Quel est votre nom, voyageur ?
Eléasis (VIII) 1373, 2ᵉ chevauchée
   

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> Chapitre II : Premiers pas
écrit le : Dimanche 03 Janvier 2021 à 19h34 par Phineas
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Façonneur de Montagnes
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hrp.gif Le test de social représente l'autorité de Baelnar. Je vous laisse l'interpréter comme vous voulez, mais je considère qu'il est plutôt convainquant.

Et oui, vous avez perdu (sauf Joinon) des points "d'influence".


Farah et Joinon

Pendant toute la dispute, le gnome s'était contenté de les regarder en tapant régulièrement sa pipe contre le cendrier de granit posé sur son bureau. Si ils n'en avaient eu cure, ils n'avaient pas pu manquer ses sourcils qui s'étaient peu à peu froncé. Lorsque Abrulion avait a son tour quitté la pièce, un lourd silence chuta sur celle-ci, interrompu par le vidage final de la longue pipe amirale.

- Ne me faites pas croire que je me suis trompé en vous choisissant.

Il regarda alternativement Joinon et Farah. Son regard était lourd, très différent de celui qu'il avait porté jusqu'ici. En cet instant, le gnome rieur et blagueur était très loin et c'était l'amiral pragmatique, probablement aussi le professeur sévère qui avait pris le dessus. Joinon comme Farah comprirent immédiatement que le quatuor était allé trop loin pour ce que leur officier en chef pouvait supporter d'insubordination.

Le silence devint plus pesant à mesure que qu'il durait. Toute sauvage qu'elle fût, Farah savait reconnaître la colère froide et pouvait ressentir la déception qu'ils évoquait à Baelnar. Probablement l'un des plus proches en terme de mode de pensée de l'Amiral, Joinon, dont le tempérament n'était déjà pas des plus courageux devait lui bien voir que leur comportement ne correspondait pas à ce que l'Amiral se faisait d'explorateurs efficaces.

L’expédition était une entreprise gigantesque, tous en avaient conscience, mais peut-être jusqu'à ce moment n'avaient ils pas compris les sacrifices qu'avait certainement du faire leur officier pour les mener jusqu'ici. Peut-être n'avaient ils pas encore saisi la chance qu'ils avaient eu d'être embarqué dans celle-ci.


- Je n'ai jamais douté de vos compétences et vous me l'avez prouvé pendant le voyage, son regard s'attarda sur la rôdeuse. Mais ce genre de dissension stupide, non avenue et inutile je ne veux plus en voir. Vous êtes autant des explorateurs mais aussi des portes-étendards. Pas seulement de la flotte, pas seulement de moi, mais aussi de l'ensemble du continent.

Il se tourna vers Farah.

- Toi qui défend si ardemment la cause de la nature sauvage et de ceux qui l'habitent, il ne me semble pas, pourtant, que tu sois de celles qui désirent une scission radicale entre celle ci et la civilisation. J'entends ton passé - ne croit pas que je ne le connais pas - mais la méfiance et la querelle sont les moteurs vicieux de de la haine. Nous sommes aussi ici pour réparer les erreurs de ceux qui sont venus avant, heaumites comme balduriens. Ne laisse pas ta fougue transformer tous les peuples de notre Orient en ennemi de ceux de cet Occident. Laisse parler Varnas. Les autochtones pourraient prendre ombrage de lui, mais il est je crois suffisamment intelligent pour comprendre qu'il ne pourra pas se comporter ainsi devant une culture inconnue. Du reste il a lui aussi ses qualités, même si ils sont noyés sous ses défauts apparents. Tu seras heureuse le jour où ils t'épauleras sur une piste. Ses histoires ne sont pas que des mensonges, et quoiqu'il soit rabâcheur, son expérience est réelle, et elle pourrait s'avérer utile même si ses réflexes eux sont émoussés. Apprenez l'un de l'autre. On évolue pas en grandissant aux côtés de nos doubles.

Il se retourna ensuite vers le nain et l'examina longuement. Les peuples de Gond et de Moradin avaient un long passif d'entraide presque naturelle. Tous deux intellectuels, Joinon et Baelnar avaient immédiatement entretenu une certaine connivence de fait, quand bien même n'avaient ils pas eu beaucoup le temps de discuter. Pourtant à ce moment, il doutait que celle-ci exista encore :

- Je suis conscient néanmoins que la morgue de notre vieux bouc pourrait poser des problèmes, il laissa passer une respiration. Autant d'ailleurs, que les tendances que nous venons d'observer chez Abrulion. Pour ce dernier cependant, je pense qu'il aura tendance à suivre la décision collective. Le problème Varnas est aisément réglable. Qu'il s'en défende ou non, il a des réactions digne de la soldatesque.

Il marqua a nouveau un silence.

- Je voulais l'éviter, mais puisque je n'ai pas le choix... Joinon, tu as fait preuve de plus de désir de consensus que les trois autres, même si je souhaiterais parfois que tu te permettes de mettre tes avis plus en avant.
Aussi, tant que vous serez incapable d'agir de concert - ce qui ne veut pas dire que vous devez à tout instant être d'accord - tu dirigeras le groupe. Appuie toi sur les compétences des autres, écoute les, mais ce sera, si la concorde n'apparaît pas, à toi d'avoir le dernier mot.

Il se tourna a nouveau vers Farah.

- Je pense que la logique ne t'échappes pas Farah. Je n'ai pas besoin de faire de cette information un ordre, n'est ce pas ?

Maintenant, allez vous reposer, vous aurez besoin de toute votre énergie demain.

Les invitant à sortir, le gnome les suivit vers l’extérieur.


Abrulion et Varnas

Alors qu'Abrulion rattrapait le colérique Varnas et allait lui tendre sa bouteille ils eurent tous deux une sévère déconvenue. Un étrange bruit de métal se fit entendre derrière eux, et un instant plus tard, une main mécanique saisissait la bouteille avant de l'arracher des mains de l'halfelin. A l'autre bout du câble qui sortait de la main de métal se trouvait l'amiral, un petit et étrange objet techno-magique dans la main. Il les fixa avec un regard lourd de sens pendant qu'il vidait l'alcool dans l'eau, par dessus la rambarde du navire. Sans aucun doute le duo se trouvait il déjà à l'écart de la fête, vu l'humeur de Varnas. De tout évidence, le reste de l'équipage était conscient de la colère qui se lisait dans les yeux de l'amiral et n'osait pas approcher du gnome et de ses proies.

Son regard tomba sur Varnas :


- Est ce que tu sais pourquoi je t'ai engagé, Varnas Vanbran ? Pour trois choses. Pas plus, pas moins. Ton caractère et ta morgue ne sont ni l'un ni l'autre. Je t'ai engagé parce que tu connais Kara-Tur et que je pose l'éventualité que l'Empereur pourrait avoir envoyé lui aussi des explorateurs par l'autre mer. Je t'ai engagé parce que j'ose espérer que le contact de Baldur t'ai doté d'un bagage utile si jamais vous rencontrez les restes de l'expédition. Et enfin - quoique j'en doute désormais - parce que ton âge et ton expérience pourrait aider ton équipe à prendre les bonnes décisions. Certainement pas pour créer des disputes inutiles, parfois puériles, avec une compagne que pourtant tu pourrais voir comme ta fille. Sais tu d'où vient cette "gamine", Varnas ? De ce même lointain orient que tu as arpenté enfant. Oui, je sais, comme je sais la vie des quatre autres. Crois tu vraiment que mon choix soit hasardeux ? Mais contrairement à toi, elle a finit esclave, de Kara-Tur elle n'a pas ramené l'enseignement du bushido mais la haine des Tuigans. On m'a dit qu'il y a moins de quinze ans encore, tu étais un aventurier loquace et agréable, flamboyant, hautain peut-être, mais efficace et intelligent. Où est rendu ce Varnas là ? Vas tu me dire que la découverte d'Anchorome aujourd'hui, dans les années mûres de ta vie, ne vaut pas la découverte de Faerun dans tes jeunes années, si différente de l'Empire sous le Ciel ? Malgré ta crainte de la magie, il posa les yeux sur Abrulion un instant, vas tu sous entendre que tu ne comprends pas qu'une telle différence dans son existence ne t'intrigue pas ? Crois tu vraiment qu'un continent à la manne si fondamentalement différente ne peux pas être lui aussi, littéralement passionnant ? Est ce que ça n'excite pas ta fibre nomade ? Est ce que ça ne suffit pas à mettre un peu d'huile dans ta verve, histoire de pouvoir aller au bout ?

Il s'arrêta, observant la réaction de l'humain un instant. Il le savait imbibé, mais pas suffisamment pour ne pas comprendre qu'il venait de se faire rabrouer. Le gnome se tourna ensuite vers le halfelin.

- L'injonction, Abrulion ? C'est comme ça qu'on règle ses problèmes à Bulborp ? La dernière fois que j'y suis passé, ce genre d'opération pouvait signer ton arrêt de mort. Mes informations sont elles fausses, Abrulion ? Ne veux tu pas le bien, et la dignité des tiens ? Les hins de ta ville fournissent des Ménestrels depuis longtemps, eut égard au Sombrefort j'imagine. Trouves tu que tu fasses preuve d'une égale noblesse de cœur en utilisant la coercition mentale sur l'un de tes alliés ? C'est une chose d'utiliser ce genre de méthode lorsque les évènements le demande, mais lors d'un désaccord stratégique ? Je doute que Brandobaris lui même soit en accord avec ce genre de méthodes. Du gâchis d'énergie et une exposition inutile doit il penser.

Il marqua un temps d'arrêt.

- Je suis conscient que la vie t'a mené à utiliser des stratagèmes peu dignes, parfois pour t'en sortir. Mais en règle général, j'ai osé espérer que ce sont les extrémités qui t'y ont poussée. Pas un simple ennui passager. Tu es notre clerc, leur clerc. Tu sers peut-être le Maître Furtif, mais lui même sert Sheela et Yondalla, me trompes-je ? Dois je considérer, et voir en toi guère plus que les pires vauriens de Mask et non pas un fier membre du Bon Peuple ? Combien de hins sont morts dans l'ignorance de tous pour sauver les peuples - humains en premier lieu - qui les considèrent à peine plus que comme des parasites ? Veux tu leur donner raison en usant de telles méthodes ? Où être le premier fils de Yondalla à établir des relations avec les peuples d'Anchorome ? Peut-être même avec des cousins oubliés, qu'en sait on ? Mais je doute que tu y parviennes si tu abreuves la discorde à coup de semonce divine.

Il croisa ses mains derrière lui. Malgré sa taille - plus petit d'un ou deux centimètres que le halfelin lui même - il paraissait les dominer à ce moment. Des années de commandement, de stratégie, de diplomatie et de ruse avaient fait de lui un être complexe, ils le découvraient maintenant.

- J'ai nommé Joinon chef de votre groupe pour le moment, puisque vous semblez encore incapable, malheureusement, de faire œuvre de concorde. J'ose espérer que l'un comme l'autre vous plierez à sa sagesse. Si cela doit être un ordre, prenez le comme tel. J’espère que cette première épreuve vous soudera, et rendra cette nomination inutile.

Il leur lança une petite pastille blanche à chacun.

- La chimie n'est pas de la magie, Varnas. Ça devrait vous éviter la gueule de bois. Au lit.

◯ ◯ ◯


Année des Dragons Renégats (1373)
27 de Flammerige
Sur la rive de la baie d'arrimage de la Flotte Expéditionnaire


Le lendemain à l'aube, tous les quatre se réveillèrent étonnamment frais et dispos. Même Joinon avait reçu la pilule de l'Amiral. Ils comprirent immédiatement qu'il ne s'agissait pas là de magie, en effet. Si la gueule de bois était absolument inexistante, ils se réveillèrent avec une relative fatigue qui ne tarda pas néanmoins à disparaître. Farah évita cet éphémère état de faiblesse puisqu'elle n'avait pas abusé le soir durant.

Ce qu'ils avaient décider d'emporter avec eux avait été empaqueté sur le pont et la mule de Varnas, nourrie et sellée, les attendait sur la petite barge qui allait les mener vers la rive. Tous, probablement, se souvenaient du sermon de l'Amiral, restait à espérer qu'ils allaient trouver un terrain d'entente. Toujours était il qu'il était désormais temps de progresser vers le nord. Une fois la route rejointe, c'est avec le soleil qu'ils commencèrent leur périple...



Jour 1

Probablement dans un certain silence, le premier jour s'étira sur de multiples réussites. Varnas, d'abord, s’avéra bien plus compétent que certain - ou plutôt certaines - ne semblaient le croire. Probablement pas encore tout à fait remise de leur dispute, la rôdeuse ne fût effectivement pas en mesure de les guider correctement pendant la moitié de la journée. Sans l'intervention du Vieux, ils auraient dû traverser de plein pied une mangrove qui s'étendait sur une bonne lieue, à peine eurent ils commencer leur voyage. C'est bien Varnas qui trouva le moyen de contourner l'obstacle, en trouvant un sentier praticable à travers la forêt. Le détour leur valu probablement une ou deux heures, mais tous le monde s'accorda sur l'évidence que, traverser la mangrove - si tant était que c'eut été possible avec la mule - leur aurait couter au moins une journée, sans parler des provisions et équipements qu'ils auraient pu y perdre.

C'était probablement la première fois pour une partie d'entre eux qu'ils croisaient ce genre de végétation. Cette végétation luxuriante, vivant dans un marais océanique avait de quoi surprendre, mais ils restaient satisfaient d'avoir pu s'éviter sa traversée.

Ils continuèrent dans la forêt un certain temps, le sentier s'élargissant un peu, ils ne voyaient pas l'intérêt immédiat de rester à découvert. Les arbres, immenses, leur donnaient parfois l'impression de plonger dans la nuit lorsque les cimes étaient si rapprochées qu'elle produisait une ombre aussi noire que de l'encre. Parfois, à l'inverse, des trous dans la végétation faisaient revenir la lumière sur eux. Au sol, l'humus humide permettait la croissance de légumes sauvages dont ils prélevèrent quelques spécimens. Varnas et Farah testèrent de petit bout de petits tubercules. Sans être très gouteux, l'absence de réaction localisée sur leur langue au bout de plusieurs heures les convainquirent qu'il ne s'agissait pas de fruits empoisonnés, c'était toujours ça de pris.

C'est alors que le soleil commençait à coucher que la plupart d'entre eux, Farah en tête, remarquèrent quelques choses, un mouvement, un peu plus au nord dans la forêt. L'adepte du Chevaucheur pris les devants, peut-être pour regagner le point accordé à Varnas, et chercha de quoi il s'agissait.

Elle trouva vite. Sur un arbre immense, un lézard de plus de cinquante centimètres, semblait prendre le soleil sur l'unique tâche de lumière qui réussissait à frapper le tronc qu'il avait pris pour lit. Ses écailles argentées reflétaient la lumière, mais c'était certainement ses quelques écailles turquoises, sous son cou, qui les avaient attirer en provoquant des reflets turquoises autour de lui. Suffisamment furtive, la rôdeuse eut la satisfaction d'observer cet animal, qui si il ressemblait aux lézards qu'on trouvait en Faerun, lui semblait bien endémique du continent. Elle put même faire approcher ses compagnons, peut-être moins intéressés, mais lorsque la mule gratta la terre, le lézard, malgré sa taille, finit par s'enfuir dans les frondaisons.

Après cette découverte, au soir, ils trouvèrent havre sous les arbres non loin de là. Si il faisait un peu plus froid à l'abri des géants de bois, ceux ci les coupaient complètement du vent, et après avoir mangé une ration (il était encore trop tôt pour espérer chasser), ils ne leur suffit que d'une couverture pour s'endormir paisiblement.



Jour 2

Le lendemain, c'est probablement avec quelques douleurs liées à cette première nuit à la dure qu'ils se réveillèrent. Réveillés par la rosée, toujours au milieu des grands arbres, il faisait encore si sombre qu'ils se demandèrent un certain temps si ils n'étaient pas au milieu de la nuit. Farah et Varnas optèrent pour reprendre quelques temps la voie de l'est pour rejoindre la côte.

Désormais habitués à la nature des environs, ils réussirent à traverser la forêt, non sans difficulté tout de même vue sa densité. Il le fallu une bonne heure, mais c'est avec un probable ébahissement qu'ils purent assister au lever du soleil sur la mer. A part Varnas - à condition qu'ils soit jamais allé sur les rives les plus orientales de l'Empire - aucun d'entre eux n'avait probablement jamais vu le soleil se lever sur l'océan depuis la terre. Les falaises de pierre ocre découpaient le bas de leur horizon pendant que l'astre du Matin se levait, lentement, embrasant l'eau sur de nombreuses lieues. Le ciel, dégagé et le temps doux pour l'époque disait qu'ils passeraient probablement une bonne journée.

Farah et Varnas remarquèrent d'ailleurs une légère modification de la tendance météorologique pendant la journée. Au milieu de l'après-midi sans que le temps ne change drastiquement et après les quelques trente lieues qu'ils avaient parcourus depuis le jour précédent, la température commença progressivement à baisser alors que les environs s'asséchaient un peu. Le changement météorologique s'accompagnait d'un changement de terrain. Des restes de la mangrove contournées plus tôt, ils passaient à un terrain moins humide avec une végétation plus proche peut-être de ce qu'ils connaissaient sur la Côte des Epées, quoique éminemment plus luxuriante.

C'est en fin d'après midi, alors que la fatigue se faisait sentir, qu'ils remarquèrent un changement dans la teinte du sol devant eux à l'horizon. Les pieds du nain et du halfelin les travaillaient mais, encouragés par Varnas et Farah, et intrigué par ce changement, ils poussèrent la randonnée pendant deux heures de plus.

Le changement de teinte venait d'un changement total de nature du terrain. D'une falaise terreuse, c'était désormais sur plusieurs lieues, un gigantesque rocher gris clair qui s'étendait sous le pieds. La raison leur échappait à tous. Comment une incursion aussi aussi gigantesque de pur roche avait elle put se produire ici ? C'était comme une coulée de pierre brute. La forêt pourtant avait du finir par fracturer la roche et la densité baissait à peine. Sans réussir à résoudre cet énigme, se forcer à faire ces dernières lieues leur avait tout de même donné quelque chose. Au loin, trop loin ils ne purent manquer des lumières qui ne pouvaient être d'origine sauvage.

Vu le terrain, arriver par la côte leur retirait toute possibilité de surprise si ils avaient bien devant eux, a encore au moins une journée de marche (probablement un effet de mirage leur permettaient ils de voir loin), une preuve de civilisation autre que les totems. Pire, si ils pouvaient voir d'ici les quelques lumières, en allumer les dévoilerait probablement également. Et ils se détacheraient, le jour venant, sur le gris de la roche.

Probablement cette nuit là appelait elle a un conciliabule pour décider ce qu'ils feraient dans la journée.



◯ ◯ ◯



La Goualeuse

La jeune femme ne le savait pas. Sa jeunesse aquafondienne ne l'avait pas informée de sa sensibilité aux roulis de la mer. Les quelques premiers jours avaient été supportable. Son estomac lui faisait des misères mais sans que ce soit insupportable. Alors que s'approchait la fin de la première décade cependant, les choses s'empirèrent. Quelque soit ce que faisait la jeune femme, elle ressentait en permanence une certaine envie de recracher ses tripes, la tête lui tournait et de pâle elle était devenue fantomatique. Bientôt, elle n'eut d'autres choix que de s'isoler dans l'infirmerie la grande majorité du temps. Une fois elle avait réussi à sortir, un soir où la mer, d'huile, ne roulait plus, et que les navires s'étaient rapprochés pour que puisse s'organiser une petite fête. C'était probablement son unique moment de grâce de tout le voyage. Régulièrement, Syna, la jeune gnome, fille de l'Amiral, venait prendre de ses nouvelles. Elle compris vite que, loin de lui en vouloir, l'officier en chef s'inquiétait de sa santé, certain qu'elle retrouverait du poil de la bête une fois qu'ils auraient atteints la terre.

La nuit où ils avaient été attaqués avait certainement été la plus difficile. Ses compagnons, qu'elle avait rapidement appris à connaître pendant le mois de préparation précédent le départ, étaient en danger, comme l'intégralité de l'équipage. Elle souhaitait probablement aider, mais jamais son corps ne l'avait plus empêché de se lever... si bien qu'en plus de la maladie, elle avait craint toute la nuit de sombrer au fond de l'océan sans pouvoir rien faire pour l'éviter. Ce n'est que des heures après la fin qu'elle avait appris de la bouche de Syna ce qui s'était passé... Ce qui n'avait probablement rien pour la rassurer.

Mais avec la peine viens souvent la récompense. Deux ou trois jours (elle n'en était pas certaine) plus tard, enfin, elle entendit le doux bruits des oiseaux côtiers. Ce symbole universel, qu'elle avait entendu son enfance durant, que la terre était proche. Elle compris, et Kezan, le médecin de bord, l'informa vite qu'ils approchaient en effet de la terre. Comme il la prévint, son mal passa alors que les vagues cessaient peu à peu. Et quand enfin les navires furent mis à l'ancre, elle senti le mal commencer à se dissiper... Elle ne put participer à la fête d'arrivée. En vérité, les fumets qui lui arrivait au nez avaient relancer ses hauts-le-coeur. Mais le lendemain matin, bien après le lever du soleil, elle se réveilla avec l'impression que quelque chose clochait... Et elle compris vite que, pour la première fois en un mois, elle se sentait bien. Kezan l'examina, et avec un sourire serein, le docte théthyrien lui appris qu'elle était enfin prête au service et la chassa avec chaleur de son infirmerie.

Elle ne put profiter de l'air frais et du décor qu'une heure à peine avant que Syna ne vienne la trouver :


- Ah ! Tu es enfin réveillée !, la jeune gnome couru vers elle et lui saisit puis lui secoua la main. Ses grands yeux globuleux transmettaient autant son énergie que son soulagement, papa commençait à se demander si tu sortirais un jour du coltard.

Elle lui raconta rapidement les derniers évènements, et l'informa du départ du reste de son équipe le matin même. Si elle était peut-être déçu, ce premier voyage n'était pas sensé durer longtemps et l'ancienne courtisane était peut-être rassurée d'avoir un peu de temps pour se remettre. Au milieu de leur conversation, une elfe aux cheveux auburn et au visage plus anguleux que la moyenne de sa race vint également lui dire bonjour. Elle se rappela qu'il s'agissait de Thyrine, la cartographe de la flotte.

- Ah, bonjour ! Je vois que le dernier membre de notre équipe est enfin remise..., elle n'attendit pas pour être directe, mon frère disait toujours qu'il ne fallait jamais attendre avant de retourner à l'eau. Avec d'autres, nous allons explorer les environs un peu plus en profondeur cet après midi, que diriez vous de nous accompagner ?



Lancers...



Voyons voyons mon jeune ami, vous croyez vraiment que les montagnes grandissent seules ?
 
 
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écrit le : Vendredi 08 Janvier 2021 à 23h00 par La Goualeuse
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L'étrange et terrible malédiction de la Déesse des Profondeurs, jalouse ennemie de la Dame aux Cheveux de Feu, avait commencé à se dissiper dès que la terre fut en vue.

La Goualeuse, clouée à son grabat d'infirmerie depuis des semaines, avait lentement recouvré ses forces. L'appétit lui était revenu à mesure que son estomac s'était dénoué, et si son corps entier était encore courbaturé et sa démarche moins légère qu'à l'accoutumée, ses joues avaient retrouvé leur discrète carnation et ses yeux leur éclat. Elle ressortait de cette nouvelle épreuve quelque peu amaigrie, comme hébétée par un trop long sommeil, mais Kezan lui avait assuré qu'elle ne traînerait pas longtemps ces séquelles.

Pieds nus dans le sable chaud, elle s'était longuement repu des caresses du soleil, goûtant avec un plaisir insoupçonné l'air frais et se délectant du chant d'oiseaux inconnus. Syna avait fait irruption au beau milieu d'une séance d'étirements, où la belle s'efforçait langoureusement de retrouver la souplesse qu'une inactivité forcée lui avait arrachée. C'était à cette jeune gnome, la fille de l'Amiral, qu'elle devait de ne pas avoir perdu toute notion du temps pendant leur douloureux périple, mais aussi de ne pas s'être abandonnée à la mélancolie. Les visites quotidiennes de cette compagne sympathique et pleine d'allant avaient été un parfait antidote à la morosité ! Aussi lui fit-elle bon accueil, écoutant le bulletin du jour tout en forçant sur son grand écart, l'oreille attentive, le visage un brin crispé.

Que ses compagnons soient partis sans l'attendre ne l'étonnait guère, ni ne la vexait : les enjeux étaient trop importants pour différer l'exploration. Par ailleurs, ils ne pouvaient courir le risque de de laisser devancer par l'équipe rivale. Que Baelnar ait dû procéder à un recadrage en règles avec des aventuriers aussi expérimentés qu'Abrulion, Farah et Abrulion la rendait en revanche plus perplexe. Le vieil alcoolique ne lui inspirait pas une pleine confiance, il devait tôt ou tard sortir du rang... Joinon, mesuré et réfléchi, ferait ne ferait un bon chef que s'il arrivait à mater les deux fortes têtes. Ce n'était pas gagné !

L'aquafondienne essayait d'en savoir plus au sujet de la terre nouvelle sur laquelle ils avaient trouvé refuge quand Thyrine, la docte carthographe de l'équipage, vint à leur rencontre. Si la convalescente ne goûta pas du tout le remède fraternel évoqué - rien ne lui faisait moins envie alors que de retrouver le roulis des vagues - elle n'en laissa rien paraître.


- Un peu d'exercice me fera le plus grand bien, répondit-elle avec enthousiasme. J'allais presque oublier comment marcher... Quelle horrible traversée !

Quelques minutes plus tard elle retrouvait les expéditionnaires, après un détour en cabine pour s'équiper. En dépit de la chaleur, elle avait revêtu une cape d'un gris laiteux, dont l'étoffe paraissait cependant légère. Son sac ne paraissait pas trop volumineux : Farah, d'un redoutable pragmatisme, lui avait appris à ne garder que le nécessaire. Une lame à la garde finement ouvragée battait son flanc.



Tous recherchent l'aventure... Moi, c'est elle qui m'a trouvée.
 
 
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PM
écrit le : Dimanche 10 Janvier 2021 à 23h10 par Thojan
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Varnas n'avait pas apprécié la tentative d'injonction. S'il était prêt à baisser sa méfiance face à une magie convenue et un effet prédéterminé, il ne s'attendait pas à une telle intrusion, une telle coercition, de la part d'un supposé compagnon d'armes. Son visage était de marbre, et souriait encore moins que d'habitude. L'intervention du gnome n'améliora pas son humeur. Différentes personnes réagissaient différemment face à la critique; dans d'autres circonstances, Varnas aurait peut-être pu être conciliant, mais ce jour-là, il encaissa tout sans broncher. On voulait qu'il soit efficace ? Il allait être efficace…

Cette nuit-là, malgré les libations de la soirée, il mit du temps à s'endormir. Il rongeait son frein, repassant d'anciens souvenirs dans sa mémoire. Varnas avait survécu à bien des dangers, et bien des aventuriers plus enthousiastes. Il avait vu beaucoup de naïfs ou de dévots, paralysés par la découverte d'un nouvel horizon, l'écrasante majesté d'une avalanche ou le vol majestueux d'un dragon. Il ne se pâmerait pour ce nouveau monde où, de toute évidence, il découvrirait les mêmes circonstances qu'ailleurs. Il trouverait ses marques et parviendrait à ses fins, comme toujours… Dégrisé par l'altercation, il avala tout de même la pilule avec une gorgée de sa flasque. Le lendemain, ils suivraient le chemin qui menait au nord…


– Dors bien, Bonaface, tu vas avoir besoin de toutes forces…

Au réveil, il étrilla la mule et la chargea, y compris le matériel du groupe. Il refusa cependant d'outrepasser les forces de l'animal, ce qui aurait ralenti son déplacement, et sans doute causé des blessures en cas de course ou de terrain difficile. Lui-même s'était chargé au maximum pour rester rapide et endurant, mais à part Farah, les autres n'étaient pas vraiment en mesure de porter beaucoup d'équipement. Tant pis ! Il n'eut pas beaucoup de mots pour ses compagnons, et se contenta d'attendre le signal du départ, en parfait muletier.

La découverte de la mangrove lui évoqua les récits des voyageurs venus du royaume des jungles de Malatra, du sud de Kara-Tur. Là-bas, disait-on, tout le pays n'était qu'une jungle immense, dont les "arbres qui marchent" avançaient même dans l'eau. Et la même description avait été faite par des membres du Poing Enflammé, revenus de Chult. Sa mule ne montrait pas plus d'envie d'y pénétrer que lui, et pendant qu'on discutait des options, il prit la tête du groupe pour contourner la formation végétale, sans avoir encore prononcé plus de quelques mots.

Il faillit pourtant partager une mise en garde quand le groupe découvrit et approcha le lézard aux reflets azur. Ces écailles rappelait le béhir dont les décharges électriques pouvaient foudroyer un homme, même si les béhirs mesuraient plusieurs mètres, et avaient une douzaine de pattes… Sa théorie n'eut pas l'occasion de se confirmer… Heureusement.


¤ Les roses ont des épines… Surtout celles qui sont jolies… ¤

Après une nuit calme dans la forêt, le lever de soleil tenta de le faire penser à son père, et son ambition jamais concrétisée d'installer un comptoir en Wa; ces insulaires étaient trop xénophobes… Varnas n'arrêta pas la marche de sa mule, mais vérifia la bonne tenue d'un long et fin paquetage, sur l'animal. Le commentaire de l'amiral sur l'éventualité d'une expédition venue de Kara-Tur l'avait marqué, la veille. S'étaient-ils tant rapprochés de l'orient, en allant vers le ponant ? C'était une perspective intéressante, mais il s'était juré de rester concentré. Il chassa l'éventualité de son esprit, salua machinalement Lathandre et scruta à nouveau le terrain. Bien plus tard, ce fut le sol rocheux gris qui lui délia enfin la langue.

hrp.gif Je vous laisse répondre avant de discuter de la suite.


 
 
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écrit le : Mardi 19 Janvier 2021 à 08h35 par Abrulion Bascollier
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a discussion dans le bureau de l'amiral avait tourné au vinaigre. Les détails d'ego des grandes personnes discourant de la vitesse de marche des petites personnes en terrain sauvage, était au mieux de la spéculation pure, et au pire des insultes en bonnes et dues formes. Il avait mis fin au désastre de manière efficace. Certains donnaient des coups de botte au cul, lui, vu sa taille, s’était plutôt formé à autre chose. S'il fallait le refaire, il le referait.
A ce titre, le hin n'avait pas bronché outre mesure face aux remontrances du gnome.
Ils avaient signé un contrat, et allaient mener à bien l'exploration - la suite n’était pas plus compliquée que cela. L'autre alternative était de rentrer à la nage sur le dos de leur nouvel ami la baleine-esprit.

Il attaqua la route avec le détachement habituel. Il laissait les grandes jambes faire le chemin et tasser la boue ou les herbes, et se contentait de marcher dans leurs pas, littéralement. De toute manière, ce n'est pas comme s'il aurait pu voir loin devant.

Battre la campagne de la sorte lui rappelait son escapade avec Perula. Cette aventure à Leilon semblait bien loin déjà, bien que cela fasse deux lunes seulement.

Il fit le parfait compagnon explorateur, lança les sorts de détection du poison, purification de nourriture lorsqu'il le fallait, fit une réparation mineure lorsque la situation le demanda, et donna même à manger à la mule. Il ne se gêna pour user des pouvoirs de son dieu lorsque le terrain se montra trop accidenté, avoir une liberté de mouvement pour ses petites jambes qui essayaient de passer par dessus ou dessous les racines des géants de la forets était un luxe qu'il regrettait ne pas pouvoir utiliser plus longtemps. Il se rappelait cependant qu'il y a quelques années de cela, il ne pouvait au mieux faire qu'une vingtaine de pas sous cet effet. Il en faisait maintenant le triple au moins.

Il posa lourdement son sac au sol, et se baissa un peu, il n'en avait pas vraiment besoin, pour observer le sol.


- Cet terrain ne m'inspire pas confiance. Juste avant d'arriver à Eauprofonde, je suis passé par Padhiver. Le volcan à proximité de la ville produisait une roche similaire, mais pas identique, je l'ai appris de la manière forte quand un gamin m'a vendu un caillou au prix du basalte. Il regarda autour du groupe. "Et je ne vois pas de volcan dans le coin."

- Pour vivre heureux vivons cachés, disait mon vieux. Inutile d'allumer un feu en terrain ouvert pour se faire cueillir pendant la nuit. Allumons un feu à l’abri d'un relief et utilisons enfin l'une de ces toiles que l'on trimballe depuis deux jours pour en cacher la lumière.

- Je serais d'avis de nous rapprocher de la côte, voir si nous pouvons faire débarquer nos bateaux - me trouver à trois jours pleins de marche du ravitaillement avant de faire connaissance, ne m'enchante pas particulièrement.



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N0 : Détection du poison, Lumière, Détection de la magie, Purification de nourriture et d’eau
N1 : Repli expéditif (domaine), Courant d’air ascendant, Main-araignée, Tenue d’apparat
N2 : Localisation d'objet (domaine), Membres arachnéens, Soins modérés
 
 
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écrit le : Mardi 19 Janvier 2021 à 11h46 par Joinon
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- Marthammor, je te serai grée de m'accorder un peu plus d'attention durant les prochains jours! lâcha tout haut Joinon en s'asseyant à même l'étrange sol minéral.
Tout en se massant vigoureusement le pied à travers son épaisse botte, le nain se promit d'avoir une pensée pour le Protecteur des errants avant de s'endormir.


- Je ne suis certes pas aussi érudit que certains des miens concernant la pierre et ses déclinaisons, mais je dois dire que je n'ai jamais vu quelque chose comme ça, du moins pas en surface.
Quelques images fugaces de l'Outreterre lui revinrent en surface, mais il préféra se détourner de ces souvenirs lorsque ceux-ci le ramenèrent à un certain champignon...
- J'imagine qu'il pourrait en effet s'agir d'une traînée de lave comme on peut en trouver autour du Lac de vapeur, dans le sud. Un volcan souterrain peut-être ? La lave serait alors remontée en surface ? conjectura-t-il sans savoir si une telle singularité était seulement possible.

Le barde posa sa main sur la roche.

- Mais peut-être va-t-on bientôt pouvoir en apprendre plus ! ajouta-t-il, enjoué, en levant son menton barbu en direction des lumières lointaines.
Suivre la route était une bonne idée. Reste à savoir ce qu'il convient de faire à présent. Je suis d'accord avec Abrulion sur un point, restons prudents. Mais prenons garde à ne pas confondre prudence et méfiance ! sermonna-t-il en agitant un index devant lui. Ne partons pas du principe que les indigènes sont dangereux, et ne faisons pas l'erreur d'aller fureter en secret autour de leur camp, ville, ou quoi que ce soit. Nous sommes des visiteurs ici, non des chasseurs, exposa-t-il en appuyant son regard sur Farah et Varnas dont il craignait les instincts de traqueur.

- Quant au second point, à savoir les bateaux, je ne peux taire une nouvelle fois mon appréhension quant au fait de se dévoiler comme de potentiels serviteurs de la Baleine.
Par précaution, Joinon voulait éviter se se faire surprendre en arrivant par la mer, mais il ne tenait surtout pas à retourner dans sa prison flottante. Bien que le confort des hamacs lui manquât, le barde avait regoûté avec un certain plaisir à la liberté du bivouac.
- Mon avis reste de se présenter au plus tôt aux locaux, acheva-t-il comme une invitation à entendre l'avis des autres.



Malheureux le royaume qui n'a pas de héros.
 
 
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écrit le : Jeudi 21 Janvier 2021 à 03h47 par Schninkel
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Loin du constant roulis des vagues et de la vie en collectivité, Farah se sentait à présent bien mieux. Elle arpentait les rivages de ce nouveau monde avec enthousiasme et profitait de la musique de la forêt. D’étranges cliquetis et le bourdonnement des insectes. Les froissements assourdis d’animaux de la forêt. Ces bruits ne la perturbaient pas, bien au contraire. Cela semblait éveiller ses sens. Profitant de sa cape de facture elfique et de son armure enchantée, elle visita les lieux telle une observatrice fantomatique, mais jamais très loin, ne les quittant jamais longtemps des yeux.

Après quelques jours de voyage, ils atteignirent une position dominante sur le panorama qui permit de découvrir des lumières qui ne pouvaient être d’origines sauvages. Un rictus discret se figea à ses lèvres tandis qu’elle contemplait les réactions de ses coéquipiers. Il avait une nouvelle preuve qu’une civilisation était bien établie. Il ne restait plus qu’à déterminer dans quelle mesure. Les perspectives ne semblaient pas encore offrir de quoi être inquiet ou abattu, car personne ne savait vraiment ce qui les attendait.

Acquiesçant brièvement à l’humeur générale, gardant pour elle l’essentiel de ses pensées, Farah se détourna discrètement, en quête d’un endroit propice pour passer la nuit. Dans le même temps, elle chercha instinctivement un arbre parmi les arbres, assez vieux pour être considéré comme sacré et vénérable. Un chêne aux branches épaisses susceptible d’avoir été planté avant l’apparition de cet étrange phénomène géologique. La chasseresse décrirait un cercle dans l’air en prononçant la formule pour révéler les pensées intérieures de la flore, l’histoire d’un esprit et ses changements de perception. Peut-être que l’un de ces géants avaient été témoins des modifications topographiques devant lesquelles le groupe s’était arrêté.


 
 
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écrit le : Dimanche 24 Janvier 2021 à 21h03 par Thojan
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Varnas savaient pister les traces et aimait savoir des choses, mais pas au point d'étudier les cailloux. Lui aussi avait déjà vu des roches magmatiques, et les Pics de feu le long de la voie dorée valaient certainement tous les volcans faerûniens… Comme la forêt avait poussé à travers, cette couverture de roche était sans aucun doute ancienne, et pas très profonde. La nature était extraordinaire, mais il n'avait encore rien vu qui poussait à travers un mètre de pierre. Ce n'était donc qu'un détail paysager sans intérêt.

– Ou alors c'est un ravage magique…

Il se baissa pour inspecter la roche. Il avait déjà vu des rochers tellement abrasifs qu'ils en étaient coupants au toucher. Ils ne pourraient pas avancer sereinement sur une telle surface, ne serait-ce que pour leur animal de bât.

– Le serpent a raison: il faut dissimuler notre bivouac. Nous devons initier la rencontre, pas la subir. Pour le reste, c'est comme tu veux, Petit chef.

Il venait de décerner à Joinon un nouveau surnom, mais avait pour la première fois esquissé un sourire. Peut-être que l'un valait l'autre… Les bateaux n'allaient pas les suivre à la trace, d'après ce que Varnas avait compris. Il serait bien temps de revenir et de suggérer un meilleur point d'installation quand ils auraient exploré davantage. Et de toute façon, mieux valait aller vers le sud, il l'avait suffisamment répété. Mais pour la prise de contact avec les indigènes:

– J'ai l'habitude de traiter avec toutes sortes de gens, et de races. Si ce sont des humains, tant mieux. Sinon, je me fais fort de leur expliquer qu'on vient en paix. Pour leur demander la permission d'abattre leur forêt et de fonder une ville, ça va être moins évident. Heureusement, mon charisme naturel joue en notre faveur…

Il émit un petit ricanement.


 
 
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écrit le : Dimanche 31 Janvier 2021 à 07h44 par Abrulion Bascollier
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¤ Serpent ? ¤

Se faire traiter de la sorte était sans doute un compliment de la bouche d'un tel énergumène.

- Merci pour le compliment, vieux.

Lança-t-il dans un ton le plus sérieux du monde, alors qu'il fouillait dans son sac pour y retirer ses affaires de bivouac, et y remettre un peu d'ordre. Sans être un adepte de l'organisation obsessionnelle, le hin détestait perdre des affaires. Cependant, vu les habitudes inhérentes à sa race, cela lui arrivait souvent - trop à son goût. Ranger ses affaires n’était qu'un seau face à une inondation : permettre de rassurer, sans rien changer au résultat.
Sentiment de sécurité ne valait-il pas au moins autant que sécurité réelle ?

Il se souvint subitement qu'il devait tester sa magie. La marche à longueur de journée lui en avait totalement ôté l’idée de l'esprit depuis leur départ du bateau. Au moins, son dieux semblait répondre à ses prières du soir, c’était déjà une bonne chose.
Le soir approchait à grand pas, il n'y avait pas de temps à perdre.


- Je vais user d'un peu de magie, pour voir si elle est toujours avec nous.

Il n'en dit pas plus, et se mit immédiatement à incanter.

Il commença par une détection du poison qu'il lança sur la nourriture rapportée par Farah la veille. Lumière suivit, sur un gravier qu'il couvrit aussitôt - il le garderait à l’abri le temps du sort, pour voir s'il tenait la durée habituelle. Il activa son pouvoir extraordinaire de liberté de mouvement et s’écarta un peu du camp pour lancer une détection de la magie. Il entreprit d'inspecter le sol et les alentours. Qu'en était-il de ces fils de magie issus des totems ?

Le sort suivant demandait un peu plus d'application et de concentration. Il revint s’asseoir sur son sac et lança main-araignée : la sensation, comme toujours, était désagréable, un mélange de fourmillement intense et d’écoulement d'eau froide sur sa main maintenant décrochée. Il envoya l’araignée en limite de portée, puis entreprit de lui faire faire le tour du camp en maintenant sa distance maximum. Il voyait à travers ses huit yeux ; c’était à la fois passionnant et perturbant d'avoir un champ de vision si large.

Une fois sa main revenue, il convoquerait un groupe de corbeaux fiélons sur son sac. Tout un chacun savait que Varnas avait un penchant pour ces volatiles. Sa répulsion pour la magie sera-t-elle plus forte ? Le hin voulait le savoir ; il chercha le rôdeur des yeux alors que son incantation finissait.

Il invoquerait ensuite la bénédiction de son dieux pour transformer le sort de purification de nourriture en sort de blessure superficielle. Il viserait son petit doigt de la main gauche, sachant pertinemment qu'un tel inconvénient serait soigné dans la nuit.

Il finirait enfin par cette petite merveille d'intensité divine, un sort de restauration partielle lancé sur lui-même, qui lui permettrait de faire disparaître toute fatigue et entamer son moment de recueillement auprès de Brandobaris, de la meilleure des façons.


hrp.gif Lance :
N0 - Détection du poison (Divination) - sur les légumes de Farah
N0 - Lumière (Évocation [lumière])
Liberté de mouvement (pouvoir de domaine, extraordinaire, Abjuration) - 3 rounds
N0 - Détection de la magie (Universel) - sur les environs du camp
N1 - Main-araignée (Transmutation) - ronde de 18m de rayon autour du camp
N2 - Convocation de monstres 2 (Invocation (convocation) [Loi, Mal]), 1d3 corbeaux fiélons
N0 - Blessure superficielle (Spontané à la place de Purification de nourriture et d'eau, Nécromancie) - 1 dégât
N2 - Restauration partielle (Spontané à la place de Rapport, Invocation (guérison))



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N0 : Détection du poison, Lumière, Détection de la magie, Purification de nourriture et d’eau
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écrit le : Mardi 02 Février 2021 à 19h08 par Phineas
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Façonneur de Montagnes
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La Goualeuse

Qu'il s'agisse de Luruar ou de la Côte des Épées, la jeune femme n'avait probablement jamais vu ce genre de paysage. La Grande Forêt était immense, certes, mais la densité des arbres qui s'étendaient après la plage était sans commune mesure. En y plongeant les yeux, il y avait toujours un endroit où le noir absolu se faisait entre les troncs.
Le dépaysement était aussi grand concernant la faune locale. Des oiseaux particulièrement colorés et, remarqua t'elle bientôt, probablement des singes. Quoiqu'elle n'en ait jamais dit auparavant, un zoologiste le lui confirma lorsqu'elle aperçu de grands bras poilus et des yeux curieux se balader entre les arbres.

Pendant qu'une bonne dizaine de savants de tous horizons se perdaient déjà dans des circonvolutions, chacun passionné par leur sujet de prédilection (là la géologie, la l’ornithologie, et caetera...), Thyrine et Syna semblait un peu plus dynamique. En leur compagnie, la cantatrice s'éloigna rapidement de la rive pour rejoindre les terres. Performante, l'elfe notait et cartographiait grossièrement mais précisément ce qu'ils traversaient. Parfois elle les laissait devant pendant qu'elle prenait quelque mesure, mais elle les rattrapait vite.


- Ce n'est qu'un premier plan. Il faudra des semaines avant d'en établir un précis.

En jetant un regard sur les feuilles qui s'enchainaient, la Goualeuse cependant remarqua que les talents de cartographe de l'elfe pourrait bien faire des envieux tant son "premier jet" semblait déjà au dessus d'une partie des cartes qu'elle avait vue dans sa vie.

Syna quant à elle était comme à son habitude aussi volubile que dynamique. Malgré ses courtes jambes, elle était souvent devant, à observer quelque chose qui l'intriguait, avant de revenir prendre la conversation. Elles passèrent prêt des totems que, l'informa la jeune gnome, les quatre autre aventuriers avait observé et qualifié de magique le jour précédent. Ils y restèrent quelques temps, peut-être la jeune citadine pourrait elle y voir autre chose. Elle n'avait pas les connaissances requise, mais les talents d'observation était l'un de son point fort. Et elle trouva effectivement, enfoui sous le totem au cerf (une petite bute terre sableuse l'indiquant), ce qui semblait être des restes d'offrande : quelques petites paillettes d'or brut et de bois flotté. Les offrandes ne valant rien, et les prendre étant un risque sévère, elle remis la terre par dessus et continua son chemin.

Ils avancèrent encore quelques temps en discutant. Le jour était agréable, le vent frais et de la forêt une odeur de humus et de fleurs exhalait. C'est en début d'après midi alors que, après avoir cassé la croûte, elle s'apprêtaient à revenir sur leurs pas que la Goualeuse remarqua quelque chose. Au pied d'un arbre se trouvait une petite sacoche de cuir, dont la boucle d'acier poli avait brillé au soleil. A côté se trouvait le foyer, désormais sec, d'un feu de camp. Dans le sac elle trouva ce qui semblait être des rations de survie. Probablement laissée la depuis un moment... Les trois femmes mirent un certain temps à se rendre compte de quelque chose d'étonnant, alors que c'était sous leur yeux : la bouteille vide qui accompagnait les rations, qui avait dû contenir du vin, comportait une étiquette. Et sur c'est étiquette, quoique délavée se trouvait quelques mots... en commun : Cadeau du Heaume et de la Cape pour les courageux de Fort Flamme, et plus loin, Vin d'Alurlyath, 1367 ....

Si la Goualeuse ne savait pas de qui parlait l'étiquette, elle savait que Fort Flamme était la forteresse construite par les aventuriers balduriens ici, et que le vin d'Alurlyath lui, était vinifié dans les sombres recoins de Port-Crâne, sous son Eauprofonde natale (ce qui n'en faisait pas un vin particulièrement malfaisant pour autant).



Les Quatre qui vont finir par se mettre dessus

Apparemment, donc, il s'agissait de dissimuler le campement pour pouvoir, a posteriori, initier la rencontre. Quoique Joinon ne paraisse pas tout à fait d'accord, monter le camp discrètement, puis aller à la rencontre des éventuels autochtones semblait créer un relatif consensus.

Ils montèrent le camp rapidement, après être retourné à l’abri des arbre, quoique sans s'enfoncer dans la forêt. A l'aide des toiles huilées et des tentes, ils purent profiter d'un emplacement tranquille et chaleureux où ils pourraient peut-être décider plus clairement de la stratégie à suivre le lendemain. Puisqu'ils étaient non loin de cette étrange fracture de pierre, ils purent aussi passer autant de temps qu'ils le souhaitaient a examiner la pierre. D'abord, contrairement à ce qu'ils avaient crus au début, les arbres n'avaient pas poussés à travers. En vérité, la flore s'était rapidement adaptée. Les arbres poussaient par couche. Des plantes rampantes avaient peu à peu recouvert la pierre, charriant avec elle quantité de terre, dans laquelle des arbres - plus fin que la moyenne locale cependant - avaient poussés, les racines s'étendant plus horizontalement que verticalement. Ce n'était pas si rare, Varnas comme Farah le savait, quoique toujours intéressant.

La pierre quant à elle, continuait de poser une énigme. Cela dit, au bout de longues heures de tergiversation, une seule solution leur semblait possible, quoique étonnante : des années plus tôt, pas plus pensaient il, ce qui semblait être une sorte de "coin", par analogie aux coins des menuisiers, mais d'une pierre très dense semblable à du granit, semblait s'être enfoncée depuis l'extérieur, et droit dans la terre. Comment et pourquoi une chose pareille s'était elle produit ? La magie avait certainement été à l’œuvre, mais pour une débauche telle d'arcanes, jugèrent tous, il avait fallu une raison particulièrement catastrophique, quelle qu'elle soit.

Le silence se fit rapidement alors que la faune s'endormait elle aussi. Bien sûr, les nocturnes s'activèrent, mais la vie restait toujours plus calme une fois la lune levée. Lune, qui, d'ailleurs, était particulièrement claire cette nuit là. Les autochtones au loin devaient s'en être rendu compte eux aussi puisque leurs torches s'étaient éteintes. Les aventuriers eux même finalement n'eurent besoin que d'une flamme minime pour s'éclairer. Le feu, en vérité, ne leur servirait que si les couvertures et autre matériel ne suffisait pas à se protéger du froid.

La conversation devait se tenir. Le lendemain, il allait falloir rencontrer les autochtones. Qui irait ? Comment ? Avec quelle stratégie... Espérons que tous eurent leurs réponses avant de dormir.


Abrulion également avait eu le temps de tester ses pouvoirs. La succession de sortilèges lui permit de constater des anomalies sans avoir besoin d'user de sorts spécifiques. D'abord, il semblait bien que la magie était erratique, peu importait le sort. Quoique ses premiers sorts n'aient pas échoués, il sentait qu'il était plus difficile de canaliser le pouvoir qu'à l'accoutumé. Des sortilèges plus puissants pourraient être plus difficile à lancer. Mais sa plus grande surprise intervint lorsqu'il tenta d'invoquer les corbeaux. La prière fonctionna. Il senti l'invocation se faire, la barrière entre les plans s’affadir un instant. Il savait avoir atteint la quintessence de son sort. Trois créatures arrivaient... mais au moment où les oiseaux pénétraient dans le Prime, l'un d'eux disparu, tout simplement, ne laissant que deux d'entre eux sous son empire... Quant au sort de soin ? Abrulion s'attendait à ce qu'il échoue dans une certaine mesure lui aussi. Mais non, la restauration se fit. Pourtant, il sentit quelque chose d'instable dans le flux d'énergie positive... quelque chose lui disait que dans une certaine mesure, il avait eu de la chance.

Le sort de détection de la magie, quand à lui, lui permit de constater que les filins de magie qu'il avait vu partir des totems étaient toujours là. En vérité c'est une toile qui se croisait et s'entrecroisait un peu partout autour de lui. Les fils de magie semblaient venir d'un peu partout et finissaient par se croiser, par causalité géométrique. Mais il ne comprenait toujours pas la teneur de cette magie. La seule chose qu'il put constater c'est que, avec la vision assez restreinte dont il disposait, les fils de magie ne semblaient en tous cas pas aller se concentrer en un point.


◯ ◯ ◯


Année des Dragons Renégats (1373)
30 de Flammerige
Sur la rive de la baie d'arrimage de la Flotte Expéditionnaire


Jour 3

En ce dernier jour de Flammerige, les choses allaient probablement se réveler intéressantes, peu importe ce qu'il se déroulerait ensuite. Farah, peut-être, se réveillerait elle avec un étrange souvenir : treize ans plus tôt jour pour jour, la Horde et l'Alliance s'étaient affrontées pour la première fois et la bataille s'était fini sur un nul. Elle ne savait si cela pouvait être un signe.

Ils démontèrent le camp et se remirent en route. Si la stratégie avait été définie dans la soirée, c'est avant qu'ils avaient décidé qu'ils devaient initier la rencontre. Peut-être que tous néanmoins n'y allèrent pas.

En tous cas, ceux qui allaient servir de diplomate avancèrent probablement en pleine lumière, dans une certaine mesure. Le matin brumeux avait annoncé une journée humide, et c'est cette fois sous une légère bruine qu'ils arrivèrent dans les environs de ce qui semblait être un petit hameau.

Il n'y avait pas là plus de cinq petites bicoques, en vérité guère plus que des tentes renforcées, et un unique petit bâtiment de bois. Pourtant tout était résolument gracieux. Les tentes étaient rondes et la toile semblait faite d'une sorte de cuir bleuâtre. Le bâtiment de bois quant à lui, semblait se fondre avec la forêt alentour, a la notable exception de deux totems, de part et d'autre de la grande ouverture, l'un de la tortue, l'autre de l'aigle, qui servait aussi de poutre à la demeure. Ils purent observer tout cela parce que le village était dans une légère cuvette, guère plus de deux mètres de profondeur, mais suffisamment pour qu'ils puissent l'observer avec un peu de hauteur.

Ils découvrirent également à qui ils avaient affaire.

Il étaient probablement moins de dix, mais ils étaient sûr de l'éspece. Les habitants, plus probablement les passants du hameau, était des elfes. Et à en juger par leur peau verdâtre, il devait s'agir d'une branche proche des elfes sauvages à tout le moins. Ils étaient tous peu habillés, et aucun d'entre eux ne portait d'armure. Il suffisait désormais de quelques pas pour annoncer leur présence...


Lancers...



Voyons voyons mon jeune ami, vous croyez vraiment que les montagnes grandissent seules ?
 
 
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écrit le : Jeudi 04 Février 2021 à 02h00 par Schninkel
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La nuit précédente, alors que le groupe s’installait pour passer la nuit au pied des arbres géants, la chasseresse était partie gouter au plaisir d’une marche nocturne. Elle s’était efforcée de se concentrer uniquement sur ce plaisir. Son esprit pourtant posait sans cesse les mêmes questions, que sans cesse elle écartait : Qu’est-ce que je fous là ? Ou encore : était-il bien sérieux de voir cette expédition comme autre chose qu’une tranquille promenade ? Et si jamais ils étaient à la recherche d’une horde de créatures anthropophage affamées ? Et si les relations entre les peuples étaient vouées à l’échec depuis l’intervention des Balduriens quelques années plus tôt ? Qu’est-ce qu’elle pouvait espérer, elle, vagabonde, fille du chaos ? Mais elle revenait toujours au plaisir de cette marche salvatrice.

Après un certain temps, elle revint au campement, invisible pour l’œil non averti en s’extirpant de l’obscurité pour rejoindre sa place et son équipement, au creux de deux larges racines. Elle toussota en interpellant ses camarades. D’un air laconique, elle commença son étonnant compte-rendu :

- Je viens d’obtenir quelques informations en parcourant la forêt. La flore reconnait la présence de bipèdes verdâtres qui pourraient correspondre à nos Elfes. Mais aussi de « cornus » et de « petits êtres ». Aussi, d’après ce que j’ai compris, la modification géologique serait survenue il y a une dizaine d’années. On parle d’une énorme « vague de vent de vie », une force vitale, une déflagration, une tornade… Je ne saurais en dire plus.

Abrulion interrompit le récit de Farah, suggérant que les dates correspondaient à la présence des colons Balduriens et que la déformation rocheuse pouvait avoir enseveli les traces de campement. Une suggestion subtile témoignant d’une punition des autochtones envers les malheureux visiteurs. La perspective laissa Farah un instant songeuse. Elle n’avait pas du tout envisagé cela. Après quelques secondes de réflexions :

- Non, je ne pense pas. On parle de milliers de racines arrachés au passage de cette force de vie. Ce frêne ne semblait pas connaitre la notion de Mal ou de prédation. La flore locale n’a sans doute jamais vu l’ombre d’une hache de bucheron. Je ne pense pas que les Balduriens se soient établis ici. Il y a certainement une autre raison derrière la déformation rocheuse.

La chasseresse poursuivit la conversation, répondant aux interrogations puis alla rapidement se coucher, toujours sur le dos, revêtue de son armure et enroulé dans sa cape, prête à se relever au moindre problème. La journée du lendemain risquait d’être longue.

***

Le groupe arpentait à présent les terres sauvages, s’éloignant progressivement des côtes, sous une bruine constante et rafraichissante. C’est en début d’après-midi qu’ils découvrirent les contours singuliers de bâtiments, des signes de civilisations. Un petit hameau de tentes rondes installées dans une cuvette boisée. Un intéressant ménage d’enfants et d’adultes Elfes à la peau verdâtre, habillés simplement de cuir. Farah intima de rejoindre un bosquet à proximité, une position légèrement en surplomb afin de prendre le temps d’étudier le terrain.

- C’est un campement de nomades, probablement des chasseurs, fit remarquer la chasseresse. Je ne vois pas de filets de pêche. (elle se retourna vers Joinon, posa une main sur son épaule en affichant un air sérieux). Voilà, nous avons remplis la première partie du contrat. Nous avons mené notre diplomate de chef auprès de la population locale. Et notre sort réside désormais entre tes mains…

Les derniers mots furent prononcés d’un ton terrible, mais avant que le barde ne réagisse, la dureté de son visage se fendit d’un sourire et ses yeux se plissèrent gaiement.

- C’est un jour important, nous avons l’occasion de déposer la première pierre d’une amitié saine et durable. Moi, j’ai confiance. Un ambassadeur digne et humble, conclu-t-elle avec enthousiasme.

Elle ôta sa main et reporta son attention sur le campement des Elfes. Une année la séparait de son séjour dans la cité du Saule Argenté et cette perspective lui offrait un brin de nostalgie.


 
 
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