Chapitre 1 : Padhiver

Suite à cette déclamation, Moira cligna des yeux en successions rapides.

*Quoi?*

Allez de l'avant, de l'arrière, survivre, tout ce baratin c'était comme si Bylgja avait essayé de dire quelque chose de profond mais ça n'avait pas très bien marché. La mercenaire ne savait par quel bout prendre ce conseil, si c'en était un.

-Vous pourriez être plus claire?

La mercenaire jeta un oeil au alentours par réflexes.

-Ecoutez, moi tout ce que je peux vous dire c'est: vous avez une cible précise en tête, je peux vous aider. J'ai un vieux compte à régler avec le Culte. Si c'est flou et que vous avez besoin de chercher, je ne peux rien faire.

Pourquoi mentionnait-elle un voyage tout d'un coup? Ce goût du secret, encore.

-Sinon, je me remet en route pour le Valbise, tant bien que mal. Peu de caravanes ne veux pas dire aucune.

Hannibal était un homme prudent et prévoyant aussi n'hésitait-il pas à se concentrer sur les discussions alentours pour pouvoir en entendre un maximum de détails. Et il avait bien fait au vu de la quantité d'informations qu'il apprit juste en tendant l'oreille. Il semblait bel et bien que la valeur des artefacts recherchés n'étaient pas en cause dans toute cette histoire. Seuls leurs pouvoirs ou une signification précise était recherché par ce Selger Mavisul... c'était une bonne chose à savoir avant de s'embarquer dans cette aventure.

Les détails qu'il apprit par la suite sur la tombe mystérieuse et ses dangers étaient cependant moins pour lui plaire. Si Hannibal était capable de trouver et désamorcer des pièges simples, ce n'était pas le cas de ceux d'origine magique. Mais plus étrange encore était cette histoire de tombe qui se déplaçait. Depuis des années qu'il traînait ses bottes dans Faerûn, c'était bien la première fois qu'il entendait une histoire aussi farfelue. Il n'hésita pas à juger cette information comme totalement fantaisiste... mais il ne l'oublierait pas pour autant.
Il n'apprit cependant rien de plus intéressant.

Et cela tombait bien car son contact était apparemment arrivé... et le guerrier ne s'attendait pas à cela visiblement. L'homme en question avait plus la tête d'un bouvier que d'un intermédiaire pour employeur... enfin soit, le guerrier se doutait bien qu'il aurait plus amples réponses en suivant le bonhomme. Ce dernier n'attendit même pas que le damarien lui emboîte le pas pour s'en aller de par les rues jusqu'aux entrepôts de son maître.

la taille de ces derniers avait de quoi impressionner d'ailleurs et le guerrier crut un instant qu'il n'était pas au bon endroit tant l'endroit semblait imposant. La tenancière de l'auberge n'avait pas menti quant à la dimension des bâtiments. On l'interpella rapidement car il faisait quelque peu tâches dans cette agitation au milieu des manoeuvriers et ouvriers qui chargeaient, déchargeaient et déplaçaient les caisses et sacs de marchandise.

-Je suis ici pour le travail spécial de sieur Mavisul... où puis-je obtenir plus d'information à ce sujet?

Il se doutait bien que personnage face à lui ne détenait pas ce qu'il cherchait. Ce n'était qu'un scribe qui devait passer bien trop de temps entre ses livres et parchemins poussiéreux.

-Ma foi, pour le moment je penses que nous en avons fini, répondit le nain à la jeune fille. Je vous suis !

Le fils de la pierre emboita le pas à ses compagnons en route vers leur prochaine destination : la tour des Capes. La description qu'en avait fait le marchand avait de quoi aiguiser la curiosité, mais le prêtre préférait réfléchir à une nouvelle stratégie en se basant sur les autres indications de Talian.

¤Aventuriers et Taverne, du très classique... J'imagine que débouler là-bas en leur lançant un défi ouvert ne donnerait rien de concluant, il faudrait une approche plus subtile... Quelque chose que je pourrais faire, moi, pour aider le groupe.¤

Dans l'immédiat, garder les yeux ouverts et rester prêt à agir semblait être le meilleur choix. Une tour isolée aux confins de la ville, c'était peut-être un bon endroit pour une première approche de leurs adversaires. Après tout dès leur entrée en ville ils s'étaient fait discrédités auprès de la milice, il était donc logique de supposer que quelqu'un les avaient à l'œil avec ou sans rumeurs.

¤Mais si d'ici ce soir personne ne nous a agressé, j'ai peut-être une idée pour accélérer les choses.¤

5ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
5 Mirtul 1373.
Période de la journée : Début de matinée.
Climat : Ciel dégagé. Vent frais.
Température : environ 3 degrés.

Metzli, Corvo Stern et Karmeth:

Ayant pris congé de Talian, Metzli et ses compagnons se dirigèrent vers le Nord et la Tour des Capes. La première partie du trajet commençait à leur être bien connue: le Marché des Lames où ils avaient passé la nuit, le parvis de la Maison du Savoir, le pont du Dauphin et la place au pied des murs du château royal. Un marché s’y trouvait mais les étals présentaient des produits différents, et plus précieux, que ceux qui se trouvaient plus au sud.

Une fois le château dans leur dos, toutefois, le paysage changea assez brusquement. Les bâtiments de relative petite taille serrés les uns contre les autres qui contenaient les échoppes et les habitations des marchands cédèrent la place à des constructions plus légères et altières séparées de la rue par haies et portails.

Avec les bâtiments commerciaux disparurent aussi le bruit et la foule qui la créait. Les trois aventuriers étaient presque les seules personnes dans la rue et ils étaient les seuls à marcher. Quelques cabriolets circulaient mais la grande majorité des présents étaient des soldats en armure à cheval qui les regardaient avec suspicion. Par intermittence, ils pouvaient aussi apercevoir quelques gardes supplémentaires dans les guérites qui se trouvaient sur le côté des portails.

Même s’ils n’avaient qu’une vague direction pour les guider, Corvo Stern et ses camarades n’avaient que peu de doutes sur l’endroit où leur pas devaient les mener: l’une des tours, loin d’être la plus haute, semblait avoir une sorte de jet d’eau qui changeait de couleur de manière irrégulière sortant d’une de ses cheminées.

Une douzaine de minute de marche les mena au pied de cette tour. Contrairement aux autres, elle ne se trouvait pas derrière une barrière végétale et métallique mais au centre de ce qui aurait pu être un parc si le sol avait été recouvert de quoi que ce soit approchant du gazon. A la place se trouvaient des galets bariolés, qui semblaient former des motifs étranges, au milieu de gravillons. Alors que Karmeth et ses comparses s’apprêtaient à mettre les pieds sur cette étendue pierreuse, un halfelin chauve mais mal rasé vêtu d’un bliaut rose, d’une cape vert pomme et d’une couronne en étain franchit précipitamment la porte de la tour en leur faisant signe, ainsi qu’en mugissant, de ne pas bouger. Il suivit un trajet tarabiscoté pour les rejoindre, essoufflé.

- Faites attention où vous mettez les pieds, nous avons passé la majeure partie de la dernière dizaine à arranger le parterre! Vous cherchez quelque chose?


Hannibal :

Le scribe leva son stylet et cessa d’écrire pendant quelques secondes. Il se tourna même vers Hannibal et le regarda pendant un instant avant de retourner vers son travail. Il pointa du doigt une porte sur le côté du bâtiment.

-Par là. Bonne chance, je suppose.

La porte menait à une salle où se trouvaient deux autres personnes assises chacune sur un banc face-à-face. Une autre porte se trouvait du côté opposé de la pièce. Les murs de planches étaient nus mais le sol était couvert par une sorte de tapis brun. La pièce était éclairée par deux paires de torches situées de chaque côté des portes. L’une des deux personnes présentes, un demi-orc qui aiguisait une hache aussi imposante que son porteur, lui jetait des regards fréquents. L’autre, une elfe assise en tailleur qui donnait l’impression d’être en train de dormir, lui adressa la parole sans ouvrir les yeux amis en se tournant vers lui.

- Bienvenu! Le responsable devrait être de retour bientôt. Avec une sorte de test pour voir si nous sommes à la hauteur de la tâche.

Une petite table rectangulaire se trouvait au bout du banc sur lequel l’elfe était assise. Un petit vase peu profond contenait un nymphéa blanc. Il se trouvait au pied d’un bouclier que le Damarien reconnu comme étant le symbole du dieu martial Tempus. Une assiette à côté du vase contenait quelques gâteaux secs et un pichet de vin, accompagné de deux gobelets, se trouvait de l’autre côté du vase. Les deux bancs avaient encore assez de place pour qu'Hannibal puisse s'asseoir s'il le souhaitait. Le demi-orc lui adressa une grimace mais il était difficile de décider s'il s'agissait d'un salut ou d'une menace.

Moira :

Bylgja s’arrêta une nouvelle fois. Elle haussa les épaules et, avec un dernier sourire, souhaita bonne route à Moira.

Bylgja

- Si j’avais une cible précise en tête, je l’aurais déjà faite arrêter par la garde citadine. J’espère trouver la trace du Culte du Dragon rapidement mais, pour l’instant, tout ce que j’ai réussi à trouver est un tas de pions et de petits brigands. Bonne chance pour l’avenir! -------------------- Bien que de petite taille, Bylgja a l’air prête à affronter un dragon en face à face. Et avec suffisamment d’assurance pour faire douter le grand ver.

Une fois cela dit, elle repartit en courant presque vers l’est de Padhiver, laissant Moira libre de choisir ce qu’elle allait faire.

Trouver une caravane cherchant plus de bras pour la protéger n’était pas particulièrement difficile. Mais Bylgja avait vu juste sur un point, il n’y avait pas grand monde qui souhaitait se diriger vers le nord. La seule qui semblait vouloir se diriger immédiatement dans la bonne direction avait pour but Port Llast, bien loin au sud du Valbise. Une autre avait prévu de se rendre à Mirabar, d’où il devait être possible de trouver une caravane se rendant de l’autre côté de l’Épine Dorsale du Monde mais cette caravane devait passer par Leilon au sud et n’atteindrait donc pas Mirabar avant au moins un mois.

Moira finit par acquérir la certitude que les seuls marchands souhaitant se diriger vers le Valbise le faisaient par la mer. Sur le port aussi, la plupart des gens souhaitaient se diriger vers le Sud mais la Damarienne trouva deux navires qui semblaient décidés à se diriger vers le Valbise. L’un des deux devait partir le lendemain pour Ciseaux-Ardents pour remplacer l’envoyer de Padhiver au sein de son conseil. Un autre navire avait prévu de se rendre vers le Valbise, sans plus de précision quand à la position exacte de la destination, mais attendait un message de son affréteur avant de finir les préparations pour le voyage.

5ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
5 Mirtul 1373.
Période de la journée : Début de soirée
Climat : Ciel dégagé. Vent frais.
Température : environ 4 degrés.

Moreta :

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Représentations : 1(Dé) + 20
Perception: 6(Dé) + 11

Le temps d’aller récupérer sa guitare, Moreta échappa au boucan venant de la salle principale. À son retour, ceux qui étaient présents la veille se turent et attendirent qu’elle commence à jouer tandis que d’autres essayèrent de la siffler. Les sifflets ne durèrent pas très longtemps.

Après plusieurs heures de musique, elle mit un terme à sa représentation. La foule avait visiblement aimé ce qu’elle avait entendu même si, honnêtement, elle n’avait pas montré énormément de talent. Comme la veille, la nuit et le repas étaient offerts en échange de la musique mais les dons de l’auditoire pouvaient s’ajouter à ses économies. Même si cela ne représentait pas grand chose.

La salle était maintenant presque vide et ceux qui restaient étaient en train de partir. La seule exception était un couple en train de jouer aux dés. Cela n’avait rien d’exceptionnel en soi, tous les lieux qu’elle avait visités avaient une version ou une autre de jeu de dé. La plupart de ces jeux étaient des jeux d’argent nécessitant plus de chance que de talent mais ils semblaient être universels. Les dés eux-mêmes étaient plus inusuels. Ils semblaient être fait d’os, ou d’ivoire, ce qui n’avait rien d’inhabituel mais l’un des dés, au moins, avait une face qui n’avait pas un nombre mais un symbole. Il n’était resté que quelques secondes sur la table avant que l’un des joueurs ne s’en saisisse mais Moreta aurait pu jurer que le symbole était celui du Culte du Dragon.

Une vibration se fit sentir au niveau de sa taille à cet instant, ce qui attira son attention. L’elfe lunaire identifia rapidement que cela provenait de son étui à parchemin et, plus précisément, d’une petite gemme. Il s’agissait de la gemme-esprit de Jehal, le traître. Il s’agissait de la première fois qu’elle agissait de cette manière. Elle arrêta de vibrer presque à l’instant où la Lunargentine la saisit.

Pendant qu’elle localisait la gemme-esprit, les joueurs de dés avaient visiblement décidé qu’il était temps de quitter le Chaudron Rutilant. Moreta n’avait baissé le regard que pendant quelques secondes mais le couple avait complètement disparu.

Accompagnée de ses deux acolytes, Metzli s'était guidée à vue jusqu'à l'étrange tour qui se dressait dans la cité.

Ce faisant, la jeune femme avait découvert avec curiosité des quartiers sévèrement gardés par une soldatesque visiblement aux aguets. Padhiver n'était que la troisième grande ville (après Athkatla et Eauprofonde) qu'elle avait eu l'occasion de visiter et tout lui semblait intéressant et neuf : chaque ville avait sa propre atmosphère... Ne connaissant rien à la topographie de celle-ci, elle se demandait à quelles fonctions ce quartier pouvait bien être assigné :

¤ De riches demeures ? Des institutions locales ? Ou le siège des autorités militaires? ¤

La présence des soldats avait quelque chose d'inquiétant et de rassurant à la fois. Mais, pour l'heure, elle n'était pas venue pour visiter la ville et elle s'était finalement approchée de la tour des capes.

La jolie ensorceleuse avait immédiatement été frappée par l'aspect étrange de son environnement : ces galets multicolores avaient de quoi surprendre. Elle s'était arrêtée un instant, sans mot dire, pour les observer avec son familier.

¤ C'est joli! A quoi cela peut-il bien servir? Est-ce une simple ornementation ? Se passerait-il quelque chose si je posais le pied là-bas ? ¤

C'était alors que l'halfelin l'avait apostrophée, la tirant de ses pensées. Courtoisement, Metzli répondit :

- Nous ferons attention, promis! Je ne voudrais pas gâcher un si beau travail... Quant à nous, nous avons effectivement besoin d'un peu d'aide : nous souhaiterions parler à un responsable de la tour. Nous sommes à la recherche de quelqu'un qui y a probablement récemment séjourné...

Metzli était volontairement restée vague, espérant que son interlocuteur ne poserait pas trop de questions. Pour le moment, elle était décidée à n'user du nom du comte qu'en dernier recours.

Abstraction faites de l’affaire nébuleuse dans laquelle il s’était plongé bien volontiers aux cotés de ses nouveaux compagnons, Corvo déambulait à travers les rues de Padhiver avec la béatitude d’une touriste en goguette. Il fallait bien dire que la ville était somptueuse et qu’elle n’avait clairement pas volé son surnom de « Perle du Nord ».

La contemplation du jeune-homme restait toutefois intérieur si bien qu’il ne se manifesta pas outre mesure durant la bonne dizaine de minutes nécessaire pour rejoindre la Tour des Capes. Corvo se contenta donc de suivre Metzli, profitant de l’air frais revigorant qui lui faisait un bien fou.
Ce ne fut que lorsque le trio arriva à destination de la Tour que le roublard desserra les lèvres.

- Qu’est ce que c’est que... ce truc ?!

La question rhétorique qu’il avait posé de manière presque inaudible n’avait pas pour origine la contemplation du parterre de galets multicolore. En réalité, c’était la vision du petit bonhomme chauve aux goûts vestimentaires plus que douteux qui fit croire au roublard qu’il ne s’était finalement pas tout à fait remis de son mal de mer de la veille…

¤ Comment peut-on avoir des goûts pareils ?! ¤

Tentant de conserver un visage impassible, le roublard n’ajouta rien aux propos de Metzli. Selon lui, pour composer avec des mages excentriques, la jeune femme était de loin la plus capable du groupe.

Distraite par cette journée perdue, l'absence de Vještac et le message, Moreta n'était pas du tout concentrée sur sa musique. Heureusement, ses automatismes et son talents, ainsi que son corps pour la partie mâle de l'assemblée, suffirent à captiver l'audience et à lui offrir un peu plus que le gite et le couvert pour la journée, même s'il ne s'agissait pas d'une fortune, c'était toujours de petites économies qui s'ajoutaient les unes aux autres, et lui permettraient de rester sur place aussi longtemps que nécessaire, puisqu'elle n'entamait point ses réserves de monnaie.
Avec ses capacités elfique, Moreta était capable de continuer à jouer jusque tard dans la soirée, et cela sans même sacrifier ce qu'elle voulait faire le lendemain matin, chose que les humains, ces êtres inférieurs, devaient bien lui envier. Aussi, l'elfe joua jusqu'à très tard, alors que presque tous étaient partis. Il ne restait plus qu'un couple, qui ne faisait pas vraiment attention à elle, lorsqu'elle commença à ranger. Ses affaires à leur place, l'elfe allait remonter, jetant un dernier coup d'œil aux joueurs de dés, au cas où ils voudraient demander une dernière chanson avant qu'elle ne parte, espérant que ce ne serait pas le cas, elle remarqua un symbole sur l'un des dés.
L'elfe se figea un instant. Ce symbole, il lui semblait l'avoir vu quelque part. Elle prit quelques instants pour y penser avant de se rendre à l'évidence : c'était celui de culte, celui qu'elle cherchait. Mais son attention fut attirer ailleurs, sur la gemme qu'elle avait pris au traître de l'Assemblée, qui réagissait à elle ne savait quoi.
Bien sur, l'elfe savait que la gemme était magique, et c'était bien l'une des rares choses qu'elle savait sur elle, mais c'était la première fois qu'il se passait quelque chose comme ça. Elle savait qu'elle devait se déclencher à quelques distance d'un autre porteur de gemmes, même si elle ne l'avait jamais fait aux cotés de Gerbo, et qu'elle avait peut-être d'autres pouvoirs. Peut-être était-ce une alerte générale à destination des membres, mais Moreta trouvait le timing trop parfait pour ne pas être corrélé avec le symbole indiqué sur le dé. Malheureusement, en tournant la tête, elle put voir que le couple avait disparu.
Aussi, ayant besoin de ses affaires, et particulièrement de ses armes, si jamais les choses tournaient mal, Moreta se rua vers sa chambre pour y prendre ses affaires, profitant d'avoir la gemme dans la main pour la transférer dans une poche plus facile d'accès, puis retourna en bas pour voir si elle n'avait pas une chance d'arriver à rattraper le couple qui ne devait avoir que quelques minutes d'avance sur elle tout au plus, et aucune raison, eux, de se presser. Vu l'heure, les rues ne devraient pas être noires de monde, et elle devrait pouvoir les retrouver facilement, restait à savoir si cela lui serait utile.

Le damarien se doutait bien que le scribe rencontré dans la cour n'était en rien concerné par cette histoire de quête et le recrutement d'aventuriers qui allait de pair avec. Il eut au moins l'obligeance et la politesse de le guider à travers la série d'entrepôts et réserves pour atteindre l'endroit où les gens comme lui étaient attendus.

Une fois à l'intérieur, le guerrier prit rapidement conscience de son environnement comme il le faisait à son habitude, repérant immédiatement les différentes entrées et sorties de la pièce. Il nota la position des meubles ainsi que leurs poids et leur apparente solidité et déterminer s'ils pouvaient ou non servir de couverts. Même le bouclier de Tempus fut analysé en ce sens bien qu'avec la plus grande déférence de la part d'Hannibal... il n'était jamais bon de manquer de respect à un dieu.

Enfin, son attention se porta sur les individus présents en ce lieu. Le demi-orque avait tout l'air d'être une brute aux muscles impressionnant et au sens de l'humour proportionnellement moins tranchant que le fil de sa hache... il ne devait connaître que peu de réponses à ses problèmes hormis la violence. Difficile de déterminer s'il se voulait poli, si on pouvait le qualifier ainsi, ou s'il menaçait discrètement Hannibal. Mieux valait ne pas entrer dans son petit jeu, quel qu'il soit.

L'elfe en revanche semblait plus posée et calme, semblant perdue dans une méditation intérieure et bien que le damarien ne fut pas surpris qu'elle ait remarquée sa présence. En revanche, il ne s'attendait pas à ce qu'elle garde les yeux fermés pour le saluer. Dans tous les cas, elle se montrait déjà plus avenante et chaleureuse que son homologue à peau verte.

-La bonne rencontre aventuriers. Je gage que de bons auspices nous ont réunis ici aujourd'hui.

Le damarien salua les deux occupants d'un hochement de tête avant d'aller s'installer contre le mur non loin de l'elfe assise en tailleur. Il ne se sentait pas assez fatigué pour s'assoir et il valait mieux se tenir prêt et sur ses gardes en territoire inconnu.

-Quelqu'un est déjà venu vous donner de plus amples informations ou est-ce que vous aussi êtes tout aussi inconscients que moi des détails de cette quête?

Il ne s'adressa à personne en particulier mais il se doutait bien que l'elfe serait plus encline à lui répondre que le demi-orque.

*Mais je croyais qu’elle ne faisait plus partie de la- oh et puis zut. *

La grande mercenaire énonça un aurevoir de courtoisie sans vraiment l’entendre elle-même. Cette entrevue avait fini par l’agacer. Bylgja courait de droite à gauche, parlait de plans sans être capable d’en venir aux faits ; elle s’agitait beaucoup, mais Moira en venait à douter qu’elle obtienne beaucoup de résultats. Tant pis, c’était pourtant une drôle d’histoire qu’elle avait là, mais cette brave femme risquait de courir encore longtemps.

Après le départ de Bylgja, Moira s’en retourna fouiner sur les marchés, puis sur les docks. Arriver au Valbise par voie terrestre s’avéra difficile : seul Mirabar était une destination potentiellement intéressante, mais la Mercenaire revenait justement des Marches d’Argent, et n’avait pas l’intention d’y retourner immédiatement. La voie maritime en revanche offrait de nouvelles possibilités. Plus rapide, plus dangereuse aussi en raison de la piraterie notoire aux alentours de Luskan… Peut-être que les armateurs seraient tentés d’embaucher du muscle supplémentaire ?

Il y avait deux destinations : la petite communauté minière de Ciseaux-Ardent, le navire partant demain et une autre non précisée. Ciseaux-Ardent avait régulièrement maille à partir avec des envahisseurs, orcs ou humains. Après une rapide réflexion, cela lui paraissait la meilleure option, mais elle n’écarta pas définitivement l’autre pour autant.

Moira passa donc un peu plus de temps sur le port, à respirer l’air marin et à s’enquérir des détails sur ces deux expéditions à venir.

5ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
5 Mirtul 1373.
Période de la journée : Début de matinée.
Climat : Ciel dégagé. Vent frais.
Température : environ 3 degrés.

Metzli, Corvo Stern et Karmeth:

Les étranges couleurs des vêtements de l’homme qui s’était précipité vers eux faisaient qu’il n’était pas simple de le prendre trop au sérieux mais, au moins jusqu’à ce que Metzli ait exprimé son admiration pour leur travail artistique, il semblait être de bien mauvaise humeur. Il leva un sourcil en regardant le trio avant de répondre.

- Vous êtes conscients que la Tour n’est pas une auberge, n’est-ce pas ? Il arrive que nous ayons des invités mais ce n’est pas dans nos habitudes. Et encore moins de discuter de qui, quand et pourquoi avec des étrangers. À moins que vous ne soyez pas vraiment des étrangers.

Il leur fit signe de le suivre. Une fois de plus, le chemin qu’il suivit était plein de tours et de détours mais il était difficile de dire s’il s’agissait du même que celui qu’il avait suivi à l’aller. Toujours est-il que le petit groupe finit par arriver devant les portes de la Tour.

Derrière celles-ci se trouvait un hall circulait qui semblait occuper toute la surface de la tour. Un imposant lustre se trouvait à une demi-douzaine de mètres au-dessus de leurs têtes et une corde, apparemment métallique, en descendait pour passer au travers d’un trou d’un pied de diamètre dans le sol. Un escalier, sans rambarde, courait le long du mur extérieur. Il descendait aussi vers les sous-sols et c’est dans cette direction que leur hôte les mena. Après environ un tiers de tour, il ouvrit la porte qui se dressait dans le mur extérieur et ils pénétrèrent dans une pièce qui semblait être une sorte de cuisine. Deux adolescents en robe, les voyant entrer, sortirent par une porte s’ouvrant dans le mur droit et leur guide leur fit signe de s’asseoir autour d’une lourde table en bois qui se trouvait au centre de la pièce pendant qu’il se dirigeait vers une théière en train de siffler au-dessus du feu de la cheminée.

- Je me faisais chauffer de l’eau, si cela vous intéresse. Les Nébuleuses ont trop à faire pour répondre à la moindre requête mais je peux peut-être vous aider. Si vous m’en dites plus sur celui ou celle que vous cherchez.


Hannibal :

Les salutations et la question d’Hannibal ne reçurent comme toute réponse de la part du demi-orque qu’un grognement et un hochement de tête. Il se gratta aussi le nez mais cela n’avait probablement pas grand-chose à voir avec le Damarien.

L’elfe se montra un chouïa plus avenante sans être vraiment loquace. Elle sourit, tourna son visage vers lui et ouvrit même les yeux avant de lui répondre. Le timbre de sa voix était plutôt mélodieux.

- J’ignore ce que vous savez mais tout ce dont je suis certaine est que la mission s’annonce périlleuse et que l’objectif est d’obtenir quelques objets magiques dans une ruine dont la localisation n’est pas claire. J’ai cru comprendre le Val-Bise mais il se pourrait que ce ne soit qu’une rumeur.

Un homme d’une cinquantaine d’année entra alors dans la pièce par la porte opposée à celle par laquelle Hannibal était arrivé. Il jeta une rapide regard sur les trois aventuriers présents et commença à parler du test qui les attendait.

- Dans la cour derrière cette porte se trouve une créature que vous devez vaincre. Le test est simple : les survivants sont qualifiés. Si vous abandonnez tous, nous essaierons d’arrêter la bestiole mais vous aurez échoué au test. Il est possible d’obtenir une seconde chance, mais n’espérez pas trop. Avez-vous des questions ? Êtes-vous prêts ?

Le demi-orque poussa un autre grognement qui semblait signifier son accord tandis que l’elfe, décroisant ses jambes et se préparant à se lever, leva le pouce pour indiquer qu’elle acceptait le défi. Elle attrapa aussi son arc et commença à jouer avec la corde pendant que leur camarade vérifiait le tranchant de son arme.

Période de la journée : Fin de matinée.
Climat : Ciel dégagé.
Température : environ 5 degrés.

Moira :

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Social : 7(Dé) + 6

Le port de Padhiver, comme tous les autres ports, de la Mer des Étoiles Déchues à la Baie du Ballet Cétacé, probablement, était en constante effusion. Où qu’elle se trouve, sur le pont d’un navire comme au milieu de la rue, Moira semblait être au milieu du passage de quelqu’un qui ne se gênait pas pour faire entendre son mécontentement. La majorité des informations qu’elle avait glanées jusque là était le résultat de conversations qu’elle avait entendu plus de questions qu’elle avait pu poser.

Il en fallait plus que quelques marins malpolis pour la décourager, toutefois, et elle finit par mettre la main sur quelqu’un qui pouvait répondre à certaines de ses questions et qui était prêt à le faire. Sur le navire qui devait transporter le prochain dirigeant de Ciseaux-Ardents, elle trouva un contremaître qui s’avéra être civil.

- Je ne suis pas certain que Sir Gylfi recrute des aventuriers. Je crois que sa protection est assurée par un corps de soldats officiels de Padhiver. Mais si vous souhaitez faire le voyage, et que vous avez le pied marin, il y a quelques postes à pourvoir sur ce bateau.

Trouver des informations sur l’autre expédition s’avéra un peu plus tortueux mais Moira finit par apprendre, auprès de l’amirauté, que le navire avait été acheté par Ido Kardein récemment pour se rendre vers le Valbise. La raison exacte n’en était pas claire mais cela semblait cohérent avec l’annonce qu’elle avait lue au Marché des Lames. Les marins refusaient de parler et les officiels ne semblaient pas en savoir plus ce qui voulait dire qu’elle allait devoir sans doute s’adresser à la compagnie marchande Kardein directement si elle voulait en apprendre plus.

Ces recherches lui avaient pris toute la matinée et elle commençait maintenant à avoir faim. Elle avait passé devant, et souvent eu besoin d’entrer dans, de nombreuses tavernes mais elle n’avait rien avalé depuis le petit-déjeuner et la partie du port où elle se trouvait maintenant avait plus d’odeurs de tourtes à la viande chaude et d’épice que de poisson, ce qui ne faisait qu’aiguiser encore plus son appétit.

5ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
5 Mirtul 1373.
Période de la journée : Fin de soirée
Climat : Ciel couvert ; risque de pluie
Température : environ 2 degrés.
Moreta :

Intriguée par la réaction inhabituelle de la gemme-esprit de Jehal, Moreta en était arrivée à la conclusion que le couple au dé portant le symbole du Culte du Dragon devait y être lié. Après tout, quand on parlait du Culte, il était plus sage de penser en terme de conséquences qu’en terme de coïncidences.

La barde récupéra son équipement dans sa chambre, histoire de ne pas avoir à regretter de s’être précipitée et sortit du Chaudron à la poursuite du couple. Il faisait nuit noire dehors. La ruelle dans laquelle se trouvait l’auberge n’avait pas d’éclairage publique et la seule lumière provenait donc de Séluné et des étoiles, ou de la salle commune qu’elle venait juste de quitter. Malgré les nuages qui voilaient une partie des astres nocturnes, Moreta n’avait pas spécialement de problème avec le peu de luminosité. Mais cela ne voulait pas dire que trouver les deux probables cultistes était simple.

D’instinct, la Lunargentine estimait que s’ils avaient marché à une vitesse normale pour des humains, ils devraient encore se trouver dans la ruelle, proches de son issue sur l’avenue, mais ils avaient disparu. La ruelle était déserte, si on exceptait un chat en piteux état qui semblait chasser son repas dans une pile de paille sale à la sortie de l’écurie. Plus loin dans la ruelle, en direction de l’avenue, quelqu’un tourna le verrou d’une porte qui semblait résister et un volet couina au premier étage d’une autre habitation. Quelques gouttes de pluie commencèrent à tomber non loin de Moreta qui se trouvait encore à l’abri sous l’avant-toit de bardeau de l’entrée de l’auberge.