriser également. Elle ne rechignait pas à montrer fièrement les cicatrices de combat intéressant mais elle a été tellement battue à plate couture par ce lion qu’elle pensait surtout à l’oublier le plus vite possible. D’un autre coté elle avait survécu à une attaque de lion, ce n’était pas donné à tout le monde.

En chemin, elle se refaisait la scène avec le lion et la tortue, essayant de trouver une idée de comment elle aurait pu gérer autrement. La tortue était partie avec un trésor inestimable visiblement et le lion l’avait mise sur le chemin de Hammers. En y repensant a cet énergumène, elle avait encore bien envie de le passer par le fil de l’épée. Ce qu’il y avait dans la caisse pourrait peut-être l’aider à faire ravaler sa magie par les pieds à ce terrestre des plus immonde. Enne repensa ensuite à la cape de Kerri, se disant que pour s’infiltrer dans un manoir et glaner des informations sur ledit malveillant, ça serait bien pratique.

Elle était maintenant devant le temple en question, prête à y entrer non sans une petite appréhension quant à ce qu’on lui proposera, à quel prix pécunier et de douleur.

Fort de ses découvertes, Baelsul se rendit sur le port pour prendre des nouvelles de Iulia, car c'était probablement là qu'on prenait des nouvelles des disparus en mer. Après voir fouillé tous les quais, il rencontra la femme endeuillée parmi les pêcheurs qui rentraient en fin de journée.

– Hélas, j'ai bien peur qu'il n'y ait plus aucun espoir, Messire. On vient de me dire que l'épave de leur bateau avait été aperçue sur la côte, au sud¹. Mais il n'y avait aucune trace de mon mari ou de mon fils. Je partirai demain pour essayer de retrouver leurs corps…

Ses pleurs interrompaient ses paroles, et elle était visiblement sous le choc. Les autres marins vaquaient à leurs occupations en lui décochant des regards tristes et parfois un petit mot d'encouragement. Un triste évènement, sans doute trop fréquent parmi les pêcheurs de la mer intérieure. Baelsul offrit de la raccompagner chez elle, mais ne put rien faire de plus dans l'immédiat. Il était difficile de relier ces disparitions avec les attaques des koalinths. Cette pauvre famille ne possédait pas de trésor magique qui aurait pu attirer leur convoitise.

Quand il retourna au Boucanier enfumé, il retrouva Laeylan, qui revenait du temple de Lathandre. La bâtisse était tout simplement gigantesque, et encore plus écrasante quand on s'en approchait. Jamais la genasi n'avait-elle vu de construction si haute, et sans doute se disputait-elle le record avec quelques autres édifices du continent. On l'avait invitée à se présenter le lendemain, avant l'aube, avec une sensible contribution de cent pièces d'or pour la guérison de ses maux. Lathandre la bénirait si elle assistait à l'office. Malgré le prix exhorbitant, cela serait bien plus efficace que plusieurs nuits de sommeil, d'autant que Kerri n'était désormais plus là pour traiter ses blessures.

Chez l'enchanteur, Atanathar s'attira la désapprobation de Gorstal Hammers en laissant échapper son familier. L'autre le dévisagea tellement qu'il n'osa rien subtiliser. Ce salon contenait quelques belles pièces, mais pas facile à escamoter en présence d'un propriétaire méfiant d'un halfelin. S'il voulait voler le mage, le semi-homme devrait organiser une effraction en bonne et due forme. Il nota mentalement tous les détails qu'il pouvait sur la vaste demeure.
Il fallait dire que Mikaïl n'avait pas vraiment adouci leur hôte. L'absence de compensation financière immédiate décevait manifestement l'enchanteur:

– Je n'ai pas l'habitude d'offrir mes découvertes en charité, Messire de Saillac. Et croyez-moi, il vaut mieux ne pas laisser ces connaissances à la portée de n'importe qui. Bien des gens en feraient un mauvais usage…
Quant à votre offre, j'aurais bien honte d'attendre un service d'une personne de votre… qualité.

Il n'était pas insultant, mais avait clairement renvoyé le nobliau dans les cordes. Si on voulait jouer au grand seigneur, il fallait avoir les bourses qui allaient avec… L'évocation du trésor d'Immurk l'intéressa davantage:

– Un dragon tortue, vous dites… Oui, cela serait vraiment inouï si l'on pouvait découvrir l'emplacement du trésor de ce légendaire pirate… Quel dommage…

Songeur, il les congédia et les fit raccompagner par son valet. D'évidence, il leur était loisible de revenir avec des espèces sonantes et trébuchantes, mais Mikaïl n'était pas parvenu à l'acheter.

¹: Dans l'annonce originale, sur le petit panneau de Maître Morn, j'avais indiqué l'ouest comme direction. C'était une erreur puisque la côte est plutôt orientée nord-sud. Malheureusement pour une raison que j'ignore je ne peux pas éditer correctement le message qui contient les petites annonces.

Lancers...

Mikaïl - Jet de compétence : Social : 16(d20) +2(deg) +0(Cha) +3 (familier) = 21 vs DD15 ~ Réussite

Laeylan était de retour au boucanier. Elle s’installa dans la grande salle et sirotait une cervoise que Morn lui avait apporté à sa demande en attendant les autres. Elle lui demanda également de la réveiller avant l'aube le lendemain pour qu'elle puisse aller au temple pour ses soins. C'était certes cher, mais il fallait bien cela pour reprendre du poil de la bête.

Le premier arrivé fut Baelsul, son comparse de la confrérie. Elle était assez contente de le voir finalement, lui serviable comme peu de gens serait probablement à même de l’aider pour la caisse en fond d’eau du port. Elle lui fit signe de se prendre un truc à boire également, elle pensait attendre les autres pour manger, et de s’installer avec elle à la table.

-Bonsoir Baelsul. Mon furetage du coté du port n’a rien donné de particulier sur les Koalinths. Il y a quand même quelque chose c’est que celui explosé par l’autre femme au marteau n’est plus là où il a coulé. Donc soit il est encore en vie, soit les autres l’ont récupéré avant de partir.

Elle fit une courte pause pour prendre une gorgée de sa boisson, avant de continuer avec une voix un peu plus basse.

-D’un autre côté, j’ai trouvé ne caisse tout à fait préservée proche de la sortie du port par quelques mètres de fond. Je ne suis pas assez forte pour la sortir de là toute seule et à moins que tu n’arrives à respirer sous l’eau, il faudrait au moins une petite barque et une corde pour la remonter à la surface. Je pensais demander au chef du port si cette caisse est connue et s’il avait des infos dessus, mais il faut avoir l’embarcation prête à prendre le large si on veut garder ce qui est dedans pour nous. Tu croix pouvoir m’aider dans cette histoire ?

-Et de ton coté, avec la veuve truc, tu as des infos en plus, ou on est toujours sans rien pour les Koalinths ?