Exondation

Le vieil homme pêcheur n’était pas né d’hier et de plus vivre dans ce monde ou des démons et des anges se côtoie que des géants circulent ici et là, habituer de faire commerce avec les Olizes et de vivre sur le lac ou les tempêtes faisait monter les vagues à plus de cinq mètres, il n’y avait plus grand-chose qui le surprenait ou l’intimidait. Écoutant attentivement les dires de Baelsul l’homme acquiesçait l’ensemble et répondit gentiment…

-Bienvenus à vous compagnie de la chose ombreuse, moi c’est Argnar et ma compagne que vous avez croisée est Ssrynia, ne vous en faites pas, elle n’aime pas trop les étrangers, son clan sont comme ça, mais quand vous les connaissez bien ils sont très gentils et serviables, mais il ne faut pas leur chercher des troubles, ils ont une mémoire effroyable et un sens de la vengeance qui dépasse tout entendement. Venez.-

Dit il en avançant la barque, mais la druidesse fut quelque peu outré de la situation financière proposée et tentait une manœuvre imprudente et très osé. Se transformant en Olizes et tentant de l’intimider, Ina ne fit que le contraire de ce qu’elle souhaitait. Argnar se levait promptement dans la barque aidée de son trident avec lequel il donnait trois coups distincts dans le fond de la barque et ses yeux devinrent ceux d’un homme qui en avait traversé des beaucoup plus graves et ne devait pas être le dernier des imbéciles dans le marchandage, il prit quand même une grande inspiration et …


-Pour toi le changeforme se sera le double ou bien débrouille toi seul, ainsi ta compagnie de la chose ombreuse sera réduite et pour te renseigner, le requin je le bouffe cru, pour les deux autres embarquer de suite, le temps vous est compté.-


Sa carrure était quand même respectable et de plus près, il n’était pas difficile de compter les balafres profondes qu’il arborait sur son visage, sa main droite qui tenait son trident était fort impressionnante. Au même moment, là où la druidesse commençait à réfléchir de la suite des évènements ses sens se décuplèrent lui offrant une perception aiguisée puis tout comme Kyu et Calcifer, ils ne purent manquer l’apparition d’une douzaine d’elfes aquatique autour des pontons. Il n’était pas difficile de voir dans la lueur qu’offrait l’eau du lac, plusieurs autres douzaines qui nageaient aisément sous la surface. Et comme si cela n’était pas assez, la porte de l’écluse commençait à s’ouvrir, il était facile d’entendre les lourdes chaines passer dans les engrenages qui faisaient monter la porte lentement. Le mécontentement apparut de suite dans le visage de Argnar et dans une langue étrange il communiquait avec les elfes aquatiques et certains d’entre eux qui était en surface plongèrent et d’autre vinrent les remplacer. Ceux qui avaient plongé semblaient se rendre auprès de la porte de l’écluse. Puis sur un ton sévère Argnar, ajoutait pour l’ensemble…

-Vous venez de nous mettre dans une situation très embarrassante, vous montez ou pas?-

Il était clair que si personne ne montait dans la barque qu’il partait sur l’instant, seul.

Le changement d’aspect d’Ina était incroyable et toujours aussi étonnant ! Elle avait désormais la tête d’une femme autoritaire au sale caractère. D’ailleurs la tentative, très osée, qu’elle fit auprès d’Argnar n’aurait pas été la stratégie employée par l’archer. Il croyait peu à l’intimidation et le coup de bluff, bien que bien tenté, ne fit pas mouche ! L’insistance marquée d’Ina n’avait pas suffi à convaincre le pêcheur, ni ses menaces ouvertes. Malheureusement, il s’en mettrait plein les fouilles dans cette affaire puisque Baelsul lâcherait son pécule comme il l’avait annoncé.

La réponse du vieillard était d’ailleurs sans appel et sa menace a peine voilée, sûrement destinée à contrebalancer la prise de pouvoir d’Ina.
*Ces elfes aquatiques seraient donc agressifs envers les étrangers ? Malheureusement, c’est souvent le cas concernant mon peuple pour ceux et celles qui ne connait pas. J’imagine que ça doit être la même chose sur ce monde et encore plus vrai pour des créatures aquatiques dont l‘isolement doit être encore plus fort.*

Tout à coup la menace fut renforcée par l’apparition de la douzaine d’être aquatiques autour de l’embarcation. Voilà qui ferait une belle escorte voire de beaux geôliers ?

Coupant court à ses réflexions, Baelsul embarqua immédiatement, faisant signe à Kyu et Ina de le suivre. Il sorti la moitié de la somme et indiqua seulement : « L’autre moitié vous sera versée à l’arrivée, filon immédiatement. »

Suivant ensuite les conseils donnés par le marin d’eau douce, le demi-elfe acquiesça à l’idée d’aller au sud. L’homme savait sûrement ce qu’il fallait faire pour survivre et semblait avoir de puissant alliés, incarnés par la communauté marine notamment. Autant suivre ses recommandations à défaut de mieux. Peut-être qu’en effet, le demi-elfe faisait preuve de trop de naïveté ?

Voulant mettre le sort de son côté, le Lunargentais toujours aussi pieux adressa une prière en elfique, non pas à Khalreshaar, mais à Sashelas Prince Dauphin et Seigneur du monde sous-marin.
*Sashelas, protège-nous des tempêtes et déconvenues au court de ce périple marin, fait en sorte que tes enfants nous guides même dans cette partie de l’univers*

La situation était très tendue, d’un côté Ina avait joué une stratégie sur l’intimidation qui avait envenimé la relation, de l’autre Argnard était un être rancunier, de l’autre les Olizes étaient au courant de leur présence et il semblait que les Uthruz ne soient pas très heureux de la présence des nouveaux étrangers.

Ina fut la plus prompte et juste avant de se transformer encore une fois elle c’était approché de Calcifer pour lui susurrer quelques mots puis ayant maintenant la forme d’un volatil, elle poussait des pattes pour prendre son envol. Baelsul qui avait décidé que la situation demandait plus de sagesse que d’agressivité, montait à bord de l’embarcation et fut aidé par Argnar qui lui répondit sèchement aux dires de son passager…


-Bien certainement, si tout se passe bien et si nous pouvons sortir de ce port, sans trop de perte.-


Le pêcheur aidait aussi Kyu qui d’un mouvement fluide évitait de toucher à l’homme puis talentueusement prit place sans que l’embarcation gite. Une fois tous biens disposés, Argnar donnait une petite série de coups sur le pont et l’embarcation se mit à bouger rapidement pour s’éloigner du port. Les portes de l’écluse n’étaient pas encore ouvertes et les Uthruz non loin plongèrent tous dans l’eau limpide et fluorescente du lac pour disparaitre sous la surface.

De sa hauteur et passant totalement inaperçu aux yeux des gardiennes du mur, Ina et Leth virent maintenant les deux côtés du barrage, d’un côté où ils étaient le port de pêche et de l’autre beaucoup plus bas le port commercial qui était emplit d’embarcations de tout acabit. Elles pouvaient maintenant prendre l’air et observer le temps voulut les alentours sans risque pour elles.

Plus bas et en d’autres lieux, nul ne sut si c’était la prière que Baelsul avait psalmodiée silencieusement en embarquant dans l’embarcation avec Argnar, mais une chose incroyable se produisit. Si celui qui en avait appelé au dieu prince Dauphin ne s’aperçut de rien il en était tout autre pour les Uthruz sous la surface et Ina au-dessus d’eux. Pour les elfes aquatiques l’apparition de leur dieu se fit dans une lueur divine entourée d’une aura pure et distinctive qui ne les laissait pas dans l’indifférence, tout au contraire ils arrêtaient leurs progressions, ce qui fit qu’en surface, l’embarcation prit un arrêt. Tous à bord ne purent manquer la nouvelle lueur qui venait éclairer l’eau au-devant d’eux et sous la surface. Argnar se levait se servant du mat principal pour se tenir et semblait songeur.
Ina avait une vision merveilleuse, devant l’embarcation, une lueur divine apparut, elle en était certaine, rien ne pouvait être autre chose qu’une aura divine de puissance chaotique bonne. La puissante aura se situait à une trentaine de mètres devant l’amoncellement d’Uthruz qui ceux-ci avaient arrêté leurs progressions. La druidesse en elle sentit, même au lieu où elle se situait une grande paix intérieure, ce qui la changeait de son sentiment d’avant son envol.

Personne n’en surface ou dans les airs ne pouvait dire ce qui se passait sous les eaux du lac, puis quelque peu de temps apprêt l’arrêt, l’embarcation reprit sa route qui faisait pleine sud. La lueur disparut tranquillement pour laisser place au miroitement des phytoplanctons luminescents qui éclairait faiblement les eaux autour des plongeurs et de l’embarcation.

La vitesse était surprenante, jamais personne n’avait été aussi rapidement sur un navire et cela ne prit pas le temps qu’Argnar avait dit, car ils arrivèrent un peu avant l’aube sur la rive sud des montagnes Orbyonn. Une fois sur place une plage sommaire laissait l’embarcation s’échouer puis des eaux la compagne d’Argnar. Son sortit expression était fort différente, plus sereine pour ne pas dire illuminé. Elle parlait dans une langue inconnue puis le pêcheur reculait d’un pas semblant surpris et complètement stupéfait. En se tournant, il regardait les passagers puis dit presque hébéter…



-Voici votre argent, je ne sais pas qui vous êtes, ni pourquoi vous êtes ici et encore moins pourquoi les yeux de Sashalas des Profondeurs se sont déposés sur vous, mais j’ai ordre de vous mener à la citée maudite. Nous devrons faire du portage, vos nouveaux alliés vont s’occuper de porter l’embarcation, il y a un léger sentier qui nous mènera au lac en contre-bas, nous devrions y arriver avant le soir, si tout va bien. Nous devrions toucher le port de la citée d’ici deux jours maximum.-


Il fit une prestance, comme l’on fait à des gens de très haut rang et la compagne d’Argnar qui était sorti de l’eau, vint devant Baelsul et lui remit un collier de coquillage finement orné de perle, une œuvre d’art splendide qui était retenue par une petite sculpture dans de la perle noire, un dauphin finement ouvrager. Elle ne dit mot offrant simplement le collier en ne regardant pas dans les yeux l’archer de Lunargent.

Bien que la situation fût tendue, Baelsul était soulagé de pouvoir faire progresser la compagnie de la Chose Ombreuse. D’autant plus que dans cet environnement inconnu pour lui, il ne souhaitait pas rester statique à la merci de qui que ce soit. Enfin la présence de Kyu le rassurait il n’était encore une fois pas seul, d’ailleurs la trio Ina, Leth et Naira, son familier faucon les accompagnait depuis les airs.

Le mouvement soudain de la barque aux coups donnés par Argnar, interpellèrent l’archer. Ce sont donc les Uthruz qui nous guident ? Ou tout simplement de la magie ? Il essaya à ce moment-là de se pencher pour observer le phénomène et apprécia la vitesse à laquelle ils se déplaçaient. Malgré le prix cher payé, leurs vies en dépendaient peut-être, le coût n’était donc peut-être pas si élevé vu la performance du service.

À l’arrêt de l’embarcation le demi interrogea le marin d’eau douce d’un coup d’œil, que se passe-t-il donc ? et tous ces remous ? Les Uthruz venaient de plonger et de disparaître… Un danger les guettait-il ? Puis une lueur incroyable jaillit, elle surgissait directement du lac. Baelsul décida de se pencher de nouveau pour voir quel phénomène pouvait en être à l’origine ? La barque repris son chemin dans un spectacle merveilleux, le lac était comme étoilé, luminescent, Baelsul n’en revenait pas. Rarement il avait été confronté à telle beauté.

Le contrat plus que remplit vu la durée du trajet, bien plus courte qu’annoncée, firent préparer par le lunargentais la monnaie nécessaire au paiement de la deuxième partie due. À l’arrivée, la compagne d’Argnar émergea elle aussi des eaux, d’une humeur bien plus amicale qu’auparavant. Le pêcheur remboursa la somme perçue, mais ce qui interpella principalement l’archer-chanteur fut la mention de Sashelas des Profondeurs. Était-il intervenu pendant ce périple ? Était-ce lui qui l’avait rendu si calme et agréable ? En tout cas on leur proposait même d’aller plus loin. Baelsul répondit immédiatement :

« C’est bien aimable à vous, c’est avec plaisir que nous acceptons votre proposition de nous accompagner. Vous devrez aussi accepter la présence d’Ina, qui plane au-dessus de nous. »

À la mention d’alliés, l’elfe compris que c’était les Uthruz qui avaient intercédés en sa faveur, notamment sur la rapidité du voyage mais aussi pour la somme intégralement remboursée. La curiosité de Baelsul le poussa à se tourner vers la compagne à qui il dit en elfique :

« C’est fort aimable, madame, d’être intervenue en notre faveur. Je vous en suis très reconnaissant. » À la remise du présent, il compléta en la cherchant du regard : « Que me vaut cet honneur ? »

L’embarcation pris son départ tiré par les elfes aquatiques. Sous les yeux perçants des trois oiseaux qui surveillaient attentivement les alentours et surtout ce marin antipathique en ce qui concernait la jeune humaine. Cet arrêt soudain et cette lueur divine qui apparut devant le groupe fit naitre l’interrogation dans l’esprit d’Ina, laissant rapidement place à un bien être incomparable qu’elle n’avait pas ressenti depuis des lustres.

Cette lumière, incomparable, faisait miroiter les eaux de milles feux. Les reflets bleus permettaient de dessiner les formes de tous les tireurs de bateau. La liberté de l’envol avec la paix intérieur prodiguée par les dieux fit s’envoler tous les doutes quant à leur aventure. Touché par les dieux, ils ne pouvaient qu’être victorieux à la fin de cette histoire.

Le premier morceau de trajet dura encore moins de temps que prévu. De quoi satisfaire la jeune femme pleinement. L’embarcation échouée sur la plage d’autres évènements étranges se produisent. L’homme rendit son argent à Baelsul et annonça qu’il serait leur guide et allié jusqu’à la cité interdite, en plus des elfes aquatiques. Une situation encore plus inespérée. La femme du marin fit même un cadeau incroyable à Baelsul. Un collier d’une beauté improbable.

Ina n’en savait pas plus que Baelsul sur le pourquoi du cadeau. D’antipathique a franchement amical, la marge était énorme et pourtant, le comportement de toutes ces personnes avait changé.

La jeune humaine repris sa forme traditionnelle aux cotés de Baelsul, un peu en retrait. Il était a l’honneur, il ne faudrait pas que sa présence vienne gâcher le don si précieux qui venait d’être fait.

Pendant que le soleil encore caché commençait à éclaircir l’horizon, Ina sentit ses forces magiques s’échapper de son corps. Il serait bientôt temps de prier son dieu pour lui accorder une journée de pouvoir en plus.

Laissant Baelsul discuter avec la femme du marin, elle s’approcha de lui pour lui parler doucement. Peut être faire une sorte d’excuse cachée. Elle voulait également tenter de lui répondre sans pour autant en dire trop. La connaissance de ce sujet le métrait probablement en danger lui et les siens. Avec ces derniers évènements elle s’était totalement détendue.

-Pour répondre à votre question, nous sommes un petit groupe qui avons pour mission de protéger une personne de la plus haute importance, bien au-delà d’un roi ou d’un empereur. J’ai peur que vous en dire plus ne vous mette vous et vos alliés en danger comme nous le sommes actuellement. Nous avons déjà combattu plus d’un adversaire mortel ces dernier jour, alors que nous n’avions pas encore trouvé la personne importante. Nous avons été séparés de cette personne et nous devons le retrouver au plus vite à la cité interdite. Je préfère ne pas vous en dire plus, mais je répondrais à vos questions si vous n’avez pas peur du danger que représente la connaissance de cette histoire.

Ina n’en demanda pas plus pour l’instant. Il faudrait d’abord qu’elle soit moins perçu comme un danger avant de demander un service a l’homme de l’eau et ses alliés.

Aux paroles de Baelsul le pêcheur ne dit mot, il cherchait légèrement du regard l’endroit où était passé le volatile puis en revenant à l’archer il dit simplement…


-Cela n’a rien à voir avec moi, remercié plutôt les Uthruz et Sashalas et tant et aussi longtemps que votre amie se tiendra respectueuse avec moi il n’y aura pas de problème.-

Dit-il en cherchant du regard encore une fois jusqu’au moment où Ina sous sa forme humanoïde s’approchait d’eux. Argnar se positionnait de côté prêt à tout retournement de situation, mais ne démontrait pas d’agressivité. Durant ce temps Le Lunargentait tentait de communiquer avec la femme du pêcheur, mais elle ne levait pas les yeux sur lui et semblait fort mal à l’aise. Soudain en regardant le lac elle se mit à parler dans sa langue, ce qui prouvait qu’elle ne semblait vraiment pas connaitre d’autre langue que celle de sa naissance, elle restait là à observer le lac qui comme juste avant s’illuminait encore une fois.
Argnar semblait énerver des dires de la druidesse, il écoutait puis écoutait en même temps les paroles de sa bien-aimée, puis lorsqu'Ina eut terminé, il la regardait à peine en laissant sur un ton monotone…



-Votre histoire ne m’intéresse pas, déjà que je vais perdre quatre jours de pêche, vous n’allez toujours pas en rajouter. Si j’aide c’est strictement pour eux, je leur dois beaucoup.-

Puis nonchalant il quittait la présence de la druidesse pour s’approcher de Baelsul puis sur un ton totalement différent ajoutait…

-Ils ont des mœurs très particulières, ne leur en voulez pas, si un battement de cils avant ils vous auraient fait disparaitre dans les méandres du lac souterrain, l’autre battement de cils plus tard, ils vont mourir pour vous. Elle vous remerciait simplement de leur avoir donné la splendide occasion de rencontrer Sashalas. Vous savez que leurs bardes vont chanter votre passage qui aura marqué tout leur peuple. Vous êtes un héros, pour eux, mais n’en abusez pas, car c’est à moi que vous aurez à faire. On se comprend!-


Dit-il en changeant légèrement de voix. Ceci ne passait pas inaperçu aux yeux des autres Uthruz qui étaient déjà à transporter l’embarcation avec l’aide de Kyu qui lui ne semblait pas faire l’unanimité chez les elfes des eaux.
Soudain, Ina délaissée grossièrement par Argard se mit à observer la compagne du pêcheur qui elle ne cessait de regarder le lac qui venait tout juste de reprendre les lueurs observées plus tôt puis intérieurement elle comprit que la divinité ne semblait pas en avoir fini avec eux. L’eau se mit à laisser apparaitre des bulles d’air pour laisser place à l’apparition d’un dauphin à la peau opale. Il était trois à quatre fois plus gros que le plus gros des dauphins. La druidesse n’eut aucun problème à reconnaitre la puissante aura qu’elle revit en face d’elle, l’énergie était la même que celle de Syrynya, mais ce n’était pas Syrynya, par contre l’énergie était tout aussi puissante. Les yeux du dauphin éclataient une lumière salvatrice tellement puissante que tous ceux qui regardaient dans sa direction devaient prendre toutes leurs capacités à résister à une euphorie divine. Des yeux de la représentation de Sashalas, parti tel comme un serpent, deux jets lumineux qui vinrent toucher le torse de Baelsul, ce dernier sentit sur son cœur un picotement légèrement désagréable, mais en même temps tout le poids de ses maux disparut. Le jeune Lunargentait sentait en lui les bienfaits d’une purification et se sentit soudain béni d’entre tous. La druidesse plus terre à terre ressentit sur elle une énergie aussi et en y regardant de plus près, elle remarquait que leurs médaillons venaient d’être chargés de cette puissance.

Au même moment l’ensemble des Utruz se mirent à chanter une étrange litanie qui résonnait sur les hauts murs des montagnes du sud et qui se répercutait sur le lac qui laissait s’agrandir les cercles de vagues à perte de vue. Le dauphin avait disparu ainsi que sa sublime lumière.

Le temps s’arrêtait, l’embarcation venait d’être déposée et l’ensemble des Utruz plongèrent dans les eaux du lac, laissant pantois le moine fou avec la moitié de l’embarcation sur ses épaules. Croyant qu’il ne reviendrait pas Argnar semblait totalement dépassé par la situation présente et restait sans mots. Il se secouait la tête en tournant vers Ina puis laissait sortir sur un ton rieur et beaucoup plus aimant envers celle qui quelque battement de cils plus tôt …


-Je n’y ai jamais cru et surtout, cela ne m’avait jamais interpellé les dieux, là je ne peux plus douter.-

Disant cela les Utruz refirent surface et levèrent Baelsul en chantant haut et fort sa présence parmi eux, ils le transportèrent jusque dans l’embarcation puis se mirent en route toujours en continuant de chanter. La route vers le lac plus bas se fit sans encombre, même si Leth à quatre reprises alertait Ina de présence dangereuse auprès d’eux, la druidesse n’avait pas manqué non plus la présence en premier d’une forme d’être de roche d’une quinzaine de mètres de haut , suivit plus tard d’un serpent qui dépassait tout entendement au vu de sa grosseur, ensuite une ombre les suivaient puis disparût avant qu’un dragonnet bleu perché sur un rocher en pique les observe tout au long de leur passage avant l’arrivé au lac inférieur. Le béni lui avait vu l’être de roche, et l’ombre. Un quelque chose en eux leur confirmait qu’ils n’auraient sans doute pas atteint le lac sans ce début de journée mémorable. Pour la druidesse, l’endroit était tout simplement merveilleux, la nature respirait la jeunesse, les couleurs étaient éclatantes, elle était persuadée comme si Sylvanus lui susurrait une confirmation qu’ils étaient dans la première Floraison.
L’embarcation fut mise à l’eau avant la fin de l’après-midi, ils embarquèrent et prirent la route de la citée tiré par les Utruz. De l’endroit où ils étaient, au loin à l’ouest une étoile brillait d’or juste au-dessus du lac inférieur, Argnar aux commandes laissait un sourire apparaitre et …


-Oui, c’est la tour des elfes volants qui brille sur la province, dormez, vous en avez besoin, nous ne risquons rien maintenant.-

Ina venait de réapparaître auprès d’eux, passant de forme volatile à sa forme humaine. Baelsul se félicita d’avoir anticiper son retour et le fait qu’elle soit acceptée par tous, bien que ceci ne semblait plus faire de difficulté depuis que la barque s’était arrêtée au milieu du lac, avant que tout s’accélère. D’ailleurs l’archer savait qu’Ina saurait se montrer respectueuse, puisque la donne avait changée, il n’avait aucuns doutes là-dessus et répondit simplement :

« Bien sûr, je remercierais les Uthruz et Sashelas comme il se doit. Vous pouvez compter sur Ina, c’est une femme respectueuse et respectable. Je crains qu’elle ait pris peur et ait été surprise par la somme que vous nous demandiez, mais ceci est désormais résolu, dit l’archer-chateur en jetant un coup d’œil à la druidesse. »

L’incompréhension de l’Utruz mis le demi dans l’embarras il ne voulait pas là mettre dans cette impasse et avait pensé que l’elfique eut été une solution de communication plus commode. C’est le marin qui vint de nouveau leur sauver la mise en expliquant l’apparition de Sashelas et le rôle de héro qu’on lui attribuait prétendument. Le jeune aventurier n’avait pas l’habitude d’être sur le devant de la scène, la sensation était agréable mais il avait l’impression que c’était au détriment du groupe. Ina et Kyu se trouvaient beaucoup plus en retrait, d’ailleurs ce dernier n’avait dit mot depuis un moment.

Le rituel qui suivi fut le summum de la chance… Non pas une chance, une bénédiction divine. Baelsul qui connaissait un peu Sashelas reconnu néanmoins son apparition sous forme d’avatar. Les rares occasions où un dieu se rendait présent sur Faerûne et il devait en être de même pour les autres plans étaient exceptionnelles. Touché plus directement par les deux traits de lumière, Baelsul qui fut secoué sur le coup, en sorti avec une sensation de paix inexplicable.

*Ai-je été touché par la grâce divine de Sashelas ? Qu’est-ce ceci ? *

Le lunargentais avait besoin de réponses…

Le manège des Utruz, revenant à l’eau, ressortant, soulevant Baelsul, ramenant la barque à flot furent incompréhensible pour le demi-elfe. Malgré toute la liesse enivrante et environnante, des menaces lourdes proches pesaient sur la compagnie et leurs nouveaux alliés. Heureusement qu’ils étaient accompagnés !

Une fois le calme revenu et tout le monde de nouveau à bord, Baelsul en profita pour interroger le marin avec l’espoir d’obtenir des réponses à ses questions.

« Que s’est-il passé exactement ? Pourriez-vous m’en dire plus ? C’était extra-ordinaire… Je suis heureux que les Utruz et vous-mêmes nous prêtiez main-forte. Si les bardes chantent cette apparition, dit Baelsul ne voulant pas mentionner son propre rôle par pudeur, pourrions-nous espérer l’entendre une fois et en obtenir le sens ? Ça serait une grande joie. »

Un peu plus tard, Argnar mentionna les elfes volants, ce qui fit réagir le demi qui ne connaissait pas leur existence : « Des elfes volants ? Qui sont-ils ? Aurons-nous l’occasion d’en croiser ? »

Avant d’aller dormir, le demi-elfe adressa une prière intérieure à Sashelas. Tenant le pendentif fermement entre ses mains il lui communiquait sa gratitude. L’émotion monta et ses yeux s’humidifièrent sans laisser de larmes d’échapper, la pudeur retenant cette forme d’expression. C’était de la joie qu’il exprimait une joie et une reconnaissance intense. Continuant ses prières il s’adressa ensuite à Khalreshaar et à la Seldarine tout entière, dans ses pensées il ne demanda rien, mais sourit simplement. Il en profita ensuite pour regarder l'endroit de son coeur qui avait été frappée par la Bénédiction du Prince Dauphin.

La situation était hautement improbable et pourtant rien dans l’instinct de l’humaine ni de sa compagne ne venais alerter d’un danger. A part quelques créatures qui surveillèrent leur chemin, entre autres un dragon, rien que ça, tout allait pour le mieux.

Les comportements des différents protagonistes étaient aussi étonnants que la situation actuelle touchée par les dieux. Ils seraient rapidement à la cité qu’ils convoitent tant, et sans manquer de respect aux dieux ni à leurs ouailles, c’était pour elle le principal.

Le pêcheur était comme a son habitude désagréable avec elle, mais qui pourrait l’en blâmer. Lui qui voulait se faire de l’argent facile se retrouvait à rendre l’argent en question et en plus il allait perdre quatre jours de pèche. Dans son for intérieur, Ina savait que sa mission était plus importante que tout. Pourtant, elle ne pouvait s’empêcher d’avoir un peu de compassion pour le pécheur qui perdait du temps pour quelque chose en quoi il ne croyait qu’a peine. Mais que pouvais-t ’elle lui donner en échange pour compenser cette perte ?

Cette question lui obnubilait l’esprit bien plus qu’elle ne l’aurait admis si on lui posait la question. Ajouter a cela la barrière de la langue pour ne pas pouvoir communiquer avec quelqu’un d’autre que le marin antipathique, et on se retrouvait dans une situation diplomatiquement tendue.

Il faudrait qu’elle fouille dans sa tête des informations sur ce peuple aquatique pour espérer trouver quelque chose de digne à leur rendre sans froisser les esprits. Elle avait quelques jours devant elle pour le faire avant que leurs chemins ne se séparent probablement à jamais. En dernier recours elle demanderait peut-être à cet homme un indice ou un conseil, mais allait-il lui donner une information valable ?

Les quelques moments, assez nombreux, il ne faut pas non plus exagérer, où elle ne pensait pas à cette histoire de récompense librement consentie, elle s’émerveillait de cet environnement en pleine possession de ses moyens naturels. La beauté de la flore était probablement égale à sa dangerosité.
Autant de choses qu’elle ne connaissait pas et qu’elle aurait aimé découvrir avec plus de temps. Mais jamais elle n’aurait pu s’aventurer seul dans cet endroit idyllique. Les primo habitants de cette contré seraient surement peu enclin à la laisser parcourir les territoires vierges de toute trace humaine de peur qu’elle ne devienne le messager d’une fin proche. Les humains avaient tendance à détruire plus que construire. Elle ne faisait certainement pas exception a la règle si on considérait sa vie entière. Après tout, elle ne s’était tournée vers la nature que sur le tard de sa vie.

Le dragon bleu en particulier attira beaucoup con attention. Ces créatures mortellement territoriales pour les pauvres qui passeraient les laissa passer en paix. Un coup de chance de ne pas avoir traversé la frontière ou encore un coup du destin de l’avoir calmé et nourrit avant leur passage ? Allez savoir. Leur société était tout à fait fascinante et avait de allures des sociétés humanoïdes tribales. Un chef, rarement contesté et des coutumes qui seraient parfois qualifiées de barbares chez des humains de la grande ville. Parades nuptiales, échanges, troc et dotes pour les accouplements, toujours sous la supervision du chef de la région. Ina aurait beaucoup aimé les découvrir plus encore. Elle n’avait vu que peu de ces créatures dans sa vie et peu en étaient sortit vivants pour le raconter. Un jour peut-être elle pourrait se transformer en dragon et vivre avec eux quelques temps pour en savoir plus.

¤Vue le nombre qu’ils sont, et la quantité de races différentes de dragons qui parcours le monde, si un jour sils décident de nous tomber dessus, on va avoir de gros ennuis. Peut être les connaitre un peu plus pourrait nous protéger de cette éventualité. A choisir entre Korn et une horde de dragons, et bien, je ne sais pas bien lequel est le pire. ¤

Finalement le petit convoi arriva en vue d’une autre espèce peu connu dans leur foret d’origine. Ces elfes volants avaient quelque chose de fascinant pour elle qui maintenant avait pu gouter pleinement a la liberté du vol en plein air. Là encore, elle fouilla son petit cerveau embrumé de fatigue pour trouver ce qu’elle savait déjà sur eux.

¤Et bah ma grande, si tu continue a te poser tant de questions sur ce qui t’entoure tu finira par écrire le plus grand compendium humain sur les créatures fantastiques de ce monde. En toute modestie évidemment !¤

Cette pensée frivole lui décrocha un sourire avant que la caravane n’arrive à sa dernière destination terrestre. La proposition du marin pour dormir ne déplut pas à l’humaine qui ne demanda pas son reste et se trouva un endroit tranquille ou se reposer. Elle aurait tout le temps le lendemain pour demander à son guide ce qu’elle pourrait bien faire pour les remercier en bonne et due forme. Avec un peu de chance, cette dernière nuit a terre avant le retour en bateau lui porterait conseil.

Et ce fut bel et bien le cas. Au matin, elle prit une décision quand à ce qu'elle pouvait faire. Après sa prière matinale, elle partit dans les alentours du camp chercher de quoi façonner un petit objet à offrir. Elle finit par trouver un cailloux de la taille de son poing qu'elle ramena à bord et qu'elle entrepris de façonner grâce à sa magie de façonnage de la pierre tout le long du trajet pour lui donner le plus de détails possibles.

Argnar naviguait en tenant que la barre, les Utruz faisaient le travail. Il répondit souriant aux questions de Baelsul disant qu’il ne connaissait rien des dieux et de leurs caprices, simplement qu’il venait possiblement de changer d’idée, l’avenir lui en dirait plus, sans plus, sans moins. Pour celle des bardes, il haussait les épaules en disant que les chansons arrivaient souvent plus tard et que les chants des Utruz n’étaient pas les plus entendus. Pour Ina, le pêcheur refusait de prendre l’or offert, sans doute l’aurait-il prit en d’autre occasion et avec ce qu’il était arrivé avec les Utruzs, il ne voulait pas les vexer à prendre de l’or lorsqu’ils lui avaient demandé de le remettre à Baelsul.
Lorsque le Lunargentait regardait son torse au niveau du cœur il y vit une scarification en forme de dauphin légèrement recourbé. Comme une cicatrice d’enfance ou d’une tache de naissance à la forme spécifique, rien d’extraordinaire, juste qu’il ne l’avait pas avant cet épisode pour le moins spécial et divin.

La druidesse avant de sombrer dans le sommeil se posait multiples question et certaines d’entre elles trouvèrent réponses. Tous s’endormirent paisiblement, le son de l’eau du lac inférieur sur la coque et les roulis ici et là permettait un sommeil réparateur qu’ils ne rechignaient aucunement. La compagnie avait subi dans les derniers jours des émotions fortes ainsi qu’un train de vie des plus poussé. Chacun se détendit merveilleusement bien. L’état actuel était pour le mieux pour rêver et c’est ce qui se produisit, un rêve d’une réalité surprenante…

Ils arrivèrent au port au petit matin. L’astre solaire faisait briller les nombreuses décorations des bâtisses de toute la ville. Faisant miroiter de plusieurs mille feux scintillants d’or, d’argent, de rubis, de saphirs, l’ensemble des ombres qui rapetissait au fur et à mesure que l’astre montait doucement. Ils approchèrent d’un quai à rame, car les Utruz semblaient avoir abandonné à une distance règlementée et nul n’en avait un immerger de l’eau du lac inférieur. Argnar les aidait à grimper une rustre échelle de bois puis les saluait sans plus pour reprendre sa route vers les Olizes.

Une fois sur l’un des quais de ce port inconnu ils virent l’immensité de cette cité interdite. Elle était bâtie sur plusieurs plateaux qui se surplombaient les uns sur les autres sur une pente très abrupte allant toucher le ciel perdu dans un firmament étoilé. Chaque plateau au nombre visible de six était d’une couleur différente, mais était-ce dû à la lumière ou était-ce véritable. La cité était séparée par le centre où depuis les hauteurs, y coulait un large fleuve serpentin d’où se créaient ici et là de magnifiques chutes qui laissaient entendre un bourdonnement et laissait voir une brume presque magique au-dessus de ce fleuve. À la cime de la cité, à droite, prônaient d’immenses pics volcaniques qui éclairaient le ciel lui donnant une teinte rougeâtre au-dessus d’eux. Ina reconnut de suite la cité, c’était bel et bien Yian-Ho, la cité interdite où elle avait erré dans l’ombre pendant près d’un an sans s’en souvenir pendant un temps. Ils purent voir aussi que la ville semblait fortement peuplée, à la différence des souvenirs d’Ina où elle était presque seule avec certains démons à déambuler. Peu importe où ils regardaient, il y avait des rixes partout. Dans leurs contemplations des lieux, un éclaircissement de gorge se fit entendre à l’arrière d’eux. À la place d’un enfant ogre se tenait devant eux et à côté d’Orn, un être au charisme extraordinaire, sans nul doute, ils y reconnurent tous le Yar qu’ils avaient entrevu lors du combat avec Orn dans le premier rêve, à la différence près, il était présentement nu.

Grand avec une musculature étirée, il avait le corps que l’on entraine assidument chaque jour. La couleur de sa peau allait de l’olive pâle au gris qui démontrait la particularité des rarissimes elfes des montagnes du nord qui dit-on, aurait disparu et peut être aussi celle des Tanar’ri. Ses cheveux d’un noir jais mi- long et qui changeait vers le roux, orangé pour ensuite devenir doré flamboyant, faisaient ressortir ses yeux pers pâles avec des notes de gris acier, le tout entouré du bas du visage anguleux aux mâchoires carrées totalement agencé avec ses lèvres minces et parfaitement dessinées, ses oreilles étaient celle des demi-elfes. Il n’avait aucun tatouage, mais il semblait avoir des formes qui se dessinaient sans arrêt sur la totalité de son corps, ce qui faisait penser à celui que Baelsul venait de recevoir. À chacun de ses doigts, il possédait, soit un anneau et certains de deux à trois, pouces inclus. Comme autre artifice sur lui, il avait au cou une chaine certainement faite d’un métal inconnu de tous qui retenait une petite fiole de la longueur d’un pouce qui avait en elle un liquide foncé. Yar sourit presque naïvement s’excusant de son apparence puis d’un simple geste de son index droit qui allait frôler un anneau de son pouce droit il apparut soudainement vêtu de façon entre un noble et un aventurier. De hautes bottes d’un cuir noir fin d’anguille venait jusqu’aux genoux pour couvrir un pantalon d’un brun foncé ligné d’un vert kaki qui possédait plusieurs poches retenus par une large ceinture de marin avec une boucle qui représentait la tête d’un bouc et à celle-ci, partait dans les deux directions des sangles qui retenait deux pochettes qui avait en elles d’étranges instruments, un mélange d’arbalètes de poing, mais sans l’arc ni la corde avec un manche recourbé et à la place de l’arbrier y était incrusté une large tige de fer séparer en deux et percé. Une ample chemise d’une soie fine et d’un rouge ocre recouverte d’une veste de cuir dans les mêmes tons que le pantalon avait elle aussi plusieurs pochettes et était étrangement retenue par deux ceintures à munitions d’épaule croisée qui avait en elles de drôle de petits tubes qui dépassait de leurs offices, le bout du haut semblait être en cuivre ou laiton et le bout du bas d’un rouge foncé. Une petite dague sur chaque cuisse était bien apparente et pour les bons visuels une dague d’assassin était bien installée dans chaque pan des bottes et à bien y regarder, la pointe des bottes, semblait pouvoir s’ouvrir pour laisser passer une lame. Sa tête était maintenant recouverte d’un couvre-chef haut fait d’une peau inconnu tacheté de petit rond noir-gris et brun, pour Ina cette peau lui semblait venir d’un mammifère marin, tellement les poils étaient lisses et luisants. Il le portait légèrement incliné vers la droite.

Après son sourire il dit simplement comme un bon guide touristique…


-Bienvenu dans ma ville chère amie et sauveur, vous voici à Yian-Ho, la putain, la cité interdite, nous sommes présentement sur la terrasse du port, le pire endroit où se trouver en une heure aussi difficile, à gauche et au-dessus du port la terrasse des travailleurs ou celui de l’eau, juste au-dessus la terrasse citoyenne ou du feu de l’autre côté du fleuve, après le quai des contrebandiers celle des prospères ou celle du crane de la terre, au-dessus celle des nuages ou de l’air, au-dessus celle réservée au plus illustre la haute-terrasse du roi-Dieu accompagnée des pics des mages et pour revenir de ce côté-ci du fleuve ma terrasse, celle du châtiment et mon manoir. Dans cette ville y sont représentées toutes les races existantes et de tous les alignements, cela va des démons aux anges et tout ce beau monde y vit dans une très mauvaise autarcie. Il y a quatre temples majeurs, celui de la terre dirigée par un hurluberlu au crâne rasé d’ailleurs le temple s’appelle le crâne rasé, celui de l’eau dirigée par un dauphin, celui du feu dirigé par le père de Calcifer, celui-là même qu’il me faut m’entretenir sur ce qui s’est passé et celui de l’air dirigé par un fanatique ailé, il y a sur la haute terrasse le château d’opale qui soit dit en passant est inaccessible, et les pics volcaniques des mages dirigé par des sœurs les Gisserrith, des moine féminin à ne pas croiser, il y a aussi mon manoir dit le temple des anciens, là où nous devrions nous rendre sans plus tarder, car si ma mémoire est encore bonne le grand Empereur démon devrait passer bientôt avec sa ville montgolfière au-dessus de la ville et son passage engendre toujours une grande guerre, surtout qu’il ne s’attend pas que j’y sois, alors il va tenter de prendre la cité par tous les moyens possible. Si vous avez des questions, n’hésitez pas, je tenterai d’y répondre en chemin, nous devrions prendre le funiculaire il sera plus ou moins aisé de monter ou préférez-vous l’un de mes passages incertains ou mieux encore, je commande mes gargouilles? Il vous faut repartir au plus tôt d’ici, mais nous faut-il rejoindre mon manoir vivant pour cela et une fois sur place puis après un bon repas, Oscar s’occupera de vous pour le retour.-

Dit-il avec une assurance démesurée en posant sa main gauche sur le pommeau de l’un de cet étrange instrument à sa ceinture et de sa main droite, fouillait dans l’une des pochettes de sa veste pour en sortir un petit cigarillo qu’il allumait simplement avec son pouce qui y apparut une petite flamme. Il relâchait la fumée en fermant ses yeux de satisfaction puis avec un léger sourire, dit sur un ton intriguant…


-Haaa oui, je n’ai toujours pas eu de réponse sur une énigme… Vous avez devant vous douze billes identiques, mais l’une d’elles a un poids différent et à l’aide d’une balance à plateau, vous avez trois chances pour me dire qu’elle est la bille qui est différente et surtout, me dire si elle est plus ou moins lourde que les onze autres.
La réponse pourrait vous donner l’accès à la cité interdite en tout temps et plus encore. –



Dit-il tout en commençant à marcher devant eux et dégainant l’étrange instrument de la pochette gauche de sa ceinture, il tira avec son pouce gauche deux crochets et installait son index gauche sur l’une des deux clenches sous l’instrument en le tenant le long de sa cuisse gauche. Il était certain qu’ils devraient tous combattre d’ici peu de temps, car à voir la populace locale, il n’y avait nulle part, où il n’y avait pas une rixe entre les occupants de ce port. Le diantre fosse arborait un large sourire en se frappant dans les mains et allait même jusqu’à donner un petit coup de coude à Kyu en l’invitant à se préparer à se dégourdir les membres.

Le port était un ramassis de différentes races, il y avait de tout et pour la plupart du niveau des moins nantis, un démon ici, un succube par-là, un ogre par-ci, un troll là-bas, des gnolls à dévaliser un chariot, un flagelleur mentaux à faire lévité une cargaison, des drows en formation devant un cortège dirigé par des driders, un tyranoeil qui électrifiait une bâtisse entière et eux qui se faufilaient entre les dangers avec une certaine aisance. À quelques instants Yar avait pointé un téméraire venant trop rapidement vers eux et avait déclenché une explosion qui avait terrassé l’approchant d’un immense trou béant et sanglant dans le torse. Ils durent tous collaborer pour pouvoir traverser le port sans véritable blessure et en vie. Quand ils approchèrent d’une immense porte faite de crane de toute race, les gardes hautement endimanchés de parures ouvrirent une petite porte incrustée pour les laisser passer, sans mots dire, juste un regard à Yar et le tout était joué.

Ils étaient maintenant sur la terrasse de l’eau sur la grande rue des abattoirs et là Yar les regardait puis d’un clignement d’œil, ils gravirent en parcourent la terrasse de l’eau en ressentant une grande paix intérieur, l’archer ne put que constater qu’il était ici chez eux et que la présence de Sashalas des profondeurs se faisait ressentir. Ensuite sur la terrasse du châtiment où ils rencontrèrent d’étranges personnages fantomatiques, les rues changeaient de positions formant en tout temps une sorte de labyrinthe de brouillard, de cris, d’ombres et de lumière; étaient-ils dans les limbes? Jusqu’à la limite où une brume éternelle cachait les bâtisses ainsi que ces habitants du temple des anciens, le lieu le plus redouté de tous les habitants de cette citée maudite et interdite. Ils y pénétrèrent perdu, mais secondé d’ombres inquiétantes qui quelques fois laissaient entrevoir des pointes d’ailes de pierres, ils marchèrent longuement puis arrivait devant une porte inimaginablement haute qui leurs apparut sortant de nulle part. Ils surent avec conviction qu’était devant eux le manoir de Yar et lui, il avait disparu.

Ils se réveillaient ensemble avec le clapotis de l’eau sur le bordage. Le ciel était étoilé et une faible lueur leurs parvenait, ils étaient en approche de la cité interdite. La druidesse y reconnu sans peine les étoiles, c’était bien celles de Toril et d’après la position de certaines d’entre elles, ils étaient bien aux alentours du lac des vapeurs, mais dans une époque bien différente. Ina n’était pas une experte dans la reconnaissance des étoiles, mais elle parvint quand même à constater certaine petite différence dans la voute céleste, ce qui lui permettait de constater la différence. Argnar se mit à rire en précisant qu’ils venaient de dormir pendant une journée entière. C’était la nuit qui commençait.

Les réponses d’Argnar étaient malheureusement évasive et en même temps Baelsul comprenait. Comment aurait-il pu en savoir plus ? D’ailleurs, lui qui paraissait être bien cupide au premier abord, venait de refuser l’or offert par Ina qui semblait vouloir retisser des liens plus amicaux avec le pêcheur.

Dirigeant son regard au niveau de là où il avait été frappé, le demi-elfe découvrit la scarification en forme de dauphin. Le symbole de Sashelas, le même que celui du pendentif qu’il arborait désormais autour du coup grâce aux Utruz. Il avait donc été marqué directement par la divinité ! Ses larmes de joie n’en furent que plus intenses et son sommeil plus serein.

***

Le repos était tellement profond que le rêve propulsa les aventuriers dans la cité, qu’ils découvrirent merveilleuse ! Un instant plus tard ils faisaient face à Orn et Yar, spectaculairement taillé et qui ferait en rougir plus d’une. Soudainement, il recouvrit son corps marqué de manière similaire au symbole divin qu’arborait désormais Baelsul, désormais vêtu élégamment tout en conservant un certain confort il s’adressa à la compagnie afin de les accueillir.

*Quelle étrange cité que celle-ci, abritant toutes races dans ce qui semble-t-être un chaos ambulant… 4 éléments, voici quelque chose de bien mythologique mais qui a rarement court dans les royaumes, en tout cas au sein de ses pratiques religieuses.* Au-delà de cette pensée, le lunargentais ne savait pas trop comment réagir, la nouveauté et le nombre d’information était tel qu’il avait besoin d’un moment pour les processer.

Mais quand Yar proposa l’enigme, Baelsul réagit immédiatemment, il avait déjà résolu ce type de casse-tête auparavant. Il proposa alors :
« Pour les billes, séparons-les en 3 paquets de 4 billes. Mettons les deux premiers lots de chaque côté de la balance, s’ils font le même poids on peut exclure ces deux ensembles. S’ils n’ont pas le même poids alors la bille est dans l’un des deux. »
Réfléchissant, un instant il poursuivit :
« Est-ce que la bille au poids distinct est plus lourde ou plus légère ? Si nous n’avons pas cette information il nous sera difficile de déterminer dans lequel des deux ensembles elle se trouve si la balance penche d’un côté à la première pesée. Mais si nous arrivons à le déterminer, nous prenons alors les 4 billes du lot identité et en mettons 2 de chaque côté de la balance puis répétons l’opération avec les 2 restantes. Ce qui nous fait bien 3 pesées pour identifier la bille. »

Il laissa un moment à Ina pour voir si celle-ci pouvait l'aider, il n'avait pas la réponse exacte qui dépendrait du poids supérieur ou inférieur de la bille. Il chercha aussi Yar du regard, peut-être qu'un coup de pouce de sa part pouvait les aider ?

Baelsul, qui n’avait pas l’habitude d’un tel environnement, n’était franchement pas à l’aise. Un nombre d’horreurs et de créatures maléfiques trop importante régnait autour d’eux, qui avançait d’ailleurs avec un Diantrefosse prit-il immédiatement conscience. Le groupe continuait sa chaotique progression jusqu’à la terrasse de l’eau, où le cœur de l’archer se réchauffa au sens prendre comme figuré, Sashelas veillait en ses lieux et le jeune demi se détendit un peu. Puis progressant à la terrasse de feu, il eut la sensation d’être de nouveau envahit par les ombres, le remettant intimement en rapport avec la chose ombreuse qui avait maintes fois pris possession de ses moyens.

***

Au réveil sur la barque, le demi se retrouva un peu déboussolé, tout ceci avait semblé tellement réel ! Et pourtant ils n’avaient pas bougé d’un iota, même si bien-sûr l’embarcation avait progressé pendant un cycle entier… Il décida de partager son rêve à Kyu et Ina, eux qui par le passé avaient déjà expérimentés ce type de voyage en commun. Il voulait avoir le cœur net avant de pouvoir débarquer.