L'appel de la forêt [chapitre I], Mali'ïa, Wilonah, Nirannor et Dag'Epi

Dag'Epi s'était muré dans le silence, et il faudrait sans doute un temps certains avant qu'il ne reprenne confiance en lui, en ses choix, en sa destinée.
Nirannor continuait et c'était apparemment ce qui devait être. Il balayait d'un revers de main, la question du nombre, croyant plus en la multiplication qu'en l'addition.

Un sourire à l'annonce de Nirannor

- Alors nous serons deux... Un grain de sable peut parfois suffire à entraver le plus savant des rouages.

Un sourire gai, puis une grimace tragique

- Ou bien il se fait broyer, mais si tel est son destin, nous n'y pouvons rien.

Elle regarda le loup et s'accroupit, tendant la main. Ses oreilles se dressèrent et ses babines se retroussèrent. Il n'était toujours pas prêt au contact. Mais ici, les grands espaces le laissaient libre d'éviter Wilonah. Il se déroba et partit au petit trop, s'engageant dans les bois non sans un regard en arrière pour vérifier que Dag'Epi le suivait bien.
Avec un énorme soupir, elle se releva, et regardant Ekkati, s'inclina profondément

- Vous nous avez mandés, nous sommes venus, et nous ferons ce qui doit être fait

Le deuxième jour de la Griffe des Tempêtes – année des Dragons renégats
2 Tarkash 1373
Lieux : Hautelune.
Horaire : début de nuit


Température la plus basse : -1 °C
Température la plus haute : 10 °C
Température effective : 10 °C
Précipitation : nulle.
Vent : nul – 0Km/h
Phase de Séluné : pleine lune
Nombre de d'heure de Jour : 13 heures 00.
Aurore : 5 h 30.
Narration : Wilonah, Nirannor et Dag'Epi.

a fraternité chez les Gardiens Sylvestres n’était pas une notion fictive et preuve s’il en fallait fut la réaction de Nirannor face à la défection du Novice. Le Chondathien n’était pas homme à envoyer ses frères à l’abattoir. Dag’Epi avait déjà fait preuve à plusieurs reprises de son courage et de son dévouement à la cause, même s’il ne l’avait fait qu’en dehors de missions officielles. C’était une bonne âme et un valeureux combattant. Le hin avait encore besoin de s’aguerrir avant de s’engager dans ce genre d’expédition aux frontières d’un Mal si grand qu’il avait déjà fait fuir au moins deux autres personnes avant le barbare druide.

Le Rôdeur de Solonor regarda son compagnon quitter les lieux. Il était visible qu’il le faisait à contre cœur et que cela lui pesait. Aussi, le forestier ne pu se résoudre à perdre un Novice. Avant qu’il ne se soit par trop éloigné, il lui lança à la dérobade.

- Dag’Epi, essaie de rejoindre la Cité Blanche. Dis-leur ce que nous allons faire, c’est important. On se retrouvera là-bas. Fidèle et fraternel ! Que l’Hexade sacrée veille sur toi, Novice.

Sans un mot, mais avec un timide sourire sur les lèvres, le halfelin opina du chef, flatta la tête de Fourrure et ne tarda pas à disparaître dans la nuit. Qui pouvait savoir s’il parviendrait à s’affranchir des dangers du Cormanthor pour rejoindre Mythdaë ? Mais le rôdeur avait bon espoir.

Revenant à ceux qui étaient restés, Nirannor ne put s’empêcher de regarder avec un œil nouveau cette barde qu’il venait tout juste de rencontrer. Les dieux l’avait-il mit sur son chemin ? Et si tel était le cas, qu’elle devait être la destinée de cette elfe ? Une chose était certaine, elle avait un grand cœur et un sens aigu de l’amitié pour avoir été aussi prévenante vis-à-vis de Dag’Epi. En outre, elle parlait déjà comme si elle appartenait de plein droit à la Confrérie des Gardiens Sylvestres. S’il était vrai que le Coven de Hautelune avait fait mandé les Gardiens, il ne lui avait rien demandé à elle. Il y avait à peine moins d’une chandelle, Nirannor ignorait tout de son existence, il était plus que probable qu’il en fut de même pour le cercle druidique. Pour autant, elle s’incluait entièrement dans cette aventure. C’était plutôt de bon augure, car il faudrait être pleinement et entièrement à la mission qui venait de leur être dévolue. Le Gardien Sylvestre allait au devant de l’enfer, et elle serait sa seule compagne hors mis Anikeï.

Et c’était vrai que Wilonah était jeune et inexpérimenté. Elle le savait, mais elle ne s’était pas retrouvée ici par hasard. Enfin pas complètement, Sehanine Archelune, la Dame des Rêves lui avait dévoilé une vision de sa destinée. Et la barde s’était mise à y croire. La croyance était visiblement entrain de faire place à une forte conviction puisqu’elle s’engageait ferment à suivre le rôdeur pour une cause noble certes, mais qui ne relevait pas d’un engagement vis-à-vis de la guilde des protecteurs de la natures. Le savoir bardique imposait qu’on le découvre là où il se trouvait. Car au-delà de cette volonté affichée de vouloir se saisir de récit héroïque, c’était bien une soif de savoir qui poussait le jeune Teu’Tel’Quess en avant. Oubliait-elle que le savoir ne lui servirait que si elle restait en vie ?


Après un court moment de silence qui avait souligné le départ de Dag’Epi, Ekkaty reprit la parole. Elle était restée sereine face à la défection du druide-barabre. Cela aurait même pu paraître étrange, vu la petitesse de membre qu’elle devait envoyer en mission. Un de moins, ce n’était pas anodin. Et pour la Confrérie, avoir l’un de ses Gardiens abandonnant une mission n’était pas ce que l’on pouvait appeler un gage de solidité sur lequel on pouvait s’engager lorsque l’on souhaitait fonder une alliance durable. Probablement que la Confrérie venait de perdre un peu de sa crédibilité. Par chance, ce n’était pas le courage qui manquait à ceux qui lui faisaient actuellement face.

Ekkaty

- Oui, l’effet papillon peut effectivement être à l’œuvre de grand bouleversement, dans un sens comme dans l’autre d’ailleurs. Puissiez-vous être le grain de sable alors. -------------------- Cette jeune femme est la l’archidruide du coven de Hautelune. Malgré sont apparente jeunesse, elle est l’une des plus puissants druides de la région. Une vie des plus mouvementée au sein du Cormanthor lui a donné une expérience remarquable en un temps record. Il ne faut donc pas s’étonner de l’extrême sagesse qui habite ce corps à l’apparente jeunesse.

L’allusion n’était guère voilée, et il ne fallait pas être devin pour savoir que l’entrée dans le jeu des deux représentants de la Confrérie, même s’il n’y en avait qu’un seul en réalité, pouvait faire pencher la balance. Tout comme l’abandon de Dag’Epi pouvait également faire tourner la roue. Tout était question de point de vue, et à cette heure nul ne saurait dire ce qui pouvait advenir.

L’Archidruide se releva en prenant appui sur son bâton, son mouvement accompagné du bruissement de sa tunique végétale cachant à peine ses formes.

Ekkaty

- Seul, vous ne le serez pas. Il y a trop de forces occultes en jeu pour que vous vous passiez de personnes expertes dans les domaines mystiques. Lorsqu’il a eu connaissance de nos projets, le Seigneur Ulath a fait appel à ses mages pour vous prêter main forte. Vous allez pouvoir les trouver à l’auberge du Berceau de Lune. Tenez, prenez cette fougère et posée là bien en vue sur votre table à l’auberge. Je suppose que vous retrouverez seul le chemin du retour, Nirannor ? Si vous n’avez pas d’autres questions, je vous engage à allez vous reposer. Les prochains jours risques d’être assez éprouvant. Que l’Hexade Sacrée vous garde, Gardiens Sylvestres et puisse-t-elle veiller au succès de cette mission. -------------------- Cette jeune femme est la l’archidruide du coven de Hautelune. Malgré sont apparente jeunesse, elle est l’une des plus puissants druides de la région. Une vie des plus mouvementée au sein du Cormanthor lui a donné une expérience remarquable en un temps record. Il ne faut donc pas s’étonner de l’extrême sagesse qui habite ce corps à l’apparente jeunesse.

Ekkaty adressa un franc sourire au rôdeur et à la barde envoyés par la Confrérie. Une partie du sort réservé à tout un secteur de Valprond allait dépendre d’eux… et de leurs alliés mystères.

Effectivement, retrouver le chemin du retour ne guère difficile pour le rôdeur. Lorsqu'ils entrèrent dans l'auberge, l'ambiance avait changée. Un musicien, plutôt doué, même aux oreilles aiguisée de Wilonah donnait son récital. Alyndra vint les accueillir avec un sourire au lèvre. C'était assez étonnant, sachant ce qu'il s'était passé plus tôt dans l'après-midi. La serveuse les conduisit à une table qui avait été visiblement réservée. Conformément aux instructions d'Ekkaty, le Rôdeur de Solonor déposa sa fougère sur la table. Une nouvelle attente allait donc commencer, mais cette fois Dag'Epi l'impatient ne serait pas de la partie.



Narration : Agath's Gromalogh, Alrion.

e long voyage à bord du Velnostra, un fameux trois mats fin, comme un oiseau pourfendant l’écumes des flots avait finalement permis aux deux représentants de la mystérieuse guilde de la Main de gagner la petite cité de Hautelune. Cela faisait environ quatre décades qu’ils avaient quitté la cote et la cité d’Arrabar remonté le Bief de Vilhon, affronté une attaque en règle au large de l’île du Dragon, essuyé une grosse tempête avant d’arriver à Selgonte où ils avaient changé de navire pour remonter le fleuve Arkhen jusqu’à Gué Blanc et finalement arriver à Hautelune en accompagnant une caravane de marchand d’épices. Cela faisait près de deux jours qu’Agath’s et Alrion patientaient pour rencontrer celui qui se faisait appeler L’intendant des étoiles. Cette entrevue avait donc commencé en milieu d’après-midi. L’Explorateur du Surnaturel Agath’s accompagné d’Alrion avait donc été conduit jusqu’à la Tour du lever de lune.

Ils avaient gravi la petite colline au centre de la cité sur laquelle trônait une forteresse aux murs noirs, passé les lourdes portes et s’étaient annoncés à la garde. De là, on les avaient conduit au travers d’un dédale de couloir où les deux membres de la Main des Mystères avaient pu admirer l’architecture flamboyante rehaussée de plantes suspendues diffusant des odeurs douces. Visiblement la forteresse du Seigneur Theremen Ulath n’était pas vraiment conçue pour résister à un assaut d’envergure. En même temps, elle n’avait jamais eu à le faire. Ils finirent par pénétrer à l’intérieur de l’aile est de la forteresse et plus précisément dans une petite tour sur plusieurs étages. Le hall circulaire d’environ deux pas de dragons de circonférence. La salle était pavé d’un carrelage de marbre clair veiné de noir qui rendait une certaine luminosité, malgré le peu de lumière qui passait par les hautes et étroites fenêtres. Au centre de la pièce un homme vêtu d’une robe sombre ourlée d’un rouge grenat. Visiblement d’un âge avancé, il portait une longue barbe grise qui lui descendait jusqu’au nombril. Un regard pénétrant et des traits de visage gravé donnaient à son visage un air sévère. Pour couronner le tout, un bonnet da la même couleur que sa robe dont la base était barrée du même rouge grenat bordé de dorure. A la vue des deux émissaires de la Main, son visage s’éclaira quelque peu.

Kondra Lymael

- La bonne rencontre confrères ! Je me nomme Kondra Lymael et je vous souhaite la bienvenue à Hautelune. Comme vous le savez sans doute, Hautelune n’est pas réellement réputée pour ses possessions ou ses connaissances mystiques. Surtout depuis le décès Rhauntides et la disparition de sa compagne Shaunil Thram. Aussi, c’est la raison pour laquelle, j’ai fais appel aux services de la Main des Mystères. -------------------- Kondra Lymael est homme d’un âge avancé. Il fait office de mage de la cour auprès du Seigneur Theremen Ulath de Hautelune. C’est un mage de peu d’envergure, mais qui a le mérite de rester fidèle à Hautelune. Il occupe l’aile est de la Tour du lever de lune.

De discourt en discutions, de questions en réponse, Agath’s et la Sentinelle de la Toile apprirent que Kondra avait eu vent de l’existence de la Main par un ancien membre de l’Assemblée avant sa chute à Everlund. Ils apprirent également que si tout se passait bien, il serait possible que Hautelune soit amené à faire à nouveau appel aux compétences de la Main des Mystères. Bien évidemment, il n’échappa pas à Agath’s qu’un partenariat avec une cité aussi proche du Cormanthor pouvait amener à la découverte de certains secrets enfouis depuis la retraite des elfes de l’antique Cour Elfique. Et qui pouvait savoir ce que la forêt gardait encore en son sein comme artefact ou connaissances magiques. Il y avait donc un certain intérêt à s’impliquer dans cette tâche mystérieuse que Kondra allait leur donner. Et ce fut finalement après plusieurs chandelles que le mage de la cour de Hautelune entra dans le vif du sujet.

Kondra Lymael

- Il a été porté à notre connaissance que la population tant civilisée, autant qu’elle peut l’être dans ses coins reculés, qu’animal subissent des troubles. Le secteur concerné se situe dans les environs d’un lieu bien particulier que l’on appelle la Sombre Faille. Il s’agit comme son nom l’indique d’une faille qui s’étend sur des lieues de longueur et dont la profondeur n’est pas connue. Je ne m’y suis jamais rendu personnellement mais l’on dit que cette faille est la source du Mal, les arbres y sont comme calcinés et difformes. La zone de ténèbres surnaturels entre ces deux flancs descend dans les tréfonds de la terre, mais nul n’a jamais osé s’y aventurer. Il faut dire que les légendes et les mythes qui entour cette mystérieuse zone ont de quoi faire froid dans le dos. Certains écrits qui datent de l’époque de la Cour Elfique racontent qu’une divinité de la pourriture et de la corruption y a été enfermée, il serait même plausible d’imaginer qu’il s’agisse du dieu Moandre lui-même et qu’il serait même possible qu’il s’y trouve toujours. D’autres raconte que quiconque s’approche de trop de cette faille se vois passer sous l’influence du Mal et que son esprit se soumet à la corruption. Les animaux de cette région seraient sous cette influence et attaquent à vu, même les créatures magiques ne sauraient résister à cette influence maléfique. Ont dit que les Drows eux-mêmes évitent ce secteur comme la peste. -------------------- Kondra Lymael est homme d’un âge avancé. Il fait office de mage de la cour auprès du Seigneur Theremen Ulath de Hautelune. C’est un mage de peu d’envergure, mais qui a le mérite de rester fidèle à Hautelune. Il occupe l’aile est de la Tour du lever de lune.

Le décor planté, il restait encore à savoir ce que les membres de la Main des Mystères pouvaient bien faire face à une telle abomination ? Et le silence que s’imposa Kondra Lymael laissa le temps de s’imaginer le pire. Alrion et Agath’s voyaient déjà le mage de Hautelune leur demander d’y mettre un terme. Autant dire, d’aller y perdre leur âme, si ce n’était leur vie.

Kondra Lymael

- Bien entendu, il ne s’agit pas de vous envoyer là-bas. Ca serait bien de trop dangereux. Mais il se trouve que cette zone d’influence restait stable et se limitait aux abords immédiats de la Sombre Faille. Une zone qui n’était nullement habitée et qui n’abritait rien d’autre que le Mal. Mais voilà, nous avons reçu des rapports alarmant qui tendraient à dire que cette zone d’influence prenait de l’ampleur. Il semblerait que des hameaux qui étaient jusque lors épargnés se sont vu vidé de leurs habitants, que d’autres se font attaquer sans raison par des animaux devenus fou. C’est là que vous intervenez. Tout d’abord, nous voudrions savoir si ces rumeurs sont réelles et si possible, qu’est-ce qui pourrait les expliquer. Bien entendu, si vous pouvez y mettre un terme, cela serait bienvenu. Je suppose que vous connaissez, au moins de réputation, les multiples dangers qui guettent ceux qui s’aventurent dans le Cormanthor. Sans y être aussi dangereux que les profondeurs de l’antique forêt, ce coin là de Valprofond impose que nous vous apportions une aide. C’est pourquoi les druides du Coven de Hautelune ont recruté des personnes dignes de confiance qui pourront vous assister dans cette entreprise périlleuse. Ils sont hébergés au Berceau de Lune, tout comme vous. Le Sergent de la Garde vous accompagnera pour votre retour et il vous présentera à eux. En contre partie, vous pourrez conserver ce que vous serez amenés à découvrir, et en cas de réussite, je pense qu’un entretien entre les dirigeants de la Main des Mystères et le Seigneur Theremen Ulath pourrait être le point de départ d’un partenariat profitable pour les deux parties. -------------------- Kondra Lymael est homme d’un âge avancé. Il fait office de mage de la cour auprès du Seigneur Theremen Ulath de Hautelune. C’est un mage de peu d’envergure, mais qui a le mérite de rester fidèle à Hautelune. Il occupe l’aile est de la Tour du lever de lune.

Bien évidemment, il s’en suivit de nouvelles questions, de nouvelles réponses, de nouvelles discutions et de nouveaux discours, tant et si bien que lorsque les deux émissaires de la Main sortirent de la Tour du lever de lune, il faisait nuit noire.
A la porte de la Tour, ils furent pris en charge par le Sergent qui s’avéra être une jeune femme batie comme colosse. Presqu’aussi grande qu’Alrion, les cheveux court et blond, un visage taillé à la serpe et des épaules de bûcheron, sa lourde épée à deux mains battant dans dos, la donzelle ne prêtait pas à sourire et elle n’en avait d’ailleurs visiblement pas envie. Probablement que la mission de garde chiourme dont elle avait hérité ne lui plaisait guère. De fait, le chemin qui allait les ramener vers leur auberge se fit dans un silence presque religieux.

La lune pleine berçait de sa douce lueur la cité en contrebas de la colline. Les toits d’ardoises semblaient briller timidement d’un reflet argenté qui aurait été posé là par quelques fées désireuses de mettre un peu de beauté dans ce paysage de bleu et de noir. La quiétude nocturne n’était brisée que par quelques éclats de voix venant de chaumière ou d’autres établissements encore ouvert à cette heure tardive. C’était le cas de l’auberge du Berceau de Lune par les fenêtres duquel perçaient des halos de lumières jaunâtre qui baignait la ruelle de tâches colorées donnant la sensation d’autant d’îlots de vie dans les ténèbres.

A l’intérieur, il y avait une belle activité. Plusieurs paysans se mêlaient aux ouvriers chargés de la construction des remparts qui allaient fortifier la cité. Et à voir la trogne de certains, il n’était pas certain que chacune des pierres de ces fortifications soient excellemment bien scellée, ni que le mur ne soit d’une rectitude heaumiène. De même que certains champs ne verrait pas de très bonne heure le paysan chargé de son entretien. Mais il y régnait visiblement une belle ambiance de taverne, où se mêlait joie et bon humeur. Sur la petite estrade faisant face au comptoir, un artiste donnait un récital qui avait sa part d’assistance et aussi sa part de joueurs et d’ivrognes qui n’en avaient cure. Le Sergent de la Garde se dirigea après une petite hésitation vers la table ou se trouvait un jeune homme à la tenue résolument forestière qui avait beau et jeune husky à ses pieds et une très belle elfe aux cheveux longs châtain et au décolleté pigeonnant dont toute l’attention était tournée vers l’artiste qui se produisait sur scène. Elle se saisit d'une fougère qui était posée sur la table et se contenta d'une rapide présentation en quelques mots : voici ceux que vous devez rencontrer. Puis, sans plus de cérémonie, elle prit congé en s'inclinant légèrement.



Narration : Rugrin.

e barde avait quitté les contre mauvaise fortune bon cœur. Rugrin avait cru un moment avoir trouvé de l’aide pour l’extirper des songes qui le hantaient régulièrement depuis de nombreuses lunes maintenant. Mais il a avait finalement perdu ses espoirs chimériques et s’était finalement résolu à reprendre la route à la recherche de quelques réponses qui le rapprocherait d’une certaine guérison de l’âme. Battant les chemins au hasard de sa destiné, le demi-elfe se laissait guider par l’Archiviste de ce qui est connu. Et ses pas l’avaient guidé jusqu’à cette petite cité, en apparence si paisible, qui portait le nom de Hautelune. Elle ne manquait pas de charme pour un barde en soif de connaissance. Car ici, on se trouvait aux avant-postes de la grande forêt de Cormanthor. Et ce n’était pas les histoires qui manquaient. Les humains avaient des contes, des légendes et des mythes a raconter. Mais les Tel’Quessir parlaient d’histoire. Et maintenant qu’il s’était fait sa petite place, il n’avait pas manqué de se rendre compte que certaines se croisaient, s’entrecroisaient pour s’emmêler. Tant et si bien, qu’il devenait difficile de savoir où commençait l’un et où se terminait l’autre. De dragon, il était quelques fois questions, mais ce n’était visiblement pas ici qu’il en apprendrait beaucoup plus sur les wyrms. Mais il y avait tellement d’autres récits qui baignaient les esprits des habitants de cette cité qui aurait très bien pu être la petite sœur de Lunargent.

Comme chaque soir, Rugrin se produisait dans l’une des tavernes de Hautelune. Et ce soir là, il était particulièrement heureux. Il fallait bien avouer que la blonde serveuse répondant au doux nom d’Alyndra ne le laissait pas indifférent. C’était donc un plaisir pour le barde de régaler l’assistance et celle qui faisait naitre en lui un sentiment quelque peu ignoré depuis trop longtemps qui lui prenait le bas du ventre et lui faisait battre le cœur. Les notes qui sortaient de son Luth de très belle facture étaient d’une voluptueuse douceur mêlant la légèreté d’une brise et la vivacité d’un ruisseau de montagne s’écoulant sur les pierres rondes de son lit. En générale, cette musique avait un écho particulier sur la gente féminine, bien quelle laissait souvent froid les mâles de la taverne bien plus occupé à jouer au cartes, aux fléchettes ou à vider des pintes de bière jusqu’au bout de la nuit.

Rugrin venait commencer son récital, lorsque son regard fut attiré par une demi-elfe à la longue chevelure couleur de la châtaigne qui faisait admirablement bien ressortir ses beaux yeux d’un vert émaillé de lumière. Ce qu’il remarqua tout de suite, fut une moue un peu boudeuse lorsqu’elle tourna vers lui son regard émeraude pour la première fois. Puis elle se dirigea vers une table restée étrangement libre pour y prendre place avec un homme coureur des bois à la barbe bien taillée et accompagné d’un chien qu’il n’avait encore jamais vu, mais à la beauté remarquable. L’homme posa une fougère sur la table et la belle Alystrae ne tarda pas à les rejoindre pour prendre une commande.

Avoir ces deux magnifiques spécimen féminin à la beauté certaine l’une ne face de l’autre fit naître un petit sourire sur les lèvres du joueurs de luth. Un sourire que ne manqua pas la demi-elfe qui le lui rendit bien. Elle semblait comme fasciné par sa musique. Non pas la fascination qu’il pouvait faire naître sur le plus néophyte des mélomanes, mais de celle d’une experte… une artiste ?

Peu de temps après, Rugrin vit l’arrivée d’une femme qui ne passait jamais inaperçue. Il s’agissait de Brienne de Torth, la Sergent de la Garde que l’on surnommait également la Pucelle de fer. Mais cela se faisait généralement loin de ses oreilles, sans doute par peur de devoir manger de bouillie de gruau pendant plusieurs semaines si elle venait à l’entendre. Tout comme lui, elle venait d’une noble famille du Cormyr et s’était établie ici, il y avait déjà longtemps. Elle était accompagnée par un elfe de la lune, vêtu d’une longue robe noire aux reflets métallique gris noirs, une épée longue battait son flanc. Un visage fin caractéristique des Tel’Quess, une longue chevelure noire aux reflets bleutés, il paraissait quelque peu soucieux. Un mage ? Voilà qui n’était pas si courant à Hautelune qui n’avait que peu d’atout pour les attirer. Il était accompagné par un homme en cuirasse, portant deux lames bâtardes, il s’offrait même le luxe de pouvoir renvoyer Brienne à son statuts de femme, et ce n’était pas un mince exploit. Peu d’homme à Hautelune pouvaient s’en enorgueillir. Le visage crispé de ceux qui sont toujours en alerte, des cheveux courts couleur de blé qui n’avaient pas dû voir de peigne depuis un moment. Lhomme n’était pas de ceux que l’on s’aventurait à défier à la légère.

Brienne se saisissant de la fougère regarda tour à tour les deux couples et fit visiblement les présentations des quatre personnes présentes. Puis elle s’inclina légèrement et prit congé. Pour le barde sur l’estrade, il était clair que ceux là ne se connaissaient pas, puisqu’ils avaient eu besoin d’être introduit par le Sergent. Ils ne semblaient pas non plus issu du cru et Rugrin en était certain, il ne les avait encore jamais vu en ville.

Il n’en fallait pas plus pour piquer au vif la curiosité d’un barde qui ne demandait rien de mieux.

Agath's connaissait bien son nouvel compagnon de route, un des meilleurs combattants de La Main des Mystères, ce serait un atout de voyager avec lui s'était dit le magicien. En effet durant le long voyage jusqu'à Hautelune le magicien avait put confirmer son avis lors des divers affrontements qu'ils avaient essuyé dans leur parcours.

Le voyage avait été long et pénible, les périples en bateau n'étaient pas trop au goût du magicien, qui préférait la compagnie des bouquins aux rustres marins dont il devait partager le quotidien.

Agath's profita donc de tout ce temps pour revoir l'ensemble de ses sorts et pratiquer l'art des arcanes dans la cale du bateau. Il fallait avouer que ces derniers temps il était devenu bien adroit et que ses pouvoirs avaient considérablement augmenté, loin étaient les jours ou il sollicitait son ancien maître pour qu'il lui apprenne les bases de la toile.

Les jours passèrent et enfin ils arrivèrent au port de Hautelune sans attendre ils se dirigèrent vers la forteresse de leur commanditaire le mage de la cour, Kondra Lymael.
Après une breve description du pourquoi de leur présence Agath's se fit une idée du genre de mission qu'on leur demandait d'accomplir.
D'après ce qu'il avait lu au sujet de la Grande faille, il ne s'agissait point d'un lieu reputé par la beauté de ses paysages, mais plutôt par son inhospitalité.

Après quelques questions sur les attaques d'animaux et sur le mal qui semblait terrifier les habitants des villages avoisinants, le mage et le guerrier prirent congé de leur hôte et allèrent à la rencontre des autres mercenaires qui avaient été recrutés pour leur prêter main forte.
Guidés par le sergent de la garde locale, une femme à la corpulence bien masculine, Agath's et Alrion ne tardèrent pas à se rendre à l'auberge ou devaient les attendre le reste du groupe formé pour l'occasion.

Agath's n'était pas friand de ce genre d'ambiance, le bas peuple aimait souvent s’engouffrer dans ce genre de gargote pour oublier leurs peines, mais le magicien avait trop à faire de son temps libre pour le perdre à siroter des cervoises. Quoi qu'il en soit il n'était pas là pour s'amuser et il ne comptait pas rester plus de temps que nécessaire, l'aventure l’appelait et il avait hâte de quitter la ville.

Assis autour d'une table il aperçut de suite deux personnes qui semblaient être ses futurs compagnons d'infortune. Il ne se trompât pas car le sergent les leur présentât comme membres du groupe qu'ils allaient former.
Agath's les observa en silence pendant quelques secondes et tenta de deviner par pur plaisir quelles pouvaient être leurs compétences. Une belle femme de sa propre race et un Humain des bois accompagné d'un chien-loup...
La femme était exceptionnellement belle et son charme ne laissât pas indifférent le magicien, elle était jeune comme lui, du moins ce qu'on pouvait entendre par une jeune pour un elfe elle devait aimer la musique vu comment elle observait le barde de la taverne.
Agath's connaissait l'amour que portaient les siens pour les talents musicaux, lui il n'avait jamais été attire par la musique même s'il convenait à dire qu'il s’agissait d'un art d'une certaine beauté.
L'humain quand à lui semblait solide pour son âge, il avait des vêtements usés et d'après ses bottes il devait être une sorte de rôdeur ou homme des bois, l'animal qui l'accompagnait renforçait cette opinion.

Ces quelques réflexions faîtes le magicien se presenta, afin de ne pas paraître impoli.


- Bonjour gente dame, fît le magicien en se penchant légèrement en avant avec un sourire bienveillant à l'égard de sa compatriote. puis il se tourna vers l'homme et lui adressa un autre salut un peu moins solennel mais toujours aussi courtois.

-Je m'appelle Agath's, je suis un devin pratiquant les arts mystiques. Mon ami ici présent se prénomme Alrion. Peut-on partager la table avec vous?

Voyant son compagnon Dag’Epi partir, le rôdeur restait malgré la présence de l’elfe de la lune, le dernier représentant des Gardiens Sylvestres pour cette délicate mission. Sur ses épaules reposait maintenant tout le poids de son succès, synonyme de bien des projets diplomatiques entre la cité blanche, les elfes de Brisétoile et les Lames de Valprofond. Restait qu’à deux, enfin trois en comptant Anikeï, le compagnon à quatre pattes du Chondathien, ils ne pouvaient anéantir les forces du Mal présentes mais, comme le soulignait fort justement la druidesse Ekkaty, pouvait ralentir sa progression ou du moins la contrarier.

Avant de se mettre en route, l’archidruide offrit aux deux aventuriers une surprise de taille. Pourquoi avait-elle attendu si longtemps pour leur annoncer ? Nirannor préféra de pas lui poser la question, par politesse et par méconnaissance de tous les tenants et aboutissants. Néanmoins, il la remercia de cette bonne nouvelle.

- Des mages, et bien voilà des renforts qui tombent à pic. Pour le chemin, ne vous inquiétez pas, j’ai une excellente mémoire et Anikeï un odorat à toute épreuve.

Le rôdeur prit la fougère qu’elle lui tendait et l’enferma dans son sac. Après de brèves salutations et accompagné de Wilonah, ils empruntèrent le chemin de la taverne du Berceau de la Lune précédé par le husky content de retrouver mère Nature. Le Gardien Sylvestre ne marcha pas trop vite, ne voulant distancer sa partenaire et discuta un peu avec elle.

- Je ne sais pas ce qui nous attend mais nous allons sûrement vivre ensemble plusieurs jours. Si je puis me permettre, je propose que nous nous tutoyions. Concernant Anikeï, il est doux et affectueux mais ne le surprends pas, il pourrait avoir une réaction violente. Quant à moi, il m’arrive d’observer de longs moments de silence, ce n’est pas par bouderie ou par vexation mais tout simplement un besoin.

Le village de Hautelune ne tarda pas à apparaître et Nirannor entraîna son binôme vers le lieu de rendez-vous. Après s’être installés à une table de la taverne, ils n’attendirent pas longtemps pour voir entrer un duo guidé par une garde. L’un d’eux semblait être de la même race que la poétesse, un Teu'Tel'Quess d’une taille moyenne aux yeux couleur sable, vêtu d’une robe elfique, portant une épée à sa ceinture. L’autre, un colosse humain qui, à la vue de son armure métallique et de son allure générale, ne pressentait pas être un manipulateur des arcanes mais plutôt un guerrier aguerri. Après quelques mots succincts de leur guide, le plus petit se présenta. Le rôdeur lui répondit aussitôt.

- Bien le bonjour, messieurs. Asseyez-vous, nous vous attendions.

D’un geste Nirannor montra deux chaises, puis continua.

- Je me nomme Nirannor et voici Wilonah. Quant au chien, c’est Anikeï, mon compagnon à quatre pattes.

Dame Lune s'attardait dans le ciel, comme pour les accompagner. Elle avait pour Wilonah, la brillance d'un astre diurne et éclairait son chemin comme en plein jour. C'est d'un pas léger qu'elle repris le chemin de l'auberge, même si son cœur s'était assombri

- Oui, bien sûr, ce sera un premier pas vers l'association que nous aurons à former contre nos adversaires

En entendant son nom, le chien loup avait dressé les oreilles et légèrement tourné la tête

- Je prendrai garde à le traiter avec égards, ne t'en fais pas. Et quant à ton silence, je saurai parler et chanter pour deux quand le besoin s'en fera sentir

Elle rit doucement et le regarda en coin

- Je te rassure, je sais aussi me taire.

Le retour à l'auberge se fit rapidement, elle n'avait pas les talents de Nirannor pour se déplacer dans la nature, mais elle y voyait comme en plein jour, ce qui lui donnait un petit avantage.
Elle dérangeait souris et lapinous, faisait s'arrêter des renards en chasse, s'envoler une chouette et souriait. Elle aimait la forêt

- Tu le reverras...

Le reste du chemin se fit dans le silence relatif, le son de la musique lui parvenant bien avant qu'ils ne soient à la porte. Elle entra à sa suite dans l'auberge ou un barde ma foi pas mauvais du tout, distrayait l'assemblée.

Jetant autour d'elle des regards semblant innocents, elle étudia brièvement les présents, et pris soin de s'asseoir dos au mur pour les voir tous. Adossée au mur, elle posa ses talons sur le bord du siège, entourant ses genoux de ses bras. De sa main, elle tenta de toucher le pelage d'Anikei, pour établir un contact, le cherchant, cherchant à attirer son attention, mais le regard trainant vers la porte d'entrée

Elle ne changea pas vraiment de position pour recevoir les deux aventuriers. Sa tête se redressa, elle leur sourit mais ne bougea guère plus

- Bonjour, bienvenue à vous deux

La route avait été longue depuis le marais de Chélimbre pour le colosse. Retourner à la civilisation n'avait pas été une chose aisée, surtout avec la prophétie qu'ils avaient sur le dos. Heureusement, celui qui ne s'en était pas tiré avait été leur prisonnier.
Le reste du voyage s'était bien passé. Ils avaient fait ce qu'ils avaient à faire, et fini par ramener Xamara à la Main. Elle pourrait ainsi apprendre à contrôler ses pouvoirs, qui rappelait un peu à Alrion ce qu'il avait connu, plus jeune.
Il traînait encore au quartier général lorsqu'un nouvel ordre de mission était arrivé, et il avait pris le trois-mats avec un magicien de la guilde, qui faisait honneur si l'on pouvait dire à la réputation des elfes, pour un voyage mouvementé. En un sens, le colosse préférait cela à un voyage monotone, du moins lorsque cela se passait bien comme ici. C'était aussi pourquoi il avait moins apprécié les deux jours d'attente, passé comme à son habitude dans ce genre de situation à travailler son corps, vu qu'il n'avait personne à proximité pour travailler sa magie. Les entraînements lui permettaient de passer le temps, de conserver la forme, sa force et ses réflexes de combattants, ainsi que de vérifier l'état de son matériel. Il était d'ailleurs dehors, à vérifier que ses lames étaient toutes bien aiguisées, lorsqu'on vint les chercher pour l'entre-vue.
La petite promenade dans la ville les amena enfin à leur destination pour une longue discussion avec ce vieil homme, montrant au passage à des étrangers les faiblesses de leurs défenses, peut-être pas le choix le plus avisé qui soit. Le colosse laissa le magicien gérer la conversation, ne posant qu'une rare question de temps à autre, car s'il était à l'aise en général, il fallait dire que les détails techniques lui passaient un peu au dessus de la tête. Il bénéficia ainsi d'une leçon de géographie rapide de la région ainsi que les détails de la mission qui les attendait, pendant lesquels le guerrier retint un soupir de soulagement, il ne se sentait pas à la hauteur de la tâche qu'il avait un instant cru être la demande.
Il fut plus à l'aise dès la sortie, saluant le Sergent d'un "Bonjour" charmeur pour se heurter à son calme glacial, effectuant le reste du trajet dans le silence. Mieux valait éviter de parler de leur mission en public, du moins n'importe où, cela aurait pu causer la panique, ou attirer des ennemis. L'homme aurait bien aimé en savoir plus sur leurs compagnons de route à l'avance, mais il verrait qui ils étaient à leur contact, faute de mieux.

L'auberge était plus vivante au moins, et ils purent faire la connaissance du reste de leurs alliés pour la mission, après avoir remercié la Sergent qui repartait. Il les salua de la plus polie des manières, baisant la main de la très jolie elfe avec laquelle ils se trouvaient, et regrettant un peu de ne pas avoir pris le temps de se recoiffer :

- Bonjour Madame, Monsieur, fit-il en écho aux salutations d'Agath's qui l'avait déjà présenté, concluant par un aboiement envers l'animal présent, un beau spécimen de la race canine. Il s'installa à la table, défaisant son volumineux matériel, à commencer par la paire d'épées, et commanda à manger, et à boire, pour deux, même s'il ne s'agissait que de sa part. En attendant d'être servi, il observa rapidement les deux personnes, l'homme semblant être le druide du Coven, avec son animal, les capacités de la dame étant moins évidente, puis le colosse engagea lui aussi la conversation :

- Merci de votre accueil. Je m'appelle Alrion, comme vous l'a dit mon collègue. Un protecteur, à votre service semble-t-il, jusqu'à la résolution des problèmes qui nous occupent.

Elle lut dans les yeux des deux males arrivant à leurs cotés, l'admiration qu'elle lisait souvent dans les regards masculins. Elle y était accoutumée, mais y restait sensible, sans pour autant s'en gargariser.

Le barde était fort bon, et elle eut aimé continuer d'en profiter, mais l'arrivé des deux compagnons la détourna de la scène.
L'humain était gigantesque, sans doute prés de deux mètres, et il tenta d'amadouer Anikei en imitant son aboiement. Elle regarda le chien, histoire de voir si l'humain avait un bon accent.

Elle se rendit aussitôt compte que ce n'était guère poli pour les arrivants, aussi se leva-t-elle pour les accueillir, se sentant pour le coup, bien en dessous de la taille requise


- Messires, je suis enchantée de vous accueillir

Le jeune humain avait commandé pour toute la tablée aurait-on dit, mais il n'avait en rien demandé leur avis aux autres, ce qui laissait présager qu'il mangerait le tout, ce qui la laissant une seconde sans voix.

- Et bien Alrion, si votre vaillance est à l'égal de votre appétit, nous avons gagné la guerre .

Elle lui fit le plus beau des sourire pour adoucir ce qui aurait pu être râpeux dans sa remarque.
Elle se tourna vers l'elfe

- Votre compagnon doit être un redoutable compagnon de table et une ruine pour sa bourse. Mange t il toujours avec autant d'ardeur ?

Elle s'était assise et poussée vers le bout du banc, laissant la place à l'elfe en face de l'humain.

La dame de la tablée était plus loquace que son compagnon, et plus d'être plus jolie. C'était mieux ainsi, un beau minois était toujours meilleur accompagné d'un bel esprit, même si le colosse n'était pas toujours le meilleur public pour l'apprécier.

- J'aimerais que les choses soient aussi simples, répondit-il à Wilonah. Mais même alors, la vaillance ne suffit pas toujours pour remporter une bataille.

Il ne put s'empêcher de rire à la réflexion faite sur son compte à Agath's, aussi indiqua-t-il à la dame argentée :

- Je fais généralement passé ça en frais quand je travaille pour quelqu'un. Et puis, usuellement, c'est moi qui cuisine, cela économise des frais, fit-il en montrant le chaudron accroché à son sac, à coté de la paillasse, aucun des deux ne rentrant à l'intérieur. Et je suis capable de me retenir quand il le faut. Mais aujourd'hui, cela n'est pas nécessaire, autant en profiter. Et puis, avec mon gabarit, il faut bien manger pour pouvoir bouger toute la journée.

Il fallait dire que bouger plus d'un quintal, presque un et demi même lorsqu'il était complètement équipé, toute la journée, dans des activités fatigantes, ne se faisait pas sans manger des quantités qui auraient pu faire grossir plus d'une personne, particulièrement les petites dames qu'il pouvait porter presque sans effort.

Agath's esquissa un sourire quand Wilonah fit la remarque au sujet de la commande de son ami.

- Ah vous savez il amène un bon équilibre à notre groupe, car je ne mange ni bois plus rien depuis des mois, rajouta-t-il avec un air espiègle. Je trouve tout ce qu'il me faut dans la toile et cela me permet d’éviter les intoxications malencontreuses.

Agath's s'arrêta là dans ses explications mais il valait mieux les prevenir afin d'éviter des situations gênantes plus tard.

Sinon au sujet de notre périple, je voudrais savoir si vous avez eu les mêmes consignes que nous. Seigneur Kondra Lymael nous a expliqué brièvement qu'il y avait des animaux qui devenaient fous près de la grande faille et qu'ils s'attaquaient aux villages alentours. Il nous a demandé d’enquêter au sujet de cette propagation de malfaisance et de l’enrayer si possible.

-Savez-vous quelque chose de plus sur ces événements? En prononçant cette question le mage s'attarda sur le canidé qui se tenait aux côtés du dénommé Nirannor. Il se demanda si cet animal deviendrait leur ennemi sous l'influence de la magie qui sevissait dans les terres de la grande faille.

Assise au bout du banc, elle pouvait à présent s'adosser au mur, ce qu'elle fit, ramenant du même coup ses pieds sur le banc et entourant ses jambes de ses bras.
Plus d'eau ni de nourriture, rien qui ne vienne de la toile...
Elle sourit, et examina son voisin d'un œil scrutateur

- Ni l'eau des sources, ni les fruits des bois n'ont votre agrément ? Voila un étrange vœu ...

La question à propos de la faille les fit entrer trop vite dans le vif du sujet et son regard se posa lui aussi sur le chien loup à qui elle sourit en lui tendant la main, puis remonta vers Nirannor, attendant qu'il fournisse lui même les assurances concernant Anikei durant leur mission.

La faille leur cachait bien des surprises, toutes mauvaises au demeurant, et elle commençait de se creuser la tête pour empêcher Anikei de faire les frais de l'implication dans la mission, de son ami humain.

Oublié le gentil barde qui chantait et jouait si bien, elle entrait dés à présent dans l'esprit de la quète et commençait d'engranger des impressions, des renseignements, des mots clef pour les rassembler par la suite en texte a dire ou a chanter.

Sur son vaisseau, embarquaient et débarquaient des hommes dévoués, que le sort allait malmener. Elle se devait d'être attentive.