Quelque part en Sembie, La 7ème épreuve

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La taverne "Au Vin d'Urmlaspyre" est particulièrement animée ce soir là. Une caravane de commerçants était arrivée dans la journée, pour participer au grand marché de la ville qui allait avoir lieu le lendemain, et les itinérants s'étaient tous retrouvés dans les lieux alentours où l'alcool coule à flots.
Pendant que les serveuses courent à travers toute la taverne pour rassasier les clients, que les femmes de plaisirs cherchent un nouvel amant pour la nuit, que les voleurs s'adonnent à leur passe-temps favoris, une silouhette mince, encapuchonnée, pénètre dans l'auberge au milieu de la masse grouillante en mouvement et de la cacophonie ambiante. Seuls les yeux observateurs de personnes en quête d'aventure ont pu la remarquer. Arrivé au comptoir, et ayant été servi, l'homme se retourne en enlevant le capuchon qui dissimulait son visage et paraît observer d'un air attentif l'ensemble de la faune peuplant la salle principale de l'édifice, tout en sirotant son verre. Son aspect semble, de prime abord, très commun, mais son air réfléchi, son regard intelligent et une tunique pourpre mal dissimulée sous sa veste le trahissent sur son origine, et sans doute ses intentions. Une table se libère et il s'y dirige pour s'y installer et pour continuer son inspection au milieu de la fête.

Tapis dans l'ombre, un homme scrute l'étrange individu qui venait de s'attabler et qui venait de repousser les avances d'une femme ronde et grossière. Irrité par les masses imbéciles qui se mouvent devant lui et qui obstruent sa vision, il se décide à approcher le nouvel arrivant. Il lui dit timidement en pointant du doigt une des chaises vacante:

- "Est-ce que cette place est libre?"

Durandal poussa la porte de l'auberge et découvrit l'animation et la crasse qui y régnait. Il était de méchante humeur car il avait chevauché toute la journée et n'avait pas mangé depuis la soirée précédente. Il réussit quand même à paraître aimable lorsqu'il s'adressa à l'aubergiste pour lui commander un repas et une chambre pour la nuit. Il s'isola ensuite à une table loin de l'agitation et des femmes volages. Impatient de recevoir sa pitance, il essaya d'oublier sa faim en observant l'assemblée. Non loin de lui, un gros homme avait pris la serveuse dans ses gros bras et lui tatait les parties. La femme essayait de se dégager, mais n'y arrivait pas. Durandal se prépara à intervenir ...

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L'homme se retourne d'un air surpris, il n'avait visiblement pas remarqué Erlmoon qui s'approchait de lui. Il le dévisagea un instant, parait inspecter succinctement son allure générale, puis l'invite à s'asseoir d'un geste de la main

- "Bonsoir, tu me sembles bien jeune pour fréquenter ce genre d'établissement, mais cela témoigne sans doute de ta précocité. Bien, nous pouvons dire que tu tombes bien, je suis actuellement à la recherche d'hommes d'armes et de magie pour participer à une aventure. Ne croyant pas pouvoir l'accomplir seul, j'étais venu ici pour inspecter les lieux, et choisir parmis les voyageurs peuplants cette ville, si choix acceptable il y avait. Mais j'oublie de me présenter, je me nomme Andruald. J'attends maintenant de savoir si, même avec aussi peu de renseignements, tu accepterais de venir avec moi jusqu'à ..."

Sa phrase est interrompue par un bruit de tables et de chaises renversées. Tout à coup, le brouhaha faiblit, jusqu'à ne devenir qu'un murmure collectif. Les deux hommes braquent leur attention sur l'endroit vers lequel toutes les têtes sont tournées, pour apercevoir les deux adversaires debouts face en face, se toisant d'un regard de défis. Le premier est un molosse, sans doute appartenant à la garde mercenaire des convois de marchand, principalement composée de brutes sans cervelles. L'autre est un homme charismatique, bien que poussièreux et fatigué d'un long voyage. Il semble pourtant disposé à se battre, comme le ferait un homme-en-armes expérimenté. Le sujet de dispute est une femme, une serveuse, qui a profité de la cohue pour s'enfuir. Après une floppée d'insultes, le géant ivre se jette sur son adversaire de façon désordonnée, pour ne récolter que le gantelet d'acier de l'homme blond dans le visage. Après avoir été relevé par ses camarades de beuverie, le colosse, le visage en sang, commence à se rapprocher de son antagoniste, cette fois-ci suivi par trois de ses acolytes. Ceci aurait pû se terminer en simple rixe, comme les tavernes en voient souvent, si les mercenaires n'avaient tiré leurs épées. Le paladin, surpris, porte la main au pommeau de son arme,tout en se demandant comment il pourrait résonner son ennemi , quand une voix pleine d'assurance intervient :

- "Allons, allons messieurs, vous ne pouvez pas faire couler le sang au milieu de tant de réjouissances. Je suis sûr que nous pouvons nous arranger. Tenez mes braves, je vous donne cette bourse de 40 pièces d'or, et nous oublions l'affaire. Entendu? Très bien. Bonne soirée. Quant à toi, suis-moi que nous discutions. Tu me dois bien ça, non?"

De retour à la table, les trois hommes commencent à discuter. Après avoir raconté son histoire pour Durandal, Andruald dit:

- "Bien, maintenant que vous connaissez le principal, vous pouvez décider de m'accompagner au village de Garnaz, au nord d'ici. Il nous faudrait néanmoins un prêtre, au cas où il y aurait des blessés. Si vous connaissez quelqu'un, dites le moi. Sinon, je m'arrangerais pour en trouver un, soit en restant dans cette auberge, soit en contactant un ami. Nous profiterons du voyage pour discuter plus amplement de nos affaires. Nous partirons après demain, dans la matinée. Si vous avez des questions, n'hésitez pas, mais je me permets de rester dans le flou concernant plusieurs sujets, le voyage me permettant de tester vos qualités physiques et morales."

Durandal était encore abasourdi de la réaction du gros mercenaire. Il n'avait pas encore bougé le petit doigt que le molosse s'était déjà levé.
Possèdait-il le don de prescience ? Quoi qu'il en soit, il en était actuellement à écouter un certain Adruald. Il répondit à ces propos :

- "He bien, je dois vous avouer qu'il ne me reste même pas de quoi survivre plus de quelques jours et j'imagine que votre aventure est l'objet de rétributions, mais voyez-vous, ce n'est pas du tout ce qui m'intéresse dans cette affaire. En réalité, je serais prêt à vous suivre pour peu que la quête que vous poursuivez ne soit pas une fripponerie, mais au contraire avec un objectif tourné vers le bien. Si vous pouvez me garantir d'une telle chose, car vous ne semblez pas vouloir révéler grand chose sur l'affaire, je suis votre homme."

°Tout en affirmant cela, Durandal essaye de deviner si cet homme est bon. Il se dit par ailleurs que si l'homme lui ment, il saura s'en souvenir.

Une espèce de petit bonhomme fripé et sale écoutait sans se gêner la conversation depuis que le mot "rétribution" avait été prononcé.
Il avait essayé d' épier discrètement, mais... avec ses facultés de dissimulation qui approchaient celles d'un gorille sous champignon psychotrope, il n'aurait même pas du y penser. Le défenseur du Bien comme le mystérieux employeur pouvaient donc le repérer plus facilement qu'une tache de cambouis sur une robe de mariée.

Glër finit par s'en rendre compte et décida de s'adresser directement à celui qui se faisait appeler Andruald, avec un sourire peu convaincant digne d'un vendeur de grande surface trqauant sa prime :

- Si vous avez besoin d'un combattant prompt, habile et ne manquant ni d' courage ni d'astuce, j'suis certainement votre homme ! A fortiori si vous avez un sale boulot à torcher, qui pourrait effrayer Monsieur le redresseur de torts -désignant Andruald d'une main aussi sale que dédaigneuse. Moi, tant qu'on me paye, je pose pas de questions. Si vous êtes intéressé...

On sentait bien dans le ton du nain que si le boulot ne lui revenait pas, il allait lui arriver très vite quelques ennuis - d'ordre financier probablement... mais qu'en même temps il se souciait autant de ses problèmes futurs que de sa première cuite...

- " Tout cela est bien beau, vieil homme, mais il faut nous dire rapidement ce que l'on peut y gagner, et les dangers que nous allons rencontrer. Je n'ai pas l'habitude de travailler gratuitement, et de risquer ma vie stupidement."

Après son discours, Erlmoon attend la réponse d'Andruald en pensant à ce qui pourrait bien manquer dans son équipement, car il était presque persuadé que l'homme allait leur proposer une belle somme.

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Andruald, se retournant, contemple un moment Glër Hurletripes, lui fait un signe de la main, l'invitant à se joindre à eux, et reprend sa
postition initiale pour leur dire :

- " Bien, nous devrions être au complet maintenant. En ce qui concerne le but général de la mission, je pourrais dire, même avec le peu d'informations dont je dispose, que nous pouvons récolter une somme d'argent non négligeable, et du même coup délivrer un homme, décédé malheureusement... d'une malédiction. Ceci devrait répondre de façon globale à vos questions personnelles. Mais avant ou après cela, nous devrons sans doute découvrir qui, pourquoi, et comment on a ensorcelé cette personne. Je vous rappelle que nous partirons pour le village de Garnaz après demain, car j'ai quelques affaires à régler, ainsi que des emplettes à faire. Si personne n'a de question, je désirerais aller me coucher. N'hésitez pas à compléter votre équipement, je pourrais y participer dans la limite du possible."

Observant un moment ses nouveaux compagnons, Andruald s'apprête à se lever pour regagner sa couche.

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Le matin du surlendemain, puisque aucune activité spéciale n'a été accomplie, Andruald vient vous rejoindre à la taverne "Au vin d'Urmlaspyre". Après quelques civilités quelconques, vous partez prestemment vers ce fameux village de Garnaz dont vous a parlé Andruald. Étant le seul à disposer d'un cheval, il le fait marcher au pas, tout en discutant de l'affaire vous concernant.

- " Vous devez sans doute vous poser quelques questions sur notre affaire, même si vous êtes restés silencieux lors de notre dernière entrevue. Je vais donc vous éclairer sur certains points, pour que vous ne vous méfiez pas de moi injustement. Il y a de cela un certains temps déjà, mon frère a disparu dans d'étranges circonstances. C'était un aventurier confirmé, bien qu'ayant atteint un âge avancé, et je puis jurer qu'il n'a pu se faire terrasser par des adversaires ordinaires. Après une enquête de longue haleine, j'ai récolté quelques renseignements forts utiles pour venger sa mort, car c'est là le but principale de notre quête. Ne vous méprenez pas, je souhaite par la même occasion débarasser le monde du danger que représente un culte démoniaque naissant, cela n'étant possible qu'en ayant occis le créateur de ce culte. Et j'ai la conviction que le tombeau de feu mon frère recèle le moyen de me fournir cette vengeance. Ayant accumulé un trésor conséquent lors de ses voyages et périples, il l'a jalousement enfermé dans un souterrain aux environs du village de Garnaz. Cet endroit regorge de pièges, et d'épreuves en tout genre. Étant un de ses proches, il m'a transmis des informations sur les épreuves, mais pas la totalité. J'ai donc besoin de vous pour accéder à la sépulture, et ainsi découvrir les renseignements dont j'ai besoin."

A la fin de son discours, Andruald paraît perdu dans ses pensées, un air mélancolique marquant son visage déjà strié par quelques rides. Puis, comme s'il avait d'un seul coup repris ses esprits, il reprend :

- " En ce qui concerne le voyage, je pense que nous mettrons cinq ou six jours pour gagner Garnaz. J'ai pris une quantité suffisante de nourriture, même si je pense que vous avez pris vos précautions. J'espère aussi que votre équipement est au complet. Comme aucune requête n'a été formulée, j'en ai donc conclu que tout ce dont vous aviez besoin était en votre possession. Bien, maintenant que les modalités pratiques ont été dites, je vais vous parler des exploits de mon frère Gormhen. Lorsque je n'étais encore qu'un élève à l'école de magie du Valbise, il m'avait maintes fois conté son combat avec un dragon blanc. Après l'avoir recherché un long moment, il surgit dans la cache du dragon maléfique pour le tuer et venger les victimes de ce dernier. Même si je pense que le trésor l'attirait tout autant, voire même plus. Humm... bien, où en étais-je? Oui! Il surgit dans la grotte et porta un coup d'estoc avant même qu'il ne puisse réagir. La bête, se redressant, lui donna un violent coup de queue, pour le déstabiliser, et pouvoir lui lancer son souffle meurtrier. Mais c'était sans compter la vivacité de corps et d'esprit de Gormhen, qui ... "

Le mage continua longtemps ainsi avant que les aventuriers ne puissent ne serait-ce que lui répondre.

Glër cheminait, avec sur le visage un air un peu déprimé à l'origine duquel ne devaient pas être étrangers des mots comme "pièges" et "épreuves"...
De toutes façons, maintenant il y était, pensa-t-il. Il se tourna vers le vieux et le coupa sans pitié dans son beau récit :

- Euh... si on va attaquer un culte maléfique et tout, tu pourrais m'expliquer ce qu'on va foutre dans un tombeau ?
- on sentait bien que le p'tit gros entendait par là "un tombeau plein de pièges et de dangers"
- Pasque j'suis pas partisan des risques inutiles... Enfin t'es pas obligé d'm'expliquer hein... mais moi chuis pas obligé d'être efficace dans ce cas-là : un nain averti en vaut deux, c'est bien connu...

Le nain haussa les épaules, se gratta les fesses d'un air pensif pendant que ses compagnons de route ne pouvaient s'empêcher de se demander si un jour ce type-là en vaudrait deux... voire même un seul.