Tous les chemins... [Brisétoile] (2), Dinenda,Lähmee Tribäle,Olafr,Kerlomar,

oujours plongé dans les profondeurs insondables de l’outre-terre, le disciple draconien n’en finissait plus de torture en douleurs intenses et répétées. Si elles s’étaient contenues à son visage dans un premier temps, les douleurs s’étaient maintenant diffusées dans tout son corps. Dans la noirceur de cette étrange caverne qui semblait sans fin, tant les cris plus ou moins étouffés du Teu’Tel’Quess se répercutaient à n’en plus finir contre les parois rocheuses et humides. Dinenda n’en vit aucune, mais c’était le sentiment qui prédominait dans son esprit tourmenté.

Il se sentait comme suspendu dans le vide par des chaînes qui à la fois le comprimaient et l’étiraient comme s’il était soumis à un écartèlement qui n’en finissait plus. L’elfe lunaire avait envie d’en finir, qu’on donne le coup de grâce, mais il y avait quelque chose dans le fond de son esprit qui le maintenait dans une combativité l’empêchant de se résoudre à une inconscience bienfaitrice. Il luttait et lutterait jusqu’au bout. Il ne donnerait à son ennemi invisible la satisfaction d’une quelconque demande de pitié. De toute façon, de la pitié les Ssri’Tel’Quessir n’en avaient pas, et les démons auxquels ils faisaient appel encore moins.

L’elfe lunaire tenta de se concentrer sur les battements de son cœur pour libérer un temps soit peu son esprit de son corps endolori. Tentant de ralentir chacun des boums qui résonnait dans sa cage thoracique et se répercutait dans ses tempes, il se concentra sur sa respiration haletante pour la maîtriser. L’espace d’un moment, il parvint à se défaire du mal qui ressentait. Il pouvait sentir chacune des gouttes de sueurs imaginaires qui s’écoulaient sur sa peau écailleuse. Ce qui lui sembla étrange d’ailleurs, comment pouvait-il ressentir ça ?

Depuis combien de temps le supplice durait-il ? Dinenda n’en avait aucune idée. Allait-il mourir ici accroché dans le vide sous le regard amusé des drows et de leurs démons ? Il le savait encore moins et peut-être que cette fin serait une libération.

En dehors de cette imaginaire dans lequel le disciple draconien s’était enfermé, le calme régnait dans la grange. Dharasha n’avait pas réussie à atteindre l’esprit de son maître, trop enfoncé dans cette réalité virtuelle. Et elle prit les devants en allant quérir très judicieusement la seule pouvant peut-être comprendre ce qui était entrain de se passer. Le calme de cette nuit froide du troisième jour de la griffe des tempêtes de l’année des dragons renégats, n’était dérangé dans la grange que par les gémissements étouffés du Gardien des Mystères et ses agitations désordonnées et les soubresauts d’un Dinenda recouvert et emmitouflé dans sa couverture. Des craquements osseux pouvaient s’entendre de façon tout à fait irrégulière et chaotique. Le genre de bruit qui faisait mal rien que l’entendre.

La Ly’Aegisir des gardiens des mystères n’allait pas tarder à arriver conduite par la fidèle Dharasha. Et elle ne manquerait pas de constater la condition de son frère de la Confrérie. Mais alors, que faudrait-il faire ? Laisser la rêverie de l’elfe lunaire s’achever, et lui permettre d’être à nouveau complètement opérationnel si un prochain combat devait avoir lieu ou ne serait-ce que pour le faire le chemin retour vers Brisétoile ? Le sortir de son sommeil au risque qu’il ne se réveille encore fatigué ? Et dans ce cas, comment le demi-dragon demi-elfe allait-il réagir ? Il y avait aussi le bruit crispant de craquement osseux, que pouvaient-ils bien signifier ? Que pouvait-il bien vivre dans une telle rêverie ? Si celle-ci, assez différente des autres avait une portée prophétique, fallait-il y mettre un terme prématuré ? Autant de question auxquelles serait confrontée Azur’Aël.

La gardienne des mystères plissa le front, contrariée de voir sa cape dans les crocs de la Cooshee. Elle ne résista pas. D'ailleurs avait -elle le choix ? Sans peur, elle caressa la tête du colosse elfique, en lui adressant des paroles réconfortantes.



L'elfe de lune lança un soupir, se demandant ce qu'elle avait pu faire pour contrarier les dieux. Elle remercia Elna et Myriame de ne pas avoir lancé d'opposition à sa demande. Elle usa tout son art de persuasion pour relâcher la prise du colosse elfique afin se rendre rapidement dans la demeure elfique. Malgré son inquiétude, en rentrant, elle esquissa un sourire en voyant son elfe sauvageon toujours aussi de bonne humeur.

- ça va toi ? tu as pu te reposer un peu ? Et ta blessure ? Faut être prudent parce que les drows avaient empoisonné leurs armes. Dharasha veut que je la suive. Elle avait l'air très inquiète pour Dinenda. Je ne peux pas donc rester plus longtemps parmi nous. Merci olafr de prendre ma relève car je dois comprendre pourquoi elle veut que je la suive. Dehors, il n'y a rien signalé pour l'instant. Mais il fait rester vigilant. Les drows pourraient s'inquiéter de ne pas voir revenir les leurs.


Comme promis, l'elfe de lune retourna à l'extérieur, suivant le colosse elfique. Elle aussi devait se reposer un peu mais cela attendrait encore, le temps qu'elle comprenne ce qui avait poussé Dharasha à venir la chercher. Elle la conduisit dans la grange. Elle pointa son regard émeraude sur Dinenda, qui était en pleine rêverie. Il semblait fiévreux et différent. Il se passait en effet quelque chose d'anormal. Elle hésita à le sortir de sa rêverie mais y renonça avant de bien comprendre ce qu'il pouvait se passer. La gardienne des mystères s'assit en tailleur en face de lui. Elle n'avait pas quitté des yeux l'elfe demi dragon. Elle s'adressa à lui avec une voix ensorcelante et douce. Elle n'avait pas l'intention de le sortir de son rêve mais de le guider et de l'accompagner dans sa rêverie. Elle lui détailla le coeur des mystères, le havre de paix réservé aux gardiens des mystères dans leur cité sylvestre. La rêverie est un phénomène que seuls les elfes peuvent vivre. C'est mystérieux et presque magique. Par ses paroles, la gardienne cherchait à conduire Dinenda à rêver de souvenirs plus agréables. La voix de l'elfe lunaire s'éteint finalement. Elle semblait maintenant en transe, plongée dans une rêverie même si ses yeux étaient encore ouverts.

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Connaissance des mystères et nature
Tentative de partage de rêverie comme une sorte de mi communion.

Troisième jour de la Griffe des Tempêtes, Année des Dragons Renégats.
(3 Tarkash 1373)

Lieu : Brisétoile
Temps : Très froid
Moment : Nuit

MJ
Narration : Olafr, Kerlomar, Azur’ael et Lähmee

a mère de famille laissa des bandages à disposition des occupants de sa maison et ne manqua pas de remercier chaleureusement Lähmee pour la façon dont il avait réussi à défendre toute sa famille. Mais quelques bandages n’étaient rien face aux talents magiques de l’elfe… Et si la blessure était quelque peu douloureuse, elle ne tarda pas à s’apaiser et se refermer sous la volonté du barde.

Olafr, constatant que la situation serait parfaitement tenue en main s’il s’absentait, acquiesça aux propos d’Azur’ael. Ses propos l’avaient certes inquiété mais il savait qu’il pouvait faire confiance en la Ly’Aegisir pour faire la lumière sur la situation et prendre les décisions adéquats. En attendant ils ne pouvaient pas encore relâcher leur vigilance, pas tant que le soleil ne s’était levé sur cette partie du monde. Ils seraient alors certains qu’aucun nouveau drow ne chercherait à prendre la ferme d’assaut… Le rôdeur s’éclipsa, disparaissant dans la nuit pour aller surveiller les alentours.

Par contre, si les regards pouvaient tuer, le barde serait mort depuis bien longtemps… Fort heureusement pour lui, ce n’était pas encore le cas. Le drow, réduit à l’impuissance, se contentait donc de le foudroyer du regard, son opinion sur l’elfe se faisant parfaitement sentir. Une opinion qui n’avait rien de bien glorieuse à son égard mais qui n’était pas non plus complètement surprenante étant donnée la façon dont les elfes de la surfacé étaient vus par leurs cousins à la peau noire… Visiblement leur prisonnier était hermétique à toute forme d’art ou, tout du moins, à la danse et le barde ne parvint pas à l’amadouer ainsi.

Elna et Myriame, désormais au chaud, laissèrent faire Lähmee… La magicienne alla s’entretenir avec la petite famille, cherchant probablement à se rassurer sur leur bien-être, tandis que la rôdeuse portait un regard froid et dur sur leur prisonnier. Quoi qu’elle ait en tête, les prochaines heures ne seraient probablement pas agréables pour lui… Elle ne détourna son attention de lui que pour observer le retrait de l’enchanteresse, l’inquiétude pouvant fugitivement se lire sur son visage...


MJ
Narration : Dinenda et Azur’ael

a cooshee parvint à maîtriser sa panique, laissant l’enchanteresse faire ce qu’elle avait à faire dans la maison mais sa tension était clairement palpable par tous alors qu’elle faisait les cent pas devant la porte. Dès qu’elle sortit, cette dernière commença à l’entraîner jusqu’à la grange où son maître se reposait, faisant plusieurs fois le trajet dans un sens comme dans l’autre comme si elle craignait qu’Azur’ael ne change brusquement d’avis.

Dinenda était en train de souffrir comme jamais il n’avait eu à souffrir durant sa vie… Une expérience traumatisante qui allait le marquer jusqu’à la fin de ses jours, tant physiquement que moralement. Luttant pour s’échapper de ce cauchemar, il offrait un tableau inquiétant lorsque l’enchanteresse arriva enfin sur les lieux, guidée par Dharasha. Cette dernière poussa un gémissement avant de se coucher de tout son long contre lui, comme si elle essayait de lui insuffler force et courage par simple contact.

Azur’ael fut immédiatement frappée par une bouffée de magie comme elle en avait rarement senti. Cela lui laissa presque un arrière-goût de métal chauffé à blanc au fond de la gorge. Elle ne pouvait que voir la forme de son confrère en train de se débattre dans ses couvertures et entendre les étranges sons qu’il produisait. Des sons à vous glacer le sang une fois que l’on comprenait qu’il s’agissait de craquements d’os. La façon dont il se débattait semblait étrange aussi, comme si parfois il se plaît sur lui-même dans une position qu’il n’aurait pas dû pouvoir atteindre…

Sa voix, pourtant apaisante, ne sembla en rien l’affecter, les convulsions et craquements continuant à le tourmenter. Pourtant elle finit par tomber en transe, une transe un peu différente de celles de d’habitude, un maelstrom de couleurs et de sensations comme si ses sens étaient trop sollicités pour pouvoir se focaliser sur une information en particulier. Probablement à cause du déchaînement de magie qui était en train de ravager le corps de Dinenda...

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Lähmee :
Soins légers sur soit → 8(1D8) + 5 = +13 PV (flambant neuf!)
Fascination sur le drow prisonnier :
Représentation (danse) : 8(1D20) + 10 = 18 VS 21 = 19(1D20) + ?? : Volonté du drow → échec (plus possible avant 24h)

De mémoire c’était bien la première fois qu’une personne n’était pas fasciné par la prestation du barde. Etonnant ce drow, la danse de Lähmee ne semblait pas l’affecter à outre mesure. Il aurait peut-être dû chanter tout simplement. Ou se servir de sa nouvelle épée pour embellir les arabesques que son corps avaient décrites autour du prisonnier. Trop présomptueux, le barde s’agaça un instant. Il semblait à son tour fasciné par la prouesse et la résistance du fils de la reine araignée. Tant pis il retentera sa chance un peu plus tard. Le sauvageon se consola avec sa magie curative qui elle, semblait avoir fait un vrai petit miracle sur sa vilaine blessure. Sa plaie cicatrisa correctement et laissa place à une fine peau sans presque aucune cicatrice apparente. Rassuré, il pouvait aller maintenant relever le druide pour la garde. Se retrouver un peu en extérieur lui ferait le plus grand bien. Il prit soin de laisser quelque consignes aux présents.

- Elna je connais ton animosité envers les drows, je ne veux pas qu’il meure avant d’avoir parlé. Si tu as une idée, vas-y…Je vais voir les autres…Je ne sais plus ce que l’on a acheté. Avons-nous pris le sérum de vérité ?

Il retrouva Azur’ael pour lui parlait de cette fiole étrange trouvée sur les cadavres ennemis. Dans la grange, un tout autre spectacle était en train d’avoir lieu. Dinenda était mal en point et craquer comme du bois mort. Le bruit était inhabituel, surnaturel et assez difficile à entendre alors à vivre cela devait faire un mal de chien.

- Que se passe-t-il par ici ? Ce sont ces drows qui lui ont fait ça ? Qu’est ce qu’il a ?

On soufflait le froid et chaud sur son corps meurtri. De grosses gouttes de sueurs coulaient le long de sa colonne vertébrale et l’elfe lunaire transpirait comme s’il était au bord d’un cratère d’où émanait une lave en fusion brûlante. Par quel procédé malsain les drows parvenaient-ils à faire pénétrer cette lave dans ces veines ? C’était un mystère auquel Dinenda n’avait aucune espèce de réponse. Et la souffrance était telle, qu’il ne pouvait guère y penser. Tout son être le brûlait, du plus profond de ses entrailles, jusqu’à la sueur qui lui coulait dans les yeux. Pourtant, il ne voyait rien. Toujours plongé dans une obscurité profonde, il n’y avait aucun volcan, ni aucune lave en fusion. Juste cette horrible sensation qui vrillait tout son être. La douleur déjà insupportable devenait parfois foudroyante, obligeant le Gardien des Mystères à se plier aux pics de chaleur qui le traversaient comme autant de pointe de lance chauffées à blanc. Gesticulant accroché à ses chaînes, comme un vers au bout d’une ligne de pêche, le disciple draconien s’en arrachait des lambeaux de chaire libérant un sang de couleur doré. Etrange ?

L’instant d’après… une vague glaciale l’envahissait, l’obligeant à se replier sur lui-même, bien qu’accroché comme il l’était, cela lui-était impossible. Aucun blizzard, aucune tempête de neige, ni même l’eau glacée du Ruban d’Argent qui s’écoulait le long de son moulin ne pouvait atteindre de genre de température irréelle. La sueur qui coulait le long de ton corps traumatisé gelait en un battement de cils. Même son sang pourtant si chaud, semblait geler à l’intérieur de son être l’emmenant aussi sûrement qu’un égaré transi de froid qui s’abandonnait au sommeil le conduisant vers son dernier souffle. Puis à nouveau, une puissante vague brûlante balayait tout pour raviver la flamme qui semblait vouloir le consommer de l’intérieur.

Mais de l’extérieur, il n’y avait qu’un elfe de la lune en proie à des gesticulations anarchiques. Un corps tremblant de soubresaut désordonnés et qui parfois prenait des postures irréelles dans des craquements sinistres d’os qui semblaient vouloir se briser sous la contrainte. Si dans son inconscient, Dinenda poussait de véritable hurlement de douleur. Là, dans cette grange, il ne laissait échapper que quelques gémissements qui parfois se transformaient en râle profond et gutturaux.

Azur’Aël l’avait bien compris, la magie qui était à l’œuvre dépassait de très loin tout ce que l’ensorceleur était capable de produire. Même s’il avait pu libérer toute la magie qui était en lui d’un seul et unique coup, il n’aurait jamais pu obtenir un tel résultat. Non, ce n’était pas Dinenda qui créait ça. Et pourtant, ces vagues puissantes de magie émanaient bien lui. Oui, il en était la source, mais il ne pouvait en être l’instigateur. Il n’y avait qu’une seule possibilité logique. Le disciple draconien subissait la magie draconique qui coulait dans ses veines. Grand bien lui en avait prit de s’ouvrir aux autres lorsque Lhämee en avait fait la demande à Brisétoile. Sans quoi, la belle lunaire qui s’était assise auprès de lui et qui dans un effort mental intense tentait de rejoindre l’esprit de son frère Gardien aurait probablement tenté de le réveiller. Sans savoir les conséquences que cela pourraient entraîner pour Dinenda. Car oui du fond de sa rêverie, le fils Mythrandir souffrait le martyr. Mais qu’en serait-il s’il subissait les assauts de cette puissante et antique magie alors qu’il serait pleinement conscient ? La dernière rage du Teu’Tel’Quess avait dû réveiller quelque chose qui sommeillait en lui. Il le savait l’héritage qui coulait dans ses veines allait le transformer peu à peu. Il serait plus résistant, plus fort aussi et devrait développer également de nouvelles capacités. Lesquelles et dans quel ordre ? Nulle personne de sa connaissance n’avait pu le lui dire. Même Nil’Garith n’avait vraiment su répondre à ce genre de question. Toujours était-il, que la magie draconique dont il avait hérité lui avait déjà fait subir certaines transformations. Il était capable de souffler le feu, sa peau s’était recouverte de fines écailles et il résistait mieux que ceux de sa race à l’énergie du feu. Mais toutes ces transformations avaient été peu douloureuses et s’étaient découvertes assez naturellement. Cette fois c’était différent et bien plus traumatisant.

Tout d’abord, la Ly’Aegisir prit la vague de magie de plein fouet. L’ensorceleuse sensible à la présence de la Toile ne pouvait passer outre. C’était tellement puissant, c’était tellement sauvage, tellement profond. Qu’il lui fallu un moment pour s’en accommoder. La sagesse et l’expérience de Gardienne des Mystères lui avait soufflé de patienter et de ne pas réveiller Dinenda. Aussi, tenta-t-elle une approche peu commune et que seul les Tel’Quessir pouvaient tenter. C’était très osé, compte tenu de la situation. La communion était un moyen de partager toutes les facettes de la personnalité des communiants. C’était un peu comme si l’on ouvrait son âme à une ou plusieurs autres personnes. Rien ne pouvait être caché ou ignoré, lorsque l’on se lançait dans cette expérience. Il fallait une confiance totale ou un fort lien d’amour pour accepter de s’ouvrir ainsi.

La Ly’Aegisir savait fort bien qu’elle n’obtiendrait pas ce résultat. Les conditions très particulières devant être réunie, ne l’était certes pas. La Première Dame des Mystères le savait parfaitement, mais son intention n’était pas là. Azur’Aël souhait juste créer un lien pour en savoir un peu plus sur ce qui pouvait bien secouer le disciple draconien. Et son entreprise ne fut pas simple. Tout d’abord, il lui fallut s’habituer au maelstrom d’ondes magiques puissantes. Dinenda n’était pas perdu, son esprit était bien là. Mais il y avait une barrière, un mur épais qui le séparait d’Azur’Aël. Du fond de sa transe, la Dame des Mystères se heurtait à une barrière, cette dernière prenait la forme d’un mur de feu rugissant. Des flammes puissantes dansaient en tout sens de façon totalement anarchique. Ce chaos de feu ne cherchait visiblement pas à être hostile, il ne brulait pas, ni ne cherchait à happer l’esprit d’Azur’Aël. Mais il la gardait à distance. A chacune des tentatives, les flammes redoublaient d’intensité et commençaient à chauffer. Dès qu’elle relâchait sa présence, les flammes reprenaient leur danse. L’énergie magique du feu semblait juste chercher de maintenir la Ly’Aegisir a distance et l’impression qui dominait était la protection du disciple draconien.

Au bout d’un moment qui avait dû durer une minute ou près d’une heure, à moins que cela ne soit quelques jours. C’était quasi impossible d’avoir une estimation du temps qui s’écoulait. L’intensité des flammes baissa très sensiblement, et le corps de l’elfe lunaire sembla s’apaiser de la même manière. La source de magie laissa Azur’Aël s’approcher un peu plus du Gardien des Mystères sans toutefois baisser sa garde.


Au cœur de sa rêverie, le feu qui dévorait le corps de Dinenda laissa la place à une totale obscurité. Il n’y avait plus de brûlures, plus de glace, plus de bruit, plus de chaînes… en fait, il n’y avait plus rien. Dinenda se laissa retomber en s’abandonnant totalement. Il flottait dans le fond d’un océan de néant. Il reçut une douce secousse, comme une main chaude qui venait de lui caresser l’esprit et le ramenait vers quelque chose. Cela commença par une faible lueure, et puis se fut une odeur. Celle bien caractéristique de vieux ouvrages qui s’entassaient. Et Dinenda vit des hautes étagères remplies de livres, de manuscrit, de rouleau de parchemin. Les étagères semblaient taillées directement dans le bois, et en y regardant de plus près, elles ne semblaient pas taillées, mais elles s’étaient formées directement dans le bois d’un arbre pour accueillir tous ses ouvrages. Dinenda ne connaissait qu’un seul endroit pouvant ressembler à celui-ci. Il tourna la tête et il vit qu’il était maintenant confortablement installé dans un large fauteuil moelleux au doux velours verts. Oui, il se trouvait dans la Chambre des Mystères. La bibliothèque sise dans le Cœur des Mystères sur la branche Sud de O’Sutraari, le Grand Saule Argenté de Thüldae. En sécurité, Dinenda replongea dans sa lecture et ne tarda pas à s’endormir. Si la magie enflammée qui gardait Dinenda dans une bulle protectrice de flamme restait bien présente, mais elle avait laissée l’ensorceleuse atteindre l’inconscient du disciple draconien.

La gardienne des mystères n'avaient pas pu sentir ou entendre la présence de son sauvageon car son esprit était déjà ailleurs. L'exercice mental en cours exigeait d'elle une forte concentration. C'était presqu'assimilable à une communion elfique sauf que dans le cas présent il n'y avait pas de liens assez forts entre Dinenda et elle pour en réaliser un vrai. Ce n'était pas le but de toute façon. Il y avait toutefois un point d'encrage fort qu'ils avaient en commun : tous les deux étaient des gardiens dévoués à leur cause, dont la fraternité sylvestre peut soulever des montagnes.

Dans sa rêverie, l'elfe de lune avait l'impression que tous ses sens étaient exacerbés. La barrière de feu qui lui faisait face pour protéger l'esprit de Dinenda l'effrayait. C'était quasi instinctif cette répulsion. En effet, le sang d'Azur'ael était imprégné d'origine de fée aquatique. L'eau était son élément, ce qui tout oppose au feu. Plus elle approchait de la barrière, plus son sang bouillonnait, lui créant d'atroces douleurs. La chaleur n'en était pas la seule cause. Il y avait une intensité magique et sauvage qui la dépassait.

Elle faillit relâcher ce lien, se sentant comme une intruse. C'était sans compter sa volonté de fer. Non elle n'abandonnerait pas aussi facilement. Elle aussi subissait une transformation. Sa peau devint de plus en plus lunaire pour devenir transparente comme de l'eau claire. La barrière de feu lui faisait toujours face mais la chaleur devint plus supportable. Puis, peu à peu, un décor sylvestre se dessina sous ses yeux, qu'elle reconnut aussitôt comme le Coeur des mystères et sa bibliothèque. Dinenda était endormi dans un fauteuil. Apparemment, il venait de finir une lecture. Cette image presque réelle par son intensité la rassura aussitôt. Elle s'approcha tout doucement, laissant des flasques d'eau argentées comme empreinte sur le sol. Puis elle s'immobilisa avant de se désagréger comme une chute d'eau sur le sol. Elle venait de couper le lien, maintenant qu'elle savait Dinenda à l'abri du danger. Sur le sol, elle lui avait laissé une grande flaque d'eau pure argentée qui avait pris la forme d'une énorme tête de loup. Tout un symbole : celui de la confrérie sylvestre.

L'elfe lunaire rêvait encore. Pourtant tout lui semblait encore réel. Des gouttelettes d'eau lui chatouillaient le visage. Pourtant il ne pleuvait pas. Il s'agissait de son sauvageon qui lui éclaboussait le visage en tapotant avec son doigt l'eau du lac argenté. Elle esquissa un grand sourire amusé. Son regard d’émeraude brillait d'admiration, car elle pouvait encore plus apprécier la beauté de son elfe nager sous cette nuit étoilée. Nue et belle comme une nymphe, elle le rejoignit avec la grâce des fées aquatiques. Elle lui mordilla la pointe de l'oreille gauche de son sauvageon avant de plonger totalement sous l'eau, l'empressant d'essayer de la rattraper...

Troisième jour de la Griffe des Tempêtes, Année des Dragons Renégats.
(3 Tarkash 1373)

Lieu : Brisétoile
Temps : Très froid
Moment : Nuit

MJ
Narration : Tous

a scène, pour le barde, devait paraître particulièrement étrange, pour ne pas dire inquiétante. Dinenda semblait lutter contre une force invisible l’écrasant et le faisant souffrir. L’enchanteresse, elle, semblait complètement perdue dans sa transe, une tension irradiant de son être et trahissant sa propre lutte intérieure. Pourtant, au bout d’un moment, la situation sembla changer… Azur’ael se détendit enfin alors que son compagnon s’immobilisait peu à peu, ne laissant plus que quelques tremblements le parcourir alors que les craquements se faisaient de plus en plus rares.

Dharasha sentit elle aussi le changement, la cooshee gémissant doucement mais ne donnant plus l’impression d’être paniquée. Difficile de savoir ce qu’il venait de se passer, et Dinenda restait en grande partie caché par sa couverture, mais la magie se faisait fortement sentir dans la grange. Il semblait juste que le gardien des mystère avait cessé de lutter contre son emprise…

Perché sur une poutre de la grange, Kerlomar observait la scène de son œil de rapace. Lui même ayant récemment été confronté aux volontés de la magie et de la nature comprenait qu’il fallait parfois laisser faire les choses. Mais cela ne l’empêchait de se tenir prêt à intervenir. Dinenda s’était férocement battu et s’il était parvenu à stabiliser ses blessures, il n’en était pas pour autant guéri…

Non loin, positionné de façon stratégique, Olafr suivait lui aussi la scène. Son fidèle ami lupin l’avait finalement rejoint, en un seul morceau, et tous deux surveillaient désormais les alentours. Mais s’ils s’acquittaient avec soin de leur devoir, ils gardaient aussi un œil sur la grange, inquiets pour leurs amis...

L’ensorceleur venait d’être terriblement secouer par une magie puissante totalement indépendante de sa volonté. Même s’il avait été épargné par le fait d’être en rêverie au moment des faits, son corps et son esprit avait été soumis à rude épreuve. Maintenant que cette puissante vague mystique s’en était en partie allée, du moins en partie car Azur’Aël la sentait encore très clairement. L’elfe lunaire était tombé du sommeil du juste et cela autant dans le monde réel que dans celui de sa rêverie et cette magie semblait veiller sur son sommeil. Il lui restait encore quelques heures à dormir pour récupérer de cet épisode pour le moins houleux. Ensuite, ensuite serait un nouveau jour qui commencerait…

Toute la petite communauté des Gardiens Sylvestres étaient à son chevet. Et s’il en avait eu conscience, cela l’aurait profondément touché. Ce trait de caractère que la Confrérie avait toujours ému le disciple draconien. Cette fraternité entre les membres n’était pas une simple posture. C’était beaucoup plus profond que cela et c’était, aux yeux du lunaire, la véritable force des protecteurs de la nature.

Si les rôles avaient été inversés, il se serait inquiété tout autant que ses frères et sœurs de la Confrérie. Qu’il devait être dur de voir un ami souffrir sans pouvoir rien y faire. Mais pour l’heure, le Gardien des Mystères ne souffrait plus. Il se reposait en toute plénitude, et les quelques soubresauts résiduelles n’étaient plus que de faibles répliques du séisme magique qui avait secoué Dinenda. La preuve, s’il en fallait, Dharasha elle-même s’était calmée et posa sa grosse tête sur les jambes de l’ensorceleur roulant ses yeux intelligents vers Azur’Aël. La créature bailla en ouvrant grande sa gueule avant de la refermer.

La tension semblait retombée. L’elfe draconique semblait se calmer. Les spasmes et les craquements d’os se transformèrent en quelque chose de plus régulier. Etrange un instant on aurait pu croire que Dinenda sous sa couverture se tenait recroquevillé dans une position similaire à un dragonnet qui dort. Azur’Ael semblait elle aussi ailleurs. Lähmee sortit son outre et lui passa délicatement un peu d’eau sur la nuque, elle semblait avoir chaud. Puis il finit par lui éclabousser quelque peu sur le visage pour qu’elle revienne non pas à elle mais à lui.

- Et toi ou étais-tu ma petite goutte d’eau ? Tu m’entends ? Azuuurrrrrr
Le barde approcha son visage de la lunaire un peu plus prés. Elle ouvrit les yeux mais ces derniers louchaient malicieusement sur les lobes du sauvageon.

« Mais que se passe t’il on dirait qu’elle veut me croquer l’oreille »

Un peu surpris et gêné le Conteur du Naturel détourna son attention un peu plus loin. D’un geste de la main le barde appela Kerlomar pour qu’il vienne s’occuper des blessures de son confrère, qu’il vieille sur lui et qu’il se repose à son tour.

- Hurk, je vais devoir prendre mon tour de garde, quel dommage mais quel dommage ….OLafrrrrrr où es tu ?

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tour de garde avec Olafr

Troisième jour de la Griffe des Tempêtes, Année des Dragons Renégats.
(3 Tarkash 1373)

Lieu : Brisétoile
Temps : Froid
Moment : Fin de matinée

MJ
Narration : Tous

u final, la nuit finit par passer… Dinenda et Azur'ael ayant glissé dans une transe plus classique et reposante, ils furent laissés dans la grange sous la protection rapprochée de la cooshee qui les veilla jalousement… Lhämee, bien que peu désireux d'abandonner sa bien-aimée, profita de l’hospitalité des fermiers tout comme Kerlomar ainsi qu'Olafr, une fois son tour de garde paisiblement achevé. C'était encore la solution la plus adéquat s'ils voulaient pouvoir se reposer un minimum… Le druide avait usé de ses talents magiques pour achever de soigner l'ensorceleur, la nuit qu'il passait ne pouvant pas vraiment être qualifiée de reposante.

Les rôdeurs de Brisétoile prirent en charge les derniers tours de garde sous la direction d'Elna alors que Myriame et elle gardaient un œil sur leur prisonnier de guerre. Le drow ne se montra que peu coopératif et ce ne fut que grâce à l'une des potions de la magicienne que ce dernier sombra dans un sommeil sans rêves. Au moins ne dérangerait-il plus personne jusqu'à ce que l'on réveille…

Les Gardiens finirent par se réveiller, plus ou moins frais et dispos mais en mesure d'affronter la nouvelle journée qui s'offrait à eux. Et ce ne fut qu'une fois les nécessités et devoirs de chacun accomplis qu'ils se retrouvèrent tous dans la maisonnée, la famille préférant prudemment rester à l'extérieur pour accomplir leurs tâches quotidiennes.

Ils avaient un certain nombre de décisions à prendre, ainsi que l'avenir d'un certain elfe à la peau noire à décider...