L'oeil des Sorcières, Aventure dans les Moonshae

Ils y étaient. La vision de Torm ne démentait pas, il y avait bien le mal qui les attendait et de ceci la jeune femme restait surprise, elle aurait cru que le malin attaque par surprise et ce n’était pas le cas. Était-ce une ouverture pour parlementer, un piège entre eux, une ruse pour détourner leurs attentions, elle ne pouvait sur l’instant le savoir, mais ils seraient bientôt au courant. La paladin savait que l’attention était portée sur elle de par son aura et c’était parfait pour celles et ceux qui voulait être plus discrets.

De suite, la guerrière divine fit arrêter Abby, elle mit pied au sol et en appelait à Torm pour une protection contre le mal et ensuite elle reprit place sur le dos de son fidèle destrier puis s’approchait en faisant un détour pour ne pas avancer vers les deux aura maléfiques de face, mais bien de côté. En avait-il bien deux où plus tôt la preux chevalière était trop loin pour saisir la différence. En approchant elle aurait une meilleure distinction. Si elle n’avait pas attiré l’attention encore il était maintenant temps de la faire. Restant à la limite de sa vision de Torm pour bien en saisir laquelle ou lesquelles était bien empreinte du mal puis elle prit la parole avec conviction pour tenter de toucher Marge si elle était en capacité d’entendre.


-Hola devant, je cherche une dénommée Marge, sa disparition depuis peu, inquiète certaine personne pour qui elle est très chère, dont Malo, certain membre du village qui ont du ressentiment et moi Vëla, fille de Vallord, seule représentante de l’Ordre du Corbeau sur cette île, en suivant les traces j’arrive jusqu’ici. Est-elle en présence et capable de me parler? Sinon où puis-je la trouver et l’avez-vous vue dans les parages? –

Elle se préparait au pire, mais telle comme elle était, intérieurement, elle souhaitait que Marge puisse répondre, le temps qu’elles prendraient à discuter ferait en sorte que ses alliés prendraient position.




Social et psychologie si elle (elles) réponde (nt).

Sahadeva progressait prudemment, soucieux de protéger ses compagnons dans leur progression. Comme ceux-ci, il finit par remarquer la présence de deux silhouettes. Marge était-elle l'une d'elle ? Le Maquar était trop loin pour pouvoir le déterminer. En observant le comportement de Vëla et Tijak, il comprit cependant sans peine que la situation était profondément anormale.

¤ Une magie est sans doute à l'œuvre ici, cette force capable de tromper les esprits les plus forts… Prudence, mes amis… ¤

Sahadeva n'appréciait guère la magie. Habitué à voir les mages de son pays user d'illusions pour appréhender l'ennemi sans le tuer, il associait la magie à une forme de tromperie et de manque d'honneur. Ne comprenant pas bien ses ressorts, il avait toujours entretenu une forme de méfiance à son égard.

L'espace d'un instant, il regretta de ne pas s'être équipé de Nakula : l'enchantement qu'Hermine avait appliqué sur sa lame aurait été bien précieux afin de mieux saisir la magie à l'œuvre. Mais il n'avait ni le temps, ni l'envie de ranger son arc pour dégainer son cimeterre. La situation était trop tendue et la moindre perte de temps ou le moindre bruit pouvait la faire basculer.

La prudence s'imposait donc. Constatant que ses amis s'étaient arrêtés l'espace d'un instant, le guerrier d'Estagund se dissimula de son mieux derrière la végétation. Il ne quittait pas la scène des yeux et prêt à bander son arc si nécessaire. Il redoubla de prudence en entendant les paroles de Vëla : une approche plus discrète aurait sans doute permis de mieux comprendre ce qui se tramait devant eux, mais la franchise de la paladine aurait l'avantage de tirer rapidement au clair la situation.

Se dissimule tant bien que mal dans la végétation. Prêt à tirer en cas d'attaque contre Vëla ou un autre membre du groupe.

Tapi dans les buissons, Tijak retenait sa respiration en essayant de faire le moins de bruit possible. Il ne pensait pas avoir été repéré mais ne voulait pas trop solliciter Tymora sous peine d'attirer l'attention de Beshaba, ce qui serait, tout de même, bien contraire à leurs plans.

S'il sentait ses poils se hérisser sur sa nuque devant l'étrangeté des phénomènes qui percevait, le gamin restait calme, ne perdant pas une miette du spectacle. Deux femmes, dont l'une d'elle pouvait fort bien être Marge, se tenaient légèrement en contrebas, leur large manteau rendant impossible toute identification plus précise. Tous les sens en alerte, le jeune éclaireur poursuivait son observation, une sensation désagréable lui titillant toujours l'esprit. Fouillant dans sa mémoire pour tenter de se souvenir ce qu'il savait de ces sorcières particulières appelées guenaudes, il lui semblait se souvenir qu'elles étaient la plupart du temps solitaires mais que, parfois, elles se regroupaient à trois pour former un cercle. Mais, trois moins deux était égal à un, donc le compte n'était pas bon et, si l'hypothèse se confirmait, une dernière créature devait encore rôder dans les environs. Le brouillard troublant sa vison, Tijak s'en remettait à son oreille pour détecter le moindre bruit suspect, s'apprêtant à faire face immédiatement à toute nouvelle menace.

Vëla, fidèle à sa droiture et auréolée de la puissance de Torm, venait de se dévoiler et d'apostropher les femmes. Cette intervention avait au moins le mérite de focaliser l'attention sur elle. Profitant de cette diversion, l'adolescent quitta son abri précédant pour se glisser dans une crevasse imperceptible et gagner une nouvelle position d'observation. Ses armes ne lui seraient d'aucune utilité en cas de grabuge mais, par contre, il pourrait toujours en appeler aux animaux surprises qu'il sortait de son sac à malice. Machinalement, il avait fourré la main dans la bourse en toile, empoignant la petite boule de poil qui s'y trouvait. En cas d'urgence, il la lancerait devant lui, comptant sur cet animal pour détourner temporairement l'attention.

Connaissance "nature" pour se rappeler les forces et faiblesses des guenaudes.
Furtivité pour gagner sa nouvelle position d'observation.
Perception pour rester sur ses gardes.

Alors que le groupe progressait dans sa formation habituelle dans la forêt, il tomba enfin sur les deux sorcières, conformément aux indications du Grig. Elles semblaient passer du bon temps en compagnie l’une de l’autre et surtout il paraissait qu’elles avaient loupées l’arrivée du groupe dans les parages.

Avançant avec la plus grande précaution, prenant le temps de bien voir où elle mettait les pieds, Sylaruil entraina Sail avec elle. Heureuse d’avoir pu trouver Marge, Sylaruil restait optimiste malgré les récentes réflexions du trajet et l’échange difficile avec Malo. Elle avait gagné foi en la capacité de la Paladine de convertir Marge. Et puis sinon, il faudrait passer à l’acte comme Vëla et Sahadeva l’avaient suggéré où penser. Impossible de laisser de pareilles monstruosités instiller leurs maléfices tel un poison dans ce coin des Sélénae. C’était une question de devoir pour le groupe, en tout cas pour Sylaruil.

Alors que Sylaruil aurait voulu pousser la chansonnette pour donner du courage à ses alliés, elle se retint pour conserver ce qui pouvait être un avantage tactique pour le groupe. La Paladine mit les deux pieds dans le tas, annonçant sa venue et sa position de fidèle de Torm. Le groupe serait vite fixé, même si sûrement trahis, mais l’elfe du soleil levant pensa surtout à profiter de cet instant pour contourner les sorcières. Elle proposa par signe à Sail de profiter de la diversion pour se positionner à revers.


Furtivité : pour se faufiler à revers des 2 sorcière sans qu'elles le sachent

ans ce décor de lande, Hermine restait bien à l'abri. Elle avait choisi de se dissimuler derrière un buisson, qui constituait une cachette moins évidente que l'un des quelques arbres épars qui se dressaient alentour, mais qui offrait une vue sur la scène. Dès sa cachette atteinte, elle cessa de bouger : elle ne pouvait risquer de se dévoiler en changeant de position, car elle ne pressentait malheureusement que trop bien ce qui allait se passer.

¤ 3 ... 2 ... 1 ... ¤

... Et Vëla dévoilà leur présence à tous, en demandant son chemin à deux ennemies très dangereuses sans même leur laisser, à Jakelm, Malo et elle-même, l'occasion de les neutraliser avant de les interroger. Instantanément, la folle de Torm avait inversé le cours des événements ... en leur défaveur.
La plupart des membres de leur groupe avaient opté pour la furtivité ; seule la paladine avançait à découvert. Mais leurs adversaires n'étaient pas idiotes, si elles avaient prêté l'oreille aux rumeurs elles connaissaient certainement le nombre et les noms des aventuriers, et même sinon, il était bien connu que les aventuriers se déplaçaient généralement en groupe.

Hermine n'avait pas pris part aux dernières aventures qui avaient donné à ses compagnons une célébrité relative dans la région, il était possible que les sorcières la croient actuellement en pleine digestion ... dans le ventre des ogres. Mais même si elle avait cet élément de surprise, ce qui était loin d'être sûr, dorénavant, il leur faudrait composer avec des adversaires ni immobilisées, ni aveuglées, ni baillonées, mais à l'inverse pleinement sur leurs gardes et disposant de tout le temps nécessaire pour incanter ou demander télépathiquement à d'autres ogres de les prendre à revers à leur tour.

De dégoût, Hermine serra les dents.
Changer de position risquait de la faire voir, prononcer ses mots de Pouvoir risquait de la faire entendre. En l'état, elle ne pouvait donc rien faire d'autre qu'attendre sans bouger, les sens en éveil, surveillant les sorcières ainsi que les alentours, afin de détecter d'éventuels ennemis supplémentaires et de préparer une retraite. Et à espérer ne pas rentrer dans le champ de vision d'une des lanceuses de sorts adverses ...

Hermine retarde son action.

Narration

A travers le brouillard, les ombres tressaillaient et de l’une d’elle, sortit une voix qui pouvait être celle de Marge… ou pas. Les deux femmes étaient proches et la brume, traître, transformant les sons et les déviant assez que pour faire poindre le doute.

- Oui, les Ogres manquent de finesse quand ils répondent aux ordres. Urok avait les dents trop longues, je suppose que vous avez réglé ce … problème et que d’autres devront prendre leur place. Oui, je sais, vous puez le sang d’Ogre. -une seconde d'arrêt- Comment va Jötun ? C’est un ami de valeur, j’espère qu’il ne lui est rien arrivé.

L’élément qui était probablement le plus gênant pour Vëla était le calme dans la voix de celle qui lui répondait. Il n’y avait aucune crainte, aucun doute, aucune animosité même. Entendre un monstre hurler leur mort aurait été tellement plus facile à déterminer ce qu’il convenait de faire !

- Ce cher Malo … ne lui avait-on pas demandé de ne pas nous suivre ? Il a dû prendre peur lors de l’attaque lui aussi. Approche donc Malo, tout va bien, nous sommes entre amis.

Volontairement, Vëla en était convaincue, elles n’avaient pas répondu à la question de la présence de Marge.

Un croassement de crapaud vint ponctuer la phrase, sans émotion. Puis un autre. Et un autre, comme s’ils se répondaient entre eux. Une perle de sueur vint se former sur le front de Tijak. On était bien trop tôt dans l’année, il faisait bien trop froid pour que les batraciens ne s’éveillent.
Le merle qui chante le printemps, les crapauds qui se répondent … à l’oreille, il comprit vite que ces derniers se dirigeaient vers sa précédente cachette. Il avait bien fait de se déplacer, il avait été percé à jour par le volatile qui n'en était sans doute pas un.

Le jeune homme se souvenait dans les grandes lignes de ce qu’Hallgrim leur avait raconté sur les Guenaudes … leur puissance, leur apparence si horrible qu’il fallait prendre garde de ne pas la regarder, le Cercle que trois d’entre elles avaient dû former pour créer l’œil que Sahadeva gardait depuis sa découverte dans la grotte. De points faibles, il n’en connaissait qu’un : un certain avantage s’il brisait l’œil. Sans aucune idée de la nature de cet avantage.

Sylaruil se faufilait comme une ombre parmi les ombres. Si le brouillard leur cachait les silhouettes, il devait en être de même dans l’autre sens. Quand l’Elfe atteint le bord de la rivière, préférant l’aval que l’amont pour que son entrée dans l’eau ne soit repérable par les deux femmes, elle remarqua un mince filet rougeâtre s’étendre jusqu’à elle, bientôt suivi par un poisson … aussi mort que ceux qui l’avaient plongée bien malgré elle dans le sauvetage du hameau. Splitch. Le poisson mort bondit hors de l’eau juste derrière elle.

- Désolé belle Llewyrr, je ne t’avais pas vu.

Était-ce … un rire ?
Il sembla à l’Elfe que quelque chose d’autre se déplaçait dans l’eau, qui créait un remous cliquetant des vaguelettes sur ses cuisses tandis qu’elle atteignait le milieu de la rivière. Tournant la tête vers Sail, elle ne la trouva pas.

La situation plaisait à l’ex-folle de Torm, mais elle était quand même encore dans le doute au propos de Marge et sa présence. Avec flegme la jeune femme jouait le jeu.

--J’ai tout fait pour Urog puisse progresser dans la vie, il en a choisi l’autre alternative, alors oui, je crois qu’il avait la dent trop longue. Jötun à tout mon respect et va très bien, lui aussi semblait attristé du comportement d’Urog.-

La suite vint l’interpeller et c’est avec un peu plus de rectitude que la guerrière divine intervint en utilisant une vitesse d’élocution assez lente, pour être bien comprise et surtout offrir toujours plus de couverts à ses compagnons…

-Malo, avant d’approcher tes amies, tu ne veux pas savoir si Marge est bien présente. Moi si par contre et c’est principalement la question posée qui reste sans réponse jusqu’à présent et excusé ma persistance mesdames. Est-ce que Marge est avec vous, oui ou non, et avenant la négativité de la réponse, où est-elle? Car évidemment vous êtes à la base de l’attaque de son campement et je suis redevable avec honneur à Marge, donc vous comprendrez le plus sérieusement possible l’importance pour moi et pour vous, d’avoir une réponse claire, précise et nette. Le tout, bien entendu, pour le meilleur de nous tous. Mon accortise ainsi que ma bienveillance ont certaine limite, nos tractations ne pourront pas indéfiniment durées si malheureusement je n’ai point de réponse. J’ose espérer à votre indulgence de la situation mesdames. –

Ses genoux se préparait à diriger Abby, mais avant tout il fallait demander de l’aide à Torm, alors le moment était crucial, tout dépendait de la réponse, de la réaction de Malo, de celles qui se tenaient sous le couvert brumeux et de différents dieux en second.




Social et psychologie.

Le calme avant la tempête, telle était l'image à laquelle Sahadeva pensait en écoutant les échanges entre Vëla et les femmes mystérieuses. Ils ne savaient rien d'elles et, jusqu'ici, elles ne s'étaient pas montrées agressives. Mais le Maquar pressentait que cela ne durerait pas.

Son regard acéré surveillait le moindre geste des deux femmes. Il se tenait aussi immobile que possible pour ne pas attirer l'attention sur lui et pour bénéficier des effets de la cape de Cathalishaera qu'on lui avait offerte quelques mois plus tôt. Mais immobilité ne signifiait pas inaction : le guerrier était prêt à tirer, même si le brouillard ambiant troublerait la précision de ses flèches.

¤ Maudite magie… ¤

Demeure caché et immobile. Toujours prêt à tirer en cas d'attaque contre Vëla ou un autre membre du groupe.

Sylaruil avait pu se faufiler sans se faire repérer apparemment, pendant que Vëla continuait son petit manège de Paladin qui faisait une merveilleuse diversion. La conversation avait démarré avec les deux sorcières qui avaient l’aplomb de se sentir en parfaite sécurité.

L’elfe du soleil levant, intrépide, continua son contournement. Elle n’hésita pas une seconde à rentrer dans la rivière pour poursuivre sa manœuvre. Le sang et l’état de cette rivière la dégouta, et elle dû se promettre de prendre un bon bain pour retrouver toute sa fraicheur et sa dignité. Une elfe comme elle ne pouvait pas se permettre de rester sale, les habits souillés, en si bonne compagnie. Néanmoins la nécessité l’avait poussée à l’eau et l’avait mis nez à nez avec un poisson mort-vivant doté de la parole.

*Quelle infâme sorcellerie, pesta-t-elle intérieurement !*

Et sa position était semble-t-il découverte si un poisson sbire s’était mis en chemin. La sensation de malaise qui avait été forte continua d’augmenter. La Synnorienne était sur le point d’exploser de dégoût et d’écœurement. Sans sang-froid elle ne put contenir un cri aigu ! Le tableau était de plus en plus sombre. Sentant une présence sous l’eau, elle s’empressa de quitter la rivière par le bord le plus proche. Il n’était pas question de rester à la merci des guenaudes ou de leurs acolytes.

Elle ne prit conscience qu’à ce moment-là de son erreur à être si enthousiaste à l’idée de cette mission. Sail n’était plus là, ce qui lui fit un second frisson, seule elle était très mal à l’aise. Elle décida de pousser plus loin tout en assumant désormais sa position. Ce faisant, elle commença à entonner un chant bardique à mi-voix pour donner du courage à ses compagnons, mais surtout à elle-même. Elle ne voulait pas couvrir la discussion entre Vëla et les guenaudes mais sa position était trop fortement compromise pour continuer sur cette voix. En tout cas sa spontanéité l’avait jugée ainsi.

oujours tapie dans son buisson, Sirène patientait. Les sorcières étaient là, et ses amis choisissaient de rester. Elle ne pouvait fuir. Et toujours tapis dans son esprit, ses démons grandissaient. Le brouillard l'enveloppait, et elle ne pouvait les faire s'en aller. Elle ne pouvait fuir.

Elle avait perdu de vue Sahadeva et Sail. Qui sait ce qu'ils devenaient ?
Elle avait encore une bonne idée de la position de Sylaruil. Qui savait pour combien de temps ? Si elle pouvait suivre la belle elfe en qui semblait grandir la terreur, les sorcières le pouvait aussi.
Par dessus tout ça, Vëla parlait. Ses phrases étaient trop longues, son vocabulaire trop riche ... Que disait-elle donc ? Ses mots lui embrumaient l'esprit. Sirène n'arrivait plus à suivre cette langue “commune” pour d'autre, mais qui n'avait jamais été la sienne.
Le dernier de ses compagnons était celui pour qui elle craignait le plus. Tijak.

¤ Où es-tu, enfant perdu ? … ¤

Elle étouffait. Elle ouvrit son armure pour tenter de trouver un peu de fraîcheur.
Du coin de l'œil, Sirène surveillait la danse des volutes de brouillard. En périphérie de sa vision, elles prenaient forme ...



Muriel avait quatre ans.
Intimidée, seule dans la petite tente étouffante, elle attendait que la Vedma [se] prononce [sur] son sort.
Comme elle, chaque jeune Wegwiur, l'âge venu, recevait l'auspice des esprits. La Vedma devenait la voix puissante d'Istus, divine devineresse de la destinée. Trop jeunes encore pour suivre la voie de leur Totem, les enfants devaient cependant respecter des interdits, Tabous qui pour la plupart leur étaient propres.
Soudain, les yeux de la vieille dame se figèrent. Elle parla :

Fille d'Eratha, tu éviteras toujours brumes et brouillard.
Tu n'enfermeras jamais ton corps avec des boutons.
Et jamais, au grand jamais, n'exprimeras ton amour dans un lieu Saint.

Certains disaient que les Tabous avaient un sens pour chacun. Mais la Vedma s'expliquait rarement.
Et pour ceux qui passaient outre les avertissements ? Aucune histoire traditionnelle ne racontait ce qu’il advenait, mais chaque année, certains rapportaient de nouvelles histoires sur ceux ayant ignoré les conseils d'une Vedma. Nul ne prenait à la légere ce que disait la vieille ; c'était ainsi.



Muriel avait quatorze ans.
Terrorisée, elle courait entre les stalagmites, les blocs de glace, les rochers et les tas de trésors. Autour d'elle, cris de douleur, hurlements de frayeur et rugissements de fureur se repercutaient dans les couloirs de roche glacée. Pourquoi donc s'était-elle jointe aux Arpenteurs Gris ? Déjà, lors de leur expéditions à travers les collines Hurlantes, ce brouillard avait été un mauvais présage ! C'étaient les tombeaux de leurs morts qu'ils profanaient ! Et voilà que la cible de leur quète, le grand dragon des glaces, les avait vaincus. Tous les Arpenteurs. Dispersés, tués, ou pire ! Et ce souffle, ce souffle terrible ... Cette brume givrante, si froide ... Elle glaçait jusqu'aux os. Elle était passé près d'elle, comme un souffle de mort. Juste à sa droite, Kroran le demi-orc avait été gelé vivant, tel une momie de glace, son chant de révolte et d'espoir figé pour toujours.
Combien d'Arpenteurs étaient encore en vie ? Pour combien de temps ?
Le sol trembla, des blocs tombèrent du plafond, et elle entendit un pyramide de trésors s'effondrer non loin. Le fracas aurait pu l'assourdir, si le rugissement qui lui vrillait les tympans ne s'en était pas déjà chargé. Le dragon était sur elle. Et sa mort, toute proche ...
Comment s'échapper ? Où fuir ? N'importe où ...



Seule dans la brume, sous son buisson, Sirène combattait ses démons.
Elle remuait légèrement, comme quelqu'un qui luttait dans son sommeil. Les yeux à demi fermés, murmurant à voix basse dans une langue jamais entendue sur Toril, elle avait quitté les Royaumes.

Hermine incante.