Chapitre 1 : L'astre Pourpre

Kvoth était satisfait. Nul besoin de long discours, les présentations étaient faites. Il regarda chacun des membres du groupe afin de mémoriser leur nom. Ce Blanche-Flamme était direct. Visiblement, il paraissait être le porte parole de cette compagnie. Les deux autres étaient plus silencieux. Peu importe, il n'était pas un grand bavard.

- Très bien, dans ce cas laissez moi reprendre mes affaires avant de partir.

Le rôdeur alla chercher son sac et son manteau de fourrure qu'il avait laissé sécher. Il n'était pas du genre à faire des emplettes mais il appréciait son dernier achat. Il était habitué aux montagnes et aux températures négatives mais il s'était vite rendu compte en arrivant dans cette région qu'une épaisseur de plus lui ferait le plus grand bien. Il passa en revu tout son équipement, à la fois pour s'assurer de leur bon état mais également pour vérifier que rien n'avait disparu. Il était du genre méfiant et accordait beaucoup d'importance au peu de matériel dont il disposait.

¤ Partir avant la nuit tombée est une bonne idée, il est plus facile de repérer une quelconque menace.¤

Kvoth ne se sentait pas en sécurité dans cette région. Il avait un mauvais pressentiment.

¤ Il y a des moments où je regrette d'avoir quitté ma Frontière Sauvage...¤

Il se remémora alors les forêts luxuriantes et les montagnes. Ce moment de nostalgie ne dura que quelques secondes, le rôdeur finit par se ressaisir.

¤ Allons bon, trêve de rêvasserie, nous avons du chemin à parcourir..¤

Il retourna alors auprès de ses nouveaux compagnons de route.

Gulmar, Kvoth, Reïlo Blanche Flamme & Mirtzar Boucledacier
Ils quittèrent le confort du temple et aussitôt la rudesse du climat vint leur geler les os. La grande prêtresse avait décidé qu’il était prioritaire de s’en aller. Les habitants de Sturmburg étant trop affaiblis, la décision avait été prise de partir au plus vite, ce village ne pouvait supporter une attaque.

Sur la grande place, les hommes, femmes, enfants – s'affairaient autour d’un convoi rapidement formé le long de la grande voie. En tête de file, deux carrioles était attelées à de massifs bovins au pelage laineux. Au centre du convoi, les croyants s’adonnaient fiévreusement à leurs ablutions, au milieu des éclats de voix et de la marmaille qui courait en tournant autour des bagages. Un cavalier dirigeait du bétail afin de suivre toute cette soudaine migration. Sur le bas-côté, des feux étaient allumés pour faire bouillir de l’eau et de la soupe en vue de réchauffer les os des anciens durant le voyage. En cette fin de matinée, chacun put prendre le temps de se réapprovisionner ou d’explorer brièvement le petit village enneigé.

Puis, deux heures avant le milieu de journée, un homme vint à leur rencontre, il se présenta sous le nom d’Harold de Brinbois. C’était un homme d'aspect massif, à la mine farouche, doté d'une barbe drue et de cheveux longs qui lui tombaient sur les épaules. Il était suivi d’Ingrid, la jeune servante du temple. L’homme dévisagea longuement les quatre aventuriers avec un drôle d’air puis déposa une sacoche à leurs pieds. Le tintement produit laissait présager qu’elle était remplie de fioles ou de potions. Le grand homme gonfla les joues et poussa un grognement convaincu :

Harold

- Har ! C’est vrai qu’ça vaut le coup d’œil ! vous n’êtes pas banals, insista-t-il. Trois rouquins et un p’tit peau grise : « Comme un flocon sur un lit d’braises », Ha ha har ! (il s’arrêta devant Gulmar puis baissa les yeux sur Mirtzar) Chez nous, on dit que les roux sont baisés par le feu, Har ! On dit qu’ils sont âmes à s’attirer la chance. J’espère qu’c’est vrai ! L’imposant gaillard riait bruyamment, non pas moqueur mais affectueux. Il plongea une main dans son manteau pour en sortir un parchemin enroulé. - Des potions, des vivres et ce plan du Duché. La prêtresse estime que j’dois vous mener vers Wallenburg car j’travaillais dans leurs mines. C’est vrai que je connais un peu la région, mais je ne suis pas trappeur, ni vraiment guide en fait. (il tourna les épaules et fit un geste vers les portes du village) L’on m’a indiqué un refuge que nous pourrions atteindre avant la nuit. Ha, ça nous ferait arriver le lendemain sur le village. Il vaut mieux ne pas tarder, conclu-t-il en hochant de la tête d’un air assuré. Vous m’avez l’air prêts alors, allons-y mes braves. -------------------- Doté d’une grande barbe et d’une carrure prodigieuse, il aime la boisson, la nourriture et les femmes. Il possède un caractère jovial et truculent. Il ponctue ses discours de fréquents « Har ! »

C’est ainsi que cinq hommes entreprirent leur voyage à travers les monts des Galènes. Expédition d’improbables à la recherche d’un objet inconnu. Au-dessus de leurs têtes, l’astre solaire avait dépassé l’immense chaine de montagnes anciennes pour atteindre son zénith dans un ciel composé de nuances grisâtres et azurées. Ils quittèrent discrètement le village par la petite porte pour s’éloigner vers les contreforts rocheux où le vent sifflait entre les chênes et les sapins. Depuis les hauteurs des falaises, le paysage de la vallée d’Arcata était recouvert de larges rubans d’argent qui couraient à travers les blancs scintillants du gel.

L’expédition suivait progressivement le rythme des membres les moins dextres ou celui des plus éreintés. Le terrain commença par descendre en pente douce vers une série de collines revêtues d’arbres serrés les uns contre les autres. On ne distinguait aucun signe d’habitation et l’air devenait de plus en plus froid tandis qu’ils descendaient les pentes dépourvues de chemins, au point qu’ils ne regrettèrent nullement la protection des épaisses fourrures.

Arrivés à mi-chemin, Harold montra les premiers signes de fatigue, peinant à chacun de ses pas et grimaçant à chaque degré d’effort supplémentaire. Puis ce fut le tour du dernier arrivant, Kvoth de son nom. Il remarqua rapidement que deux des expéditionnaires ne semblaient pas affectés par le froid mordant de l’hiver. Alors que lui-même sentait poindre tendinites, gelures aux doigts, aux cuisses et ampoules aux orteils : les signaux familiers d’un corps en révolte. L’ecclésiaste Reïlo et Gulmar le chasseur avançaient sans frémir, sans altérer leur démarche et étrangement, leurs respirations n’exhalaient aucune vapeur. Kvoth se frotta les yeux, frissonna sous ses épaisses fourrures, essuya la neige incrusté dans sa barbe rousse, épuisé, il claquait des dents en s’efforçant de suivre le rythme à la seule force de sa volonté.

De son côté, Gulmar trottinait la plupart du temps à l’avant du groupe, devenant de plus en plus familier avec l’environnement. Bien que l’altitude et le manque d’oxygène restent une épreuve, il ne pouvait que remercier le métis Elfe noir de lui avoir accordé une bénédiction. Cela lui permettait de se concentrer sur le paysage et l’interprétation du plan. En fin de journée, il remarqua une irrégularité dans le décor monotone. Il avança prudemment et découvrit de profondes gorges remplie de neige desquelles on pouvait entendre gronder un torrent féroce. Il sentait le froid émaner sous ses pieds, il devait y avoir une multitude de cavernes et de tunnels de glace. Il entendait le fracas des eaux qui semblait perpétuellement mourir d’une respiration. Inspiré par une forme d’instinct, le chasseur de Gnolls poussa le groupe dans un détour afin d’éviter l’obstacle.

Ils continuèrent à longer un petit bois qui reposait au pied des monts de Galènes. Peu à peu le paysage prit une teinte plus sombre, chacun savait que les nuits survenaient tôt en cette saison, mais c’est la présence de nombreux nuages parsemant le ciel qui vint accentuer ce phénomène. Le vent se mit à vrombir avec violence, les arbres se mirent à pencher vers l’Est et la température chuta progressivement. Au loin, le paysage disparu sous un nuage noir et bouillonnant qui cacha la vallée d’Arcata. La visibilité s’assombrie d’un coup, et il ne resta plus que la sinistre complainte du vent qui raclait les montagnes.
Alors qu’une tempête se levait, ils aperçurent une cabane de bois bâtie sous la saillie d’un rocher à flanc de montagne. Le toit était recouvert d’une épaisse couche de neige, des stalactites de glace pendaient aux fenêtres closes. C’était une large bâtisse en boiserie perdue au milieu de nulle part.

Harold

- C’est le refuge d’Orrn, le relais de chasse d’un célèbre braconnier de la région. Il grimaça sous l’effort et serra son manteau de fourrure autour de ses épaules. - C’est inhabité la majeure partie de l’année, c’est ici que nous passerons la nuit ! -------------------- Doté d’une grande barbe et d’une carrure prodigieuse, il aime la boisson, la nourriture et les femmes. Il possède un caractère jovial et truculent. Il ponctue ses discours de fréquents « Har ! »

Il y avait un tas de buches coupées en rondins de diamètres différents. Au seuil, on pouvait constater que l’encadrement de la porte était immense même face à des humains. Le guide força les gonds de la porte d’un coup d’épaule, le bois avait gonflé, puis dans un craquement soudain, l’ouverture se fit entendre et ils purent s’abriter à l’intérieur.

Il n’y avait qu’une seule pièce, le bâtiment semblait ancien mais entretenu, les meubles étaient aménagés à la hâte afin d’être habité. Une subtile odeur de moisissure et de renfermé laissait présager que les lieux n’étaient pas souvent habités. Un escalier amenait à une pièce dissimulée dans les combles. Au milieu de la salle, des fauteuils sculptés grossièrement dans du bois, étaient disposés autour d’un âtre de grès et de pierres. Le grand homme s’affaira aussitôt à réunir du bois afin de réchauffer l’atmosphère. Tout ici faisait penser à l’antre d’un géant, la hache accrochée au mur, ces sièges aux dimensions surprenantes et des plats en terre cuite grandes comme des écus.

Soudain, une étincelle se fit, les flammes se mirent à danser rapidement et une lueur tremblotante illumina la grande salle. Le guide, Harold, grelotait en se frottant les mains énergiquement pour tenter de récupérer le maximum de chaleur. Il gloussa, sous sa barbe broussailleuse, malgré la fatigue, il affichait un sourire satisfait.

Harold

- Har ! J’ose à peine retirer mes bottes pour voir si j’n’ai pas perdu un orteil ! On va tous avoir besoin de repos, certains ont l’air à moitié crevés. (l’imposant homme flanqua une claque sur l’épaule de Gulmar à son passage) Har ! Et j’n’ai pas honte de dire que c’est grâce à toi si nous ne sommes pas perdus. Merci bien, j’suis pas mécontent d’avoir atteint l’abri avant la nuit. La cabane ne manquait pas de charme, mais le relais de chasse était traversé de courants d’air. Le vieux barbu se frotta le visage en écoutant la tempête se lever à l’extérieur. Il reprit d’une voix sérieuse : - Mettez-vous à l’aise, faites comme chez vous, mais ne dérangez rien ! « De l’eau et du bois pour réchauffer le prochain vagabond » C’est la règle pour profiter de ce lieu. Le propriétaire est charitable, mais il est impartial sur ce principe. (il rejeta son regard vers les flammes, au cœur de l’âtre crépitant) Pour le repas, faites-moi confiance, je m’y attèle dès que le feu sera prêt. J’suis piètre guide, mais j’m’y connais en cuisine ! Har, har ! -------------------- Doté d’une grande barbe et d’une carrure prodigieuse, il aime la boisson, la nourriture et les femmes. Il possède un caractère jovial et truculent. Il ponctue ses discours de fréquents « Har ! »

Il acheva d’un de ces rires gras et bruyants dont il avait le secret.

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Test d’orientation
Gulmar (survie) : 19(d20) +9 = 28
Kvoth (survie) : 18(d20) +8 = 26
Le guide : 5(d20) + ?= 9

Test de bonus jets de vigueur
Gulmar survie (bonus jets de vigueur) : 19(d20) +9 = 29
Gulmar peut procurer un bonus jets de vigueur de +2 contre les rigueurs du climat à un maximum de 7 autres personnes.
Kvoth survie (bonus jets de vigueur contre les rigueurs du climat) : 2(d20) +8 = 10

Première heure – climat : Froid, temps calme.
Kvoth : 13(d20)+11 = 24
Mirtzar : 16(d20)+21 = 37
Le guide : 13(d20)+7= 20

Deuxième heure – Harold est à présent en état Fatigué.
Kvoth : 13(d20)+11 = 24
Mirtzar : 4(d20)+21 = 25
Le guide : 8(d20)+7= 15 (5(d6) de dégâts non-létaux.)

Troisième heure – Kvoth est à présent en état Fatigué.
Kvoth : 2(d20)+11 = 13 (6(d6) de dégâts non-létaux.)
Mirtzar : 7(d20)+21 = 28
Le guide : 17(d20)+7= 24

Quatrième heure
Kvoth : 19(d20)+11 = 30
Mirtzar : 11(d20)+21 = 32
Le guide : 20(d20)+7= 27

Gulmar ne se perd pas et remarque un danger naturel(survie):16(d20)+9=25:réussite

Cinquième heure
Kvoth : 12(d20)+11 = 23
Mirtzar : 5(d20)+21 = 26
Le guide : 11(d20)+7= 18 (5(d6) de dégâts non-létaux.)

Sixième heure – Arrivée au refuge du chasseur.
Climat : Orage, tempête de neige, vents violents (50à80km/h), visibilité réduite de 75%, 7heures.

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Kvoth, Mirtzar et Harold sont à présent Fatigués.

e nain d'or avait salué l'arrivée de Kvoth d'un sourire et d'un signe de la main. Comme ses compagnons avaient déjà donné son nom, Mirtzar ne savait pas trop quoi ajouter et il estimait qu'un geste pouvait contenir autant d'information que bien des mots. Il n'était pas complètement sûr que le nouveau venu partageait le son language gestuel et silencieux mais cela n'était pas très important.

Sans compter qu'une nouvelle personne venait de faire son entrée en scène pendant que le Compagnon des Marches d'Argent continuait de réfléchir à ce qu'il pouvait dire. Leur nouveau guide semblait plus loquace qu'eux tous réunis et suffisamment bien bâti pour résister aux difficultés de la marche qui les attendaient. Une fois de plus, ce fut avec peu de mots et quelques gestes que le nain d'or accueilli leur nouveau compagnon. Il n'était pas exactement impatient d'être de nouveau sur la route, ou le chemin, mais il n'avait pas grand chose à faire dans le village.

Après environ une demi-heure de marche, Mirtzar commença à se demander s'il avait enfin commencé à s'habituer à l'effort nécessaire pour leur pérégrinations ou si le terrain et le climat étaient un peu plus cléments que plus tôt dans la journée. Cela étant dit, lentement, les conditions de leur voyage commencèrent à devenir plus difficiles et les deux nouveaux membres de l'expédition semblaient en subir les conséquences plus que lui, Gulmar ou Blanche-Flamme. Mais le nain d'or devait avouer qu'il était impressionné par leur courage: il était évident que continuer d'avancer n'était pas facile et que la fatigue et le froid commençaient à faire sentir leurs effets mais ils ne ralentirent pas. A certains moments, voyant que Harold ou Kvoth vacillaient, Mirtzar proposa presque de les aider mais leurs moments de faiblesse ne duraient jamais.

Cela étant dit, il ne prenait pas vraiment de plaisir à affronter le froid mordant et c'est avec beaucoup de plaisir qu'il reçu l'information que leur destination, pour cette journée, avait enfin été atteinte. La cabane n'avait rien d'un palais mais c'était un progrès notable comparé à l'extérieur. L'annonce qu'Harold allait préparer à manger fut accueuillie par le ventre de Mirtzar par un grondement sourd. Mais le nain d'or essaya de montrer que son estomac n'était pas, complètement, le maître de sa destinée.

-Que puis-je faire pour aider? Je ne peux pas me vanter d'être doué pour la cuisine mais je peux sans doute donner un coup de main. Pas forcément avec la nourriture, d'ailleurs. Je pense que plusieurs d'entre nous n'ont pas spécialement envie d'aller dehors s'il faut rassembler du bois, ou quoi que ce soit d'autre, alors je veux bien m'en charger. Si vous n'avez pas trop peur que je me perde, bien sûr.

Une fois de plus, le voyage avait été éprouvant pour Reïlo mais, en voyant comme Kvoth et Harold peinaient, le jeune prêtre se rendit compte à quel point les effets du sort qu'il avait lancé étaient puissants. Il remercia intérieurement Oghma de lui avoir accordé sa bénédiction. Tout en cheminant, il avait pris garde d'observer attentivement le paysage environnant, s'efforçant comme à son habitude de mémoriser un maximum d'informations sur la région qu'ils traversaient.

Le petit groupe avait finalement pénétré à l'intérieur d'une modeste cabane en bois qui leur servirait d'abri pour la nuit. Il avait écouté leur guide leur présenter les "règles de vie" qui s'imposaient dans leur refuge puis avait installé sa couverture et ses affaires dans un coin de la pièce, éloigné de toute ouverture, ne gardant sur lui que le strict nécessaire. Il approuva les suggestions d'Harold et de Mirtzar :

- Je vous laisse bien volontiers vous occuper de la cuisine et du bois. Pour ma part, je peux produire de l'eau à l'aide d'un sort, si nous souhaitons économiser nos réserves et ne pas user de celles qui se trouvent ici. Si le lieu est souvent inhabité, elle pourrait être passablement croupie...

Le demi-drow donna quelques graines à son familier qui le remercia en croassant.

- Je vais également demander à Flammèche de survoler prudemment les environs et de m'indiquer s'il n'a rien repéré de suspect avant que nous ne prenions du repos. Je souhaiterais prendre le premier tour de garde, afin de pouvoir récupérer pleinement mes facultés magiques pendant le reste de la nuit.

Le métis fit un geste et son corbeau s'envola dans les airs pour effectuer une brève patrouille dans les environs. Lui-même s'assit près de ses affaires et se mit à coucher sur le papier toutes les observations qu'il avait pu récolter sur la faune, la flore et surtout sur les communautés locales et leurs dieux étranges. Si le temps le lui permettait, il était bien décidé à consacrer également quelques minutes à l'étude du grimoire que Nërissa lui avait confié.

Reïlo envoie son familier en mission de reconnaissance. Si besoin, il jette "création d'eau" dans le plus grand récipient à sa portée.

Le voyage avait été long et difficile. Kvoth n'était pas encore tout à fait habitué à ce climat. Il avait voulu montrer qu'il pouvait résister à ces froides températures mais en voyant les autres avancer et se fatiguer moins vite que lui, il se dit qu'il avait encore beaucoup à apprendre.
Malgré les difficultés, il avait tout de même pris la peine d'observer la faune et la flore de cette région. Il voulait accumuler un maximum d'informations, cela pouvait toujours être utile.
Lorsque Harold indiqua qu'ils arrivaient à leur destination du jour, le rôdeur se sentit soulagé. Il était fatigué et avait besoin de repos.
Kvoth était heureux de pouvoir se mettre à l'abri. Il s'approcha du feu que leur guide venait d'allumer et profita de la chaleur des flammes. Il avait l'impression d'être minuscule à coté du mobilier présent dans la pièce.

Il installa ses affaires dans un espace près du feu tout en écoutant les recommandations d'Harold. Le Nain venait de proposer ses services pour aller chercher du bois et le métis était visiblement doué pour manipuler la magie mais également pour communiquer avec les animaux. Il regarda le corbeau s'envoler, il avait toujours apprécié les bêtes. Ne voulant pas se montrer inutile, le rôdeur proposa son aide.

- Si quelqu'un souhaite que je l'aide à faire quoi que ce soit... Souhaitez vous que je vous accompagne pour rassembler du bois Mirtzar ?

Même si l'idée de retourner dehors ne l'enchantait pas beaucoup, il se disait qu'ils iraient bien plus vite à deux.

Entre le troc et l’observation des villageois qui se préparaient au départ, le temps passa rapidement jusqu’à l’arrivée du guide qui allait s’occuper du groupe d’aventuriers. La rencontre avec le mineur ne fut pas pour déplaire au chasseur venu du lointain Shaar. Bien au contraire… S’il préférait être seul d’ordinaire, il parvenait toutefois à apprécier la compagnie de ce genre de personnages : bourrus, authentiques. Des hommes conformes à leur nature et qui ne cherchent pas à en changer. C’est tout du moins l’impression qu’Harold laissait à Gulmar lors de cette première rencontre… Alors que l’homme au physique très différent de celui du rôdeur évoquait les « on-dit » sur les rouquins, le chasseur de gnolls lui répondit.

- On verra bien si on porte chance. On s’ra vite fixés vu l’temps et l’trajet qui nous attendent…

Il avait le sourire aux lèvres. Il prit quelques instants pour regarder la carte et l’emplacement du refuge qu’on leur indiquait, avant d’acquiescer d’un signe de tête pour signaler qu’il était effectivement prêt. Et c’est ainsi qu’il se mit en route avec ses quatre compagnons pour un voyage dont il se souviendrait certainement. La simple continuité de tout ce qu’il venait de vivre ces derniers temps, les elfes en moins.

Alors qu’ils avançaient, luttant tous contre les éléments, Gulmar en vint à se sentir légèrement coupable. En effet, même si les conditions étaient compliquées, même sans le froid, il n’avait pas à souffrir de la morsure de l’hiver, grâce à la protection fournie par Reïlo et qui semblait être toujours active. Il lui était donc, au contraire d’Harold, Kvoth et Mirtzar, bien plus aisé de se concentrer sur tout le reste. Il pouvait pleinement se servir de tous ses sens et c’était certainement grâce à cela qu’il parvint à garder le cap et même à déjouer les pièges naturels tendus par cette région inhospitalière. Tout comme l’autre rôdeur du groupe, il observait l’environnement dans lequel il se trouvait, essayant de s’instruire sur la région afin que cette expérience puisse lui servir dans le futur. Et puis, il devait bien se l’avouer, le fait de pouvoir profiter du grand air dans ces conditions, sans avoir à souffrir les aspects les plus négatifs n’était pas pour lui déplaire.

Lorsque leur solide compagnon leur indiqua qu’ils étaient arrivés, le rôdeur shaarien fut soulagé. Il avait certes souffert moins que ses compagnons, mais ils avaient énormément marché ces dernières heures et son corps commençait à en souffrir. Il observa la bâtisse d’un air satisfait avant d’entrer à la suite d’Harold, admirant au passage le joli coup d’épaule. Une fois à l’intérieur, il laissa ceux qui en avaient le plus besoin se diriger près du feu, se contentant de se repérer un coin à l’abri des courants d’air. Ecoutant le mineur massif, il ne put qu’encaisser tant bien que mal la claque sur l’épaule, qui le fit légèrement chanceler. C’est qu’il n’était vraiment pas solide le rôdeur… Bien qu’il apprécia les compliments de leur guide, il préféra, afin de couper court à tout quiproquo, préciser un peu les choses.

- Disons qu’c’est un peu plus facile de s’concentrer et d’faire gaffe à tout quand t’as pas à t’soucier du froid. C’est à Reïlo qu’faut dire merci.

Tout le confort que pouvait contenir cette demeure ne l’intéressait pas vraiment. Il se contenta d’installer sa paillasse et son sac de couchage dans le coin qu’il avait repéré plus tôt. Après quoi il commenta les propos d’Harold sur le repas à venir.

- Ouais. Un bon repas. Là, c’est moi qui t’s’rait redevable.

Il sourit au costaud avant de répondre à ses compagnons d’aventure. Il allait un peu à contre-courant.

- Si vous voulez vraiment qu’on aille chercher du bois, vaut mieux qu’Mirtzar et Kvoth restent à l’intérieur. Vous avez d’jà assez souffert. Reïlo et moi on ira chercher l’bois. On est encore protégés par ton sort, non ?

Il adressa un regard inquisiteur au théurge avant de reprendre.

- Et puis comme ça on ira t’nir compagnie à ton corbeau. J’suis pas certain qu’ce soit une bonne idée d’le laisser s’tirer seul comme ça, avec ce temps... D’toute façon, faut pas qu’on s’éloigne trop et faut surtout qu’on fasse vite. J’crois qu’le temps va s’gâter.

Gulmar, Kvoth, Reïlo Blanche Flamme & Mirtzar Boucledacier
Suspendus à leurs crochets, outils de chasse et de bûcheronnage tremblaient fréquemment. Le vent soufflait fort autour de la cabane, des sifflements aigus perçaient depuis les planches au plafond et les vieilles boiseries du plancher semblaient grincer sous la pression des rafales. Parmi les expéditionnaires, les deux rôdeurs avaient bien notés que la tempête n’avait pas cessée d’amplifier depuis l’apparition des premiers flocons. Observant l’ombre des flammes sur le mur boisé, aimables et solidaires, chacun commençait enfin à se réchauffer.

Les yeux du grand homme n’étaient plus que de simples fentes sous de lourdes paupières fatiguées. Harold se frotta une dernière fois les mains avant de tourner les épaules vers un petit meuble en chêne près de l’âtre. Il mit péniblement un genou à terre, on entendit ses articulations craquer puis des bruits métalliques de récipients et d’ustensiles qui s’entrechoquaient tandis qu’il fouillait. Il se releva et lui présenta à Reïlo une jarre en terre cuite.

Harold

- Oh, grand bien. Remplis donc ce vase. (il grimaça d’un air amusé) Har, cela m’évitera de sortir casser d’la glace et aussi, Har, un peu par curiosité, j’dois l’admettre. Ha ha. Le prêtre s’exécuta en décrivant des signes et en invoquant le nom de son maître, puis soudain, sous le regard émerveillé des quelques curieux, une brume étrange apparut autour du récipient générant une eau pure, semblable à l’eau de pluie. Le colosse aux épaules voûtées souriait d’un air enfantin et lâcha un généreux: « Hébé » Puis il tourna ensuite les épaules et baissa les yeux sur le guerrier Nain. - Comme il vous plaira, l’ami. Mais rien n’presse, ne risquez rien par tempête. (il jeta un regard sur les rôdeurs qui évoquaient à leurs tours la possibilité de ressortir) Les précédents locataires semblent avoir remplis les réserves pour tenir tout un siège. (il désigna une alcôve garnie de brindilles et autres buches de bois secs) Har, demain, nous f’rons le nécessaire avant le départ. N’vous embêtez pas. Tout en parlant, il avait réuni d’un côté des écuelles en bois puis avait mis la main sur une grande marmite noire qu’il pendit à un trépied au-dessus du feu. - Nous avons dû quitter le village à la hâte. Alors pour ne rien gâcher, j’ai dû emporter la viande fraichement abattue la veille. (il commença à éplucher des carottes et à les couper dans la marmite) J’ai juste eu l’temps d’faire mariner avant l’départ. Enfant, je travaillais dans les cuisines de la Maison Boyd du Carmathan. J’ai gardé une passion pour les bonnes choses. Har, ça nous réconfortera des efforts fournis aujourd’hui, nous allons nous régaler. -------------------- Doté d’une grande barbe et d’une carrure prodigieuse, il aime la boisson, la nourriture et les femmes. Il possède un caractère jovial et truculent. Il ponctue ses discours de fréquents « Har ! »

Harold allât ensuite se saisir de son sac en cuir, défit la boucle pour inspecter le contenu. Il plaça des lambeaux de barbaque dans la marmite puis préleva de petites bourses en cuir afin d’en verser négligemment le contenu dans la marmite. Rapidement, la pièce s’embauma d’une odeur de graisse, de poivre, de tin et d’autres épices qui s’entremêlèrent avec celle du feu de bois.

Reïlo Blanche-Flamme

Sous l’impulsion de son maître, un volatile au plumage noir et lustré prit son envole, fendant les rafales de vent et de neige, pour prendre un peu de distance avec la cabane en rondins. Alors que son maître, Reïlo s’apprêtait à se reposer dans l’un des fauteuils du refuge, les remarques de Gulmar sonnèrent comme prophétiques. L’espace d’un court instant, le prêtre d’Oghma perçut une forme de brisure interne, comme un éclat de verre ou une étincelle. Puis une amère sensation lui parcourut l’échine. Le transfert d’effet magique qui le liait à son familier venait de se rompre après son éloignement. Le volatile était soumis aux intempéries. Alors qu’il s’apprêtait à s’asseoir, le métis Elfe noir ne percevait désormais plus qu’appréhension, insécurité mêlé de doutes. Puis, plus rien. La créature de plumes et de magie venait de disparaitre dans les immensités gelées du royaume de Damarie.

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Jet de Vigueur DD15 : 9(d20)+2
Jet de dégâts énergies destructives (froid) : 6(d6)/5
Flammèche est Mourant et Emporté par le Vent.

Blanche-Flamme sentit soudain quelque chose se briser en lui, comme une douleur sourde dans sa poitrine et dans sa tête. Peu à peu, la sensation s'apaisa. Le métis n'avait jamais vécu un tel phénomène mais il comprit immédiatement ce qui s'était produit en perdant la connexion avec Flammèche : celui-ci avait dû disparaître, tué par un prédateur ou par le climat gelé de Damarie.

- Et merde! s'exclama-t-il en repoussant ses parchemins.

De tels mots étaient rares dans sa bouche, il n'aimait pas la vulgarité gratuite, même s'il y avait fréquemment été confronté tout au long de son existence dans les quartiers pauvres de Valherse. Mais il n'avait pu s'empêcher de maudire son imprudence. Trop naïvement, il avait pensé que son familier bénéficierait lui-aussi des effets de son sort, ce qui n'avait visiblement pas été le cas.

¤ Quel imbécile, je fais! Sur ce coup, je ne vaux guère mieux que la plupart des idiots qui peuplent Toril et que je méprise habituellement... ¤

Le prêtre d'Oghma se maudit une nouvelle fois. Son visage était sombre : il s'en voulait. Il finit par ranger son écritoire et ses parchemins. Il n'avait désormais plus la tête à l'étude. Il s'approcha donc de ses compagnons. Tout en se dirigeant vers le feu pour se réchauffer, il s'adressa à eux :

- J'ai été imprudent, je pensais que Flammèche serait protégé du froid mais il semble que ce n'était pas le cas. Je vais voir s'il est toujours en vie... Libre à vous de m'accompagner et d'affronter avec moi le froid hivernal...

Il enfila son manteau le plus chaud et se prépara à sortir de leur abri, espérant qu'au moins un de ses compagnons ferait mine de le suivre...

lors qu'il commençait à se relâcher légèrement, heureux de ne pas avoir à retourner dehors tout de suite pour rassembler quelques fagots de bois, Mirtzar entendit Blanche-Flamme jurer.

Mirtzar n'était pas certain de comprendre ce qui se passait. Ou plutôt, il comprenait que le demi-drow était inquiet pour son compagnon animal mais il n'était pas sûr de savoir s'il avait utilisé un sort pour savoir comment Flammèche s'en sortait dehors ou si, maintenant qu'ils étaient à l'abris, ses idées avaient commencées à dégeler et il venait soudainement qu'il avait fait une erreur.

Mais, ce dont il était certain était qu'il ne pouvait pas rester inactif. Sans jeter un regard vers ses compagnons, Mirtzar se dirigea vers la porte à la suite de Blanche-Flamme. Mais, contrairement au demi-drow, ses paroles étaient moins un appel à l'aide à peine voilé qu'une suite d'ordres. La relation de Mirtzar avec Flammèche était inexistante mais il était important pour Blanche-Flamme et Blanche-Flamme était important pour lui. Rien de bien compliqué à comprendre. Il était confronté avec une crise et son cerveau était modelé pour réagir dans ce genre de situation. Son ton était plat et il n'attendait pas de réponses de la part de qui que ce soit.

-Kvoth, Harold, restez ici. Vous êtes fatigués et vous serez plus utiles ici pour préparer le refuge pour notre retour que dehors. Gulmar, désolé de te demander de venir avec nous mais nous aurons besoin de toi pour retracer nos pas. Blanche-Flamme, est-ce que tu es capable de trouver où se trouve Flamméche?

Le rôdeur du lointain Shaar, malgré une légère appréhension en ce qui concernait le volatile, commença également à se détendre alors qu’Harold évoquait le fait qu’il n’était pas nécessaire de sortir immédiatement pour le bois. Il apprécia même les odeurs qui commençaient à s’entremêler, promesse d’un bon repas à venir, comme lui et ses camarades n’en avaient pas fait depuis longtemps. Il s’adressa à l’homme, tout sourire.

- Si t’as d’autres talents cachés comme celui-là, dis-nous tout… Tu vas être le membre de c’groupe dont on pourra pas s’séparer…

Et il se mit à rire, avant de se remettre en position la plus confortable qui lui était possible. C’est alors qu’il entendit Reïlo jurer, ce qui n’était pas encore arrivé depuis qu’il avait rencontré le théurge. S’il comprit que quelque chose n’allait pas comme le demi-drow le souhaitait, il lui fallut attendre les explications de ce dernier pour comprendre de quoi il en retournait. Il jeta un regard noir, glacial même au suivant d’Oghma.

¤ Amateur. C’est pas possib’ ça. Pauv’ bestiole. ¤

Gulmar attrapa son paquetage en même temps que Mirtzar donnait ses ordres. D’un simple hochement de tête, il confirma au nain qu’il se joignait à eux. Toutefois, il lui adressa quelques mots, au cas où…

- Mirtzar, tu devrais rester. J’suis pas sûr qu’tu sois complèt’ment r'mis. Et à deux on ira plus vite. Il lui adressa le regard d’un garnement. Enfin, c’est comme tu veux.

Puis le rouquin porta à nouveau son regard sur Reïlo, tentant de le faire culpabiliser d’avoir laissé cette pauvre créature innocente affronter les éléments.

- Dis-nous ou on va. Faut pas qu’on perde de temps si on veut l’retrouver avant qu’y soit mort et r’couvert par la neige. Tu lui as d’mandé d’aller où ?

Sans être agressif, le ton n’était pas pour autant amical. Il restait néanmoins cordial, se souvenant de ce que Reïlo avait apporté au groupe et à lui même, apport dont il était bien incapable pour sa part…