ermettez moi donc de vous raconter mon histoire...
Prenez le temps de la lire et compatissez... Car mon histoire n'est rien d'autre qu'une histoire de mauvais choix...
Je suis né à Marsembre, la Cité des Epices, au Cormyr... Mes parents, immigrés Damariens, étaient éleveurs et vendeurs de chevaux.
Nous avions une écurie à la sortie ouest de la ville, et mes parents profitaient de l'activité marchande du port.
Bien que mes parents n'aient jamais été riches, ma sœur Doria et moi-même avons eu la chance de ne manquer de rien étant enfants. Nous avons eu une bonne éducation et nos parents nous ont enseigné tout ce qu'il y a à savoir sur les chevaux.
Lorsque j'ai eu environ 8 ans, j'ai fait la connaissance d'un garçon de mon âge, Ronnie, et rapidement nous sommes devenus les meilleurs amis du monde.
Bien que d'origine très modeste - il vivait seul avec sa mère, qui n'avait pas vraiment d'emploi - Ronnie avait la particularité d'avoir d'étonnantes prédispositions pour la magie. Il arrivait d'instinct à reproduire des tours simples, et se rêvait de devenir un puissant sorcier.
Nous avons grandi, ensemble, nos têtes remplies de désirs d'aventures et de richesses. Le temps est passé et comme la plupart des enfants, nous avons fait d'autres rencontres.
Un jour, Ronnie fît la connaissance de Tzu, un jeune Shou, un peu plus âgé que nous. Il vivait dans le district Shou de Xiousing, enclave Shou de Marsembre.
Tzu était un petit voyou. Il faisait partie d'une bande de malfrats, sans famille et repères et aspirait à rejoindre les Epées D'Or, une organisation Shou notoirement dangereuse qui avait plusieurs agences dans des villes de Féérune.
Comme c'est souvent le cas, Ronnie voulu donner un peu d'excitation à sa vie d'adolescent sans histoires et commença alors à se laisser embarquer, sous l'impulsion de Tzu, dans des travaux plus ou moins honnêtes. Au début, il ne s'agissait que de gagner quelques pièces d'or pour impressionner les filles... Et souvent, si mon travail à l'écurie le permettait, je me joignais à Ronnie.
Ce n'était pas tant pour les Epées d'Or que pour vivre quelque chose avec mon meilleur ami. Mon intérêt pour ces manigances était très relatif. Mais pour Ronnie, c'était essentiel. Il était persuadé de gérer la situation... Et avec moi à ses côtés, il pensait ne jamais mettre la main dans un engrenage qui nous couterait. J'avais, pour ma part, beaucoup à perdre.
Au bout de plusieurs années, et alors que Ronnie et moi avions effectué plusieurs tâches simples pour "notre ami Tzu", ce dernier parvint à rejoindre pleinement les Epées D'Or et vint un jour trouver Ronnie pour une opération vraiment dangereuse:
Des agents des Masques de la Nuit, l'organisation d'assassins de Port-Ponant, et ennemis jurés des Epées d'Or, avaient été identifiés à Marsembre et nous devions, Tzu, Ronnie et moi-même, intercepter l'un d'eux à l'occasion du Festival de la Brisure... Intercepter, voulant dire tuer sans laisser de traces.
Ronnie et moi-même étions très impressionnés. Nous n'avions que 17 ans et aucune raison de nous laisser influencer au point de nous frotter à des organisations criminelles et dangereuses comme les redoutables Masques de la Nuit. Mais Tzu nous avait promis 100 pièces d'Or à chacun, pour une tâche qui, si l'on prenait la peine d'y réfléchir, semblait à notre portée:
Ronnie et moi étions déjà dans nos corps d'adultes et confiants en nos capacités physiques - ne serait-ce que pour fuir à toute vitesse-,et même si nous n'avions aucune réelle connaissance du maniement des armes, nous pensions être de taille pour un coup de dague bien placé. Et, en tant que simples citoyens de Marsembre, nous pensions au-delà de tout soupçon: Sans doute, ces sombres organisations se soupçonneraient entre elles, négligeant de considérer 2 simples civils comme de potentiels responsables. Il nous semblait même presque possible qu'avec un petit effort nous aurions pu être capables, Ronnie et moi, d'effacer complètement cet épisode de nos mémoires et de retourner à nos existences normales une fois la tâche accomplie.
Ronnie était très enthousiaste. Habitué à manquer de tant de choses, la soif de l'or l'animait. Il réussit finalement à me convaincre de me joindre à l'embuscade malgré mes craintes.
Ce fût un succès... si simple...
Ronnie avait fourni la lame. Un coup de dague dans le dos... C'était une femme. C'est moi qui assena le coup fatal. Dans l'ombre d'une allée, j'ignore encore comment personne ne m'a vu...
Il n'y avait aucun doute sur la victime. Nous avions rempli notre part du marché.
Les jours suivants ne furent que bonheur et fête. Ronnie et moi, grisés par le succès et soulagés de ne pas nous être faits prendre, commençâmes à projeter de quitter Marsembre pour vivre une vie de mercenaires, ou d'explorateurs, ou d'aventuriers. Nous étions pleins de confiance et d'orgueil.
N'étant pas Shou, nous ne pouvions prétendre à rejoindre les Epées d'Or. Mais nous avions presque le sentiment de valoir mieux qu'eux. Nos discussions ne tournaient plus qu'autour d'un seul sujet: Quand quitter Marsembre? Comment? Pour aller où?
Mais subitement, tout a basculé:
J'étais sorti, par un beau matin de printemps, pour faire une course pour mon père et avais croisé le chemin de Kala - une jeune fille qui me plaisait énormément. Faisant un détour pour retourner chez moi et profitant de la compagnie de la belle, on vint tout à coup me trouver pour m'apprendre que le corps sans vie de ma soeur avait été trouvé sur le port!
Je crus m'évanouir en voyant Doria. Elle semblait endormie, en position fœtale, sur les planches vermoulues d'un ponton quelconque... Le monde tournait si vite que je crus perdre la raison.
Ma soeur... morte!
Doria!
Au milieu du tumulte, et alors que je tentais de poser des questions sans être capable d'en comprendre les réponses qu'on me donnait, une nouvelle clameur s'ajouta à mon tourment: A l'ouest de la ville, de la fumée montait dans le ciel!
Mon implication dans le meurtre d'un membre des Masques de la Nuit, ma soeur morte, de la fumée dans le ciel... Tout se mit en place dans ma tête et, comme dans un cauchemar, je me trouvais bientôt, sans que je saurais dire comment j'y suis parvenu, devant l'écurie familiale, en proie aux flammes destructrices.
Un voisin, d'un regard, confirma mes craintes: De mes parents, aucune trace...
Il ne me fallut que quelques secondes pour comprendre: Les Masques de la Nuit savaient!!
Ils savaient ce que j'ai fait. Ils savaient que j'ai tué l'une des leurs. Ils se vengeaient maintenant. Ils avaient tué ma soeur. Ils avaient fait bruler ma maison. Ils avaient réduit en cendres toute ma vie. Ils allaient venir pour moi et...
Ronnie!
Il était là, se frayant un chemin parmi les badauds, le regard paniqué! Il était venu pour moi. Qu'avions nous fait? Qu'allions nous faire?
"Il faut partir" me dit-il! Alors nous partîmes sur le champ; avec 2 chevaux rescapés de l'écurie familiale. Nous n'avions rien: Pas un sou, pas d'arme, pas de vivres... Rien que la peur au ventre!
Nous chevauchâmes jusqu'au soir. Et lorsque les chevaux nous eurent porté aussi loin que possible en direction de Suzail, nous mirent pied à terre en plein milieu de nulle part, sans même penser à nous cacher.
Une violente dispute éclata entre nous. Je l'accusais d'être responsable de tout mes malheurs! S'il n'avait pas fréquenté ce maudit Tzu, nous n'en serions jamais arrivé là. Ce n'était plus qu'une question de temps avant que les Masques de la Nuit ne nous rattrapent et n'en finissent avec nous.
Comment avaient-ils pu savoir? Comment avaient-ils su que Ronnie et moi étions impliqués? Et d'ailleurs, n'avais-je pas moi-même planté la dague dans le dos de cette femme? Et si ils réservaient une mort rapide à Ronnie et un sort encore pire pour moi?
Toutes ces questions, ces peurs, cette colère, nous firent perdre la tête. Avant que l'un ou l'autre ne trouve la sagesse de tempérer son propos, Ronnie et moi nous battions comme les derniers des chiens.
Dans un souvenir qui m'obsède, je me revoie le frapper au crâne avec une pierre, avant de fuir dans la nuit, en hurlant de désespoir...
C'était il y a presque 2 ans maintenant...