Chapitre 1 : Padhiver

La visibilité de la Maison de Savoir rassura Moreta qui pouvait voir en celle-ci un point de repère aisé duquel elle pourrait rejoindre sa résidence actuelle, ou tout autre lieu désigné à l'avance, avant qu'elle ne se dirige vers le lac.
Ce dernier comportait bien plus d'habitations, des palais, qu'elle ne s'y serait attendu. Bien sur, il était logique que les riches veulent s'installer dans le plus joli coin de la ville, mais l'elfe aurait pensé que les plus anciennes, et plus riches, familles de la ville auraient d'énormes domaines, reléguant les autres plus loin, avec éventuellement une vue au dessus des jardins. Et ce n'était pas pour lui plaire, car qui disait plus de maisons disait plus de surveillance, que ce soit de la part des autorités, de milices privés ou même plus simplement des habitants et serviteurs des lieux. Il allait falloir à la dame beaucoup de talent pour infiltrer la maison, heureusement, son équipement magique lui permettait d'envisager une infiltration et une évacuation amphibie malgré l'amour fou entre l'eau et le papier qu'elle venait prendre ou plutôt copier. L'idée était tentante, même si Moreta n'était pas une nageuse hors paire et que son armure restait handicapante sous l'eau, nager dans un lac calme et des canaux était à sa portée, tant qu'elle n'avait personne aux trousses. Si jamais elle en arrivait là, il lui faudrait compter sur sa vitesse et sa magie pour se mettre à l'abri.
Ayant déjà pris la décision de commencer par cette maison, qui semblait sur le papier être la plus accessible, la dame se décida à rester dans les parages pour observer les allers et venues autour de l'habitation, mais en privilégiant la discrétion à l'information, elle préférait en savoir moins et ne pas être remarquer. Dans l'idéal, une taverne aurait une terrasse lui permettant d'observer la villa et son entrée. Elle voulait voir s'il y avait d'autres gorilles que les deux planctons devant la grille, et leur éventuelle relève pour la nuit. Après quelques heures, elle allait être obliger de s'approcher, il lui faudrait regarder si elle aurait aussi à traiter avec de la magie dans la zone, il lui fallait espérer que la maison ne serait pas suffisamment éloignée pour être hors de portée du tour de magie, mais au moins pourrait-elle voir si le jardin était protégé dans le pire des cas. Malheureusement, l'inspection maritime devrait attendre le lendemain, mais l'elfe jeta quand même un œil dans les alentours pour trouver un lieu où elle pourrait entrer et sortir de l'eau sans être repérer depuis la maison ou les grandes rues.

A la mention de Jebeddo, Karmeth se contenta de hocher la tête sans conviction.

-Ca fait un moment que je suis sur les routes... marmonna-t-il.

Il avait bien entendu parler d'une fraternité qui les avaient rejoins, mais c'était juste avant d'être envoyé en mission à l'époque et n'avait depuis jamais rencontré l'un de leur membre.
Malgré tout ce nom lui disait quelque chose donc pourquoi pas. Il se nota de demander à le rencontrer quand l'agitation sera retombée, peut-être que lui en savait plus sur ce qui était arrivé à l'Œil.
Mais pour l'heure si ses camarades avaient pris la peine de l'aiguiller ici sans qu'il s'en rende compte, c'était probablement pour une bonne raison. Aussi il préféra se concentrer sur sa partie préférée : l'action.

-Alors allons voir si ce Comte est disponible ! Histoire que nous puissions l'assommer de questions à son tour.

Le Kaxanar était déjà en train de replacer son arme sur son dos. La soirée était riche en rebondissement et il avait hâte de voir ce qu'elle réservait encore comme surprises. La fatigue du voyage s'en faisait presque oublier.

-Oh, j'ai encore deux questions. Vous parlez de "vos travaux", de quoi s'agit-il exactement ?

En posant la question, le nain s'était concentré sur son Iris. La pièce de platine était restée muette pendant longtemps, mais si Bylgja en avait une elle aussi peut-être que son dragon se réveillerait. Même s'il y avait de fortes chances qu'elle soit juste dans la confidence, Karmeth préférait en avoir le coeur net.
Et dans tous les cas il était curieux de savoir quelle activité pouvait bien nécessiter un financement privé et un local de la Garde.
Après avoir écouté la réponse, il posa sa deuxième question avec une pointe d'inquiétude :

-Et en cas d'agression, nous avons le droit de tuer les assaillants ou c'est mal vu ?

Sans dire un mot, Moira observa les deux pions de la garde locale en actions. Que l'un d'entre eux connaissent des rudiments de magies lui fit hausser un sourcil bien haut: le maximum possible de l'étonnement chez la grande Damarienne. Pour ce que ça lui servit: malgré une incantation impeccable l'obscurité magique ne bougea pas d'un iota. Il fallu attendre l'arrivée de leur supérieure hiérarchique pour remédier à la situation. Moira commenta dans son souffle:

-Koto de nekke denalo.

La mercenaire remis la statuette à moitié finie dans sa poche et ré-entra dans le Marché des Lames à la suite des représentants de la loi. Elle remis debout une chaise près de la table où elle se reposait dix minutes plus tôt, mais plutôt que de s'asseoir tout de suite, elle se dirigea vers le comptoir d'un pas délibérément lent, enjambant de-ci de-là des morceaux de poteries cassées ou le corps d'un buveur sonné.

Se faisant, elle fit instinctivement travailler ses méninges: si le responsable de ce foutoir avait bien fuit par le toit, il se trouvait forcément dans la salle juste avant pour lancer son petit sortilège. Alors qui manquait à l'appel? Moira tenta tant bien que mal de faire mentalement l'inventaire des personnes présentes...

Elle s'approcha enfin de Vala.

-Il s'en passe des choses, dans votre établissement. C'est toujours aussi animé?

Avec son accent traînant indéfinissable, difficile de dire si c'était une vraie question ou de l'ironie.

*J'espère que le dîner n'est pas annulé, parce que je commence à avoir faim.

Perception +8 pour tenter de déterminer si quelqu'un à disparu dans la salle

Le sang battait aux tempes du damarien un peu plus fort à chaque foulée qu'il faisait dans sa poursuite de ce qui semblait bel et bien être le meurtrier du forgeron nain. La ruelle était aussi déserte que sombre et seule la lanterne qu'il avait pris avec lui permettait de dissiper les ténèbres environnantes. Cela ne faisait qu'allonger un peu plus les ombres de la nuit et renforcer l'aspect menaçant du lieu. Chacune de ces ombres était propice à un piège mortel...

C'est donc avec prudence qu'il progressait malgré sa course, laissant au fuyard une précieuse avance bien qu'insuffisante pour échapper au regard du guerrier.

Cette petite course poursuite finit donc par le mener dans une arrière cour transformée en basse cour où l'attendait le meurtrier. Ce dernier avait le visage masqué et seul un puit de ténèbres à travers sa capuche s'adressait au damarien d'une voix arrogante.
Du coin de l'oeil, Hannibal remarqua l'oie qui s'approchait en caquetant son mécontentement. Il avait toujours eut en horreur ces maudits volatiles qu'il trouvait mauvais par nature et fort peu gracieux lorsque comparés à son cousin le cygne. Il ne les aimait que d'une seule façon... rôties à la broche. Il envisagea même de décapiter l'impudent volatile de son épée sortie mais il se doutait que le propriétaire serait fort peu heureux de découvrir l'animal ainsi décapité à son réveil.

Le damarien se contenta d'agiter la lanterne au visage de l'oie pour l'éblouir un peu. Cela devrait être peu difficile, l'animal étant apparemment sorti de son sommeil depuis peu. La flamme risquait fort d'éblouir ses yeux encore habitués à l'obscurité.

Mais en attendant, le damarien avait d'autres soucis à régler...

-Verdandi hein? Qui est-ce? Un contact? Un employeur? Un client? Le damarien se laissa entraîner dans ce petit échange verbale... ou du moins en donnait-il l'impression. Je vous trouve bien trop bavard pour un assassin.

Le damarien demeurait sur ses gardes malgré tout. Rien n'empêchait le fuyard d'avoir des complices prêts à lui tomber dessus lorsqu'il aurait le dos tourné. En outre, la course poursuite n'était pas encore finie dans son esprit...

4ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
4 Mirtul 1373.
Période de la journée : Début de soirée.
Climat : Soleil couchant. Vent frais.
Température : environ 4 degrés.

Moira :

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Sagesse : 7(Dé) + 1 contre DD ?? = Échec

Le chaos dans la salle principale de l’auberge n’avait pas complètement disparu avec le retour de la lumière. Plusieurs rixes avaient éclatées et les gardes comme les employés de l’établissement s’affairaient à séparer les belligérants. Approximativement au même moment où Moira entra à nouveau dans la pièce, Vatra en fit autant depuis la cuisine. Elle distribuait des ordres aux autres employés mais elle fit cela avec efficacité et la Damarienne n’eut pas à attendre avant de pouvoir lui parler. Elle était visiblement en colère.

Vatra

-Chance, non ! Le Marché des Lames n’est plus depuis quelques temps aussi vivant qu’il l’était mais les plaisantins n’y ont jamais été les bienvenus. J’ignore qui est responsable mais il va payer. Il ferait mieux de prier que la Garde l’attrape avant que je le fasse. -------------------- Cette femme est des plus accueillante mais semble parfaitement capable de faire régner l'ordre en cas de soucis.

Elle fut alors interrompue par l’un des serveurs qui avait des questions et elle se détourna de Moira. Cela lui donna l’occasion de chercher si quelqu’un dans la salle avait disparu. Ce qui n’était pas une tâche aisée. Elle n’avait pas fait plus attention que cela aux autres clients de l’auberge et toutes avaient changé de place lors de la tumultueuse apparition des ténèbres. Deux ou trois fois, elle pensa se souvenir de quelqu’un qui aurait dû être là mais n’y était plus pour le retrouver dans un autre coin de la pièce. Cela ne la menait nulle part.

Pendant qu’elle réfléchissait ainsi, son dîner lui fut servi et les gardes fouillèrent la taverne sous le contrôle de Vatra. Le temps que Moira ait fini de manger, le plus haut gradé des gardes monta sur l’estrade et fit une annonce.

- Il semblerait que rien n’ait été volé et que les seules blessures occasionnées soient le résultat de collisions dans le noir. Si vous vous apercevez que quelque chose vous a été subtilisé ou si vous souhaitez nous aider à interpeller celui, celle ou ceux qui sont responsables, votre témoignage sera le bienvenu dès demain au bastion de la Garde.

La plupart des clients venus seulement pour manger ou boire disparurent rapidement après cela et ceux qui avaient une chambre s’y retirèrent eux aussi. Les serveurs commencèrent alors à nettoyer la salle pendant que Moira fut conduite à sa chambre.

Corvo Stern et Karmeth:

Bylgja ne chercha pas à s’empêcher de rigoler quand Karmeth annonçât son désir d’assommer le Comte de questions. Ils se mirent donc en marche. Ils n’avaient pas besoin de sortir du château, seulement de traverser l’une des cours qui était déserte à ce moment-là. Elle profita de la marche pour répondre aux questions que le nain avait ajoutées.

Bylgja

-Par mes travaux, je voulais dire les tentatives que j’ai faites de repousser les assaut du Grand Ver Rouge. Padhiver même est protégée, je ne suis pas certaine de comment mais le Comte en sait plus à ce sujet si cela vous intéresse, et cela suffit amplement à la plupart des membres du Conseil, et des habitants de la cité, mais il n’en est pas de même des champs et pâturages qui l’entourent. Les paysans du coin sont content de savoir qu’ils peuvent venir s’abriter des attaques du dragon ici mais cela ne rend pas moins amère la découverte que leurs champs et leur bétail ont disparu quand ils retournent à leurs fermes. J’essaye de repousser le dragon avant qu’il ne cause autant de dommage qu’il le peut mais ce n’est pas simple et, évidemment, pas sans danger et il y a peu de candidats pour de telles escapades. En ce qui concerne votre droit à la légitime défense, votre vie prime. Si vos agresseurs survivent, cela peux aider l’enquête mais il ne vous en sera pas tenu rigueur si ce n’est pas le cas. Il peux arriver qu’il y ait quelques complications et que vous ayez à prouver que vous avez été attaqués mais c’est assez rare. -------------------- Bien que de petite taille, Bylgja a l’air prête à affronter un dragon en face à face. Et avec suffisamment d’assurance pour faire douter le grand ver.

Karmeth profita de l'occasion pour se concentrer. Il pouvait identifier les membres de sa guilde par un léger effort mental et, étant donné les informations que Bylgja semblait avoir, il y avait une chance qu'elle en soit aussi membre. Un dragonnet fantomatique apparut aux côtés de l'humaine confirmant les suspicions du Kaxanar.

Après une poignée de minutes, ils se trouvèrent devant une porte sur laquelle Bylgja frappa. Après quelques secondes, une voix masculine les invita à entrer.

Metzli :

Aksel hocha la tête quand Metzli commença à lui poser des questions sur comment elle pouvait s’y prendre pour identifier l’envoyé de la Main des Mystères mais il lui fallu quelques secondes avant de commencer à prononcer une réponse.

Aksel Tørshavn

Hélas, je ne suis pas certain de savoir quoi vous répondre. Tous les membres de la Main des Mystères possèdent une gemme-esprit mais il est probable que celui que nous cherchons essaye de la cacher. En temps, normal, j’aurais dit que le premier endroit où il aurait pu se rendre est la Tour des Capes mais j’aurais été prévenu si cela avait été le cas. Mais ils en savent peut-être plus que ce qu’ils m’ont dit. Une autre ... -------------------- Aksel Tørshavn a un air de noblesse indéniable et, le plus souvent, un petit sourire en coin. Il lui manque sa jambe droite qu’il compense avec une béquille en bois.

Quelqu’un frappa à la porte à cet instant et le Comte se tut. Il se tourna vers la porte et donna l’autorisation d’entrer à ceux qui venaient de les interrompre.

Metzli, Corvo et Karmeth:

Deux humains, un homme et une femme, et un nain à l'air martial firent leur entrée dans le bureau. La jeune femme porta sa main à son coeur avant de commencer à parler.

Bylgja

-Voici Corvo Stern et Karmeth … Elle fit une courte pause lorsqu’elle posa les yeux sur Metzli. ..., votre Grandeur. Ils sont prêts à nous assister pour … vous savez quoi. Je suis désolé, est-ce que nous vous avons interrompus ? -------------------- Bien que de petite taille, Bylgja a l’air prête à affronter un dragon en face à face. Et avec suffisamment d’assurance pour faire douter le grand ver.

Hannibal :

Assis sur la faite du poulailler, celui qu’Hannibal venait de passer de longues minutes à poursuivre gloussa comme s’il était en train de discuter avec un ami. Il regardait les efforts du Damarien pour éblouir l’oie qui étaient couronnés de succès mitigés. L’animal continuait de faire du bruit mais il semblait être moins décidé à donner un coup de bec à l’intrus.

-Il faut dire que l’assassinat n’est que l’une des nombreuses cordes à mon arc. Et pas celle que je préfère, cela va sans dire. Mais qu’y puis-je ? Je ne peux pas faire d’omelette sans égorgé un nain. Mais il n’était pas drôle ! Il aurait pu se défendre, ou essayer de fuir ou même plaider pour que je l’épargne. Mais non. Il est mort sans voir la lame arriver. Quelle déception ! J’ose espérer que tu feras mieux quand ton tour viendra.

Pendant qu’il parlait, la totalité de son corps semblait danser, alors qu’il restait assis, et cela de manière indépendante. Mais il s’arrêta net quand il arriva à la fin de cette phrase. Il reprit, immobile, cette fois.

- Je ne vais pas te dire qui est Verdandi. Cela ne serait pas amusant. Le plaisir d’un puzzle est dans le chemin qui mène à sa complétion, pas dans le résultat final. Je ne suis pas si diabolique que je te priverai de ce plaisir. Mais, si tu veux m’attraper et que nous ayons une chance de jouer ensemble, il va falloir que tu te dépêches de trouver les pièces manquantes. Vois-tu, je ne suis pas très patient.

Et il recommença à rire. Cela était à peine moins désagréable que les cris de l’oie qui était toujours aveugle mais loin d’être muette.

5ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
5 Mirtul 1373.
Période de la journée : Début de matinée.
Climat : Ciel dégagé. Vent frais.
Température : environ 3 degrés.

Moreta :

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Furtivité : 20(Dé) + 11 contre DD 20 = Réussite
Art de la magie: 19 (Dé) +6 contre DD 17 = Réussite
Art de la magie: 2 (Dé) +6 contre DD 17 = Échec
Psychologie: 11 (Dé) + 8 contre DD 5 = Réussite
Psychologie: 15 (Dé) + 8 contre DD 17 = Réussite

Les alentours du lac étaient clairement réservés aux maisons des familles les plus affluentes et le trafic dans la rue était constitué principalement de trois groupes : des fiacres contenant les résidents et leurs visiteurs, des gardes patrouillant les environs, la plupart aux couleurs des diverses familles plutôt qu’à celles de la Garde, et des valets et autres serviteurs allant et venant. Moreta ne pouvait pas vraiment se faire passer pour un membre d’un de ces groupes et devait donc rester en mouvement pour éviter que quelqu’un se demande ce qu’elle faisait là.

Par contre, les voitures lui donnaient une bonne raison de se coller à la haie pour maximiser les chances que sa Détection de la magie atteignent le manoir lui même. Les premières secondes du sort lui prouvèrent que la famille Kardein avait accès à de la magie. Il y avait une douzaine d'auras la plus puissante étant modérée. Ces auras avant tendance à être par paires ou triplets. Les deux seules sources qu'elle pouvait réellement voir de son point d'observation étaient les deux gardes devant le portail dont les auras étaient faibles. Celle du garde le plus proche appartenait à l'école de l'invocation mais Moreta ne parvenait pas à identifier celle de l'aura de l'autre garde. Après une poignée de secondes, elle ne pouvait plus espérer passer innaperçue si elle continuait de fixer la même zone et elle recommença donc à marcher.

D'un regard rapide, elle essaya de jauger la compétence des deux gardes. Celui de droite semblait peu à son aise et Morete n'avait aucun doute qu'il ne présentait pas vraiment de danger. En tout cas, si elle pouvait l'affronter selon les termes qui lui convenait à elle. Son équipier était plus dur à jauger mais l'elfe avait le sentiment que si elle devait l'affronter seule, elle aurait un clair avantage.

Il n’y avait pas de taverne à proximité de la demeure Kardein mais quelques propriétés à l’ouest de sa cible se trouvait un bâtiment relativement public. Il s’agissait d’une sorte de théâtre. Il n’y avait pas de représentation aussi tôt dans la journée mais une partie du rez-de-chaussée semblait être occupée par une sorte de salon de thé. Celui-ci n’était pas très animé mais il y avait plusieurs groupes de personnes qui semblaient jouer aux cartes près d’une cheminée. Il y avait aussi des tables à l’extérieur, dont certaines devaient permettre de voir l’entrée du manoir Kardein, mais elle n’étaient pas occupées.

En ce qui concernait l’accès aux canaux, celui-ci ne semblait pas aisé, en particulier s’il fallait rester discret. Il était impossible d’arriver jusqu’au lac à pied sans pénétrer le domaine de l’un des manoirs et le seul accès depuis la rue principale aux canaux étaient les ponts. Depuis l’un deux, Moreta vit que les demeures qui avaient un accès au canal avaient des quais utilisés par des barques contenant les ressources nécessaires à la vie dans ce quartier. En s’éloignant un peu de sa cible, elle trouva aussi quelques ruelles donnant sur l’arrière des propriétés n’ayant pas accès au lac. Celles-ci étaient aussi gardées mais bien moins attentivement que la rue principale.

Retournant sur le boulevard, Moreta put assister à une relève de la garde au portail de la demeure Kardein. Deux soldats guère moins patibulaires que ceux qu’ils remplaçaient ouvrirent la porte d’une guérite sur le côté du portail et les deux en faction entrèrent. Il n’était pas possible de voir le jardin même quand la porte de la guérite était ouverte mais le passage des gardes causa des aboiements de l’autre côté de la haie. Quelques minutes après le changement de gardes, le portail s’ouvrit en grand pour laisser passer un carrosse et l’elfe put entrevoir une route gravillonnée menant à la porte principale du manoir. Un garde, différent des quatre qu’elle avait déjà vu, tenait deux molosses en laisse et semblait les promener entre les parterres de fleurs.

Moira :

Un nouveau jour se levait sur Padhiver et Moira en faisait autant. La veille n’avait pas été aussi productive qu’elle aurait pu le souhaiter mais cela n’allait pas lui faire perdre courage. Elle avait l’embarras du choix sur le contenu de sa journée.



Ce message a été modifié par Ana N' Si le Vendredi 01 Septembre 2017 à 16h58

Ainsi donc il avait une collègue sous son nez depuis le début. Pas étonnant que ShilKerym ai réussi à l'envoyer en mission sans qu'il s'en rende compte, il avait le sens de l'observation d'un cadavre. C'était malgré tout une très bonne nouvelle. Il avait maintenant la certitude qu'il pouvait lui faire confiance, et qu'il n'était pas seul. L'autre bonne nouvelle était que son Iris semblait sorti de son mutisme. Probablement une indication de plus qu'il était arrivé là où il devait être.
Et les réponses de Bylgja était tout à fait à son goût.

-Si nous et le ver sommes toujours là à la fin de cette histoire de succession, je serais volontiers partant pour une de ces petites escapades en campagne. Il en salivait d'avance. Un dragon ! Un vrai !

Mais ils n'en étaient pas là. D'abord il y avait deux organisations maléfiques à contrecarrer. Quel emploi du temps chargé.
Il profita de la marche pour admirer l'architecture du monument. C'était la première fois qu'il mettait les pieds dans un tel endroit, ou du moins un tel endroit encore habité. Les nains étaient fiers de leur cités enfouies, mais il fallait admettre que les humains savaient aussi s'y prendre niveau gros blocs de pierre.
Alors qu'ils étaient introduits auprès du fameux Comte, le nain ne pris pas le temps de détailler les deux personnes présentes de peur de paraitre mal élevé, et se présenta le premier. Une habitude qu'il avait pris sur la route, là où les rares personnes avec qui il communiquait attendait toujours d'en apprendre plus sur l'autre avant de prendre la parole. Généralement ça lui évitait d'avoir à parler davantage parce qu'une fois rassurée les personnes en question devenaient souvent de vrais pipelettes. Notamment pour tout ce qui concernait des ongles incarnés qu'il aurait été incroyable de guérir d'un bon coup de magie divine. Décidemment, sur la route Karmeth appréciait la solitude.

-Désolé pour l'interruption Comte, Dame. Karmeth, prêtre de Haela BrilleHache. Le colonel nous a effectivement fait part de vos ennuis récents, et nous serions ravis de vous prêter main-forte pour en régler au moins une partie.

Il ne savait pas trop jusqu'où Corvo désirais s'impliquer dans l'affaire donc préférait ne pas trop s'avancer pour lui.

-Dans mon cas j'irais même jusqu'à dire que vos problèmes sont les miens.

Ne désirant pas non plus gêner outre mesure il cru bon de préciser :

-Nous pouvons repasser demain pour en reparler si nous vous dérangeons.

Après tout, un homme comme le Comte, avec une si jolie jeune femme, à cette heure, avait peut-être d'autres choses en tête que des complots et des attaques de dragons.

¤ Les gemmes-esprits, oui, bien sûr! Arzhaelig nous en avait parlé lorsqu'il a intercepté la discussion télépathique de la magicienne vêtue de rouge à Asbravn... Une sorte d'objet magique qui leur permettait de communiquer, si j'ai bien compris... ¤

Tout comme la phrase d'Aksel, le fil des pensées de Metzli fut interrompu par l'arrivée impromptue des deux humains et du nain. La jeune ensorceleuse les observa tour à tour : d'abord, le jeune humain qui arborait une étrange chevelure blanche...

¤ Quelle étonnante couleur de cheveux! Son corps agile et sa démarche semblent indiquer qu'il s'agit de l'un de ces hommes qui aiment agir dans l'ombre... un peu à la manière de Télim...¤

...ensuite, le nain...

¤ Celui-là m'a tout l'air d'un puissant guerrier...¤

...et enfin, la jeune femme :

¤ C'est la seule que connaît Aksel, elle doit être à son service... mais il ne lui a visiblement pas parlé de moi, sinon, elle n'aurait sans doute pas parlé à demi-mots en me jetant ce regard... ¤

C'est alors que le nain, qui s'appelait Karmeth (le jeune homme à la chevelure blanche devait donc être Corvo Stern), prit la parole. Elle l'écouta d'autant plus attentivement qu'elle n'avait guère eu l'occasion de fréquenter des nains tout au long de sa vie, hormis les quelques jours passés en compagnie de Joinon.

Karmeth et son compagnon avaient été mandatés pour régler de récents ennuis. Metzli se demanda immédiatement s'il s'agissait de la même affaire que celle dont Aksel venait de lui parler : d'une part, il était probable que le comte ait bien d'autres soucis que celui-là mais, d'autre part, aucun des deux nouveaux venus ne portait d'uniforme de la garde, ce qui laissait entendre qu'il s'agissait d'aventuriers... et on ne recrutait pas d'aventuriers et de mercenaires pour régler de banales affaires.

Ce n'était pas à Metzli de décider de la suite des opérations : c'était à son hôte que revenait la décision d'inviter éventuellement les nouveaux arrivants à se joindre à eux. Néanmoins, par politesse, elle répondit au salut du nain et se présenta à son tour :

- Enchantée de faire votre connaissance. Je suis Metzli Arnesen...

La jeune femme laissa sa phrase en suspens. Peut-être ne fallait-il pas trop dire sur elle à ce stade, estima-t-elle, en se souvenant que le comte lui avait dit qu'elle pourrait devenir une cible pour ses ennemis.

Le roublard était resté silencieux durant tout le trajet qui menait aux quartiers du fameux Comte Tørshavn. Il préférait rester en retrait, se contentant d’écouter les échanges de Karmeth et de Bylgja.

Alors que le nain et lui pénétrèrent dans le bureau à la suite du colonel, Corvo fut subjugué lorsqu’il posa ses yeux sur la jeune femme qui était assise prêt du feu. Elle était magnifique... Sa peau cuivrée et son abondante chevelure noire témoignaient de ses origines exotiques.

¤ L’Amn ou le Calimshan probablement ! ¤

Bien que très différentes, la beauté de la compagne du Comte rivalisait sans peine avec la légendaire beauté elfique. Corvo ne parvenait pas à détacher son regard des ses yeux bruns. Ils avaient quelque chose d’envoûtant...

Karmeth brisa la glace avec Tørshavn ce qui contribua à sortir le roublard de sa pétrification contemplative. Revenu à lui, Corvo réalisa son impolitesse, ce genre de bévue ne lui était pas familier... Sans grands espoirs, il espérait néanmoins que son « blocage » soit passé inaperçu.
Le cas échéant, la belle lui ferait une remarque. Dans le pire des cas, c'est le Comte qui allait lui reprocher cet affront. Après tout, il était connu que les nobles aimaient faire preuve de leur autorité et étaler leur virilité en présence de leur Dame…

Remis de ses émotions, le jeune homme se présenta à son tour :

- Dame Arnesen, Comte Tørshavn ! Le Cormyrien inclina la tête en guise de salutation puis continua. Corvo Stern de Marsembre. Il sembla réfléchir un instant pour trouver ses mots et résumer rapidement sentant à l'instar de Karmeth qu'il dérangait probablement. Mon métier est justement de trouver, ou retrouver, des biens ou des personnes avant d’autres personnes… Par pure coïncidence, il se trouve également que j’ai personnellement eu maille à partir avec les deux organisations qui, semble-t-il, vous causes quelques préoccupations. Je suis prêt à me mettre à votre service, mais comme le souligne à juste titre Messire Karmeth, nous tombons peut-être mal ?

Un semblant de normalité revint après le départ des gardes. Quoi qu'il se soit passé, ils n'avaient pas pu le déterminer, aussi, Moira se désintéressa progressivement de l'affaire. Après le dîner, la mercenaire se retira sans attendre, alors que la fatigue du voyage commençait à lui peser sérieusement. Elle défit son armure avec un soupir et s'étira: demain serait un autre jour.

¤ Edun na noc dara. Seigneur des Morts et Juge des Damnés, garde-moi jusqu'au jour nouveau.¤

Elle dormit d'un sommeil lourd et sans rêves.

Le petit jour s'avéra aussi glacé qu'hier, même pour quelqu'un comme elle habituée aux températures froides. Elle boucla sa cuirasse, son manteau et son épée, sans pour autant avoir d'idée précise de son programme pour la journée. Le Bastion de la Garde semblait être la seule destination qui revenait: pour les trouble d'hier, ou pour la lutte contre Karundax le Rouge. Néanmoins, avant de sortir, elle glissa un mot à Vatra, pour la remercier ainsi que pour lui demander de garder un oeil sur toute expédition qui partirait pour le Valbise.

Padhiver de jour valait mieux que Padhiver la nuit, même si cela restait, pour elle, une ville qu'elle ne connaissait pas. Moira s'autorisa à flâner un peu, mas pas trop: en demandant à droite et à gauche, elle s'orienta vers le Bastion. Il ne lui en coûtait rien pour le moment de venir aux nouvelles.

Ce fut une mauvaise surprise pour Moreta de voir autant de magie à l'œuvre à l'intérieur de la propriété, elle qui espérait une balade tranquille le soir venu risquait d'avoir à faire à fort parti, après il fallait s'y attendre, si l'occupant traitait avec les familles les plus en vue du coin, il n'était pas pauvre.
Heureusement, la majeure partie de la magie à l'œuvre semblait se concentrer sur les différents gardes, personnes plus ou moins compétentes, pour des humains tout au moins. Elle était certainement capable de se défaire facilement de l'un d'eux si jamais on en venait là, peut-être même de deux, mais il fallait dire que si ces jeunes gens maniait les armes depuis des années, elle avait commencé à user son épée alors que leur mère pensait que les bébés naissaient dans les roses et les choux, si ces dernières étaient même déjà nées.
Cette première reconnaissance faite, l'elfe s'installa à un salon de thé à quelques pâtés de maison, buvant tranquillement se boisson en terrasse, dont le plus grand intérêt était la vue sur le manoir qui l'intéressait. L'après-midi fut longue, et de peu d'intérêt, si on exceptait le moment où les grilles s'ouvrirent, lui permettant de jeter un petit œil à l'intérieur. Le propriétaire ne semblait pas prendre la sécurité de la maison à la légère, et il serait plus difficile de tromper l'odorat des chiens que la vue des hommes.
Heureusement, elle pourrait peut-être les éviter en passant par la mer, à n'en pas douter, le ponton donnant sur l'eau semblait moins surveillé que la porte d'entrée principale, ce qui voulait dire qu'elle allait certainement tenter sa chance par là-bas, si elle voulait rester discrète. Restait à trouver comment entrer dans l'eau discrètement, mais c'était à ça que servirait la reconnaissance nocturne de cette nuit.
Aussi, la journée bien entamée, Moreta se décida à rentrer, peut-être que son contact serait déjà là, et même sinon, elle n'avait plus grand-chose à faire dans les parages pour le moment. Autant donc ne pas être vue plus que nécessaire dans les environs, les gens pourraient s'en souvenir, et ce n'était pas ce qu'elle désirait, bien au contraire. Elle allait passer la soirée à se détendre, se coucher tôt, et surtout se lever tôt pour revenir ici sous le couvert de la nuit.