Chapitre 1 : Padhiver

*Le gus a un 'chef d'état-major', bigre, c'est du sérieux...*

Impassible, Moira regarda approcher le bonhomme en question. Curieux choix d'armes, entre le harpon et l'arc en os, il semblait plus préparé à une chasse à la baleine dans les îles Nélantheres qu'à repousser des pirates voulant prendre le futur gouverneur en otage. Plutôt élégant, il avait l'air typique du guerrier vieillissant mais encore solide.

Rassemblant la cordialité qui lui restait, la mercenaire se présenta.

-Je suis Moira Sombrelune. Mercenaire la plupart du temps, menuisière le reste. Ciseaux-Ardent n'est pas ma destination, juste une étape: je me rend à Bryn Shander dans l'espoir de m'y établir.

En fait, son plan était très vague pour le moment. Elle comptait bien investir dans un négoce tôt ou tard, mais il lui faudrait un peu plus d'or pour cela. En attendant elle s'appuierait surtout sur ses talents à l'épée.

-Je sais que la piraterie est redoutable dans ces eaux... pas d'inquiétude, je ne me laisserait pas faire.

Bien sûr, si le voyage se déroulait paisiblement, cela lui conviendrait tout aussi bien!

Le roublard suivait d’un œil attentif la conversation qui s’était engagée entre Metzli et le mage coloré. A dire vrai, il redoutait que la discussion ne se transforme en une sorte de borborygme imbuvable à base de références ésotériques et de jargon totalement impénétrable pour un non initié à l’Art… Par chance cependant il n’en était rien et les échanges étaient a peu prêt compréhensibles même pour un néophyte.

Avec une agréable surprise, le petit bonhomme se trouvait plus que coopératif si bien que rapidement, le groupe se retrouva en possession d’un nom… Corvo regardait la belle Amnienne d’un regard admiratif. Ses questions étaient efficaces, elle en venait au fait et semblait largement maîtriser son affaire lorsqu’il s’agissait de mener une enquête.

A son tour, le jeune homme se risqua a se brûler les papilles au contact du thé fumant avant de prendre la parole brièvement afin de compléter les questions de Metzli.

- Permettez-moi mais... vous avez mentionné le fait que Messire Salvar est en mission. Sans vouloir faire d’ingérence dans vos affaires et sans vouloir paraitre trop indiscret, pensez-vous qu'il serait possible de nous indiquer où nous pourrions le retrouver ? A moins que sa mission n'ai un caractère secret, auquel cas bien entendu nous attendrons son retour afin de faire sa rencontre.

Le nain aurait aimé faire mine de se concentrer sur sa boisson, mais elle n'avait rien de "concentrable" : c'était de l'eau chaude. Alors il se rattrapait sur la pièce, regardant les murs avec une attention polie.

La conversation était fort intéressante, et elle progressait vite, mais pour le moment ne débouchait sur aucune action concrète. Et ce n'était pas encore le moment d'aborder les questions qui rongeait Karmeth. Inutile de distraire leur hôte, il fallait encore attendre un peu.

Par contre, un point le dérangeait. Il attendait que Corvo ai eu sa réponse avant d'enchainer à son tour. Il n'était pas sûr que le mage avait une réponse aussi s'exprima-t-il sous la forme d'une question ouverte.

-Je ne comprends pas. Le Comte souhaite ardemment retrouver cet individu, et il s'avère qu'il est déjà passé ici ? Pourquoi les deux n'ont-ils pas été mis en contact à cette occasion ? N'était-il pas venu à Padhiver pour lui apporter des informations ?

Voilà qui perturbait le Fils de la Pierre au plus haut point. Si leur homme était si libre de ses mouvements, il se pouvait fort bien qu'il soit en train de converser avec le Comte en ce moment même.

5ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
5 Mirtul 1373.
Période de la journée : Début de matinée.
Climat : Ciel dégagé. Vent frais.
Température : environ 3 degrés.

Metzli, Corvo Stern et Karmeth:

L’homme à la tenue bariolée se tourna vers Karmeth, le dernier à parler et, par conséquent, le premier à qui il chercha à répondre. Il fit une grimace et avala une gorgée de sa tisane avant de dire quelques mots.

- Je ne sais pas vraiment quelles sont les intentions de ce visiteur. S’il est venu pour donner des informations, elles ne sont pas parvenues jusqu’à moi. Je sais qu’il était prévu depuis plusieurs mois qu’il rende visite à Salvar. C’est probablement par Salvar que le Comte a entendu parler de cette visite mais je ne sais pas si une entrevue entre le Comte et le visiteur était prévue ou non. Salvar pourrait probablement vous en dire plus, même s’il n’est pas le plus prolixe des hommes, mais je crains qu’il ne faille attendre son retour. Je ne suis pas le Gardien des Portails mais il me semble que celui qu’il a emprunté n’est pas censé se rouvrir avant une dizaine. Et voyager à pied jusqu’à Rethgaard risque de ne pas être très efficace.

Il avala une nouvelle goulée de liquide. Et se brûla de manière assez évidente la langue. Les yeux un peu humides, il essaya de cacher sa douleur en utilisant un biscuit couvert de marmelade. Une fois qu’il se sentit plus confortable, il reprit son propos.

- Nous n’avons pas énormément de visiteurs, le parterre de pierres piégées ayant tendance à décourager ceux qui n’ont pas une bonne raison de venir. C’est pour cela que je suis certain que ce visiteur était celui que Salvar attendait.

Il se tut soudainement et il était visible à son visage qu’il avait visiblement reçu une soudaine inspiration. Il finit le biscuit qu’il avait commencé avant de se pencher sur la table et de chuchoter.

-Au risque de commérer, il y a peut-être quelqu’un qui pourrait vous éclairer. Obinus est l’apprenti de Salvar. Je ne suis pas aussi convaincu que son maître de ses capacités en tant que magicien - l’abjuration, en tout cas, n’est pas son fort – mais il est plus que probable qu’il ait écouté, sans y être invité, ce que ce sont dits Salvar et son invité. Je peux lui demander de venir ici mais je ne pourrais pas le forcer à vous répondre.

Hannibal :

Le combat n’avait pas vraiment commencé de la meilleure manière pour le trio qui était en train d’être testé. Mais Hannibal avait assez d’expérience du combat pour savoir qu’il en fallait peu pour que le destin des combattants change drastiquement.

Pour l’instant, il n’avait pas vraiment de stratégie plus élaborée qu’essayer de couper des tranches de l’hydre jusqu’à ce qu’elle soit incapable de se défendre. Il voulait aussi, de manière assez sage, éviter de perdre un morceau de chair entre les nombreuses paires de mâchoires de la créature. Ou de se prendre l’une des flèches de son alliée dans le dos. Celle-ci lui avait fait un signe de la main, partant de sa tempe droite et suivant une ligne vaguement horizontale, sans perdre des yeux la danse des têtes de la bestiole.

La créature détourna une paire de têtes pour observer l’approche d’Hannibal mais, si celles-ci se déplaçaient rapidement, ce n’était pas le cas de l’essentiel de son corps. Hannibal n’eut qu’à faire une rapide feinte de corps pour éviter les dents de l’hydre avant de se trouver à portée de son estomac. La cible était suffisamment grande pour que le Damarien n’ait que peu de risques de manquer sa cible. Et il ne le fit pas. L’hydre n’appréciait clairement pas d’être, pour la première fois, blessée et toutes ses têtes se tournèrent vers Hannibal.

Ce fut suffisant pour que l’elfe ait une ouverture. Au moment où le Damarien leva sa targe pour se protéger des assauts de la créature, l’elfe libéra une fine ligne incandescente qui frappa l’hydre à la base de l’un de ses cinq cous. Le coup d’épée d’Hannibal, bien que précis, avait surtout réussi à énerver l’hydre. La brulure causa plus de dommages et la fit reculer et ralentir ses attaques le temps de se regrouper.

Le demi-orc en profita pour montrer qu’il était bon pour autre chose que servir de friandise pour leur adversaire. D’un premier coup de hache, il creusa une tranchée dans la poitrine de l’hydre qui poussa un hurlement de douleur qui avait probablement été entendu jusqu’à l’autre côté de Padhiver. Le second coup de hache fut encore plus violent et ouvrit les deux poumons de l’hydre, la faisant cracher un flot de sang par chacune de ses cinq bouches.

Au moment où l’hydre poussait son dernier souffle, un homme au premier rang du balcon se leva en applaudissant lentement. Cela n’était pas particulièrement visible tant qu’il était assis sur la sorte de trône qu’il venait de quitter mais il était probablement au moins aussi grand, et large d’épaule, qu’Hannibal.

Ido Kardein

Félicitations, il semblerait que nous ayons trouver les trois derniers membres de notre expédition. Je vais vous laisser le temps de vous restaurer un peu et nous passerons à la signature des contrats. -------------------- Ido Kardein a un physique de gladiateur et n’a aucun scrupule contre l’usage de la force. Et ce n’est que l’un des nombreux outils qu’il utilise pour arriver à ses fins.

Il s’éloigna alors du balcon et retourna dans le bâtiment. Le reste du public le suivit presque immédiatement. L’homme qui les avait conduit dans l’arène revint et il les accompagna dans une salle plus grande que celle dans laquelle ils avaient attendu avant le combat. Une table occupait une bonne partie de la moitié la plus proche d’eux de la pièce. Une grande diversité de plats et de boissons y était disposée et leur guide leur indiqua qu’ils pouvaient se servir comme ils voulaient. Une légère brume s’échappait d’au-dessus d’écrans en bois qui séparaient les aventuriers de la seconde moitié de la salle. Leur guide leur expliqua que des bassins d’eau chaude et d’eau froide, des serviettes et des savons odorants les attendaient s’ils voulaient se laver avant ou après manger.

Le demi-orc semblait plus intéressé par la nourriture et refusa que le guide l’aide à soigner la brûlure de froid sur son torse ou la morsure sur son bras droit. L’elfe, au contraire, se dirigea vers les bassins commençant à se déshabiller avant d’arriver aux écrans. Le guide se tourna vers Hannibal.

-Puis-je faire quoique ce soit pour votre service?

Moira :

Bevvy regarda Moira pendant quelques secondes, essayant visiblement de la jauger. Il souriait quand il commença à parler, ce qui était probablement un bon signe.

- Vous ne semblez pas avoir froid aux yeux. J’aime cela. Je ne sais pas comment vous avez entendu parler de Bryn Shander mais, en tant que natif de Targos, je peux vous dire qu’il y a plus de monde qui veut en partir qu’aller y vivre. Mais, comme dit le proverbe, « ! ettolf euqrab at euq tnaT ».

L’un des sourcils du vieux soldat s’arqua le temps qu’il voit comment réagissait à son test. Il haussa les épaules avant de reprendre sur un ton légèrement moqueur.

- Vous allez probablement vouloir apprendre à parler Uluik si vous voulez vous installer dans le Valbise. Nous ne sommes pas méchants mais nous ne sommes pas les plus ouverts des hommes. Vous aurez probablement du travail, si vous êtes douée, le travail ne manque jamais, mais vous serez toujours considérée comme une étrangère. Et c’est une position en-dessous des barbares et à peine au-dessus des yétis.

Alors qu’il parlait, son regard s’était tourné vers le Nord et il y avait visiblement un peu de nostalgie dans son regard. Au bruit des conversations des marins et des soldats qui se préparaient à partir vers Ciseaux-Ardents, ils étaient dans une très fine minorité qui éprouvait du plaisir à se rendre vers un climat encore plus froid.

- Nous partons demain à l’aube. Le bateau n’est pas prévu pour recevoir de passagers alors il va falloir s’adapter. Sir Gylfy et le capitaine ont chacun une cabine et tous les autres, marins, soldats et administrateurs, se partagent l’espace de sommeil. Il est possible de déplacer des écrans si vous voulez un peu d’espace privé. Vous pourrez dormir sur le navire cette nuit, si vous voulez.

5ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
5 Mirtul 1373.
Période de la journée : Fin de soirée
Climat : Légère pluie. Vent frais.
Température : environ 2 degrés.

Moreta :

Les charrettes avançaient suffisamment lentement pour que Moreta n’ait aucune difficulté à accoster l’un des conducteurs. Celui-ci s’apprêtait à commencer à objecter mais il laissa la Lunargentine parler une fois qu’il eut posé les yeux sur elle. Il cligna des yeux une demi-douzaine de fois, ne semblant pas bien comprendre ce qu’elle était en train de lui dire, mais il finit par se reprendre.

-En effet, j’ai vu un couple sortir de cette rue. Ils semblaient vachement pressés. Ils ont traversé la rue un peu plus loin, sans regarder. Je n’ai pas fait trop attention à la direction qu’ils prenaient ensuite.

Moreta dut demander des informations à une douzaine d’autres personnes, la plupart n’étant pas aussi satisfaites ne de se montrer serviables. Mais Moreta avait un don pour trouver comment s’adresser à chacune pour parvenir à l’information qu’elle souhaitait.

Après les quelques premières rues, le couple avait cessé de courir mais avait continué de suivre un itinéraire particulièrement tordu. À plusieurs reprises, elle avait dû compter sur la chance mais, au final, elle avait fini par tomber sur un indigent qui lui avait indiqué que le couple était entré au sous-sol d’un bâtiment légèrement décrépi. Le côté qui donnait sur une rue un peu plus importante que celle dans laquelle se trouvait Moreta avait une enseigne indiquant qu’il s’agissait d’une tannerie.

La porte donnant sur le sous-sol était fermée à clefs. Le rez-de-chaussée n’avait pas d’autre ouverture que la porte du magasin et les seules ouvertures du premier étage étaient bloquées par des planches. Il y avait un second étage, juste sous le toit, avec une lucarne allumée. Il n’y avait par contre aucun bruit.

Devant la douleur assez visible du mage, ainsi que dans l'optique de le garder dans une bonne disposition, le prêtre ne put s'empêcher d'effleurer son épaule pour y déposer une parcelle d'énergie positive.

-Pardon, permettez...

Il espérait ne pas le froisser, mais c'était après tout une de ses missions de soulager la souffrance. D'autant que l'homme le méritait largement puisqu'il ne négligeait pas ses efforts pour les aider.
N'étant pas le mieux placé pour un interrogatoire d'une sorte ou d'une autre, Karmeth préféra laisser ses compagnons décider de s'ils voulaient rencontrer le jeune homme ou non. Il voulu néanmoins éclaircir un autre des points soulevé par leur interlocuteur.

-Vous avez piégé le parterre, assez récemment d'après ce que vous nous avez dit en nous accueillant. Avez-vous été vous aussi la cible d'une des menaces qui plane sur la ville en ce moment ?

Il y avait là des informations potentielles sur leurs ennemis et leurs objectifs. Mais c'était aussi peut-être un début d'amorce vers les merveilles magiques de la Tour. S'il pouvait réussir à se dégoter une visite des installations pendant que ses camarades cuisinaient le jeunot, le nain s'estimerait comblé.

Convertit Réparation en sort de Soins superficiels, et le lance sur l'homme.

Toute cette appréhension et cette tension qui avaient précédé le combat s'estompèrent bien vite pour laisser place à ce que le damarien ne pouvait qu'identifier comme de la déception. Non pas que le guerrier était friand de bagarres ou de mêlées sanglantes mais il avait trouvé le combat bien trop rapide et facile pour le laisser déployer tous ses talents martiaux.
Voire l'hydre succomber ainsi après si peu d'action de sa part ne l'aidait pas à faire descendre son adrénaline et il demeura sur ses gardes un long moment bien après que la créature soit morte, la jointure de ses doigts presque blanche à force de serrer la poignet de son épée.

Ce n'est donc que d'une oreille discrète et bien après coup qu'il remarqua les lents applaudissements qui leur étaient destinés ainsi que les félicitations d'un homme de stature imposante qui semblait être en grande partie responsable du recrutement pour cette aventure... peut être était-ce là leur employeur même?

Qui qu'il fut, il semblait avoir pris tout cela avec un certain détachement qui rendait la scène d'autant plus étrange aux yeux d'Hannibal. L'individu quitta les lieux avec aussi peu d'intérêt qu'il avait assisté au combat.

Ce n'est qu'une fois légèrement calmé que le damarien rengaina son arme dans son fourreau. Il ne détacha cependant pas la targe de son poignet, le sang battant encore légèrement à ses tempes. C'est d'un pas presque traînant qu'il se décida à suivre les autres dans une pièce qui semblait dédiée au repos avec son buffet et ses baignoires emplis d'eau chaude... l'accueil était décidément bien confortable pour de simples aventuriers et le guerrier n'en fut que plus étonné encore.

Hannibal était encore perdu dans ses pensées lorsque leur guide se tourna vers lui pour s'enquérir de son confort. D'un simple signe de tête, le guerrier fit comprendre à l'homme qu'il ne désirait rien de plus. En vérité, il aurait bien aimé obtenir d'avantage d'informations quant à leur mission mais il se doutait bien que l'homme en face de lui n'était sans doutes pas en mesure de lui répondre correctement.

Étrangement, le damarien se sentait légèrement mal à l'aise et gardait cette même appréhension qu'il avait ressenti lorsqu'il avait dut patienter dans la précédente salle. Il ne toucha pas à la nourriture disposée sur les tables ni ne s'intéressa par le fait de se débarbouiller ou se rafraîchir... dans tous les cas, il pourrait en profiter après mais pour l'instant... il préféra attendre que leur mystérieux employeur se montre.

Tout cela avait une impression de "facile"... "trop facile" même.

Le flot continu de bonnes nouvelles s'était malheureusement tari : Salvar était absent et semblait injoignable pour l'heure. Les événements laissaient songeuse la jolie amnienne dont le visage affiche une moue discrète.

¤ Rethgaard ? Où est-ce encore? Le nom me dit vaguement quelque chose mais impossible de le resituer sur une carte. En tout cas, il semble que ce soit trop loin pour nous... ¤

Néanmoins, leur hôte fit une nouvelle fois preuve de prévenance en leur suggérant une solution potentielle, à savoir interroger un apprenti curieux. La suggestion s'avérait excellente et Metzli s'estimait être capable de convaincre le jeune homme de leur communiquer tout ce qu'il savait... En général, elle réussissait naturellement comment toucher les cœurs de ses interlocuteurs et elle ne doutait pas que ses deux compagnons puissent l'aider dans cette tâche si un problème survenait.

Tandis qu'elle réfléchissait, Karmeth interrogeait leur hôte sur d'éventuelles menaces pesant sur la Tour des Capes. La question était, à vrai dire, très pertinente : un tel lieu pouvait bien renfermer des informations utiles quant à la traque de l'artefact... et peut-être même de potentiels candidats à un poster au sein du conseil de Padhiver.

- Je me joins tout à fait à la question de mon compagnon et, surtout, je vous remercie une nouvelle fois pour votre aide : ce serait très gentil à vous de faire venir Obinus.

L'ensorceleuse ajouta tout en passant avec coquetterie sa main dans sa chevelure :

- Mais, soit dit en passant, je ne pense pas que nous nous soyons présentés en bonne... et due forme et je tiens vraiment à signaler votre aide au comte quand nous lui ferons notre rapport. Pour ma part, je suis Metzli Arnesen ; voici, Karmeth ; et Corvo Stern...

D'un élégant geste de la main, elle avait désigné chacun de ses compagnons.

Moira se contenta de montrer à Bevvy une franche indifférence. Elle n'était pas convaincue par son attitude: les colons des Dix-Cités venaient de tout Féérune. Tout le monde était un étranger là-bas à part les barbares, et encore même eux étaient souvent des nomades. Quand aux Uluiks, ne vivaient-ils pas sur la Mer des Glaces Mouvantes et non dans le Valbise? A moins que ce ne soit encore un test... mais qu'est-ce que ça pouvait lui faire de toutes façon?

Alors elle ne répondit rien sur l'instant, se contentant d'observer l'homme. Il venait donc clairement de là-bas. Le froid ne lui faisait pas peur, mais à elle non plus. Elle venait de montagnes particulièrement dures dans les massifs de l'Impiltur. La mercenaire arrivait donc un peu mieux préparée que la moyenne.

-Peut-être que je finirais par m'en lasser et je reviendrais à Padhiver... Mais la ville ne m'a pas fait forte impression pour le moment.

Elle s'étira discrètement.

-Vous n'avez pas d'autres questions? Sinon j'aimerai aller manger un morceau et je vous retrouve ce soir.

Rethgaard… Corvo n’avait pas la moindre idée d'où ce patelin aux consonances nordiques pouvait bien se trouver. Il chassa donc définitivement toute intention d’aller aux devant de Salvar et se résigna à devoir attendre le retour de ce dernier…

¤ Si il ne réapparaît que dans dix jours, la piste du membre de la Main des Mystère risque de devenir aussi froide qu’un cadavre de géant des glaces...¤

Dame Fortune n’avait pourtant pas abandonné les trois aventuriers. Leur interlocuteur semblait être dans d’excellentes dispositions envers eux et trouva de son propre chef une solution… Discuter avec l’apprenti de Salvar était une idée des plus séduisantes.

¤ Un apprenti trop curieux… Avec un peu de chance... orgueilleux et bouffi d’ambition… Cet Obinus m’a tout l’air d’être un interlocuteur idéal pour nous… ¤

La dernière question de Karmeth – qui évoquait les troubles récents à Padhiver - provoqua l’apparition de nouvelles interrogations dans l’esprit de Corvo. Retrouver l’agent de la main des mystères était une chose mais in fine, la mission confiée par le Comte était bien de s’assurer que la course aux artefacts et pour le gain du siège au Conseil ne soit pas remportée par les mauvaises personnes… La Tour des Capes était-elle aussi dans la partie ? Corvo profita de la coopération du mage et de la présentation de la belle ensorceleuse pour ajouter un complément à la question de Karmeth :

- Beaucoup d’organisations de Padhiver se retrouvent en concurrence pour pouvoir prétendre à l’obtention du poste au Conseil… J’imagine que vous savez de quoi je parle. Après tout, une organisation comme la vôtre est sans nul doute bien informée. Je ne sais pas si la Tour des Cape participe à ce… concours... mais cela peut en effet attirer quelques problèmes...

Réussissant à retrouver la trace du couple, Moreta comprit que le duo s'était pressé, et pas qu'un peu, si on considérait l'avance qu'ils avaient déjà, après, ils avaient le grand avantage de savoir où ils allaient, ce qui les laissait prendre une certaine avance. Heureusement, savoir parler au gens était quelque chose que savait très bien faire, les amenant à se confier et surtout à lui dire ce dont elle avait besoin, même quand ils n'avaient guère envie de parler. La technique avec ces derniers, c'était de leur faire comprendre rapidement et non verbalement qu'ils se débarrasseraient plus vite d'elle en lui disant ce qu'elle voulait qu'en essayant de la faire partir, et généralement, à moins de tomber sur des abrutis finis incapables de voir les signes, ou qui avaient de réels intérêts à cacher les informations, ce qui n'était pas le cas ici, c'était une stratégie payante.
Le lieu où ils s'étaient rendu était insolite, mais rendait la chose intéressante. Leur trajet indiquait qu'ils ne s'attendaient pas à être suivi jusque là, et donc même s'ils avaient repéré quelque chose dans l'auberge, rien ne portait à croire qu'ils se rendaient ici pour monter une embuscade, Moreta avait donc le champ libre. Le sous-sol de la tannerie était fermé à clef, mais c'était quelque chose que Moreta pouvait contourner facilement. Toutefois, il restait la problème qu'elle ignorait tout ce qui pouvait se trouver derrière, même si son intuition lui indiquait une réunion du culte, et au minimum des informations revendables sur le traître dont elle portait la gemme. Aussi, comme ce genre de personne n'appréciait guère de recevoir des visiteurs à l'improviste, il valait mieux être prudent. Sortant un instant sa guitare et après avoir vérifié qu'elle était bien seule dans la ruelle, elle gratta doucement certaines des cordes en prononçant quelques mots à voix basse pour laisser la faible lumière des environs passer à travers elle pour quelques minutes, puis elle s'attaqua à la serrure.

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Invisibilité via sort lyrique (reste 6/9 utilisation de musique de barde pour la journée)
Crochetage de serrure (Faire 10 à +12, et si ça marche pas en lançant les dés)