Un havre de paix - Chapitre 1, Badrok, Elrik, Hiielle

Pour Badrok, il était clair que la pression mise sur les épaules Bedesk et ses hommes commençait à atteindre leur moral. Il fallait simplement voir comment, soudain, alors qu'Elrik expliquait qu'il était victime d'un complot, le lionar s'insurgea avec véhémence. Un énervement qui, tout aussi brusquement, se dissipa et changea l'attitude de l'officier. Il s'assit ensuite, s'excusa et exposa ses doutes au groupe d'aventuriers. Cette affaire sordide le bouleversait tout autant que le trio. Le Hin l'écouta avec attention et comprenait un peu la situation du Dragon Pourpre. Certes, il n'avait jamais atteint un tel niveau de responsabilité du temps où n'était qu'un simple garde, mais plus d'une fois il s'était sentit impuissant face aux évènements ayant bousculé sa vie tranquille. Rien que le matin même, quand il pensait finir sur un échafaud avec son pantalon aux chevilles.

Il aurait bien aimer venir rassurer le lionar, lui donner une tape dans le dos et jouer sur ce lien militaire qu'il partageait avec le Dragon Pourpre, mais s'abstint. Il ne voulait pas vraiment que son geste soit interprété comme une agression, surtout après le saut d'humeur de Bedesk un peu plus tôt. Il se contenta donc de rester en place et décida de motiver le lionar d'une autre manière. En effet, l'exposé du voleur vairon avait ouvert les yeux du Hin sur une piste sur laquelle un homme semblant aussi intègre que Bedesk pourrait aider. De plus, Badrok se disait qu'il n'y avait rien de mieux qu'un peu d'action, même mentale, pour se changer les idées. Il proposa donc en faisant naviguer son regard de l'officier à ses camarades :

"M'sieur, je crois qu'il faudrait retrouver le témoin ayant accusé Elrik à tord. je suis sûr qu'avec l'aide des hommes en qui vous avez le plus confiance, on pourrait retrouver c'menteur et l'faire parler. J'imagine qu'il doit s'tenir à votre disposition en vue du procès ?"

lors que l'énergie magique traversait son corps, Hiielle se sentait étrangement calme. Elle se retrouvait en terrain connu, à faire ce pourquoi elle avait étudié toutes ces nuits chez son vieux maître.

Les cris de Bedesk étaient compréhensibles. Mais elle ne s'en offusqua pas, et quand l'esprit de sa victime céda, elle ne fut pas surprise non plus, le prit comme le résultat logique.

- Je comprends que vous êtes stressé, dit-elle avec une pointe de malice. Peut-être que si vous nous en dites plus, nous pourrions vous aider ? À propos de la prêtresse. Pour ce que nous en avons compris, elle avait quelques... tracas, avant d'être attaquée, et elle vous aurait écrit à ce sujet. Pourriez-vous nous en dire plus ?

Elle décida de ne pas mentionner qu'Elrik avait trouvé ces lettres. Peut-être plus tard, peut-être pas du tout. Il valait toujours mieux ménager les émotions de Bedesk, un geste trop brusque, et le charme pourrait se rompre. Dans un souci de prévention, elle se retourna adressa regard et un léger geste de la main au roublard, qu'elle savait rapide à réagir, et à parler avant de réfléchir. Elle espérait qu'il comprenne.

- Et je pense que Badrok a raison, vos hommes pourraient nous aider à retrouver le soi-disant témoin?

Bedesk écouta avec attention les propos de Badrok et du roublard. Bizarrement, pour une fois, celui-ci ne sembla pas s’opposer aux dires du voleur ? Mais, quand ce fut au tour de la magicienne, le visage du Lionar changea, subitement, d’attitude. Tout à coup, il sembla s’énerver à l’encontre de la jeune femme ? Pire encore, il envoya, visiblement de rage, valser sa chaise à l’autre bout de la pièce et commença, même, à argumenter des menaces envers la demoiselle. Le mercenaire surprit par cette soudaine réaction, sursauta de son siège. Que se passait il ? Pourquoi le Lionar réagissait il de cette manière ? Le mercenaire, étonné jeta un rapide coup d’œil interrogateur vers le petit guerrier. Elrik espérait que celui-ci en sache plus mais, apparemment, Badrok semblait, tout comme le voleur, étonné de cette soudaine réaction ?

La magicienne, quand à elle, était détendue face à cette situation étrange. Le roublard détourna, alors, ses yeux vairons de Badrok et les dirigea ensuite, tour à tour, vers la magicienne et Bedesk. Et brusquement, l’attitude du responsable des Dragons Pourpres changea du tout au tout. D’agressif, il sembla s’apaiser et être même courtois envers les aventuriers. Que s’était il passé ? Hiielle avait elle lancé un sortilège à l’encontre du Lionar ? Peut être ? Sûrement même, car l’homme était maintenant coopérant et étrangement poli avec eux. Toujours est il que le mercenaire ne chercha pas plus d’explications sur cette situation étrange et écouta avec attention les propos de Bedesk. A priori, le responsable des Dragons Pourpres était lui aussi dans le flou le plus complet ? Et d’après ses dires, il se pourrait qu’il soit lui aussi la cible des commanditaires de cet acte ?

Quoiqu’il en soit, le roublard préféra se taire et écouter les avis de ses partenaires. Et visiblement, il avait bien fait car tous les deux désiraient la même chose que lui : mettre la main sur ce satané témoin qui traînait, depuis trop longtemps maintenant, son nom dans la boue.

Date: 13 Tarsakh 1373 - Treizième jour de la Griffe des Tempêtes
Lieu: Pierre-tonnerre - Cormyr
Temps: Averse - 10°
Moment: vers 20h00

Narration : Hiielle, Elrik, Badrok

L’humeur soudainement apaisée, le Lionar écouta attentivement les aventuriers, opinant du chef au rythme de leurs paroles. Fait remarquable, bien que semblant approuver les dires du petit guerrier, Bedesk ne lui adressa pas même un regard tant il semblait être captivé par la magicienne… L’officier se concentra un instant avant de répondre à la demande du Hin avant de s’adresser à la jeune-femme.

- Vous avez peut-être raison pour le témoin… Il s’agit d’un forestier d’ici, Georg Hulfir. J’enverrai des hommes vous quérir demain matin à la Tanière de l’Ours. Ils vous mèneront cher lui si vous souhaitez l’interroger. Cela vous convient-il ?

Sans attendre de réponse de la part des aventuriers, le commandant en second se pencha sur un coté et tira un des tiroirs de son bureau. Le grincement du bois laissa place au bruissement du parchemin et du vélin jusqu’à ce qu’il en extirpe enfin un document. La mine satisfaite, il posa le parchemin sur son bureau. L’officier poussa la missive vers les aventuriers de manière à ce qu’ils puissent s’en saisir afin de la lire. Tour à tour, Hiielle, Badrok et Elrik purent comprendre que cette lettre semblait être à l’origine de celle qu’ils avaient trouvé au temple se Saerlia.

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Seigneur Bedesk,

En l'absence prolongée de votre supérieur le Constal Faril Laheralson convoqué à Suzail ainsi que celle du Hérault royal Yurm Tiodor parti en exploration dans les profondeurs de Hullack pour une durée dont lui seul a connaissance, je me permets de vous proposer mon aide dans la résolution des conflits que vous rencontrez.

D'après certains de vos hommes lors des offices du matin, vous semblez rencontrer force peine a régler les troubles sévissant dans notre citée depuis quelques temps déjà. Votre arrestation de ce groupe d'aventuriers n'est pas passée inaperçu et d'aucun s'interroge de vos méthodes et votre efficacité...

Peut-être l'aide de Tempus vous serait-elle bénéfique dans vos démarches ainsi que pour assurer la protection de nos concitoyens et des voyageurs au sein même de nos murs...

Saerlia

Durant la lecture de la lettre par les trois compagnons, Bedesk cru utile d'ajouter quelques commentaires:

- Concernant la prêtresse et votre proposition d’aide, je ne sais pas ce que vous avez appris ni si vous pourrez grand choses... J’ai reçu cette lettre de la prêtresse Saerlia le Huit Tarsakh. J’avoue avoir été surpris car elle n’avait pas pour habitude de faire ingérence dans nos affaires sans que nous ne l’y invitions. J’ai été surpris par le ton et la forme de cette correspondance mais je ne m'en suis pas préoccupé plus que ça. J'avais déjà beaucoup à faire.

Même s'il ne semblait pas intéresser le lionar le moins du monde, Badrok était satisfait de le voir approuver la décision des aventuriers. Il annonça qu'il dépêcherait une équipe pour aller chercher le Hin et ses camarades le lendemain matin dans le but de les mener au fameux témoin. Apparemment, il s'agissait d'un forestier local. Une révélation qui satisfaisait le petit guerrier. Il était sûr qu'Elrik serait ravi d'aller confronter ce menteur par lui-même et la présence des dragons pourpres pourrait l'aider à éviter que le vadrouilleur vairon ne se défoule sur le témoin avant même que le groupe ne puisse lui poser une question. Avec un sourire franc, tout de suite pondéré par la douleur émanant de ses blessures, le halfelin tourna la tête vers Elrik et lui dit :

- En v'là une bonne nouvelle ! On se rapproche encore un peu plus de notre survie. Faudra juste qu'on aille calmement, du moins jusqu'à ce qu'il ait dit la vérité devant témoin.

Badrok observa ensuite l'officier exposer une missive qu'il lu avec attention. Avec tous les évènements ayant transpirés depuis la matinée, le Hin ne se rappelé que vaguement du contenu des missives retrouvés dans le temple. Néanmoins, à la lecture du document et aux aveux du lionar, il était clair pour le petit guerrier que la prêtresse savait que quelque chose clochait dans la cité. Des indices qui semblaient confirmer le mobile de son assassinat, ce qu'il dit aux autres membres du groupes :

- C'est sûr, maintenant, la pauvrette a découvert quelque chose de pas net, il se tourna vers Hiielle, z'avez bien fait de ramasser ce drôle de machin gluant au temple, ça doit être un indice précieux.

Une nouvelle fois, les blessures du halfelin vinrent le tirailler. La fatigue se lisait sur son visage. Il tenta donc de faire comprendre à ses camarades de route qu'un peu de repos leur ferait tous du bien :

- Si vous n'avez rien d'autre à dire, leur dit-il, le pense qu'on pourrait se retirer à la taverne, enfin si le patron veut encore de nous.

L’attitude du Lionar était de plus en plus étrange. Mais, puisque celui-ci semblait être plus doux, qu’à l’accoutumé et plus coopératif, le roublard n’y prêta plus guère attention au bout de quelques minutes. En fait, Bedesk leur parlait comme s’il était leur ami ? Qui plus est, quelques secondes plus tard, il leur dévoila, même, le nom du soit disant témoin. Entendant ces mots, et surtout ce nom, le voleur esquissa aussitôt un sourire carnassier. Cette fois-ci, Elrik allait pouvoir s’expliquer face à ce menteur.

En fait, ce sont les mots du petit guerrier qui sortirent le mercenaire de ses rêves de vengeance. Badrok voulait, apparemment, y aller calmement ? Mais, pourquoi ? Pourquoi être aimable et courtois avec un traître de menteur qui salissait son nom et sa réputation ? Le roublard souhaita alors prendre la parole mais, c’est à cet instant que Bedesk exposa, sur son bureau, un courrier adressé en son nom, de la part de la prêtresse Saerlia.

L’hafelin fut le premier à lire cette lettre et aussi le premier à parler. Et en l’occurrence, il s’adressa à Hiielle. La substance gluante était peut être, effectivement, un indice ? Mais, sans une personne capable d’examiner sa provenance et son contenu, il était difficile de savoir à quoi ce liquide épais appartenait ? C’est donc avec audace que le mercenaire osa prendre la parole : - « C’est un indice mais, à notre niveau, il ne nous apporte pas grand chose. En réalité, il nous faudrait une personne capable d’identifier d’où provient ce liquide visqueux »

Quand à la suite des mots du petit guerrier, le voleur répondit : - « Oui, la journée a été longue et épuisante. Un peu de repos nous feras, à tous du bien. Et je suis persuadé que le patron ne pourra pas refuser de nous recevoir ! Surtout si nous venons escorté de Dragons Pourpres et de la part de leur responsable ! »

Date: 13 Tarsakh 1373 - Treizième jour de la Griffe des Tempêtes
Lieu: Pierre-tonnerre - Cormyr
Temps: Averse - 10°
Moment: vers 20h00

Narration : Hiielle, Elrik, Badrok

A la mention d’un « drôle de machin gluant » par Badrok, le Lionar haussa les sourcils tout en fixant la magicienne comme si il s’attendait à plus de précisions de sa part. C’est Elrik qui fut toutefois le plus prompte à répondre mais sans pouvoir apporter de véritables éclaircissements à l’officier.

En réalité, Hiielle n’était pas en mesure d’ajouter quoique ce soit d’utile aux propos du roublard quand à l’origine de la substance blanchâtre. Elle se contenta donc d’opiner du chef…

Au bout d’un instant, le Lionar se décida donc à rompre le silence qui commençait à s’installer :

- Mes hommes sont des soldats, pas des enquêteurs, il se peut qu’ils soient passés à coté de certains détails… Vous avez manifestement trouvé quelque chose digne d’intérêt ! Ce... liquide visqueux… Si jamais cela peut vous aider, il y a une échoppe sur la place de l’Assemblée. Elle est tenue par trois gnomes, des alchimistes, ils pourront peut-être vous aider à identifier ce... truc. Sinon, vous avez toujours la possibilité de rendre visite à Loreleil au Jardin de Kelemvor. Mais je ne peux vous dire si elle sera plus ou moins compétente en la matière…

Le Lionar allait poursuivre lorsque quelqu'un frappa à la porte. Immédiatement, Segor Bedesk invita la personne à entrer dans le bureau. Le nouvel arrivant, un sous-officier, salua son supérieur avant de lui indiquer qu’une section d’éclaireurs était rentrée de patrouille...

- J’arrive Sorrensen, j’arrive ! Renvoyant l’homme d’un hochement de tête il s’adressa de nouveau aux trois compagnons. Si vous n’avez rien de plus à ajouter, je conclurai notre entretien ici. Que cela soit dit : à la vue des efforts que vous avez visiblement déployé aujourd’hui et selon les retours de Dame Lyria, je ne vous considère plus comme des suspects à part entière. Toutefois, vous restez indéniablement impliqués dans quelque chose de louche… Cela étant, je vous interdit toujours de quitter la cité jusqu’à nouvel ordre. Je vous charge officiellement de continuer votre enquête, dans le respect de la loi bien entendu. Vous demeurerez à la Tanière de L’Ours de manière à ce que l’on sache où vous trouver si besoin. Vous me tiendrez au courant de vos avancées. Des questions ? Sinon rompez !

iielle se sentait bien. Un sort réussi, la coopération du Lionar, ils n'étaient plus suspects. Même si pas encore tirés d'affaire, les choses s'annonçaient meilleurs qu'au début de la journée. Les deux autres étaient probablement aussi ravis qu'elle, même s'ils exprimaient plutôt leur compréhensible fatigue.

Il leur restait à examiner la substance récoltée, à questionner l'accusateur qui avait soit-disant identifié Elrik, et plus généralement à enquêter. Plusieurs zones d'ombre subsistaient, et ils auraient certainement encore bien des difficultés devant eux.

Ses propres blessures la tiraillaient. Elle pensa aux brûlures qu'avaient endurées Elrik lors de son escarmouche contre le mage, et aux puissants coups de hache du demi-orc, que Badrok avait soutenus malgré l'impressionnante différence de gabarris. Peut-être pouvait-elle pousser sa chance et obtenir un soutien matériel.

- C'est très aimable à vous. dit-elle au Lionar. J'irai voir ces gnomes demain. Auriez-vous par hasard quelques onguents de soin à nous procurer? J'ai peur qu'une nuit de sommeil ne soit pas suffisante pour nous remettre totalement et être au maximum pour continuer notre enquête. Se tournant vers le demi-homme, elle ajouta : Et ensuite on pourra enfin aller se reposer, on l'a bien mérité, pas vrai?

Date: 13 Tarsakh 1373 - Treizième jour de la Griffe des Tempêtes
Lieu: Pierre-tonnerre - Cormyr
Temps: Averse - 10°
Moment: vers 21h00

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Hiielle reçoit des soins légers pour 1d8+1 PV = 5 +1 => passe de 7/10 à 10/10 PV
Elrik reçoit des soins moyens pour 2d8+2 PV = 10+2 => passe de 7/21 à 19/21 PV
Badrok reçoit des soins importants pour 3d8+3 PV = 23+3 => passe de 6 à 32/37 PV

Narration : Hiielle, Elrik, Badrok

Dans une situation normale, il aurait été évident pour le Lionar d’envoyer bouler une demande comme celle que venait de formuler la jeune magicienne. Dans une situation normale, l’officier aurait jalousement gardé ses précieuses ressources pour ses propres hommes plutôt que pour des civils… Mais la situation n’était pas tout à fait normale car Bedesk était toujours sous le charme de Hiielle. Pour d’autres en revanche la situation demeurait tout à fait normale si bien que le naturel du commandant était toujours bien là !

- SORRENSEN ! beugla t-il...

Les trois aventuriers eurent presque l’impression que leurs tympans allaient exploser tant le cri de l’officier fut fort et soudain. Presque instantanément, Hiielle, Elrik et Badrok purent entendre les bruits de quelqu’un revenant au pas de cours vers le bureau. Sans surprise, le soldat congédié quelques instants auparavant fit une nouvelle fois son apparition dans le bureau.
Le visage impassible, le Dragon-Pourpre attendais les ordres du Lionar au garde à vous.

- Sorresen ! Conduisez ces trois là a l’infirmerie. Que le toubib leur donne les quelques soins puis raccompagnez-les à la Tanière de l’Ours. Prenez deux hommes avec vous et soyez vigilants, ils ont été attaqué tout à l’heure…

La suite des événements se déroula comme ordonné par le commandant en second… Les blessés furent examinés et soignés par le médecin de la garnison. Désinfections, sutures, baumes apaisants et surtout potions de soins furent de rigueur et plus que bienvenu…

Le dénommé Sorrensen et deux de ses soldats s’acquittèrent de leur tâche avec une rigueur toute martiale et ne quittèrent Hiielle, Badrok et Elrik que lorsque la porte de la Tanière de l’Ours de referma derrière eux…

Suite au chapitre 2