L'oeil des Sorcières, Aventure dans les Moonshae

Physiquement, la nuit fut paisible et reposante, mentalement, Vëla en avait pris un coup. Possiblement du fait qu'ils soient retournés au hameau, la paladin fit un rêve étrange qui finit presque en cauchemar. Elle avait revécu son passage dans l’au-delà ce qui était en soi intéressant, mais rapidement ceci finit devant Vallord en face d’elle. Il lui disait d’abandonner, comme lui, la foi futile en un dieu qui avait été vaincu et qui le serait encore, et d’embrasser comme il le méritait Kazgaroth à la divine fureur. Comme elle l’avait vécu peu de temps auparavant, le pire était que la scène refaisait une boucle une fois terminée, cela recommençait pour finir qu’un géant à deux têtes, l’une féminine et l’autre masculine, apparaissait devant elle accompagné d’une horde d’ogres qui l’entourait.

Quand elle ouvrit les yeux elle était couverte de transpiration et semblait avoir lâché un cri, car sa gorge lui piquait d’irritation. Restant assise sur le bord du lit elle fit quelques mantras, avant d’aller se laver grâce au bol d’eau de la table de nuit.

C’est légèrement habillé qu’elle apparut au petit déjeuner et prit un thé offert beaucoup plus par amabilité que par besoin. La jeune femme avait l’air distante un certain temps puis du moment qu’elle entendit la voix de Sahadeva elle reprit présence tranquillement. Suite aux dires du Maquars, en regardant par la fenêtre éclairée et voyant passer Herny, elle ajoutait sur une teinte douce emplie de mystère…

-J’aime ce hameau, il m’a vu mourir et renaitre… Vallord, mon père, est apparu cette nuit, dans mon sommeil, accompagné de Kazgaroth, la vie, la mort puis un géant androgyne entouré d’ogres… La journée devrait être belle, fructueuse et réparatrice, nous devons aider Marge et Malo. Si, nous venons un peu pour ce feu vert, pour les sorcières, mais espérons-le, nous devrions rester en dehors du hameau, cet endroit doit briller de bonheur, il ne doit plus crouler sous les ondulations des volontés des dieux pernicieux, il doit briller des mille feux de l’Amour, cette terre doit engendrer la rose, cette force forte de toute chose doit prendre racine, ici…-

Elle restait les yeux fixés sur l’océan, buvant parcimonieusement le thé, semblant rêveuse, égaré et étrangement lascive de ses mouvements lents devant cette lumière matinale et purificatrice. Pour l’ensemble des présents qui la connaissait, très peu purent, peut-être, y apercevoir un étrange comportement, mais pour le Maquars il était certain qu’il n’avait jamais vu et entendu Vëla être aussi égotistes. Avait-elle été atteinte par Kazgaroth plus qu’elle crut, s’éloignait-elle de sa foi? Une chose certaine, elle avait changé, autant par son apparence que par son comportement, plus… féminin qu’auparavant.

Elle se retournait face aux présents affichant un splendide sourire, laissant la lumière de la fenêtre voire ses formes féminines à travers sa fine robe et s’approchait auprès de Sahadeva sans quitter son regard. Il semblerait que l’état de Maëlys ait eu une répercussion sur certains sentiments de la jeune femme paladin. Puis comme si elle réalisait qu’elle était encore en robe de nuit elle dit simplement, riant naïvement…

-Merci pour le thé, il nous faut maintenant nous préparer. –

Son visage se durci quelque peu, mais gardait quand même ce petit sourire attendant que les autres puissent s’exprimer pour des explications, des questionnements ou bien des éclaircissements avant d’aller endosser sa chemise de mailles puis d’Ôsainte et d’en appeler à Abby de son royaume céleste.

À la nouvelle mention de la fée, Sylaruil ne put cette fois-ci s’empêcher de réagir.
« Ne pas attraper les fées ou les suivre est en effet judicieux. Aimerais-tu être attrapé toi ? lui dit-elle sur un ton léger. Les fées sont des êtres comme les autres, douées d’intelligence et même plutôt malines. On a beaucoup de préjugés envers elles, comme envers mon peuple d’ailleurs, mais en apprenant à les connaître elles peuvent devenir de grandes amies... Enfin tout dépend du type de fée dont il s’agit. »

« Si tu nous indiques où tu l’as vu plus précisément, j’essayerai d’être attentive, ces amis des Sylves peuvent être d’une grande aide si elles peuvent nous décrire l’état de la forêt et de ses douteux habitants. »

Le lendemain matin

Le village reprenait vie, tout doucement et le spectacle était admirable à voir. Ses habitants semblaient rajeunis, le cœur léger. Le thé leur fut proposé et l’elfe du soleil levant profita de ce moment de calme agréable. Elle ne put s’empêcher de ressentir une pointe de chaleur dans son cœur devant l’animation et l’accueil qui leur étaient réservées. Les projets de maison d’hôtes promettaient des perspectives toutes aussi réjouissantes.

La demande de Sahadeva fut une belle surprise pour Sylaruil. Fidèle d’Angarradh bien que moyennement portée sur la prière elle avait à cœur l’alliance et l’union. La langue était le premier vecteur d’union entre les peuples et elle s’était elle-même efforcé à en apprendre d’autres dans le passé. Elle proposa au guerrier des leçons matinales, avant le réveil des autres s’il le souhaitait.

« Concernant le chariot, nous revenions par ici et avons donc proposés aux autorités nos services pour vous ravitailler. Nous pensions que vous en auriez besoin et je suis ravis de voir que vous avez de nouveaux et beaux projets. Faites gaffe, nous serions tentés de revenir souvent ! »

Sail observait Vëla avec attention. Elle ne paraissait pas dans son état normal. Bien sûr les longues tirades de la paladin était désormais choses communes aux yeux de la Calishite, mais le ton était différent. Puis la mention de ce rêve étrange laissait la jeune femme perplexe. Se pourrait-il que le retour miraculeux de Vëla du royaume des morts lui ai laissé des séquelles?

La chaleur de sa tasse de thé manqua de la brûler; surprise, elle la posa sur la table afin de secouer ses mains pour se soulager tout en grimaçant de douleur. Puis elle redirigea son regard vers la Tormite en se les frottant.

¤Bha! Elle va bien.¤, se dit-elle non sans un léger doute teintée de gêne à la vue du corps athlétique de sa comparse qui se dévoilait à la lumière du matin sous cette tenue légère. Elle n'était pas choquée, car des corps elle en avait vu passer sur sa table de torture, mais dévoiler ainsi son intimité était impensable, le passage aux bains publics avec les filles l'en avait convaincu.

Elle interrogea du regard le reste de ses compagnons face à cette scène puis elle passa à un autre sujet. Les géants revenaient souvent dans la conversation depuis leur spéculation sur l'origine de la créature mentionnée par Herny lors de leur arrivée. Elle avait un mauvais pressentiment. Le vieux Waller leur avait fait part de la probabilité que des sorcières s'acoquinent avec de telles monstruosités. Puis Vëla qui rêvent d'un géant à deux tête. Sail n'avait jamais vu de géants, et à cet instant précis, assise sur sa chaise, elle priait très fort les dieux de Toril afin qu'elle n'en fasse jamais la rencontre.

¤J'ai déjà eu ma dose avec l'homme ours!¤

Puis la réponse de Sylaruil à Maëlys la fit tiquer.

-"Oui, enfin, ne nous emballons pas, Syla', la première fois y'avait des ghoules et un coquillage maléfique, et là m'est d'avis que ça ne va qu'empirer!", dit-elle d'un ton maussade avant de s'en tourner vers Maëlys." Et oui, c'est sûr que ce petit à de l'imagination, surtout quand il s'agit de penser qu'il pourra pourfendre les démons en pleine nuits dans la forêt, enfin bref...Pas de bol, mais cette fois-je crains que le petit ne dise la vérité, Maëlys. Le gosse m'avait affirmé à l'époque lors de leur virée nocturne qu'il avait aperçu d'étranges lueurs verte provenant de la demeure de Marge. Hein, Tijak?"

Rougissant, Tijak sursauta à question de Sail avant de tourner rapidement la tête vers la Calishite. Tiré de la rêverie dans laquelle la vision d'une Vëla, très légèrement vêtue, l'avait plongé, le gamin se sentait comme pris en faute, surpris à avoir des pensées pas tout à fait encore de son âge. Mais, finalement, il n'y était pour rien. Quelle idée avait eu la paladin d'apparaître encore ainsi, tellement semblable à l'image qu'il conservait d'elle, gisant près de la source. Il n'était qu'un garçon, après tout...

-Je... oui, bafouilla-t-il un peu en essayant de se rappeler la question. Ah, oui... Oui, oui, avec Herny et Louis, on avait vu des lueurs vertes sortant d'la grotte de Marge. Mais Herny, il dit qu'la lumière, elle est beaucoup plus grosse maint'nant...

Instinctivement, Tijak lança un regard vers la fenêtre, derrière laquelle se tenait, pas si discrètement que ça, son compère de jeu. Le tempérament audacieux de son camarade le poussait certainement à tenter d'en apprendre davantage sur les intentions des aventuriers. À moins que ce ne soit Vëla qui ne focalisât toute l'attention de l'enfant.

Totalement étranger aux divagations de la folle de Torm, le jeune mousse se voulait beaucoup plus matérialiste, allant traquer la menace qui pesait encore sur le hameau pour l'éradiquer complétement. Et, pour le moment, la recherche de cette menace passait forcément par la grotte où Marge avait trouvé refuge.

- De tout' façon, faut qu'on aille voir pour la lumière verte, déclara-t-il. Y faudrait aussi qu'Herny nous accompagne. Il connait mieux l'coin que moi et pourra bien nous guider. Sinon, tant pis, j'reste au village avec lui.

Et qui sait ce que les deux garnements, trois s'ils arrivent à convaincre Louis de les rejoindre, pourraient imaginer de faire s'ils étaient laissés sans surveillance au hameau...

Herny refusa poliment l’invitation de Jakelm, lui signifiant, en jetant un coup d’œil qu’il espérait discret vers Vëla ; qu’il avait une mission et qu’il s’y tiendrait. Il était la sentinelle du hameau, une vraie responsabilité.

Sail devait se souvenir de la piste sur laquelle les enfants avaient cru apercevoir la fée, c’était la piste de l’ours par laquelle elle les avait rejoint lors de leur escapade nocturne, le chemin le plus facile à suivre pour rejoindre l’antre de Marge –la seule sorcière que connaissait Maëlys. Elle leur dit en deux mots que pour eux ce mot n’avait pas la connotation négative que les villes lui portent : la sorcière est celle qui connait les secrets, ce qu’elle en fait dépend de ses choix, pas de sa nature.

- Par contre, si vous parlez de guenaudes …

A ce mot, Herny se raidit. Lui qui n’avait pas peur de se lancer dans la chasse aux ghoules ou aux ours mort-vivants, perdait soudain contenance et se triturait les mains comme s’il cherchait un morceau de tissus pour y retrouver le réconfort de sa petite enfance.

- Nos îles sont pleines de légendes, ne vous sentez pas obligé de toutes les faire revivre … la Mère sait que la plupart sont construites sur du réel. Les bardes ont chanté un temps la malédiction des guenaudes. Brendan se plongeaient dans ses souvenirs, soudain plus grave lui aussi. Ils parlaient d’ogres, au service de créatures si laides qu’on pouvait mourir de les voir, et qu’il ne fallait pas craindre de se faire dévorer mais plutôt d’être mené à elles.

Chacun pouvait retrouver dans ces mots les menaces des oncles fatigués de leurs neveux, de ces histoires sombres qui ne devraient jamais être utilisées contre les enfants turbulents. Et qui le restaient malgré tout.

[Maëlys]- Aucune route n’est parfaitement sure, même depuis que la Reine s’est installée à Caer Callidyrr, mais personne ne parle plus d’Ogres ni de Guenaudes, nous avons assez de nos Orcs et de nos Firbolgs, des aventuriers auraient tôt fait d’occire ces menaces si elles étaient connues.

[Brendan]- N’en soit pas si sûre ma chère Maëlys … ces créatures sont suffisamment intelligentes pour rester discrètes quand nécessaire, pour éviter que les Druides ne s’en chargent. Toutes les terres interdites ne sont pas des temples à notre Mère.

Un nouveau pan du voile des secrets se levait autour de la table des convives. La lumière des lampes semblaient moins forte, la chaleur de l’âtre bien dérisoire. C’était un rappel âcre qu’il y avait toujours du mal, quelque part, et qu’il fallait toujours y prendre garde. Brendan leur expliqua qu’entre les hameaux, les villes et les villages, de larges étendues de collines, montagnes et forêts étaient totalement sauvages et qu’elles appartenaient à d’autres. Il y avait les terres des druides, protégées de toute influence humaine ou monstrueuse, et les terres interdites –autant que les premières- qui servaient de refuge aux monstres qui hourdissaient leur retour, un jour, quand viendrait le leur. Pour Sahadeva, l’évocation de puissances malveillantes préparant des plans complexes sur de longues périodes éveillait le souvenir de l’Aboleth. La comparaison était trop simple.

Ils quittèrent le Conseil du hameau plus inquiets qu’ils ne l’avaient rejoint. Le matin était gris, froid et humide mais sans comparaison avec ce qu’ils avaient vécu ici. Les aventuriers se relançaient dans l’aventure, Tijak y compris, la menace ne semblait plus ciblée sur le hameau, nul besoin de diviser leurs forces.

Le jeune homme et Sail connaissaient maintenant bien le chemin qui devaient les mener à l’antre de Marge où l’être fée aurait été aperçu. Ils y furent rapidement, la piste était claire, boueuse mais claire. Très vite, Sail retrouva les repères qu’elle avait utilisé la première fois : les traces de griffes sur les troncs d’un côté, les branches écrasées de l’autre. Impossible pour elle de les dater ou d’en tirer plus d’information mais elle était sure d’être au bon endroit. Vëla voyait la situation d’un autre angle, son esprit analytique lui soulignant ce qu’elle ne voyait pas autant que ce qu’elle voyait. Si une créature plus grande qu’un ours avait attaqué Marge, il était évident qu’il n’était pas passé par là. Impossible. Les enfants avaient laissé peu de traces et il était impossible de trouver celle d’une créature de la Sylve sur son territoire.

Ils n’avaient pas loin à aller, le repère était à une lieue seulement, sur la piste du plantigrade.
A cause des branches basses, la cavalière du mettre pied à terre. Abby la suivant, docile.

Ils comprirent avant d’arriver à destination ce qui s’était passé.
Autour de la cabane de fortune de la sorcière, les racines des arbres étaient sorties de terre, comme si elles avaient voulu participer à l’affrontement –et c’est sans doute ce qui s’était passé- un jeune hêtre avait été arraché de terre, il était en travers de la construction de branchages. La terre semblait avoir été labourée en tous sens, dans branches avaient été brisées et, un peu plus loin, ce qui a l’odeur et à la forme générale devait être le cadavre d’un ours.

L’ex-folle de Torm avait pris connaissance des croyances et des possibles créatures qu’ils pourraient rencontrer. Elle avait appris de son métier que peu importe tes attentes, la réalité est souvent autre et même si tu as préparé tout ton attirail pour le confronter c’est une fois en face de la créature que les véritables décisions font toute la différence. Elle partit comme si elle allait cueillir des informations et affronter le malin, toujours prêt, la guerrière divine n’avait plus l’apparence de l’aube, elle était d’un sérieux arborant un visage sévère, scrutant les moindres indices que pouvait lui fournir ses compétences.

Une fois sur place, elle observait l’ensemble des lieux et malheureusement en voyant la carcasse de l’ours au sol, elle crut au pire pour Marge. Avant que la troupe s’emballe, effaçant toute chance de trouver une trace qui devrait d’après elle être quand même assez perceptible, elle levait sa main droite désignant un arrêt puis sur un ton ferme déclarait…


-La chose qui est venue ici tout saccager n’est pas passée par notre chemin emprunté, maintenant nous devons savoir par où il est parti, il a certainement laissé des traces. Tentons de les trouver. –

Elle fit savoir à Abby qu'il devait, lui aussi chercher des indices. Ses déplacements étaient à chaque pas, calculé et précis, cherchant le moindre indice possible, puis avançant toujours en direction de l’habitation de Marge elle criait…

-MARGE! MALO! VOUS ÊTES LÀ? –

Ses appels étaient suivis d’une écoute attentive, le moindre craquement, gémissement lui était nécessaire pour se permettre de savoir s’il restait des vivants, ou s’ils étaient épiés suivit ou autre. Dans son for intérieur elle souhaitait retrouver Marge et Malo et à voir l’état lamentable de l’endroit qui laissait voir qu’il y avait eu une grande confrontation, elle avançait vers l’habitation avec un sentiment qu’ils arrivaient trop tard, mais elle gardait espoir. Elle continuait son avancée, prudente, investigatrice et récurrente dans sa façon de faire.



Investigation et détection puis détection pour Abby.

L’intervention sur les genaudes confirma ce que pensait la jeune elfe du soleil levant. La désignation « sorcière » attribuée à Marge tenait plus d’un sobriquet ou d’une méfiance donnée par les habitants peu instruit en magie et arts profane que d’une réalité en termes d’espèce. S’adressant à Maëlys avec entrain, Sylaruil lui répondit :

« Nous sommes des aventuriers et nous allons vérifier s’il y a une menace. Si c’est le cas nous nous efforcerons de nous en occuper. Et surtout si c’est le cas je vous recomposerais une petite chanson. »

Sur le chemin les menant aux bois, la Synnorienne ne put s’empêcher de partager ses pensées :

« Ils ont parlé des druides et de leurs territoires préservés. Mais lorsque nous avons demandé à Caer Callidyr d’en rencontrer pour en savoir plus et peut-être obtenir leur intervention concernant les sources, Hallgrim Waaler a fermé la porte à cette possibilité et à la discussion. Pour être honnête, voilà qui m’interroge…. Les sources sont les biens le plus précieux des Sélénae, elles représentent la connexion divine entre la Terre Mère qui nous abrite et les habitants de ses contrés. Les druides sont des fervents adorateurs de la Terre Mère, ils auraient dû intervenir s’ils en avaient la capacité. Je pense qu’ils n’en ont pas eu la capacité ou qu’ils ont été empêchés. Voilà qui jette le trouble sur l’état des Sélénae. »

Retrouver leur chemin fut facile, mais malheureusement la découverte était décevante… Comme la Paladine l’elfe arriva à la conclusion qu’ils avaient dû être attaqués par les géants ou les ogres. Elle en profita pour jeter un coup d’œil sur la présence ou non de leur corps. Seul semblait avoir perdu la vie l’ours déjà à moitié mort-vivant de Marge.

*Qu’il repose en paix*

Pas mécontente de retourner dans la forêt, Sylaruil n’avait cependant pas les compétences d’un rôdeur pour s’orienter. Elle s’efforça néanmoins de découvrir des traces qui pourraient les mener sur les pas de Marge et Malo.

Guenaudes et autres créatures aussi effrayantes que mystérieuses avaient été évoquées au hameau, avant leur départ. Rien de tout cela n'était rassurant, mais Sahadeva était résolu et savait parfaitement quel était son devoir sacré : lutter contre le Mal et le Chaos pour favoriser l'avènement d'une société dominée par les principes de l'Adama. Ces créatures étaient un obstacle, il fallait les contenir ou mourir en tentant de le faire.

Tout en cheminant, il s'était remémoré l'étrange épisode auquel il avait assisté ce matin-là : Vëla en tenue très légère et faisant preuve d'une attitude inhabituelle. Elle semblait moins grave que d'habitude et se révélait être douée d'un certain talent pour la séduction. Le Maquar était doublement perturbé : d'une part, ce comportement aurait été jugé profondément impudique en Estagund et une part de lui le réprouvait, d'autre part, il n'avait pu s'empêcher d'admirer discrètement les formes de la paladine. Malgré toute sa discipline et toute sa volonté, il n'en restait pas moins un homme avec ses faiblesses.

Sylaruil avait interrompu le fil de ses pensées en évoquant ses questionnements à propos des druides. Le guerrier d'Estagund approuva la justesse de ses déclarations en hochant de la tête. Leur rencontre avec l'elfe avait été une véritable bénédiction : outre ses talents, elle leur apportait un éclairage utile sur le contexte local. Il était précieux de pouvoir compter sur l'aide de quelqu'un ayant grandi sur place.

Lorsque le groupe était arrivé à proximité du repaire de Marge, Sahadeva avait été ébahi par l'ampleur des dégâts et par la découverte du cadavre de l'ours. Quelque chose de terrible s'était visiblement passé à cet endroit...

Reprenant bien vite son calme habituel, il dégaina Nakula et s'équipa de son écu, puis il suivit Vëla en direction de la cabane, en espérant y découvrir de précieux indices leur permettant de poursuivre leur enquête.

S'avance prudemment (perception +3)

Sail n'était pas enchantée de retourner dans le bois aux alentours du hameau, même de jour. Elle reconnaissait encore les formes diaboliques des branches qui l'avaient terrorisé cette nuit là, et son pouls s'accélèra à la vue des énormes traces de griffes sur les arbres. Et pourtant, elle n'était pas au bout de sa peine.

La vue de l'abri de fortune, n'eut été le contexte, aurait pu être mue d'un charme bucolique. Mais il n'en était rien. Outre la pagaille causée, la jeune femme ne voyait devant elle qu'une cabane sordide cachant une créature prêt à leur bondir dessus. Puis cette odeur !

Elle se cacha le nez en grimaçant lorsqu'elle aperçu l'ours inerte en décomposition. Elle avait eu à faire à des cadavres lorsqu'elle était sous le joug de Xayn certes, mais ceux-ci une fois mort ne restaient pas dans la salle de torture, des hommes s'occupaient de jouer les fossoyeurs et Sail n'eut jamais à souffrir de l'odeur de putréfaction.

Cependant, bien qu'il paraissait évident de regarder à l'intérieur de l'habitation, la Calishite se dit que tenter de comprendre ce qui aurait pu abattre une telle horreur pourraient bien être utile pour la suite.

Aussi elle se rapprocha de l'ours, non sans garder vainement son nez sous sa manche, tant l'odeur agressait son odorat. Elle se saisissa d'un bâton afin de s'assurer que la créature était inerte et le resterai, après quoi elle examina les éventuelles blessures, leurs origines ou tout autres indices qui pourraient éclairer la situation.

-Bordel, ça chlingue !

Sail tente de définir ce qui aurait pu causer la mort de l'ours (elle ne mettra pas les mains !!!)

Laissant derrière lui le hameau et ses habitants, Tijak était, certes, un peu déçu de lancer cette expédition sans Herny, son habituel complice de jeux mais il était heureux de voir son ami gagner en maturité et en importance jusqu'à jouer un rôle important pour la survie et le développement de sa communauté.

Suivant sans difficulté les traces, Sail et lui menèrent aisément l'expédition à sa destination. Mais quelque chose clochait, un véritable séisme avait dévasté le refuge de Marge, éliminant au passage son redoutable gardien. Qui donc avait donc bien pu s'en prendre ainsi à la vieille femme ?

Aussitôt sur le qui-vive, le jeune adolescent avait empoigné sa hachette, scrutant les buissons alentour prêt à réagir à la moindre menace. Ne détectant rien de particulier, il se détendit progressivement, laissant Vëla et Sahadeva s'avancer vers la cabane. Inquiet tout de même, Tijak préférait rester en retrait dans la crainte d'y trouver le cadavre de son occupante.

La piste qu'ils venaient d'emprunter pour arriver ici ne comportait aucune nouvelle traces, ce qui semblait bien indiquer que le ou les assaillants étaient arrivés par un autre chemin. Son arme fermement tenue en main, Tijak entreprit de faire prudemment le tour, attentif au moindre bruit suspect. Ses yeux vifs fouillaient le sol et les bosquets à la recherche d'un indice quelconque qui pourrait le mettre sur la piste des vandales.

Perception à +7 pour détecter un danger. Survie à +7 pour trouver une piste.