L'oeil des Sorcières, Aventure dans les Moonshae

ux réponses de Sylaruil et Sahadeva, la guerrière sembla se détendre un peu. De sa position courbée et sur le qui-vive, elle se redressa —légèrement.

- Celles auxquelles j'ai fait face utilisaient des illusions. Nous ignoяons toujouяs la taille du Cercle. Je me devais de véяifieя.

L'honnêteté désarmante du Maquar et de la Lewyrr avaient fait autant que la justesse de leur réponses pour rassurer Hermine. Quand à Jakelm, qu'il réponde ou pas, elle n'insisterait pas : elle avait toujours eu un faible pour le jeune garçon. D'accord, elle semblait s'être trompée cette fois, mais prudence était mère de sûreté, non ?
Et pour autant, tout danger n'était pas écarté.

- Bon allez, puisque ceяtaines semblent pяéféяeя décapiteя les gens plutôt que les inteяяogeя, j'aimeяais au moins tяouveя le repaire de cette sorcière, pouя tenteя d'en savoiя plus suя ce qui se tяame dans cette foяêt. Hermine regarda aux alentours, tentant de localiser une grotte ou une cabane, ainsi que Biscotte, qui était partie effectuer ces recherches de son coté. La guerrière n'était pas du tout satisfaite de la morte de la guenaude, qui la privait d'une source précieuse d'informations. Il allait falloir faire sans ...
Elle soupira :
« J'aimeяais aussi tяouveя un coin tяanquille pouя Maяge : quand elle se яéveilleяa, sa яéaction яisque d'êtяe aggяessive. Quelqu'un a une suggestion pouя que ça ne viяe pas à la séance de toяtuяe ? »


Si Vëla s'approche :

Lorsque la folle de Torm approcha, les yeux plissés sur Hermine et son arme dégainée, la guerrière se remit aussitôt en garde, faisant de son mieux rempart avec son armure pour se mettre entre sa captive et la paladine :

- Quand à toi, яengaine ton aяme, et arrête de me яegaяdeя comme ça !
J'en ai яien à foutяe que toi ou ton tormite l'ayez décidé, je ne te laisseяai pas passeя "cette" Maяge aux peяtes et pяofits comme tu l'as fait avec l'autяe !

Interloqué, Tijak mit quelques secondes à reprendre ses esprits. Quelle mouche piquait donc Hermine pour réagir de la sorte ? À coup sûr, elle était sous l'emprise d'un sort qui la privait de ses capacités de réflexion, le mousse n'ayant jamais été habitué de voir la jeune femme réagir de façon aussi irrationnelle.

Curieusement, ce fut la douche chaleur qui imprégna son corps, manifestation visible du pouvoir curatif de Vëla, qui poussa le mousse à remettre pieds dans la réalité.

- M'dame Hermine, il se passe quoi ? demanda-t-il, la voix pleine de surprise. Vous racontez n'importe quoi. J'sais pas si m'dame Sylaruil est mousse mais c'est pas elle qui connait Bruce. D'ailleurs, c'était pas lui qui s'occupait des balistes, c'était m'sieur Chéréas.

Le rouge était monté aux joues du gamin sont le débit de paroles s'accélérait, signe de l'excitation qui montait en lui.

- Mais d'toute façon, ça n'a plus d'importance, les deux, ils sont morts dans la Mer de Nuit, acheva-t-il avec une triste grimace.

Frottant encore sa cuisse pour éliminer les picotements consécutifs à la cicatrisation, Tijak refixa sa hachette à la ceinture, hésitant toujours sur la conduite à adopter devant ce subit accès de folie des "grands" qui l'entouraient.

Visiblement Hermine n’allait pas bien, du moins c’est ce qu’elle démontrait. Elle semblait prise d’une paranoïa, possiblement engendrée par une peur quelconque que la paladin ne connaissait pas. * La peur tue. * Lui avait déjà dit le moine en chef de l’Ordre du corbeau. La peur était un couteau à deux tranchants, si l’on ne se contrôlait pas.

Entendant les réponses de ses compagnons qui semblaient plaire à la guerrière noire, la jeune femme de la Rashéménie comprenait que l’énervé du moment devait avoir les mêmes doutes qu’elle aux propos des illusions. Donc le comportement d’Hermine pouvait s’expliquer. Vêla de Thorm ne voulut pas répondre aux dires pernicieux qu’elle venait de recevoir, cela engendrerait inévitablement une suite déplorable pour le reste du groupe. * Son étrange manière pourrait expliquer le pourquoi de sa désertion. * Pensait la guerrière divine qui ne voyait plus Hermine comme une sœur, mais bien comme un élément rébarbatif à éviter, mais elle était là, donc il fallait faire avec, et ce, de façon pointue, ce qui déplaisait à la preux chevalière. * Faire quelque chose à contrecœur c’est faire quelque chose à contrecourant; alors il faut être au cœur des choses pour être au courant. * Pensait-elle se remémorant le temps qu’elle avait passé auprès d’un malin et qu’elle ainsi qu’Élion, tous deux membres de la compagnie des marches, avaient dû endurer durant leur périple. Elle se rappelait la discorde que cela avait engendrée et ne voulait vraiment pas revivre cet affreux moment.

Elle inspirait profondément et expirait à un rythme contrôlé, apaisant sa fougue natale. Elle était devenu maintenant l’ex-folle de Torm, car elle ne répondait plus aussi promptement que dans son passé, la sagesse avait fait l’effet escompté depuis les années. Elle décidait donc d’ignorer Hermine pour l’instant et de ne pas provoquer le malheur pour rien, il y avait plus urgent en ce moment; la disparition de Sail venait la chercher, ainsi que la réaction de Mâlo face aux agissements d’Hermine, les soins avaient été prodigués, il fallait maintenant ressouder les liens de tous à chacun.

La véritable menace semblait être disparue au même moment que la tête avait été libérée des épaules de la guenaude. * Bonne chose, reste maintenant à trouver Sail, pourvu qu’elle n’ait pas été apportée sous l’eau. * Pensait-elle inquiète de la situation. S’éloignant tranquillement d’Hermine pour que cette dernière baisse d’un cran son énervement, la guerrière divine se tournait vers Sahadeva puis demandait sur une teinte douce, calme, laissant sentir une préoccupation toutefois dans sa façon…


-Sahadeva, êtes-vous blessé? Quand avez-vous vu Sail la dernière fois? Je la connais furtive, mais là, je m’inquiète…-


Garde les sorts lancé actifs tant et aussi longtemps qu'elle le peut.
Observe pour voir Sail quelque part.

La tension semblait être retombée d'un cran, au grand soulagement de Sahadeva, mais Hermine n'en avait visiblement pas terminé avec Vëla, sans que le Maquar comprenne bien pourquoi. Certes, la folle de Torm avait occis la guenaude ; certes, cela allait à l'encontre de ses propres principes ; mais, avaient-ils le choix ? Avait-elle plus mal agi qu'Hermine tuant l'aboleth ou proposant à plusieurs reprises de faire exploser le temple d'Umberlie ? Sahadeva ne le pensait pas.

Soucieux de désamorcer les tensions dans le groupe, il approuva la proposition d'Hermine :

- Oui, tu peux chercher un endroit calme pour installer Marge. Mais méfie-toi : elle est plus puissante qu'elle n'en a l'air et on ne sait pas ce que cette créature lui a fait. Sans parler de Malo qui rôde peut-être toujours dans le coin. La sagesse recommanderait d'entraver notre captive, mais cela ne fera que renforcer sa méfiance. Certains de nos sages sont capables d'user de sorts de vérité, mais je pense qu'aucun d'entre nous n'en est malheureusement capable.

La voix de Vëla s'était ensuite faite entendre. Sa voix était douce et rassurante. Ses préoccupations rencontraient les siennes. Il se rendit compte que son intervention pleine de modération lui avait fait beaucoup de bien et comprenait d'autant moins la colère d'Hermine à l'égard de la paladine. Il répondit à cette dernière :

- Je vais bien, merci. Mais la disparition de Sail m'inquiète tout autant que toi. Je pense que la priorité absolue est de la retrouver, le repaire de la guenaude peut attendre. Cherchons à partir du dernier endroit où nous l'avons vue : avec les talents de Tijak et le regard perçant de Sylaruil, je ne doute pas que nous finissions par la retrouver...

Le coeur du Maquar se serra : il avait un mauvais pressentiment. Il se rapprocha de Vëla et posa sa main sur son épaule en signe de soutien, puis se tint prêt à entamer des recherches.

Narration

L’ours-garou se garda bien de reprendre forme humaine, ou quoi que ce soit d’autre.
Il était sur son territoire, les « sauveurs » étaient des étrangers après tout. C’était trop dangereux pour l’instant, beaucoup trop, il devait temporiser. Et revenir plus tard.
Les Ogres avaient détruit la hutte de son amie mais, finalement, c’était peut-être en réaction de celle du compagnon mort-vivant ursidé parce qu’ils ne lui avaient fait aucun autre mal que de l’attacher pour pouvoir l’emmener vivante. Et Marge avait ensuite suivi la Guenaude de son plein gré …

Ce brave Tijak, pas étonnant que les enfants du village aient trouvé en lui l’image du grand frère à suivre dans ses aventures. Le moins courageux devenait téméraire en suivant son modèle. Il avait raison, c’était de la folie. Mais il quittait seulement l’enfance, qui pouvait dire qu’il n’avait pas été trompé, lui aussi, par les paroles de l’une ou de l’autre qui mettait à profit son talent rare de pisteur ?

L’ours hurla une fois de plus et accéléra cette fois franchement, ni vers l’un, ni vers l’autre. Il sentait son humanité … s’effacer au profit de sa nouvelle nature. L’humain était si prompt à mentir, juger, tromper et imposer ses choix. La lassitude relâcha la tension dans ses pattes avant et il ralentit le rythme. Il suffisait de mettre un peu de distance entre les aventuriers et eux. Par hasard, il découvrit la trace d’un autre plantigrade qui ne devait pas avoir plus de quelques jours. Au souvenir de la barbarie des Ogres, il n’était pas sûr qu’il soit encore en vie mais à défaut de mieux, l’idée de le trouver en valait bien une autre.

Tijak le vit s’éloigner et … comprit son tourment.

Aucun des aventuriers n’aurait parié sur la santé mentale d’Hermine et chacun prit le pli de répondre à ces questions qui assuraient, pour le moins, qu’il s’agissait bien d’elle et pas d’une illusion de plus. Les illusions et les faux-semblant perturbaient les aventuriers. La brume et la peur s’étaient infiltrés dans les esprits et avaient fait leur œuvre au-delà de toute attente.

Il fallait impérativement que chacun revienne à plus de sérénité et celle-ci passait par le réveil de Marge dans les meilleures conditions possibles et cette urgence prit le dessus sur la volonté de Vëla et Sahadeva de retrouver Sail. Parce que la sorcière se réveillait même si elle feignait le contraire et qu’elle n’était pas encore en pleine possession de ses moyens, Hermine le sentit dans ses bras au changement d’un poids mort à celui de quelqu’un qui se retient de s’affaler.



Sail

La brume, les racines, la rivière d’où s’élevaient des cris, les injonctions de Vëla …
Sail était perdue. Elle entendit une voix, ou autre chose, elle était bien incapable de le dire avec certitude. Le sang battait dans ses tempes, sa vue se brouillait. L’humidité lui glaçait les os. Elle marcha droit devant elle, en tâtonnant, en assurant chacun de ses pas.
Très vite, elle perdit la notion du temps et de la distance, se rendant compte, malgré elle, qu’elle suivait une petite créature qui laissait derrière elle des petites étincelles de lumière.

Quand elle cligna des yeux, comme se réveillant d’un long rêve, elle était seule, dans un environnement qui lui était … étranger. Combien de temps avait-elle marché ? Où étaient ses compagnons et qu’avait-elle vraiment suivi ?

Sail avait disparu et cette disparition inquiétait au plus au point le Maquar. Plus qu'une compagne de route, elle était celle qui l'avait accompagné lors de leur longue chevauchée vers Caer Callidyr, celle dont il s'était fait le protecteur, la sentant peu confiante en elle-même. Il n'était pas totalement insensible à sa peau sombre et à son étrange regard, même si elle conservait une part mystérieuse et peut-être sombre qui l'incitait à rester prudent à son endroit.

Mais cette urgence avait été supplantée par une autre : le réveil de Marge était imminent. En temps normal, il l'aurait certainement ligotée pour l'empêcher d'accomplir tout rituel magique, mais le "coup de folie" d'Hermine l'obligeait à se montrer prudent et diplomate.

¤ Une division du groupe dans un tel moment serait… désastreuse… ¤

Sahadeva s'adressa calmement à Hermine :

- Il semble qu'on ait pas vraiment le temps de trouver un endroit plus propice. Tiens-toi prête à agir ici-même.

Nakula était toujours dans son fourreau, mais le guerrier d'Estagund se tenait prêt à dégainer promptement si la nécessité s'en faisait sentir.

Alors que le niveau de tension était descendu d’un cran avec la proposition de Sahadeva et le départ du l’ours-garou, Sylaruil ne put s’empêcher de lâcher :
- Laissons-le filer, il avait de la colère et les idées confuses. Puisse ce temps dans la nature lui permettre de retrouver sérénité et clairvoyance. Je crois que Marge doit se reposer et je propose que Vëla la veille.

L’elfe se rendit compte que prise dans le flot des événements, dépassée même par les eaux froides du ruisseau qu’elle avait cru facile de traverser, elle n’avait pas pensé au départ de Sail. La jeune femme manquait à l’appel et malgré son goût pour la discrétion, la victoire apparente l’aurait fait sortir de sa cachette. Peut-être Hermina avait-elle raison dans sa folie, Et si Sail était aux prises, voire pire, aux mains de la troisième sorcière du cercle des guenaudes ? Sylaruil eut un frisson à pareille pensée et se contenta d’acquiescer.

A voix basse elle ajouta :
- Allons-y mais ne nous éloignons pas les uns des autres, restons à portée de vue.

Joignant l’acte à la parole, elle se dirigea vers l’endroit où elle avait vu Sail pour la dernière fois, c'est-à-dire, avant la tentative de contournement du champ de bataille.

Tristement, Tijak suivit du regard Malo qui se perdit rapidement entre les arbres dans un départ qui ressemblait étrangement à une fuite.

- Oui, laissons-le partir, murmura le gamin. Il n'est plus des nôtres et n'a pas encore totalement rejoint son monde. J'espère qu'il ne nous oubliera pas. Moi, en tout cas, je me souviendrai toujours de lui...

En effet, comment effacer de sa mémoire l'aide que l'ours-garou leur avant apportée dans leur lutte contre la malédiction qui avait touché le hameau ? Le moins qu'ils pouvaient faire maintenant, en signe de reconnaissance, était de prendre soin de Marge et d'essayer de comprendre ce qui lui était arrivé, étape indispensable pour tenter de la rallier à eux.

En tout cas, la tension semblait redescendre chez les aventuriers qui allait maintenant devoir gérer le réveil de la sorcière. Le calme et la sagesse de Sahadeva était de nature à apaiser aussi bien Hermine que sa prisonnière, certainement davantage que l'assurance mystique dont faisait preuve Vëla.

Curieux et soucieux de venir, lui aussi, en aide à Marge, le jeune mousse allait s'avancer pour suivre la conversation lorsqu'il remarqua le manège de Sylaruil, réalisant, à ce moment, que l'une des leurs manquait à l'appel.

- Où est passée m'dame Sail ? s'enquit-il d'une voix inquiète. J'l'ai perdu de vue pendant qu'j'me battais contre les poulpes.

Rejoignant l'elfe, Tijak n'eut aucune difficulté à retrouver les traces de la Calishite, traces qu'il suivit sans mal sur quelques mètres, notant le pas hésitant et les aspérités l'ayant faite trébucher. Tout indiquait que la jeune femme avait été complètement désorientée par le brouillard et marchait complétement au hasard. Hélas, assez rapidement, ces empreintes s'estompèrent pour finir par disparaître complètement.

Frustré, l'éclaireur s'obstina, décrivant des cercles concentriques à la recherche du moindre indice, pour finalement se redresser, une moue désappointée sur le visage.

- J'lai perdue, reconnut-il avec une grimace de dépit avant de donner un coup de poing rageur dans sa paume gauche.

Tournant sur lui-même, il tentait de discerner le moindre signe qui aurait pu relancer sa traque avant de secouer tristement la tête.

- C'est trop dangereux de partir au hasard, expliqua-t-il à Syraruil. Surtout qu'y a forcément d'autres guenaudes dans l'coin. Retournons voir m'dame Marge, on en apprendra p't-être quelque chose...

es doutes sur la réalité de ses compagnons effacés, Hermine s'était quelque peu apaisée. Quelque peu, car elle restait sur la défensive, quoiqu'il était difficile pour un œil extérieur d'estimer pourquoi. Outre le fait qu'elle-même, jusqu'à preuve du contraire, ne tenait pas à laisser retomber l'adrénaline de leur récent combat –on ignorait si le Cercle était réellement défait–, la proximité du brouillard la mettait bien plus mal à l'aise que de raison. Peut-être Jakelm et Sahadeva, qui avaient voyagé longtemps avec elle, pouvaient-ils faire le lien –mais même à eux, Hermine n'aurait pas facilement confié un de ses tabous les plus profonds, qui constituait une des armes les plus efficaces qu'on pouvait utiliser contre elle ...

- Nan, je ne l'attacheяai pas, répondit-elle doucement à Sahadeva, « ni ne la confieяai à Vëla », répondit-elle, méfiante, à Sylaruil. « Qui qu'elle soit vяaiment, c'est elle la victime, et je ne vous laisseяai pas яenveяseя les яôles ni, si c'est votяe intention, la jugeя ou décideя de son destin. »

La guerrière avait bien plus à dire sur le sujet, mais elle choisit de s'en tenir là.
La Loi, le Chaos, elle-même n'avait absolument rien à faire de ces concepts arbitraires et purement humains. Le Mal, le vrai, par contre, la concernait, de par sa nature bien réelle, tangible. Elle s'y opposait quand elle pouvait, mais sans témoigner cette opposition fanatique qui empêchait toute forme de dialogue, de réparation ou de rédemption. À titre personnel, elle regrettait vaguement le meurtre de la seconde sorcière : c'était une femme, comme Marge, comme elle, et elle aurait bien aimé lui parler au lieu de la décapiter ... De son point de vue, et elle n'en démordrait pas, c'était bel et bien Marge, et dans une moindre mesure, la guenaude, les victimes. Victimes de l'incompréhension, du manque d'empathie, de la violence ordinaire envers les femmes ... Hermine, elle-même, s'était battue avec toute la retenue qui lui avait été possible en pareille situation ; mais elle faisait partie de son groupe, de sa meute, et était responsable de leurs actes : or, les aventuriers se rapprochaient plus de bourreaux qui, s'ils n'y prenaient pas garde, perpétueraient l'injustice commise par les villageois d'Herledan, pour qui Marge avait fait office de bouc-émissaire. Certes, cet acte avait lui-même été la conséquence d'une situation encore antérieure, qu'on pouvait attribuer à encore d'autres (ou au moins un autre) responsable(s), en une chaîne d'accusation et de contre accusations. ... Où s'arrêter ?
En son for intérieur, Hermine croyait à la compréhension mutuelle comme début d'un processus de guérison. Depuis qu'elle avait commencé à arpenter ces Royaumes, c'était peut-être la raison majeure pour laquelle elle avait fait siens les enseignements de Séluné, pour qui les plus importantes vertus étaient l'acceptation et la tolérance.

D'où : quand Marge se réveillerait, et malgré toute l'affection qu'elle avait pour ses compagnons, il était hors de question qu'elle le fasse entourée de gens prêts à dégainer leurs armes ou leur magie, de jugements préconçus, de foi aveugle, et ainsi de suite.
Donc non, attacher, bouffer ou torturer les gens, bien qu'elle en soit parfaitement capable, ça n'était pas son style et, dans le cas présent, elle ne le permettrait pas. Si Marge choisissait de s'enfuir, Hermine ne la retiendrait pas. Si Marge l'attaquait, Hermine se défendrait, car chacun devait assumer ses choix. Et malgré tout, malgré les coups qu'elle lui avait infligé, Hermine espérait que Marge accepte de lui parler, mais elle choisissait sciemment de ne pas l'exiger.
C'était Hermine qui avait vaincue Marge la première ; elle était Louve, et Marge était sa proie, son dû. La vie de la jeune femme était entre ses mains, elle pouvait en faire ce qu'elle voulait, par droit de sang. Et, dans ce cas, elle choisirait précisément de ne rien en faire. Tel était le seul moyen de briser le cercle infini de violence, d'incompréhension, et de mort.

Incarne le changement que tu veux voir dans le monde ...

Sahadeva ainsi que Tijak, était visiblement inquiet de la disparition de Sail qui avait pu aussi disparaitre volontairement, qui savait vraiment les réelles intentions de cette sœur qui avait toujours laissé planer un passé trouble. Elle peut possiblement être en infiltration du repaire de la guenaude. * Laissons-lui un peu de temps.* Se disait la preux chevalière.

Malo lui sciait le cœur, la guerrière divine s’en voulait encore de lui avoir avoué ses sentiments, cela ne devait pas l’avoir réconforté, au contraire, l’égoïsme qu’elle avait laissé miroiter avait été une faute de sa part. La jeune femme de la Rashéménie était coupable de faiblesse, elle avait laissé passer ses désirs avant la mission créant ainsi un doute dans l’esprit du pauvre Malo, celui qui l’avait sauvé tout comme lui avait été sauvé par Marge, elle comprenait tellement ses sentiments pour cette dernière, car la paladin avait les mêmes. Elle le regardait partir quérir un peu de calme, il en avait besoin, plus que tout présent.

Elle approuvait les dires de Sylaruil, Marge avait besoin de réconfort, de soins et d’attention. La jeune femme du village avait eu son lot de malheur depuis déjà trop longtemps, il était temps qu’elle puisse réfléchir par elle-même de la situation nouvelle qui venait de se passer. Vëla de Torm avait respecté les demandes de Marge lorsqu’elle était allée la voir avec Tijak et ses compagnons, il y avait eu à ce moment un respect mutuel que Vëla avait pris avec honneur. À partir de ce moment, connaissant par la suite les aboutissants entre elle et certains villageois, elle avait pris cette cause sous son aile, celle de tenter de faire accepter Marge au village et bien certainement que cette union puisse perdurer. Était venu ensuite l’annonce de la présence de guenaude dans le voisinage et les hauts dirigeants de Caer Callidyrr leur avaient donné comme mission d’investiguer et d’éliminer la ou les guenaudes présente. À cette annonce, la jeune femme de la Rashéménie avait craint que les guenaudes approche Marge pour la recrutée et lorsqu’ils étaient arrivé au campement de Marge, ils avaient tous vu dans quel état était sa résidence. À ce moment Vëla était persuadés que Marge avait été enlevé et elle l’espérait encore. Elle espérait de tout cœur que Marge puisse comprendre que le mal qu’elle avait reçu l’avait envoyé dans une voie qui n’était possiblement pas la sienne au départ, elle savait que profondément en elle, la druidesse de Malar avait aimé avant que les villageois l’exilent. Cet amour avait été enterré de haine, mais l’amour était toujours là, il fallait simplement la faire encore une fois briller plus intensément que l’ombre de sa peine. De cela, Vëla était persuadé qu’elle réussirait à le faire comprendre à Marge, mais les dernières paroles que venait de cracher Hermine eurent un effet galvanisant sur l’ex-folle de Torm. * Assez de balivernes en cette journée.* Se dit-elle en enlaçant des brides le manche de sa lance d’arçon et mettant pied au sol. En avançant vers Hermine qui disjonctait un peu trop sérieusement à son goût et utiliserait toute ses compétences pour la raisonner…


-Suffit Hermine! Nous savons pertinemment, et ce, bien avant ton arrivée que Marge est la victime dans toute cette affaire. Nous sommes à vouloir la libérer du joug de malheur qu’elle a injustement vécu depuis déjà trop longtemps. J’ai un pacte d’honneur avec elle et si cela ne te dit rien, l’honneur, et bien pour moi, c’est capital, alors raisonne toit le plus rapidement possible. Le véritable ennemi, ici que nous avions à combattre est présentement sans tête. Je ne sais vraiment pas si l’armure que tu endosses est responsable de ta nouvelle attitude, mais sache qu’il est amplement temps que tu te calmes, ma patience à des limites. Je le dis encore une fois, nous ne voulons aucun mal à Marge, nous voulons comprendre ce qui s’est passé et après l’avoir entendu nous discuterons en tentant de trouver un terrain d’entente entre nous ainsi qu’avec les villageois. –

Elle prit une inspiration pour se contenir, car son sang bouillant et reconnu de la Rashéménie, n’était pas tendre à contrôler. Elle continuait avec une teinte plus douce…

-Posons-nous tous un moment Hermine, nous avons d’autres problèmes en ce moment, Sail est disparu ou en mission personnelle d’infiltrer le repaire de la guenaude, nous ne savons pas s’il y en à d’autre plus loin, nous sommes en terrain inconnu, des ogres peuvent à tout moment fondre sur nous et … Et tu fais une scène pas croyable qui met en péril tout le groupe… Je sais que tu comprends, tu as fait partie des phalanges des marches d’argents, tu es très bien placé pour comprendre que ton comportement présent est injustifiable et surtout dangereux pour le bien de la mission que nous tentons de finaliser. S.V.P. Hermine calme toi et pose toi, le temps n’est présentement pas notre allié en ce moment, il nous en manque, il ne faut surtout pas se perdre dans des élucubrations dangereuses. N’oublie jamais Hermine, j’ai été brisée, broyée et avalée à même la mâchoire de Kazgoroth et j’en suis ressorti vivante, changer, mais vivante. Si j’ai réussi, Marge le pourra aussi, surtout que tout ceci est grâce à Malo qui est proche de Marge, donc elle aura tout les atouts pour réussir. –

Son aura de bien et de loi avait amplifié pendant qu’elle parlait puis ce n’était pas volontaire. Toute sa personne respirait la lumière et l’expirait. Était là un acte dernier d’apaisement, si jamais Hermine ne comprenait pas, la paladin aurait une peine véritable pour la suite et intérieurement elle ne voulait en rien en arriver là.



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