Chapitre 1 : L'astre Pourpre

Tandis que Kvoth quittait le bâtiment, Blanche Flamme lui lança :

- Sois prudent et ne t'éloigne pas trop, on ne sait pas ce qui s'est passé par ici... et, si tu en as l'occasion, vois si l'un des bâtiments environnants est en mesure de nous accueillir pour la nuit...

Il se tourna vers l'intérieur du sanctuaire. Le spectacle qui s'offrait à sa vue était déprimant, à défaut d'être étonnant : l'absence de tout signe de vie dans la localité, visiblement désertée, l'avait préparé à cette scène de désolation. Le plus étonnant était l'absence de corps. Etant donné l'absence de vastes traînées de sang, il était peu probable que les cadavres été traînés pour être enterrés ou incinérés.

¤ Le plus vraisemblable est que les habitants aient fui ou aient été capturés... A moins qu'un phénomène magique n'explique cette disparition subite... ¤

Il aborda Harrold :

- As-tu une idée de l'endroit où pourraient se trouver les habitants? Ont-ils une sorte de refuge pour les situations de crise? Et combien étaient-ils approximativement ?

Les questions fusaient. Sans attendre de réponse immédiate, l'adepte d'Oghma poursuivit :

- Nous allons fouiller ce temple de fond en comble, à la recherche d'indices sur ses occupants et sur l'artefact que nous cherchons. Tu peux déjà t'y mettre mais j'aimerais essayer quelque chose avant de te rejoindre...

Le demi-drow se tourna vers la fillette qu'ils avaient secourue. C'était une bouche supplémentaire à nourrir, une vie qu'il ne serait pas facile de protéger dans cet environnement hostile, à l'image du nourrisson emporté par l'affreuse créature de Mirtzar et Gulmar avaient entrepris de traquer. Néanmoins, Reïlo ne put s'empêcher d'éprouver un peu de pitié et de compassion à l'égard d'une enfant qui avait probablement vécu une expérience particulièrement traumatisante.

Elle constituait leur meilleure chance d'obtenir des informations. Malheureusement, ses compagnons n'avaient rien pu en tirer. Il essaya donc une autre approche et se mit à incanter un sortilège qui lui permettrait d'entrer directement en contact avec la fillette. Après l'avoir pointée du doigt au terme d'un bref rituel, il focalisa son esprit sur elle et communiqua mentalement avec elle.

¤ Salut, je m'appelle Reïlo... Oui, c'est ma voix que tu entends dans ton esprit, n'aie pas peur... Nous ne te voulons aucun mal...¤

Un mouvement fit frémir la poche de sa tenue polaire et le demi-drow feignit la surprise. Il prit Flammèche dans sa main et le posa délicatement à terre. Le volatile fit quelques bons et croassa en inclinant la tête par deux fois.

¤ Lui, c'est mon copain Flammèche, je crois qu'il veut te dire bonjour... ¤

Il tentait de distraire l'enfant et de gagner peu à peu sa confiance.

¤ Flammèche et moi sommes venus de Sturmbourg, sur ordre de Yoline, pour vous aider. Je suis un puissant magicien, capable de parler dans l'esprit des gens, de les protéger du froid et de la soif. Le bras de mes compagnons est fort. Nous sommes prêt à t'aider mais tu dois nous dire ce qui s'est passé ici... Enfin, même pas nous dire en fait : je sais que c'est difficile pour toi! Il te suffit de le penser fort de m'envoyer le message, je t'entendrai dans ma tête comme tu m'entends dans la tienne. Aide-nous, je t'en prie, fais-le pour les tiens... Nous pouvons essayer de faire quelque chose pour eux... ¤


Reïlo lance "message" sur la fillette.

irtzar jeta un rapide regard vers Gulmar à côté de lui pendant que les créatures qui les entouraient lui faisaient comprendre que ses tentatives de pourparlers avaient échoué de manière retentissante.

¤ ¤

La situation ne s'annonçait pas brillante: il ne portait pas d'armure, les créatures étaient plus nombreuses qu'eux, ils étaient maintenant encerclés, leurs ennemis connaissaient le terrain mieux qu'eux. Et il faisait toujours incroyablement froid! Mirtzar avait quelques idées de comment résoudre certains des problèmes mais, déinitivement, le dernier n'était pas sur la liste des obstacles qu'il espérait pouvoir surmonter rapidement.

Son plan pour améliorer leur situation était des plus simples: mettre hors de combat leurs assaillants le plus vite possible. Pour être plus précis, il espérait qu'une démonstration de force pouvait convaincre ceux qui n'avaient pas eu à l'encaisser que toute résistance était futile.

Tergiverser ainsi avait donné l'occasion à leurs adversaires de verser le premier sang. Le nain d'or n'était pas certain de savoir si l'attaque manquée par celui qu'il supposait être leur meneur était une sorte de feinte pour rendre le travail à son second assaillant plus aisé ou s'il avait juste été chanceux de le voir éhouer complètement à l'atteindre mais il ne souhaitait pas se plaindre. La seconde attaque, par contre, l'avait pris un peu par surprise et il n'avait pas complètement anticipé à quel point ne pas porter d'armure voulait dire qu'il ne pouvait pas laisser d'ouvertures à ses adversaires. Il entendit l'arc de Gulmar chanter dans son dos et ne fit pas attention au résultat de son tir: il devait faire confiance à son allié.

Si celui qui se trouvait maintenant juste devant lui était bien leur meneur, c'était lui qui présentait la cible la plus logique pour son plan. Continuant d'ignorer celui qui venait de lui ouvrir une plaie peu profonde à l'avant-bras gauche, Mirtzar leva son marteau et l'abatit sur la tête de son adversaire avec toute la force dont il était capable.

Mirtzar attaque en puissance (5) créature 1. Si la Détection du Mal l'a identifié comme Mauvais, il utilise aussi son Châtiment du Mal sur lui. Si créature 1 succombe, il change Esquive de cible et se concentre sur créature 2.

Gulmar, Kvoth, Reïlo Blanche Flamme & Mirtzar Boucledacier

Reïlo Blanche-Flamme
Sous l’influence de l’adepte d’Oghma, la magie opéra, et la voix calme du semi-drow parvint jusqu’à la psyché de l’enfant. Cette dernière vint se blottir contre la lourde carrure d’Harold en sanglotant. Dans son esprit, Reïlo écoutait ce qu’elle racontait, ce qu’elle ressassait sans vouloir en parler, emplie de terreur.

¤ J’ai entendu crier, la nuit est devenue toute rouge. Maman a regardé mon oncle, qui a pris son épée et maman m’a prise par le bras. Je crois qu’elle pleurait. Elle m’a caressé le visage avant de nous sortir brusquement de la maison. Elle me faisait mal au bras en me trainant dehors. Elle m’a fait promettre de ne pas bouger, qu’elle viendrait bientôt me chercher. La nuit était rouge. Il y avait beaucoup de cris et de bruit dans le village. Un monstre s’est penché dans le puits. Je l’ai vu mais lui ne m’a pas vu. C’était un monstre, car son crâne était recouvert de cornes semblables à celles d’un bouc. Dis monsieur, tu sais où est ma maman ?... ¤

Elle s’immobilisa quelques instants, reniflant profondément, toujours dans les bras du vieux montagnard. Ses yeux s’écarquillèrent légèrement sur Reïlo, le regard toujours emplie de larmes. Elle attendait une réponse. La pauvre petite fille était désormais seule au monde.

Mirtzar Boucledacier &Gulmar
Les deux créatures chétives et véloces dansaient en ricanant autour des malheureux aventuriers. Mirtzar dut s’en remettre à l’acier, son marteau de guerre brandit vers les assaillants et, privilégiant la puissance à la précision, ne fit que fendre maladroitement l’air. L’effort ne les repoussa que quelques secondes, quand soudain, la créature aux dents de requin réitéra son attaque, se battant de façon désordonnée, tentant de lacérer la chair et l’os, poussant de petits cris inarticulés en tentant de mordre le guerrier nain.

Mais, averti par une sorte d’instinct, c’est une silhouette plus menaçante qui attira ensuite son attention. La seconde créature fondit sur lui, sur sa gauche, un coutelas pointée vers Mirtzar. La lame parvint à trouver le buste, à verser le sang du guerrier et la créature laide se fendit d’un sourire cruel et satisfait. Bien que dénués de réflexion stratégique ou de qualités martiales, combattaient de conserve et délivraient de furieux coups, qui à force, faisaient vaciller le jeune nain fatigué.

De son côté, Gulmar semblait aussi assaillit. La créature était accrochée, au contact, son manteau fourchu donnant l’impression qu’une chauve-souris géante s’était emmêlée dans la chevelure du rôdeur. Celui-ci parvint, dans un mouvement dextre, à tirer son épée au clair pour entailler sauvagement son adversaire et lui arracher un cri de douleur.

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Initiative :
Créature 1 : [17]
Créature 2 : [11]
Gulmar : [6]
Mirtzar : [5]
Créature 3 : [4]

Concernant la détection d’Aura Maléfique, il me semble qu’il y a deux écoles. J’ai choisi une option, mais le débat n’est pas clos. Je considère donc qu’un personne n’a pas de capacité d’aura, qui n’est pas un Mort-Vivant, ni un extérieur aligné et qui n’a pas au moins 5DV. Par conséquent, ces créatures ne sont pas concernées.

Round 1
Mirtzar attaque Créature 1 : 4(d20) +10 -5(a.p) = 9 [échec]
Mirtzar attaque (n°2) Créature 1 : 7(d20) +5 -5(a.p) = 7 [échec]
Créature 3 attaque Gulmar : 16(d20) + ? vs 18 = [réussite]

Round 2
Créature 1 attaque Mirtzar : 10 (d20) = [échec]
Créature 2 attaque (dague) Mirtzar : 15(d20)+ ? = [réussite]
1(d4)+2 = [3]dégâts
Gulmar attaque (épée longue) Créature 3 : 14(d20)+ vs ? = [réussite]
Dégâts : 8(d8) +2 = [10]

Contre toute attente, Blanche Flamme avait réussi à gagner la confiance de l'enfant qui lui avait confié de précieux mais terrifiants détails quant aux événements qui s'étaient produits ici. La description qu'elle avait faite semblait correspondre à celle d'un démon. Tanar'ri, baatezu ou autre? Il serait probablement impossible de le savoir...

L'Oghmite était perplexe : qu'est-ce que des démons pouvaient bien chercher dans un village perdu dans les étendues glacées de Damarie? La disproportion des forces en présence avec la relative pauvreté de la communauté avait quelque chose de dérangeant. La puissance de l'artefact qu'ils étaient probablement venus quérir devait être considérable.

Mais la fillette attendait des réponses... Des réponses qu'il était incapable de lui donner. Des réponses qui risquaient de lui faire mal. Le demi-drow n'était pas un cœur tendre mais le sort de l'enfant le touchait malgré tout. Son courage était remarquable. Il répondit mentalement comme il le pouvait.

¤ Merci pour ton aide, tu as été très courageuse! Non, je ne sais malheureusement pas où est ta maman... Nous n'avons trouvé personne ici, sauf toi... Je ne sais pas ce qui a pu arriver aux gens de ton village, nous allons essayer de le découvrir ensemble. Ne t'inquiète pas, nous prendrons soin de toi le temps qu'il faudra et j'espère que nous la retrouverons vite... Au fait, comment t'appelles-tu ? ¤

Le métis estimait qu'il était peu probable qu'ils retrouvent la mère de la fillette vivante mais il ne voulait pas la décourager, du moins pas trop tôt. Après tout, l'absence de traces de sang et de cadavres permettait de nourrir encore un mince espoir.

L'Oghmite prit l'enfant avec lui et s'en alla trouver Harrold. Celui-ci ne lui avait fourni que peu de réponses à ses questions et il entendait savoir s'il avait découvert quelque chose.

- As-tu trouvé quelque chose ?

Il s'approcha plus encore et chuchota, de manière à ne pas être entendu de la fillette :

- Elle m'a parlé... Une nuit rouge et démons. Quel genre d'artefact se trouvait ici?

Gulmar, Kvoth, Reïlo Blanche Flamme & Mirtzar Boucledacier

Reïlo Blanche-Flamme
Une lueur s’éteignit dans le regard de la dénommée Zyra, les paupières gonflées à force d’avoir pleuré. Harold lui entoura l’épaule de son immense bras et l’entraina avec lui pour qu’elle se repose près du feu. Il l’installa comme un animal blessé, gémissant à cause de toutes les souffrances qu’elle avait dû endurer.

Quelques minutes plus tard, le calme finit par venir. La petite s’était endormie à l’extrémité d’un banc. Une lampe accrochée à la paroi et l’âtre du feu éclairaient les visages plongeant dans l’obscurité le reste du décor. Harold rabattit une couverture sur les épaules de Zyra.

- L’artefact… Ahr, je sais qu’il tenait dans un coffret en bois large comme ça (il entrouvrit légèrement ses énormes bras) Selon les propos de la Grande Prêtresse, l’objet aurait servi l’ordre de chevaliers qui officiait en ce lieu. Ces gens étaient de fervents protecteurs du royaume. Ahr, j’aimerais t’en dire plus…

Retournant à ses priorités, le géant veilla à fournir des vivres, les sourcils inclinés vers le bas, un air penaud.

- Devons-nous revenir sur nos pas ou poursuivre ? Ahr ! Voilà qui n’augure rien de bon, grommela le géant. Mais la petite, son témoignage. Peut-être

Soudain, il y eut du bruit vers la porte, les gonds grincèrent et le bois craqua tandis qu’une silhouette pénétrait la grande salle. Harold resta un instant pétrifié, dégainant sa cuillère en bois. Kvoth s’annonça tardivement, après avoir chassé les flocons qui lui collaient au visage et trempaient ses habits. Le rôdeur vint rejoindre ses compagnons, se frottant les mains tout en cherchant à profiter des flammes pour se réchauffer les os.

Après quelques secondes, il se décida enfin à parler :

- Des capes et des écharpes encore au porte-manteau, des foyers de cheminée encore tièdes et des couverts dressés sur les tables. Tout porterait à croire qu’ils sont partis précipitamment. Pour ceux qui auront eu cette chance.

Il jeta un bref regard vers l’enfant assoupie non loin, puis retourna son attention sur les flammes.

- En examinant les abords immédiats du village, j’ai découvert des traces relativement fraiches, une troupe d’une vingtaine d’hommes. (le rouquin se retourna vers le géant barbu et ventru) Où mène le sentier derrière l’échoppe du menuisier ? La toiture bleue aux deux cheminées, le perron circulaire ?

Harold écarquilla les sourcils puis se frotta le menton.

- C’est l’atelier d’Arthus. C’est le chemin qui mène aux anciennes exploitations minières.

Le rôdeur ne répondit que d’un hochement de tête, détournant les yeux d’un air pensif.

- C'est l'seul accès ? demanda-t-il laconiquement.

Le géant nordique hocha du chef à son tour.

- A ma connaissance, la seule voie d’accès depuis la vallée. Et la mine ne débouche nulle part ailleurs. Ahr, qu’as-tu en tête, garçon ?

Kvoth ne détacha pas un instant son regard songeur de l’âtre du feu.

- Mhm… Une sorte d’intuition. Je pense que nous devrions suivre les traces vers les mines…

Reïlo essayait d'analyser toutes les nouvelles données qui s'offraient à lui mais elles étaient loin de former un tout cohérent.

¤ Un illuminé qui arrive dans la région avec un puissant artefact... Un autre artefact très ancien et probablement très puissant qui attire ici des créatures démoniaques... Une divinité aussi ancienne que mystérieuse qui semble protéger les communautés locales. Et rien de tout cela dans les rares récits historiques relatifs à la Damarie que j'ai pu lire... ¤

De trop nombreuses interrogations subsistaient, l'issue de ce voyage et ses enjeux restaient mystérieux. Blanche Flamme regretta une fois de plus la disparition de Nërissa et de ses compagnons elfes : nul doute qu'ils aient pu apporter un éclairage intéressant sur la situation.

Les nouvelles étaient cependant moins mauvaises qu'elles auraient pu l'être : Kvoth n'avait rencontré aucune résistance et sa découverte de traces de pas laissait entendre que certains membres de la communauté avaient pu s'échapper.

¤ Mais il n'empêche, rien ne colle. Le désordre, la disparition de l'artefact et le témoignage de Zyra laissent supposer que quelque chose de terrible s'est passé. L'absence de cadavres et ces traces de pas conduisent à penser qu'une fuite a pu être organisée. Qu'en est-il ? ¤

Après un long moment de silence, l'Oghmite finit par répondre :

- Nous devons aller voir ce qu'il en est. Mais on ne peut le faire avec Zyra, elle est épuisée et ne résistera pas au froid. Harold penses-tu pouvoir te barricader ici avec l'enfant pendant que je vais vers ces mines avec Kvoth ? Je n'aime pas l'idée de nous séparer mais je ne vois pas d'autre solution et nous sommes tous deux protégés du froid par ma magie. Si nous ne revenions pas d'ici demain, tu pourrais partir avec la fillette et alerter les autorités de notre échec...

Le métis se tut, ouvert à toute suggestion.

ne fois de plus, Mirtzar avait trouvé le moyen de mettre la charrue avant les boeufs. Il avait sous-estimé ses adversaires, sa fatigue, le froid et, plus que tout autre, sa capacité à toujours faire le plus mauvais choix possible. Si une dague n'avait pas été présente pour le rappeler à la réalité, il aurait presque pu rire de sa bêtise.

Mais le moment n'était pas à l'humour. Ou même à la réflexion. La situation était potentiellement dangereuse pour lui. Sans doute plus encore pour Gulmar qu'il avait emporté dans sa folie. Le nain d'or n'avait pas envie de faire de mal à ses créatures, ce malgré le fait qu'elles avaient clairement indiqué qu'elle ne partageaient pas ce sentiment, mais il n'avait pas vraiment le choix. Cet échec était douloureux, bien plus que l'erraflure qui allait laisser une énième cicatrice sur son poitrail, presque autant que le froid ambiant auquel il éait impossible d'échapper.

¤ ¤

Décidant de s'ancrer un peu mieux dans le sol pour éviter de glisser comme il l'avait fait lors de ses précédentes attaques mal calculées, Mirtzar choisit de faire montre de plus de mesure et de s'appliquer. Il n'allait rien faire de bien impressionnant, rien de révolutionnaire ou de stratégiquement compliqué. Il devait juste donner un coup de marteau sur le chef, ou peut-être un bras ou une jambe de l'un de ses deux assaillants, histoire de lui faire comprendre qu'il avait fait le mauvais choix et que le Compagnons des Marches d'Argent n'était pas le seul qui n'avait pas donné assez de crédit à son adversaire.

Deux attaques normales sur Créature 1

Reïlo Blanche Flamme & Mirtzar Boucledacier

Reïlo Blanche-Flamme
Le hochement de tête de Kvoth vint appuyer l’avis de Reïlo. Le grand autochtone se triturait la barbe en observant le feu crépitant, visiblement plongé dans une intense réflexion. Après quelques secondes, il se tourna vers ses deux compagnons et rompit le silence de son désormais familier :

- Ahr ! Cette situation est vraiment inquiétante. J’n’aime pas non plus l’idée de séparer encore plus notre groupe, mais j’dois avouer… qu’il faut agir. Ce n’est pas en nous morfondant que nous ferons avancer les choses. Ahr…

Après une courte pause, il renâcla et reprit :

- Soit, je protégerais l’enfant en attendant votre retour. Que les dieux nous viennent en aide.

A ses mots, le rôdeur se redressa en rehaussant l’étreinte de sa sacoche. Malgré la situation, un sourire fugace apparut derrière sa barbe rousse. Il plissa les yeux en regardant le métis Drow.

- Il serait préférable d’y aller avant que les traces ne disparaissent, ou qu’une tempête nous coince tous dans ce village fantôme.

Mirtzar Boucledacier
Des exclamations frémissantes parcourent la carrière de pierre enneigée. Mirtzar sentit ses poils se hérisser sur sa nuque. Une nausée de panique l’assaillit en sentant les yeux de nombreuses créatures braquées sur lui… des centaines d’yeux affamés et cruels, qui reflétaient le désir concupiscent absolument dépourvues de toute humanité, comme il le voyait bien. Quoi qu’ils puissent être, ils n’étaient plus des êtres humains. Il y eut une période de silence inanimé au milieu duquel le guerrier fut suffoqué par les battements de son cœur.

En cet instant d’horreur et de panique, Mirtzar sentit un bras vigoureux se refermer férocement autour de sa gorge, étouffant un hurlement. Son marteau se balança furieusement et il porta des coups, farouchement et aveuglément. Il sentit la masse métallique percuter et un hurlement bestial retentir à ses oreilles. Les ténèbres semblaient s’animer autour de lui. Une clameur démoniaque s’éleva de tous côtés, et d’autres bras le saisirent à bras-le-corps. Déséquilibré par la masse des corps qui s’agitaient violemment, mais avant qu’il se retourne, quelque chose éclata conte sa tête, et la nuit fut brièvement illuminée par une aveuglante explosion de feu avant qu’elle soit remplacée par des ténèbres où même les étoiles ne brillaient pas.

*Un rêve*

Mirtzar était enchainé à un arbre, il faisait nuit, la lune était rouge. La nuit était emplie de hurlements. Le Nain reconnu la voix de la Grande Prêtresse, une voix trahissant des actes de barbarie. Elle était torturée ! Il ne pouvait se délivrer de ses chaînes. Les seules choses qu’il pouvait percevoir étaient ces terribles hurlements et la morsure des fers sur ses poignets. Des heures durant, il entendait crier, toujours plus fort. Le jour ne semblait pas vouloir se lever. Soudain, une sphère de lumière apparut devant lui.

***

Des flammes éblouirent à nouveau Mirtzar tandis qu’il reprenait lentement connaissance. Il cligna des yeux, puis secoua la tête. La lueur des flammes blessaient ses yeux. Le Nain se réveilla dans une pinède, avec un grand feu qui grondait pour combattre le froid glacial. Le soleil avait atteint le zénith dans le clair ciel hivernal. En altitude, il avait lacéré les nuages en banderoles grises et tourbillonnantes, découvrant le soleil qui projetait des taches sombres sur la glace. Celle-ci semblait vivante, comme une marée qui se lève, noire à l’ombre, rouge au soleil, étincelante comme une eau vive.

Un pansement grossier bandait son bras, et des tâches de sang avaient séchés. Quelque part, tout près de là, il aperçut à travers un feu de camp crépitant, une masse sombre, une silhouette immobile. Vêtu de bottes en peau de daim, d’une culotte de cuir et d’une veste en peau de bête, sous un large manteau de toile orné d’un collier de cônes en ivoire, semblables à des défenses. L’individu portait de longs cheveux noirs ; ce fut à peu près tout ce que le Nain put distinguer.

près le cauchemar du combat et celui de la torture, il fallut un long moment à Mirtzar pour retrouver l'impression que le monde qui l'entourait était réel. Et plus encore avant qu'il ne puisse former une pensée cohérente.

Le pansement sur son bras le rappela à la réalité. Et lui rappela que le premier cauchemar avait été la réalité: il était plus que possible que son réveil ne le conduise qu'à plus de souffrance. Sans compter qu'une voix venue du fin fond de son esprit lui disait que le second avait plus d'une vision que s'un songe ce qui ne promettait pas mieux.

Mais le nain d'or n'était pas de taille à affronter une multitude de problèmes simultanément. Il devait se concentrer sur l'un d'entre eux à la fois. Et le mystère de sa survie, ainsi que celui de sa position actuelle et de l'identité de l'inconnu près des flammes, était, sinon le plus pressent, au moins celui sur lequel il était le plus plausible qu'il puisse avoir un impact.

Pendant quelques instants, il pensa à essayer de rassembler ce qui lui restait d'équipement ou, au moins, à vérifier qu'il avait de quoi se défendre si besoin mais, avec une grimace amère, il parvint à la conclusion que si celui qui se trouvait près du feu avait voulu sa mort, il aurait été en ce moment en train de parcourir les hauteurs du Foyer des Nains en compagnie de ses ancêtres.

Ignorant la petite voix qui lui soufflait qu'il ferait mieux de remercier le Père de la Bataille pour l'opportunité de brandir son marteau un jour de plus, il ne put s'empêcher de remarquer que Gulmar n'était nul part en vue. Et que beaucoup de temps s'était écoulé et qu'il n'avait aucun moyen de retrouver son chemin vers la cabane où Blanche-Flamme l'attendait. Peut-être.

Mais ce serait faire honte à la race naine que d'abandonner avant d'essayer de résoudre ses problèmes et il décida donc de s'approcher du feu et de remercier celui qu'il ne pouvait que considérer comme son sauveur.

-Il semblerait que je vous doive la vie. Je vous en remercie. Mon nom est Mirtzar Boucledacier, Frère-Molosse de la Compagnie des Marches d'Argent lontaines. Puis-je savoir à qui je dois de pouvoir encore respirer?

- Que les dieux te protègent Harold! Si nous ne sommes pas revenus dans une journée, prépare-toi à faire demi-tour et à rentrer prudemment avec la fillette. Ce sera un chemin difficile mais il faudra informer le temple de notre échec...

Le demi-drow se tourna ensuite vers Kvoth :

- Eh bien, partons immédiatement, avant que la nuit ne soit totalement tombée!

Blanche Flamme réajusta son manteau et les différentes couches de protection qu'il avait partiellement ôtées en rentrant dans le bâtiment : il était prêt à affronter, une nouvelle fois, le froid mordant de Damarie.

L'Oghmite laissa passer devant lui le rôdeur, afin qu'il lui indique le chemin.