Un petit boulot facile

Thojan ne s'étonna pas tout de suite qu'on les emmène vers le cœur de la ville, plutôt que de les détenir à un poste de gardes, près des portes. Sans doute allaient-ils aux devants des autorités suprêmes de la ville ? Malgré ses inquiétudes, il ne parvint pas à accorder toute son attention à son escorte et ses environs immédiats: le spectacle qu'offrait la haute-ville d'Elturel était époustouflant.

Ce n'était pas seulement la hauteur vertigineuse du château qui surplombait la colline, mais aussi la quantité de maisons aux pierres blanches, bordées de jardins et de chutes d'eau. La cité était grandiose, et Thojan était séduit par ses différents aspects. Le plus curieux étaient les sources qui jaillissaient du haut de la colline ? Était-ce là une curiosité géologique, ou un portail magique judicieusement placé ? Le choix stratégique était admirable, et il ne faisait aucun doute que cette place-forte était convoitée depuis des siècles. Pourvu que son dirigeant soit soucieux des plus démunis des bas-quartiers, Elturel avait le potentiel d'être un modèle de civilisation.

Mais ce n'était pas au château qu'on les emmenaient, et c'est là où Thojan fut surpris. Et plus encore quand les gardes invitèrent le "capitaine" Bartos à rentrer, puis leur rendirent leurs armes. Il partagea sans honte son regard interloqué avec ses compagnons quand il ceignit à nouveau ses lames.

– Qui est cet Orsar ?

Il n'eut de réponse que déjà Bartos reprenait l'initiative. Cet homme ne lui revenait pas. Dans quel guêpier s'étaient-ils fourrés ? Récitant une muette prière, il en appela à la clairvoyance de Torm pour jauger les protagonistes.

Thojan utilise le pouvoir magique (pas de composantes) de Détection contre le mal. Vise Bartos, puis Orsar.

Le guerrier de l'orient trouva le voyage curieusement bien trop long pour une arrestation, même si l'extérieur n'était loin d'être désagréable à regarder. Et plus c'était loin de la sortie de la ville, plus cela serait compliqué d'envisager un plan de fuite si jamais il devait en arriver là.

Les architectes avaient su marier parfaitement la nature avec la vie citadine, même si à ses yeux cela n'égalait pas ceux de sa civilisation dont c'est l'art ultime de confondre les habitations avec la nature pour ne faire qu'une. Il y eut quelques autres indicateurs qui perturbaient la logique ou le bon sens. Ils avançaient dans des quartiers les plus riches de la ville qui normalement ne sont pas les emplacements classiques pour les justiciables.

Enfin arrivé, lorsque les gardes rendirent leurs armes, Kuan fut soulagé de retrouver son arc qu'il traitait presque comme un objet sacré. C'était aussi le signe que tout cela n'était une pure mascarade pour les faire venir ici sans attirer l'attention et les regards. Il n'aimait pas ce genre de procédé car quelque part on avait atteint à son honneur avec une ridicule accusation. Il y avait intérêt à ce qu'il obtienne rapidement des explications et qu'elles tiennent la route.

L'homme de l'orient n'avait pas perdu sa langue même si il était très avare en mots. Toutes les questions sont déjà posées, donc à quoi bon d'en rajouter ? Et puis il y avait déjà un halfelin moulin à paroles qui parlerait au moins pour deux, non ?

Son regard se posa sur le prêtre de Torm, à qui il accordait toute sa confiance pour mener à bien l'entretien qui allait suivre.

Il avait hésité à s'assoir car sa mobilité en serait restreinte. Mais il s'y résigna comme tout le monde.

Le rire venu de nulle part n'eut que pour mérite de jeter un regard noir de Kuan vers le destinataire au bout de la table. Apparemment il n'avait pas le même sens de l'humour...d'ailleurs a t-il vraiment un quelconque sens de l'humour ?

Une fois tout le monde confortablement assis dans leur chaises, Orsar qui n'avait pas quitté son apparence de fantôme et restait toujours invisible, commença à expliquer le pourquoi de leur présence en ces lieux.
Il était compliqué de discuter avec quelqu'un qu'on ne voit pas et les aventuriers durent se fier à leur instinct et utiliser au mieux leur concentration pour essayer de ne pas perdre le fil de la conversation.

- Je suis un ami proche du seigneur Dhelt et je suis de temps en temps ses yeux et ses oreilles quand il ne peut pas lui même se charger d'une mission particulière nécessitant un peu de discrétion.

Le magicien marqua une petite pause dans son épilogue puis il continua,

- Comme vous le savez le seigneur Bereld a été empoisonné par des champignons qu'il a malencontreusement avalés. Rassurez-vous il n'en a pas souffert bien longtemps, ça fait déjà un certain temps qu'il s'en est remis, tout seul d'ailleurs. Cependant nous voulons que les responsables croient qu'ils ont frappé fort et qu'il est proche de la mort afin de nous laisser le temps de trouver les preuves contre les personnes derrière tout ça.

La chaise vide devant eux bougea légèrement comme si la personne invisible devant eux s'était affalé plus confortablement dans son siège.

- Nos principaux temples ont subi plusieurs attaques d'empoisonnement de ce genre et nous avons une très bonne idée de qui pourrait se trouver derrière ces méfaits.

Miras qui n'avait pas dit un seul mot depuis leur entrée dans la taverne prit la parole et commença à implorer le pardon mais il fut rapidement coupé dans son élan par Bartos.

- Miras écoutez ce qu'il a à dire et ne l'interrompez pas, nous savons que vous n'y étés pour rien. Le ton était dur mais amical et la tape sur le dos que lui colla le guerrier sembla calmer le marchand du moins pour l'instant.


- En effet, continua Orsar, vous avez été trahi assez rapidement et juste après avoir reçu votre commande une lettre nous est parvenue signalant un marchant qui aurait prît la route à la recherche de certains champignons. Bien sûr, la lettre anonyme vous signalait vous Miras, du coup nous avons rapidement envoyé Bartos croiser votre route afin qu'il vous serve de guide et vous protège.

Nous avons besoin de beaucoup de discrétion dans cette enquête car la personne que nous croyons être derrière tout ça est surement la même qui vous a passé la commande.

- Sir Rik de la tour? s'exclama Miras.

- Effectivement, nous sommes à peu près surs qu'il est derrière tout ça mais ce n'est pas quelqu'un qu'on peut atteindre si facilement et c'est là que nous aurions besoin de ces personnes vous accompagnant. Ils pourraient peut-être avec l'aide de Bartos mener l'enquête de leur côté et pendant ce temps on prendra soin de vous et de votre marchandise au palais.

Qu'en dîtes vous ?

Assis mais raide comme un piquet, le prêtre n'était pas détendu par la situation. Ses interlocuteurs n'apparaissaient pas maléfiques, mais si Orsar prenait la peine de masquer son apparence, il pouvait très bien masquer son âme également. D'une certaine manière, ces pensées l'empêchèrent d'être soulagé pour le Haut-Prêtre de Heaume.

– Depuis le retour de Baine, il y a un an et demi, ce sont toutes les Églises du Bien qui sont la cible de telles attaques. C'est la raison même de mes voyages.

Chacun se souvenait que depuis le Cœur de l'hiver 1372, la nouvelle s'était répandue que la Main Noire était revenue d'entre les morts. En peu de temps, les conflits entre différentes sectes et adorateurs du mal avaient été étouffés, et c'était une organisation désormais unifiée par un gant de fer qui avait tourné son attention vers le reste de Faerûn.

– Ainsi, vous êtes toujours membre des Cavaliers de l'enfer ? demanda-t-il à Bartos. Je n'apprécie pas ce genre de subterfuges, même si j'en conçois l'utilité…

– Ce que je ne comprends pas, c'est la raison de cette arrestation spectaculaire. Vous nous avez littéralement promenés sous les balcons de la ville. J'aurais été le premier à offrir mon aide au clergé de Heaume, mais on s'étonnera désormais de notre liberté, surtout sans passage devant un magistrat. Nous serons d'autant plus suspects et remarqués.

– D'autre part, tout cela gravite trop facilement autour du Sire de la Tour. Pourquoi engagerait-il Miras pour ramener des champignons vénéneux, pour ensuite empoisonner le haut-prêtre avant son retour ? Et cette dénonciation anonyme ne fait que l'exposer indirectement; comment vous est-elle parvenue ? Qu'en pensez-vous, Stor ? Maître Shen-Li ?

Le prêtre se tourna vers ses compagnons. Il n'allait pas s'engager dans cette affaire sans réfléchir au minimum.

C’était la première fois que le guerrier de l’orient allait briser son silence après avoir bien écouté les propos de chacun. Le prêtre de Torm avait posé les bonnes questions à ses yeux. Mais il y avait autres choses qui gênaient encore plus Kuan sur cette situation. Si ses paroles sont rares, elles étaient comme ses flèches : elles allaient droit au but. Avec un ton de voix fort et ferme mais sans nervosité et agressivité, il s’exprima en se levant de sa chaise, ses mains posées derrière lui.

- J’en dis que ce sire Orsar nous montre peu d’honneur, voire nous déshonore. D’abord en nous faisant passer pour des criminels empoisonneurs. Ensuite en nous montrant peu de confiance avec cette apparence invisible qu’il garde. Un homme sans reproche et sans peur ne se cache pas de ses futurs alliés. Ce ne sont pas des pratiques d’homme d’honneur et de loyauté pour envisager pour l’instant la moindre collaboration. J’attends encore une réponse juste et cohérente à vos pertinentes questions, prêtre Thojan.

Ce qui devez être dit l’a été. Il n’y aura aucun mot de plus. Il se rassit calmement. Son regard d’ébène s’orienta vers l’homme invisible en attendant sa réponse. Le guerrier de l’orient venait d’exprimer son mécontentement sur la façon dont il avait été traité. C’était loin d’un ancrage positif pour envisager toute future collaboration d’autant que sa personne n’était pas le genre à se faire acheter. Mais il n’était pas le genre à prendre une décision irréfléchie car l’affaire en cours l’intéressait. Il n’appartenait qu’à leur homologue d’avoir le comportement adéquat et les réponses adéquates aux présentes questions.

Stor haussa les épaules avec fatalisme devant les événements. Les interrogations de ses compagnons étaient légitimes et le cheminement d'Orsar bien sinueux mais il était bien connu que, pour un mage, surtout doublé d'un espion comme l'était leur interlocuteur, la ligne droite est rarement le chemin le plus direct pour parvenir à ses objectifs. En tout cas, d'après ce qu'en savait le barde, l'homme était bien celui qu'il prétendait être et ne cherchait pas à les berner sur ce point.

- Il est certain, qu'après une arrestation aussi voyante, notre célébrité est assurée en ville, fit observer le jeune hin en fronçant légèrement les sourcils alors qu'il essayait de trouver une explication à cela. Comment comptez-vous justifier notre remise en liberté ? À moins que vous n'ayez dans l'idée de faciliter notre évasion afin que les vrais suspects ne se dévoilent en nous contactant. Mais tout cela me semble bien alambiqué tout de même.

Avec un petit sourire, tant vers les aventuriers déterminés que Miras terrifié, Stor reprit :

- Votre réputation vous précède, messire Orsar, et je vous sais loyal en la personne de Lord Dhelt aussi, une fois les dernières ambiguïtés levées, je serai heureux de vous offrir mon aide, en espérant qu'elle vous sera utile. Je n'ai nul doute que vous mettrez le maximum d'atouts entre nos mains afin de nous permettre d'enquêter discrètement à l'abri des regards.

Et si le magicien avait dans l'idée de leur remettre une babiole qui les y aiderait, cela ne serait que mieux. Après tout, n'avait-il pas la réputation d'être un maître dans le domaine de l'enchantement d'objets et des sortilèges d'invisibilité...

Bartos fronça le sourcil en écoutant les paroles des trois voyageurs, il eût même un petit sursaut quand Kuan Shen-li ouvrit la bouche pour se plaindre de l'invisibilité d'Orsar. Mais il était certes inconvenant de garder cette apparence et il acquiesça d'un hochement de la tête, le moine marquait un point.

Les paroles de Thojan étaient elles aussi pleines d'une autre sorte de sagesse du pragmatisme à l'état pur. Et ses questions ne manquaient pas d'intérêt. Mais c'est lorsque Stor s'adressa à l'ensemble des présents que le mage Orsar ricanna encore une fois avant de reprendre la parole.

- Je comprends bien vos inquiétudes chers monsieurs et comme l'a bien dit votre ami je vais m'occuper de ce petit problème. Un instant s'il vous plaît.

Le mage fit un geste invisible et puis prononça la fin du sort d'invisibilité. Il apparût comme un homme chauve avec une petite barbichette blanche poivrée. Il était vêtu d'une robe en soie et arborait une étrange ceinture de laquelle tintinaient une bonne dizaine de potions.

-Me voilà, vous pouvez enfin me voir si tel est vôtre désir. Je passe tellement de temps invisible que j'oublie moi même ma véritable apparence, pour peu que ce soit la bonne. Dit-il en ricanant.

Bon trêve de sottises, je vais essayer de répondre à toutes vos questions, finalement on n'est pas pressés et il vaut mieux que vous sachiez dans quoi vous vous engagez.
La petite escène était nécessaire car Miras était sous surveillance et il fallait qu'on vous croit capturés par la garde. Je suis certes désolé que vos noms soient souillés mais si vous réussissez cette mission, je pense que votre renommée effacera totalement cette petite mascarade.
Quand à Sir De la Tour c'est une personne qui possède un certaine notoriété et pour l'instant on n'a aucune preuve formelle seulement cela fait quelques temps que toutes les preuves pointent dans sa direction. Le seigneur Dhelt ne pourra pas l'arrêter sans preuves irréfutables de sa complicité dans ces affaires d'empoisonnement. En effet cela nuirait à sa réputation et inciterait les partisans de Sir De la Tour à attaquer la ville.

Nous avons donc besoin que vous infiltriez le château De la Tour et trouviez ces preuves pour nous. Je ne pense pas que le culte de Baine soit responsable de ceci mais on ne sait jamais.
Quand à votre image ceci vous sera peut-être utile pour ne pas vous faire repérer. Le mage ouvrit son sac et sortit quatre couvre chefs.

- Voici quatre petites merveilles qui vous permettront de prendre l'apparence de votre choix, elles sont à vous si vous le souhaitez.

Alors qu'en dites vous?

4 couvre chefs de déguisement

Discuter avec un interlocuteur qu’on peut voir c’est tout de même plus appréciable et surtout plus honorable selon les mœurs de Kuan. Néanmoins, le sous-entendu que ce mage pouvait apparaître sous un autre visage sur le sien lui fit lâcher un soupir. Ce magicien trouvait cela drôle mais cela ne l’était surement pas au goût du guerrier de l’orient. Mais il allait se satisfaire de cela. Au moins il n’aurait pas l’impression de parler dans le vide.
Son regard fixa les couvre chefs sortis du sac par le magicien. En quoi pouvaient ils bien les faire passer inaperçus ? « Par l’apparence de votre choix », en se répétant mentalement ces mots, Kuan comprit que ces vêtements devaient donc être magiques.

Il ne donnerait son opinion qu’en dernier mais il est déjà fort probable qu’il se rangerait probablement sur la décision du prêtre de Torm et du barde. Sans trop s’avancer, ils allaient sûrement accepter cette mission car l’idée même que derrière tout cela pouvait se cacher le culte de Baine donnait envie d’en savoir plus et de clairement les mettre à jour pour les arrêter, voir plus. Vous aurez compris que Kuan n’apprécie guère les adorateurs de Baine comme les empoisonneurs d’ailleurs.

Ses pensées étaient déjà axées sur un plan de mission. C’était bien beau de savoir prendre une autre apparence mais encore faut il y mettre du contenu et jouer la comédie. Et ce n’était franchement pas une de ses compétences. Oui pour l’instant il fallait écouter comment ses compagnons allaient envisager la suite…

Son regard d'ébène les passa en revue, l'air de leur demander "alors vous en pensez quoi ?". Ce regard s'accompagna d'un léger haussement de l'épaule.

Le regard de Stor se mit à pétiller de malice alors qu'il fixait les étranges couvre-chefs. Nul doute que le facétieux barde envisageait déjà mille façons d'utiliser un tel accessoire, véritable aubaine pour un saltimbanque tel que lui. Enthousiaste, il se focalisait sur ces artefacts, oubliant déjà la nature de l'enquête que lui et ses compagnons devaient mener.

- L'apparence de mon choix ? releva-t-il en haussant un sourcil. Est-ce à dire que je pourrais ressembler à nain baraqué, à un elfe maniéré, voire à un orque repoussant ? Ou suis-je limité à conserver l'aspect, certes parfait, d'un de mes congénères halfelins ? Et d'ailleurs, comment cela fonctionne-t-il ? Et ce déguisement est-il permanent ou limité dans le temps ?

Mille questions se formaient dans l'imagination fertile de Stor et se bousculaient ensuite à ses lèvres.

- Oh, non... gémit-il soudainement en réalisant que ce chapeau se portait forcément sur la tête et qu'il entrerait donc en interférence avec le bandeau délicatement ouvragé qui lui ceignait déjà le front. Vous n'avez pas un autre modèle que je pourrais enfiler comme un gilet ou nouer autour de ma taille ? C'est pas que je veuille faire la fine bouche mais...

Le hin se tut soudain, légèrement embarrassé par l'énormité de la question qu'il venait de poser. Loin de remercier Orsar pour l'objet qu'il mettait à leur disposition, voila qu'il ergotait comme un enfant gâté. Toussotant légèrement pour masquer sa gêne, il reprit :

- Enfin, je devrais pouvoir m'arranger. Je vous remercie grandement de ce cadeau et vous promet de faire tout mon possible pour trouver les preuves afin d'incriminer ce Sir de la Tour, du moins s'il s'agit bien du coupable. Avez-vous une idée de la façon dont nous pourrions infiltrer son château ? Je suppose que le recours à un déguisement s'imposera.

Thojan était un prêtre de la lumière, et même s'il n'en avait pas les pouvoirs, il avait à certains moments tout d'un paladin. Quand bien même il fut rassuré par l'évocation par Stor de la réputation d'Orsar, il écouta attentivement les réponses de leur interlocuteur, avant de faire remarquer prosaïquement.

– Pardon Messire Orsar, mais vous n'avez pas répondu à mes questions: d'où vous est venue la dénonciation, et comment allons-nous sortir d'ici ? Allons-nous continuer à jouer ce rôle de prisonniers ? Je refuse de prétendre participer à une évasion. Ce n'est pas mon nom que je porte, mais aussi celui du Vrai Dieu. Nous devrons faire semblant d'être incarcérés et ne ressortir que sous une autre apparence… A moins que vous n'ayez une autre idée ?

Il prit en main et examina rapidement le couvre-chef enchanté. Il offrait une myriade de possibilités, mais le tormtar n'allait certainement pas se lancer là-dedans sans réfléchir. Il répugnait à faire usage de tromperie qui, quand on y pensait, était souvent à la base de bien des maux.

– Le capitaine Barthos nous accompagnera donc. J'imagine qu'il connaît la cité. Nous ne pouvons pas nous permettre d'incarner n'importe qui. Cet enchantement ne modifie certainement pas nos voix, ou notre accent. Et n'importe quelle interaction physique risque de révéler une illusion trop complexe. Vous comprenez ? Si une illusion vous fait paraître plus petit, vous vous cognerez quand même à un linteau de porte. Et une armure fera toute de même du bruit, même si elle ressemble à une tunique…

Thojan était tout à fait éloquent en Chondathan et Damaran, grâce à deux parents d'origine différentes, mais l'on devinait à son accent qu'il ne venait pas de la côte des épées, mais plutôt des contrées du mitan oriental. Outre sa formation académique de prêtre, le disciple du Vrai Dieu semblait avoir été formé à reconnaître les subterfuges et les illusions. Entre ça et sa formation inhabituelle aux armes, il avait de quoi surprendre par sa polyvalence.

– Enfin, tout cela ne servira à rien si la rumeur de cette mise en scène se répand au sein de la garde. Capitaine, vous répondez des hommes qui nous ont amenés ici ?

Au moins, le prêtre était heureux de voir Kuan tenir à des valeurs proches des siennes. Il serait sans doute quelqu'un sur qui l'on pourrait compter. S'ils avaient des réponses et un plan robuste, Thojan participerait à cette enquête, non sans demander à Orsar de négocier son aide auprès du Seigneur Dhelt. Après tout, sa venue avait ses propres raisons.