L'oeil des Sorcières, Aventure dans les Moonshae

Il était difficile d’interpréter si l’homme était amusé par le sourire de Sail ou par son assurance. Il n’avait pas assisté à sa crise de terreur dans le hameau, il devrait lui donner le bénéfice du doute et, en même temps, reconnaitre dans sa requête, un aveu de faiblesse. Ecartant les bras dans un appel au calme :

Hallgrim Waaler

- Les sorcières sont des créatures … à part. Elles n’ont rien à voir avec les non-morts, ni les créatures sylvestres. Elles vivent seules ou dans des cercles restreints, s’accompagnant alors d’Ogres ou de Géants mais ne sont jamais à la tête d’armées ou d’autres organisations, à même de déstabiliser notre archipel. Sans réduire le risque que vous nous avez évité, entendons-nous bien. -------------------- Hallgrim Waaler, mage du Conseil de Caer Callidyrr

Dans son attitude, les plus observateurs pouvaient se rendre compte que ses connaissances étaient plus théoriques que pratiques, aucune des émotions qui accompagnent un souvenir douloureux ou désagréable ne marquait les traits du Mage.

Hallgrim Waaler

- Parler d’elles comme d’une seule créature serait vous tromper, il en existe trois, distinctes par leur apparence, leurs forces et leurs faiblesses. Même s’il arrive de trouver des cercles comprenant les trois, ce n’est pas une généralité sur laquelle se baser. Et c’est une chance. Les deux premières ont la taille et la morphologie d’une femme humaine mais sont si horribles, qu’on raconte qu’on peut mourir rien qu’à les voir, on les appelle Geunaude, surtout pour faire peur aux enfants qui ne craignent pas les fées. A moins d’être réunies, la première vit dans les mers, la seconde dans les forêts denses et anciennes. La troisième est une géante qui prendra l’apparence d’une humaine si elle devait surprendre. C’est une menace plus sérieuse à elle seule et nous en aurions déjà entendu parler si une Annis, comme on les appelle, était sur l’île ou ailleurs. Il poursuivit, sans pouvoir en dire beaucoup plus. - La légende prend le pas sur le savoir pour tout ou presque qui les concernent, l’idée d’être étudiées ne leur plaisant guère, mais tous s’accordent pour reconnaitre leur laideur, la résistance de leur peau, leur ruse et leurs pouvoirs magiques auxquels elles résistent en retour. Celles qui vivent dans les forêts peuvent vous voler vos forces d’un simple contact, celles des mers vous maudire. La seule faiblesse que je leur connais est l’œil que vous avez découvert, qui les affectera si vous le briser au moment de les affronter, mais c’est aussi le signe qu’elles ont formé un cercle, nécessaire pour accéder à ce niveau de magie … A trois, leurs pouvoirs magiques deviennent beaucoup plus importants. On dit qu’elles peuvent alors commander aux morts et plonger leurs victimes dans des illusions terrifiantes. Mais comme je vous le disais, ce ne sont sans doute que des légendes. -------------------- Hallgrim Waaler, mage du Conseil de Caer Callidyrr

Parfaitement conscient de la piètre qualité de ses informations, il haussa les épaules, un léger sourire dans sa barbe.

Hallgrim Waaler

- Bien sûr, vous pouvez compter sur notre support si votre équipement n’est pas à la hauteur. Listez-nous vos demandes, nous ferons au mieux pour vous rassurer. Merci beaucoup pour votre proposition d’acheminement, nous vous paierons, bien sûr, pour ce service, et vous remercions déjà. Nous préparerons vos demandes d’équipement et les mettrons dans le chariot à leur intention. -------------------- Hallgrim Waaler, mage du Conseil de Caer Callidyrr

Sahadeva poussa un léger soupir. Ces sorcières avaient tout de créatures redoutables et dangereuses et, qui plus est, elles étaient nimbées de mystère. Cela lui rappelait étrangement le cas de l'aboleth croisé quelques mois plus tôt et la perspective n'avait rien de rassurant. Le Maquar aurait préféré affronter des êtres humains de chair et d'os que de telles créatures, mais il savait où était son devoir.

- Merci pour ces précieuses informations, même si beaucoup de questions restent en suspens.

Le guerrier d'Estagund ajouta :

- J'acheminerai le nécessaire avec celles et ceux qui seront d'accord. Je pense que nous pourrons bientôt partir, juste le temps de préparer notre matériel et de faire quelques achats.

Il réfléchit avant de reprendre la parole :

- Y a-t-il toujours un prêtre au village? Si nous risquons maladies et malédictions, je pense qu'il nous serait précieux de disposer d'un spécialiste sur place. Nous l'avons bien vu lors de notre précédente mission…

Je vais acheter le bandeau d'intelligence +1 (dois-je rouvrir ma fiche ou t'occupes-tu de l'opération?) et c'est a priori tout pour le moment, sauf si on a besoin de vivres et de quelques potions et onguents en tous genres.

Décidément cet Hallgrim en savait long sur les sorcières, son savoir été précis, mais Sylaruil avait un profond doute sur le type de sorcière dont il parlait. Marge était en effet une sorcière, mais avant tout humaine. C’était la pratique de son art, sûrement du druidisme, qui lui valait l’attribution de ce qualificatif. Bref un bon rat de bibliothèque dont les connaissances n’étaient pas moins intéressantes. Néanmoins, ce que préférait Sylaruil c’était les histoires, les racontars, les rumeurs de tavernes, les aventures épiques. Elle en avait fait le plein et avait même appris une ou deux mélodies lors de son séjour à Caer Callidyr. D’ailleurs elle avait été totalement émerveillée d’avoir découvert cette cité.

Profitant de la proposition du mage l’elfe du soleil le vent acquiesça.

« Quelques flèches pour remplir mon carquois me seraient bien utiles. »

Puis répondant à Sahadeva mais s’adressant à tous :

« J’accompagnerais Sahadeva avec plaisir ! Ces vivres et matériaux soulageront grandement les villageois. Et puis nous pourrons continuer notre enquête. »

N’attendant plus, Sylaruil fila faire son paquetage, elle était déterminée à partir aussitôt.

La paladin écoutait, les revendications de l’un puis de l’une plus avare, des inquiétudes du jeune, de la bienveillance de l’autre puis des explications du mage et ressentait une certaine vigueur de l’ensemble à bien vouloir participer à cette nouvelle aventure. Hallgrim, était clair et précis dans ses explications, même si celles-ci n’avaient pas la profondeur désirée, ils réussiraient d’après elle, à trouver réponse à leurs questionnements une fois partis et en place.

Il leur faudrait donc attendre un peu avant de partir pour que les préparations puissent se faire pour accommoder le hameau. Ceci donnerait le temps à la guerrière divine d’aller s’habiller convenablement et se préparer ainsi que d’appeler Abby de sa résidence céleste.

Ils auraient donc affaire à des sorcières, cela n'était pas pour faire oublier sa mère, une sorcière de Thay qui avait quitté sa famille suite à la couche. Vëla gardait un goût amer dans le fond de son âme et ne voulait pas en aucun points prévoir quoi que ce soit. chaque chose en son temps.

Le guerrière de Torm pensait à Marge et savait à l'intérieur d'elle même que cette dernière, si elle le voulait, pourait les aider. Il fallait maintenant savoir comment celle-ci se sentirait aise d'apporter sa pierre à l'édifice.

Attentif, Tijak écoutait les explications du mage du conseil, s'efforçant de demeurer impassible. Après tout, il n'était plus un enfant susceptible d'être effrayé par ce genre de légende même si, au fond de lui, il ne pouvait s'empêcher d'éprouver une réelle inquiétude, toute légende se basant sur un fond de vérité.

Tous les indices convergeaient vers l'existence d'un cercle de sorcière à proximité du hameau, cercle qui serait limité aux Geunaudes, la présence d'Annis étant exclue, d'après Hallgrim. Tout cela confortait le jeune garçon dans sa certitude qu'il leur fallait contacter Marge de nouveau pour obtenir de plus amples informations.

- J'viens aussi bien sûr, affirma le mousse d'un ton qui ne laissait aucun doute quant à sa détermination. J'ai b'soin d'rien d'plus que c'que j'ai déjà. Ah si, quand même, j'peux garder l'cheval qu'j'avais la dernière fois ?

Les courbatures et douleurs musculaires résultant de sa première chevauchée était désormais oubliées et Jakelm n'éprouvait aucune crainte à l'idée d'enfourcher de nouveau sa monture pour se rendre au hameau de pêcheurs. Il devrait quand même avoir nettement moins mal au fesses que la première fois...

Les aventuriers avaient repris la route si paisible et agréable qui les avait mené droits dans les cauchemars du Hameau d’Herledan. Il faisait couvert et toujours froid, le vent piquant de la mer trop proche, piqueté de sel et d’iode, rosissait leur visage.

Sail menait un chariot chargé d’objets aussi divers que des couvertures de laine, des étoffes, des lourdes cordes de chanvre, du papier, du cuir et d’autres caisses dont le contenu ne leur avait pas été détaillé. Sylaruil reçu un carquois de flèches et Tijak le plaisir de retrouver la monture qui lui avait servi lors de leur précédent trajet. Chacun reçut une pièce d’or en dédommagement de la livraison, récompense triviale au regard des risques mais aussi de ce qu’ils pouvaient y gagner. Le service rendu aux pêcheurs leur avait été payé en mithral, un véritable trésor en comparaison.

Connaitre leur destination leur permit de se voir avancer beaucoup plus sereinement et rapidement, le soir n’était pas tombé qu’ils dépassaient la ferme, ses tilleuls argentés et sa bonne odeur de fromage. Les trois habitants étaient à l’intérieur, on voyait la lueur de lampes tempête derrière les fenêtres closes.

Puis se dessina le hameau, son moulin, son activité même à l’approche de la nuit.

Au hameau d'Herledan

Herny fut le premier à les saluer. En quelques jours seulement, il avait grandi et tenait visiblement son rôle de vigile avec toute l’attention des lourdes responsabilités. Maëlys suivi juste après. Malgré ses nouvelles responsabilités, elle portait un tablier bariolé qui lui avait visiblement servi à préparer un repas, elle n’avait changé aucune de ses habitudes et n’avait pas troqué sa charge. Son sourire à les voir arriver était plus lumineux que les lampes à huile, maintenant entretenues pour que les ténèbres n’envahissent plus jamais les lieux.

Du groupe, c’est Sylaruil qui était la plus à l’aise d’y être repassée plusieurs fois. Elle savait que la maison d’Herledan avait été réaménagée pour accueillir les visiteurs plutôt que pour l’usage d’un chef.
Les villageois les accueillirent comme de vieux amis et en très peu de temps, ils furent installés autour de la table de l’ancien chef avec face à eux, un pichet d’eau, un autre de vin, un fromage de la ferme voisine, une galette de pain et des poissons séchés.
Herny les y avait accompagné en hôte attentionné, curieux de voir la troupe reconstituée.
Son regard pétillant de malice et son sourire de conspirateur invitaient à le mettre dans la confidence –ou pas mais son intention était claire.

Il était temps de partir, regard vers la mer et face à elle, Abby et sa cavalière scrutait l’horizon salin. Les yeux fermé la paladin se nettoyait de tout scories négatifs, inspirant ainsi cette air emplit de sel et salvateur et frais qui lui rappelait le vent froid et drêche de la Rashéménie. Quand elle ouvrit les yeux son côté frivole des derniers jours avait disparut, elle était redevenu la guerrière divine et toujours en service.

La jeune femme ouvrait la monté vers le hameau d’Herledan bien heureuse que ses compagnes ainsi que ses compagnons puissent tous être là. La guerrière divine psalmodiait ses mantras tout au long du chemin rejoignant ainsi son sanctum céleste et se mettre dans son état d’office.

Une fois arrivé à l’approche de la nuit, ce qui ressemblait à la première fois qu’il avait entré dans ce hameau, Vëla respirait d’un bonheur renouvelé voyant en vie et animé cet endroit paisible et accueillant. Ce fut Herny qui vint les accueillir pour les diriger vers l’ancienne maison du feu chef. Maëlys avait remodelé légèrement l’endroit ce qui n’était pas négligeable.

Une pensée pieuse lui vint et se disait que la vie reprenait toujours sont droit, quelque jours avant, ici c’était une scène d’horreur et de drame, maintenant, le hameau avait grandi et les habitant c’était endurcis pour grandir. La paladin aurait voulut ériger une pierre en mémoire du drame et de la résurrection qui c’était passé dans ce hameau à la mémoire de Torm, mais elle c’était retiré cette idée de la tête voulant respecter les croyances des habitants.

Herny dansait intérieurement d’impatience et cela fit sourire la jeune femme puis sur une teinte clair et douce, elle dit...


-Herny, nous allons avoir besoin de toi, il va nous falloir revoir Marge. Premièrement je voudrais remercier Malo et deuxièmement il nous faut s’entretenir avec celle qui le protège. Avez-vous eut d’autre nouvelle de Malo ou de Marge ?-

Son sourire était maternelle et invitant puis elle fouillait dans sa besace et sortie la pièce d’or pour l’escorte du chariot et la déposait devant l’enfant.

-Cette fois-ci tu seras récompensé pour ton travail à la cause.-

Dit-elle encore plus souriante et en lui faisant un clin d’oeil.

Ce n'était pas sans émotion que Sahadeva avait regagné le hameau d'Herledan. Il n'avait passé que quelques jours dans la localité, mais c'était déjà beaucoup plus que dans la plupart des endroits qu'il avait traversés au cours de son périple : mis à part le Danseur de Jade et la taverne de Caer Callidyr, c'était ici qu'il avait passé le plus temps. Qui plus est, il avait eu l'occasion d'apprendre connaître plusieurs villageois et il avait l'impression de revenir chez des cousins éloignés. Le Maquar avait poliment salué tout le monde, laissant momentanément de côté ses inquiétudes concernant leur future à Marge et la puissance des sorcières qui étaient visiblement liées à la tragédie qui avait frappé le hameau.

Après avoir réchauffé ses mains légèrement engourdies par le froid, Sahadeva s'était attablé. Il avait discrètement dévisagé chacun de ses compagnons, heureux qu'ils aient tous accepté de se joindre à la nouvelle expédition. Il se sentait en confiance avec eux, malgré les craintes qui animaient son esprit.

Le guerrier avait l'intention d'interroger les villageois sur les récentes activités de Marge, mais Vëla l'avait devancé. Comme bien souvent, il partageait les vues de la paladine et approuvait sa conduite.

Laissant sa compagne de route poser les questions les plus importantes, il se contenta d'ajouter :

- Et rien de neuf au village ? Tout le monde va bien ?

Tout avait l'air de bien aller, mais le Maquar voulait être sûr d'avoir toutes les données en main avant d'aller voir Marge... ou de discuter avec Herledan...

L’accueil au hameau fut particulièrement chaleureux en comparaison de la première arrivée de l’elfe du soleil levant par la mer. Les visages et le village s’étaient illuminés. La tablée, pleine de victuailles montrait l’honneur qui était fait au groupe nouvellement formé. Comme la source, qui avait repris ses droits sur la malédiction, le village reprenait vie et d’une belle manière. Sylaruil en fut réjouie. Le repas lui réchauffa non seulement le corps, mais surtout le cœur.

N’ayant pas un rôle principal sans l’affaire vis-à-vis de Marge, la synnorienne laissa à Vëla le soin d’expliquer leur retour. Écoutant en retrait, Sylaruil était ravie de cette nouvelle tentative de conversion de Marge. Une adoratrice de Malar en moins et un druide bienfaiteur en plus serait un beau coup double en faveur de la terre nourricière des Sélénae.

Rebondissant néanmoins sur les interrogations du Maquar, elle voulait en savoir plus sur la source :
« Comment se trouve la source ? Avez-vous pu reprendre la pèche ? »

Plus tard dans la soirée elle en profiterait pour sortir sa flûte d’oiseau et son violon pour jouer en duo une petite chanson pour les villageois. Quelque chose qui siérait avec l’ambiance du moment et le ton des discussions. Si les villageois dansaient elle pourrait même embarquer quelques choristes parmi les habitants en interprétant ce qu’elle avait pu apprendre durant les quelques jours à la capitale de Caer Callidyr.

Herny cessa de trépigner à la vue de l’or. Son effort pour garder contenance était touchant, tant il était dépassé par la qualité du cadeau qu’il venait de recevoir, un trésor trop gros pour un enfant de son age qui ne saurait jamais quoi en faire, ou peut-être s’acheter une épée, ou un arc, ou une armure, ou …
Ses yeux brillaient plus que la pièce, sa position se faisait martiale face à la mission qu’il venait de recevoir.

- Oh oui, tout va bien ici. On dit que c’est grâce à la source et c’est surement vrai même si j’pense que c’est aussi qu’l’hiver est derrière, pour de bon. Les poissons sont revenus en nombre, et le métal de la grotte se vend très cher au port. Monsieur George a repris le travail au moulin, il faut voir comme il a maigri ! Moi j’dis qu’c’est parce qu’il en pince pour Maëlys et qu’ils attendent l’Herbe Verte pour l’annoncer. M’sieur Brendan a un peu du mal mais les remèdes d’Aziliz le soulage pas mal.

Son visage taquin se durcit.

- On n’les a plus vus, ni Marge, ni Malo. Il y a eu du grabuge dans la forêt par là-bas il y a trois nuits, mais on l’interdiction d’y aller et pour une fois, on a préféré s’tenir à carreau. Avec Louis on a pris deux lièvres qui fuyaient de là-bas comme si’y’avait eu l’feu mais c’était des lumières vertes, le feu ça sent…

Le souvenir du bucher funéraire avait marqué l’esprit du jeune garçon et gardait en lui une emprunte profonde.

- On n’a pas dormi d’la nuit, y avait quelque chose de gros, plus que l’ours j’veux dire. Mais depuis qu’on laisse les lampes dans tout l’village, on n’s’fait plus attaquer du tout, ça impressionne faut croire, et rien d’autre n’est arrivé jusqu’à nous.

Il se tourna, retrouvant le sourire, vers Sylaruil.

- La source va aussi bien qu’la pèche m’dame Sylaruil ! Et… pardon pour les mots qui disaient que vous étiez une fée ou quoi, ils ont bien compris qu’ce n’est pas vrai et que vous nous avez aidé, tout ça. On en a vu une avec Louis, elle était toute petite. Ou bien c’était une chauve-souris, ou une chouette.