L'épreuve des convictions, RP

N’étant au village que depuis quelques jours, Godrick ne connaissait pas encore tous les habitants. Lorsque l’ombre, que tout le monde avait repéré et craint, repris ses traits naturels, le nain laissa échapper un ouf de soulagement.
Il écouta ensuite les échanges et eut un mouvement de recul en entendant Haloïs parler des fioles de sang.
Le Gardien Sylvestre n’avait aucune idée de leur utilisation mais il ne pouvait que s’attendre au pire.
Dans la discussion, il tenta de s’exprimer brièvement à ce sujet.

- Je suis d’accord avec Agath, il faut tout faire détruire ces fioles. Même si notre priorité reste le sauvetage des enfants.

Il écouta ensuite les plans se mettre en place en restant silencieux. Il avait face à lui des héros de Faerun, des personnes qui avaient fait leur preuve et en qui il pouvait avoir entièrement confiance. Il se laissa donc dicter la marche à suivre. Lorsque le mage évoqua l’idée de l’emmener avec lui, le Rodeur de Solonnor acquiesça.

- Je suis d’accord avec Agaths. S’il faut se rendre à leur camp de base pendant leur absence pour détruire les fioles, je veux bien l’accompagner. Je lui couvrirai ses arrières.

Le nain se rappela de leur dernière discussion, le mage lui avait demandé de ne pas le lâcher d’une semelle pendant l’affrontement à venir. Il lui avait proposé également de le transformer en dragon. Bien que cela n’avait rien de rassurant pour le nain, il devait avouer que cela l’exciter et qu’il attendait cette transformation avec impatience.

- Je pourrai également communiquer avec les autres Gardiens à l’aide de la Broche pour leur signifier notre avancement et l’état dans lequel se trouve le camp de base.

Les discussions terminées, il partit se coucher. Il trouva difficilement le sommeil mais parvint néanmoins à s’endormir.
Au petit matin, il se prépara et alla rejoindre ses compagnons, prêt mettre en action le plan qui aura été retenu.

La gardienne était sur le pied de guerre. Bardée de sorts magiques, elle attendait que les éclaireurs positionnés à plusieurs endroits stratégiques les alertent de l’arrivée de l’ennemi bien en amont du village. Elle avait été très claire : aucun de ces éclaireurs ne devait porter l’assaut. Car l’objectif premier est de libérer les prisonniers pour n’avoir aucune pression lors du combat ultime. Il fallait également indiquer la présence des prisonniers, en donnant le plus d’informations possibles sur les conditions de rétention. Il n’était pas exclu également que l’ennemi se soit divisé en plusieurs groupes ou étoffé d’autres complices. Leur chef magicien avait surement un plan d’actions, à moins d’être totalement aveuglé par son arrogance.

Elle rassura Yvae sur une potentielle attaque par le chemin des ombres. Si cela avait le cas, l’ennemi serait déjà arrivé car l’avancée est beaucoup plus rapide par ce biais. Par contre, s’il était difficile de se téléporter jusqu’au camps fortifié des Eldreths car l’endroit trop méconnu de la gardienne, il y avait également cette solution de traversée par les ombres, qu’elle garda en tête. Cela exigerait un petit sacrifice mais il fallait se garder tous les moyens possibles pour atteindre leur objectif.

Commençant à bien connaître Yvae, elle se doutait qu’il aurait préféré compter parmi les éclaireurs. Mais elle aurait trop besoin de lui pour filer jusqu’à l’endroit identifié où se trouverait leurs ennemis. Il était un des rares comme elle à pouvoir se métamorphoser. Comme l’idée était se rapprocher discrètement auprès des enfants pour les libérer, la métamorphose en un animal de la faune était la meilleure solution. Aux côtés des enfants, elle pourrait alors les téléporter en moins de deux. Ce plan serait sans doute à peaufiner selon ce qu’ils découvriraient sur place.

Il y avait également le magicien de la main des mystères sur lequel elle pouvait compter. Elle avait déjà vu se métamorphoser. Il était capable de se prendre la forme d’une grande créature volante et d’amener des renforts sur son dos comme Dinenda. Elle lui en parla.

Le voile nocturne s’était maintenant baissé sur la Haute-Forêt et ce depuis un bon moment déjà. L’activité du village s’était réduite au strict minimum, bien que cela resta supérieur à une nuit habituelle, il n’y avait que peu d’allers et venues et les bruits s’étaient éteints. Tous les changelins avaient bien donné de leur personne ces derniers jours et avant la tempête qui se profilait, ils avaient bien mérité de prendre du repos. Bien que tous ne seraient pas logés à la même enseigne, Dinenda espérait qu’un maximum d’entre-eux trouverait le sommeil.

Quand aux Gardiens et leur allié… Que dire ? Les plans s’échafaudaient aussi vite qu’ils ne périclitaient. Tantôt, on se rendait à la place forte des Eldreth Veluuthra, puis on n’y allait plus parce qu’il était trop aléatoire de faire une téléportation sans assez de précision. On gagnait le camp de l’ennemi pour tenter d’exfiltrer les otages. Encore fallait-il localiser le dit camp. On faisait une attaque en force pour créer une diversion, puis finalement non. Dinenda n’était clairement pas le plus sage, ni le plus intelligent de la bande. Il agissait d’instinct, au ressenti. Dans le cas présent, cela restait insuffisant et trop aléatoire compte tenu des enjeux qui avaient cours. En un mot comme en cent, il était un peu paumé dans toutes ces tergiversations. Finalement, il baissa les bras, laissant la conception de la planification des opérations à ceux qui en avaient les moyens.

Regardant partir les Gardiens qui ferait le travail de renseignement pour localiser le camp, il leur adressa une courte prière et tous ses vœux de réussite pour cette mission. Ils s’enfoncèrent dans les ténèbres pour finalement disparaître à sa vue.

¤ Bon, il n’y a plus qu’à patienter maintenant et prier. ¤

Absolument rien ne se déroulait comme il avait bien pu l’imaginer. Il avait espérer pouvoir fournir l’attaque du camp plutôt. Il aurait voulu pouvoir bénéficier d’un entre-deux pour récupérer, se refaire une santé et regarnir ses capacités magiques en dissociant clairement l’exfiltration, et l’attaque du village. Là, il ne savait absolument plus comment tout ça allait se dérouler.

Il alla trouver Azur’Aël pour savoir si elle avait de quoi lui offrir l’aide qu’elle lui avait déjà octroyé dans l’Outreterre. Sa capacité à pouvoir prolonger les sorts de protection, serait la bienvenue. Ça ferait toujours ça d’économiser sur ses propres ressources.

- Ma sœur, tu avais proposé de bénéficier de ta magie. Est-ce que tu serais toujours en mesure de faire en sorte que mon bouclier magique et ma protection contre mal puissent durer jusqu’à demain soir ? Sinon, ce n’ai pas grave, on fera sans. J’espère que l’on ne se fourvoie pas sur ce coup là. Les Changelins ont mis beaucoup d’espoirs en nous.

Pour le reste, le mage-dragon restait dans le flou. Ne sachant pas exactement ce que l’on attendrait de lui, ni comment tout cela allait se passer. Il décida de se trouva un coin tranquille pour se reposer. Il n’avait pas envie de s’enfermer entre des murs, mais préférait profiter de la forêt. Il se trouva un arbre contre lequel s’appuyer un peu l’écart du village, sans s’éloigner au cas où le mage de sang décidait de donner un coup de semonce en profitant de ses fioles.

Il s’installa confortablement. Dharasha vint pose sa grosse tête aux longues oreilles sur ses genoux à la recherche de caresses. Dinenda lui aussi avait envie d’un moment de tendresse amicale avec celle qui faisait maintenant partie de lui. Tous les deux se remémoraient les bons moments passés ensemble depuis qu’ils s’étaient adopté l’un l’autre. Cela ne faisait pourtant pas longtemps qu’ils s’étaient liés, surtout à l’échelle du temps elfique. Mais l’étroitesse de ce lien magique faisait que c’était comme s’ils s’étaient toujours connus.

Adossé à cet arbre, les yeux plongés dans les larmes de Séluné qui scintillaient dans le ciel noir, ses mains donnant avec douceur les caresses attendue, Dinenda patientait en attendant le retour des éclaireurs. Finalement, il sortit sa flûte et commença à jouer le seul air qu’il connaissait. Une ballade elfique qu’il joua de façon mélancolique. Il n’avait rien à voir avec un barde, ou même avec un musicien, mais ça l’occupa un petit moment. Puis il rangea l’instrument en se promettant qu’il tenterait de s’améliorer dans cet art. Il avait du temps devant lui. Où, pour être tout à fait honnête, il en aurait s’il passait la journée de demain.

Contemplatif, le Gardien des Mystères profitait de ce moment de calme avant la tempête.

es gardiens décidèrent donc de rester en retrait pour la chasse au camp de Starym. C’était un choix stratégique qui en coutait plus pour certains que pour d’autres. Il fallait garder des forces pour s’occuper de ce qui arriverait. Quand certains se reposaient attendant des nouvelles du front, les éclaireurs firent des merveilles. Le nombre de message provenant des gardiens éclaireurs n’était pas grand mais très utiles. Quand certains trouvaient de nids et logis de bêtes sauvages voir magiques, à ne surtout pas déranger, d’autres restèrent silencieux. Ours, loups et traces d’oursHibou, le gardien en question n’était pas entré dans la caverne pour vérifier.

L’un des groupes trouva une rivière encore faible en cette période de l’année et décida de la suivre quelques temps. Un camp nécessite des vivres, même si on peu les faire apparaitre magiquement, la nature regorgeais de bienfaits dans cette partie a peine explorée par les humanoïdes.

Les sentinelles autour du village restaient calmes. Pas de flèches sifflantes, pas de bruit. La nuit arriverait à son terme dans à peine six heures maintenant. Mais toujours rien. Pas de nouvelles du camp. Chaque groupe faisait un rapport régulier pour assurer aux autres d’être toujours en vie. Le temps passait, passait, encore et encore. Les longues minutes silencieuses de la nuit s’allongeaient encore plus avec cette attente interminable.

Ce fut sur les coups de 2h du matin que l’oiseau fatidique fit son apparition. Une trace de vie humanoïde fut trouvée et à en croire le petit volatil artificiel usant de la voie de Kerlomar, il ne faisait aucun doute que c’était bien le camp recherché. Quelques signes distinctifs des Eldreths s’y trouvaient. Drapeaux, tentes et armures uniformes pour les sentinelles de garde. Au moment où l’oiseau pris son message, il y avait en visuel cinq sentinelles réveillées, trois feux de camps entretenus, sept tentes disposées en quinconce sur une même ligne et un espèce d’enclos avec des formes vivantes à l’intérieur et à l’extérieur. Difficile pour lui à une telle distance et les arbres en plus de déterminer leur nombre ou leur taille. En plus des cinq sentinelles qui patrouillaient autour du camp, se trouvaient huit autres silhouettes autour de l’enclos de fortune. Cet enclos se trouvaient bien au centre des trois feux de camps à quelques pas de la tente la plus proche.

Il annonçait avoir également contacté quelques autres groupes d’éclaireurs pour qu’ils les rejoignent et laisserait son binôme changeling seul pour venir trouver les autres un peu plus loin. La description du chemin fut assez succincte, a la fois, la forêt de nuit c’est assez difficile à décrire, par contre, il se repéra grâce aux étoiles et pu donner des directions claires par rapport au village. Les gardiens avaient un cap et tout portait a croire que pas mal de monde se trouvaient maintenant sur le chemin menant au camps tant recherché et redouté. Evidement, le rendez vous se trouvait a bonne distance du camp pour permettre une arrivée discrète et des discutions stratégiques de dernière minute.

La procédure à suivre était assez compliquée, Agath's avait bien une idée de ce qu'il fallait faire mais il préféra laisser la tâche aux gardiens, Azur'ael semblait avoir pris ce rôle. Le magicien suivit donc les directives de la sorcière ailée, il fallait un chef pour prendre les décisions et cette femme semblait avoir la carrure pour les guider à la victoire.

Agath's suivit les éclaireurs jusqu'à proximité du camp et attendit les ordres, il ferait de son mieux pour sauver un maximum de vies sans pour autant compromettre sa survie. Il avait profité du temps de repos pour remettre ses idées en place et retenir le maximum de sorts qui pourraient s'avérer utilises pour l'occasion.

Il devait maintenant se trouver à environ deux heures du camp ennemi, il était entouré de fiers combattants et de changelins qui donneraient tout pour retrouver leur liberté. Le combat qui s'annonçait serait sanglant et le mage ignorait le nombre de morts qui succèderaient à cet affrontement. Il venait à se poser la question de la possibilité d'une issue non violente à tout ce conflit. Personne n'avait exploré cette possibilité et il espérait qu'ils n'en auraient pas à s'en mordre les doigts.

*Des héros il y en a plein les cimetières...*

Agath's se dirige à proximité du camp des Eldreth's et attend la suite.

Ils avaient enfin un lieu où se situait l’ennemi, mais rien, mis à part ce qui avait été vu et entendu, ne prouvait qu’il n’avait pas un autre groupe d’ennemi quelque part. Cela pouvait être un piège comme l’ensemble de la troupe des Eldreths, du moins c’est ce qu’espérait le rôdeur-druide. Il prit un certain temps avant de divulguer son soupçon et lorsqu’il le fit, il semblait y croire plus que savoir. Il tentait de se souvenir du nombre d’Eldreth aperçut au campement principal et celui que le pantin de brindille avait dit par le biais de la voix de Kerlomar, humain qu’Yvae respectait et avait confiance. Il n’avait donc pas de doute à avoir, mais le sauvageon était ce qu’il était et garderait en tête ce fait et agirait en conséquence une fois sur place.

L’euphorie de la chasse le prenait déjà, il commençait à se balancer d’une jambe à l’autre. La nuit avait été courte, après un bref passage auprès Charlsy qui fut mémorable pour le rustre sylvestre, sa purification dans l’eau de la rivière et sa méditation, il était temps de partir.

Ozalee sentait l’euphorie que dégageait Yvae, elle aussi semblait prête et le grugach prit le temps de la réconforter. Aujourd’hui serait un jour comme les autres, il avait juste plus de vie à défendre que d’habitude. Contrairement à ce qu’il aurait cru, le dernier des Yössmar ne ressentait pas le sentiment de vengeance qu’il nourrissait depuis tellement longtemps et cela l’intriguait. Il n’était pas celui le plus à même de philosopher sur le sujet, mais il trouvait quand même étrange que cette vengeance qui l’avait animé durant tant d’années ne vienne pas le cherche en ce moment même. Il était à deux doigts d’en finir avec toute cette histoire de famille et en rien la colère de la vengeance ne vint l’éprouver. Avait-il surpassé cette rage, comprenait-il maintenant que peut importait l’ancienne histoire que seul le présent était important, avait-il vaincu ses faiblesses ou était-ce simplement le miroitement d’un avenir auprès de Charlsy et d’une suite possible? Il n’en savait rien et sincèrement il se sentait bien puis il comprit que la chasse était pour lui d’une importance capitale et qu’elle pouvait en être sans qu’elle soit mue par la vengeance.

Il aurait grandement apprécié que Charlsy soit avec eux, mais il comprenait qu’elle veuille rester auprès de son peuple pour cette guerre à la liberté, ceci lui appartenait et il respectait ceci. Il la regardait intensément, elle était maintenant pour lui sa muse, sa volonté, son seul vouloir de vivre, elle représentait tout son peuple et Yvae Starym combattrait pour tout son peuple au nom des Gardiens sylvestres.

Enfin, des nouvelles. Place maintenant à l’action ! Le camp de l’ennemi a été repéré. Il est encore assez loin du village, ce qui n’est pas plus mal pour exécuter le plan que l’ensorceleuse a en tête. Le mot « plan » est un grand bon mot, disons plutôt des objectifs, notamment de libérer les prisonniers grâce à l’effet de surprise. C’était primordial pour mener sereinement le combat ultime contre leurs adversaires qui ne pourraient plus les utiliser comme bouclier. C’est en fonction des informations obtenues que le plan prendrait forme. Notamment il fallait réussir à identifier où sont captifs les prisonniers et comment ils sont gardés. L’idée était de s’y rendre sous la forme d’un animal insoupçonnable au cœur de la forêt jusqu’aux prisonniers qu’elle pourrait alors téléporter jusqu’à la cité argentée. Elle pouvait maintenant le faire sous une forme métamorphosée grâce à sa faculté métamagique de pour lancer un sort dans le silence. C’est très pratique pour un sort qui n’a besoin d’une composante verbale.

Pour rejoindre au plus vite la proximité du camp des ennemis, la solution la simple était de s’y rendre par la voix des airs. La gardienne des mystères avait déjà un sort toujours actif qui la permettait de voler en permanence. Ce même sort était boosté par la magie élémentaire de l’air qui la rendait encore plus rapide. Elle ne voulait pas laisser Dinenda et son amie familier loin de l’action. Ils étaient bien trop précieux avec leurs capacités martiales. L’ennui c’est qu’ils ne volaient ni l’un ni l’autre. Heureusement que la gardienne ne manquait pas d’imaginations, avec une idée bien à elle en mettant en œuvre toutes ses capacités extraordinaires de métamorphose. Au début, elle pensait se métamorphoser elle-même en un griffon que Dinenda aurait plus chevauché. Mais Dharasha, même si elle est rapide, aurait été distancée et bien épuisée après une si longue course, en plus dans la nuit. Sous l’accord de Dinenda, elle fit donc une étrange proposition : celle de transformer Dharasha en jeune dragon d’or. Pourquoi une telle créature ? Car c’est tout simplement l’héritage draconique de Dinenda qui devrait avoir du coup moins de mal à se familiariser avec cette forme. Et pourquoi ne pas transformer directement Dinenda ? Tout simplement parce que Dharasha ne saurait pas le monter, à moins de la transformer en forme humaine. Cela coûterait deux sorts alors qu’il faut garder toute son énergie pour la bataille ! C’était donc le choix le plus judicieux. Et elle pouvait même elle aussi monter sur ce dragon d’or !

L’incantatrixe avait pris le temps de bien se reposer et se ressourcer. Comme la veille elle avait déjà lancé un paquet de sorts boostés à la méta magie pour augmenter notamment leur durée, elle n’aurait pas besoin de les relancer à moins que le combat dure vingt quatre heures, ce qu’elle ne croyait pas. Elle était donc au taquet !

La nuit s’annonçais incertaine pour beaucoup de monde. Visiblement les plans, dérivés d’objectifs qui auraient pur faire peur a un héros classique, ne faisaient pas l’unanimité de l’espoir de réussite dans les têtes. On suivait le mouvement parce qu’il le fallait. Certains prévoyaient peut-être déjà le plan de replis en cas d’échec cuisant.

L’idée de transformer la Cooshee en dragon pour permettre a plus de monde d’arriver plus tôt fut le premier échec de la nuit. Malgré la préparation de Dinenda et son lien particulier avec elle, il ne pu lui faire partir toute la gêne et la peur qu’avait occasionné ce changement de forme radical. Des ailes, des écailles, des muscles en plus, une taille plus imposante. Pour elle rien n’allait. Elle gardait à peine son calme en apparence, ses muscles tremblant au niveau des épaules et des antérieurs. Quand il fut temps de tenter de monter dessus, ce fut la catastrophe. Elle fit un écart de côté empêchant quiconque de s’approcher d’elle dans ce but. Seul Dinenda pouvait encore s’en approcher, tant qu’il ne faisait pas mine de vouloir lui monter sur le dos. Il y avait pourtant des sentiments positifs, car elle s’était rendu compte que sa nouvelle forme la rapprochait de son ami. Elle acceptait de rester ainsi. Elle s’habituerais a cette forme en les suivant dans la forêt, mais il ne fallait pas lui demander plus que d’habitude.

Le temps était compté, mais pas à ce point-là. Ils avaient encore le temps de s’y rendre et de mener la mission de sauvetage bien avant les premiers rayons du soleil. D’autant qu’en forêt, l’astre du jour avait tendance à se lever plus lentement que dans les plaines, leurs laissant une marge de manouvre supplémentaire.

Le groupe se dirigea donc à pied, à bonne allure quand même en direction du point de rendez-vous. Les frondaisons laissaient apercevoir suffisamment régulièrement le ciel étoilé pour ne pas se perdre en chemin.

Les aventuriers furent les derniers à arriver. Tous les gardiens éclaireurs et leurs binôme changelin se trouvaient là. Deux changelins se présentèrent devant le groupe fraichement arrivé pour faire leur rapport de reconnaissance. Pouvant moduler leur couleur de peau a l’envie, se fondre dans les ombres fut une partie de plaisir pour eux et ils purent ainsi se faufiler à la lisière de la clairière, hors de porté des feux de camps pour observer quelques minutes.

L’organisation du camp était fidèle au message de Kerlomar. A cette distance il était toujours difficile de compter le nombre de personnes dans l’enclos de fortune mais pour ce qui était du reste il y avait plus d’informations. Les personnes gardant en permanence le camp s’occupaient en même temps des feux pour les garder aussi vifs que possibles. Seules les personnes recouvertes d’une cape a capuche bougeaient. Les autres, les quatre autres guerriers se tenaient droit comme des piquets, arme a la main pointe au sol et ne bougeaient pas le moins du monde. Trois d’entre eux sur les quatre eurent des soubresauts, vite réprimandées par les autres a capuche. Leurs instructions sont claires selon les paroles qu’ils ont pu entendre, rester comme ça toute la nuit.

L’une des ombres sous capuche semblait avoir vu l’un des changelin, mais après discussion avec les autres qui eux aussi purent tenter de scruter la zone, rien ne s’était passé dans le camp. Ni alarme, ni réveil des autres gardes. Rien. Chacun avait repris sa place initiale et ses activités primaires. Quand un des cinq gardes qui faisait les tours de ronde vint prendre de leurs nouvelles, il scruta également la zone où se cachaient les changeling, mais une fois de plus rien de perceptible ne se produisit dans le camp. Il n’y avait pas de trace du Starym, probablement dans une tente à dormir.

Les cinq gardes qui patrouillent autour du camp le font de manière très régulière. Ils tournent en rond autour du camp à 10metres dans la forêt tous dans le même sens. Et de temps en temps l’un d’entre eux passe par le centre pour se réchauffer et prendre des nouvelles des quatre couples de gardes autour de l’enclos. La relève de la garde a déjà été faite pour ceux qui patrouillent. Une tente s’est vidée pendant qu’une autre se remplissait. S’il n’y a pas eu de changement de garde supplémentaire c’est la tente toute à droite qui est totalement vide et celle tout à gauche qui viens de se remplir. Les elfes n’ayant besoin que de 4h de rêverie pour passer une journée en forme, le fait de s’arrêter la nuit devait avoir plus un rapport avec les captifs.

Tel était la situation, aux aventuriers de décider de la suite des événements.

C’est avec beaucoup d’appréhension que Godrick se mit en route en plein milieu de la nuit, au cœur de la forêt. Il aimait pourtant marcher parmi la nature, mais ce soir-là, il partait combattre des créatures beaucoup plus fortes que lui.
Il savait qu’il était bien entouré mais une erreur de sa part pouvait être fatale. N’ayant aucune famille, il savait que personne ne le pleurerait, mis à part quelques membres de la Confrérie. Néanmoins il espérait vivre assez longtemps pour retrouver Fer au Lys, le puissant marteau à deux têtes que son père avait forgé avant de devenir l’esclave d’un clan d’orcs.
Laissant ses souvenirs de côté, il se mit près du mage et fit le trajet à ses côtés.
En arrivant près du campement des ennemis, il retint son souffle plus d’une fois afin de ne pas se faire remarquer.
Il observa la ronde des éclaireurs et une idée lui vint à l’esprit. En parlant doucement, il en fit part à ses compagnons :

- Si j’ai bien compris le premier objectif est de sauver les enfants. Pendant qu’Azur’Ael s’occupe de ça, nous pouvons essayer d’affaiblir le campement. J’ai remarqué que les gardes tournaient en rond. On pourrait s’occuper d’eux chacun leur tour et à chaque fois, on remplace celui qu’on a éliminé par un changelin qui prendra son apparence. Ainsi ils n’y verront que du feu. Une fois que les cinq sont éliminés, il faut espérer qu’Azur’Ael aura réussi à libérer les enfants. Ensuite on leur tombe dessus sans qu’ils aient le temps de crier l’alerte. Je sais que ce plan comporte des risques, c’est une simple proposition. A vous de voir si vous voulez le concrétiser, l’améliorer ou l’abandonner.

Une fois sur place, Yvae observait attentivement le campement et ce fut Godrick qui vint étouper ses pensées. Le grugach avait vu la même chose que le Rôdeur de Solonor et c’est avec un regard appuyant les dires que le rôdeur-druide confirmait son accord avec son plan. En s’approchant encore plus il ajoutait dans un presque silence…

-Je vais faire une détection des collets et des fosses avant toute chose pour être certain, je connais leurs façons de faire, ensuite ton plan Godrick me semble parfait, si bien sûr les changelins le veuillent bien. Je peux cibler deux endroits où je peux faire accroitre la flore puis leur ajouter des épines en finissant avec un enchevêtrement. Ceci devrait les retenir un certain temps qui pourrait nous offrir la possibilité d’avoir un avantage. En me transformant en chauve-souris, je pourrais appeler les forces de Sylvanus dans cette forme qui n’alertera pas les gardes, c’est à peine perceptible à l’oreille puis c’est tout à fait naturel qu’il puisse avoir des chauves-souris la nuit. Ensuite lorsqu’ils sortiront et s’enchevêtreront, je me pose à un endroit stratégique puis les arroses de flèches. Ceci devrait donner amplement de temps à Azur’ael pour effectuer son travail. Quand elle sera partie avec les enfants, nous ferons tout en notre possible pour en finir ici en éliminant le plus grand nombre de ses engeances. -


Dit-il les dernières paroles en ayant les traits du visage carnassier. Il ne fit rien avant que les autres se soient prononcés, car il voulait vraiment en finir avec cette bande d’Eldreth et surtout avec son lointain cousin, mais avant toute chose, libérer les enfants était primordial. Ensuite il aurait amplement la chance avec Ozalee de libérer sa hargne et de chasser l’ennemie pour l’éliminer. Pour lui il n'était pas question de faire de prisonnier, c’était toujours problématique les prisonniers et ça finissait toujours de la même façon, il faut les tuer quand même.

Sa main droite dans l’encolure d’Ozalee préparait la bête pour ce qui allait venir, il renforcissait son lien la préparant à bien obéir lorsque cela serait le temps d’agir en force.