L'oeil des Sorcières, Aventure dans les Moonshae

La situation semblait vouloir prendre le côté obscur, les ogres semblaient ne pas vouloir coopérer, tandis que le géant semblait plus apte à discuter, mais malheureusement, l’ex-folle de Torm ne connaissait aucunement l’une et l’autre langue parlée des protagonistes malveillants. Le seul à parler le commun était déjà parti sur une note maligne. Elle n’avait donc plus aucun choix, dévoiler sa position et tenter l’impossible de plus Sylaruil venait d’être repérée. Donc avec tout son charisme et son social elle lançait tout en vérité…


-Les ogres ne viennent jamais près des villages et ne devraient jamais venir aussi prêts à moins que ce soit pour aider les humains. C’est le pourquoi de notre présence ici, nous voulons savoir pourquoi avez-vous détruit le repère de Marge près du village, alors dite nous pourquoi et ensuite nous repartirons. Comprenez que c’est vous qui avez enfreint un certain accord et non nous.-

Cette fois elle n’utilisait pas son aura de lumière, rien ne disait aux ogres et au géant qu’elle était une fervente adoratrice et le bras armé de Torm. Le seul avantage qu’elle venait d’oser c’était de démontrer à l’adversaire qu’ils pouvaient être beaucoup plus de cachés dans le marais que ce qu’ils pensaient. Au prix de la surprise malheureusement. Au moins Sail aurait plus de chance dans sa tâche ainsi que Tijak. * Torm reste présent, guide mes actes et mon bras.* Se dit-elle silencieusement.



Social.

Sahadeva ne comprenait goutte au langage guttural et dissonant des ogres, mais il avait bien saisi l'essentiel de leurs intentions. C'était sans doute là l'avantage d'avoir voyagé aussi longtemps de Chavyondat à Eauprofonde : il avait dû maintes fois user de gestes pour se faire comprendre et saisir les réponses de ses interlocuteurs en interprétant leurs intonations et leur gestuelle. Il était clair que les ogres voulaient les tuer sans tarder, et tout aussi clair qu'ils avaient malheureusement détecté la présence de Sylaruil.

L'effet de surprise s'était estompé, mais restaient encore Sail et Vëla... Le Maquar s'apprêtait à répliquer lorsque la paladine était intervenue, brisant l'effet qu'il voulait donner à son discours. D'après lui, elle aurait mieux fait de rester dissimulée pour surprendre l'ennemi, mais ce qui était fait ne pouvait de toute manière pas être défait.

Pragmatique, il adapta rapidement son plan à la nouvelle situation. D'un geste rapide, il empoigna l'une de ses flèches, l'encocha et banda son arc en direction de l'ogre le plus bavard. D'une voix forte, il déclara :

- Voyez comme nous sommes nombreux et d'autres encore sont cachés dans ces bois ! Nous ne vous voulons aucun mal, répondez à mon amie et vous repartirez en vie. Attaquez et nous serons obligés de vous tuer jusqu'au dernier !

Le ton de sa voix était dur et sévère : impressionner des ogres et un géant ne serait pas une tâche facile. Le Maquar estimait néanmoins que les efforts de Vëla, s'ils étaient louables, étaient probablement vains : ces créatures ne semblaient pas comprendre d'autre langage que celui de la violence. Restait à espérer qu'elles se laissent intimider et qu'elles collaborent... dans le cas contraire, il était prêt à faire chanter la corde de son arc.

Intimidation + 8

Tapi derrière ses rochers, Tijak risquait juste un regard prudent. Avec la couche de boue qui lui maculait le visage et les cheveux, il devait être pratiquement invisible. En tout cas, rien dans l'attitude des ogres ne montrait que le gamin avait été repéré après son évasion autant spectaculaire qu'acrobatique.

Mine de rien, ces créatures étaient vraiment effrayantes tant elles étaient grandes et dominaient tout de leur haute stature. Crispé, Tijak se tenait coi attendant le moment opportun pour agir. Il avait conscience d'avoir échappé à l'attention des monstres et ne voulait surtout pas tout gâcher en se dévoilant trop trop.

Devant lui, il voyait les autres intervenir, Vëla étonnamment conciliante et diplomate et Sahadeva beaucoup plus autoritaire. À croire que ses deux compagnons d'aventure avaient permuté dans leur façon habituelle de faire.

À présent, la fronde bien en main, une bille d'acier glissée dedans, Tijak se tenait prêt à l'action. Il espérait toujours que les choses ne dégénèrent pas mais rien n'était moins sûr.

Les ogres avaient faim, et malheureusement pour ces créatures de basse extraction, il n’était guère probable que leur niveau de civilisation leur permette de ressentir autre chose que la faim et la soif. La situation était explosive ! L’elfe du soleil levant aurait bien voulu se jeter dans la mêlée de palabres, mais elle doutait qu’une pirouette ou un chant elfique ne fasse changer d’avis ces gros balourds.

Sylaruil était semble-t-il grillée, elle décida de maintenir sa position et d’observer la suite des événements surtout d’appuyer le bluff de Sahadeva qui laissait le flou sur leur nombre. L’apparition de Vëla venait crédibiliser elle aussi le discours du Guerrier. Cependant les éléments de surprise diminuaient inversement et proportionnellement. Restait Sail avec son invisibilité qui pouvait jouer gros, Tijak qui n’était pas un gamin bien au contraire, surtout quand il s’agissait de passer à l’action.

La vraie interrogation pour Sylaruil était de savoir si des renforts, tels Malo et Marge pourraient intervenir étant donné l'absence d'information sur leur état de santé ou de la présence pour la seconde.

Une large obscurité envahissait petit à petit l'intérieur de la grotte, et Sail pensait en deviner l'origine lorsqu'elle aperçu de dos l'imposante silhouette d'un des ogres qui approchait. Elle tentait également de prêter attention aux voix qui s'exprimaient à l'extérieur.

La jeune femme cru entendre celle de Sahadeva retentir, mais l'écho était trop faible afin d'identifier quoique ce soit à l'intérieur, puis ce n'était pas dans les habitudes du Maquar de hausser le ton, mais si c'était le cas, c'est que la situation tournait en leur défaveur.

Malo semblait prêt à bondir sur la menace imminente. Il avait l'air d'autant plus terrifiant, aussi Sail n'osa pas s'approcher de lui. Bien qu'il ai fait preuve d'une certaine diligence envers le groupe, notamment Vëla, la Calishite ne se sentait pas suffisamment à l'aise pour venir le soutenir. Qui sait ce qui pouvait se passer dans la tête de ce métamorphe? la rage d'un affrontement pourrait le rendre complètement fou et incapable de discerner ses ennemis de ses alliés!

Plaquée contre la paroi et ne sachant que faire, sa main glissa dans le passage dérobé qu'elle avait découvert. Surprise, elle se souvint alors que ce dernier avait largement piqué sa curiosité. Elle tenta à nouveau d'y voir plus clair en passant sa tête mais rien n'y faisait, il fallait qu'elle entre pour savoir ce qui pouvait bien se cacher là dedans. Marge, peut être?

Les échos des voix à l'extérieur s'atténuaient au profit de son esprit qui lui criait d'aller voir de quoi il en retournait, ainsi Sail se faufila au delà du trompe l'oeil, rasant les parois et avançant à pas feutrés afin de rester discrète.

Narration

Vëla, Sahadeva, Sylaruil, Jakelm

Vëla avait cru la discussion possible, et elle avait raison, ses capacités de persuasion étaient tellement grandes qu’elle aurait pu rallier à sa cause les créatures … si elle en avait eu le temps et partagé leur langue à tous. La suspicion avait trouvé son chemin dans l’esprit de l’Ogre le plus malveillant, il n’était plus temps de parlementer.

- Un accord ? Quel accord humaine ? Les Ogres ne font jamais d’accord avec la nourriture.

L’approche de Sahadeva avait pour elle d’être plus percutante. Sans terroriser des créatures qui le dépassaient de plusieurs têtes, son ton, son assurance, sa foi dans les grands préceptes de l’Adama lui donnaient le crédit d’être légitime. Ce n’était pas vraiment du bluff, il annonçait une force dont les humanoïdes n’avaient pas pris pleine conscience, c’était vrai. Et cette vérité fit vaciller la superbe de l’Ogre et le sentiment de trivialité de la rencontre à tous les autres. Quelle que soit la décision qu’ils prendraient, elle ne serait ni facile, ni agréable.

- Mon … Montrez-vous alors !

Les monstres montraient les dents. Le géant haussa les épaules, visiblement à la recherche de quelque chose, peut-être un rocher à lui envoyer.

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Jakelm Fileyeur - Jet d'initiative : 20(d20) +4(DEX) +1 (aptitude) = 25
Vëla - Jet d'initiative : 20(d20) +4 (DEX) = 24
Malo - Jet d'initiative : 18(d20) = 18
Géant - Jet d'initiative : 17(d20) +1 = 18
Sahadeva - Jet d'initiative : 7(d20) +3 (DEX) +4 (don) = 14
Ogre3 - Jet d'initiative : 17(d20) -1 -2 = 14
Sail - Jet d'initiative : 8(d20) +3(DEX) = 11
Ogre2 - Jet d'initiative : 14(d20) -1 -2 = 11
Sylaruil - Jet d'initiative : 4(d20) +2(DEX) = 6
Ogre1 - Jet d'initiative : 6(d20) -1 -2 = 3
Ogre4 - Jet d'initiative : 2(d20) -1 -2 = -1

Comme souvent, Tijak fut le plus vif. Le dernier ogre n’avait pas fait son choix, que le jeune homme vit le troisième d’entre eux chercher une cible tandis que les autres en étaient encore à tenter d’impressionner le camp adverse en s’armant.

La bille d’acier accrocha un rayon de soleil et vint frapper l’arrière de la tête du lanceur de rocher qui, surprit, fit tomber son rocher et éclaboussa ses compagnons. Cherchant à se justifier, il regarda alentours d’où était venue cette douloureuse bille mais le tireur était trop habile, recroquevillé sous sa cape, il était pratiquement invisible...
Le bruit de l’eau fut le déclencheur qu’attendait la masse tapie dans l’ombre de la crevasse. Se redressant d’un coup, il bondit sur l’ogre aux pieux qui, les mains prises, réagit beaucoup trop tard et se retrouva maintenu par derrière par un ours vaguement humanoïde. Au cri qu’il poussa, chacun pouvait se rendre compte de la puissance de Malo maintenant qu’il maitrisait sa nouvelle forme lycanthropique.
Personne ne se rendit compte qu’à contrecœur, Vëla priait pour écraser de culpabilité l’Ogre qui par son intelligence dirigeait véritablement le groupe. Il lui suffirait de le toucher pour qu’il comprenne …

Le géant avait hésité, il prit alors la décision la plus rapide qu’il ait jamais pris en criant un « STOP ! » si puissant que les branches des arbres en frémir et que la faune environnante quitta immédiatement les lieux.

Hermine

Depuis combien de temps était-elle là ? Pourquoi ? Comment ?
Hermine reprenait conscience dans une pièce sombre, humide. Rien de plus qu’un cocon de roche nue. De la lumière filtrait, lui permettant de comprendre dans un coup d’œil douloureux qu’elle n’était pas complètement enfermée et qu’il y avait bien une issue.
Elle entendait des sons, ténus, des voix graves et d’autres, familières mais qu’elle ne parvenait pas à identifier tant sa tête lui lançait.
C’était comme si elle avait pris un rocher sur la tête, ou une baffe d’un géant, voir les deux.
Elle était seule, affamée, au moins contusionnée, peut-être blessée, sans le moindre souvenir de ce qui lui était arrivé.
Une grosse corde de chanvre la saucissonnait gauchement, rêche, elle lui avait éraflé chaque zone visible de peau.

- STOP !

Le cri était si puissant qu’elle craignait être prise dans une avalanche et qu’elle termine là, dans un cocon de roche bien fermé cette fois.

Sail

La Calishite découvrit aussitôt ce qui avait tout l’air d’une pièce.
Dans un coin, négligemment jetée au sol, une corde enroulée, une paire de bottes un peu trop grandes pour elle et certainement pour avoir appartenu à Marge, et une autre à l’opposé, sans les bottes…

La réponse de l’ogre malin n’était pas ce qu’elle s’attendait, d’ailleurs qui était-elle pour qu’on lui réponde comme elle voulait. La jeune femme, depuis sa mort, n’était que l’ombre d’elle-même, une partit vitale de son être avait disparu, même si intérieurement elle avait encore la volonté ardente des premiers jours au service de Torm, il y avait un quelque chose qui la rongeait qui l’amenuisait : était-ce le doute? Quoi que ce soit, cela mettait en danger le groupe et de cela elle ne pouvait le supporter. Voyant sa mauvaise décision lui faire perdre un temps précieux, elle allait se jeter dans la gueule du loup, lorsqu’elle entendit la tonitruante voix du géant qui eut un effet glacial sur elle, comme si elle entendait la voix de son amant lui ordonner de sortir de sa torpeur. Son oblomovisme dernier se dévoilait en elle, lui interdisant de se laisser aller ainsi. Sincèrement, elle n’aurait jamais cru qu’un géant la sauverait, mais il semblerait que oui, comme quoi la nature apporte toujours son lot de surprise.

Saisi non pas d’effroi, mais bien de prostration, Vëla de Torm restait sans mots, comme si le géant venait de faire une injonction. Elle qui allait commencer une autre demande à son dieu, cessait automatiquement sa requête divine. Le temps lui parut interminable, astreignant, la mettant encore une fois dans l’impossibilité d’aider, elle qui venait à peine de s’en sortir, se voyait retourner dans une situation aliénante.

La néophyte de l’ordre du corbeau aurait crié sa rage, son incompétence, son ignorance, mais il lui en était strictement interdit, lui démontrant ainsi sa faiblesse, la situation gagnait toujours du terrain réduisant alors ses chances de s’en sortir. La paladin qui avait toujours œuvré que pour les autres se retrouvait en face d’un dilemme affreux, un choix qu’elle n’avait jamais suspecté, un moment qu’elle ne croyait pas réalisable, choisir les autres ou elle.
Quelque part, Kazgaroth devait bien rire, sa perversion n’avait pas échoué, il faisait vaciller la folle de Torm, celle qui de toutes les épreuves c’était toujours relevé des épreuves que la vie avait parsemées sur son chemin et qui c’était atterré à la première tentative de la mort. Vëla de Torm, n’était plus.

ésorientée, contusionnée et -évidemment- ligotée.
La situation aurait pu paraître critique, mais l'aventurière était faite d'un autre bois. Encore à moitié inconsciente, dans quinze secondes, elle allait se réveiller, et son cerveau à nouveau fonctionnel trouverait certainement une solution.

Dans quatorze secondes, elle prendrait conscience de la corde -et de la douleur. Dans treize secondes, elle ferait probablement la moue devant l'amateurisme et le manque d'ambition apparents du travail. Sa moue s'accentuerait peut-être encore si, par malheur, elle s'avérait incapable de distendre toute seule ses liens pour se libérer, même avec l'aide d'une saillie de rocher qui, cumulée avec la solidité exceptionnelle de son armure, devrait rapidement entamer le chanvre.

Dans douze secondes, prendrait-elle conscience qu'on l'avait privée de son armure et de ses armes ? Si oui, elle réviserait certainement son jugement sur l'amateurisme de celui ou celle qui l'avait capturée. Mais elle se contenterait aussi simplement de lever la jambe, afin que ses mains puissent atteindre la dague dissimulée dans sa botte. Oui, cette dague même qui avait à plusieurs reprises altéré le destin de la Côte des Épées, en crevant notamment l'œil rougeoyant d'une abomination tentaculaire, mettant fin à son règne de terreur. Dans onze secondes, la lame du Destin ferait peut-être à nouveau son office.

Si dans dix secondes, l'aventurière s'aperçevait à l'inverse que son geôlier l'avait privé de tout son équipement en ne lui laissant que sa pudeur, et qu'elle ne parvenait pas à se libérer de ses liens, elle prendrait acte. Après tout, tant qu'elle était capable de marcher, elle n'avait pas vraiment besoin d'avoir les mains libres pour asséner des coups de tatane à ce qui se dressait sur son chemin, quitte à étrangler son tortionnaire entre ses cuisses jusqu'à ce que son visage devienne violet et qu'il accepte de la libérer.
Oui, dans neuf secondes, elle s'aventurerait hors de la grotte, avec un degré d'irritation encore indéterminé, mais qui influerait directement sur sa volonté d'en découdre.

Tout cela viendrait après, cependant.
Dans huit secondes, ses premières pensées iraient vers sa plus vieille amie, sa compagne de toujours, Biscotte. Était-elle en bonne santé ? Dissimulée dans son capuchon, son giron, ou son écharpe ? Avait-elle déjà commencé à grignoter ses liens, ou déjà partie explorer les alentours ? Le lien que les deux amies partageaient leur permettait à tout instant de connaître les émotions de l'autre ... Si l'aventurière s'apercevait que ce lien avait disparu, elle serait complètement dévastée et risquait de perdre un instant pied avec la réalité.

Et en parlant de folie et d'amnésie : à quel point ses pensées étaient-elles perturbées ? Son esprit, sa mémoire ... son grimoire. Il renfermait toutes ses études : schémas, dessins de conception, formules énigmatiques, cartes et notes d'aventures lui permettraient de retrouver quelques repères. Si dans sept secondes, elle s'apercevait que l'ouvrage n'était nulle part en vue, ce serait un rude coup -presque aussi rude que la perte éventuelle de son amie.

Mais au fond, tout cela, c'était le problème de son homologue du futur, qui prendrait vie dans six secondes.
Large. Une éternité, même. Elle n'avait qu'à attendre son tour, l'Autre.

Au milieu des stimuli fugaces et des pensées lancinantes, Celle du présent ne parvenait qu'à fixer sa réflexion sur un étrange appareil, qui dansait dans l'obscurité de son inconscient. Un golem pour être précis, peut-être grand comme un poing ganté. Armé d'une tige de métal en forme de cuillère, sa tête contiendrait deux réservoirs de grains, noirs et blancs. Son corps, muni d'une poignée, devrait être rempli d'eau maintenue à haute température. Ses bras, en formes de moulinettes, lui permettraient de cracher le sucre en poudre pour l'un, de moudre les grains en une poudre noire pour l'autre. Le corps de fer blanc serait coiffé de soucoupes et de godets, permettant de servir jusqu'à six ... non, quatre personnes. Oui, le golem de fer blanc serait une arme redoutable contre la migraine, un compagnon zélé et infatigable, capable à tout instant de lui servir ...

- ... Du ... café !, croissa l'aventurière, n'adressant sa réclamation à personne en particulier.

Cinq. Quatre. Trois. Deux. Un.

Soudain, un cri retentit, si puissant qu'il en ébranla les parois de la caverne. De la poussière de roche et un ou deux cailloux tombèrent du plafond sur le corps recroquevillé de l'aventurière, mettant fin à toute rêverie de petit déjeuner automatisé, café, thé, brioches et confiture, fruits et viennoiseries, tout inclus pour le même prix.

Hermine ouvrit soudain les yeux, l'esprit clair, prête à l'action.

Il n'était pas aisé pour Sail de voir grand chose dans l'obscurité qui s'épaississait à mesure que l'espace rétrécissait. Aussi ses yeux se plissèrent d'incrédulité lorsqu'elle jura voir une des bottes bouger. Un mauvais tour de son esprit, se dit-elle, alors qu'un hurlement de douleur se fit sourdement entendre à l'extérieur. Inquiète, elle se redressa pour aller porter assistance à ses compagnons, sans doute en train de combattre les ogres.

Mais alors qu'elle s'apprêtait à faire le chemin inverse en se contorsionnant, des frottements contre le sol rocheux parvinrent à ses oreilles. Vivement, elle pivota, dégainant sa dague face à la nappe sombre qui lui faisait face comme une menace chimérique. Puis ses yeux se dirigèrent peu à peu vers le bas, attirés par le bruit. Les bottes avaient bougé... Encore!

Ce n'est qu'en se rapprochant qu'elle se rendit compte que sa première analyse était fausse, et que ce qu'elle avait pris pour une hallucination la réalité! Le stress et l'urgence de la situation avaient dû altérer son jugement et ses sens, aussi maudit-elle son manque de lucidité, cela aurait pu lui coûter la vie.
Elle s'approcha prudemment, et s'aperçu peu à peu, un filet de lumière aidant, que la corde formait une silhouette, et que les bottes étaient chaussées. Il n'y avait plus aucun doute pour la Calishite : elle avait trouvé Marge!

Aussi se précipita-t-elle de la libérer de son étreinte de chanvre :

-Hé ! Marge ! On est venu te libérer (¤ Je ne sais foutrement pas pourquoi mais bon tu garde ça pour toi, ma grande.¤) ! Reste tranquille je vais t'aider .

La jeune femme s'efforça de couper la corde afin d'en libérer sa victime en train de baragouiner quelque chose. Encore quelques lanières et...
-CAFÉ!!!

Un glapissement retentit dans la bouche de Sail qui bondit en arrière, effrayée par une telle réaction. Et comme cela ne suffisait pas, une voix tonitruante résonna brutalement à travers les parois de la grotte, et la jeune femme glapit de plus belle, persuadée que les Dieux eux même venaient mettre fin à sa misérable existence; avant de se rendre compte que la silhouette de Hermine était désormais debout, en garde face à elle.

Elle leva les mains pour bien signifier que ses intentions étaient pacifiques, pointe de la dague vers le bas :

-Écoutes, Marge, on est venu te porter secours, crois moi ! Je suis avec la guerrière baraquée, le mioche pas coiffé et l'elfe ! Tu te souviens d'eux, non? Malo est là aussi !

¤Bordel, pourquoi faut que je me retrouve nez à nez avec la folle du village !¤

Ayant cru voir l'imminence d'une attaque, Tijak, toujours aussi impulsif, avait décidé qu'il était temps de passer à l'action. Précise et incisive, sa bille d'acier avait atteint sa cible en pleine tête et, si elle ne se montrait pas si léthale que ça, avait au moins eu le mérite de perturber l'ogre au point de lui faire lâcher son lourd projectile.

Un léger sourire satisfait aux lèvres, le mioche pas coiffé avait replongé à l'abri de son rocher d'où il risquait un nouveau regard prudent pour examiner la situation. Tout allait bien pour le moment et le gamin était toujours invisible pour les gros-balourds. Maintenant qu'il avait montré la voie, il serait temps que ses compagnons fassent leur travail. Tijak n'allait quand même pas devoir tout faire tout seul...

Tout en glissant rapidement une autre bille dans sa fronde, le garçon changea ses appuis afin de pouvoir, encore une fois, jaillir tel le diable hors de sa boite pour frapper une nouvelle cible.

Du côté des ogres, l'heure semblait être à l'indécision d'autant que l'impressionnant Malo venait d'entrer en scène. À en entendre les hurlements qui provenaient de cette lutte sauvage, le garou ne semblait pas avoir de difficultés à terrasser son adversaire. Le moment était peut-être venu pour porter une nouvelle estocade.

Plissant les yeux pour mieux visualiser sa cible, Tijak ramenait doucement son bras en arrière lorsqu'un mot claqua soudain avec une telle puissance que le jeune mousse se plaqua instinctivement au sol. Même pris au cœur d'une tempête, il n'avait jamais entendu les éclairs tonner aussi fort. Cet éclat de voix dépassait tout ce qu'il avait déjà pu entendre et ne donnait vraiment pas envie de passer outre l'injonction.

Encore tout tremblante, la tignasse ébouriffée se souleva lentement, laissant la place à deux yeux inquiets qui venaient aux nouvelles. Les velléités offensives de Tijak venaient de passer au second plan. Certes, un géant pouvait se voir terrassé par une simple fronde mais il fallait un solide concours de circonstance pour cela...