Chapitre 1 : L'astre Pourpre

Serana, Reïlo Blanche Flamme & Mirtzar Boucledacier

Reïlo Blanche-Flamme
Le demi-Drow avait livré à Mirtzar les détails de ses récentes pérégrinations et une partie de ses constantes préoccupations. Le Nain conserva sa mine renfrognée et ne pipa mot en retour. Laissant la mention de Gulmar en suspens. Reïlo dû se résoudre à lui laisser un certain temps de réflexion alors il continua de parcourir de quelques pas la grande corniche de pierre.

En marchant à travers le couloir ouvert sur le grand édifice, il se creusa la cervelle pour décrypter les symboles discrets gravés sur les grandes dalles. Des formes complexes composées de cercles internes à d’autres cercles. La signification lui échappait totalement. Ces symboles ressemblaient à des sigles ésotériques, des sceaux antiques, mais il ne parvenait pas vraiment à mettre la vérité à nue. Il cherchait de loin d’autres signes qui pouvaient témoigner de la nature des inscriptions. Peut-être s’il descendait pour mieux observer ?

Quelques pas supplémentaires, il arriva déjà au bout du couloir. Face à lui, une série de marches et un renfoncement menait à une lourde porte cloutée et ferrée. Au niveau du sol, sur sa droite, un escalier en pierre fort pentue descendait jusqu’à l’édifice hexagonale en contrebas. Et le guerrier Nain était toujours plongé dans ses pensées.

Serana
La demi-dragonne ne ménagea pas les efforts en déplaçant le mutant ventripotent. Elle poursuivit sa tâche macabre en vérifiant l’état de décès d’un autre membre déjà avachi dans le dortoir. Le pauvre bougre était froid comme la glace, les yeux noirs et les lèvres bleues. Bien que les capacités techniques de Serana ne lui permettaient pas de pronostiquer un rapport légiste pertinent. Elle s’accorda sur l’expertise du rôdeur roux. Il avait dû être abandonné ici depuis un bail.

La Shaundakulite poursuivit un instant l’exploration de son côté, cherchant un passage cachée qui aurait pu échapper à l’humain. Ce genre d’exploitation minière était favorable aux renfoncements étroits et aux ombres trompeuses, mais elle ne trouva rien de cela. Parmi des paillasses moisies, des vêtements crasseux, des restes de nourritures, des épluchures et des vieux os, tout cela mêlé à l’odeur rance de la sueur d’une dizaine d’hommes, il n’y avait qu’un étroit conduit d’aération au plafond qui dispensait un courant d’air salvateur.

Après de longues minutes, elle revint donc sur ses pas, suivant la trace de sang laissée par le cadavre du mutant bicéphale. Dans la cambuse, le garde bestial était toujours inconscient, et le nabot toujours attaché solidement au mobilier. A peine un regard échangé et elle se dirigea à l’autre bout du couloir pour rejoindre Reïlo et Mirtzar. Kvoth le silencieux, toujours à sa suite, torche en main.

Blanche Flamme était décontenancé par l'attitude de Mirtzar. Perdu dans ses pensées, celui-ci ne semblait pas disposé à répondre. Qu'était-il donc arrivé à Gulmar pour que cela provoque une telle réaction ? Tout cela ne lui plaisait pas du tout, de même que les incertitudes quant à la marche à suivre.

¤ L'autre affreux nous a parlé d'un couloir, pas d'escaliers. Je suppose que la chambre du chef doit se trouver de l'autre côté de cette porte… si du moins il ne nous a pas encore raconté des fariboles… ¤

Le demi-drow était méfiant. Très méfiant à l'égard du prisonnier, dissimulateur et imprévisible, à l'instar de la créature qui avait failli le tuer juste avant sa rencontre avec Serana.

Méfiant vis-à-vis d'eux-mêmes aussi : les révélations de Serana sur cette rage qui l'habitait et le mutisme et le pacifisme radical de Mirtzar n'annonçaient rien de bon non plus. A vrai dire, il était même méfiant vis-à-vis de lui même : blessé, épuisé et en colère, il redoutait de ne pas faire preuve du discernement nécessaire en cas de confrontation. Kvoth semblait être le plus stable d'entre eux.

Le prêtre d'Oghma murmura simplement à l'attention du nain :

- Attendons Kvoth et Serana ici, tout ceci ne me dit rien qui vaille...

l y avait peu de tâches pour lesquelles le nain d'or se considérait compétent. Parvenir à synthétiser une situation complexe en quelques mots ne faisait pas partie de cette liste. Loin s'en fallait. Ecouter quelqu'un d'autre synthétiser une situation complexe sans dire un mot en était beaucoup plus proche. Et c'est avec le secret espoir de réussir cette tâche que Mirtzar s'était tourné vers Blanche-Flamme quand ce dernier avait commencé à lui expliquer ce qui était arrivé pendant qu'ils avaient été séparés.

Et il y serait probablement parvenu si le demi-drow n'avait pas fini son explication par une série de questions de moins en moins rhétorique. Le Frère Molosse avait réussi à hocher lentement la tête quand son compagnon avait commencé à se questionner sur le destin des villageois et sur celui de l'artefact sur lequel ils étaient censés mettre la main. Mais la question suivant avait porté sur le destin de Gulmar et, autant le Compgnon des Marches d'Argent faisait-il d'efforts pour continuer d'espérer que le rôdeur ait réussi à se sortir vivant de leur tentative avortée de sauvetage, autant il ne put faire plus que baisser les yeux, et le reste de la tête, en signe de défaite.

Après un peu plus de marche à pied, dont Mirtzar profita pour explorer du regard un peu plus la salle dans laquelle ils se trouvaient maintenant et qui ne ressemblait pas du tout à ce à quoi il s'était attendu, le duo n'avait guère d'autre choix que de faire une pause ou de prendre un escalier. Reïlo était plus favorable à la première option. Mais le nain d'or devait admettre que même lui pouvait voir à quel point le natif des Vaux avait l'air las. Il ne voulait pas lui imposer plus de fardeau que nécessaire.

-Je suis, pour ma part, plus inquiet que le reste des brigands ne revienne que de ce que nous pourrions trouver devant nous. Etant donné notre situation, je propose que j'explore un peu plus la salle en contrebas pendant que tu attends que les autres nous rejoignent. Je vais tâcher de rester à portée de vue.

Reïlo Blanche Flamme, Serana & Mirtzar Boucledacier

Mirtzar Boucledacier
Le Nain prit les devant en descendant les marches qui menaient à l’édifice. A l’autre bout de cette salle de forme hexagonale, se dressait un autel. Sur les six parois encadrées de grandes colonnes, des symboles étranges gravées à hauteur d’homme et de manière indélébile. Autour de lui, à six mètres du sol, des corniches vétustes qui surplombaient l’édifice.

En se rapprochant de l’autel, Mirtzar remarqua que la table ne contenait pas d’offrandes mais été imprégnée de taches brunes coulant le long des marches et sinuant entre les jointures des pavements. En raccourcissant plus l’espace jusqu’à l’autel, il remarqua la présence sur une petite table en pierre disposée juste à côté, un couteau courbée encore souillé de sang qui reposait sur un coussin.

Enfin, la pointe Nord-Est de l’hexagone recelait un grand portail avec des barreaux en acier et orné d’un verrou. Le couloir derrière semblait se diriger vers une série de marches montantes.

Reïlo Blanche-Flamme
Reïlo resta interdit à l’embranchement entre l’escalier, la corniche qu’il venait d’emprunter et cette lourde porte en bois dur qui se tenait sur sa gauche. Il regarda le Nain s’éloigner en contrebas, retenant son souffle et priant pour qu’il ne marche pas sur une rune piégée ou ne déclenche pas une série d’horreurs après avoir malencontreusement tiré sur un fil tendu. Il avait déjà vu ce type d'événements se produire de nombreuse fois. Dans les Vaux, dans sa chambre d’étudiant, il avait dans sa bibliothèque de nombreux récits d’explorateurs qui avaient, au fil des années, entretenus ses grands désirs de vagabondage. Mais ici, rien ne faisait écho au monde des pensées romanesques ou poétiques des marchands et des arpenteurs des terres inconnues.

Non, ici, tout était sujet à faire croitre ses craintes anxieuses et son imagination dans ce qu’elle avait de plus macabre. Ici, aux frontières des Terres Gelées de Damara. Toutes les convictions paraissaient friables tandis que s’éloignaient les pensées tranquilles et la confiance inébranlable. C'était à se demander si ces fameux écrivains étaient déjà sortis du confort de leur bureau.

Soudain, derrière lui, non loin, des bruits de pas et la lueur d’une torche accompagna les silhouettes de Serana et Kvoth.

Mirtzar bravait courageusement le danger et semblait prêt à affronter son destin.

Tout en le regardant emprunter l'escalier, Blanche Flamme se dit qu'il aurait toujours du mal à comprendre les raisonnements de son compagnon : pour lui, progresser seul dans un milieu hostile était plus dangereux que toute autre option… et si l'ennemi revenait en nombre, mieux valait être regroupé pour lui faire face…

Mais il doutait que la moindre de ses paroles puisse retenir le nain et il était trop fatigué pour argumenter, aussi avait-il décidé d'attendre patiemment l'arrivée de Kvoth et Serana. Lorsque ses deux compagnons avaient surgi, il leur avait désigné du doigt Mirtzar en bas de l'escalier, puis la porte qui se dressait devant eux.

Dans un murmure, il souffla aux nouveaux venus :

- Que faisons-nous maintenant ? On suit Mirtzar ? Ou ouvre-t-on cette porte ? Si le prisonnier ne nous a pas menti, je suppose que le chef doit s'y trouver…

Le métis laissa la fin de sa phrase en suspens… soulignant ainsi tacitement toutes les implications que pouvait avoir le choix qu'ils feraient.

- Si Mirtzar n'a pas déclenché de pièges, c'est probablement qu'il n'y en a pas. Un nain en armure, ça pèse son poids..., dit elle, amusée considérant apparemment que si les choses étaient dramatiques, il fallait amener un peu de légèreté, je vais aller voir là bas. Le chef, si c'en est réellement un est me semble être plus utile que l'inconnu dans l'immédiat.

Elle avança vers la porte et, sans forcer guère, ouvrit la porte sur un couloir vide éclairé de quelques torches et parcouru de toiles d'araignées. Au fond, une seconde porte. Elle ne sentait pas de passages secrets particuliers, mais son héritage féérique ne lui permettait pas de repérer les pièges. Elle se retourna.

- Kvoth, tu seras certainement plus doué que moi pour trouver d'éventuels pièges. Si le chef est derrière la porte suivante, je ne tiens ni à le prévenir, ni à prendre un coup, murmura t'elle.

Serana demande à Kvoth d'examiner ce nouveau couloir discrètement, en l'aidant si nécessaire.

'il y avait une chose dont le nain d'or était certain, il s'agissait du fait que l'hexagone dans lequel il se trouvait ne correspondait pas vraiment à ce que le témoignage de leur prisonnier lui avait laissé imaginer. Mais il devait avouer que sa capacité d'imagination était assez limitée.

Tout autour de lui, les symboles étrangeset surtout l'autel sur son dais de pierre lui indiquaient qu'il se trouvait fort probablement dans une sorte de temple. D'une certain manière, il était un nain de foi, il avait consacré sa vie au service du Père de la Bataille. Mais il n'était pas aussi érudit que Blanche-Flamme. Il était, relativement, certain qu'il aurait été capable de reconnaitre la divinité à laquelle le temple était dédié si elle avait appartenue au Morndinsamman mais il devait avouer ne pas en savoir autant sur les dieux et déesse des humains. Ou sur ceux des autres races. Il était presque certain que les humains avaient même plusieurs panthéons. Et que certains éaient si mal avisés qu'il vénéraient des diables et des démons.

Tout cela pour dire qu'il n'avait aucune idée d'à qui les prières proférées en ce lieu s'addressaient. Mais, si le couteau qui se trouvait non loin de l'autel était une indication, il ne s'agissait probablement pas d'une divinité avec laquelle il avait envie de faire plus ample connaissance. C'était la seconde fois en une période bien trop courte qu'il se trouvait en contact avec le sacrifice d'un être vivant, ou au moins son indication. Il essaya de se remémorer la débâcle durant laquelle il avait perdu Gulmar mais il ne se souvenait pas de symboles ressemblant de près ou de loin à ceux qui ornaient les murs. Non qu'il se souvienne de grand chose des événements de cette nuit affreuse.

Le Compagnon des Marches d'Argent observa les environs de l'autel et le couteau pour voir s'il pouvait découvrir d'autres informations avant de se diriger vers le portail. Il n'était pas un grand expert en architecture non plus mais il lui semblait instinctif qu'une issue placée à cette extrémité du temple ne devait pas êre utilisée par le commun des croyants et que, si elle était prévue pour être close, cela voulait dire qu'il y avait probablement quelque chose d'important, et probablement pas trop lourd ou volumineux, au bout de ces escaliers.

Mais Mirtzar réalisa que pendant qu'il faisait du tourisme, la Dragonne les avait rejoints et qu'il était probablement temps de rejoindre les autres pour leur faire un rapport et discuter de la suite de leurs aventures.

Lancers...

Mirtzar - Jet de compétence : Connaissance (religion) : 5(d20) +0(deg) +1(Int) = 6 ~ Echec

Reïlo Blanche Flamme, Serana & Mirtzar Boucledacier

Mirtzar Boucledacier
Le guerrier Nain ne reconnut rien des symboles qui ornaient la structure. Son œil fut spontanément attiré par le couteau ensanglanté reposant sur l’autel. Le manche de l’outil, certainement sacrificiel, révéla la présence d’une gravure sans doute similaire par le style aux différentes inscriptions gravées un peu partout.

En inspectant le portail non loin, il découvrit une grille d’un métal mat, les gonds, la poignée et les rivets étaient noirs, et le tout, relativement bien entretenu en comparaison des autres éléments du lieu. Ni moisissure, ni rouille. La grille arborait une étrange poignée représentant une sorte de crâne hurlant. L’interstice du verrou possédait une forme de losange. Le portail était fermé, verrouillé. Sans doute assez solide pour tenir un Troll en respect.

A la suite d’une poignée de minutes, Kvoth et Serana rejoignirent le groupe. Le temps que les jambes de Mirtzar le porte jusqu’au groupe, la demi-dragonne avait déjà pris le soin de prolonger l’expédition. Ses pupilles fendues plongées dans un couloir éclairé par des torches. Une vingtaine de mètres plus loin, une porte en bois dur fermait le passage. Aucun bruit.

Silencieusement, le groupe prit le temps de s’accorder sur la procédure à suivre.

Reïlo Blanche Flamme, Serana & Mirtzar Boucledacier

Mirtzar, Reïlo et Serana
Le Molosse des marches d’argent inspecta la porte en bois dur qui fermait le passage. Le Nain appuya sa main sur la clenche et constata que l’accès n’était pas verrouillé. Dans son dos, de chaque côté de l’encadrement en pierre de taille, Serana et Kvoth. Non loin derrière, Reïlo.

Derrière la porte, se trouvait une chambre, richement décoré par le butin de nombreuses rapines. Sur le lit, vêtu d’un simple pagne, dormait un être à l’aspect humain. Sur un coffre, à deux mètres du lit, reposait une armure noire et un fourreau d’épée vide…

Dès que Mirtzar entrouvrit la porte pour en franchir le seuil, l’individu sursauta en se retournant. C’était un humanoïde d’environ deux mètres dix qui semblait porter un troisième œil au front, ses cheveux se dressent en une large crête verte et bleue. Son corps, couvert d’un abondant système pileux, de tatouages et ses muscles épais, le faisait ressembler à une sorte de grand singe.

Sa première action fut de bondir vers le coffre. Mais, visiblement déçu de ne pas trouver d’épée, il se saisit d’une simple hache et se lança au combat !

Lancers...

Mirtzar - Jet d'initiative : 2(d20) +1(DEX) = 3
Serana - Jet d'initiative : 3(d20) +3(DEX) = 6
Reïlo Blanche Flamme - Jet d'initiative : 19(d20) +2 (DEX) +4 (don) = 25
Kvoth - Jet d'initiative : 5(d20) +3 = 8
??? - Jet d'initiative : 19(d20) +4 = 23

L'attente insoutenable et crispante s'était finalement achevée et les quatre aventuriers s'apprêtaient à affronter leur destinée. Blanche Flamme avait pris place en queue de groupe, peu rassuré mais bien décidé à tirer cette mystérieuse affaire au clair. Arbalète chargée à la main, il était paré à toute éventualité.

Lorsque le courageux Mirtzar avait poussé la porte, ils avaient découvert une créature étrange. Reïlo ne se souvenait pas, de prime abord, en avoir rencontré de semblable... mais il se remémora instantanément ce bébé abandonné sur un autel, en pleine tempête, et l'être simiesque qui s'en était approché.

Il lui était impossible de définir si c'était la même créature, car il n'en avait tout simplement pas le temps : le "chef" était passé à l'attaque. Dans un réflexe fulgurant qui l'étonna lui-même, le prêtre d'Oghma pressa sur la détente de son arbalète tout en visant l'ennemi.

Tire vers l'ennemi et recharge.

Si possible, essaie de récolter des éléments au sujet de la créature pour l'identifier (en général et par rapport à celle qu'il a vue de loin dans la tempête).