L'épreuve des convictions, RP

Un sourire carnassier s’affichait lorsque le mage confirmait que l’eldreth n’avait plus besoin de sa langue pour avouer ce que les gardiens avaient besoin de savoir. Un incontrôlé mouvement du sauvageon trahissait qu’il allait pour lui arracher sur l’instant, mais le grugach retint son geste, l’eldreth n’était pas à lui du fait que c’était Dinenda qui l’avait contrôlé et maintenu au sol, la proie ne lui était donc pas servie, c’était à l’elfe-dragon qui avait l’honneur de s’en charger. Le mage avait de la répartie qui plaisait bien au rustre forestier.

Pendant que le chef du village parlait, Yvae ne manquait pas d’observer les présents qui se faisait de plus en plus présent, des menaces pourraient être parmi les villageois, il y avait toujours un traitre au courage volatile qui était prêt à vendre sa propre mère pour avoir sa misérable vie de sauvée, c’est ce que le druide-rôdeur tentait de percevoir parmi les villageois. Aux propos de sa famille, vers le chef le Ly ‘Aegisir des gardiens errants dit simplement avec une grimace meurtrière…


-Par respect je vais vous laisser la vie sauve pour m’avoir traité d’engeance. Sachez je suis celui de la famille qui rectifiera certain tir malencontreux de ma vilaine famille que je n’ai pas eu loisir de choisir. Je vous invite, pour votre bien être, à saisir cela le plus rapidement possible.-

Son ton était incisif, il avait beau être le chef du village, ce dernier n’avait pas à manquer de respect pour une personne qui venait l’aider. L’humeur du grugach s’embrunie encore une fois lui laissant un faciès peu enclin à la discussion.

Par chance, la compagne du chef radoucissait l’instant et le druide-rôdeur fut plus attiré sur le prisonnier que sur le reste. Il n’avait aucune confiance à ceux qui surveillaient l’eldreth et était persuadé que ce fourbe tenterait une évasion. À l’invitation de la dame Petra, Yvae s’approchait d’Ozalee puis la caressait derrière les oreilles puis lui parlait en langage druide, lui demandant de garder l’eldreth puis en commun il spécifiait que si l’eldreth bougeait moindrement qu’elle avait le droit de prendre un morceau pour se rassasier. Ensuite il regardait les deux gardiens et demandait le plus amicalement possible…


-Vous le laissez en vie, nous n’avons pas fini avec lui. - - Il laissait la tigresse avec les deux gardes pour entrer à l’endroit de l’invitation.

Le grugach rangeait son arc et ses flèches dans son carquois efficace, ajustait ses autres armes et restait debout entre la table et la porte d’entrée en remerciant d’un signe de tête respectueux l’invitation à s’asseoir. Il écoutait Haloïs qui gagnait des points en dévoilant autant de renseignements sur l’ennemie. Donc sur la vingtaine il en restait 14, si l’on comptait le prisonnier comme mort, ce qu’il était, mais pas encore. Des chiens de gardes, très utiles pour les observer avant d’attaquer, ils pourraient même servir. De la garde personnelle de Venali il en manquait trois. Le grugach calculait que c’était faisable en concluant que c’était bien certainement Venali lui-même qui serait le plus coriace. Alors pour le grugach en chasse, la meilleure technique était de l’élimination résiduelle, un après l’autre, plusieurs petites attaques rapides abaissant le nombre de l’ennemie pour garder le meilleur morceau pour la fin. Il allait construire une autre possibilité qui était l’inverse, soit en attaquant Venali le premier quand soudain le compagnon d’Agath fit irruption. Seuls les yeux du sauvageon se tournèrent dans la direction des bruits, son corps entier étant paré à toute éventualité ne bougeait pas en constatant qu’il n’y avait aucun danger. Son attention se reportait sur l’assemblé et à l’invitation de Petra et de son compagnon, le druide-rôdeur laissait place à ceux qui avait la parole plus aisée et si besoin était suite aux différentes propositions, il parlerait de ses pensées. Encore une fois il étudierait la diplomatie. Sa patience de tel moment était plus aiguisée, tranquillement le rustre forestier devenait plus civilisé.






Dressage sur Ozalee pour Garde auprès de l'eldreth.

Cette fois l’elfe devait avoir compris et finalement se résigner à son statut de détenu. Sentant bien que toutes tentatives seraient non seulement vaines, mais qu’elles lui seraient en plus douloureuses. Il cessa de se débattre et Dinenda acquiesça d’un léger hochement de tête. Le fier à bras avait maintenant tout perdu de sa superbe. S’il lui avait été facile de se pavaner en vainqueur face aux changelins résignés, il était maintenant moins fier face à quelqu’un qui lui était supérieur en force.

Une voix surgit de nul part, ou du moins dans le vide. Agath’s toujours invisible venait ajouter sa petite touche personnelle en déclarant que l’eldret Veluuthra n’aurait pas besoin de sa langue pour divulguer ce qu’il pensait. L’art de lire dans les pensées n’était pas totalement étranger au gardien des mystères. Dinenda disposait d’un anneau qui prévenait ce genre de pratique, chose que l’elfe ne devait pas avoir en sa possession. Le mage-dragon regarda sa proie en souriant. Ce qui, avec son faciès peu avenant, n’avait rien de sympathique. Il fallait le connaître d’avantage pour pouvoir lire ses émotions sur son visage. Si l’on pouvait encore appeler ça un visage.
Quant au sourire d’Yvae à la réplique du mage, il n’y avait là pas besoin d’être devin pour connaître toute la portée du simple rictus. Dinenda lui adressa un clin d’œil complice.

L’attention des autres fut clairement monopolisée à la fois par le chef du village et par la petite assemblée qui se constituait, maintenant que tout danger semblait écarté. Dinenda resta, quant à lui, focus sur sa proie. Il ne se laisserait pas distraire de quelque manière que ce soit. Voyant que personne ne semblait vouloir venir l’aider pour entraver le prisonnier, l’hybride ne voyait plus qu’une solution.
S’il relâchait trop sa contrainte, il craignait que l’elfe ne reprenne de la vigueur et ne tente quelque chose de stupide, qui lui serait peut-être fatale. Tant qu’il le contrôlait, il pouvait anticiper et décider calmement. Ainsi, la solution la plus simple était encore que le priver d’air jusqu’à ce qu’il sombre dans l’inconscience. A ce moment là, il serait bien plus aisé de pouvoir récupérer de quoi l’attacher correctement.

Il suspendit son action, lorsque le chef prit la parole. En déclarant que les Gardiens étaient la première nouvelle qui ne décimait pas les rangs des siens depuis longtemps, Dinenda ne put s’empêcher d’ajouter mentalement.

¤ Pas directement… non. ¤

L’elfe-dragon se crispa lorsqu’il entendit la suite. Le chef n’avait peut-être pas voulu se montrer déplaisant, mais l’insulte était bien là et elle ne manqua pas de faire réagir le sauvageon. Dinenda le vit déjà avec au minimum au bel œil poché qui changerait de couleur au fur et à mesure de sa guérison. Au pire, ça pouvait aller beaucoup plus loin avec Yvae.
Dinenda avait les mains prises, et s’il lâchait la gorge de sa proie se sétait pour que les mâchoires de Dharasha prennent le relais. Prêt à bondir pour s’interposer entre le chef qui, il fallait bien avouer devait revoir ses notions diplomatiques, et un druide sauvage appartenant à une noblesse blessée mais qui avait eu aussi ses lettres de gloire.

Il se détendit en constatant qu’Yvae se contentrait d’un avertissement pour cette fois ci. Fusse cette réflexion, ou tout simplement que l’autorité du chef n’était plus celle qu’elle avait dû être. Toujours fut-il que la dénommée Charsy, qui à n’en pas douter était la forgeronne du village, bouscula quelque peu le protocole. Si les gardiens pouvaient encore en douter, il bien dans ce village certaines âmes qui ne s’étaient pas résignées et qui conservaient une velléité certaine. Il y avait là un levier sur lequel jouer en cas de besoin.
Charsy plu au disciple draconien. En outre sa fonction lui fit immanquablement repenser à la mémorable aventure qu’il avait eu avec son homologue de Brisétoile.

C’est à ce moment qu’un changelin s’approcha avec cordages et chaînes pour finalement entraver le prisonnier. Dinenda le laissa faire jusqu’à ce les mains de l’elfe furent solidement attachées. Puis, il aida le changelin à finir le travail de saucissonnage.

- Alae Ethar, merci du coup de main. Je vous le confie.

L’elfe dragon s’interrompit lorsque des voix sortirent des rangs pour lancer menaces et promesses douteuses à l’encontre du prisonnier. Dinenda soupira pour se détendre. Tout comme pour l’elfe, ils leur était maintenant facile de pousser au crime, alors que la cible était sans défense. Les villageois se sentaient pousser des ailes maintenant qu’ils avaient des protecteurs. En temps normal, Dinenda les aurait repris de voler en les remettant bien à leur place, mais pas cette fois.
Ils avaient vécu l’enfer et Dinenda avait tout d’abord craint que toute résilience ne les ait quitter. Les voir aussi vindicatifs laissait présager de bonnes choses. Aussi choisit-il de ne rien dire. Les autochtones reprenaient du poil de la bête et c’était, selon lui, une bonne chose.


Finalement, les choses avancèrent vraiment lorsque la femme de Haloïs prit les choses en mains. Les ordres fusèrent et cette fois, nul ne semblait prêt à les remettre en questions. Il était indéniable qu’elle avait l’âme d’une dirigeante. Dinenda ne vit rien à ajouter au plan qu’elle venait de mettre en place. Il n’y eut qu’une chose qu’il demanda.

- Si vous le permettez Dame. Donnez nous un instant avant d’emporter ces corps. Azur’Aël je pense qu’il serait intéressant de bien mémoriser ses morts. On ne sait pas, il pourraient bien ne pas avoir rendu leur dernière utilité. Tu vois à quoi je pense… l’Outreterre. Ça pourrait nous servir.

Dinenda avait déjà bien mémorisé le visage de celui qu’il avait capturé. Il voulait avoir une solution supplémentaire et se concentra sur l’un des cadavres. Il chercha à mémoriser les traits de l’elfe qui bientôt rejoindrait le Grand Cycle de la nature. Prédateur jusqu’à présent, il devenait proie et nourrirait certains charognards qui ne manqueraient à leur tour venu de servir de nourriture. Ainsi va la nature et le cycle serait respecté.
Malgré tout le mal qu’ils avaient fait, Dinenda ne put s’interdire de prononcer la prière aux mourants pour que son âme puisse retrouver la quiétude qu’elle avait perdu. Lui n’aimerait pas être à sa place et répondre de ces actes odieux devant la Couronne d’Arvandor.

Ceci fait, il suivit le groupe jusque dans la maison longue. L’intérieur n’y avait rien d’ostentatoire, par côté dépouillé elle n’était pas sans rappeler la simplicité de Thüldae, la grâce et l’esthétique esti en moins.
Lorsque Yvae ordonna à Ozalee d’aller garder le prisonnier, L’Innatho-Ka sentit clairement que Darasha avait plus envie de rester dehors que d’entrer. La cooshee avait finit par s’habituer à la tigresse, et elle semblait même l’apprécier. D’une caresse physique et une impulsion mentale le mage-dragon lui donna son consentement. Une fois de plus sa fille s’était montrée largement à la hauteur et elle méritait de pouvoir se faire plaisir.


Une fois à l’intérieur, installé sur sa chaise, Dinenda écouta le discours de Haloïs. Les paroles du chef confirmèrent que le village avait vraiment passé un sale moment sous le joug de leurs oppresseurs.

- Quatre vous dites ? Nous sommes un peu plus que cela. Vous ne devriez pas négliger une tigresse en colère ou une cosshee. Mais je vous l’accorde, nous restons en sous nombre. Pour autant, vos calculs n’ont pas été remis au goût du jour. Disons que nos dernières rencontres avec eux n’a pas tourné en leur faveur.

Dinenda n’en ajouta pas d’avantage pour l’heure. Il ne voulait pas faire une gaffe et ruiner les efforts parlementaires de sa Ly’Aegisir. En outre, lui-même ne savait pas ce qu’Azur’Aël envisageait pour la suite. Agath’s qui s’était joint à leur effort avait aussi son mot à dire sur la situation, et surtout pour la définition d’un plan d’attaque.

Dans l’esprit de Dinenda c’était déjà la tempête. Les cartes commençaient à être battues et rebattues. Comme à son habitude, il commença à échafauder des possibilités avec les renseignements déjà acquis, et ceux qui seraient dévoilés ultérieurement. Depuis qu’il était entré au service des gardiens des mystères, il avait la fâcheuse habitude de prendre les choses à contre-pied, se faisant souvent l’avocat des diables pour envisager l’ensemble des hypothèses.

Pour l’heure, il n’en savait pas encore assez. Mais déjà deux options s’offraient à son esprit bouillonnant. Mais pour lui, deux s’était très loin d’être suffisant.

Agath's réapparut à la vue de tout le monde, il n'était pas déçu de devoir ranger son épée dans son fourreau, finalement il n'avait pas eu besoin de s'en servir. Comme il s'y attendait le rôdeur et le guerrier dragon avaient surpassé les eldreths sans difficulté.
Quand il entendit le récit des change-formes, il ne mit pas beaucoup de temps à comprendre que leurs prochaines décisions seraient décisives pour eux et le village. Il valait donc mieux savoir un maximum de choses sur leurs ennemis. Le mage resta donc à l'extérieur et envoya son familier à l'intérieur pour suivre la conversation grâce au lien télépathique qu'ils partageaient.

Il demanda au guerrier dragon s'il pouvait mettre le crapaud à côté de lui dans la salle car il voulait interroger le prisonnier pendant qu'il y avait peu de monde autour qui puisse le perturber. Le mage s'assit donc sur l'escalier à l'entrée de la maison du chef à une distance pas trop éloignée du prisonnier et se concentra. Il prononça les mots magiques et tenta de pénétrer dans l'inconscient de l'Eldreth.

Agath's resta ainsi durant tout le temps nécessaire à tenter de glaner un maximum d'informations sur les forces adverses, le lieu de leur campement et leur chef. Il faudrait les prendre par surprise si possible afin d'augmenter leurs chances de victoire.

Bref, en attendant le débriefing à l'intérieur le mage avait un prisonnier à interroger.

Détection des pensées sur l'eldreth

Les paroles de la gardienne des mystères avaient trouvé rapidement un écho auprès des villageois. Finalement, ils dévoilaient un autre visage que celui de la soumission. La seule évocation de la confrérie des gardiens sylvestres suffisait elle à redonner à toutes et tous une lueur d’espoir ? Peut-être, apparemment oui. Cela faisait reposer maintenant sur les épaules des gardiens une lourde responsabilité. L’incantatrixe allait l’assumer car elle n’était pas le genre à livrer de telles paroles en l’air.

Elle avait choisi d’adopter pour l’instant une posture d’observations pour s’imprégner de la vie sociale et culturelle des changelins. Un sourire intérieur pouvait se deviner sur son visage lorsqu’elle entendit les ordres fusés de Dame Petra. On a beau dire ce qu’on veut mais ce sont toujours les femmes qui ont le pouvoir et l’esprit de commandement pour faire avancer les choses.

Son front se plissa lorsque son frère Yvae réagit au quart de tour au mot d’engeance. Il y avait là une susceptibilité digne d’un Ar’Tel’Quessir. C’était à ses yeux une réaction disproportionnée. Elle se retint de lui faire un petit signe d’apaisement car le soufflet retomba finalement rapidement. Et un autre comportement ou attitude balaya rapidement ce petit incident, celui de la violence haineuse envers le prisonnier. Elle ne le portait pas du tout dans son cœur mais elle avait certains principes de base qu’elle tenait à respecter même si cet elfe est tout à fait méprisable. Ce sont par exemple les drows qui torturent les prisonniers. Heureusement, la dame Petra avait la poigne et le charisme d’un chef pour éviter à ses congénères de tomber des turpitudes maléfiques.

Près de la chaleur de l’âtre, ils allaient pouvoir entamer une discussion sur les actions à venir. C’était aussi un bon moyen d’apprécier la réelle volonté de ces villageois à s’abolir des chaînes de la servitude. Le ton de la franchise était de mise. Tant mieux car c’est la seule façon d’affronter l’adversité à venir. Elle n’avait pris aucune bouchée de ce qui lui était proposée car son anneau magique lui dispensait de s’alimenter.

- L’un des vôtres, Duune Duin, nous a informé de votre situation. Notre conseil a donc décidé de faire une enquête. Et malheureusement le constat de l’état de votre village parle pour lui tout seul. Peut être que vous pourriez nous expliquer ce qu’ils attendaient de vous dans cet esclavagisme ? Les types de travaux ou de tâches ? Mais avant, je tiens à donner quelques précisions. Nous sommes trois gardiens, et non des moindres, des légendes dans notre cité. Quant au Quessir Agath’s, c’est un magicien aux sorts redoutables comme j’ai pu déjà l’éprouver…il a une magie tentaculaire…

La lunaire n’avait pas s’empêcher de faire un petit trait d’esprit que son congénère elfique serait probablement le seul à comprendre.

- Combien d’entre vous sont aptes à combattre ? J’ai besoin d’apprécier les forces en jeu.

a tension et le marasme global prenaient une bouffée d’air frais, les discussions commencèrent rapidement. Les ordres donnés plus tôt commencèrent à se voir terminés. Comme des enfants indisciplinés, les quelques une qui n’avaient pas eu de tâche à accomplir qui avaient fait mine de se disperser, ne purent se retenir de revenir à la charge. En plus de ceux qui se sont fait prévenir sur le tard, pas moins d’une trentaine de personnes s’était massé autour de la maison longue. Agath’s avait une vue imprenable sur la foule qui le regardait avec un mélange de peur et d’appréhension, ainsi que d’un certain soulagement malgré tout.

Alors qu’il lançait son sortilège de détection de pensée, il pu déterminer rapidement que le nombre de personnes autour de lui n’allait pas lui faciliter la tâche. Les pensées de l’Eldreths se perdaient, au moins au début, dans un brouhaha global de haine et de ressentiment. Certaines pensées faisaient même mention de la présente inopportune des soi-disant sauveurs qui ne vont qu’augmenter le nombre de décès dans le village et les mettre encore plus mal une fois qu’ils seront également morts. Gagner la foule et sa ferveur ne serait pas chose facile.

Il finit par isoler un peu les pensées de l’Eldreth. En soit à part de la peur, peu de choses étaient palpables. Il ne pensait qu’à se concentrer pour garder un visage stoïque et surtout se préparer mentalement au pire, dont seule la mort pourrait le délivrer. Des prières mortuaires et d’appel à la force intérieure, il sollicitait ses dieux avec véhémence dans sa tête. En tout cas il préparait son âme et son esprit à l’imminente fin de sa vie.

A l’intérieur de la maison longue, la chaleur des feux insufflait une nouvelle force aux quelques changeling qui se trouvaient là. Dame Pétra s’était un peu effacée depuis qu’ils s’étaient assis à table. Son siège a coté de celui du chef, un peu en retrait des négociations. Haloïs de son coté prenait son temps pour bien réfléchir et répondre aux questions.

Haloïs

-Duune ? J’ai l’impression qu’il est parti depuis une éternité. Pourtant ce dernier élan de résistance de notre part ne vous était pas destiné. Aux dernières nouvelles il avait été intégré dans les rangs des Eldreths pour les saper de l’intérieur. -Cela réponds en partie a votre question madame. Ils nous confient des taches propres a notre talent particulier de change forme. Nous pouvons aller presque n’importe ou avec un peu de préparation. Vol, mise à sac, récupération de biens divers, espionnage, trafic d’influence également. La liste est longue. Leur plan est multiple et bien ficelé. Certains de nos congénères qui sont revenu de leurs missions nous ont parlé de bureaux et d’office aux dorures chatoyantes. Ce n’est surement pas le local d’un moindre pequenaud qui les intéresse. Nous n’en savons malheureusement pas plus. Les missions sont strictement encadrées et les informations bien insuffisantes en général. -------------------- Ce changeling vous regarde avec ses yeux vitreux, plein de peine et à la fois d'espoir que vous allez l'écouter. Sa tenue est un peu usée et abimée, marqué par le temps.

Il marqua une petite pause pour boire un peu du liquide que l’on vous avait servit pendant son discourt. Un vin à la couleur bien sombre, sentant fort la noix et la noisette. Très sucré, on ne sentait qu’à peine l’alcool. Les plus fins gourmets pourraient noter quelques touches de cannelle en fin de bouche. C’était un vin relativement grossier, sans grand intérêt et probablement fait avec les moyens du bord, à savoir pas grand-chose.

Haloïs

-Les légendes…. Les légendes se perdent et disparaissent avec le temps. Notre village comptait plus de trois cents âmes, dont certains guerriers très entrainés, et des magiciens hors pair. Regardez où nous en sommes. Sauf si l’un d’entre nous n’a déserté depuis peu, le bilan est le suivant : Cent trente sept personne dans la ville, dont une bonne moitié est inapte au combat et l’autre n’a jamais tenu une arme. Nous avons bien quelques pratiquants de l’art, mais sans entrainement, ils font plus de catastrophe que d’aide. -------------------- Ce changeling vous regarde avec ses yeux vitreux, plein de peine et à la fois d'espoir que vous allez l'écouter. Sa tenue est un peu usée et abimée, marqué par le temps.

Il tourna son visage vers sa compagne pour lui laisser la parole pour la suite.

Dame Petra

-En effet, je n’ai plus que sept élèves pour apprendre à maitriser un tant soit peu leur magie. Il y en avait plus mais je pense qu’ils préfèrent ne pas se faire remarquer. Les derniers ensorceleurs qui savaient soigner ou faire autre chose que des lumières dansantes que nous avons eues ici se sont fait tuer pour éviter qu’ils ne prennent les armes un jour. Cela a sans nulle doute étouffé la flamme d’un grand nombre d’entre eux. Quand aux captifs, nous en dénombrions dix sept la semaine dernière, avec les deux qui viennent de rentrer, cela amène à quinze. Ils n’ont jamais été très avides de captifs. Il faut les nourrir et les garder en vie. Onze d’entre eux ont moins de dix printemps et sont retenu depuis plusieurs mois, les autres ont entre dix et quinze ans et sont des récupérations plus récentes. -Et au milieu de tout ça il y a neuf d’entre nous en mission pour le compte des Eldreths. Je crains pour leur survie si jamais nous venions à attaquer leur camp de base, mais ce sont les plus débrouillards d’entre nous. Nous devons croire qu’ils se débrouillerons si nous voulons avancer. -------------------- Cette changeling à la tenue simple voir débraillée ne manque pas de port de tête. Son visage expressif respire l’intelligence et la vivacité d’esprit.

Haloïs repris la suite.

Haloïs

-Leur camp est à deux jours de marche d’ici. Nous avons donc un peu moins de quatre jours avant que la disparition des gardes du jour ne soit une menace pour nous. C’est trop peu pou entrainer des guerriers ou des magiciens. Dites moi que vous avez une idée et que nous ne sommes pas en train de parler à ceux qui nous condamnerons malgré eux. -------------------- Ce changeling vous regarde avec ses yeux vitreux, plein de peine et à la fois d'espoir que vous allez l'écouter. Sa tenue est un peu usée et abimée, marqué par le temps.

Au dehors, Alors qu’Agath’s plongeais toujours plus profondément dans l’esprit de son captif, la dénommée Charsy s’éclipsa à petites foulées et disparu derrière une maison. Seteth essaya de protester en la rappelant à l’ordre, mais elle ne l’écouta pas et balaya sa remarque d’un geste peu amical de la main. Ozalee et Dharasha la regardèrent également s’éloigner mais gardèrent leur poste entre le magicien et le captif. Au moindre mouvement de la tigresse la foule se tendait, se préparant à un assaut incontrôlé de la féline. Le fait qu’elle tourne la tête pour suivre Charsy du regard fit bien reculer la foule d’un bon pas sous les yeux d’Agath’s. Ce dernier tentait d’ailleurs encore de percevoir autre chose que les prières de son interlocuteur forcé, malheureusement sans succès. Sa litanie se répétait en boucle, sans arrêt sans pause. Pas même pour un simple instant de répit. Les yeux fermés, la tête baissée, il évitait ainsi toute distraction.

Yvae écoutait sans broncher les dires de l’assemblé puis au moment ou dame Petra confirmait qu’il y avait plusieurs jeunes à bas âge, son rictus devint sombre et mauvais son inspiration ne put être retenu laissant à tous l’entendre. Il dut expirer doucement pour se calmer et rester attentif à la suite. Il fallait dire que le L’y Aegisir des gardiens errants venait d’apprendre dernièrement qu’il avait un fils qu’il soit bâtard ne le dérangeait pas, ce qui l’avait retourné, était que son fils avait été fait esclave plusieurs années avant de s’évader. Il avait vu l’effet que ceci pouvait faire sur un esprit et cela devait être la pire chose à vivre. Là entendant le fait qu’il y avait plusieurs jeunes du village des changelings qui était tenu captif le sortit presque de son calme.

Les dernières paroles d’Haloïs furent de trop, mais il n’avait pas tort, si les gardiens sylvestres échouaient, c’est tout le village, encore une fois qui en payerait les frais. Le visage du grugach ne s’apaisait pas et même si sa posture restait de marbre son regard ne présageait pas le meilleur. Il puisait dans sa colère pour mettre en place plusieurs alternatives et bien certainement il n’y en avait aucune qui laissait la vie aux Eldreths, ils devenaient pour lui des proies qu’il devait éliminer au même titre que les drows. Son esprit de chasse prenait doucement le dessus. Il y avait dans ses pensées, une possibilité de les infiltrer, n’étaient-ils pas dans un village de changeling? Les gardiens pourraient aussi user de stratège de déguisement, de métamorphose, ils avaient encore un Eldreth vivant et l’autre mort n’était pas défiguré, tous deux seraient utiles, même dans la mort.

Une pensé pour Syvanôr lui vint, se demandant s’il accomplissait bien sa tâche de surveillance, espérant qu’il n’aurait pas besoin de divulguer sa présence auprès de son m’Ethar. Il regrettait de ne pas avoir eu le temps d’en parler à Aël, tous deux avaient dû partir si prestement après leur dernière mission. Le sauvageon n’avait pas pu parler à personne, les seuls au courant avaient été Ina qui en faisant son rapport à Isorion avait précisé les détailles, ce dernier l’avait sommé de garder le silence, car il voulait être le premier en à parler au grugach, connaissant bien son caractère impulsif, véhément et même violent, il ne voulait pas que cela s’ébruite. Lorsque Isorion lui avait donné rendez-vous dans une petite clairière en dehors du Saule prétextant vouloir se remémorer leurs aventures premières, le rustre sauvageon avait saisi qu’il se tramait quelque chose. Isorion s’était munie de patience et de diplomatie, mais surtout il avait été franc, direct, comme Yvae aimait. Le rustre avait bien pris la nouvelle contrairement à ce qu’à quoi le noble Isorion s’était attendu. Cette nouvelle était tombée à point pour le druide-rôdeur et lorsque Sylvanôr sortit de derrière un arbre, passé la surprise, Yvae avait eu un sentiment encore jamais connu. Habilement il avait essuyé une larme de sa main gauche avant de frapper l’imposteur qui portait une tête de loup en bois prétextant qu’il ne la méritait pas. Isorion n’était pas intervenu laissant la nature de la rencontre se faire. Par la suite, Yvae avait pris dans ses bras son fils, ils étaient restés enlacés un bon moment. Tous deux disparurent pendant un temps jusqu’au moment ou Yvae fut appelé au Saule pour une mission.

Sans le savoir vraiment, le grugach avait toujours eu un doute sur cette nuit où il avait été soigné par l’humaine qui était passée dans son village natal. Sans savoir pourquoi, elle l’avait sauvé puis soigné pour ensuite lui faire une progéniture. Yvae ne connaitrait possiblement jamais l’amour d’une femme, mais à part celui de sa mère, mais depuis peu il avait un lien avec son unique fils et ce lien était si intense qu’il pouvait comprendre ce qu’était le véritable amour. Ceci l’avait rendu plus faible, mais surtout une cible pour ses ennemis, il ne faudrait pas que ceux-ci connaissent l’existence de Sylvanôr… dans cette pensée, un souffle léger vint le frôler, une voix dans son esprit lui susurrait l’embaumant ainsi d’un sentiment noble… * Il est ton fruit et le sien, il est celui que tu ne seras pas, il est mien et je lui dois tout, il est la vie en train de devenir Un*. Un frisson lui parcouru l’échine et il dû se contenir du sentiment qui le parcourait. Il sentit en lui un amour profond, un relâchement de sa posture si rigide, mais il se reprit aussitôt, s’interdisant plus de faiblesse.

Il allait prendre la parole, mais gardait le silence.

La gardienne des mystères était tombée dans un certain mutisme. Rassurez-vous, mutisme passager, juste le temps qu’il faut pour comprendre et analyser la situation. Son regard d’émeraude fixait les uns et les autres pour s’imprégner de leur sentiment. Elle remarqua la lueur colérique dans le regard de son frère gardien Yvae. Cette colère, elle la comprenait même si elle n’avait pas la connaissance du vécu de Grugash et encore moins celle de l’existence de son fils. Cette colère, elle la partageait aussi car elle avait en horreur qu’on s’en prenne aux plus faibles que soi, notamment les enfants. Mais il n’y avait pas que de la colère qui transpirait dans l’aura d’Yvae. Quelque chose de beau rayonnait. La lunaire ne savait pas mettre des mots à ce ressenti mais elle en était touchée. Ce qui expliqua probablement ce geste spontané, totalement irréfléchi qui en suivit : sa main si fragile se posa dans celle de l’elfe sauvage.

Elle communiait avec lui dans un silence, juste par ce touché porteur de tant d’affections. Les mots seraient totalement superflus dans le cas présent. Même si clairement la gardienne ne partageait ni ne comprenait des rites observés de son frère comme celui-ci de prendre les scalps de ses adversaires, elle portait en elle des sentiments et des valeurs nourris par la confrérie qui transcendaient bien au-delà des incompréhensions et différences existantes. Leurs liens et leurs serments étaient bien plus forts. Après tout, ces différences étaient probablement leur force et leur complémentarité.

Elle aurait aimé qu’Yvae s’exprime. Il s’apprêtait à parler, c’est clair. Elle lui tendit une perche

- Tu penses comme moi que la meilleure défense c’est l’attaque ? Une infiltration ? C’est très risqué car leur magicien est puissant dans leur rang mais c’est aussi notre meilleur atout.

Quelle ironie du sort ! La gardienne avait l’impression de déjà revivre la même histoire, celle où elle avait infiltré un territoire drows pour sauver des elfes enlevés . Et là elle ne put s’empêcher de regarder Dinenda qui comprendrait forcément à quoi elle pensait. Cela avait été un moment fort dans sa vie avec un combat des plus intenses et épiques qu'elle avait du mener.

En tout cas, c’était limpide à ses yeux que le front de bataille ne devrait pas avoir lieu ici. Cela mettrait trop en danger les habitants de ce village, notamment les plus faibles comme les plus jeunes et âgées. S'il y avait un combat à mener, il aurait lieu là bas. Un combat qui depuis le début la révulse mais qui s'impose malheureusement comme une fatalité.

Il y eu un long silence après l’intervention des chefs de village. Le constat était clairement sombre. Vidé de leurs forces guerrières et de leurs mages, les changelins s’étaient retrouvés sans défense réelle. Ces mauvaises nouvelles semblaient avoir marqué l’elfe sauvage. Yvae n’avait plus rien dit, pas un mot, mais ses traits parlaient pour lui. Dinenda ne connaissait pas le grugash. Il lui était donc difficile de pouvoir interpréter les pensées d’Yvae. Et pourtant, le Ly’Aegisir des gardiens errants était en profonde réflexion, c’était indéniable.

Quant à Azur’Aël, elle échafaudait déjà un plan d’attaque pour mettre à bât l’ennemi. Car il fallait maintenant appelé un chat, un chat, quand s’en était un.
Visiblement, sa Ly’Aegisir avait l’intention de réitérer l’opération de l’outreterre. Lorsque son regard se porta sur l’elfe-dragon, il resta un instant interdit. Évidemment, il voyait très bien ce à quoi Azur’Aël pensait. Elle avait pris les traits d’une magnifique prêtresse drow et lui jouait son esclave garde du corps exotique pour infiltrer une forteresse tenue par illithlid puissant. Il faillit en sourire, mais se reprit. Il commença par un léger froncement des écailles dorées qui lui servaient de sourcils. Puis il fit une petite moue grotesque avec son visage draconique et secoua légèrement la tête de gauche à droite. C’était une solution qui avait ses chances de réussite. Ça avait même plutôt bien fonctionner avec les drows. Mais au yeux du disciple draconien, s’était trop rapide, trop succin.

En matière de tactique militaire, Dinenda n’avait jamais rien appris. Il faisait tout par instinct et jusqu’ici cela lui avait plutôt bien réussi. Il pouvait agir sur un coup de tête, ou sur un coup de sang lorsque la situation l’y obligeait. Mais il avait du sang elfique et draconique qui coulaient dans ses veines et remplissaient son cœur. Autant dire qu’il pouvait aussi faire preuve d’une certaine patience. Il avait souvent une approche contraire à la pensée globale. Depuis ces débuts, il se faisait un devoir d’être l’avocat du démon. En l’occurrence, il avait pris un petit temps pour commencer à réfléchir à une stratégie. Dinenda avait succinctement évaluer la situation. Il y avait peut-être une autre façon de faire.

- Si je puis me permettre. Faisons un rapide résumé des forces en présences. Nous avons donc un mage pratiquant la magie du sang et qui semble être plutôt de haut-niveau. Assez haut pour mélanger une boule de feu avec de l’électricité. Nous pouvons partir sur une trentaine d’âmes ennemies et des chiens de gardes. Une particularité, dans leur camps, il y a des détenus et qui plus est des enfants. Mais, nous avons à notre disposition plusieurs témoins qui pourraient, nous en dire plus sur ce fameux camp, sur les buts recherchés lors de leur mission, et sur les habitudes des Eldreth. Bref, nous avons là une source de renseignements qu’il me semble intéressant d’étudier.

Ce postula déclaré, Dinenda prit une seconde avant de parler. Il enserra son menton entre son pouce et son index en réfléchissant. Comme s’il caressait une barbe invisible. Il finit par passer ses doigts dans sa crinière bleue-argenté, dernier vestige de ce qu’il avait été.

- On peut tenter de réitérer la manœuvre que nous avions faite en outreterre. Cela n’avait pas si mal fonctionner. Mais, sauf votre respect Ly’Aegisir, il y a peut-être mieux à faire… au moins dans un premier temps. Si tu me le permets, voici à quoi je pense.

Dinenda se leva de sa chaise et prit son verre. Il posa au centre de la table. Il prit celui d’Yvae et le posa un peu plus loin.


- Ici se trouve le village de nos amis. Là, se trouve le camps de l’ennemi. Nous savons qu’il y a deux jours de voyage entre les deux. Cela jouera pour nous. Il y a très probablement plusieurs façons de faire. Nous disposons d’un peu de temps devant nous, je suggère que nous l’utilisions au mieux. Prenons le temps de la réflexion avant de nous enfermer dans stratégie précise. Je ne peux que vous proposer un début de réflexion. Il faudrait creuser avec du renseignement, et la participation de tous les présents ici. Nous pourrions peut-être nous surprendre nous-même, alors pour les autres...

- Bien, alors commençons. On peut considérer que si nos visiteurs pouvaient rentrer chez eux, il auraient besoin de deux jours. Il n’y a donc aucune raison pour que les Eldreths ne s’inquiètent avant au moins deux jours. Sauf, si l’un d’eux est porteur d’un moyen de communication à distance. Il nous faut vérifier ça avant de commencer. Être certain qu’aucun d’eux n’est en possession de magie qui lui permettrait de communiquer avec l’usurpateur.

- Partons du postulat, qu’ils n’en ont pas. Que savons nous ? Les Eldreths ont assujetti ce village depuis plusieurs décades, voir plusieurs lunes. Cela fait un long moment que les changelins n’ont rien tenté pour changer les choses. Ne vous en offusquez pas, c’est sans doute une bonne chose pour nous.


Le Gardien Sylvestre le redressa et commença à marcher autour de la table tout en continuant d’élaborer un autre plan possible.


- Bien maintenant tentons de nous mettre dans la peau et dans la tête de nos ennemis. Je suis un eldreth, et je suis un eldreth imbu de lui-même, sûr de sa supériorité. Voilà des lunes que je peux compter sur la docilité des changelins. Tant que je ne les extermine pas et que je leur laisse un mince espoir de survie. Je les maîtrise, ils ne sont pas du tout un problème. Même si je leur impose des conditions de vie pour le moins difficile, ils savent que s’ils se rebellent, ça sera bien pire. Ça j’en suis sûr.
Je sais aussi qu’un petit groupe de Gardiens Sylvestres sont venus mettre leur nez dans mes affaires au temple. Ils sont un problème, mais je leur ai laissé la victoire au temple. Peut-être qu’ils ont alors rempli leur mission et s’en retournerons dans leur repère secret. Je n’ai pas vraiment de raison objective de penser qu’ils sont en fait venu pour des changelins insignifiants. Mais d’autres cellules de la Lame Victorieuse ont déjà eu maille a partir avec cette Confrérie, et ils s’en sont mordus les doigts.


Dinenda marqua une pause et regarda tour à tour, les deux chefs. Il leur adressa un clin d’œil complice. Puis il reprit en tournant toujours dans le même sens.


- Les changelins que je tiens dans ma main, ne risqueront pas de faire appel à des secours. Ce serait mettre tout leur village en danger. Ils sont esclaves, mais ils survivent. Je viens de renvoyé deux changelins avec une escorte dans leur village. Ça sera une bonne nouvelle pour eux, je n’ai pas de raison de penser que ça se passera mal. Il s’agit d’une restitution après tout. C’est un beau geste de ma part. Si j’étais venu en chercher de nouveaux, j’aurai peut-être dû grossir mes rangs, mais pour une restitution… En outre ils sont partis il y a deux jours, et ne devraient pas rentrer avant au moins deux jours. Alors qu’est-ce que je fais lorsque, deux plus tard, je commence à me demander ce qui a bien pu arriver à cette escorte qui ne rentre pas ? Est-ce que je me dis que les changelins les auraient attaqué ? Probablement non ! Nous sommes dans la haute forêt, et les dangers sont multiples. Est-ce que je me dis qu’une créature aurait pu les intercepter sur le trajet ? Peut-être, ça ne serait pas si étonnant que cela. Est-ce que je me dis que c’est peut-être ce petit groupe de Gardiens dérangeant qui s’en serait pris à eux, au village ou ailleurs sur le trajet ? C’est possible. Quoi qu’il en soit, je dois en avoir le cœur net. Et c’est là que chacun de vous apporte sa pierre à l’édifice. Pensez-vous à d’autres réactions possibles de la part du faussement dénommé Starym. Vous voyez, chaque idée, chaque piste peut amener à faire une stratégie qui aura toutes les chances de fonctionner.


C’était à partir de là que les choses allaient devenir intéressantes. A partir de là, Dinenda pensa que chacun voyait là où il voulait en venir. Le mage-dragon enfonça encore un peu le clou. Il fallait tout de même rester cohérent et objectif.


- Hypothèse une, que ce soit un monstre ou les gardiens, il faut que je me renseigne. Je commence donc par ordonner à un premier détachement de faire la route habituelle pour savoir ce qu’il s’est passé. Si c’est une créature qui a réussi à se faire trois de mes guerriers, il va falloir renforcer leur rang.

- Hypothèse deux, se sont les gardiens sylvestres. Je les vu en action et ils ne sont pas des débutants. Il faut que je renforce les rangs. Et comme je suis malin, je leur dirai de ne pas engager le combat. Je veux du renseignement, pas perdre des hommes inutilement.

- J’ai une trentaine de gars avec moi. Je ne peux pas laisser ton mon campement sans défense et puis c’est peut-être pas si grave. Disons que j’en envoie une dizaine pour faire le point. Ça me permet d’obtenir du renseignement, de disposer d’une frappe plus conséquente tout en conservant un œil sur les détenus. La garde du camp est conservée et je garde le gros de ma garde rapprochée. Si jamais s’étaient les Gardiens et qu’ils finissent par trouver mon repère, j’ai de quoi les accueillir.


Alors le mage-dragon s’arrêta net de marcher. Il prit deux secondes et changea de sens de rotation autour de la table. Ça signifiait qu’il revenait à son véritable état. Celui de Gardien Sylvestre et qu’il parlerait maintenant en leur nom.


- Nous avons plusieurs façons de faire. On peut aller se jeter dans la gueule loup en usant de subterfuges pour s’infiltrer. Mais on peut tout aussi bien se faire démasquer dès notre arrivée et se retrouver avec l’ensemble de la troupe Eldreth contre nous. Il ne faut pas être devin pour imaginer que si les choses tournent en notre faveur, ils se serviront des détenus comme de bouclier. On risque de vite se retrouver à faire des choix impossibles.

- On peut aussi se dire, que si on les accueille ici ou sur le trajet qui les mène au village. Nous n’aurions à faire qu’à une dizaine d’Eldreth. Et comme je me suis mis à la place du mage ennemi. Je sais qu’il y a des chances pour qu’ils tentent de rompre le combat et tenter de fuir pour transmettre le renseignement. Mais… Ils ne pourront pas se cacher derrière des boucliers vivants. Je vais donc prévoir de leur couper toute retraite. Aucun ne devra rentrer prévenir son maître. On le note, il faudra prévoir le cas où, malgré tout l’un d’eux s’enfuit. Il faudra également tenir compte du fait, qu’ils pourraient tout aussi bien voyager avec des changelins, justement pour s’en servir de bouclier, ou de sacrifice à une créature. Vous voyez, ça prends forme et je suis tout seul à penser.

- Quoi qu’il en soit, avec une dizaine de guerriers eldreth en moins, le rapport de force sera meilleur pour nous. Partons du principe que nous gagnions, cela fera déjà un tiers des effectifs Eldreth en moins sur le camps. Nous en serons d’accord, je pense. Il ne s’agit que de la première étape du plan.


Dinenda changea à nouveau de sens de rotation.


- Je n’ai aucune nouvelle de la première escorte depuis plusieurs jours. Je n’ai plus aucune nouvelle de l’escouade projetée pour obtenir du renseignement, il y a deux jours de cela. Il est maintenant très clair qu’il se passe quelque chose de plus grave qu’une bestiole. Ça ne peut-être que ces foutus Gardiens. Je les hais, mais qu’est-ce que je peux faire. Il me reste vingt gars et toujours autant de détenus, ou presque. Je suis face à un choix compliqué. Soit je considère que c’est plié et que je ne pourrai plus compter sur les changelins qui doivent maintenant être protégé par la Confrérie. Après tout dépend si dans mes projets machiavéliques les chagelins tiennent une place capitale. Ou est-ce qu’ils étaient juste des outils pratiques, mais dont je peux me passer.

- Hypothèse un, ils sont capitales et j’en ai vraiment besoin. Sans eux, tout s’écroule. Alors j’y vais en force. Je lance toutes mes forces dans cette bataille. Je suis assez puissant pour en venir à bout et ma garde est prête au sacrifice ultime. Je me sers de tout ce que j’ai à ma disposition. Et qu’est-ce qui retiendra le plus ces faibles ? C’est la vie de leurs enfants, biensûr. Je vais faire le siège du village, je les menace d’exécuter tous les détenus si les Gardiens ne se rendent pas et pour faire bonne mesure j’en exécute quelque-uns. Je sème le vent et je lance une arme extrêmement puissante : la culpabilité.

- Hypothèse deux : Je peux me passer des changelins. Je suis fier mais pas idiot. Je laisse tout tomber. Je renvoie les détenus chez eux et je poursuis mon but en espérant que le village sauvé, cela suffise à ce que les Gardiens me lâche les bottes. Régner sur un village de changelin, ce n’est pas mon objectif dans la vie. Pourtant, j’aime bien avoir le dernier mot. Je suis un elfe et je sais ce que la patience veut dire. Alors, je me fais oublier le temps que les Gardiens passent à autre chose et pendant ce temps là, je retrouve des forces pour continuer ce qui a été commencé. Mais une fois que cela sera fait, j’aurai ma vengeance et elle sera terrible.


Changeant à nouveau de sens de rotation en faisant un pivot sur sa jambe droite, sa crinière flotta un instant dans les airs. Dinenda leva un doigts vers ciel, un peu comme un professeur voulant appuyer son propos.


- Je viens d’élimer une bonne dizaine d’eldreth. Je sais que dans deux jours. Deux et demi tout au plus, le mage se doutera qu’il y a anguille sous roche. Plusieurs choix s’offrent à lui, S’il vient jusqu’au village et qu’il se sert des enfants comme de monnaie d’échange. Lequel d’entre-nous ne sacrifierait-il pas sa vie pour les sauver ? Qui pourra les regarder mourir, sans broncher. Que se soit en notre sein, ou chez nos amis. Nous serions pris au piège. Il gagne sans même avoir besoin de combattre.

- Il ne se passe rien. Le mage consolide sa base. Il renforce ses défenses et il nous attend sur son terrain. Là où il l’a choisi. Nous nous retrouvons à nouveau face à ce dilemme impossible. Il a des otages et il s’en servira… c’est certain. Il est capable de sacrifier un de ses hommes juste pour nous fuir. Il n’hésitera pas à sacrifier des prisonniers. Y sommes-nous prêt ? Personnellement, je ne le suis pas. Pas si nous pouvons trouver le moyen de l’éviter.


Retournant à sa chaise, Dinenda reprit le verre d’Yvae et le replaça devant lui. Puis il récupéra le sien avant de se rasseoir sa place. Il posa un regard interrogateur sur chacun des présents et ajouta simplement.


- Ce que j’essaie de dire. C’est qu’avant de décider d’une stratégie, il va nous falloir envisager toutes les hypothèses possibles et imaginables. Nous aurions même dû nous en préoccuper avant de nous en prendre à ses trois là. Cette action à déjà des conséquences. Elle nous enferme dans un craquant horaire qui nous limite à environ deux jours et mettra le mage sur ses gardes. Ce qui est fait est fait et nous ne pourrons plus rien y changer. Inutile de s’y attarder. Mais nous pouvons nous pouvons nous occuper de ce qui n’est pas encore joué. Ça doit être un travail d’équipe. J’ai rapidement pensé à deux ou trois choses que je viens de vous donner. Mais, je ne m’y trompe pas. Il y a encore une foultitude d’hypothèses envisageables. C’est là-dedans, dans cette multitude de possibilité, que ce trouve notre solution. J’en suis certain.

- Je m’en excuse Azur’Aël, mais pour cette fois. Je ne suis pas certain que simplement se grimer en Eldreth soit suffisant. Je crains qu’il ne faille redéfinir nos priorités. Plus j’y pense et plus je me dis que pour avoir une chance de gagner cette bataille. Ça passe forcément par le sauvetage des enfants détenus. Si on trouve un moyen de s’en prendre au mage en même temps, tant mieux. Sinon, il devra attendre que nous le privions de ce qui nous menace vraiment : la culpabilité.


Baissant humblement la tête, Dinenda n’ajouta qu’une petite chose.


- Nous avons toutes les cartes en mains, mes amis. A nous de bien les jouer. Que la Seldarine puisse approuver notre action et nous guider dans ce combat. Le temps nous est compté, mais nous en avons suffisamment pour réfléchir à toutes les hypothèses possibles et choisir la moins pire, ou la plus favorable.

Il ne se passait rien ce prisonnier était résolu à accepter son sort et il semblait imprenable psychiquement. bref, le mage n'en tira rien d'intéressant. Il oublia donc le captif pour écouter d'une oreille ce qui se tramait à l'interieur. Cela faisait maintenant quelques temps qu'ils parlaient et essayaient de trouver une solution.

Dinenda venait d'exposer quelques inquietudes sur le sort des enfants captifs et cela troubla un peu le mage. Il était clair que d'entamer une attaque de front sur le camp du magicien exposerait les changelins à une mort certaine.

Le demi-dragon proposait donc de laisser venir les troupes du mage au village et de les prendre en tenaille. Affaiblissant le camp principal, d'autres possibilités furent énoncées mais cela semblait le plus réaliste dans le cas ou le mage m'enverrait que quelques soldats et non pas l'ensemble de ses forces.

Agath's prit quelques secondes pour réfléchir aux différentes éventualités, il n'y connaissait rien aux pouvoirs de la magie de sang et les tactiques que pourrait employer ce sinistre magicien. Cependant, il était certain d'une chose c'était qu'il fallait éloigner les changelins du conflit afin d'éviter d'autres pertes.

Le mage s'appuya sur l'entrée de la salle et fit un geste pour prendre la parole.

- Je suis totalement d'accord avec le semi-dragon, au moins sur une chose nous devons limiter au maximun les pertes chez les changelins. Nous avons donc un seul choix libérer les prisonniers côute que côute et pour cela j'ai une idée.

Nous devrons faire trois groupes un avec les deux chefs du village et deux eldreth's et un autre avec quelques éléments perturbateurs...
Une chose est sûre nous ne pouvons nous permettre d'attendre la reaction du mage de sang et prevoir sa reaction serait de la folie car nous ne connaissons pas son potentiel magique ni son intelligence.

Du coup il serait préférable d'aller directement négocier la liberté des captifs, les chefs du village pourraient facilement demander une audience avec le mage tandis qu'une autre équipe pourrait faire diversion d'un côté du camp afin que la dernière équipe agisse en libérant les prisonniers.

J'ai vu de quoi était capable la sorcière ailée et elle serait une parfaite diversion, elle pourrait aisement attaquer le camp sous une forme improbable tandis que le druide libererait les prisonniers par exemple.

Moi et le semi dragon pourrions prendre les traits des gardes eldreth's et accompagner les deux chefs du village. Je pense qu'une triple ménace serait Imprévisible et pourrait bien marcher cependant quoi qu'on choisisse il y aura certainement des risques.

En tout cas en divisant nos ennemis on aura plus de chance de les battre.

Des lustres, bien des lustres que le grugach n’avait pas eu un soupçon de contact physique, mis à part celle des combats et celui avec Ozalee. Lorsqu’Azur’ael osait lui mettre sa main dans la sienne, Yvae ressentit un profond bien être comme jamais auparavant. Une félicité qu’il ne pouvait comprendre de par sa nature rustre et que trop sauvage, mais l’euphorie qui s’emparait de lui soudainement le rendit autre. Une ouverture nouvelle pointait dans son esprit, si l’amour porté à son fils avait fait éclore une fleur dans son cœur, l’amitié d’Aël lui avait donné une ouverture d’esprit ainsi qu’un sens profond du respect, Azur’ael venait de lui offrir le petit quelque chose qui lui manquait assurément, une forme nouvelle d’affection.

D’un instinct rustre qui s’éveillait, la main d’Yvae se refermait tendrement dans celle de la L’y Aegisir et son regard tombant dans le sien se fit autre. Le sauvageon prit une grande inspiration, comme si c’était son premier respire conscient, sa main serrait encore plus puis un relâchement s’ensuivit accompagnant un véritable sourire de bien-être. Un poids immense venait de quitter ses épaules et il lui semblait maintenant naitre une seconde fois. Un voile venait de disparaitre, tout maintenant lui paraissait plus clair, plus défini, le monde lui apparaissait multiple fois moins dense qu’auparavant. Le plus formidable de tout cela c’est qu’il n’y avait aucune magie derrière tout cela, seulement du sentiment. Mais comment avait-il pu passer à côté de telles beautés, comment s’était-il aussi profondément enfermé de lui-même dans ce monde opaque? Il le savait maintenant, cela lui apparaissait très clairement et tellement facilement.

Sa main libre vint se refermer autour de celle d’Azur’ael puis dans un presque silence en fermant les yeux… -Je te remercie sœur, je te suis éternellement reconnaissant. - Il lui fit un véritable sourire qui le dévisageait presque. Il lâchait sa main puis reprenant de la posture il écoutait l’ensemble des nombreux dires de Dinenda. En l’écoutant il aura cru que ce dernier avait une formation militaire, le sylvestre l’avait plus cru de type instinctif, là où il avait trouvé un terrain d’entente avec lui, mais il semblerait que non, dommage, car pour le druide-rôdeur, une section comme ils étaient, avait plus de chance dans des petites attaques ici et là et sans ordre précis pour justement déjouer tout plan de l’adversaire, éliminant peu à peu le nombre. Il continuait d’écouter quand même, il y avait là des points intéressants, mais le sauvageon savait pertinemment que peu importe le plan, il y aurait toujours des inconnus et sa véritable force, était justement les inconnus. Il y avait tellement de ‘’ si ‘’ que Yvae ne savait plus où donner de la tête, mais il s’efforçait d’écouter l’ensemble avec attention. Le mage vint ajouter ses intentions ce qui convenait au sauvageon, mais aucune furtivité dans tout cela, mis à part l’évasion des prisonniers, ils devraient tous être en poste et les forces adverses seraient toutes présentes. À la fin, le grugach lâchait un soupir et calmement il dit…


-Toute les hypothèses possibles à voir et bien cela en fait un lot et un autre… Je suis d’accord que le camp opposé est à deux jours, mais en volant à peine une demie, peut-être moins, donc en savoir plus sur leur camp serait un atout de choix, même indispensable avant toute chose. Je peux tenter d’y aller sous forme ailée pour une reconnaissance, ils ne se douteront pas d’un oiseau. J’ai toujours aimé brouiller les pistes et ton idée Dinenda que le Starym ne pense pas que la menace vient de nous est selon moi parfaite. Une attaque d’animal sauvage sur un, un sable mouvant sur l’autre, une disparition soudaine laissant que sur place des traces canines, une meute de loups, un serpent géant, etc. Mes forces sont dans la discrétion, la furtivité naturelle, une proie à la fois, restant patient pour la pièce de choix au final. Des hypothèses, ça peut être à l’infini et nous n’aurons même pas bougé le petit doigt au bout d’une lune… Un mélange de tout ce que tu as mentionné Dinenda peut aussi être une solution, peut être pas et ainsi de suite… j’ai toujours survécu à l’instinct, je vois mal faire autrement aujourd’hui. Il y a le survivant qui peut nous en dire davantage, peut-être même que le mage a déjà réussi, sinon je m’en occupe, je ferai l’interrogatoire en retrait du village, je ne voudrais apeurer les cœurs sensibles, à moins que l’un d’entre vous passe sur lui avant que je m’en occupe. Agath à un point important dans tout cela, nous sommes ici pour les changeling, il est donc impératif de sauver les prisonniers, notre plan devrait être à partir de là, les Eldreths peuvent attendre plus tard, Starym, laissons-le mijoter, il en sera que plus tendre. -

Il finit en haussant les épaules. Il était le L’Y Aegisir des gardiens errants, un agent libre, un chasseur, un carnassier, un nettoyeur, mais surtout pas un stratège. Ils devraient donc ajuster leurs forces, accepter les différences et acquérir ainsi une symbiose. Il prit aussi conscience qu'il n'avait jamais, de toute son existence, parlé autant, il mit la faute sur le bandeau magique, mais ce pouvait-il que cela vienne de ses véritables nouveau sentiments.