D'un bois à l'autre, Uranel, Blingabel, Christal, Abakor

Abakor se mit à scruter les environs. L’endroit était un peu trop près de la route. Abakor appela Amarah et continua un peu sa route. Il voulait trouver un bon endroit. Il devait y avoir au bord de la route des campements déjà préparés. En avançant au pas, Abakor pensait à cette mer qui était si près, il aimait beaucoup s’y baigner quand il était jeune, avec ses amis. Maintenant, il était relativement seul avec sa recherche. Il se faisait des amis de passage mais sa quête lui prenait toute son énergie. Le groupe avec lequel il voyageait lui semblait bien sympathique. Cette jolie humaine était agréable à regarder et il s’entendait bien avec les gnomes.
Ikita se mit à aboyer et partit à la chasse au lapin. En levant la tête, Abakor aperçut un bel espace pour le bivouac, un peu plus haut sur le bord des collines.
- Tiens, un site agréable pour bivouaquer.

Cet endroit était tout à fait commode pour recevoir la caravane. Il était en surplomb de la route et assez grand pour celle-ci. Abakor en fit le tour et découvrit des feux éteints et un tas de branchage préparé par ses prédécesseurs.
Il s’occupa d’abord de mettre à l’aise Amarah et la laisser brouter tranquillement. Il s’activa à préparer les feux en douceurs avant l’arrivée de ses compagnons. Ceux-ci lancés, il se mit à la recherche de branchage pour la nuit et pour en laisser pour les suivants. Au bout d’un moment, ayant terminé la préparation, il s’installa près d’un arbre. Les bras derrière la nuque, il attendait en réfléchissant à la suite.
Quand la caravane arriva, la nuit était tombée et Abakor dirigea les cochers pour la mise en place bien qu’il les voyait manœuvrer avec habileté. Il répondit au signe de ses compagnons d’aventure. Abakor s’occupait des feux quand tout le monde se regroupa autour. Il sourit quand il vit Christal faire le tour pour masser les caravaniers.

La première soirée fut pleine de rire, de danse, de musique et d’illusions gnomiques.
Le Maitre de la caravane les rejoint même et se mit à rire quand ses caravaniers s’interrompirent, confus de l’avoir éveillé, s’attendant à être vertement repris sur leur légèreté pour cette première nuit à la belle étoile. Que du contraire, la sieste qu’il s’était offert l’avait mis de bien plus belle humeur qu’à Eauprofonde, participant volontiers à la petite fête improvisée.

Frank appréciait sa vie sur les routes, c’était évident pour quiconque prenait la peine de les observer un peu, tout comme cette position de patriarche bienveillant ou de grand frère protecteur, stricte mais juste. Il s’amusa de voir les jeux de séduction dont le cadet profitait sans jamais faire mine de la moindre jalousie face aux promesses des plaisirs de la belle.

La nuit fut calme ensuite, par sagesse face aux réalités de la route qui les attendait. Les bénédictions diverses des Puissances penchées sur leur aventure les protégèrent efficacement d’une troupe de gobelins et de loups qui préférèrent s’en prendre au campement que le rôdeur avait aperçu au loin. Bien sûr, aucun des aventuriers n’en eut conscience au cœur de la nuit et peut-être le découvrirait-il le lendemain en les dépassant pour peu que les monstres et les bêtes les aient marqués sérieusement.

Ils déjeunèrent copieusement, de pain, fromage, fruits divers et lait caillé. Cyril expliqua à Blingabel qu’ils s’approvisionneraient tout au long du trajet pour s’assurer manger du frais autant que possible et de la viande ou du poisson un soir sur deux, les caisses de sel les conserveraient jusqu’à Padhiver sans risque qu’ils ne soient gâtés. Il était là le trésor de la caravane, d’ingénieux systèmes de conservation d’aliments par des caisses imbriquées dans d’autres, des vasques en terre cuite, du sel en gros cristaux, … le tout gardé à l’ombre des chariots. C’était indispensable de garder la meilleure hygiène de vie quand on la passait la plus souvent sur les routes, tout comme de faire quelques lieues à pied, chaque jour, pour ne pas rester assis entre chaque repas.

Reprenant la route, ils arrivèrent non loin du campement détecté par leur éclaireur la veille. Aucune fumée ne s’en dégageait, seul Abakor, connaissant l’endroit, s’en rendit compte au traces de chariots quittant la route vers l’Ouest.

A vous de choisir ce que vous avez fait de votre nuit, je vous détaillerai les conséquences dans mon prochain poste

La soirée fut courte mais joyeuse, digne d'une bonne halte comme Chistal en avait connu tant d'autre lors de son voyage depuis Calimport. Elle avait fait plus ample connaissance avec chacun des caravaniers ainsi qu'avec les accompagnants rencontrés à l'échoppe. Ces derniers devant se rendre jusqu'au bois de Padhiver, l'intéressaient d'autant plus. Les gnomes avaient émerveillé l'Assemblée de leur tour de passe passe et l'indulgente de ses quelques mouvements de souplesse associés aux danses auquelles ils s'adonnèrent. Quand tous se retirèrent, la prêtresse emmena son coché attitré à l'écart. Elle lui expliqua brièvement quelques bases de sa religion, lui rappelant ainsi le caractère ponctuel et libertin des rituels aux quels ils pourraient s'adonner ensemble. Elle lui dit aussi qu'il lui rendait un grand service en y participant et que, pour lui rendre la pareille, elle lui montrerait quelques manipulations qui feront de lui la coqueluche de ses dames et le bonheur de sa future tendre épouse. Christal lui proposa donc un jeu simple, seulement de main, afin qu'il puisse non seulement découvrir à son rythme le corps d'une femme tout entier comme un mage osculte un objet magique afin d'en déceler les secrets, et tenter tout ce qu'il n'avait jamais osé tenter lors de ses ébats précédents, sans gêne, dans la confiance et la recherche du plaisir mutuel. Il n'y aurait pas d'autres biais que ce contacte tactil et la proximité de leur respiration comme stimuli et baromètre. Elle lui susurait à l'oreille que cela lui apporterait de la maîtrise de ses gestes et de son propre désir pour ainsi l'exalter jusqu'à son paroxisme. Savoir donner du plaisir du bout des doigts, c'était connaître et se connaître, prendre ou seulement donner. Les femmes ne restaient jamais insensibles à de tels prestigitateurs, ni les hommes d'ailleurs... Une fois les règles du rituel définies et comprises, il pouvait démarrer sur fond de psaumes sacrés langoureusement chucotés. Il ne devait trop durer afin que les officiants puissent dormir ensuite et affronter la journée qui les attendait.

Le petit déjeuner fut copieux, Christal dévora comme une louve affamée ce qui lui était proposé. Elle tenta de faire un petit brun de toilette puis regroupa ses affaires avant de reprendre la route.

Le vieux gnome fut heureux de cette soirée pleine de vie et il déployât des trésors d'ingéniosité pour créer des illusions visuelles et sonores. Des feux follets par ici, des feulements de tigres par là. Créant ainsi au choix, la surprise, l'émerveillement ou l'amusement.

Une fois la soirée terminée, il saluât tout le monde et s'endormit à coté des chevaux, à la belle étoile, la tête appuyée sur Ennel. Il s’endormit serein, certain que ses cauchemars habituels le laisseraient en paix.

Le réveil ne fut pas difficile et le déjeuner finit de ravir le druide de cette halte. Il se doutait bien qu'il n'en serait pas toujours ainsi et il en profitait autant qu'il le pouvait.

Finalement, il repris sa place près de Yann, Ennel a ses cotés et l’arbalète sur les genoux.

¤ Le temps de l'amusement est fini, revenons aux choses sérieuses ¤

Le début de soirée se passa très bien, Abakor regardait tout ce petit monde s’amuser mais était toujours sur le qui-vive. Ils étaient au abord de la grande route mais le danger pouvait toujours se présenter quand on ne s’y attendait pas. Ikita s’éloigna et s’installa à l’abri du bruit des humains. Abakor apprécia beaucoup le chef de caravane, il ressemblait dans sa philosophie à son grand-père. La soirée se finissant, Abakor s’occupa de faire le tour du camps et de préparer sa nuit. S’occupant de ses animaux, il entendit quelque peu les ébats relativement discrets de l’humaine et de son cocher. Il eût un soupir, se rappelant ses nuits avec Zarah la nomade. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas touché une femme, avec sa quête. Il partit se coucher dans le coin qu’il s’était préparé.
Dans le courant de la nuit, Ikita vint s’asseoir à coté de lui. Abakor se leva et un pressentiment le traversa mais rien d’autre. Il passa le reste de la nuit à penser à sa vie de nomade de l’Anauroch.

Au petit matin, il fût prêt le premier et vint déjeuner avec les autres après s’être occuper de ses animaux. Il écouta les explications de Cyril et trouva le système ingénieux. Au moment du départ, Abakor se plaça à coté du chariot de tête et suivit le rythme de la caravane. Arrivé à la proximité du camp détecté la veille, il remarqua les traces de chariot qui avait repris la route. Il décida de suivre les traces vers leur camp pour avoir des informations sur cette caravane.

Blingabel s'en donna à cœur joie durant toute la soirée, chantant des chansons et régalant son auditoire de blagues gnomes et d'illusions en tout genre. Même Uranel, qui était bien taciturne pour un membre du Peuple Oublié, avait accepté de bonne grâce de participer au spectacle d'illusions.

La jeune gnome était très satisfaite du résultat, et gratifia son congénère de plusieurs compliments. Même s'il n'était pas un illusionniste professionnel, Uranel maîtrisait à la perfection les talents innées des membres de leur race. De son côté, Christal avait régalé de nombreux regards avec ses danses lascives.

La magicienne fut l'une des dernières à se coucher, glissant doucement dans les bras de Morphée pour mieux rêver des mystères qui l'attendaient. Le lendemain matin, elle dévora tout comme Christal, mais pour des raisons différentes, son petit déjeuner. Elle fut rapidement fin prête pour reprendre le voyage, reprenant sa place aux côtés de Cyril.

Tous

Gill était dans un autre monde ce matin, son professionnalisme de la veille ne l’avait pas quitté mais il semblait plus … mature, à moins chercher l’approbation des autres et se sentant plus confiant en lui-même. Pour jeune qu’il soit, il s’était fort bien débrouillé la nuit dernière, surprenant agréablement Christal sur sa capacité à s’adapter aux jeux de sa partenaire. Il avait pour lui la flexibilité de l’âge et si la crainte de mal faire avait mis quelque temps à s’effacer, elle avait laissé place à une position assumée d’étudiant en droit de ne pas être « parfait » sous la direction de l’Indulgente.

Il sourcilla en voyant leur explorateur s’écarter de la voie vers un point de bivouac possible mais en rien nécessaire depuis le peu de temps qu’ils avaient quitté le précédent.

- Sans ordre explicite, je ne quitte pas la route –lança-t-il à Christal- je suppose qu’il veut vérifier quelque chose parce que ce n’est pas une position surélevée qui lui permettrait de voir plus loin. Je suppose qu’il sait ce qu’il fait.

Abakor n’avait rien partagé de sa connaissance du campement proche du leur, ni expliqué sa sortie de la route. L’habitude d’expéditions solitaires lui avait probablement enlevé ses réflexes que le cocher semblait attendre d’un éclaireur.

Le maitre de caravane n’avait, jusque-là eu rien à redire de l’attitude de ses recrues, le campement avait été bien préparé, l’Elfe avait été prévenant avec les bêtes et efficace. La compagnie était agréable et ils avançaient à bon rythme sans que les présences féminines n’impactent le professionnalisme de son équipe. Cyril avait trouvé une oreille attentive et rien que ça, devait faire beaucoup de bien aux autres qui n’auraient plus à apporter autant d’attention au flot de paroles dont il était capable.

Tout allait pour le mieux. Pourquoi donc Ennel redressa-t-il la tête, tendu et mal à l’aise à l’approche des traces du chariot quittant la route ? Son poil se redressa sur son dos. Sans grogner vraiment, le Druide comprit aussitôt le malaise de son compagnon. Il se passait ou s’était passé quelque chose tout près d’ici, quelque chose que son flair lui indiquait et que les sens des caravaniers n’avaient pas perçu.

Abakor

Le rôdeur comprit vite de quoi il retournait.

Les traces du campement étaient claires, une caravane comparable à la leur, sans doute trois chariots également, avaient passé la nuit ici et essuyé une attaque. Il ne fallait pas chercher beaucoup pour voir, à l’écart, un monticule formé par quelques gobelins. Les corbeaux ne les avaient pas encore trouvé, les corps ne portaient pas encore l’odeur caractéristiques de la décomposition. Quelques flèches courtes noires brisées, des traces de sabots plus enfoncées, un feu éteint. La contre-attaque avait dû être aussi rapide qu’efficace.

Le Druide venait de voir Abakor s'éloigner de la caravane, sans doute pour remonter ces autres traces lorsqu' Ennel se montra nerveux. Visiblement quelque chose le mettait mal à l'aise voire lui faisait ressentir un danger.
Uranel relevât l’arbalète pour l'appuyer sur son épaule maigrichonne afin de laisser plus d'espace au Chien de selle. Il posa ensuite sa petite main gnomique sur la tète du molosse pour l'apaiser.

- Yann, ce comportement n'est pas normal, il s'est passé quelque chose ici ou il y a quelque chose dans la caravane qui nous précède qui l'inquiète. Je sais bien que s'en remettre à l’état d’énervement d'un chien peut te paraitre excessif mais il ne m'a jamais fait défaut, Peut-on faire passer le message d’être vigilants?

Le gnome fit ensuite un signe à Abakor pour qu'il s'approche et leur raconte ce qu'il avait vu.

L'air frai matinale, la beauté des routes du nord, le chants des oiseaux, tout ces cadeaux de la nature ravissaient les sens de la jeune Indulgente. Elle savourait chaque instant de ce voyage, gravant chaque detail dans sa mémoire. Elle avait quitté une terre gorgée de soleil, une atmosphère chaude et saturée d'odeur d'épices et de fleurs pour visiter ce monde plus froid. Elle ne regrettait pas. Son destin l'avait mené à Eauprofonde, cité dans laquelle elle n'avait passé que quelques nuits. La demeure des Renaudins, l'auberge de Gunnar, Raffard et toutes ces personnes qu'elle avait fugacement connue, Doreah, Baltana, la mémé... Mamie était la plus énigmatique de toutes. Christal avait rechapé aux gobelins, au feu, à une guilde maléfique, maintenant elle cheminait vers Padhiver dans l'espoir de trouver un moyen d'aider cet inconnu Raffard et son chat. Quel sens donner à tout cela? Elle s'interrogeait toujours sur le bien-fondé de sa nouvelle quête, mais elle sentait au fond d'elle que si cette fameuse Graine magique existait, Christal se devait de la chercher, pour faire tout ce qui était en son pouvoir afin d'éviter qu'elle ne tombe entre de mauvaises mains. Elle préssentait qu'un plan s'était mis en branle, quelque chose qui la dépassait et de beaucoup. Pétrie de bonnes intentions et bercée par son intuition depuis sa tendre enfance, elle se résigna de nouveau, assise silencieusement aux côtés de Gill, à poursuivre sur cette voie dont elle ne connaissait rien de l'issue. Impuissante au regard des multivers, instrument d'un dessein supérieur.

Elle observa le cavalier elfe quitter la route, intriguée mais elle non plus tout comme le cocher ne jugea pas nécessaire d'en faire autant. Elle se retourna toutefois pour observer la réaction des autres membres du convoie, tout en saisissant son arbalète. Quelque chose lui avait-il échappé?

En se dirigeant vers le campement, Abakor siffla et se tourna vers l’avant de la caravane. Ikita arriva d’un trot rapide vers son maître et tourna son regard vers le campement d'un air intéressée. En se retournant vers le chef de la caravane, Abakor cria :

- Je vais jeter un coup d’œil.

Il se dirigea vers l’emplacement des cadavres suivi par la fidèle Ikita. Abakor fit signe à Uranel qu’il continuait.L’odeur de la mort ne lui parvenait pas encore aux narines. La décomposition n’était pas encore arrivée. Abakor descendit de cheval et se rapprocha des traces du campement. Il fit le tour pour récupérer le plus d’information.

¤ Pas plus de trois chariots et une attaque dans la nuit¤
Test de fouille et de pistage

Abakor se tenait accroupi et commença à chercher des traces plus précise pour comprendre le déroulement de l’attaque ou des événements de cette nuit. Il se dirigea vers le tas de cadavre et examina les différentes blessures des gobelins et peut-être à trouver autre chose.