Chapitre 1 : L'astre Pourpre

Gulmar, Kvoth, Reïlo Blanche Flamme & Mirtzar Boucledacier

Kvoth
L'âtre de la cheminée projetait toujours des ombres instables qui semblaient bondirent en suivant le rythme des rafales de vents qui chahutaient la petite cabane perdue au milieu des montagnes de Damara. La vie d’errance du rôdeur l’avait amené à séjourner dans des endroits bien plus modestes, ainsi Kvoth se détendit progressivement, humant les odeurs de feu de bois mêlés d’épices. Les yeux clos, il se laissait paisiblement bercer par la voix grave de son imposant cuisinier.

- Har, oui-da, t’as raison, c’est pas la faute du corbac. Mais prendre ces risques par tel temps, ça frôle la pure folie. (il secoua la tête et soupira) Les corbacs ont une signification particulière dans la région. Si les pieux citadins d’Impiltur ont dénigrés cet oiseau, les vieux voient en lui la personnification de l’érudit, l’ami des ermites, qui nourrit les solitaires.

Il continuait de bavarder comme s’il s’adressait à sa marmite.

- Har, il y a même une ville, Ravensburg, la cité aux corneilles, qu’est la capitale du duché voisin. Ils y ont conservés tout un culte en hommage à ces piafs. C’est un oiseau oraculaire qui communie avec les dieux, qu’ils disent. (il tritura son épaisse barbe et se tut quelques secondes, son regard errant dans les flammes) Ça s’rait con de se mettre à dos une divinité. On a déjà bien assez de mauvais augure pour trembler jusqu’à l’été.

A l’évocation des cauchemars de la veille, le sourire aimable du grand homme s’effaça de son visage comme un masque se fendille, le laissant inquiet et livide. Il soupira de nouveau puis servit généreusement une auge et l’offrit à Kvoth. Le rôdeur put découvrir un savant mélange d’oignons, d’ail, de carottes, de poireaux et de céleris au milieu desquels baignait un bout de viande. Ce bouillon semblait fort nourrissant, tant par l’apparence que par la saveur qui s’en dégageait.

A son tour, Harold se servit une auge et alla prendre place dans un fauteuil pour faire face au feu.

- Première fois que j’fais un tel rêve, reprit-il en affichant un visage vaguement contrit. C’était aussi fascinant qu’inquiétant. Har, plus on s’rapproche du divin, plus on prend conscience de son ignorance, conclut-il en soufflant sur son écuelle, faisant naître un nuage de vapeur qui nimba son visage.

Mirtzar Boucledacier &Gulmar
Déterminé à en avoir le cœur net, le rôdeur décida soudainement d’aller retrouver l’étrange créature voleuse de couffin sans perdre plus de temps. D’un air soucieux, il s’élança dans le vide d’un pas vif, dévalant une pente abrupte semée de rochers et d’arbres rabougris, faisant craquer la neige sous ses bottes. Aussitôt, Mirtzar, dont l’altruisme finirait bien par causer sa perte, suivit prestement le mouvement de son compagnon de route. Tous deux indifférents à la pureté de l’environnement, leur mouvement forma un profond sillon le long de la pente tapissé d’un épais manteau de neige. Ils provoquaient tous deux un large brouillard blanchâtre qui se mêla au vent glacé.

Le vent et la vitesse leur faisaient monter les larmes aux yeux. Il était dangereux de s’aventurer sans avoir appris à sonder la neige. Alors que Gulmar faisait preuve de bons réflexes, progressant à toute allure, le pied du Nain glissa sur une sournoise plaque verglacée et vint heurter une roche saillante. Sans pouvoir ni freiner, ni s’orienter, son poids fut précipité vers l’avant et il perdit l’équilibre en commençant à dévaler le pente à plat ventre, telle une luge ou une irrésistible avalanche. Tout en glissant, il dépassa l’humain et tenta d’éviter de se fracasser sur un arbre ou un rocher.

Cette chute fut la mise en garde parfaite pour Gulmar, qui, occupé à rejoindre son compagnon, manqua de plonger à son tour. Il resta immobile quelques secondes, jaugeant la dangerosité d’une saillie rocheuse sur laquelle il avait failli se fendre le crâne, éloignant la terreur d’être emporté par une plaque de glace. A l’assaut de la neige fraîche se révéla une initiative périlleuse. Dans le vacarme de leurs mouvements, exténués mais battants, ils poursuivirent le long de la pente encombrée, tant bien que mal. Sous un froid mordant, soumis par l’assaut du vent, ils parvinrent en contrebas, sur une large clairière immaculée puis reprirent à toute allure vers le bois de pins où la créature avait disparue.

***

Au cœur d’une sombre forêt qui s’étendait entre les montagnes, Gulmar et Mirtzar couraient comme s’ils avaient le diable aux trousses. Les yeux écarquillés, ils scrutaient la pénombre d’un regard dur. Ils suivaient les ornières creusées çà et là dans le sol meuble. Autant de signes qui attestaient que la bête qu’ils traquaient ne cherchait nullement à dissimuler ses traces. Pourquoi l’aurait-il fait ? Quel insensé aurait osé arpent cette forêt pour l’y débusquer ? Quel inconscient aurait été assez téméraire pour affronter une créature ou un homme dans des lieux en proie à un si terrible hiver ?

La piste mena à un arbre abattu. Les branches griffues s’accrochèrent à leurs vêtements et leur égratignèrent la peau tandis qu’il escaladait l’obstacle, puis ils se retrouvèrent à l’orée d’une nouvelle clairière de cinquante pas de large. De l’autre côté se dressait une paroi rocheuse à la base de laquelle on distinguait une crevasse sombre. Devant l’entrée de la cavité, les traces sur le sol dépourvu de végétation témoignaient de nombreuses allées et venues. Gulmar aperçut, à quelques pas de là, à demi dissimulé dans un tas de feuilles mortes mêlé de neige, un crâne humain.

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Test endurance au froid Mirtzar : 13(d20) = [réussite]

Mirtzar : 3(d20)+1 = 4 vs DD12 = [échec]
2(d2) x1,5 = 3m de glissade
2(d6) dégâts
Gulmar : 12(d20)+4 = 16 vs DD12 = [réussite]

Mirtzar : 11(d20)+1 = 12 vs DD12 = [réussite]
Gulmar : 4(d20)+4 = 8 vs DD12 = (En cas d’échec de 1 à 4 points, il ne progresse pas de tout le round) [échec]


Perception Gulmar : 13(d20)+7 = 20 [réussite]

Reïlo Blanche-Flamme
Le prêtre s’était brusquement retrouvé seul, prenant conscience de la dangerosité de la situation. Avant que ces deux autres compagnons ne disparaissent, il se remit en route et descendit le long d’une piste à peine discernable. Ralentis par des vents contraires qui portaient avec eux les rigueurs des sommets enneigés, il avançait doucement sur un vague sentier bordé de sapins. Il ne prenait aucun risque, emmitouflé dans son manteau de fourrure, car tout près de lui, reposait une flammèche qu’il peinait à préserver.

Après avoir descendu une pente semée de rochers, Reïlo déboucha sur un chemin plus large, et contourna une arête de pierre qui donnait sur le vaste champ de neige. Il contempla les traces de pas qui devaient être celles laissées par ces deux compagnons quelques minutes plus tôt. La piste menait vers l’orée du sombre bois de pins où s’était réfugié l’étrange créature observée de loin. Sans perdre plus de temps, il traversa l’étendue neigeuse, fraichement foulée, pour rejoindre le centre où se trouvait le curieux monticule.

C’était une structure antique, orné de gravures bizarres et cerclé de fer. Le vent sembla s’apaiser un court instant, le silence régna dans la clairière et une immobilité envahit le ciel, comme si la lumière venait de geler à l’instant, comme si même les flocons se mettaient en attente.

Reïlo admirait l’autel finement sculpté dans une pierre bleutée semblable à celle qu’il avait pu observer dans la grande tour du temple de Sturmburg. Sous les timides rayons de lune qui filtraient à travers les nuages, des runes scintillaient, paraissaient se tordre et se tortiller. Il s’agissait de mots qu’il n’avait jamais vues auparavant, probablement un dialecte autochtone qui, malgré son talent et ses ressources, formaient un alphabet dethek des plus ordinaires. Il se rappelait vaguement de contes concernant des objets runiques, mais ses études ne l’avaient guère portée vers ce domaine.

N’ayant que peu de réponses avec les notions concrètes, il laissa ses sens les plus subtiles tenter de décrypter ce lieu, une compréhension profonde de la complexe géométrie des secrets de la sorcellerie. Reïlo inspira et comprit qu’il se trouvait dans un lieu où reposait une énergie particulière, une source de pouvoir étrange et inconnue.

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Reïlo
Linguistique : 17(d20)+3 = 20vs25 = [échec]

Le visage de Reïlo avait affiché une moue signifiant son incompréhension vis-à-vis de la réaction de ses compagnons. A ses yeux, l'enfant était déjà certainement perdu et foncer tête baissée dans une pente abrupte en ignorant tout de la créature qu'ils avaient aperçue relevait de la folie. C'est prudemment qu'il entama à son tour la descente, en prenant garde à ne pas trop secouer le pauvre Flammèche qui avait déjà subi son lot d'émotions pour la journée. Le bruit de la chute de Mirtzar en contrebas confirma le bien-fondé des précautions qu'il avait prises.

Ce faisant, il avait pris du retard sur ses compagnons et cela ne lui plaisait pas beaucoup non plus : il se sentait faible, ayant épuisé ses forces ainsi que la plupart de ses sorts, et craignait de ne pas pouvoir retrouver le chemin du retour sans l'aide de Gulmar. Il hâta autant que possible le pas, tout en frissonnant à l'idée de devoir affronter seul une menace.

Ses pas le menèrent jusqu'à un étrange autel et ses peurs s'évanouirent un instant, faisant place à la curiosité.

¤ Qu'est-ce qu'un autel peut bien faire ici? Et surtout à quoi sert-il? Probablement rien de bon... Ah, si seulement je pouvais déchiffrer cette maudite inscription... Est-elle d'origine humaine? Ou s'agit-il de goblinoïdes ou de créatures apparentées? ¤

Mais force était de constater qu'il n'avait aucune idée de la langue gravée dans la pierre. Les runes l'intriguaient cependant énormément et il avait tout de même comprit qu'une énergie particulière reposait en ces lieux, sans avoir d'idée précise quant à sa nature.

¤ Serait-ce une sorte de sanctuaire ou d'autel sacrificiel? ¤

Le demi-drow aurait donné cher pour avoir accès à une bibliothèque digne de ce nom mais c'était bien évidemment impossible. Il tenta néanmoins le tout pour le tout et se risqua à lancer l'un des derniers sortilèges qu'il avait l'énergie d'incanter. C'était un sort peu puissant mais cela valait la peine de tenter l'expérience pour en savoir plus sur ce site...

Reïlo lance "lecture de la magie" (magicien) pour tenter d'en apprendre davantage sur l'inscription, si elle est de nature magique.

Guidé par un sentiment qu’il ne parvenait pas vraiment à définir ni à comprendre, il avait choisi de suivre la créature pour tenter de récupérer l’enfant. Il avait été heureux du fait que malgré son état, Mirtzar avait choisi de l’accompagner. Ce nain était décidément comme son mentor : un être sur lequel on pouvait compter. Commençant à connaitre Reïlo, et sachant l’état de son familier, il ne se formalisa pas du fait que le demi-drow avait préféré rester en arrière. Il garderait néanmoins en tête pendant quelques temps les propos qu’avait prononcés son camarade concernant le sauvetage de l’enfant.

Ils dévalèrent donc la pente tant bien que mal, et la malheureuse glissade du nain, qui dans d’autres circonstances aurait pu avoir quelque chose de comique, fut salutaire pour Gulmar, bien moins solide que le fils de la pierre, qui se serait certainement rompu le cou si la chute de Mirtzar n’avait pas attiré son attention sur une dangereuses saillie rocheuse. Remis de ses émotions après une ou deux secondes d’arrêt, il proposa son aide, une fois en contrebas, au guerrier pour se relever puis se dirigea dans la direction vers laquelle la bête était partie avec l’enfant, prenant soin de caler sa course sur celle du nain d’or, moins rapide que ne l’était le rôdeur.

Il était effectivement peu attentif au paysage et aux empreintes éphémères que lui et son compagnon laissaient dans ce cadre immaculé avant leur passage. La raison en était simple : il ne contrarierait pas la terre nourricière en agissant ainsi, chose à laquelle il ne réfléchissait toutefois même pas, étant donné que le sauvetage était son seul souci pour l’heure. Ignorant tant que possible les griffures des arbres et les coups de fouet du vent, il se focalisait sur la bête qu’il traquait, ne souhaitant pas perdre sa piste, même si celle-ci ne semblait pas réellement chercher à dissimuler les traces de son passage.

Alors qu’ils avançaient dans la sombre forêt et que petit à petit la lumière lui faisait de plus en plus défaut, l’humain se forçait à ne pas penser au moment qui arriverait certainement bientôt, ce moment à partir duquel tous ceux qui disposant d’une vue parfaitement normale, et ce quelle que soit la qualité de cette vue, devenaient presque aveugles sans pouvoir rien y faire… Chassant cette pensée, il arriva au niveau de l’arbre mort qu’il escalada après Mirtzar, dans le simple but de veiller à éviter une nouvelle chute pour son compagnon d’infortune qui devait à présent être bien épuisé…

Alors qu’ils arrivaient à l’orée de la nouvelle clairière et qu’il aperçut quelque chose semblable à une grotte, l’humain pressa le pas pour se retrouver devant le nain et lui fit signe de s’arrêter et de se taire. Si jusqu’à présent ils avaient couru sans se soucier des sons qu’ils pouvaient produire, à présent qu’ils arrivaient en vue d’un lieu dans lequel pouvaient se trouver d’autres créatures, leur approche devait impérativement être différente, et surtout silencieuse. Il s’accroupit un instant, faisant signe au servant de Clangeddin d’en faire de même, restant tapis dans les bois et observant les alentours. Il ne tarda pas à remarquer un détail déroutant : un crâne humain.

¤ C’est ici bon sang. Il va falloir y aller, et vite. ¤

Il déglutit, comme s’il tentait d’évacuer l’appréhension ou la peur. Il observa alors de nouveau les alentours, cette fois-ci pour tenter de déceler la présence d’éventuels gardes ou sentinelles dans les environs de la grotte, mais également dans leurs environs immédiats, histoire ne pas être pris en embuscade. Dans l’hypothèse ou aucune ne menace ne trouvait à portée de voix, il murmurait très bas à l’oreille du nain, dans la langue de ce dernier.



Il désigna d’un doigt tendu le crâne humain.



Et sans attendre que Mirtzar ait accepté ou non, le rôdeur du lointain Shaar se dirigea discrètement vers ce qui lui semblait être l’entrée d’une grotte, en profitant aussi longtemps qu’il le pourrait de l’abri du bois dans lequel il se trouvait avant de se mettre à découvert pour rejoindre l’entrée, en arrivant, bien entendu, par un côté afin de ne pas être détecté trop facilement depuis l’intérieur…

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Gulmar utilise la compétence Furtivité une première fois, dès lors qu'il s'accroupit à la lisière du bois. Puis utilisation de Perception pour détecter les sentinelles avant de parler à Mirtzar. Une nouvelle fois Perception pour trouver d'éventuelles sentinelles avant de se mettre en route, puis Furtivité jusqu'à nouvel ordre.

Kvoth écoutait attentivement le monologue d'Harold. Il ne connaissait pas bien la région et esquissa un sourire lorsqu'il évoqua les corbeaux et les croyances à leur sujet. Il savait que ces oiseaux étaient en général entourés de mystères voire de peur.

Il pensa alors aux autres membres du groupe partis dans la nuit. Il ne savait pas pourquoi mais il n'avait pas un très bon pressentiment.

Il prit l'auge que le cuisinier lui tendait. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas mangé un bouillon aussi bon et nourrissant. Il ressentait son bienfait dans tout son corps. La viande était tendre et il commença à manger goulûment, comme si tout allait disparaître.

¤Profitons de ce repas, quelque chose me dit qu'il nous sera bien utile pour la suite de notre voyage...¤

A l'évocation de son rêve, Kvoth s'arrêta de manger. Harold avait attisé sa curiosité.

- Un rêve vous dites ? Quel genre de rêve avez vous fait ?

Gulmar, Kvoth, Reïlo Blanche Flamme & Mirtzar Boucledacier

Reïlo Blanche-Flamme
Des rafales de vents balayaient ce paysage qui ne semblait fait que de montagnes et de glace, et seul, au centre d’un vaste champ blanc cerclé d’une sombre forêt, une silhouette admirait des inscriptions finement gravées. Le théurge supposait qu’il s’agissait d’un lieu de culte très ancien. Instinctivement, ses lèvres se mirent à bouger, formant des mots, et aussitôt, des lignes se révélèrent, comme luisantes autour de l’autel. C’était des signes pictographiques semblables à des glyphes, des symboles ou des charmes : ces signes magiques de protection que l’on appose sur un passage, un pont, une porte ou un coffre. Reïlo resta un moment fixé, le regard dans le vide et l’air pensif, comme s’il se remémorait un souvenir lointain.

Il lui aurait fallu décomposer chaque élément constitutif puis chercher dans une encyclopédie quelles pouvaient être les valeurs linguistiques. Supposant qu’il puisse trouver un codex, il n’avait pas à portée de main le matériel nécessaire pour retranscrire tous ces symboles. Ce que le métis savait, c’est que la nature de chaque glyphe était établie lors de l’incantation, dépendant généralement du dieu vénéré par le prêtre et par conséquent, de l’ordre de la magie dite « divine ». Ce qui le rassurait moins en cet instant, c’est que ce type d’incantation servait généralement de pièges magiques. Bien qu’il ne puisse identifier nettement la nature du sortilège consacré, ni ne pouvait deviner la condition pour le déclencher, Reïlo pouvait affirmer que ces puissantes inscriptions n’étaient pourtant pas de nature néfaste.

Après seulement quelques instants, il lui sembla que l’intensité des lignes diminuait. Le sort s’estompait comme l’âtre d’un feu qui s’éteindrait progressivement.

Une nouvelle rafale de vent s’abattit sur la clairière enneigée, menaçant au passage d’arracher le manteau de jeune prêtre. Relevant le nez vers un ciel où s’étaient amassés de sombres nuages, comme revenant à la réalité de son environnement, Reïlo se rendit compte soudainement que le climat était devenu plus menaçant. Encore loin derrière la crête il y a peu, le vent et la tempête glissaient dangereusement au-dessus de sa tête. Une ombre épaisse venait d’engouffrer le paysage. La visibilité déjà réduite diminuait à chaque instant.

Glissant le regard vers les bois environnants, il remarqua que les traces de ces compagnons étaient déjà recouvertes. Et aucun signe de vie au loin. Il était peut-être temps de rentrer, ou de tenter de les rejoindre. Néanmoins, la fenêtre météo semblait encore assez large pour lui permettre de regagner le refuge.

Kvoth
Le géant aux épaules voutées ingurgita une nouvelle rasade de bouillon puis s’essuya la moustache rapidement d’un revers de la main. Un silence pensif suivit la question de Kvoth. Harold regardait dans le vide, l’œil inquiet ou l’air maussade, fixant un point entre l’âtre du feu et le chaudron, comme s’il tentait de se remémorer quelque chose peu agréable. Il poussa un soupir, pencha le visage vers le rouquin puis reprit de sa voix bourrue.

- Le rêve. Ahr, le rêve commun que toute notre communauté a fait la nuit dernière. La vision étrange d’un volatile géant, l’émergence d’une lune de sang, et surtout, ahr, ces cadavres sortant de terre, ces hommes bêtes menaçants. Des visions horrifiques que la grande prêtresse a qualifiée de prémonitoires. (il hocha gravement de la tête et soupira à nouveau) Une expérience que je souhaite ne jamais refaire. Ahr, j’évite généralement les endroits trop hauts perchés. L’vertige, tu vois. Alors rien que de repenser à ce hibou géant, ça m’redonne des sueurs.

Le rôdeur resta immobile, attendant la suite des paroles. Après une courte pause, Harold plongea son regard dans son auge et continua de bavasser.

- Qu’il s’agisse des rumeurs provenant de Vaasa, de l’héritage maudit de nos anciens oppresseurs ou des bandits qui sévissent dans la région, les phénomènes avaient pourtant tendance à diminuer il me semble. Ahr, mais les rêves offerts par Dajrana semblent annoncer le contraire. (il remuait nerveusement le contenu de son auge tout en parlant) Tu sais, autrefois, quand Wallenburg, Sturmburg et Kamisrav formaient une coopérative indépendante, nous possédions des services hospitaliers, nous exploitions les mines sous la protection d’un ordre de chevaliers. Ahr, les temps ont changés, et aujourd’hui, nous ne faisons plus confiance qu’en nous-même. Bien que des messages aient été envoyés, je ne pense pas que les autorités viendront à notre secours. Ahr, les seigneurs ont tendance à s'prélasser dans leurs châteaux durant l’hiver.

Le grand homme lâcha quelques secondes sa cuillère de bois pour saisir à nouveau la gourde et en lapa quelques lampées. Il posa de nouveau ses yeux fatigués sur Kvoth. Ce dernier sembla y lire une certaine bienveillance.

- Mais dis-moi, tu sembles si loin d’chez toi. Parles moi un peu d’la région qui t’as vu naitre.

Mirtzar Boucledacier &Gulmar

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Gulmar (perception) : 16(d20)+7 = 23 [réussite]
Mirtzar (perception) : 16(d20)+2 = 18 [réussite]
Gulmar (discrétion) : 19(d20)+9 = 28 [réussite]

Les deux hommes progressaient furtivement à travers la crevasse rocheuse. En quelques pas, ils se retrouvèrent dans un passage étroit et obscur, duquel semblait émaner un brouillard épais et poisseux. La visibilité déjà réduite diminuait à chaque instant. Gulmar, avait pris les devants pour explorer les environs et profiter de sa discrétion. Mirtzar, grelottant mais toujours vaillant, avançait à une moins d’une dizaine de mètres derrière son compagnon, une distance suffisante pour ne pas le perdre de vue, sans risquer d’être repéré.

Soudain, ils parvinrent à une sorte de carrière emprisonnée dans la brume, une fosse à peine éclairée. Ils perçurent l’odeur du sang, avant même de repérer le parfum de la terre. Une puanteur sépulcrale se dégageait de l’endroit. Ce col qu’ils avaient finis par atteindre, ce lieu rocheux et stérile dans les hauteurs des montagnes, se révéla un endroit répugnant.

A moitié nu par ce temps hivernal, ils aperçurent une silhouette squelettique au centre de la carrière, marmonnant sous la lueur pâle d’un timide clair de lune. Un être différent de celui qu’ils avaient aperçus plus tôt. Un être effrayant à voir, avec une peau sombre et rance, et une bouche écumante. Il balbutiait et titubait de façon improbable. Il semblait errer, nerveux, incohérent, hors de lui - il s'arrêta brusquement, se frappa le visage et donna un coup de poing rageur contre un rocher saillant, à s'en déchirer la peau - puis reprit sa marche.

Mais nulle présence de nourrisson. Aucun couffin. Aucun vagissement.

Après quelques secondes à contempler cet étrange tableau, ils entendirent de lointains râles, glapissements et autres grognements, gagnant en intensités à mesure que le duo progressait dans la crevasse. Mirtzar et Gulmar échangèrent des regards inquiets, les bruissements indiquaient qu’ils n’étaient plus seuls.

ela faisait maintenant de nombreuses années que Mirtzar vivait dans les Marches d'Argent, même s'il n'avait pas eu l'occasion récemment d'y rester plus de quelques jours à la suite. Cela n'avait pas été suivant pour qu'il s'acclimate au froid polaire qui régnait dans les montagnes qu'il visitait maintenant mais cela lui avait donné une vague compréhension des risques associés à une pente enneigée. A savoir: ça glisse!

Mais le foid devait avoir congelé sa cervelle car il n'y pensait pas du tout alors qu'il dévalait la pente en courant aussi vite que possible. De manière peu surprenante, la conséquence naturelle de son manque de sens commun fut qu'il passa d'une position verticale à une position horizontale (si on ignorait la pente elle-même) et il n'eut donc pas vraiment l'occasion de réfléchir aux leçons qu'il aurait dû retenir sur la vie hivernale car il essayait d'éviter que sa trajectoire, pas complètement controlée, ne le conduise à une collision avec un arbre, un rocher ... ou le sol plusieurs dizaines de mètres plus bas, au fond d'une crevasse.

Dame Fortune était avec lui, heureusement, et le plus gros détriment causé par sa stupidité fut qu'il était maintenant plus qu'un peu humide, ce qui n'aidait pas à avoir moins froid, et que son gros orteil droit lui donnait l'impression de saigner dans ses chaussures. Avec un peu de chance, le froid allait lui être utile et geler sa blessure fermée de telle sorte qu'il ne perde pas tout son sang. En tout cas, il était bien content de ne pas avoir porté son armure car il lui aurait fallu des heures pour en retirer toute la neige.

Pendant qu'il vérifiait qu'il n'avait rien de cassé, Gulmar l'avait rejoint et ils avaient atteint une grotte. Le plan du rôdeur semblait satisfaisant, même si Mirtzar estimait que sans son armure, il ne devait pas être trop bruyant. Fermer la marche était généralement le meilleur moyen de s'assurer que le groupe avait un moyen de s'enfuir si les choses ne se passaient pas comme prévu. Et, vu la trogne de l'un des habitants de la grotte, les choses avaient de grandes chances de ne pas se passer comme prévu. Si ce qui était prévu était de surprendre celui qui avait enlevé l'enfant et de le forcer à le rendre, si possible sans violence. Mirtzar laissa Gulmar continuer à ouvrir le chemin et continua à le suivre prudemment et en silence.

Le froid était sans cesse plus mordant mais Blanche Flamme peinait à se détacher de son étude du monument et du glyphe magique qui l'ornait. Qui donc pouvait être à l'origine d'un tel autel dans un endroit aussi perdu que celui-là? Était-ce le vestige d'une civilisation disparue et d'un culte inconnu? Ou une construction beaucoup plus récente? Il aurait peut-être pu trouver des informations intéressantes à ce sujet dans le temple mais le temps n'était malheureusement pas aux recherches érudites. Il se promit néanmoins d'interroger Harold à ce sujet...

Une nouvelle rafale de vent frappa son visage et détourna son attention de l'autel. Le métis se rendit alors compte avec effroi que toutes les traces de ses compagnons avaient été effacées par la neige. Il se retrouvait totalement isolé, en pleine nuit, loin de leur refuge... et une créature aussi mystérieuse que peu avenante rôdait dans les parages. Reïlo ressentit soudain une grande peur et se maudit d'avoir laissé Flammèche affronter la bise hivernale.

L'adepte d'Oghma était perdu, il ne savait que faire...

¤ Si je m'aventure dans la forêt, je risque de me perdre pour de bon et de croiser cette affreuse créature... et de l'attirer à moi, si je crie pour essayer de retrouver Mirtzar et Gulmar... Mais je risque tout autant de me perdre si je rebrousse chemin tout seul. Retrouverai-je notre itinéraire sans être guidé par Gulmar? Sans compter que je les laisserai seuls dans ce sinistre endroit. ¤

Le demi-drow réfléchit une minute ou deux au problème qui lui semblait inextricable. Mais il limita sa réflexion au strict nécessaire car il savait que, quelle que soit l'option qu'il retiendrait, il fallait se décider rapidement.

¤ Oghma, je te prie de soutenir ton serviteur... ¤

Tout en priant son dieu de le ramener à bon port, Blanche Flamme fit demi-tour et tenta de revenir sur ses pas jusqu'au refuge. Il avait essayé de mémoriser le chemin, observant attentivement le paysage, comme à son habitude. Mais les conditions climatiques étaient changeantes et pouvaient rapidement modifier un paysage...

Kvoth avait maintenant la confirmation qu'ils avaient fait le même rêve.

- Voilà qui est étrange, j'ai également fait ce rêve. Si l'on peut vraiment parler d'un rêve, je dois vous avouer que je me suis réveillé assez perturbé. J'appelle plutôt cela un cauchemar..

Le rôdeur prit une cuillère de bouillon comme pour se donner du réconfort. Les images lui revenaient en tête. Il espérait que ce que lui disait Harold était vrai. Cependant, il n'était pas dupe, ce genre de vision n'était pas bon signe...
Il émergea de ses pensées lorsque le géant lui posa des questions sur sa région. Il n'était pas du genre bavard. Malgré tout, ce personnage lui évoquait la gentillesse. Il n'y voyait aucune once de méchanceté.

- Je viens de Haute-Foret. J'ai grandi en Haute-Foret, surtout parmi les Druides qui m'ont élevé, en pleine nature. C'est un tout autre climat et une tout autre façon de vivre. La végétation est reine en ces lieux...

Kvoth marqua une pause, les yeux plongés dans les flammes. Il revoyait sa région qu'il affectionnait tant.

- Peu d'Humains vivent au sein de la forêt. Seuls les elfes et les centaures ont de grosses communautés. Il faut la connaître et la comprendre. Il faut partager avec elle et non la détruire. Il existe un arbre, un chêne plus précisément qui est sacré, Grand-Père arbre... Son feuillage est immense, sa puissance également. Il est magnifique et représentatif de cette région à mon sens.

Il jeta un œil vers Harold.

- Je pourrai parler de cette foret pendant des heures. Mais vous devez vous demander pourquoi j'ai quitté ce lieu pour lequel j'ai tant d'affection ? Hé bien simplement pour le voyage, pour la curiosité mais aussi pour le plaisir de retrouver cette forêt à chaque retour.

Le rôdeur esquissa un sourire et termina son explication en buvant une nouvelle gorgée de bouillon. Il regarda alors le géant, guettant sa réaction.

Gulmar, Kvoth, Reïlo Blanche Flamme & Mirtzar Boucledacier

Reïlo Blanche-Flamme
Un large brouillard blanchâtre s’était abattu rapidement sur lui, alors le prêtre d’Oghma décida de rebrousser chemin afin de rejoindre le refuge. Le vent se déchainait avec beaucoup de fureur, soulevant des paquets de neige et malmenant la pinède qui se dressait sur les crêtes. Reïlo n’eut aucun mal à retrouver son chemin, n’ayant qu’à suivre la piste qu’il avait tracé plus tôt sur la grande toile hivernale, mais l’effort resta une corvée pour le jeune ecclésiaste, peu enclin à ce type d’effort.

Le temps parut une éternité tandis qu’il poussait sur ses genoux, les mollets douloureusement contractés, vacillant entre les rochers, il remonta le long de la pente. Une main retenant toujours Flammèche au creux de son manteau. Du haut de la falaise, il jeta un œil vers l’arrière, contemplant un court instant le paysage devenu un épais mélange de gris et de blanc dans lequel disparaissait les montagnes environnantes. Il fallait espérer que ses deux compagnons survivent au blizzard. Resserrant son étreinte sur son précieux corbeau, cause de cette situation, puis il reprit sa route.

Kvoth
La salle offrait une agréable sensation de sérénité qui tranchait nettement avec la tempête à l’extérieur. Seule, de temps à autre, une vibration sourde et puissante indiquait que le bâtiment venait d'encaisser une bourrasque particulièrement violente, trahissant le fait que le climat s’était finalement mué en une terrible frénésie hivernale. Mais tous deux à l’abri, les deux hommes continuaient de bavasser. Le géant aux épaules voutées écoutait attentivement le rôdeur se dévoiler, les yeux fermement rivé sur ce dernier. Quand le rôdeur acheva son récit, un sourire se décrivit sous l’épaisse barbe grise d’Harold.

- Comme c’est intéressant, lui répondit-il. Des Elfes, il y en a très peu par ici. Je n’en ai moi-même jamais vu. Har, pour les Centaures, c’est une autre affaire : Certains Clans se partagent les bois de Rauwlin avec les Fées et les Druides à l’Est du pays. D’autres sont devenus célèbres en défendant la Passe d’Héliotrope sous le commandement du Roi Gareth en personne. Tu devrais trouver ton bonheur ici ! Har, beaucoup de tribus ont la réputation de vivre proche de la nature.

Il se remit à touiller le contenu de son auge en plissant les yeux, d’un air songeur.

- Bien qu’je sois pas bin certain d’où ça s’trouve la Haute-Forêt, je sais que ça fait une sacrée trotte. T’as du en voir des choses durant ton voyage…

Ses mots s’estompèrent soudainement, les deux hommes tournant la tête vers l’entrée du refuge après avoir entendu quelques bruissements.

Kvoth & Reïlo Blanche-Flamme
Quand soudainement, dans un fracas brutal, l’unique porte s’ouvrit dans l’éclat d’une rafale de vent. Les gonds manquèrent de se briser, laissant s’engouffrer un flot continu de flocons de neige dans le refuge. L’âtre du feu vacilla, soufflé par les lames de vent, et projetant d’inquiétantes ombres noires bondissantes. Harold fut le plus prompt et tenta aussitôt de se rapprocher de la porte pour y chasser la tempête qui venait de s’inviter. C’est à ce moment que les deux hommes virent une fine silhouette, un visage sombre et une longue chevelure d’albâtre. Reïlo venait de regagner l’abri.

Le géant barbu se rapprocha aussitôt d’un air étonné.

- Ahr ! Tu es enfin revenu ! s’exclama-t-il, visiblement ravi de la nature du visiteur. Vous avez mis du temps… Mais où sont les autres ?

***

Mirtzar Boucledacier &Gulmar
Le rôdeur s’immobilisa dans l’ombre d’un affleurement rocheux, le dos courbé et les yeux rivés sur l’étrange silhouette au centre de la carrière de pierre. Celle-ci continuait sa ronde, arpentant un large tumulus dans un va-et-vient illogique, marmonnant sous la lueur pâle de la lune. Partout atour, on entendait d’étranges bruissements de voix et de mouvement provenant depuis la brume. De mystérieuse vibration trahissant un pullulement de vie sur le revêtement de granit des altitudes.

A cette pensée, l’esprit du Nain vagabonda. Le souvenir et l’imagination figèrent l’inquiétude croissante. Gulmar se retourna vers Mirtzar, le visage rongé par l’inquiétude, et lui souffla quelques mots :

- Cela ne me dit rien qui vaille, avoua-t-il modestement. Droit dans la gueule du diable. J’entends tout un tas d’ces gars-là. J’trouve que la situation n’est clairement pas à notre avantage. (il leva le nez vers les étoiles où d’épais nuages gris qui s’accumulaient au-dessus de leurs têtes) Et la tempête menace de nous tomber dessus. (il plongea son regard dans celui du Nain, comme pour y puiser un peu de courage) Et tu sembles bien trop épuisé. Tu traines la patte depuis un certain temps. Tu n’as pas ton armure…

A ces mots, Mirtzar ne put qu’acquiescer intérieurement. Depuis quelques mètres déjà, il trébuchait et son corps douloureux semblait s’engourdir. Désormais, il obligeait ses jambes à marcher, mais n’était jamais vraiment sûr d’avancer. Les évènements étaient devenus si imprévisibles et incontrôlables que sa pensée ne pouvaient que les suivre. Parfois, un vertige le prenait et il croyait se trouver ailleurs.

- Alors, qu’est-ce qu’on fait ? acheva le rôdeur d’un ton enfantin.

Le chemin du retour avait été extrêmement fatigant mais plus facile que prévu : qu'Oghma ait entendu ses prières ou qu'un phénomène climatique ait quelque peu calmé la tempête, Blanche Flamme avait pu retourner sur ses pas sans craindre de se perdre. C'est néanmoins à moitié couvert de neige et affaibli qu'il poussa la porte du refuge dans lequel Kvoth et Harold se trouvaient toujours.

Refermant l'huis derrière lui, il secoua brièvement ses habits pour en chasser la neige et approcha Flammèche du feu pour qu'il puisse se réchauffer. C'est seulement alors qu'il prit la parole :

- Malheureusement, je ne sais pas où ils sont... Je les ai perdus dans la tempête. J'espère qu'il ne leur est rien arrivé car, dans cette région, il y a pire que le froid...

Le métis prit une inspiration et se mit à leur narrer leur brève expédition :

- Nous avons vite retrouvé Flammèche mais nous avons aussi entendu un mugissement qui semblait humain, semblable au cri d'un bébé. Mes deux compagnons ont absolument voulu aller voir ce dont il s'agissait. Nous avons aperçu une... une créature, je ne saurais comment la définir... une créature menaçante qui emportait un jeune enfant. Nous n'avions pas la moindre idée de ce à quoi nous assistions...

Regardant les flammes dans le brasier, il poursuivit :

- Gulmar et Mirtzar se sont jetés à leur poursuite, faisant fi du danger et de la pente énorme qu'ils avaient à affronter. Mirzar est d'ailleurs tombé assez lourdement. J'ai descendu la pente plus lentement, de peur de perdre l'équilibre et de briser les os de Flammèche. Je les ai suivis autant que j'ai pu, jusqu'à un autel... un autel très ancien, protégé de glyphes, mais qui ne semblait pas maléfique.

Le prêtre d'Oghma acheva son récit, le regard vide :

- Le temps était mauvais et la neige a rapidement recouvert leurs traces. Face à moi se trouvaient des bois et je n'avais aucune idée de la direction qu'ils avaient pu prendre... Après réflexion, j'ai choisi de rebrousser chemin. Seul dans ces bois, je me serais certainement perdu et j'aurais constitué plus une charge qu'une aide. Je fais confiance à Gulmar pour les ramener ici. Je regrette juste de ne pas avoir pu leur dire que je rentrais et j'espère qu'ils n'auront pas fait de mauvaise rencontre. Nous n'avons guère d'autre choix qu'attendre et espérer...

Reprenant un peu de vigueur, il se tourna vers ses deux compagnons et leur demanda :

- Avez-vous la moindre idée de la signification du sinistre spectacle que nous avons observé? De la nature de l'autel que j'ai étudié pendant quelques instants?

Les questions s'adressaient surtout à Harold mais Kvoth pouvait très bien avoir aussi récolté d'utiles informations sur la région au fil de son périple.