L'oeil des Sorcières, Aventure dans les Moonshae

e brouillard si pesant lui avait fait perdre la notion des distances : elle s'en était sortie, mais n'était pas parvenue à mettre suffisamment de distance entre elle et le lieu du récent combat. Il lui avait fait perdre la notion du temps : il lui semblait s'être écoulé une éternité depuis qu'elle avait atteri, alors qu'en fait seules quelques secondes avait passé.
Néanmoins, elle était très heureuse de voir le temps reprendre son cours. Quelque part, elle était même soulagée de voir Malo : depuis qu'elle l'avait rencontré, elle l'évitait, ne sachant qui menait la danse dans sa tête, entre l'humain et la bête. Or, il l'avait retrouvée, elle l'avait senti ; était donc venu le moment de vérité.

Auparavant accroupie près d'un fourré, l'armure noire se redressa. Sur son épaule, elle portait Marge, inconsciente, mais vivante. Tout en restant aux aguets, elle commença à marcher sans hâte, obligeant l'ours-garou et d'éventuels autres poursuivants à devoir la suivre sans pouvoir efficacement anticiper une attaque, car elle restait en mouvement.

- L'Instinct , sussurra-t-elle doucement, presque amoureusement. « La Яage. Se laisseя alleя ... C'est intoxicant ... mais aussi ... gяisant. Tu le sais, je le sais.
Enchantée de te яencontяeя enfin seule à seul, Malo. On a beaucoup en commun, tous les deux. S'il y a encoяe un humain sous cette fouяяuяe, avant de m'attaqueя, яéfléchis un peu. Et vois au dela des apparences. »

Avec le plus de soin possible, l'armure repositionna sa captive le plus confortablement possible. Ses forces faiblissaient, mais elle semblait encore capable de la transporter sans trop d'efforts. Elle restait sur la défensive, probablement encore capable de s'élancer à nouveau dans les airs, pour de bon cette fois.
Après un instant, le heaume de l'armure noire s'ouvrit comme la coquille d'un nautile.
Sous le masque de métal froid et inhumain, il y avait le visage d'une femme. Un visage qui le regardait sérieusement, les sourcils froncés. Elle continua à marcher au même rythme, mais reprit d'une voix plus ferme :

- Qui t'a aidé à яetяouveя ton amie, toi, un gaяou, aloяs qu'on venait de se яencontяeя ?
Qui a seяvi de diveяsion pendant que vous vous empétяiez dans des lianes hostiles ?
Qui a évité que vous vous fassiez pilonneя de missiles magiques et autяes boules de feu ?
Qui a combattu seule deux soяcièяes identiques, déjoué leuяs illusions, et su яeconnaîtяe ton amie ?
Qui l'a assomée plutôt que la tueя, malgяé les appaяences qui sont contяe elle ?
Qui est paяvenue à la sauveя, lui empêchant de se faiяe dévoяeя, ou caяяément décapiteя ?
Qui pяend le яisque de ne l'avoiя ni attachée ni baillonnée, caя elle a déjà assez souffeяt ?

...
Ouais ... "Meяci Heяmine", hein ? ...

À travers les arbres, ses yeux noirs fixaient sans ciller l'ours-garou qui lui faisait face. Son ton n'était pas réellement aggressif, mais on sentait qu'il pouvait le devenir, car on pouvait y déceler une sourde colère.

- J'attends pas de яemeяciements, j'ai l'habitude. Que tu te défies de moi, encoяe heuяeux.
Mais j'ai pas fait tout ça pouя qu'un pêcheuя, une palouf ou un maquaя me saccagiez le tяavail à cause de votяe manque de maîtrise de vous-même, de votяe putain de яeligion ou de votяe soi-disant moяale.

Mettant à nouveau un gantelet sur sa tempe, Hermine referma à nouveau son casque. Face à lui, Malo avait à nouveau en face de lui un masque inhumain, dissimulant la colère d'une femme prête à se battre pour ce en quoi elle croyait. À se battre, contre n'importe qui. Une fois son casque refermé, l'armure pointa sur Malo un doigt accusateur -ainsi que sur quiconque les avait rejoint pendant son monologue :

- Moi, j'encaisse, je me plains pas. Les toяts, je les adяesse, quoi qu'il en coûte. Mais là, je me sens menacée.
Aloяs tu vas me faiяe le plaisiя de déposeя les aяmes, de яepяendяe foяme humaine, et de me donneя une pяeuve que tu es bien qui tu pяétends. Ou bien je consideяeяai que tu es un dangeя pouя Maяge —et pouя moi.
... Allez, magne-toi !!

Elle ne prenait pas de gants. Pourquoi le ferait-elle ?
Pour autant qu'elle en savait, Malo était une bombe à retardement ; or, elle avait besoin de savoir s'il pouvait encaisser la pression, si elle pouvait lui faire confiance pour la suite. Et pour ça, elle ne devait pas le ménager.
Même si la guerrière avait les nerfs à fleur de peau suite au récent combat et à la situation préoccupante dans laquelle elle-même se trouvait, tout ceci n'était qu'un test, qui répondrait à plusieurs questions en même temps. Froidement, elle continuait à battre les cartes dans sa tête, à analyser ses options, à écarter certaines hypothèses, à en renforcer d'autres, à parcourir ses visions de futurs plus ou moins proches ...

Malo était troublé et pour raison, en plein oxymore moral il y avait de quoi perdre la raison. Ce qui semblait clair pour la paladin semblait autre pour lui, ils étaient tous venus ici, saufs Hermine rencontrée en chemin, pour sauver Marge. Pour la sortir de cette impasse et lui permettre de se reprendre en main par apport au village, aussi pour que certains villageois reconnaissent leur tort vis-à-vis elle et bien sûr, débarrasser cette terre des guenaudes potentiels. Lui, il voyait une autre facette de la réalité et il ne semblait pas ne pas être le seul.

À raison, ils avaient réussi, ensemble, à se débarrasser de l’une des guenaude et Vëla de Torm était persuadé qu’il n’en avait pas d’autre, du moins pas pour l’instant et proche d’eux, car une fois que la tête s’était séparée du corps, les menaces de toute part avaient cessé. Rien ne prouvait qu’il n’y en ait pas d’autres auprès d’eux et ce fut le pourquoi que la preux chevalier restait aux aguets. Nouvellement remis en groupe, leur position était plus certaine et si jamais une autre guenaude s’interposait, ils seraient en de bien meilleures conditions.

Restait maintenant à sauver Marge qui en soit l’était, mais inconsciente, et son homme semblait vouloir avorter cette tentative commune de les réunir; parfois la vie aime se moquer et c’est ce qui lui donnait son charme. S’ils réussissaient à faire entendre raison à Malo cette mission serait réussie, resterait ensuite l’avant-dernière, celle de faire entendre raison à Marge, vis-à -vis les villageois et de son choix d’existence puis pour conclure, celle d’avoir des excuses des villageois auprès de Marge. Une chose à la fois et présentement ils étaient à sécuriser l’endroit au cas où d’autres guenaudes interviendraient et de de raisonner Malo, ce qu’Hermine dans sa démonstration pour le moins introversif, tentait.

La chevalière solitaire avait tenté, secondé de Tijak, Sahadeva et de Sylaruil à contenir la rage du pauvre être transformé en bête, mais cela n’avait que diminué sa rage, il était encore une bête. La jeune fille de la Rashéménie luttait pour le guérir, mais sans son accord rien ne fonctionnerait, il fallait que la volonté vienne de lui et de lui seul. La seule chose qu’elle entrevoyait présentement serait de l’assommer et fallait-il encore réussir, non, il fallait laisser la tentative d’Hermine opérer, laisser le temps de faire son œuvre au clair, si jamais Malo avait du véritable amour pour Marge en lui, il se ressaisirait, il fallait lui en laisser le temps.

La fille de Vallord continuait donc d’inspecter les alentours avec sa vision du juste, au cas ou du malin tenterait d’approcher trop près d’eux, et ce, de façon invisible. Se préparant mentalement à en appeler aux forces curatives de Torm pour les transmettre à Marge. Elle restait au même endroit sur Abby qui lui restait paré à charger au moindre mouvement des genoux de la guerrière divine.

Contre toute attente, Malo ne s'était pas laissé raisonner... mais n'était pas non plus passé à l'attaque. Sahadeva était quelque peu déconcerté par l'attitude de leur allié qui semblait tellement accaparé par le sort de Marge qu'il en devenait imprévisible et incontrôlable.

La brume se dissipait et l'ursidé ne constituait plus une menace, pas plus que la guenaude qu'ils avaient occise. Vëla semblait prête à temporiser et inspectait calmement les alentours. Le Maquar avait, quant à lui, rengainé Nakula, ne conservant plus que son bouclier dans sa main gauche. Il avait perdu de vue Malo, mais il ne doutait pas qu'il soit parti à la recherche d'Hermine et de Marge.

Il entendit soudain un éclat de voix. Visiblement celle d'Hermine. Quelque chose d'important était en train de passer, sans doute l'acte final de cette rencontre.

¤ L'imprévisibilité de Malo face à celle d'Hermine... Absolument tout peut arriver... ¤

Les perspectives n'étaient pas bonnes ou, à tout le moins, elles s'avéraient particulièrement incertaines. Et le guerrier d'Estagund n'aimait pas l'incertitude. Il s'adressa à ses compagnons :

- Nous devrions aller voir ce qui se passe...

Il espérait que Tijak ou Sylaruil ait vu la piste à suivre, cela leur ferait gagner du temps, un temps qui pourrait s'avérer précieux.

Se frottant vigoureusement la cuisse, là où le bec du poulpe l'avait sauvagement mordu, Tijak haletait pour essayer de reprendre son souffle. Les choses s'enchaînaient de façon beaucoup trop rapide pour le pauvre gamin qui avait du mal à comprendre la situation. Il voulait, tout au fond de lui, sauver Marge et Malo mais sans vraiment savoir si cela était bien ou mal, juste parce qu'il les aimait bien. D'ailleurs, le garou n'avait-il pas été à leur côté pour éliminer la menace qui corrompait le village ?

Et pour l'avoir laissé les aider, voire même l'avoir envoyé pour cela, Marge n'avait-elle pas montré qu'en dépit de son animosité pour les villageois, leur sort l'intéressait toujours ? Se refusant de croire que la femme était passé de son plein grès du côté des guenaudes maléfiques, le garçon était convaincu qu'une influence néfaste lui ôtait son libre arbitre et qu'il fallait tout fair pour briser cela.

Pris au dépourvu par la fuite en avant de l'ours-garou, Tijak parvint, par miracle, à conserver le contact visuel.

- Par là, vite, suivez moi, dit-il à ses compagnons en se lançant sur les traces de Malo.

L'important était de ne pas le perdre de vue pour intervenir afin d'éviter un bain de sang. Devant lui, Hermine faisait face, telle une statue d'ébène, admonestant tout le monde dans une attitude de défi que le gamin jugeait inconsidérée. La mèche se consumait vers le tonneau de poudre et la Sainte-Barbe était sur le point d'exploser aussi était-ce vraiment utile d'attiser les flammes ?

Se sentant gagné par la pression oppressante, Tijak se tendit comme un arc. prêt à s'élancer entre les protagonistes pour stopper un affrontement stérile.

- Arrêtez ! Vous êtes tous fous ou quoi ? hurla-t-il avec tout le désespoir de sa juvénile naïveté. On est dans le même camp. M'dame Hermine, M'sieur Malo, j'vous l'jure...

La menace semblait s’être dissipée et les compagnons avaient pu quitter le lit de la rivière. Rassemblés à nouveau, Sylaruil put reprendre ses esprits. L’esprit de groupe et d’union qui l’animaient s’étaient reformés et rassurait sa position. Néanmoins, ils avaient perdu de vue la nouvelle venue Hermine et Malo semblait être à sa poursuite.

* Merci Angharradh de m’avoir apporté de si braves compagnons… Des plus braves que moi *

Sur le qui-vive l’elfe du soleil levant restait à l'affût d’une menace, d’une branche animée ou de la venue d’une guenaud. Personne n’était à l'abri, surtout dans cette forêt. Cependant elle avait pris le temps de ranger arcs et flèches, la main sur le pommeau de sa lame elfique prêt à la dégainer.

Hermine et Malo avaient disparus et dans la confusion qui avait été sienne, l’elfe de Synnoria n’arrivait pas à comprendre ce qui avait pu leur arriver jusqu’à ce qu’elle entende la voix d’Hermine au loin, marmonnant d’incompréhensibles paroles. Le groupe restait autour de Vëla, mais la direction semblait incertaine. Sylaruil peinait à retrouver son calme et restait donc désorientée quant à la situation exacte. Heureusement le jeune mousse avait l’ouïe fine et leur indiqua la bonne direction. L’elfe lui emboîta le pas sans attendre.

Perplexe devant la scène, elle appuya Tijak dans sa tentative pour calmer le jeu :

- Vëla vient juste de défaire la guenaude. Tijak a raison, vous avez perdus la raison ? Vous allez tous reprendre votre calme. Nous sommes tous là pour Marge et je propose que Vëla s’occupe de ses blessures.

Le moment tant attendu de la potentielle rédemption de Marge arrivait et Sylaruil voulait peser de tout son poids pour que cette tentative soit une réussite. Elle épaulera la Paladine de ses petits bras ou d’un nouveau chant.

Heureusement, Jakelm n'avait pas perdu de vue Malo qui les avait finalement guidés à Hermine. Le spectacle que Sahadeva aperçut lorsqu'il s'approcha des deux antagonistes était aussi inquiétant qu'il le craignait : un face-à-face qui pouvait dégénérer à tout moment. Mus par l'énergie du désespoir, Tijak et Sylaruil tentèrent une fois de plus de les dissuader de commettre une folie inutile et préjudiciable. Le Maquar récapitula pour appuyer leurs dires :

- La guenaude est morte, Marge est vivante et Sail a disparu. Voilà les faits ! Venons en aide à Marge et à Sail, le reste n'a pas d'importance pour le moment !

Il avait appuyé sur certains mots, en les soulignant comme des évidences que certains auraient perdu de vue. Il espérait faire appel à la raison et la logique de chacun pour éviter un affrontement évitable.

arge était toujours dans les bras de l'armure noire, et l'armure toujours prête à fuir les nouveaux arrivants. Pour tout dire, l'attitude de ses soi-disant « compagnons » ne faisait absolument rien pour la rassurer ! « Ils » évitaient de répondre à sa requête pourtant simple, tentaient des manœuvres d'évitement pour gagner du temps ... Elle était de plus en plus sûre qu'« ils » tentaient de l'encercler.
C'était évident : « Jakelm » faisait appel à ses sentiments pour éviter de répondre tandis que « Sylaruil » tentait de s'approcher de Marge (pour la récupérer ? la tuer ?), et « Sahadeva » renforçait sa tentative en simplifiant les choses pour voiler la vérité. La croyaient-« ils » assez naïve pour tomber dans ce piège grossier ?
Ses doutes fondaient comme neige au soleil, mais elle allait quand même leur laisser une chance —une dernière chance. Ses compagnons, si c'étaient vraiment eux, allait devoir la saisir vite : il était hors de question qu'elle reste à portée de la charge Vëla, dont elle avait était témoin des effets dévastateurs.

- Vous avez six secondes pouя яépondяe, articula-t-elle d'une voix froide. Tout en commençant à doucement reculer pour maintenir une distance de sécurité entre eux, elle les regarda tour à tour, prenant chacun à partie individuellement.

D'abord, regardant Sylaruil, elle demanda :
« Mousse, où habite actuellement Bяuce, le chef ballistaire du Pяotecteur ? »

Puis elle enchaina une autre question, tout en considérant Tijak :
« Maquaя, quel est le nom de la tigяesse-garou dont nous avons яetяouvé les maяins à la Poяte de Balduя ? »

Enfin, elle s'adressa tout de suite à Sahadeva :
« Lewyяя, qui t'a яencontяée seule à seule cette nuit ? »

Si ces trois-là étaient effectivement des ogres dissimulés sous un camouflage illusoire, elle allait ne recevoir au mieux que des bredouillements en réponse. Même si les intrus s'avéraient plus intelligents que des ogres, ou qu'une des sorcières du brouillard projetait sa voix à travers eux, la précision des questions et le mélange qu'elle avait sciemment opéré entre ses questions et de son regard allaient certainement les confondre.
Si à l'inverse c'étaient bien ses compagnons, ils parviendraient sans problème à comprendre où elle voulait en venir et à lui apporter de bonnes réponses : son plan était d'une simplicité compréhensible même par un enfant ! En conséquence, une seule mauvaise réponse, et elle s'enfuirait sans regret.

Une seule question subsistait : étaient-ce de simples illusions ou des dopplegangers ? Non, elle devait quand même rester réaliste. La guerrière n'était quand même pas du genre à faire preuve d'une imagination aussi débordante ...

La paladin cherchait le mal qui rôdait quand Tijak les avertit de la présence des traces de Malo puis d’une voix forte tentait de calmer un affront, semblait-il, entre Hermine et Malo. Vint ensuite Sylaruil qui elle aussi tentait de faire prendre raison aux deux même puis Sahadeva qui lui, apportait un point que la preux chevalière n’était pas encore au courant, pire, elle ne ce n’était pas rendu compte de l’absence de Sail. Tout changeait pour la jeune fille de la Rashéménie qui avait eu de bons moments avec cette dernière et Sylaruil. C’était pour elle deux sœurs à défendre et protéger et là il en manquait une.

La nature suspicieuse de Vëla se réveillait subitement, son esprit d’analyse faisait surface. * Et si la guenaude n’était pas seul et qu’une d’elles prenait l’apparence d’Hermine et l’autre aurait enlevé Sail… ou si l’une en prenant l’apparence d’Hermine aurait enlevé Sail avec l’apparence de Marge, mais en ce moment où serait Hermine? * Rien de bon dans cette suite et cela ressemblait parfaitement aux manigances perfides d’une guenaude et ne fit que tenir la paladin sur le qui-vive. Il fallait en avoir le cœur net et crever l’abcès le plus rapidement possible.

Toujours avec la vision du juste, Vëla de Torm s’approchait tranquillement, mais surement vers Hermine et Malo, son regard ne se fixait pas sur Malo, mais bien sur Hermine, du moins de son apparence. La guerrière divine tentait d’y voir la réalité, ne se laissant pas avoir avec une possible illusion si prisée des guenaudes en même temps d’y percevoir le mal caché par un subterfuge potentiel.

Allant lancer une injonction à Hermine, cette dernière intervint en posant des questions à trois d’entre eux, mais pas à elle. La paladin ne dit mot, préférant étudier la situation et celle-ci l’apportait à ranger Ô Sainte dans son fourreau dorsal, sa lance d’arçon auprès d’elle serait beaucoup mieux adaptée pour la situation prochaine qu’elle ne souhaitait pas, mais qui restait une alternative possible. Abby comprenait qu’il devait rester vigilant et tenter une perception des lieux suite à un lien télépathique que venait de faire sa cavalière. Tandis que la guerrière divine se concentrait sur les possibles illusions de fait et de personnage ainsi que d’inspecter avec la vision du juste, elle se baissait doucement pour mettre sa main droite sur l’épaule de Tijak et lui délivrait des forces curatives.




Compétence: investigation. Détection du mal sur Hermine et sur 18m. Tente de savoir si une illusion est en oeuvre (test d'intelligence). Imposition des mains sur Tijak pour lui redonner des points de vies.

Sylaruil ne comprenait pas le petit jeu auquel jouait Hermine, elle semblait avoir totalement perdu la tête. Mais les questions visaient à vérifier si ses interlocuteurs étaient bien les bons. N’ayant rien à perdre, ni rien à cacher à répondre à cette question, l’elfe du soleil levant répondit interloquée :

- J’ai eu la visite d’un grig, c’est lui qui nous a indiqué la route à suivre jusqu’à ici. Puissent mes amis du peuple fée nous venir en aide si tu ne nous reconnaissait pas.

Elle marqua une pause, laissant les autres répondre à leurs propres questions d’authentification. Quelle machination avait-elle bien pu imaginer ? Voilà qui, selon la Synnorienne, relevé d’un esprit bien complexe et tourmenté pour se créer pareille hypothèse. Ou alors elle avait dû être confrontée dans le passé à ce type de duperie pour en imaginer une si puissante.

¤ Est-elle devenue folle ? Elle a toujours une tendance à l'instabilité et à l'impétuosité, mais jamais, ô grand jamais, elle n'a agi de la sorte. Un sort de cette maudite guenaude peut-être ? ¤

L'attitude d'Hermine rendait Sahadeva perplexe. Il n'avait jamais vu son amie dans cet état et se demandait si c'était cette magie, dont il se méfiait tant, qui était à l'œuvre. Même sa question était insensée. Mais il ne coûtait de répondre et, si cela permettait d'éviter un affrontement inutile, cela en valait même la peine. Sylaruil avait déjà franchi le pas en donnant la réponse attendue. D'une voix calme, mais quelque peu inquiète, le Maquar répondit à son tour :

- Tu sais très bien que je n'ai jamais mis les pieds à la Porte de Baldur. C'est à Eauprofonde que nous avons retrouvé l'équipage d'Opale. Et il s'agissait de rats-garous, et non pas de tigres-garous, à supposer que cela existe.

Il scruta avec attention la réaction d'Hermine. Si elle ne se ressaisissait pas, il faudrait bien la neutraliser, le temps qu'elle retrouve ses esprits. Mais il connaissait mieux sa puissance que ses compagnons et n'était pas sûr qu'ils l'emporteraient en cas d'affrontement.

¤ Par l'Adama et tous les dieux, faites qu'elle se reprenne ! ¤