Un havre de paix - Chapitre 1, Badrok, Elrik, Hiielle

es trois derniers jours furent particulièrement frustrants pour Lyria qui pour la première fois de sa vie trouva des portes fermées sur sa route. Elle commençait à rager, inquiète à l'idée de devoir laisser la garde incompétente de Pierre-Tonnerre s'occuper seule de l'enquête concernant les meurtres. C'est alors qu'elle songeait à rentrer à Arabel qu'elle fit la rencontre d'un groupe de marchands exténués dont leur se nommait Elias Florin. Après discussions, elle apprit que l'un des accusés se terrait dans une taverne connue sous le nom de "Tanière de l'Ours". C'est ainsi que sans la permission légale des Dragons Pourpres, Lyria Abigaïl se décida à enquêter les meurtres. Elle suivi le marchand jusqu'à l'établissement. Elle entra à sa suite et observa rapidement le groupe surveillé par un soldat nain. Les approcher serait évidemment plus compliqué qu'elle ne l'avait espéré. Elle tenta néanmoins le coup, remarquant au passage le regard insistant de l'un des suspects, la rendant un peu mal à l'aise.

-Je suis Lyria Abigaïl Haute-Cour. J'enquête pour la Maison Haute-Cour et l'Ordre du Griffon Vaillant sur ces individus. Aurais-je votre accord pour leur parler, sire?

Elle attendit ainsi une réponse gardant le dos bien droit, habituée à cette position par les heures passées au garde à vous lors dès cérémonies de l'Ordre

près un départ des plus mauvais, la journée semblait s'embellir de minute en minute pour Badrok. Avalant son petit-déjeuner avec une certaine admiration pour Elrik et son estomac sans fond, il écouta Barbepointe expliquer qu'il ne voyait pas dans le trio des assassins en puissance, mais des fauteurs de trouble tout au plus. Néanmoins, ce qui attira surtout l'attention de l'halfelin était la date à laquelle avait été perpétré le crime : l'avant veille, soit un jour avant l'arrivée du petit guerrier à Pierre-Tonnerre. Seulement, d'après les registres d'entrée dans la cité, Badrok serait arrivé le soir du meurtre. Une telle information permit à l'halfelin d'enfin avoir des certitudes sur la situation. Les registres avaient été trafiqué, mettant de nouveau l'idée d'un complot perpétré par les Dragons Pourpres, ou quelqu'un capable de les payer, pour faire tomber les trois voyageurs. Idée qui se renforça quand les fameux témoins oculaires du meurtre n'étaient autre que des miliciens de la ville. Reprenant confiance en lui, le pauvre garde répondit aux paroles du nains quand ce dernier demanda une justification de l'alibi du groupe :

- Ça tombe bien, l'une des preuves de mon innocence ne va pas tarder à franchir cette por...

S'interrompant tout seul, Badrok fixa le duo qui venait d'entrer dans la Tanière. L'une d'entre eux était une femme en armure, une guerrière bien mieux équipé que lui qui se présenta comme une enquêtrice au service d'une maison que l'halfelin en connaissait pas. Il n'était qu'un simple soldat après tout. Du coup, il ne savait pas si elle était de mèche avec les Dragons Pourpres ou si elle était plus indépendante. Néanmoins, elle accompagnait nul autre qu'Elias, l'ancien client du petit guerrier et l'un de ses alibis pour la nuit du meurtre. Avec un grand sourire, il les salua :

- Enchanté, Ma Dame Haute-Cour, je suis Badrok, garde de profession. Vous travaillez avec les Dragons Pourpres ou séparément ? Il se tourna ensuite vers son ami. Messire Florin, je suis content de vous voir ! Pourriez-vous je vous pris expliquer à messire Barbepointe ici, ainsi qu'à Ma Dame où et avec qui je me trouvais la nuit du 11 ?

Fier de pouvoir enfin prouver son innocence, il avait presque abandonner toute méfiance. Peut être un geste un peu trop prématuré, surtout en considérant le fait qu'Elias ne pourrait sans doute pas témoigner en personne au procès. Profitant de ce petit rayon d'espoir dans cette matinée cauchemardesque, Badrok demanda quelques renseignements à son ancien client. S'il pouvait laver l'halfelin de tout soupçon, ni Elrik, ni Hiielle n'étaient encore sorti d'affaire :

- Messire, je me demandai si vous connaissiez la victime du meurtre qui nous a plonger dans cette situation ? Il paraît qu'il était un marchand de la cité. Avez-vous déjà fait affaire avec lui ? Savez-vous s'il aurait des ennemis assez puissants ou rancuniers pour vouloir l'éliminer ?

Le petit guerrier espérait recevoir les informations dont le groupe aurait besoin pour continuer l'enquête et, qui sait, innocenter ses camarades.

Date: 13 Tarsakh 1373 - Treizième jour de la Griffe des Tempêtes
Lieu: Pierre-tonnerre - Cormyr
Temps: Nuageux - 15°
Moment: Milieu de matinée

Narration: tous

la présentation de Lyria, Gulden Barbepointe adressa une moue si suspicieuse que sa barbe parvenait à peine à la masquer. Après quelques secondes d'évaluation, et imaginant déjà que les "accusés" saisissaient l'arrivée de la guerrière sainte avec autant d'empressement q'un soiffard moribond tombant sur une gourde en plein désert, le Dragon Pourpre maugréa dans sa barbe.

- Bonne rencontre Lyria Abigaïl de la Haute-Cour... Allez-y j'suis pas leur mère v'pouvez leur parler. J'vois pas trop c'que des gens de la haute même pas de la ville peuvent bien leur vouloir à ces trois là... Finalement, z'ont p't'être plus de casseroles que j'le pensais y'a un instant...

Plissant les yeux, le garde se mura dans le silence et semblait suivre les échanges des aventuriers avec une certaine distance. L'intervention d'une nouvelle venue le poussa à sortir un petit carnet de vélin dont la reliure de cuire rouge était passablement usée. Armé d'un fusain taillé en pointe, il y griffonna quelques lignes. Il ne faisait aucun doute désormais que Gulden Barbepointe était également présent pour noter les moindres preuves pouvant accuser ou innocenter les aventuriers...

Elias Florin n'avais pas menti sur ses liens avec le tavernier, un peu en retrait de Lyria, le marchand saluait avec tous les signes d'une amitié véritable et sincère son vieil ami Derdek qui était occupé à charrier certaines assiettes que le roublard avait vidé à la vitesse de l'éclair... Il s'adressa ensuite au Hin qui n'avait pas mis plus d'une minute à l'apostropher.

- Bonne rencontre Badrok ! J'espérai me tromper en entrant ici après avoir entendu les rumeurs en ville mais il semble que tu te sois fourré dans un sacré pétrin... Comment as tu fais pour te retrouver en moins de vingt quatre heure dans les griffes du Dragon Pourpre ? Enfin bref...

Lorsque sonna le mot "meurtre" dans la bouche de Badrok, le marchand s'était légèrement crispé preuve qu'il n'avait pas idée des méfaits qui étaient reprochés à l'halfelin. Il capta alors la gravité de la situation. S'adressant cette fois-ci au nain, Elias pris un ton plus solennel.

- Messire, je me nome Florin, Elias Florin, marchand de profession. Je peux vous affirmer que ce Hin nous a accompagné moi et mes gars pendant une bonne dizaine depuis Pontarchen en Sembie. On est arrivé en ville hier au soir par la porte sud et c'est moi même qui lui ai dit de venir ici et que je paierai pour lui en récompense de ses services de garde. Si je puis me permettre, quel est le nom de la victime ?

N'ayant cessé de gribouiller sur son carnet, le nain daigna tout de même répondre à la question. La victime du meurtre s'appelait Adris Colebriar, l'un des marchands les plus riches et accessoirement chef du comptoir du Priakos des Six Coffres à Pierre-tonnerre...

Elrik avait passé le plus clair de son temps à mâcher bruyamment, faisant au passage une belle démonstration de toute la grâce que lui suspectait Hiielle. Son apparence extérieure ne témoignait que trop peu de la gravité de leur situation, et, après l'avoir vaguement dévisagé, préféra lui prendre un morceau de charcuterie que de se soucier davantage des bruits de mastication d'habitude bien étrangers à la Tanière.

¤ Le corrompre? Ha!

... ah.., pas si facile de se mettre un nain dans la poche? ¤

Barbepointe n'avait probablement pas tort quand il proposait de commencer par justifier leurs faits et gestes au moment de leurs supposés crimes. Une pensée agacée traversa l'esprit de la jeune mage au même moment qu'elle avalait le maigre butin de viande qu'elle avait chapardé. « justifier où vous étiez le soir de vos méfaits y'a deux nuits » ?! S'ils pouvaient prouver qu'ils étaient ailleurs, ils prouveraient leur innocence. Ce serait aussi bien terminer cette maudite histoire que de « commencer quelques part ». Fichu nain!

Par souci de diplomatie, elle se garda bien de faire publiquement part de ses sarcasmes, et se contenta de lever les yeux au ciel et de risquer un second chapardage de nourriture. La porte s'ouvrit à ce moment et deux inconnus firent leur entrée. Le tableau qu'offrirent Elrik et Hiielle, l'un faisant tomber sa cuillère pendant que l'autre volait un morceau de saucisson, ne devait offrir qu'une piètre image de marque.

L'homme était un ami de Badrok, Elias. La femme s'appelait Lyria. Elle était belle! Un peu trop au goût de Hiielle. Armée également. Un peu trop également. Elle rayonnait un peu trop par son entrée faisant de l'ombre à une enchanteresse morose. Elle composerait avec, même si le côté trop impeccable, irréprochable, et visiblement militaire et noble de se comportement n'augurait pas une relation fusionnelle entre les deux demoiselles, visiblement issues de milieux bien étrangers l'un à l'autre.

- Bonne rencontre. Hiielle. dit-elle. Accusée à tort... ajouta-t-elle, trop bas pour être entendue.

Elias prit sur lui de témoigner en faveur du hin. Si les Dragons Pourpres étaient prêts à prêter une quelconque importance à la parole du marchant, Badrok devrait pouvoir se sortir d'affaire, et Hiielle s'inquiéta de ce que Badrok les laisse, elle et Elrik, se dépêtrer de leur côté de leur propre misère. Une part d'elle espérait voir l'halfelin et son cure-dent rester suspects plus longtemps, et qu'ils l'aident à prouver sa propre innocence.

Leur garde nain répondit à la question d'Elias, et leur donna quelques éléments intéressants. Pendant que les autres continuaient leurs conversations, Hiielle dit doucement à l'adresse d'Elrik, après lui avoir tapoté l'épaule:

- Dis, si c'était un riche marchand, pas mal de gens devaient... avoir intérêt à le voir disparaître. Tu comprends où je veux en venir non? C'est ton rayon? Tu n'aurais pas quelques... contacts, qui pourraient nous aiguiller vers des gens qui auraient intérêt à nous faire porter le chapeau?

Elle se pencha encore un peu vers lui pour lui murmurer:

- Tu penses qu'on peut faire confiance au nain, et lui poser clairement ce genre de question?

es mains engluées de confiture le roublard avait littéralement oublié sa tartine. Son attention s’était désormais orientée sur les nouveaux arrivants. Il se présenta après ses compagnons :

- « Bien le bonjour charmante demoiselle ! Messire Florin heureux de faire votre connaissance »

Décidément ce Badrok avait de bonnes idées et des connaissances. Ils avaient au moins réussis à mettre un nom sur la victime grâce à ce Florin. Le petit guerrier pouvait peut être s’innocenter grâce à ce marchand. Mais la situation était identique pour Elrik et Hiielle. A moins que Lyria les aident ? En effet l ‘arrivée de cette jeune et belle guerrière avait déconcerté Barbepointe et c’était plutôt positif pour le groupe.

La magicienne fit revenir le mercenaire de ses pensées en lui tapotant l’épaule et lui glissant discrètement à l’oreille quelques questions.

¤ La jeune femme avait raison. Il est nécessaire d’aller visiter les bas fonds de cette citée. ¤

Tout aussi secrètement qu’elle il lui répondit :

- « Si la chance est avec nous oui il est possible que je rencontre quelques vieilles fripouilles qui puissent nous aider. Mais ce ne sera pas gratuit. Et puis il faudrait aussi distraire notre soit disant ami Barbepointe. Je ne pense pas que ce vieil aide de camps nous soit si utile après tout. Tu as vu comment il griffonne tout ce qui se passe ? Il est simplement là pour nous surveiller et colporter nos moindres faits et gestes. Par contre il m’est d’avis que cette guerrière peut nous aider. Elle m’a l’air d’être une honnête personne et dans notre situation on n’a pas le droit de négliger quelque qu’aide qu’y soit »

La Tormite écouta attentivement les chuchotements des suspects et elle put ainsi apprendre que l'homme qui ne cessait de la regarder avait des contacts parmi les bas-fonds de la cité. Ce qui évidemment ne faisait qu'augmenter les soupçons de Lyria. Mais il est vrai, qu'il s'agissait d'une piste à enquêter et avec le peu d'informations dont elle disposait, elle ne pouvait pas rejeter cette information. Elle devrait arranger un rendez-vous entre Elrik et ses contacts. Elle devrait néanmoins se débarrasser du nain... La tâche semblait bien difficile. Elle regarda successivement Elrik et Hielle et leur posa la même question:

-Où étiez-vous la nuit du 11 de Tarsakh? Et avez vous des témoins pouvant confirmer votre alibi?

Se tournant ensuite vers le garde-chiourme, la jeune femme eut un sourire et enchaîna:

-À qui devrais-je m'adresser afin de prendre la responsabilité de ces suspects? J'imagine qu'il s’agirait de Sire Segor Bedesk mais j'aime mieux vérifier, histoire de ne pas perdre mon temps.

e roublard n’attendit pas la réponse de Gulden et répondit à la jeune femme :

- « En ce qui me concerne je suis arrivé le 12 Tarsakh au soir. Le seul témoin de mon arrivé est ce bon vieux Major d’épées borgne qui notifie le registre des entrées. Il me semble également que Badrok est arrivé ce même jour à quelques heures d’intervalle. Quand à Dame Hiielle je ne saurais répondre à sa place » il s’arrêta un court instant et reprit :

- « De toute façon ce complot me semble bien orchestré. Trop bien même. Des témoins auraient aperçu Badrok assassiner cet Adris Colebriar. D’autres m’auraient aperçu voler avec effraction et Dame Hiielle serait complice de tout ce chambard » le voleur jeta un coup d’œil vers Barbepointe et poursuivit :

- « Cette histoire ne tient pas debout. Je ne sais pas à qui profite tout ce qui se trame mais dans tous les cas se doit être quelqu’un d’important. Il est à noter que sans l’intervention de Messire Talstag, Segor Bedesk nous aurait enfermés à double tour en cellules. Enfin si on avait réussi à atteindre la prison. Car d’après certaines rumeurs les prisonniers disparaissent subitement dans cette citée » Elrik dirigea ensuite son regard vers Lyria et continua :

-« Il faut absolument trouver des indices pour nous innocenter mais je pense que la tâche sera ardue. Trouver également pourquoi ce vol et ce meurtre sont liés ? Trouver à qui peut profiter l’héritage de ce Monsieur Colebriar ? »Le mercenaire arrêta son monologue et s’adressa à Gulden ainsi qu’au groupe :

- « Sans vouloir vous offusquer mon cher Barbepointe une aide extérieure à cette ville nous serait bénéfique. Il va s’en dire que vous êtes à la solde de Bedesk et il m’est d’avis que notre sort ne vous intéresse que très modérément »

Le roublard avait prononcé tout haut ce qu’il pensait quitte à énerver l’aide de camps.

n large sourire de soulagement traversa le visage de Badrok après que son ami marchand lui ait donné un alibi en mythril. De plus, Elias n'avait pas seulement confirmé son innocence devant un membre des Dragons Pourpre, hypothétiquement corrompu, mais aussi une enquêtrice indépendante. Néanmoins, le sourire de l'halfelin s'estompa rapidement quand il écouta la guerrière poser des questions à ses camarades d'infortunes. Elrik et Hiielle n'étaient pas encore sorti d'affaire. Le petit soldat étant du genre peureux, il aurait pu en profiter pour s'éloigner de ce panier de crabes, enfin mentalement puisqu'il ne pouvait pas physiquement quitter Barbepointe. Seulement, Badrok s'était attaché à ses deux compagnons. Certes, il ne les connaissait que depuis la veille, mais tout deux étaient aussi innocents que lui, il en était certain.

Finissant son petit déjeuner, il écouta la discussion à voix basse entre Elrik et Hiielle. Il apprit alors que Valrok avait potentiellement des contacts au sein de la pègre de Pierre-Tonnerre, mais ne savait pas vraiment pourquoi. Elrik avait en effet l'air d'un individu agissant dans l'ombre, mais il avait déclaré être un aventurier. Peut être que son apparence était plus en rapport avec son métier ? Ce qui expliquerait pourquoi les Dragons Pourpre l'avaient en ligne de mire. Quand l'encapuchonné expliqua que le groupe devait trouver un moyen de remplacer Gulden par l'enquêtrice, Badrok cru bon d'ajouter, aussi à voix basse :

- En plus, je doute que les contacts de messire Elrik soient ravis de le voir débarqué chez eux en compagnie d'un Dragon Pourpre, impliqué ou non dans le complot.

Badrok laissa ensuite Elrik faire le compte rendu de la situation à Lyria. Ce dernier rappela alors à l'halfelin qu'ils avaient une autre piste à explorer, l'officier borgne à l'entrée de la cité. Ses registres avaient été trafiqués, comme venait de le prouver Elias. L'interroger ou voir les registres d'entrées étaient devenu un impératif pour le petit soldat. Il poursuivit donc le petit discours d'Elrik, mais en s'adressant en priorité à Lyria :

- Comme vous venez de l'entendre Ma Dame, Messire Elias vient de confirmer mon alibi et, dans le même temps, dévoiler que quelqu'un s'est amusé à trafiquer les registres d'entrée dans la ville. Sans parler du fait que nous avons appris de la bouche de Messire Barbepointe que c'est un Dragon Pourpre qui m'aurait vu abattre le marchand. Même si je crois en l'intégrité de Messire Barbepointe, certains Dragons Pourpres sont entrain de faire de nous leur bouc-émissaire. Je suis de l'avis de Messire Elrik, un œil neuf et indépendant comme le votre pourrait nous aider dans notre quête.

En effet, après la discussion qu'il avait eut avec Gulden, Badrok avait plus confiance en lui qu'en la plupart de ses collègues, sans doute le fait qu'ils soient tout deux de simples soldats. Maintenant, restait à savoir si la guerrière serait convaincue.

Le meurtre ayant été commis avant le 12 de Tarsakh, si l'alibi de Elrik se confirmait, elle saurait qu'il n'était pas coupable, puisqu'il n'était pas en ville à ce moment. La guerrière, commençant à douter de l'intégrité des Dragons Pourpres se promit que dès qu'il y aurait preuve de l'innocence de Elrik et Hielle, elle irait rencontrer le seigneur de la cité et s'assurerait d'user de ses contacts auprès de la Maison des Haute-Cour ainsi que de la Maison des Lamedargent, dont elle était membre dû à son mariage avec sa douce Ashen. Les Lamedargent n'étaient certes pas de sang royal, mais ils étaient assez influents auprès de la Reine Régente pour lui permettre de tenter de soulever une enquête royale sur la garnison de Pierre-Tonnerre et mettre les responsables face à la justice. Tout cela serait compliqué pour Dame Lyria, plus habituée à régler ses conflits par l'épée que par les complots, mais parfois, l'épée, même levée par un pur serviteur de la triade, n'est pas suffisante pour mener tous les combats.

Épuisée, elle prit un tabouret à la table la plus proche et elle s'installa à la table des aventuriers, sentant qu'elle devrait rester pour un moment et elle marmonna, plus pour elle même:

-Comme cette situation est complexe...

La situation semblait tendre vers le remplacement du nain par la belle guerrière. Ou au moins son adjonction au groupe d'investigation. Comme un nouveau chaperon. Une nouvelle aide, avec un peu de chance. Toute aide était bienvenue quand on risquait sa vie. Aussi, Hiielle choisit de coopérer :

- Je suis arrivée le soir du 11. Je ne saurais dire l'heure exacte, mais j'ai signé le registre. Et dans tous les cas, ça n'aurait eu aucun sens d'arriver en ville, de m'enregistrer, de me rendre chez un riche marchand, et de l'assassiner, pour ensuite retourner tranquillement trouver une auberge et passer mon temps en ville. Sans même mentionner que j'en serais incapable. Et que les riches marchands doivent bien avoir un moyen de se protéger. Des gardes, peut-être? L'accusation ne tient pas debout, mais j'imagine que les autorités ne s'intéressent pas à ça, si elles nous laissent le soin de prouver notre innocence...

Elle enchaîna directement pour répondre à Elrik.

- À qui profite tout ça, ça peut être facile à découvrir. Il avait sûrement des rivaux commerciaux. Eux peuvent avoir à la fois la motivation et les moyens de faire porter le chapeau à des étrangers. On peut retourner le problème comme on veut, il est temps d'aller chercher des informations. On ne peut pas juste rester ici à attendre d'être pendus.

Lyria s'était assise à leur table, et avait l'air désemparé. Avant même que l'enquête ne commence, ce qui était peu rassurant, compte tenu de sa probable responsabilité à venir. Si elle devait servir d'aide extérieure, elle devrait en avoir les épaules. Peut-être cela lui viendrait-il une fois l'enquête réellement démarrée. Mais comme elle venait de le dire, ils ne pouvaient se permettre de perdre du temps.

Appuyant fermement ses deux mains sur la table, dans un geste légèrement exagéré, Hiielle entreprit de se lever, et de donner l'exemple en se préparant à se mettre en route. Tout en récupérant sa chouette, elle se tourna vers les autres.

- On commence par le Nid du Dragon, oui?