Chapitre 1 : Padhiver

Ayant fait ses demandes, Moreta s'attendait à devoir négocier un peu, mais ce que lui répondit l'homme était des plus étranges, se contredisant sur certains points, ce qui n'était pas pour plaire à la petite dame, mais la promesse de plus de richesses encore, c'était quelque chose de bien trop tentant pour qu'elle ne veuille pas en savoir plus. De plus, il n'était pas totalement fermé à la possibilité d'une rallonge en tant qu'avance, mais il voulait en connaître le but, aussi Moreta lui indiqua, une fois les oreilles les plus indiscrètes disparues à servir d'autres clients :

- Il faudrait savoir ce que vous voulez, si l'objectif est de ramener la dague et les livres ou seulement d'observer ce qui s'y trouve. En tous cas, je ne vais pas vous demander de faire mes achats, mais vous comprendrez aisément que, n'étant pas à la base venue ici pour accomplir ce genre de travail, certains matériels doivent être acquis pour renforcer les chances de réussites. Par exemple, comme cette expédition est, à n'en pas douter, dangereuse, une baguette permettant de refermer les blessures, augmentant ainsi ma capacité à conserver tout le monde en vie, est un investissement mineur pour vous renforçant vos chances d'obtenir ce que vous désirez. Dans le même ordre d'idée, me permettre de neutraliser les pièges qui protègent votre trésor tout en étant à l'abri en cas de pépin vous permettra de les voir plus rapidement, surtout si les outils disponibles sont de bonne qualité. Pour le reste, et comme vous ne semblez pas trop en savoir sur cette tombe, sinon qu'elle contient ce que votre maître désire, aussi il faut prévoir les pires cas, comme la présence de non-morts à l'intérieur. Ayant déjà eu affaire à ces derniers, des moyens de les atteindre nous permettra d'accéder aux articles souhaités. Dans tous les cas, ce sont des investissements qui vous sont rentables, car même si vous ne voulez pour le moment qu'une mission d'observation, il est plus simple d'envoyer en récupération ceux qui seront sur place, et il sera alors trop tard pour aller récupérer ce genre d'objets.

Dans le même temps, la roublarde, toujours à l'affût d'un coup juteux, notait bien dans un coin de sa tête que les items étaient très demandés, autant annoncer à tout le monde que d'autres les cherchaient également, et qu'ils étaient prêt à y mettre le prix, de belles enchères aurait vite pour effet de la rendre riche, si elle arrivait à camoufler les objets assez longtemps et bien pour ne pas se faire tuer avant. Et avec cette richesse, non seulement ses recherches, mais aussi la traque qui suivrait à coup sûr, seraient accélérés considérablement.

La réponse du jeune homme fit sourire le nain qui ne put s'empêcher de penser que lui non plus ne devais pas sentir la rose après cette longue route jusqu'à Padhiver.

¤Il va falloir penser à prendre mon bain annuel¤ se dit-il non sans autodérision.

Bien que pas toujours très causant, sa foi était un sujet qui déliait naturellement la langue du prêtre, aussi il répondit avec un certain enthousiasme à la question qui lui était posée :

-Mon gagne-pain, ma passion et ma vocation. Les fidèles d'Haela Brillehache dont je fais partie vouent leur vie à l'extermination des menaces monstrueuses. Même si je dois bien avouer avoir du mal à mettre la main sur un monstre potable en ce moment : le dernier était un rat ! Ah ! Bon il faisait plusieurs fois ma taille mais comment voulez-vous que je gagne ma place au Foyer des Nains si je ne garni pas davantage mon tableau de chasse ?

Il était bien partit pour s'étendre sur le sujet, mais heureusement pour son interlocuteur le marchand revint et le nain se tût pour l'écouter. Malheureusement pour les deux clients tout n'était pas rose.

Plus habitué aux marchés de son ancienne vie de forgeron qu'aux commerces haut de gamme, Karmeth ne se retint pas longtemps.

-Je n'ai aucun problème pour attendre une dizaine si vous devez créer l'arme "sur mesure", je sais que ça ne se fait pas en claquant des doigts.
Par contre je m'y connais aussi en artisanat et certains des objets que vous nous sortez ne font pas honneur à votre boutique ! Regardez cette armure : les clous sont oxydés ! Elle tiendra moitié moins longtemps qu'une neuve.
Si je dois vous laisser mon arme j'ai besoin de pouvoir vous faire confiance et je n'ai pas envie de contrôler la qualité de tout ce que vous me vendrez. J'espère que vous comprendrez que j'attend des explications convaincantes sur ce manque de qualité regrettable.

Le nain ne savait pas trop si l'humain voudrait ou non des biens proposés, ni même s'il avait remarqué le manque de qualité, mais il partait du principe que si le marchand essayait de flouer un client il n'y avait pas de raison qu'il n'essaye pas d'en flouer un deuxième. Et il envisageait déjà à regret de devoir annuler sa commande et remettre sa recherche d'un commerçant honnête au lendemain.

¤C'est tout de même étrange pour une boutique qui a pignon sur rue et autant de moyen, attendons un peu avant de tirer une conclusion¤

Lorsque le nain mentionna sa vocation pour son dieu, Corvo eu presque regretté d’avoir brisé la glace avec lui... Le roublard revoyait en pensées le visage d’Elion et de Velä, les paladins fanatiques de la Compagnie des Marches avec qui ses relations avaient été des plus tendues lors de sa dernière mission…
Côtoyer ces deux là avait si profondément affecté Corvo qu’il se méfiait désormais autant des individus vouant leur vie à la cause du Bien que des tyrans de la pire espèce... L’obsession d’Elion et Velä pour l’éradication du Mal sous toutes ses formes les poussaient sans cesse à voir le malin partout et chez tout le monde, justifiant des actes abjects sous couvert de la volonté impérieuse de leurs dieux…

Pourtant, le nain était doté de quelque chose que les deux ex-compagnons de Corvo n’avaient pas à l’époque, l’humour ! Et l’humour était une qualité importante sinon essentiel pour Corvo...

Au bout de quelques instants de distraction passées à contempler le balais aérien des articles, les deux clients eurent enfin le loisir de contempler de plus prêt le matériel. Si certaines pièces semblaient conformes en terme de qualité attendue, d’autres laissaient en revanche à désirer et tous deux l’avaient remarqué.

Ce fut au chasseur de monstre d’exprimer ses doutes le premier. Corvo quant à lui ne pouvait qu’acquiescer et ne se priva pas de faire connaître son opinion à la suite du nain. Toutefois, ayant entendu l’arrivée d’un nouveau client bien avant son entrée dans les lieux, le roublard parla à voix basse afin que sa tirade ne soit entendue que par le marchand et le nain. La négociation était un art délicat et il s’apprêtait à émettre quelques critiques... C’était le jeu certes mais il ne fallait en aucun cas risquer de discréditer le marchand devant un nouveau client au risque de faire capoter toute la transaction voir pire...

- Cinq mile quatre cent trente pièces d’or… C’est une belle somme... Et encore, cette somme n’est rien par rapport à celle que va probablement vous verser notre chasseur de monstre ici présent pour sa commande sur mesure… Nul doute qu’un marchand de votre réputation doit être habitué aux transactions dont les montants affichent des chiffres bien plus affolants encore… Le roublard laissa un blanc pour donner plus de force à ses propos puis continua : Toujours est-il que lorsqu’un client est prêt à dépenser ce que certains ne gagneront pas dans toute une vie, il est en droit de s’attendre a des articles de premier choix… A défaut, il est également en droit d’être prévenu si d’aventure lesdits articles se trouvaient être de seconde main et dans ce cas là bien sûr, il va de soi qu’il doit en payer le prix juste. En tant que confrère c’est bien entendu ma politique et j’imagine que les mœurs de la Côtes des Épées ne sont en rien différentes de celles du Cormyr en matière de politique commerciale ?

Corvo fait un test de Social +9 pour marchander. Je ne sais pas si j’ai le droit à un petit bonus en plus avec mon +6 en Métier (Marchand)

Voilà la réponse: qu'est-ce qui pouvait coûter de deux à trois mille pièces d'or? Un siège au conseil de la ville. Quel drôle d'idée, comme si voter pour désigner qui sera la prochaine famille entrante au conseil était beaucoup trop simple... Sauf si c'était à dessein. Il ne serait pas surprenant que le roi Amagamir s'avère être une semi-légende, dont personne n'a trouvé de traces depuis des siècles, histoire d'être bien sûr que personne n'arrive à remplir cette "quête".

-J'imagine que cet intérêt soudain pour l'archéologie signifie que le conseil de Padhiver n'a guère envie de s'agrandir...

Moira reposa son verre.

-Je suis mercenaire, je participe généralement à des actions plutôt de nature plutôt militaire. Ces chasses au trésor chimérique ne m'intéresse pas.

Elle n'était pas sûre elle-même à cent pour cent de ce qu'elle cherchait, mais certainement quelque chose de simple et réaliste, après le foutoir sans nom de sa dernière mission. Le Valbise plus au nord l'attirait pour cette raison: il ne manquait guère d'orcs, de gobelins ou de barbares harcelant les colons nuit et jour; un bras fort comme le sien pour combattre l'envahisseur serait le bienvenu. C'était, en bien ou en mal, ce qu'elle savait faire de mieux. Sinon, elle pouvait se remettre à fabriquer des cercueils, comme jadis... Moira n'attendait guère de miracle de la part de la femme derrière le bar, mais elle la trouvait sympathique. Et puis Padhiver grouillait d'activité, au bout de quelques jours une opportunité se présenterait bien.

Par habitude, la guerrière jetait des coups d'oeil réguliers au reste de la salle. La soirée était calme, mais tout pouvait encore se passer, du moins c'était ce qu'elle se disait. Peut-être pas une bagarre, ce n'était pas le style de lieu, mais savait-on jamais.

Malgré toute ses attentions, le damarien se trouva incapable d'identifier plus avant les articles sélectionnés au delà du fait que c'étaient des targes de bonne qualité au moins supérieure à celle qu'il possédait déjà. Ne pas savoir exactement ce que l'on désirait négocier n'était pas vraiment un avantage dans le monde des marchands... mais Hannibal entendait bien ne pas baisser les bras aussi tôt.

D'autant plus qu'un détail ne lui avait pas échappé dans le discours de l'orque et cela pourrait bien représenter un atout décisif dans la négociation. Cela demanderait de l'audace certes... mais pour le guerrier, cela en valait la peine.

Il ne se hâta pas cependant de commencer à marchander les prix dans l'immédiat. Il se contenta d'afficher une moue songeuse alors qu'il inspectait de nouveau les targes posées sur le comptoir avec un oeil à la fois expert et indécis... ou du moins était-ce l'impression qu'il désirait faire transparaître.
Il tournait et retournait les petits boucliers dans ses mains pour en inspecter toutes les coutures jusqu'aux moindres traces de coups ou d'éraflures, qu'elles fussent réelles ou imaginaires. Oh bien sûr, il ne comptait pas débourser autant d'or pour la targe en mithral... cétait hors de ses moyens mais il feignit quand même son intérêt pour la chose.

Mais il était temps de passer à la vitesse supérieure maintenant qu'il décrochait de son sac de voyage sa propre targe d'acier qu'il posa à côté de son homologue vendue par l'orque. Il en prit une dans chaque main pour les soupeser et les comparer longuement. Nul doute que celle du marchand était bien plus légère et équilibrée mais ce dernier n'avait pas besoin d'entendre le fond des pensées du damarien car ce dernier se contenta d'afficher une mine indécise... pourquoi acheter un objet que l'on possède déjà après tout? une autre ruse de marchand calishite...

-A n'en pas douter... Il laissait sa voix traîner pour garder l'orque pendu à ses lèvres. Ce sont là de magnifiques ouvrages dignes d'un grand forgeron.

Un peu de flatterie ne faisait pas de mal bien que ces articles n'étaient pas de l'oeuvre de son interlocuteur. Mais le prestige de l'artisan derrière cela rejaillissait immanquablement sur l'échoppe et par voie de conséquence ses employés.

-Mais c'est tout de même curieux vous ne trouvez pas? Il saisit la targe démoniaque à deux mains pour la retourner dans tous les sens en affichant de nouveau cette mine soucieuse. Je ne suis pas expert mais je devine que celle-ci est forgé dans un métal ancien et magique... démoniaque même sans doute. Et pourtant... vous la vendez moins chère qu'une targe en simple acier?

Il porta son regard sur la targe d'acier avant de tourner ses yeux vers le marchand en fronçant des sourcils pour afficher une mine contrariée et presque suspicieuse, comme celle d'un homme qui venait de prendre soudainement conscience d'un fait évident.

-Vous ne vendriez pas des articles maudits tout de même?

Ce faisant, il reposait la targe sur le comptoir avec délicatesse, comme s'il avait peur de déclencher quelques regrettables accidents en la manipulant. Comment l'orque prendrait-il tout ce petit numéro de marchandage? Se sentirait-il insulté ou démasqué? Dans tous les cas, Hannibal était plutôt fier de sa prestation.


Jet de diplomatie

4ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
4 Mirtul 1373.
Période de la journée : Début de soirée.
Climat : Soleil couchant. Vent frais.
Température : environ 4 degrés.

Moira :

Si la réponse de la Damarienne ne manquait pas de clarté, elle ne semblait pas lui indiquer la meilleure marche à suivre dans l’immédiat si ce n’était de se montrer patiente. Vatra s’éloigna quelques secondes le temps d’accommoder une autre cliente au teint cuivré. Après quelques phrases et moins d’une minute, elle fut de retour auprès de Moira.

Vatra

- C’est un euphémisme que de dire que le conseil de Padhiver ne souhaite pas recevoir de nouveau membre. Mais ils ne sont pas prêts à prendre le risque de s’attirer le courroux du Haut-Justiciar et du roi. Ceci dit, si vous êtes intéressée par des missions d’ordre plus militaire, c’est avec la Garde Citadine que vous devriez faire affaire. Ils n’ont pas pour habitude de recruter des aventuriers sans les connaitre mais, comme leurs nombres sont de plus en plus faibles et que le nombre de personnes prêtes à choisir sciemment d’être en première ligne pour affronter un dragon est réduit à chaque attaque de Karundax, il est possible que vous puissiez les convaincre que l’aide de mercenaires leur serait profitable. Au cas où cela échouerait, je demanderai à mes contacts auprès des différentes familles marchandes s’ils n’ont pas besoin de muscle en plus. Qu’en dites-vous? -------------------- Cette femme est des plus accueillante mais semble parfaitement capable de faire régner l'ordre en cas de soucis.

Hannibal :

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Social: 15(Dé) + 10 contre DD 15 = Réussite
Le marchand est maintenant Amical.

Le marchand orque regarda Hannibal avec des yeux ronds et resta muet pendant quelques secondes avant de se saisir de la targe en question et de l’observer plus attentivement. Tout en la tournant et la retournant, il maugréait un peu et se frottait le menton. Il fit par la reposer et par répondre à son client.

- Je suis presque certain que c’est Berng qui a fabriqué ce bouclier. Pas vraiment son plus grand chef d’œuvre mais j’ai des doutes qu’il soit possible de fabriquer un bouclier maudit sans magie. Je ne suis pas un expert donc il vaudrait peut-être mieux aller lui demander directement. Non pas qu’il s’y connaisse beaucoup plus que moi en magie, ceci dit. Si vous voulez, on peut demander une expertise à la Maison du Savoir. Si la targe est maudite, je paye la totalité du coût et vous pouvez prendre une autre targe gratuitement. Si elle n’est pas maudite, vous payez le coût de l’expertise et on reprend cette discussion rassurés. Mais vous me devrez des excuses pour cette accusation et le temps gaspillé. Qu’en dîtes-vous? Vous voulez demander son avis à mon camarade? Allez faire un tour au temple?

Moreta :

Lorsqu’il reprit la parole, Vjestac ne semblait plus du tout avoir envie d’échanger des plaisanteries avec Moreta. Il ne paraissait pas exactement en colère mais il était assez évident qu’il n’était pas particulièrement satisfait. Il fronçait les sourcils et semblait peser ses mots avant de les prononcer.

Vještac

-Je sais exactement ce que je veux. Et, plus important pour vous, je sais exactement ce que mon employeur veut. Il s’agit de la dague et des bouquins. Il est évident que nous ne projetons pas d’envoyer un groupe d’aventuriers simplement pour faire de l’observation et que, si vous parvenez à prouver que vous en avez les capacités, ... S’il ne dit pas un mot indiquant son opinion, il était évident que son regard indiquait qu’il commençait à avoir des doutes à ce sujet. ... votre tâche sera de ramener les objets. Mais vous devez vous douter que si la connaissance de l’emplacement de ce tombeau et de comment y accéder était sur la place publique, cela fait longtemps que quelqu’un aurait mis la main sur son trésor. Tant que de telles informations sont secrètes, il est évident qu’il est inutile de payer des aventuriers à retourner tous les flocons de neige du Valbise. Votre rôle, pour l’heure, est de trouver comment accéder au tombeau et de vous assurer que cette information reste connue du plus petit nombre. Il est dans votre intérêt d’en apprendre un maximum sur les dangers que vous pourriez y rencontrer aussi mais, soyons honnêtes, vous êtes plus facilement remplaçable pour nous que pour vous-même. Il est peu probable que vous soyez assaillie par des morts-vivants dans l’enceinte de Padhiver mais je suis prêt à vous fournir de quoi vous soigner et des outils si vous estimez en avoir le besoin. Je vous conseillerais, toutefois, de compter plus sur les seconds que les premiers. Mon employeur ne verrait pas d’un très bon œil qu’une quelconque trace de votre passage soit laissée derrière vous. -------------------- Cet homme dégage une prestance étonnante et semble contenir une puissance magique conséquente. Visiblement non originaire de cette région, il semble faire peu de cas du climat local, habillé d'une tunique sans manche laissant apparaître un torse et des bras musculeux.

Corvo Stern et Karmeth:

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Karmeth :
Social : 1(Dé) + 5 = Échec
Le marchand reste Indifférent.

Corvo Stern :
Social : 1(Dé) + 11 = Échec
Le marchand reste Indifférent.

Voyant que ses deux clients semblaient se liguer contre lui et critiquer sa marchandise, le Turmic se redressa et sembla prêt à répondre avec véhémence. Ils semblaient s’être mis d’accord pour l’insulter. Il était évident qu'il n'appréciait pas leur ton mais il semblait rester calme. Il allait commencer à défendre la qualité de ses marchandises quand les nouveaux arrivants l'interrompirent.

Il s’agissait de deux humains en armure, un homme et une femme, approximativement de l’âge de Corvo. Tous deux portaient en travers de leur torse l’écharpe indiquant leur appartenance à la garde citadine de Padhiver. Ce fut la jeune femme qui parla en premier. Même si ses mots formaient une question, il était évident à son ton qu’il s’agissait plutôt d’un ordre.

-Nous avons été informés qu’un criminel se trouvait ici. Messieurs, auriez-vous l’obligeance de nous suivre jusqu’au château?

Talian avait été le premier à réagir, en grande partie parce qu’il était le seul à faire face aux gardes quand ils étaient entrés et qu’il était donc un peu moins surpris que ses clients d’entendre leur ton péremptoire.

Talian Tauvenal

– Qu'est-ce que cette histoire? Je tiens un commerce honnête, vous le savez bien. Il ne semblait pas heureux de l'irruption des deux gardes mais son air résigné semblait aussi indiquer qu'il ne comptait pas résister. Laissez-moi juste le temps de ranger cela et de prendre ma clef pour fermer boutique et je vous accompagne. Que s'est-il passé? -------------------- Un homme au teint olivâtre transpirant la gentillesse, avec un regard clair et transperçant.

Metzli :

Lorsqu’elle redescendit dans la salle commune de la Taverne des Lames, Metzli y trouva exactement la même situation que celle qu’elle avait quittée quand elle était montée dans sa chambre un peu plus tôt : il n’y avait pas vraiment foule et la plupart des présents avaient l’air morose mais les employés faisaient leur possible pour maintenir une ambiance agréable et confortable. Un petit quatuor de demi-elfes jouait avec beaucoup d’énergie et un peu moins de talent un morceau sur la scène mais peu nombreux étaient les clients qui semblaient leur prêter attention.

La plupart du personnel étant occupée à voyager entre les cuisines, situées de l’autre côté du comptoir par rapport à l’Amnienne, et les tables des dineurs au centre de la pièce, la première personne dont Metzli put capter l’attention fut Vatra qui tenait le bar et qui s’occupait aussi des réservations. Elle était en train de discuter avec une cliente mais elle prit le temps de répondre à la question de l’ensorceleuse.

Vatra

-Bien sûr, dirigez-vous vers le Nord, c’est à dire à droite en sortant. Vous ne tarderez pas à arriver au bord de la rivière. De là, sur votre droite, vous devriez voir les trois ponts. Le Pont du Dauphin est celui qui se trouve en amont, le Jardin du Dauphin se trouve à son bout, de notre côté de la rivière, au pied de la Maison du Savoir. Vous ne pouvez pas vous tromper. -------------------- Cette femme est des plus accueillante mais semble parfaitement capable de faire régner l'ordre en cas de soucis.

Elle se détourna ensuite pour donner des informations additionnelles à son autre cliente sur le mercenariat à Padhiver.

Metzli avait poliment remercié son interlocutrice mais, à peine avait-elle eu le temps de le faire, que celle-ci s'était déjà détournée d'elle pour reprendre sa discussion avec une grande femme aux cheveux noirs et au teint pâle. Bien que sa tenue ne reflète rien de spécial, cette dernière attira l'attention de Metzli, sans qu'elle ne sache exactement pourquoi. Il se dégageait d'elle quelque chose de spécial et la jeune ensorceleuse eut le sentiment qu'elle se trouvait aux côtés d'une aventurière expérimentée. Ce sentiment fut confirmé lorsqu'elle intercepta une bribe de la conversation des deux femmes.

Il aurait néanmoins été impoli de s'attarder davantage et d'espionner une conversation qui, par ailleurs, ne l'intéressait pas spécialement. De surcroît, la jeune amnienne ne pouvait pas se permettre de rester trop longtemps dans l'établissement si elle voulait être à l'heure à son rendez-vous. Elle quitta donc l'auberge, sans accorder d'attention particulière à ses autres occupants.


Une fois à l'extérieur, Metzli frissonna : en cette période de l'année, le vent était frais et les températures peu élevées. Elle passa doucement sa main dans la fourrure de Tzotzil plus pour se donner du courage que pour la réchauffer.

L'adepte de Tymora prit ensuite la route vers le Nord, comme le lui avait conseillé Vatra, et se dirigea vers le Pont du Dauphin, bien décidée à faire preuve de ponctualité. Le spectacle qui s'offrit à ses yeux n'avait rien de réjouissant : le quartier était loin d'être mal famé mais il était évident que la cité peinait à se remettre des récentes épreuves qu'elle avait eu à traverser, comme en témoignaient les mornes visages des passants qu'elle croisait. La vue du pont l'arracha un instant à ces sombres pensées.

¤ Quel travail magnifique! Quelle abondance de détails! Rien de semblable n'existe à Athkatla, ni même à Eauprofonde! ¤

Metzli n'avait rien d'une artisane, encore moins d'une historienne de l'art, mais elle était naturellement touchée par la beauté de l'ouvrage. Elle se serait volontiers attardée un instant pour observer les détails figurant sur l'ouvrage finement travaillé mais elle craignait d'arriver en retard pour de bon...

L'ensorceleuse pressa donc le pas en direction du Jardin du Dauphin.

Frustré de voir sa tentative de négociation avorté par l’arrivée des deux gardes, Corvo resta impassible et perplexe quand à leur accusation de brigandage…

A titre personnel, le Cormyrien ne se sentait toutefois pas franchement visé puisqu’il n’était à Padhiver que depuis quelques heures à peine et pour la première fois de son existence… Aucune infraction à la loi locale ne pouvait donc lui être reprochée. D’une manière plus générale, il n’était pas revenu sur la Côte des Épées depuis plusieurs années et même alors, il n’avait fait que rendre visite à sa mère à Eauprofonde et n’y avait jamais rien fait « pour le travail »...

¤ A moins que... Polby ? ¤

L’espace d’une seconde, une pensée troubla néanmoins le roublard… Le chef de phalange de la Compagnie des Marches s’était peut-être finalement rendu compte de l’absence de son sac d’or ? Peut-être avait-il envoyé des sbires à pour le récupérer ? Mais Corvo balaya rapidement ses doutes...

¤ Non impossible ! D’abord, personne ne m’a vu prendre le sac. Deuxièmement, la Compagnie a bien d’autres chats à fouetter en ce moment, Culte du Dragon en tête... Et puis, vu la jugeote de la plupart de ses hommes, seule Tymora pourra les mettre sur ma trace et Tymora est de mon coté !¤

Regardant tour à tour le marchand qui docilement coupait court à la transaction, le nain impassible puis les gardes, Corvo récupéra dans un geste lent son lourd chargement d’or qui reposait encore sur le comptoir. Paré de son visage le plus amicale, tout en fourrant son or dans sa besace, il s’adressa aux deux nouveaux venus pour jauger leur humeur et afin de bien leur faire comprendre qu’il ne se sentait aucunement concerné par les affaires de la garde.

- J’en déduit donc que nous n’aurons pas l’occasion de terminer nos emplettes ? Dommage... Pensez-vous que nous serons retenus longtemps au château ? Non pas que je ne veuille pas coopérer loin de là mais je viens de débarquer il y quelques heures seulement et suis éreinté par mon voyage.


Social +9 : pour essayer de mettre les gardes dans de bonnes dispositions.
Psychologie +8 : pour essayer de voir si quelque chose dans le comportement des gardes montre qui ils soupçonnent précisément.

L'interruption n'avait pas été du tout calculée par le nain et il mit un moment à comprendre ce dont il retournait. Il n'avait que très peu d'expérience avec les forces de l'ordre d'une cité. C'était même la première fois qu'il se trouvait ainsi interpelé et hésitait un peu sur la marche à suivre. Il avait beaucoup de mal avec les ordres, même déguisés.

¤Alors quoi ? Juste parce qu'ils ont une belle écharpe ils peuvent se permettre de débarquer chez les gens et de les embarquer comme ça ?¤

Les chefs d'accusations n'aidaient pas. "Un criminel" pouvait avoir fait n'importe quoi. Peut-être que sans s'en rendre compte il avait commit un crime ? Peut-être que marcher du côté gauche de la rue était un crime dans cette cité ?
Perdu, il finit par décider d'imiter les humains présents et de se préparer à partir. Mais lui avait plus de mal à prendre les choses calmement, l'évènement était par trop inattendu et soudain.

¤Allons allons, sans savoir qui accuse qui et pour quoi c'est inutile de se mettre dans tous ses états...¤

Il avait les mêmes questions en tête que les deux hommes qui avaient déjà pris la parole avant lui. Aussi, alors qu'il se dirigeait vers la porte pour suivre les gardes se contenta-t-il d'ajouter, mal à l'aise :

-Je n'ai jamais été dans un château avant ça, encore moins dans ces conditions. Il y a une procédure à suivre ? Dois-je vous remettre mon arme ?

¤Pas que je ne puisses pas tuer quelqu'un sans, huhu¤ tâcha-t'il de plaisanter pour se remonter le moral.

Cet homme était vraiment un incapable, mais il fallait lui reconnaître qu'il mentait avec un flegme remarquable, c'était dommage que son idiotie gâche ce talent en se contredisant toutes les trois phrases. De fait, son histoire semblait de plus en plus louche. Malheureusement, la cupidité de Moreta lui faisait aussi dire que la récompense n'en serait que plus grande, et si quelqu'un de sage aurait certainement finit par refuser l'offre, la dame voulait voir jusqu'où elle pouvait pousser :

- Vous ne seriez pas ici, à recruter des gens, si vous n'aviez pas une vague idée de l'emplacement de ce que vous chercher, je me trompe ? Après tout, une expédition ne se monte ni rapidement, ni sans une forte suspicion sur ce que l'on va trouver.
De plus, il sera malheureusement impossible ne laisser aucune trace de notre passage, après tout, vous voulez bien que l'on vide cet endroit d'au moins une partie de ses biens, n'est-il pas ? Cela seul sera déjà une trace pour quiconque entrerait après nous. Si on ajoute à cela les protections qu'il faudra déjouer, et dont la reconstruction sera impossible, et inutile, ce ne sont pas quelques sorts lancés par là-bas qui feront la différence sur les traces laissées, sauf bien sur si leur absence nous empêche de ressortir, ce qui vous serait doublement dommageable, non seulement votre patron n'obtiendrait pas l'objet de son désir, mais en plus vous auriez fait une partie du travail pour vos concurrents, qui pourront certainement monter une expédition avant que vous n'arriver à en faire partir une seconde, tout en laissant des traces derrière vous. Je suppose que ce n'est pas votre objectif. Facilitez-vous donc la vie en facilitant la mienne, ce sera bénéfique pour tout le monde. Procurez-moi ce que je vous ai demander et je ferais de même.

De là et à cause de ce qu'avait dit son interlocuteur, Moreta ne voyait pas 36 issues, et c'était peut-être aussi pour cela qu'elle ne voulait plus se retirer, en partie au moins. Si l'homme ne voulait pas laisser de traces, ou plutôt son patron, les choix qui restaient étaient l'intégration à l'expédition et la désintégration, ou plus probablement un paire d'assassins dans une allée sombre. Elle pourrait peut-être se défaire des premiers, l'odieux personnage semblant la sous-estimer grandement, mais pas sur le long terme. Bien sur, cela voulait dire qu'une fois l'opération réussie, penser aux conséquences d'un échec n'était pas important puisque cela voudrait dire une mort probable, ou au moins portée pour morte, ce genre d'opération de mise sous silence n'était pas à exclure, mais cela lui permettait de gagner du temps, assez pour mettre la main sur ces livres et les échanger contre sa vie, en plus d'une somme rondelette.