Chapitre 1 : Padhiver

Le damarien trouvait les manières de l'assassin un peu trop théâtrales, ce qui ne correspondait pas vraiment à ce genre de profession. Cela était presque... hors sujet, comme si le caractère du personnage était bien trop décalé par rapport à son rôle. Un peu comme un mauvais acteur en quelque sorte.

Et cette oie qui n'en finissait pas de piailler de façon insupportable. Si cela continuait, elle allait finir par réveiller tout le voisinage. Le guerrier réfléchit à nouveau à sa première idée de décapiter le pénible volatile mais son attention était toute entière concentrée sur le curieux personnage qui lui faisait face. Impossible de voir ses traits, dissimulé qu'il était sous son capuchon et les ténèbres de la nuit rendait cette absence de visage inquiétante.

Le damarien aurait donné beaucoup pour savoir quel visage se cachait derrière cet intriguant personnage.

-Un jeu hein? Hannibal faisait ce qu'il pouvait pour se concentrer sur les paroles de l'homme malgré les protestations de l'oie toute proche. Pour jouer, il faut être volontaire... qui vous dit que je désire jouer?

Tout en parlant, le guerrier passait en revue ses différentes options. Si le garde qu'il avait laissé dans l'entrepôt avait entendu son avertissement, il ne devrait pas tarder à arriver pour lui prêter main forte. Mais il doutait fortement que l'assassin reste en place aussi longtemps. Il aurait sans doutes disparu avant cela et le damarien était même surpris que ce singulier personnage ne se soit pas déjà volatilisé.
Au lieu de cela, il semblait préférer une petite discussion au clair de lune avec un parfait inconnu qui ne lui voulait aucun bien.

Dans tous les cas, Hannibal se devait de gagner un peu de temps avant qu'on ne vienne lui prêter assistance... en espérant que l'aide arrive seulement.

-Et dire que j'aurais put aller directement à l'auberge pour me réserver une chambre pour passer une nuit tranquille et douillette. Il poussa un long soupir fatigué tout en continuant d'agiter la lampe sous le bec de l'oie qui semblait de moins en moins impressionné par le stratagème. Je ne vois qu'une façon de réparer cela... et c'est de décliner votre offre de jeu. Moi non plus je ne suis pas toujours patient.

Sa main gauche lâcha la lampe juste devant le volatile belliqueux, pas d'assez haut pour qu'elle se brise mais juste de quoi libérer sa main. Cette dernière s'empressa vivement d'aller saisir l'une des dagues rangées dans le baudrier qui ceignait son torse. D'un geste vif et exercé, car il s'était longuement entraîné au lancer de couteau, il saisit l'arme par le pommeau avant de la laisser un bref instant tourner en l'air pour la saisir ensuite de ses doigts par la pointe de la lame. Ce faisant, le bras était déjà armé, prêt à lancer le poignard.

Dans un faible chuintement, l'arme fila vers la silhouette assise en direction de son genou droit comme le damarien l'avait visé.


Attaque à distance avec dague.
Dague: +10, 1d4+3, 19-20/x2, 3m

4ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
4 Mirtul 1373.
Période de la journée : Début de soirée.
Climat : Soleil couchant. Vent frais.
Température : environ 4 degrés.

Metzli, Corvo Stern et Karmeth:

Aksel Tørshavn jeta un rapide regard vers Bylgja quand Karmeth commença à parler mais attendit que Metzli et Corvo aient eu l’occasion de dire quelques mots avant de prendre la parole. Il sourit aux nouveaux venus en s’appuyant sur sa béquille.

Aksel Tørshavn

- Au risque de vous décevoir, mon cher Karmeth, il y a quelques problèmes qui restent miens et seulement miens. Et je ne parle pas de ma jambe. L’essentiel de ma journée de demain, et probablement des jours suivants, va être occupé par de pénibles négociations avec les membres du Conseil concernant la taxation de diverses marchandises. Mais votre aide est la bienvenue concernant les problèmes que nous partageons. -------------------- Aksel Tørshavn a un air de noblesse indéniable et, le plus souvent, un petit sourire en coin. Il lui manque sa jambe droite qu’il compense avec une béquille en bois.

Il salua d’un geste de son chef l’amabilité du Kaxanar avant de se tourner plus directement vers Corvo Stern.

Aksel Tørshavn

- Mal tomber fait partie des risques du métier quand on cherche à redresser les torts, je le crains. Mais il s’avère que vous arrivez à un moment parfaitement opportun. Je n’y avais pas vraiment pensé jusque là mais il s’avère que votre aide pour retrouver une personne pourrait bien nous être des plus utile. Rassurez-vous, il s’agit de quelqu’un hautement impliqué dans toute cette histoire, je n’essaye pas, trop, de profiter de votre grand cœur. Mademoiselle Arnesen dirige cette enquête et elle pourra sans doute vous en dire plus sur ses intentions. Mais vous avez, sans doute, des questions concernant d’autres points. J’ai beaucoup de préparations à faire pour les sessions legislatives de demain mais le temps passé à vous répondre sera bien utilisé s’il peut vous aider à empêcher la catastrophe imminente. -------------------- Aksel Tørshavn a un air de noblesse indéniable et, le plus souvent, un petit sourire en coin. Il lui manque sa jambe droite qu’il compense avec une béquille en bois.

Il jeta un regard alentour mais n’eut pas besoin de dire un mot. Bylgja sortit de la pièce et revint rapidement avec assez de sièges pour que tous puissent s’asseoir. Les chaises qu’elle apporta n’étaient pas aussi confortables que les fauteuils de velours sur lesquels le Comte et Metzli pouvaient se reposer mais cela valait mieux que de rester debout.


Hannibal :

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Hannibal lâche la lanterne: 1 (d100).
La lanterne tombe sur le côté
Hannibal attaque l’assassin: 13 (d20) + 10 - 2 (Distance) – 2(Main gauche) – 2(Obscurité) contre CA 10 = Réussite

Hannibal était décidé à s’assurer que sa chasse à l’assassin allait s’arrêter dans cette arrière-cour et suite à une erreur du criminel. Hannibal savait ce qu’il faisait et il n’eut aucun besoin de quitter sa cible des yeux pour réaliser l’enchaînement de mouvements fins nécessaires à son attaque. Cela ne voulait pas dire, toutefois, que tout se passa comme il l’avait prévu. Il avait lâché la lanterne d’à peine la hauteur de son genou avec la certitude que celle-ci ne se briserait pas. Ce qu’il n’avait pas prévu était que le sol n’était pas particulièrement plat autour de lui et la lanterne vacilla pendant qu’il faisait remonter son poignard vers sa main pour le lancer et l’assassin se trouva en dehors de la zone correctement éclairée. Cela ne ralentit pas vraiment le geste du Damarien qui lança sa lame là où il le souhaitait.

Maintenant que la zone n’était plus trop éclairée, il était plus difficile de savoir s’il avait atteint sa cible mais ce qui était certain était que l’assassin n’avait pas réagi. Du pied, il redressa la lanterne et elle éclaira la porte du poulailler où sa dague était pronfondément plantée à l’endroit où le genou droit de l’assassin se trouvait. Pour être plus précis, la garde du poignard sortait de son genou mais celui-ci souriait comme si de rien était. Il n’y avait aucun doute possible, il s’agissait d’une illusion.

5ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
5 Mirtul 1373.
Période de la journée : Début de matinée.
Climat : Ciel dégagé. Vent frais.
Température : environ 3 degrés.

Moira :

Moira n’eut pas besoin de demander à grand monde avant de savoir où trouver le Bastion de la Garde. D’à peu près n’importe où en ville, elle pouvait voir deux bâtiments avec des tours s’élevant au-dessus de toutes les autres construction. L’un était de manière évidente un temple et l’autre un château fort. Le second, comme elle l’apprit vite, outre le siège du roi, qui était absent de la ville en ce moment, et du Conseil, que certains semblaient trouver trop présent, accueillait aussi le quartier générale de la Garde.

La rue sur laquelle se trouvait le Marché des Lames menait directement au pont du Dauphin et à la place royale devant le château mais la Damarienne n’était pas particulièrement pressée. Plusieurs rues couraient parallèlement à la principale et elles étaient occupées par des étals offrant des légumes de saison et diverses viandes et fromages.

Sur les places un peu plus larges, des saltimbanques essayaient de ramasser quelques sous en jonglant, chantant ou dansant. Un peu plus loin, un montreur de monstres faisait marcher ce qui ressemblait à très gros chat extrêmement mince et violet à six pattes avec deux tentacules partant d’entre ses deux paires de pattes avant sous les regards inquiets de plusieurs gardes. Ce qui semblait intéressé le plus la foule était qu’il était difficile de décider exactement où était la créature car elle donnait l’impression d’être vue à travers un rideau d’eau.

Ses pas finirent par la conduire devant le château. Deux gardes en protégeaient l’entrée et la regardèrent s’approcher sans bouger. Quand elle se trouve suffisamment proche pour qu’ils fussent certain qu’elle se dirigeait vers eux, ils lui adressèrent la parole.

-Que pouvons-nous faire pour vous aider ?

5ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
5 Mirtul 1373.
Période de la journée : Fin d'après-midi
Climat : Ciel dégagé. Vent frais.
Température : environ 5 degrés.

Moreta :

Après une journée occupée à espionner l'entrée du domaine Kardein et à préparer des plans d'attaque pour l'avenir, il était temps de retourner à l'auberge pour y retrouver son commanditaire. Celui-ci ne se trouvait pas dans la grande salle mais l'heure convenue n'était pas encore venue.

La salle était presque vide et les rares clients, à leurs mines, n'en étaient pas à leur premier verre. Le service était au minimum et le seul serveur que Moreta pouvait voir était un jeune homme qu'elle n'avait pas vu la veille. Il lui fallu plusieurs minutes pour réaliser qu'une nouvelle cliente avait fait son entrée et,
même une fois qu'il fut arrivé à cette réalisation, il la fixa longuement avant de faire quoique ce soit. Il finit par se décider et s'approcha d'elle. Il déposa sur la table une choppe de bière sous laquelle était plié un petit morceau de toile.

-Je crois que cette commande a été faite pour vous.

Il s'éloigna alors et retourna derrière le comptoir où il commença à acquiescer avec un rythme qui ne correspondait pas vraiment à celui de l'orateur ivre qui lui racontait une histoire de chasse au dragon. Le message sur le morceau de toile était très court.

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¤Mouais, décidément les envolées lyriques il vaut mieux que j'évites.¤

Sans s'attarder sur la partie où le Comte leur expliquait qu'il était un homme occupé par des choses bien moins passionnantes que la chasse aux dragons, le fils de la Pierre se concentra sur l'aspect pratique de la conversation.
Sans parler de l'enquête qu'elle dirigeait, que le Seigneur Tørshavn les interrogent ouvertement sur les questions qu'ils pourraient avoir signifiait qu'il était possible de parler de leurs sujets communs devant la jeune femme.

-Une première question serait effectivement par quoi commençons-nous. Une enquête dites-vous ? Le nain avait conduit beaucoup d'enquêtes, mais avait rarement eu l'occasion de les conclure. Il se considérait lui-même piètre investigateur. Mais il pouvait toujours jouer les gardes du corps. Pourriez-vous nous en dire plus Dame Arnesen ? De ce que j'ai compris de notre entretien avec le colonel la première étape consiste à préparer une expédition vers une tombe disparue tout en évitant les coups de poignards dans le dos. La personne à retrouver a-t-elle un rôle à jouer dans l'un ou l'autre de ces points ?

Le Comte ayant été relativement peu précis sur les problèmes qu'ils partageaient désormais, Karmeth essayait de rassurer la demoiselle en indiquant clairement ce qu'il savait. Et si c'était tout a fait autre chose et qu'elle refusait leur aide, et bien ils auraient gagné du temps.

-J'ai aussi quelques questions pour vous, votre Grandeur, mais si votre temps est précieux je me concentrerais sur les plus immédiates. Tout d'abord si nous parvenons à vous ramener un des artefacts convoités, qui choisirez-vous de placer au Conseil, et ce choix est-il connu ? Sans prétendre comprendre la politique de Padhiver et ses guerres internes, il me semble que cette information est aujourd'hui ce qui trace la ligne entre nos alliés et nos ennemis. Ensuite serait-il possible de profiter de l'agitation récente, qui semble forcer nos ennemis à l'action, pour en diminuer le nombre sérieusement ? Vous avez mis en place un bouclier capable d'arrêter un dragon rouge, ne peut-on pas localiser une partie des caches de nos futurs assassins ?

Il fit une pause de quelques secondes puis :

-D'ailleurs sur un axe beaucoup plus personnel je suis très intéressé par la façon dont vous vous y êtes pris, pour mettre en place ce bouclier. Mais c'est moins urgent.

Metzli écouta attentivement les propos de Karmeth et en déduisit qu'il disposait, pour l'essentiel, d'informations similaires à celles qui lui avaient été communiquées. A vrai dire, il était peut-être même mieux informé qu'elle car le nain évoqua un bouclier capable d'arrêter un dragon rouge, une histoire dont elle ne connaissait rien.

Elle lui jeta un air interrogatif avant de prendre la parole à son tour :

- Pour ce qui est de ce bouclier, j'en sais certainement moins que vous. Mais pour la mission qui va nous occuper dans l'immédiat, je peux vous fournir quelques renseignements... A vrai dire, nous en discutions au moment-même où vous êtes tous deux arrivés...

Son attention s'arrêta un instant sur Corvo Stern qui l'avait gratifiée d'un regard appuyé mais flatteur. Metzli lui sourit, satisfaite de son effet : comme quoi, elle avait bien fait de prendre un instant pour se refaire une beauté avant de rencontrer Aksel. Elle chassa néanmoins pour l'heure ces considérations frivoles de son esprit et reprit le fil de la conversation :

- Comme vous le savez, un groupe inconnu frappe actuellement toute personne possédant potentiellement des informations sur un artefact très convoité. S'il est possible que le Culte du Dragon soit lié à ces agissements, cela ne semble être qu'une hypothèse à l'heure actuelle... Quoi qu'il en soit, la Main des Mystères, une puissante association de personnes étudiant la magie, a envoyé en ville une personne détenant des informations qui pourraient nous être utiles. Mais le Comte n'a reçu aucune nouvelle de cette personne et ne connaît ni son identité, ni même son apparence, raison pour laquelle il m'a chargée de la retrouver au plus vite... avec votre collaboration...

A ces motes, Metzli sourit à nouveau. Elle n'aimait pas voyager seule et se sentait plus en sécurité lorsqu'elle était accompagnée. Qui plus est, Karmeth et Crovo Stern lui avaient fait plutôt une bonne première impression, au contraire de ses derniers compagnons d'aventure.

- Nous n'avons guère de pistes pour le moment. Le Comte m'a rappelé que les membres de cette guilde possédaient tous une "gemme-esprit". Il vous en parlera mieux que moi car j'ignore tout de ces gemmes, si ce n'est qu'elles permettent des communications télépathiques. Il me suggérait également à l'instant de peut-être commencer mon enquête par un passage à la Tour des Capes...

La jolie amnienne laissa sa phrase en suspens, fournissant ainsi à ses compagnons l'occasion de présenter leurs idées à ce sujet et à Aksel d'apporter les compléments d'information qu'il jugerait utiles.

¤ Profiter de notre grand cœur ? N’ayez crainte, aucun risque Monseigneur… ¤

Qu’il s’agisse d’une boutade ou d’une véritable pensée utopique de la part du comte, Corvo esquissa un léger sourire à l’évocation de sa prétendue bonté d’âme. Il ne connaissait pas encore assez le nain pour savoir si il était un de ces mercenaires ou aventuriers prêt à tout pour défendre la veuve et l’orphelin, mais pour sa part, Corvo n’agissait jamais à cause de son « grand coeur ». Enfin, ça pouvait lui arriver, mais il faisait en sorte de toujours en retirer un bénéfice...

Une fois de plus, le jeune homme écouta ses compagnons avant de parler. A l’inverse de Karmeth, il se moquait de connaître l’identité du futur membre du conseil. Que le gus soit un noble bienveillant ou le pire des tyrans, Corvo comptait bien s’en faire un contact à la fin de cette histoire. En affaires il fallait des contacts, beaucoup de contacts. Et plus ils étaient haut placés, mieux c’était. Mais encore fallait-il gagner cette course au Siège…

C’est alors que le roublard eu l’agréable surprise de découvrir qu’il allait faire équipe avec la sublime jeune femme et surtout, que celle-ci ne lui tenait pas rigueur de son regard un peu trop admiratif. Lorsqu’elle eu terminé de présenter la situation, le roublard s’accorda un temps de réponse.

- Si je puis me permettre un conseil, dans ce genre d’affaire, il arrive que le meilleur moyen d’avancer soit en fait d’attirer la piste vers soi plutôt que de suivre une chimère… Je m’explique... Si le Culte du Dragon et le Trône de Fer sont dans la partie et agressent les personnes ayant des informations sur ces artefacts… Pourquoi ne pas prétendre que certains de vos hommes possèdent de telles informations ? Le jeune homme réfléchi un instant avant de poursuivre : Messire Karmeth et moi même sommes visiblement dans le collimateur d’au moins une de ces deux organisations. Nous sommes donc probablement espionnés depuis notre arrivée à Padhiver. Profitons en et répandons quelques rumeurs. Faisons état de notre entrevue de ce soir et laissons les ragots agir dans les tavernes et les lieux de recrutement les moins scrupuleux de la ville. Faites de nous des cibles qui possèdent des informations de première importance… Pendant ce temps, libre à nous de visiter cette Tour des Capes...

Corvo laissa un fois de plus un moment de silence afin de voir comment ses interlocuteurs interprétaient ses suggestions avant de s’adresser plus spécifiquement au comte.

- Peu importe la direction que prendra cette enquête, dans tous les cas et vue les forces en présence, ce sera hautement périlleux. Nous aurons besoin d’équipement… Si Messire Tørshavn souhaite nous apporter son soutiens, il pourrait peut-être glisser quelques mots au marchand Tauvenal chez qui nous nous sommes rencontré avec Messire Karmeth. Cela nous permettrait de nous équiper à moindre frais.

¤ L’hameçon est lancé ¤

Passant la porte de l'auberge, Moreta rentrait d'une journée tranquille, la première depuis longtemps qu'elle n'avait pas passé à se déplacer, même si les journées en bateau avaient elles aussi été assez calme et pas avec grand chose à faire, ce sentiment d'urgence qui l'avait poursuivi durant le trajet jusqu'ici avait aujourd'hui disparu, à juste titre, après tout, elle cherchait ce semi-homme depuis longtemps, mais avoir une piste l'avait rendu impatiente, tout en étant suffisamment lucide pour se rendre compte qu'améliorer ses finances était une étape nécessaire si elle voulait pouvoir terminer sa chasse. Aussi avec l'occasion qui s'était présentée, Moreta n'avait pas hésiter longtemps, de quoi vivre pendant des années malgré des dépenses prévues importantes, sans avoir à jouer pour être sur de pouvoir manger chaud et dormir seule, ce qui pouvait en plus attirer l'attention quand il lui serait nécessaire de rester discrète.
Une fois dans l'auberge, l'elfe eut la surprise de voir qu'une commande avait été faite à son nom. Méfiante, elle ouvrit le tissu et y lut un message énigmatique, qui ne lui rappela juste une vieille balade. C'était étrange, et peu compréhensible. Moreta voyait mal l'étrange homme de la veille lui laisser un message aussi étrange, ou même lui laisser un message tout court, vu qu'il ne voulait pas laisser de traces en ville. Aussi, la chanteuse préféra penser qu'il devait s'agir d'une erreur, et que le serveur devait confondre les elfes les uns avec les autres, après tout, les humains étaient à moitié aveugle, cela n'aurait donc rien d'étonnant. Bien sur, elle avait trop de tact pour le lui faire remarqué, enfin, il était surtout plus exact qu'elle n'avait rien contre une consommation gratuite, et que pour une fois ce n'était même pas du vol. Prenant donc la choppe avec elle, elle monta dans sa chambre histoire de poser ses affaires, elle redescendrait pour manger, rencontrer son contact et peut-être jouer quelques airs, mais il lui faudrait se lever très tôt, que ce soit pour une reconnaissance nocturne ou pour finalement mener à bien la mission, alors elle ferait très attention à ne pas aller se coucher tard.

Moira suivit du coin de l'oeil l'étrange créature captive sur la place du marché. Une bête éclipsante! Elle n'en avait jamais vu en vrai. A vrai dire, elle avait été jusque-là même plutôt encline à les classer parmi les racontars de taverne. Il fallait dire que la description tenait du délire d'aventurier bourré: les six pattes, les tentacules, l'étrange illusion qui les entourait... Et pourtant cette chimère était bien réelle, et quelqu'un en avait même fait son fond de commerce. Les pauvres jongleurs à côté pouvaient difficilement rivaliser avec l'attraction procurée par ce phénomène de foire.

La mercenaire haussa les épaules et continua son chemin vers l'entrée du château on l'attendait la garde du matin.

-Bonjour messieurs, j'ai en effet une simple requête.

Elle se redressa de toute sa hauteur, comme pour essayer de donner un peu de dignité à ce qu'elle allait dire.

-J'ai entendu dire hier que Padhiver avait un problème de dragon. Je souhaiterais m'assurer que ce n'était pas une exagération, et si quelqu'un compte faire quelque chose. Voyez-vous, tout le monde semble plus préoccupé par cette histoire de chasse au trésor organisé par le Conseil, ce qui me surprend un peu.

A moins que Karundax ne soit finalement qu'un gros varans grincheux, elle s'attendait à ce que la ville fût un peu plus nerveuse de la présence d'un grand Ver. Bien que, quand on peut voir une bête éclipsante sur la place du marché, même un dragon doit perdre un peu en originalité.

Ces longues journées passées à s'entraîner au lancer de couteaux n'avaient pas été vaines alors que le damarien atteignait sa cible à l'endroit même qu'il avait visé. Il n'avait pas visé le torse de peur de toucher le coeur dans cette obscurité et ainsi tuer sa cible. Et les morts ne faisaient que rarement de bons sujets d'interrogatoire. Mais l'euphorie de sa réussite disparue rapidement pour être remplacé par une immense déception lorsqu'il réalisa que son coup, s'il avait porté au but, n'avait hélas pas atteint la bonne cible.

Hannibal compris rapidement qu'il avait été dupé depuis le début l'attitude étrangement bravache et bavarde de l'assassin s'expliquait mieux désormais. Le guerrier comprit bien assez vite qu'il avait affaire à une illusion pour en avoir déjà vu plusieurs au cours de ses aventures. Le malandrin avait gagné du temps de façon fort intelligente et le damarien regrettait désormais de ne pas avoir attaqué à vue sa proie... cette dernière devait être loin désormais.

Lâchant un profond soupir de déception, le damarien s'approcha de l'illusion hilare sur son cagibi pour décrocher sa dague du bois et la remettre au fourreau. Après un dernier regard aux alentours, il tourna les talons pour ramasser la lampe au sol et sortir de l'arrière coure, l'épée toujours au poing par prudence. Et cette oie qui revenait à la charge avec ses piaillements horribles... Hannibal n'eut aucun scrupule à lui décrocher un violent coup de pied qui l'envoya voler un peu plus loin en perdant ses plumes.

Il entreprit ensuite de reprendre le chemin de l'entrepôt où il avait laissé le garde et peut être le rencontrerait il en chemin. Il y avait bien des choses à éclaircir dans toute cette histoire... et le damarien se trouvait soudain l'envie de jouer les détectives, ne serait-ce que pour se venger de cette petite humiliation.

4ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
4 Mirtul 1373.
Période de la journée : Début de soirée.
Climat : Soleil couchant. Vent frais.
Température : environ 4 degrés.

Metzli, Corvo Stern et Karmeth:

Le comte attendit que tous aient parlé avant de répondre aux questions pertinentes de Karmeth et de ses nouveaux compagnons. Toutefois, la proposition de Corvo le fit s’arrêter et changer l’ordre de ses paroles.

Aksel Tørshavn

- Votre plan est courageux et ambitieux. Mais cela ressemble un peu à une guerre d’attrition, de mon point de vue, et je n’ai aucun doute que le Culte du Dragon ou le Trône de Fer n’aient plus d’aisance à trouver des mercenaires prêts à capturer mes agents que moi à recruter des volontaires pour servir d’appâts... -------------------- Aksel Tørshavn a un air de noblesse indéniable et, le plus souvent, un petit sourire en coin. Il lui manque sa jambe droite qu’il compense avec une béquille en bois.

Il se tue quelques secondes, le temps de réfléchir à ce qu’il allait dire un peu plus de jauger le roublard. Il ne souriait plus mais il y avait du respect dans son regard.

Aksel Tørshavn

- J’ai appris, il y a bien longtemps, qu’il est inutile de s’entourer de gens compétents si on refuse de leur accorder assez de confiance pour les laisser suivre leurs tripes. Je ne sais pas grand chose de comment fonctionnent le Trône ou le Culte, et c’est pour cela que j’ai besoin d’aide. Faites comme bon vous semble. De mon côté, je n’ai pas assez d’influence sur Talan Tauvenal pour lui faire baisser ses prix mais je peux participer au paiement. -------------------- Aksel Tørshavn a un air de noblesse indéniable et, le plus souvent, un petit sourire en coin. Il lui manque sa jambe droite qu’il compense avec une béquille en bois.

Maintenant que cette partie était établie, il pouvait revenir aux questions de Metzli et Karmeth. Il s’agissait là de sujet qui lui semblaient plus confortables et il avait donc moins de réticence à parler.

Aksel Tørshavn

- Concernant mon choix de membre du Conseil, si je parvenais à mettre la main sur l’artefact, je ne l’ai pas annoncé. La Guilde des Marchands nomme un prévôt, ou élit un prévôt pour être exact. A l’heure actuelle, il a le droit d’assister aux réunions du Conseil mais il n’a pas de vote, ni d’ailleurs le droit de s’exprimer. Je pense qu’il serait plus juste de lui donner une position à part entière. Concernant le bouclier anti-dragon, il s’agit là d’un sujet que je prendrais grand plaisir à discuter ... si nous avions autant de temps que je le souhaite pour ce faire. Je peux, au moins, vous dire que je n’ai pas créé moi-même le bouclier, je l’ai seulement activé et, même cela, j’en aurais été incapable sans l’aide des elfes d’Illefarn, ou leurs descendants, qui l’ont créé en premier lieu. Concernant les gemmes-esprits des membres de la Main, je n’en sais guère plus que vous. Il est possible de les utiliser pour en localiser d’autres à proximité mais je n’en ai pas moi-même. Il est possible que quelqu’un à la Tour des Capes en sache plus sur le sujet. Elles donnent aussi d’autres pouvoirs mais ils sont probablement indistinguable de sorts utilisés de manière plus conventionnelle. -------------------- Aksel Tørshavn a un air de noblesse indéniable et, le plus souvent, un petit sourire en coin. Il lui manque sa jambe droite qu’il compense avec une béquille en bois.

Hannibal :

Le lancer d’Hannibal avait été suffisamment puissant pour que sa dague se soit enfoncée de plusieurs centimètres dans le bois, visiblement de piètre qualité, dont était fait le poulailler. Il ne se gêna pas pour passer un peu de sa colère sur l’oie, sous les yeux de son propriétaire qui venait visiblement de se réveiller et avait ouvert sa fenêtre à l’étage du bâtiment adjacent. Celui-ci ne dit rien, toutefois, sentant que le Damarien n’était pas d’humeur à prendre une critique avec le sourire.

La lanterne en main, Hannibal retraça ses pas jusqu’à revenir à l’entrée de l’entrepôt où le garde se trouvait maintenant. Cela lui avait pris une douzaine de minute car il n'avait pas fait particulièrement attention à l'ordre dans lequel il prenait les virages mais la plupart des mauvais choix le menaient dans des impasses ou des ruelles qu'il se souvenait ne jamais avoir traversées. Le garde, maintenant accompagné d'un collègue muni d'une torche, le vit arriver et lui fit signe de s'approcher. Il n’avait pas entendu l’appel du Damarien et, quand il avait fini par décider que trop de temps s’était écoulé sans nouvelle, il n’avait pas pu déterminer dans quelle direction il devait aller pour porter secours à l’aventurier. Il avait aussi une légère blessure à la tempe droite, résultat d’une rencontre inopportune avec une caisse en hauteur dans l’obscurité de l’entrepôt.

- Si vous êtes de retour seul, je suppose que vous n’avez pas réussi à l’attraper. Est-ce que vous avez réussi à savoir qui il est?

5ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
5 Mirtul 1373.
Période de la journée : Début de matinée.
Climat : Ciel dégagé. Vent frais.
Température : environ 3 degrés.

Moira :

Les deux gardes se regardèrent pendant quelques secondes, interloqués. L’un des deux décida de prendre la parole et se racla la gorge. Après tout, Moira semblait sûre
d’elle et capable de se débrouiller.

- En effet, vous pouvez dire que Padhiver a un problème de dragon. Cela fait plusieurs mois maintenant que Karrundax le Rouge lance des attaques sur les environs. Ne comptez pas sur nous pour vous expliquer comment cela marche mais il semblerait qu’un sort l’empêche de s’approcher trop de la ville même. Du coup, ses attaques ont principalement affecté les champs environnants et les villages isolés. Il y a eu quelques victimes, pour sûr, et pas mal de grain a été brulé mais, dans l’ensemble, les devins ont réussi à anticiper la plupart de ses raids et à faire mettre à l’abri l’essentiel de la population.
Il se tourna alors vers son collègue comme pour lui demander s’il avait oublié de dire quelque chose. Celui-ci prit la parole pour compléter ses dires.


- Bien sûr, si vous avez un plan pour nous débarrasser du Grand Ver, je suis certain que quelqu’un voudra vous parler mais d’autres ont essayé dans le passé. Visiblement sans succès. Le Conseil a décidé que, tant que le problème était gérable et que personne n’avait une idée géniale pour se débarrasser de Karrundax, il y avait d’autres priorités et il n’y a donc pas vraiment de soldats qui s’occupent du dragon en ce moment.

Le premier reprit la parole pour corriger son compagnon. Il était un peu hésitant sur les mots à employer, cependant.


- Il y a bien quelqu’un qui continue de travailler sur le sujet mais elle n’appartient plus à la garde. Si vous voulez lui parler, par contre, je suis certain qu’elle sera heureuse d’avoir un peu d‘aide. Vous voulez lui parler?

5ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
5 Mirtul 1373.
Période de la journée : Début de soirée
Climat : Ciel dégagé. Vent frais.
Température : environ 4 degrés.

Moreta :

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Perception : 10(Dé) + 11 contre DD 20 = Réussite

Après quelques heures tranquilles dans sa chambre, Moreta redescendit dans la salle principale de l’auberge pour attendre Vještac et manger un morceau. La salle était presque vide et les serveurs attendaient en discutant dans un coin de pouvoir faire quoique ce soit. Le repas du soir, un soupe de légumineuse, du poulet et une galette de blé, sans être de grande qualité, n'était pas mauvais et le vin qui l'accompagnait rendait le tout correct.

L’heure convenue pour le retour de Vještac arriva et avec elle un peu plus de clients. La plupart arrivaient par groupe de deux ou trois et se mêlaient à d’autres groupes déjà formés autour des tables. Certains mangeaient mais la plupart buvaient plus qu’autre chose. Du coin de l’œil, Moreta s’aperçut qu’un groupe de quatre personnes assises à une table dans son dos à droite la regardaient régulièrement tout en faisant mine de jouer aux cartes. L’un des quatre, lequel changeait souvent, était presque toujours debout et passait des commandes ou discutait avec d’autres personnes tandis que deux autres jouaient probablement réellement et le dernier faisait mine de regarder le jeu mais payait plus d’attention à Moreta. Autant qu’elle s’en souvenait, elle n’avait jamais vu aucun des quatre et leur tenues tout ce qu’il y avait de plus banales ne permettaient pas de deviner ce qu’ils voulaient ou qui les envoyait. Ils ne semblaient pas vouloir prendre l'initiative et se contentaient de l'observer (plus ou moins) discrètement.

Après avoir bu la bière offerte dans sa chambre, l'elfe s'était tranquillement occupée, il fallait dire qu'une harpe avait quelques cordes à accorder et qu'elle ne l'avait pas fait depuis quelques temps, car elle se servait ces derniers temps plus de sa guitare, dont elle vérifia également l'accordage. En effet, si la harpe était un souvenir de sa famille, il fallait reconnaître que l'artisan qui l'avait produit l'avait fait mécaniquement, alors que le constructeur de la guitare l'avait fait avec beaucoup plus d'attention, ce qui lui donnait un plus joli son. Le temps que la totalité des cordes sonne juste, la fin de la journée s'amorçait déjà, et après une rapide petite chanson qu'elle jouait depuis sa plus tendre enfance pour vérifier que les harmonies allaient bien ensemble, la dame redescendit dans la salle commune, laissant la chope vide sur le comptoir, elle n'avait aucune raison de la laisser en haut sinon de donner du travail à la personne qui nettoyait les chambres, c'était sur son trajet et elle avait pris l'habitude de faire en sorte de bien s'entendre avec ceux qui s'occupaient de sa couche, ne serait-ce que pour éviter d'y trouver du gravier, voir des occupants ou même, elle en avait entendu parler mais jamais d'une personne à qui c'était arrivée, toujours quelqu'un qui l'avait entendu d'une autre, des déjections. Elle mangea tranquillement, et petit à petit se demanda où avait pu passer l'homme de la veille, qui devait revenir avec ce qu'elle avait demandé pour accomplir son larcin. Au pire pourrait-elle toujours reprendre, ou plutôt commencer, ses recherches, et elle n'aurait perdu qu'une journée durant laquelle elle n'avait presque rien débourser, mais c'était étrange, après tout, il n'avait impliqué personne, ce qui empêchait la thèse du coup monté pour piéger quelqu'un, et avait semblé ne pas vouloir faire de vagues.
C'est alors qu'elle repéra les quatre larrons. Des larrons qui semblaient s'intéresser à elle. Si c'était un seul, elle aurait pensé qu'il la trouvait jolie, aurait certainement été un peu flattée, il ne s'agissait que d'un homme, mais il était toujours plaisant de savoir qu'on faisait de l'effet, mais quatre, au point d'en avoir un sinon deux qui ne jouaient plus, c'était louche. Malgré tout, l'elfe termina son repas comme si elle n'avait rien remarqué, puis, tout en se demandant si le fait d'avoir laissé la plupart de ses armes avec son sac et ses instruments dans sa chambre serait bénéfique ou problématique, la guitariste se dirigea vers les écuries où l'attendait son cheval, sortant une de ses deux dagues camouflées de sa cachette dès qu'elle fut dehors, au cas où il viendrait à leur esprit de la suivre, elle pourrait peut-être savoir ce qu'ils lui voulaient.