Chapitre 1 : Padhiver

Le nain soupira de soulagement.

-Héhé, content que ça vous ai changé un peu les idées, sourit-il. Désolé Corvo mais je suis incapable de tenir ne serait-ce qu'un faux-semblant.

La réaction du marchand était parfaite, et alors qu'il se replongeait sur la liste de course, le prêtre vérifia à son tour que personne n'épiait leur conversation avant de baisser la voix pour enchainer sur quelque chose qu'il aimait beaucoup plus. Faire confiance et compter sur les autres pour tout ce qui lui était impossible.

-Concernant le pourquoi vous avez donné vous-même la réponse. Nous désirons forcer nos ennemis communs à s'en prendre à nous, à les faire sortir de l'ombre. Vous connaissez la ville bien mieux que nous, et êtes beaucoup plus crédible que moi... pourriez-vous également nous assister sur cette opération-ci ? L'objectif est véritablement de faire de nous des cibles, d'une manière qui tienne la route et en évitant que ça retombe sur le dos d'autrui.

Il était heureux qu'ils aient pu tester cette approche avec une personne susceptible de les comprendre et de les aider, et le résultat démontrait clairement qu'ils avaient besoin d'aide. Ou tout du moins qu'il avait besoin d'aide.

-Au besoin je mettrais mon casque et me contenterai de me taire, ça m'évitera de saboter vos tentatives, proposa-t-il à ses deux camarades.

Une fois les messes basses entre eux quatre finies, il reprit à voix haute en direction de Talian :

-De mon côté la liste n'a pas changée, et la proposition de mon jeune ami tiens toujours, si vous avez un problème avec lequel nous pouvons vous aider n'hésitez pas.

Corvo ne se démonta pas suite à l’échec de sa tentative de bluff auprès du marchand, bien au contraire il n’en retirait que du positif… Tauvenal venait d’avouer qu’il avait tout d’abord cru à un stratagème du Comte Tørshavn pour lui faire passer un message... Le jeune homme en déduisait donc que le noble était probablement un adepte de méthodes peu conventionnelles… Une bonne chose pour Corvo à n’en pas douter !

Au final, peu importait que la rumeur prenne ou pas, il fallait simplement attirer l’attention. Tauvenal pouvait bien prendre les trois compagnons pour des guignoles mais même dans ce cas, si il en parlait (à des gens plus ou moins bien intentionnés), l’attention de ses interlocuteurs serait tout de même orienté sur le trio d’enquêteurs et c’était bien le but rechercher.

Corvo dévisagea le marchand d’un regard mi-intrigué, mi-calculateur. L’homme était toujours nerveux et semblait ne pas se sentir en sécurité même dans sa propre échoppe mais il n’avait pas répondu au roublard lorsqu’il lui avait demandé pourquoi il était aussi nerveux. Sans doute avait-il été trop surpris par la « farce » qu’il venait d’entendre.

¤ C’est parfait Tauvenal, si tu ne répands pas la rumeur, prends nous pour des affabulateurs, des fanfarons et des blagueurs. Si jamais des types viennent te trouver et qu’ils te fonts parler… Tu leur diras sans doute qu’on est des marrants, des drôles… J’adore travailler quand on me sous-estime ! ¤.

Le roublard écouta la réponse du nain au marchand puis prit à son tour la parole, un sourire complice constellant son visage :

- Aucun problème Karmeth, j’aurais pu être plus crédible aussi ! Lança-t-il avant de s’adresser plus spécifiquement au marchand : Mon compagnon vient de vous exposer nos motivations on ne peut plus clairement et je n’ai rien à ajouter là dessus. Si jamais vous avez des informations concernant ces personnes « moins bien intentionnées que vous », nous sommes également preneurs bien entendu… Concernant nos articles, nous repasserons, ce n’est pas un problème.

Un petit jet de Perception (+9) au hasard pour voir si une personne "mal intentionnée" ne serait pas dans l'arrière boutique

Tandis que Talian Tauvenal leur faisait part de son incrédulité quant à la rumeur que Corvo tentait de lancer, Metzli s'était mise à rire de bon cœur. Visiblement, le canular était un peu trop gros mais le marchand avait plutôt bien pris la chose: voilà qui permettrait de relâcher, pour un court instant, la tension qui occupait son esprit depuis la veille.

Karmeth avait demandé l'aide du marchand afin d'attirer sur eux l'attention des mystérieux agresseurs. L'idée était sans doute plus facile à mettre en oeuvre. Mais, pour l'heure, la jolie ensorceleuse avait d'autres préoccupations : le comte lui avait demandé en priorité de retrouver cet envoyé de La Main des Mystères et c'était là son principal objectif, les auteurs des attaques pouvaient attendre qu'ils aient accompli avec succès leur première mission.

Une fois que Corvo eut fini de parler, la jeune amnienne ajouta :

- Je crains d'être une mauvaise cliente puisque je ne souhaite rien acheter pour le moment... Mais je vous serais très reconnaissante de nous fournir quelques informations sur la ville : nous devons nous rendre à présent à la Tour des Capes. Auriez-vous l'obligeance de nous renseigner le meilleur itinéraire pour l'atteindre? Et de nous dire à quoi nous devons nous attendre en y arrivant? N'ayant jamais séjourné à Padhiver, je découvre la ville un peu plus à chaque instant et je serais intéressée d'avoir votre opinion sur notre destination...

Laissant sa phrase en suspens, elle afficha un charmant sourire.

Si la récompense du travail semblait alléchante, Hannibal trouvait en revanche le manque d'informations à son propos pour le moins déconcertant... voir suspect. La serveuse ne semblait pas détenir d'avantage de précisions si ce n'était le nom du commanditaire.

Fouiller un tombeau ne gênait pas trop le damarien qui savait déjà à quoi s'attendre en ce genre de lieux; pièges mortels et gardiens sépulcraux depuis longtemps passés au trépas. En revanche, il voyait peu l'intérêt d'un marchand, aussi puissant soit-il, à vouloir déterrer quelques reliques et artefacts poussiéreux... les marchands préféraient le plus souvent commercer avec les vivants plutôt que les morts.
Cela laissait peu d'indices pour déduire les réelles motivations du dénommé Selger Mavisul... récupérer un héritage de famille? Peu probable selon le guerrier. Piller le caveau d'une famille rivale? C'était tentant de le penser...
Mais ce n'est pas en restant ici à réfléchir que le damarien démêlerait les nœuds de cette affaire.

D'autant plus qu'il fallait se décider rapidement... alors pourquoi pas?


-Très bien... j'attendrais donc que votre homme se montre. Hannibal profita de sa présence au comptoir pour commander un repas chaud mais frugal. J'attendrais près du tableau dans ce cas. Prévenez moi quand il sera là.

Joignant le geste à la parole, il alla prendre place à une table vide proche du tableau de quêtes... et proche des autres clients de l'auberge. Tout en mangeant, il n'hésiterait pas à tendre l'oreille aux conversations des groupes alentours.

Avec un peu de chance, il pourrait en apprendre un peu plus sur sa si particulière mission ou son employeur.

L'homme continuait à faire tomber les informations, et l'elfe écoutait, ne sachant que faire pour la suite. D'après ce qu'elle savait, Vještac ne lui avait pas menti, si bien que les informations qui menaient à la dague et au reste avaient de la valeur sur le marché. Malheureusement, si elle savait où trouver ces informations, elle ne savait pas où les vendre, cela ne devait pas manquer, car nombreux sont ceux qui sont prêt à tout pour monter dans l'échelle sociale, même si la position était un peu trop visible du goût de l'elfe. Peut-être l'homme saurait-il, mais maintenant la chose n'était plus certaine.
Après, il restait la possibilité de retourner à ses études, elle avait de quoi tenir quelques temps, plusieurs chevauchées certainement, si elle ne devait pas payer trop de pots de vin, mais certainement pas assez pour mener à bien son objectif final, surtout si elle devait chasser son semi-homme à travers la moitié du continent. Il lui faudrait donc, à un moment quelconque, s'arrêter pour refaire ses réserves financières, et cette occasion était trop belle.
Laissant l'homme prendre congé, Moreta retourna dans la grande salle. Elle verrait bien sur Vještac venait la contacter, sans quoi il lui faudrait trouver autre chose, mais elle n'était pas pressée, surtout si l'homme avait de puissants ennemis, car elle préférait que ces derniers ne connaissent pas son nom, ou mieux encore, ignorent son existence. Et puis, elle pouvait toujours compter sur sa musique pour les dépenses du quotidien.

Moira en regretta presque son geste de sympathie. Elle n'avait pas l'intention de 'littéralement' attendre dans un coin que Bylgja en appelle à ses services, si cela venait peut-être un jour.

-Ce que je vais faire? Et bien continuer à gagner ma vie. Maintenant que cette histoire de dragon tombe à l'eau, mon meilleur plan c'est de trouver une caravane en direction du Valbise. Vous savez, plein de gobelins et de barbares à tuer...

Elle avait beau être de nature contemplative, Moira ne pouvait pas décemment rester sans rien faire.

-C'est pas comme si je pouvez attendre tranquillement que les choses se passent, vous comprenez.

Bylgja semblait être une drôle de bonne femme: à la fois un peu dispersée et profondément obsédée par son affaire. La mercenaire sentait qu'il y avait un élément personnel dans cette histoire, Bylgja avait définitivement un compte à régler avec les cultistes et Karrundax. Peut-être avait-elle perdu quelqu'un à cause d'eux? A grandes enjambée, Moira suivi le mouvement de l'ex-garde.

-Ecoutez, j'aimerai bien vous aider, mais je ne suis pas enquêtrice... Cela ne m'a jamais réussi, alors j'ai appris à me cantonner à ce que je sais faire. Et vous, c'est quoi votre plan?

5ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
5 Mirtul 1373.
Période de la journée : Début de matinée.
Climat : Ciel dégagé. Vent frais.
Température : environ 3 degrés.

Metzli, Corvo Stern et Karmeth:

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Corvo : Perception: 19 (Dé) + 9 contre DD ?? = ??

Pendant que Karmeth s’excusait pour avoir échouer à mentir de manière convaincante, le regard et l’attitude du marchand changèrent. Il était asse clair dans la manière dont il regardait maintenant ses trois clients qu’il ne pensait pas qu’ils puissent intentionnellement avoir décidé de servir d’appâts pour éliminer les menaces qui couvaient au-dessus des recherches du Comte Tørshavn .

Talian Tauvenal

- Je vous remercie de me proposer votre aide, maitre nain, mais j’ai l’impression que nous partageons certains problèmes et je doute que vous puissiez faire quoique ce soit pour les autres. Concernant les personnes mal intentionnées, je dois avouer que je n’ai jamais cherché à en savoir trop à leur compte, bien au contraire. -------------------- Un homme au teint olivâtre transpirant la gentillesse, avec un regard clair et transperçant.

Il baissa le regard pendant quelques secondes et commença à se mordiller l’intérieur de la joue. Lorsqu’il releva les yeux, il avait l’air plus décidé.

Talian Tauvenal

- Je pense que je n’ai pas besoin de vous dire que les aventuriers font le bonheur de ceux qui dirigent les bas-fonds et ne veulent pas se salir les mains. Si je devais leur envoyer un message, je le ferai sans doute dans une taverne. Probablement l’une de celles qui se trouvent en-dehors du chemin normal des étrangers. Je sais aussi que la plupart des grandes familles marchandes, Kardein et Mavisul, en tout cas, cherchent les artefacts pour leur propre compte. Et ils sont faciles à trouver. -------------------- Un homme au teint olivâtre transpirant la gentillesse, avec un regard clair et transperçant.

Son regard se dirigea alors vers Metzli et il recommença à sourire. Sa main gauche se dressa et, de l’index, il indiqua le nord-ouest. Corvo profita du geste pour essayer de voir, ou d’entendre, si quelqu’un d’autre pouvait se trouver dans le bâtiment. Il ne perçut rien de particulier.

Talian Tauvenal

-Au moins autant que la Tour des Capes, en tout cas. Je dois vous prévenir les Capes Étoilées sont bizarres, même comparés au mage standard. Ils ne sont pas hostiles mais il est presque impossible de tirer quoique ce soit d’eux qui ne soit pas une énigme. La Tour se trouve aux confins nord-ouest de la ville, sur l’autre rive de la rivière. Il y a pas mal de tours dans le quartier mais celle que vous chercher est un peu isolée. Et, d’expérience, c’est celle d’où viennent les explosions sonores et lumineuses. -------------------- Un homme au teint olivâtre transpirant la gentillesse, avec un regard clair et transperçant.

Hannibal :

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Perception : 14 (Dé) + 6 contre DD 20 = Réussite

Hannibal alla s’asseoir à une table en attendant que le livreur arrive. Son repas, de l’agneau avec des haricots et une miche de pain, lui fut servi rapidement. Il s’était stratégiquement placé dos au panneau d’affichage, lui permettant d’écouter les discussions de ceux qui s’y trouvaient sans attirer leur attention. La grande majorité des aventurier parlait d’autres choses que la missions que le Damnarien s’était choisie mais, au milieu du brouhaha causé par les échanges d’impolitesses et de bravades, il réussi à entendre quelqu’un parlant d’une expédition dans le Valbise pour récupérer des artefacts dans une tombe. A l’entendre parler, les artefacts avaient une valeur autre que monétaire justifiant leur obtention mais il n’en dit pas plus. Ce qu’il dit, par contre, était que la tombe était supposée pleine de pièges magiques et que sa position exacte était inconnue. Il semblait même penser qu’elle puisse être mobile. Vatra arriva alors pour débarrasser la table d’Hannibal et l’informer que le moment était venu pour lui de partir.

Celui qui l’attendait, devant une charrette maintenant vide, ressemblait un peu au bœuf qui y était attelé. Il ne dit pas un mot quand il l’aperçut mais donna un coup de cravache à l’animal et commença à marcher. Après environ trois cents mètres, il se dirigea vers l’est dans une ruelle au bord de la rivière qui les conduisit à un quai où d’autres charretiers étaient en train de charger ou de décharger de petites barges. Le bœuf, sans recevoir d’ordre visible ou audible, se dirigea vers l’une des embarcations et celui qu’Hannibal suivait en fuit autant. Une fois que le Damarien les eut rejoints, le bateau fut détaché de la rive et commença la traversée. Le courant était très lent et, une fois le long de l’autre rive, le charretier propulsa la barge en utilisant un crocher au bout d’une perche qu’il passait dans des anneaux plantés dans les murs que léchait l’eau.

Environ une demi-heure après avoir quitté la taverne, le bateau se trouva de nouveau amarré au pied d’un entrepôt dont les grandes portes, une fois ouvertes, laissèrent une demi-douzaine de personnes charger la charrette descendue du bateau. Un homme, sensiblement moins solidement construit que les autres, les regardait faire et indiquait de son stylet les marchandises à transférer. Il s’interrompit toutefois pour s’adresser à Hannibal même si c’était à peine s’il le regardait.

- Qu’est ce que vous faites là?

Moira :

Bylgja se retourna vers Moira sans vraiment ralentir. Elle la regarda quelques instants avant de prendre une décision.

Bylgja

- Si plus de gens étaient capable de se cantonner à ce qu’ils savent faire, le monde s’en porterait probablement mieux. Mais, si je peux me permettre le conseil, si vous arrêtez d’aller de l’avant, vous ne pouvez que reculer. Continuer à gagner votre vie n’est pas vivre, c’est survivre. -------------------- Bien que de petite taille, Bylgja a l’air prête à affronter un dragon en face à face. Et avec suffisamment d’assurance pour faire douter le grand ver.

Elle s’arrêta soudainement, le visage aussi rouge que sa tenue, mais son regard ne reflétait pas le trouble de ses joues.

Bylgja

- Je suis désolée, ce n’est pas ma place de critiquer vos choix et de jouer les prosélytes. Si vous souhaitez vraiment vous rendre dans le Valbise, vous n’aurez aucune difficulté à trouver un emploi dans les environs. Ce n’est pas une région bien riche et ses habitants ont tendance à préférer compter sur eux-mêmes que sur le commerce, ce qui fait qu’il y a peu de caravanes allant dans cette direction. Mais il y a encore moins de personnes qui choisissent d’affronter le climat au nord de l’Épine Dorsale plutôt que de se rendre à Eauprofonde, Athkatla ou Lunargent. Quand à ce que je compte faire, j’ai quelques mauvaises graines à déraciner et, ensuite, un voyage s’annonce pour moi. Je ne peux pas dire où mais cela devrait être intéressant. -------------------- Bien que de petite taille, Bylgja a l’air prête à affronter un dragon en face à face. Et avec suffisamment d’assurance pour faire douter le grand ver.

Les yeux de la jeune femme avaient commencé à pétiller à la mention du voyage et elle se tenait maintenant aussi droite qu’elle le pouvait, le poing dans la paume de son autre main comme si elle se préparait à un combat.

5ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
5 Mirtul 1373.
Période de la journée : Début de soirée
Climat : Ciel dégagé. Vent frais.
Température : environ 4 degrés.

Moreta :

De retour dans la grande salle du Chaudron Rutilant, Moreta Aliora était bien décidée à tirer autant de profit que possible des cartes qui lui avaient été distribuées. Il s’agissait là d’un défaut bien humain que de se précipiter en craignant que l’avenir ne donne jamais une autre chance.

La soirée se déroula sans nouveau message de Vještac. Il avait visiblement décidé de ne pas revenir à la taverne où ils s’étaient croisés la première fois et Moreta avait décidé d’y rester. Comme lors de la soirée précédente, les présents appartenaient à l’un de deux groupes. Au comptoir se trouvaient ceux qui étaient ouvert à la discussion, en particulier si celle-ci s’accompagnait d’alcool, et assis autour des tables ceux qui semblaient vouloir être seuls. Les discussions cessaient immédiatement autour des tables quand quelqu’un qui ne faisait pas parti des oreilles choisies pour l’échange semblait vouloir essayer d’entendre ce qui s’y disait ou quand quelqu’un se levait. Ceux qui se trouvaient au comptoir était exclusivement des locaux qui cherchaient à oublier que la journée suivante allait être la même que celle qui venait juste de s’achever.

Comme la veille, Moreta fut invitée à jouer un peu de musique pour gagner son repas, son logis et un peu de sous en prime. Le public était d’un manque de qualité prévisible: ceux qui se trouvaient aux tables ne prêtant aucune attention à la musique et ceux qui se trouvaient au comptoir ayant noyé le peu d’oreille musicale qu’ils aient dans la boisson. A plusieurs reprises, quelqu’un essaya de monter sur l’estrade pour pousser la chansonnette ou jouer de l’un des instruments que le Chaudron Rutilant laissait à la disposition des clients: une lyre et un cor. L’objectif des souffleurs de cor semblait seulement être de faire du bruit tandis que la lyre, visiblement désaccordée, et les chants ne parvenaient qu’à être désagréables.

¤ Kardein et Mavisul… C’est un début… ¤

Corvo grava dans sa mémoire le nom des deux familles évoquées par le marchand. Puis se mit à réfléchir en silence. Depuis des années, le roublard était convaincu de l’importance de connaître, même sommairement, l’identité de ses ennemis potentiels.

En partant du principe que les familles Kardein et Mavisul n’avaient rien à voir avec le Trône de Fer et le Culte du Dragon, il y avait donc déjà quatre factions potentiellement concurrentes à celle du Comte Tørshavn...

Le Cormyrien s’était déjà mesuré aux maisons marchandes d’Esmeltaran et connaissait donc la puissance financière de ce genre d’adversaire. De la même manière, depuis qu’il avait affronté le Trône de Fer et le Culte du Dragon, il savait également que ceux-ci étaient bien plus puissants encore que de simples maisons marchandes… Bref, de telles organisations pouvaient engager bien des ressources dans cette course aux artefacts… Et c’était également sans compter sur tous les apprentis héros et aventuriers qui comptaient la jouer en solo...

¤ Plus il y aura de participants à la course... moins ce sera discret...¤ pensa le voleur en guise de conclusion mentale.

Alors que le marchand terminait de donner ses indications à Metzli, Corvo pris la parole à son tour:

- Merci pour toutes ces informations Messire Tauvenal . Nous repasserons donc dans la journée. Il s’adressa cette fois-ci plus particulièrement à la jeune femme : Après toi Metzli, je vais me contenter de suivre le guide.

L'elfe avait du temps devant elle, et du travail également. Enfin, pas exactement du travail, plutôt un besoin moral, trouver le semi-homme dont elle voulait se venger, de préférence avant qu'il ne meurt de vieillesse, ou d'une autre cause, car ce n'était pas ce qui manquait en ce monde surtout pour ceux qui menaient ce genre de vie. Une fois encore, Moreta se demanda ce qu'elle ferait si elle trouvait le demi-elfe déjà mort, mais elle était incapable de se décider. D'un coté, elle était bien tenter de se reporter sur sa famille s'il en avait une, comme il lui avait fait. De l'autre, ces derniers ne lui avaient rien fait, si même ils existaient, et le semi-homme ne serait plus là pour en souffrir. Mais malgré tout, Moreta avait besoin de faire quelque chose pour sa famille décédée. La question serait encore plus difficile si elle tombait sur ladite famille alors que sa cible était toujours vivante.
Dans tous les cas, avec Vještac partit, du moins semblait-il en ce qui la concernait, Moreta devait donc maintenant se concentrer sur ses recherches, mais cela voulait aussi dire que son espoir de toucher une belle somme était parti lui aussi, car elle n'avait pas idée de qui pourrait être prêt à acheter l'information, même si elle arrivait à la récupérer. Aucune raison donc de prendre le risque. Mais cela voulait dire qu'il fallait qu'elle aller avoir besoin de chaque pièce qu'elle pouvait gagner, surtout si un long voyage l'attendait par la suite. La ville où elle se trouvait offrait l'opportunité d'un public bien meilleur que celui qu'elle pourrait trouver dans la campagne, même si elle se trouvait pour le moment dans une taverne peu réputée, elle pouvait en faire la réputation pendant sa présence, ou changer de lieu par la suite, selon comment ses recherches se dérouleraient. En attendant, elle indiqua son accord au tenancier puis remonta chercher son propre instrument, avec son talent, elle était capable de capter l'attention des personnes encore lucides.

Metzli avait à nouveau souri en entendant la description que Talian Tauvenal venait de lui faire de la Tour des capes. Cela promettait une excursion divertissante et intéressante!

¤ Les mages font rarement les choses comme tout le monde! Tant qu'ils servent le Bien ou leur élucubrations personnelles, c'est plutôt amusant! ¤

Son sourire s'effaça en instant lorsqu'elle repensa aux horreurs commises par les nécromanciens qu'elle avait combattus par le passé : la magie avait aussi un côté sombre... Mais elle ne doutait pas que ce genre de pratiques n'étaient pas autorisées à Padhiver et que la ville gardait un oeil sur ces mages fantasques (quoique l'usage de la magie y semble nettement moins réglementé qu'à Athkatla).

Quant aux noms des deux familles que le marchand avait prononcés, l'ensorceleuse classa l'information quelque part dans sa tête, sans y accorder d'importance particulière : si le fait était connu d'un simple marchand, nul doute que le comte sache déjà tout cela.

C'était alors que Corvo avait fait mine de partir, en la laissant guider le groupe par courtoisie ou par galanterie :

- Oui, allons-y. Si du moins, tu en as toi aussi terminé ici, Karmeth. En tout cas, merci pour ces informations, messire Tauvenal. Ce fut un plaisir de vous rencontrer.

Prête à partir, la jolie jeune fille flatta Tzoztil, en attendant la réponse de son compagnon.