Chapitre 1 : Padhiver

Enfin des éléments concrets ! Le nain était désormais parfaitement rasséréné : il n'avait pas transgressé une loi locale. Une banale histoire d'organisation secrète qui lui marchait encore sur les pieds, intentionnellement ou par manque de chance. Manque de chance parce que, si sa déesse l'avait mis sur leur route, c'était certainement pour qu'il leur brise les... genoux au passage.
Les racontars du "témoin" n'inquiétait guère Karmeth, qui n'avait jamais rencontré Corvo auparavant, ni quiconque lui ressemblant.

¤A moins que ce ne soit un membre de l'oeil que je ne connaisses pas encore ?¤

C'était peu probable, l'oeil l'aurait d'abord contacté lui, avant de commencer à ébruiter son nom un peu partout. Si on écartait donc cette piste pour l'instant, il ne restait que le témoignage bidon, basé sur une petite prédiction. Mais dans quel but ?

Le prêtre écouta avec attention Corvo donner plus de détails. Le jeune homme avait semble-t-il déjà eu maille à partir avec ce mystérieux trône, et le décrivait comme un sacré morceau. Un tout autre que monde que celui où il vivait alors qu'il n'était qu'un petit forgeron de village. Le commerce en général ne se limitait pas aux artisans et aux marchés des grands places, il le savait mais n'en avait jamais apprécié la pleine mesure.

L'humain conclut son récit par une suite de question qui semblait indiquer qu'ils étaient du même avis. Probablement un coup monté, le tout était de découvrir pourquoi. Il appuya la démarche :

-Je n'aurais rien contre le détail de cette mise à prix en effet, non pas que... Il s'interrompit soudainement. La fin de la tirade de Corvo résonnait à ses oreilles. Les articles ! Tauvenal ! C'est lui la cible, vous l'avez dit, alors quel point commun entre moi et Sieur Corvo ? Notre présence chez lui ce soir ! Le témoignage a-t-il été fait aujourd'hui ? Récemment, alors que le crime remonte à hier ? Ou... Ou avec une précision sur l'heure à laquelle nous trouver chez lui ? Si oui c'était forcément afin de forcer le marchand à bouger, juste avant la fermeture. Et dans ce cas lui ou son magasin sont en danger.

Karmeth était parfois paranoïaque, et en cet instant il voyait déjà Talian transpercé par quelques gardes corrompus tandis que son commerce s'embrasait sans crier gare. Il était déjà debout, à guetter la réaction de la jeune femme. Prêt à se ruer vers la porte si elle le demandait, mais aussi avec l'espoir qu'elle en rit et lui demande de se rasseoir. Il ne connaissait guère le marchand mais ne lui souhaitait certainement pas de mal, et rien ne lui aurait fait plus plaisir que de s'être trompé et de poursuivre ce charmant entretien l'esprit en paix.
Mais d'un autre côté, quelle autre raison de les impliquer tous les trois alors qu'aucun d'entre eux ne se connaissait une heure avant ? Comment la garde urbaine aurait-elle pu les trouver ensemble, et aussi vite, alors que lui et Corvo venait juste d'arriver en ville ? Pourquoi diable mettre sa tête à prix alors que la veille il campait à une journée de la ville ?
Si le marchand n'était pas la cible d'un complot, le fils de la pierre était bon pour une grosse migraine.

Il n'y avait point de contrat, rien d'étonnant à cela, après tout l'homme ne voulait pas laisser de traces, mais un accord avait été trouvé entre Moreta et l'étrange personnage. La jolie dame n'était pas tout à fait d'accord avec son employeur, car laisser les informations sur place voulait dire que d'autres pouvaient trouver le tombeau, plus ou moins facilement selon la répartition des informations. Après, tant que la quatrième faction était inconnue des trois plus grandes, la chasse aux sorcières n'était pas ouverte, et l'elfe serait tranquille en ville.
L'accord trouvé et terminé, Moreta n'avait aucune objection sur le lieu ou l'heure, l'elfe se retrouva seule, autant que c'était possible dans un lieu publique. Elle ne trouverait pas son demi-elfe tout de suite, mais au moins aurait-elle les moyens de le pourchasser une fois qu'elle l'aurait trouvé. Et puis, avoir un seigneur dans ses contacts serait toujours utile. Seule, la dame finit son repas, réfléchissant à la suite. A n'en pas douter, le lendemain serait une journée de repérage, à n'en pas douter, mais la musicienne n'avait aucune raison de le faire de nuit, même si elle tenterait peut-être un première effraction dans la nuit du lendemain. Aussi, Moreta n'avait aucune raison de se coucher tôt, et décida de profiter de sa soirée, peut-être même, si cela ne gênait pas le propriétaire, jouerait-elle quelques chansons, tout en buvant un peu. Elle discuterait avec les autres clients, parlant de tout et de rien, mais à l'écoute de ce qui pouvait se passer en ville ces derniers temps, peut-être aurait-elle ainsi une révélation.

Il ne fallut guère longtemps au damarien et à son nouvel "ami" pour traverser l'armurerie. Les réponses du garde dissipèrent quelque peu les doutes du guerrier bien qu'elles lui apportèrent d'autres sujets d'inquiétude. Bien qu'il n'ait jamais croisé de dragons encore, il savait ces animaux rares et plutôt solitaires. Il était plutôt difficile de concevoir plusieurs attaques de dragons en un laps de temps aussi court... il espérait juste ne pas être là au moment où cela se reproduirait.

Mais cela n'était qu'un problème lointain et imaginaire car ce qui les attendait derrière la boutique nécessitait désormais toute son attention et sa vigilance. Le damarien ne fut guère surpris quoi qu’attristé par la découverte du cadavre du forgeron nain. Le spectacle du demi-orque se lamentant sur le cadavre de son compagnon était particulièrement touchant, cet effet renforcé par la carrure massive du marchand comparé au corps plus courtaud du nain. L'image d'un parent serrant son enfant mort contre lui traversa fugitivement l'esprit du guerrier.

Jetant un regard alentour, Hannibal ne put que constater que la rue était déserte et enténébrée par le crépuscule mourant. Il était fort à parier que personne n'avait rien vu ni entendu si ce n'était le responsable de ce crime. Laissant le garde s'occuper du corps du nain et l'examiner, le damarien entreprit de porter son attention vers la porte entrouverte sur le mur d'en face. Il aurait été facile de passer à côté maintenant que les ombres s'allongeaient mais une porte à demi-ouverte avait toujours été source de suspicion pour lui... peut être n'étaient-ils pas totalement seuls dans le coin après tout.

Dégainant lentement et silencieusement son épée, Hannibal fit quelque pas prudents vers la porte tout en restant dans l'angle mort de l'ouverture de sorte à ce qu'une personne située dans la salle de l'autre côté ne puisse le voir. Il fit tinter son épée deux fois sur le pavé de la rue pour attirer l'attention du garde citadin quant à ce qu'il allait entreprendre.
Après une brève hésitation, il dégaina sa dague longue accrochée au bas de son dos pour la tenir fermement de la main gauche. Il n'avait pas le temps d'enfiler sa targe à son poignet gauche car si le responsable de tout cela était encore dans les parages, ils devaient faire vite.

Attendant que son compagnon ait pris conscience de ses intentions, le damarien se prépara mentalement à ce qui allait se produire maintenant. Il visualisait très bien son pied qui enfonçait la porte pour l'ouvrir en grand. Il pouvait voir le reflet de ses lames dans la semi pénombre de la pièce située au delà. Il voyait déjà sa posture, légèrement courbé vers l'arrière et l'épée tenue droite devant lui. Sa main gauche et sa dague viendrait se poser sur son poignet droit de sorte à pouvoir effectuer rapidement un mouvement de cisaille de ses deux lames et bloquer une attaque impromptue... il était temps.

D'un violent coup de pied, il débuta l'opération...

Tout ce qu'elle pouvait entendre était des bruits de bagarres et de vaisselle cassée, des gens zigzagant dans le noir au petit bonheur la chance.

*Mais quelle bande de crétins!*

Moira resta dos contre le mur, et tenta précautionneusement, un pas après l'autre, de glisser hors de la zone d'effet du sort. Au début, il lui avait semblé entendre du bruit à l'étage: peut-être un gémissement ou un cri de surprise. Si ce sort de Ténèbre n'était qu'une diversion, cela voulait dire que la vrai raison de tout ceci se trouvait au-dessus. Pourquoi tout ça? Est-ce que quelqu'un d'important résidait en ce moment à l'auberge? La tenancière derrière le bar devait sûrement en savoir plus à ce sujet.

A dire vrai, Moira s'en fichait pas mal. Tout ce qu'elle voulait était de passer une soirée tranquille, pas de se retrouver au milieu de ce foutoir.

4ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
4 Mirtul 1373.
Période de la journée : Soirée.
Climat : Nuit étoilée. Vent frais.
Température : environ 3 degrés.

Moira :

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Équilibre : 5(Dé) - 2 contre DD 10 = Échec

La seule chose qui intéressait la Damarienne était de sortir de cette obscurité magique qui ruinait sa soirée. Sans savoir exactement qu’elle était l’étendue du sort, il semblait plus aisé de se diriger vers la sortie vers la rue, plus proche, que vers le reste du bâtiment.

Suivre le mur était le moyen le plus simple de se rendre jusqu’à l’issue la plus proche mais cela ne l’empêchait pas de devoir esquiver les clients en train de s’agiter ou les meubles renversés. Essayant de naviguer tant bien que mal l’obscurité absolue qui l’entourait de toute part, Moira avançait doucement mais surement. Elle gardait sa main gauche contre le mur et, avec sa main droite et du pied, elle essayait de détecter les obstacles avant de les rencontrer. Elle avait réussi à trouver son rythme. En tout cas jusqu’à ce que quelque chose ou quelqu’un ne se jette sur son passage et ne la fasse trébucher. Sous le coup de cette nouvelle surprise, elle ne réussit pas à maintenir son équilibre et s’affala sur le sol.

Sa main gauche collée contre le mur, elle ne pouvait utiliser que la droite pour amortir son choc mais celle-ci heurta quelque chose de dur, probablement un banc renversé. Son épaule rencontra le même obstacle et, enfin, son nez toucha le sol. Elle avait connu bien pire comme douleur mais ce n’était tout de même pas très agréable. Un mince filet de sang s’écoulait de son nez et elle était étendue sur le sol après n’avoir parcouru que la moitié de la distance jusqu’à la porte. Avant qu'elle ait le temps de se relever quelau'un lui avait marché sur la cheville, ce qui n'était pas une sensation très agréable, non plus. Dans l'obscurité toujours totale, elle entendit une personne paniquer au loin et, comme une flamme dans un faisceau de bois sec, tout le monde perdit son calme et commença à hurler et à courir dans tous les sens.

Cela ne facilitait pas vraiment les choses pour Moira qui continua malgré tout d'essayer d'avancer. Choisissant de rester dans une position presque accroupie lui permettant d'avoir un centre de gravité plus bas, elle continua son chemin repoussant sans modération ceux et ce qui se trouvaient sur son chemin. Après un peu plus de trois minutes supplémentaires, elle sortit de la zone d'obscurité. La nuit était maintenant tombée et il n'y avait donc pas énormément de lumière mais il s'agissait d'un net progrès par rapport à la cécité. Se relevant, elle put regarder l'auberge. Toute lumière disparissait une poignée de centimètres après la porte principale mais beaucoup de bruit en provenait. Il y avait peu de passants dans la rue mais la plupart ne semblaient pas décidés à s'arrêter. À l'étage, des lumières étaient allumées et l'une des fenêtres était entrouverte.

Moreta :

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Représentation : 8(Dé) +19
Moreta gagne 3 PO + boissons pour la soirée
Social: 9(Dé) + 17 contre DD 10 = Réussite

N’ayant aucune raison d’aller se coucher et peu de choses à faire en ville, Moreta profita de sa soirée à l’Auberge du Chaudron Rutilant. Les clients n’étaient pas particulièrement loquaces ou enjoués mais leurs langues avaient tendance à se délier au fur et à mesure que l’alcool descendait le long de leurs gosiers.

Le tenancier accepta l’offre de musique avec un haussement d’épaule. Presque personne ne lui prêta attention quand elle commença à jouer quelques notes sur sa guitare mais cela changea une fois qu’elle eut commencé à jouer sérieusement. Les discussions cessèrent et tous les yeux se tournèrent vers elle. L’elfe ne joua pas particulièrement bien, selon ses propres standards, mais elle était clairement la meilleure musicienne que quiconque dans l’auberge n’avait jamais vu jouer d’un instrument. Quand elle finit par s’arrêter, plusieurs voix s’élevèrent pour lui demander de continuer et le propriétaire, maintenant un peu plus chaleureux, lui offrit une poignée de pièces d’or qu’il avait collectées, et sur laquelle il avait pris sa part, assurément, et l’informa qu’elle pouvait consommer autant qu’elle voulait ce soir.

Plusieurs clients étaient prêts à discuter avec elle mais la majeure partie de ce qu’ils avaient à dire était d’un intérêt très limité et concernait leurs emplois. Nombre d’entre eux semblaient travailler sur le port ou au marché à charger et décharger les marchandises arrivant en ville, certains repartant avec les caravanes ou les navires vers d’autres cieux. La plupart des autres étaient des paysans.

Personne n’évoqua la place que s’était ouverte au Conseil et la quête pour l’obtenir mais plusieurs parlaient des effets de la maladie. Un tiers de la population avait péri et cela voulait dire que le travail ne manquait pas même si le volume de marchandises avait légèrement diminué. Les deux seuls sujets moins anodins qui étaient évoqués concernaient les attaques récentes d’un dragon rouge, qui semblait incapable de s’en prendre à la ville mais avait détruit plus d’un champ de blé ou de houblon et dévoré plusieurs têtes de bétail causant de nombreuses difficultés dans les communautés agraires, et une étrange rumeur à propos d’une sorte de vampire mental que personne n’avait vu mais dont tout le monde avait entendu parler par un ami d’un ami d’un ami.

Après plusieurs heures, l’auberge commença à se vider et Moreta fut dirigée vers sa chambre. Celle-ci était petite et loin d’être luxueuse mais le lit n’était pas inconfortable, la fenêtre ne pouvait pas s’ouvrir et le verrou sur la porte était de bonne qualité.

Corvo Stern et Karmeth:

Pendant que Corvo expliquait ce qu’il savait du Trône de Fer, Bylgja était restée silencieuse mais elle faisait régulièrement des mouvements de tête ou des grimaces pour marquer son accord ou pour regretter que les accusations du Cormyréen ne soient pas encore prouvées. Comme les deux aventuriers avaient nombres questions, elle reprit la parole aussi calmement qu’elle le pouvait. Mais ce n’était pas simple.

Bylgja

Bien sûr que non, ce n’est pas moi qui ai mis vos têtes à prix! Croyez-vous que nous serions en train de discuter ainsi si je vous voulais morts ? Autant que je le sache, c’est le Trône de Fer qui est responsable. Elle prit une profonde inspiration avant de reprendre. Concernant la vie de monsieur Tauvenal et son commerce, ils sont sous bonne garde. C’est d’ailleurs parce que la porte de son magasin est gardée jours et nuits que vous y avez été trouvés. Concernant le témoin, il est aussi fiable que peux l’être un témoin, ce qui, je vous l’accorde, ne veux pas dire grand chose. Selon toute probabilité, le Trône de Fer essaye de vous discréditer et/ou de vous faire peur. Il est possible que cela soit simplement parce qu’ils ont la mémoire longue. Ou pour continuer leur entreprise de sape du commerce de monsieur Tauvenal mais le lien semble plus que ténu. Votre présence dans son magasin semble n’être qu’une coïncidence. Je pense savoir quelle est votre place dans ce puzzle, Messire Karmeth, même si je ne peux pas en dire plus pour l’heure. Elle tapota plusieurs fois sur son bureau, le regard fixé au-dessus des têtes de ses deux interlocuteurs, avant de reprendre. En ce qui concerne mon enquête, je ne suis pas certain de voir ce que vous voulez dire quand vous proposez d’utiliser les mêmes armes que le Trône de Fer. Vous parlez de commerce légal ou de leurs agissements moins publics? Je ne vois pas comment l’un ou l’autre peuvent nous aider et le Joyau du Nord sera tombé bien bas quand les gardiens de sa paix devront faire usage de corruption pour arriver à leurs biens. Par contre, je vais probablement avoir besoin de votre aide. -------------------- Bien que de petite taille, Bylgja a l’air prête à affronter un dragon en face à face. Et avec suffisamment d’assurance pour faire douter le grand ver.

Metzli :

Pendant que Tzotzil profitait de la possibilité de courir dans l’herbe et d’attraper quelques petites proies, Aksel confirma que l’aide des gardes allait être la bienvenue. Metzli n’eut toutefois pas besoin de crier ou de se déplacer: deux gardes arrivaient en courant, prêts à dégainer leurs armes si besoin était : Visiblement la lumière avait été suffisante pour attirer leur attention.

Si l’ensorceleuse n’avait pas la corpulence suffisante pour transporter un homme inconscient, bien que Nybold sembla être lui-même plutôt maigrelet, il n’en était pas de même des gardes qui ne semblaient pas particulièrement encombrés. Tous deux avaient retirés leurs écharpes, qui s’avéraient être plus longue qu’elles ne le semblaient, et en avait fait une sorte de brancard de fortune. Aksel s’était relevé en s’appuyant sur sa béquille, qui continuait de briller et invita Metzli à le suivre une fois qu’elle eut récupéré son familier.

Ils marchèrent pendant quelques temps en silence mais Aksel finit par prendre la parole quand ils franchirent le Pont du Dauphin qui enjambait le fleuve. Il avait les traits un peu tirés et il était évident qu’il était inquiet.

Aksel Tørshavn

-Nybold était chargé de surveiller nos arrières contre les agents du mal dont je vous parlais. Visiblement, ils l’ont vu avant qu’il ne les voit. C’est une longue histoire et il vaut mieux attendre d’être dans mes quartiers avant d’en discuter. -------------------- Aksel Tørshavn a un air de noblesse indéniable et, le plus souvent, un petit sourire en coin. Il lui manque sa jambe droite qu’il compense avec une béquille en bois.

Ils se trouvaient maintenant au pied des murailles du château qu’ils longèrent jusqu’à arriver à la porte principale qui se trouvait derrière un grand portail forgé et un cordon de gardes. Certains firent mine d’arrêter Metzli mais le regard que leur lança le comte et leurs deux collègues en train de transporter quelqu’un les firent changer d’avis. Aksel ordonna que Nybold soit conduit à la Tour des Capes et qu’on prenne soin de lui. Les deux gardes qui les avaient accompagnés s’arrêtèrent au portail pour prendre un brancard plus adapté et deux autres leur emboitèrent le pas. Ils traversèrent une cour assez vaste et entrèrent dans une salle où une cheminée prodiguait une chaleur bienvenue. Deux chaises molletonnées se trouvaient près du feu et Aksel invita Metzli à s’asseoir sur l’une des deux.

Aksel Tørshavn

- Je ne sais pas trop par où commencer. Voyons ... Une place s’est ouverte au Conseil de Padhiver et le Gardien du Savoir Clairemane a décidé que celui qui ramènerait un certain trésor l’obtiendrait. Il s’agit d’objets ayant appartenus à un roi local dont je n’avais jamais entendu parler ayant vécu à l’époque de Néthéril. Watger Clairemane est un ami mais il manque parfois de sagesse. Il y a des secrets magiques qui sont mieux oubliés et je crains que le grimoire qu’il cherche ne soit dangereux entre de mauvaises mains. Et, entre de mauvaises mains, il pourrait bien tomber. Depuis que quelques riches familles marchandes ont commencé à chercher comment mettre la main sur ces artefacts, le mal dont je vous ai parlé a fait plusieurs victimes et je ne pense pas que cela soit une coïncidence. Plusieurs individus, sans lien évident entre eux a priori, ont subi des “accidents” récemment. Ceux qui n’ont pas disparu, ne sont pas morts et n’ont pas perdu la raison, ont des trous de mémoire. Nybold est probablement leur dernière victime et j’espère que nous sommes arrivés assez vite pour que les dommages ne soient pas trop profonds. Outre le fait que les attaques aient commencés à peu près au moment de l’annonce de la quête, plusieurs des victimes sont des personnes qui avaient des informations concernant cette entreprise et ceux qui y participent. Je ne sais pas si quelqu’un essaye de mettre des bâtons dans les roues des familles marchandes ou de rassembler les objets pour lui-même mais je suis inquiet. J’ai demandé l’aide de la Main des Mystères et on m’a confirmé l’arrivée de leur émissaire mais je ne l’ai pas vu et la Main a perdu tout contact avec lui. Et cela ne me rassure pas vraiment. Est-ce que vous acceptez de m’aider à trouver le fin mot de cette histoire? -------------------- Aksel Tørshavn a un air de noblesse indéniable et, le plus souvent, un petit sourire en coin. Il lui manque sa jambe droite qu’il compense avec une béquille en bois.

Hannibal :

Les petits coups d’épée d’Hannibal sur le sol attirèrent l’attention du soldat qui lui confirma qu’il avait compris d’un hochement de tête. Il se tendit lui aussi prêt à bondir à la suite du mercenaire et à lui porter secours le cas échéant.

Dès qu’il eut décidé que le moment était venu, Hannibal poussa la porte du pied et pénétra dans la salle. Il n’y avait presque plus de lumière venant de l’extérieur et, si la pièce dans laquelle il venait de pénétrer avait une source de lumière elle était éteinte. Le garde derrière lui posa une main sur son épaule et prononça quelques mots.

-Une seconde. J'ai de quoi faire un peu de lumière.

Il y eut alors un léger bruit dans le dos du mercenaire et une lumière apparut. Comme il se trouvait directement devant la source lumineuse, son ombre se projetait dans la pièce mais il était maintenant bien plus aisé de voir où il se trouvait. Il fit quelques pas en avant et le garde le suivit. La pièce ressemblait à une sorte d’entrepôt avec des caisses le long de tous les murs. Plus haut, des rideaux sombres dissimulaient visiblement des ouvertures car ils dansaient sous l’effet du vent. Un lourd cadenas était fracassé sur le sol à quelques centimètres des pieds d’Hannibal et une lanterne était posée contre la caisse la plus proche. Le centre de la pièce était occupé par une table sur laquelle se trouvait un tas de feuillets et divers objets. Hannibal ne voyait pas d’autre issue mais la lumière n’était pas suffisante pour voir le mur opposé à la porte par laquelle ils étaient entrés. Il ne voyait personne mais la pièce contenait assez d'espaces où se dissimuler pour qu'une douzaine de personnes puissent être embusquées dans divers coins sans pouvoir se voir les uns les autres. Si quelau'un voulait leur tendre un piège, il s'agissait probablement du meilleur endroit pour cela. Il n’entendait pas le moindre son mais cela ne voulait pas dire que personne d'autre que lui et le soldat ne se trouvaient à proximité.

5ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
5 Mirtul 1373.
Période de la journée : Début de matinée.
Climat : Ciel dégagé. Vent frais.
Température : environ 3 degrés.
Moreta :

La nuit s’était passée sans trouble aucun et un nouveau jour attendait maintenant Moreta. Elle n’avait pas fait grasse matinée mais nombre d’habitants de Padhiver n’avaient pas attendu le soleil pour commencer leur journée. Un petit-déjeuner était servi dans la salle principale du Chaudron Rutilant se composant de lard et d’œufs avec du pain frais et un verre de cidre doux mais la pièce était loin d’être pleine de clients.

Metzli avait docilement suivi Aksel, non sans jeter quelques regards par-dessus son épaule afin de vérifier que personne ne les suivait. Les nombreux gardes surveillant les abords des quartiers de son hôte la rassurèrent néanmoins et c'est l'esprit allégé qu'elle s'assit dans le siège qu'on lui présentait. Tandis qu'elle écoutait son interlocuteur lui présenter les faits troublants qu'il avait évoqués dans les jardins, la jeune ensorceleuses profitait pleinement de la douce chaleur du feu qui se trouvait à proximité, ce qui était loin d'être un luxe par ces froides températures.

Le récit d'Aksel révélait de probables tensions internes au cœur même de Padhiver. La jolie amnienne n'y connaissait rien en politique et laissait plutôt ce genre de problèmes au gens qu'elle considérait comme plus sages, plus expérimenté et même plus intelligents qu'elle, à l'instar du barde Arzhaelig dont la présence lui manquait. Bien qu'elle préfère s'attaquer à des problèmes plus simples et plus immédiat, elle ne pouvait se résoudre à laisser tomber quelqu'un qui sollicitait son aide.

¤ Ainsi suis-je faite... ¤

Elle prit un court moment de réflexion avant de répondre :

- Je vous aiderai, bien évidemment. Je me suis toujours efforcée de combattre le mal où qu'il se trouve et de rendre le monde plus agréable. Mais j'ai bien évidemment beaucoup de questions à vous poser car je crains de ne rien y connaître à la société de Padhiver.... Suspectez-vous une famille ou une organisation en particulier? Depuis quand ces attaques ont-elles commencé? Avez-vous une idée de comment s'y prennent-ils pour rendre leurs cibles folles ou amnésiques? Poison ou magie? Avez-vous un début de piste que nous pourrions exploiter?

La jeune femme marqua une nouvelle pause avant de poursuivre :

- Et qu'en est-il de l'attaque qui vient de se produire? Nybold était-il leur cible ou était-ce vous qu'ils visaient? Et, en ce qui me concerne, dois-je à présent surveiller mes propres arrières?

Cette pensée avait quelque chose d'inquiétant mais il était trop tard pour reculer. Metzli caressa son familier pour se rassurer tout en attendant les réponses d'Aksel.

-Quand vous parliez de mise à prix, je crois que Sieur Corvo pensais plus à une prime pour notre capture qu'à un contrat sur notre mort. N'en prenez pas offense.

¤A dire vrai moi aussi... Voilà qui change tout. Ce serait pousser la blague un peu loin s'il ne s'agissait que d'une simple diversion.¤

On voulait donc sa mort ? Cette froide réalisation avait calmé instantanément le fils de la pierre. A partir de maintenant c'était tuer ou être tué.
Et il manquait terriblement d'information... même la jeune femme qui leur faisait face semblait en savoir plus que lui sur son implication dans l'histoire.
Malheureusement elle ne révélait les différents éléments de l'affaire qu'au compte-goutte. C'était assez cruel de sa part de leur apprendre qu'on voulait sa peau mais refuser de dire pourquoi.

-Vous voulez notre aide ? La mienne vous est toute acquise, même si j'aurais apprécié connaître ma place dans tout ça. En revanche il faudra quand même être plus spécifique sur la nature de cette aide, dit-il sur un ton amusé.

Karmeth avait conscience d'enfoncer une porte ouverte, mais il espérait par là-même indiquer à Bylgja qu'elle ne leur avait pas encore donné beaucoup de billes pour prendre une décision quelconque. Certes une menace mortelle était un bon argument pour pousser les gens à collaborer, mais ça pouvait aussi être une excuse tout à fait valable pour quitter la ville au plus tôt. Il n'en aurait pas voulu au jeune homme si ce dernier leur annonçait son intention de repartir par le premier bateau venu. Lui-même était déjà parti pour botter les fesses de ce Trône donc toute aide était bonne à prendre, mais il commençait déjà à envisager une approche beaucoup plus directe que cette conversation.

-Aussi, y-a-t'il eu d'autres mises à prix publiées en même temps que les notre ? demanda malgré tout le prêtre qui cherchait désespérément un lien logique entre lui et les deux autres cibles.

Il n'y eut pas de cri ou d'attaque éclair et inopinée lorsque le damarien enfonça la porte d'un coup de pied... juste le silence de la nuit. Hannibal ne pouvait nier qu'il était soulagé de savoir qu'il n'était pas seul sur cet affaire et qu'au moins une personne couvrait ses arrières. Il ne connaissait rien de ce garde mais il lui semblait être un homme compétent et le symbole qu'il arborait au bout de son collier inspirait la confiance.

Derrière lui, un allié fiable. Devant lui... les ténèbres et le silence.

Les secondes s'égrainèrent lentement à mesure que le damarien réfléchissait à leurs options. Fouiller l'endroit n'était pas sans risques. Ils étaient deux avec une seule source de lumière qui ne parvenait pas à éclairer l'intégralité de l'entrepôt. S'ils décidaient de fouiller méthodiquement ce lieu, ils devraient laisser la porte sans surveillance et l'assassin qui pouvait encore se cacher ici pouvait leur filer entre les doigts sans qu'ils s'en rendent compte.
Le damarien hésita à demander au vigile de rester ici avec sa lumière tandis qu'il explorait la pièce mais s'ils faisaient ainsi, celui qu'ils traquaient serait parfaitement au courant de leur plan puisqu'il les aurait déjà vu grâce à la lumière émise par le garde. En outre, le damarien aurait besoin d'un certain temps pour que ses yeux s'adaptent à l'obscurité.

Son regard s'attarda quelques instants sur la lampe située près de l'entrée. Elle était froide au toucher mais cela ne prouvait rien, surtout si le coupable avait attendu le bon moment pour frapper le pauvre nain.

-Gardez la porte des fois que quelqu'un chercherait à s'enfuir. Il se retourna juste le temps de voir si son allié acquiesçait à son plan. Je vais jeter un oeil de plus près... Et si possible, envoyez l'orque chercher du renfort. On ne sait pas à quoi s'attendre.

Le guerrier rengaina sa dague au creux de son dos avant de farfouiller dans son sac à dos pour en tirer son briquet à amadou. Il entreprit d'ouvrir la capote de la lampe pour en allumer la mèche, espérant que le réservoir à huile n'était pas vide. Une fois allumée, le damarien brandirait la lampe devant lui de la main gauche tout en serrant fermement son épée de la droite, l'arme légèrement en retrait pour pouvoir parer dans toutes les directions.

Seul... il s'enfonça dans les ténèbres de l'entrepôt pour en explorer les ombres.


Fouille de l'entrepôt pour trouver si une personne se cache.

Moira se fraya un chemin jusqu'à l'extérieur, distribuant un coup par ci, un coup par là, mais l'air frais au final fût un maigre réconfort pour son humeur désormais massacrante. S'essuyant le visage avec un vieux mouchoir, elle jeta un oeil de nouveau à l'intérieur: pas de changements, les bestiaux continuaient à se battre dans le noir total.

*Ce truc va bien finir par s'arrêter...*

Elle regarda ensuite autour d'elle, pour constater que les cris et les bruits de bagarre ne semblaient alarmer personne. Une nuit ordinaire à Padhiver?

Avec un soupir, elle s'adossa au mur près de la porte. La seule raisons qu'elle voyait à tout ceci était que quelqu'un avait besoin d'un diversion pour commettre un vol quelque part, probablement à l'étage. Elle n'avait pas encore eu l'occasion de s'y rendre, peut-être qu'un personnage riche et important y résidait? Comme par exemple un nobliau prêt à dépenser une petite fortune pour de vieille reliques poussiéreuses?

Machinalement, elle sorti de sa poche une figurine de bois inachevée et se remis à tailler avec la pointe de son couteau. Quelle soirée... Au moins avait-elle eu le temps de finir sa bière.

(perception pour garder un oeil sur les alentours)

La réaction de l'officier ne se fit pas attendre après que Corvo ai suggéré qu'il fallait combattre le Trône de Fer avec les mêmes armes que lui... A dire vrai, le roublard n'en attendait pas moins de la part d'un membre de la garde. Il se félicita intérieurement de ne pas s'être étendu sur la manière dont il avait lui même déjà combattu l'organisation... Le jeune homme dut toutefois se contenir pour ne pas laisser échapper un éclat de rire lorsque le colonel eu terminé sa tirade.

¤ Ah ben on y est ! Ça s'offusque à l'idée d'agir avec des manières non conventionnelles et ça demande de l'aide par la suite à deux inconnus ! ¤

Qu'on soit sur la Côte des Epées ou au Cormyr, les officiels étaient décidément tous les mêmes ; effarouchés à la moindre idée de sortir des règles du jeu pour en créer de nouvelles... Bylgja et Padhiver ne dérogeaient visiblement pas à la règle. Drapés dans leur moralité, il leur fallait faire appel à des individus aux méthode plus souples. Au final c'était une chance car c'est ce qui faisait vivre les hommes comme Corvo...

Le nain avait lui aussi l'air d'être amusé par cette proposition d'embauche faussement mystérieuse et semblait prêt à donner son aide. En digne membre du peuple vigoureux, il venait de sauter le pas franchement sans même la moindre hésitation... Corvo lui, pesait encore le pour et le contre. Plonger une nouvelle fois dans un affrontement avec le Trône de Fer était hautement risqué pour un gain potentiel qui n'avait pas encore été abordé par Bylgja... D'un autre coté, l'idée même d'être une nouvelle fois une épine dans le pieds de l'organisation était plus que tentante.

- A l'instar de Messir Karmeth, je ne suis pas contre quelques explications sur la nature de l'aide attendue. Je serais également ravi d'aborder le sujet de la rétribution prévue afin de gratifier l'aide en question.

Le jeune homme n'alla pas plus loin et se fendit d'un sourire témoignant qu'au fond de lui sa décision était prise. Depuis le début, son affrontement avec le Trône de Fer revêtait un caractère personnel. En réalité, peut-importait le salaire cette fois-ci car le simple fait de semer le chaos dans l'organisation était déjà une juste rétribution à ses yeux. Mais si on pouvait gratter quelques lions d'or au passage...