Le Dernier Gardien, Narvarth rencontre le centaure

Le Dernier Gardien

Chapitre 3b de l'Orbe du Dragon

4e jour du Pourrissement
Forêt au-dessus de Proskur
Climat : frais et ensoleillé

Le Centaure ferma un instant les yeux, comme s'il invoquait dans son esprit l'image de son amie défunte. Mais se ravisant, il rouvrit les yeux et répondit à Narvarth d'un ton bienveillant :

- Je saurai lui faire parvenir mes pensées. Et si je n'ai pas l'habitude de sortir de ma forêt, il est possible que j'utilise quelque subterfuge pour assister à ses funérailles.

Sur ces dernières paroles, Orios le Centaure laissa Narvarth prendre congé de lui.

Elesil descendit de lui-même de son perchoir jusqu'à son maître. Ils allaient devoir retourner rapidement à la Maison d'En-Dedans. C'était peut-être le moment de prendre la voie des airs..? L'halfelin n'avait jamais tenté cela avec son compagnon, mais à le voir si grand à présent, si puissant, il ne pouvait s'empêcher de se dire que cela valait la peine d'être tenté... ne serait-ce que pour échapper quelques instants à sa condition de bipède terrestre.

De plus, le lien qui existait entre les deux était à présent très fort, et Narvarth savait que l'aigle était prêt à faire des efforts pour son maître, même pour des choses qui étaient contre sa nature.

Le centaure salué, le hin et son ami ailé firent quelques pas en s'écartant de la rivière, le premier allait d'une allure lente, ses pensées très occupées, le second en sautillant malhabilement pour rester au niveau du hin.

Il y avait énormément de choses qui attendaient de se passer, de réponses à trouver et de mises au point a faire pour avancer un peu dans leur étrange situation. En premier lieu ils allaient l'aigle et lui, retourner à la Maison d'En Dedans s'assurer que Dame Gentiane allait bien, que l'humain croisé plus tôt n'avait pas abusé le sagespectre d'une quelconque perfidie, suite à quoi il retournerait probablement auprès de Mirtzar, savoir s'il avait des nouvelles des aventuriers qu'il était resté attendre. Une fois là, il aurait surement encore un peu de temps pour échanger leurs gemmes contre quelques affaires mieux à même d'assurer leur survie face aux puissants adversaires qui se profilaient.

Un programme bien chargé donc. A travers la clairière, le hin se rendait bien compte que la course du soleil était plus avancée qu'il ne l'aurai cru, et que s'il voulait retrouver Murdock au moment convenu ils allaient devoir presser l'allure en re-traversant la forêt.

A sa manière, Elesil confirmait les pensées de son ami, des légers coups de tête répétitifs essayaient de le sortir de ses réflexions.
Par habitude, Narvarth gratta la tête du rapace. Seulement ladite tête n'était pas à la hauteur habituelle, la main du halfelin rencontra les plume du torse de son ami. Cette étrange situation eu pour effet de ramener instantanément le Fils du Clan à la réalité.

¤Par Yondalla!¤
La surprise était de taille, son ami trouvé abandonné et blessé en terres du Cormanthor, qui avait un moment tenu sur les épaules du hin, le dépassait pleinement maintenant.

Le sauvage des Monts Trempfeu fit quelques pas en arrière, pour mieux apprécier la situation. Elesil était indéniablement plus grand, plus massif que lorsqu'ils étaient entrés dans cette forêt quelques heures plus tôt. Subjugué par l'environnement d'une touchante quiétude, le sagespectre était incapable de dire à quel moment le changement s'était produit, s'il avait été progressif, ou si, ses pensées le ramenaient une fois encore en Cormanthor, ou si une magie primaire, naturelle, l'avait fait grandir d'un coup, comme Kell le loup d'Enoriel. L'elfe lui avait brièvement expliqué que la croissance soudaine du prédateur à fourrure était due à leur proximité, leur amitié, et que les forces de la Nature avaient donné un petit coup de pouce au binôme.

Etait-ce ce qu'il s'était produit ici? Orion partit, le hin savait qu'il n'aurait pas de réponse dans l'immédiat, mais il ne doutait pas de provoquer maintes questions de ses compagnons. A défaut d'en savoir plus il leur transmettrait le savoir que l'elfe avait partagé.

Un immense sourire illuminait le visage du semi-être, ravi du présent que la Nature leur avait octroyé, à Elesil et lui. Partageant son plaisir, l'aigle sautilla à nouveau vers le hin, et étrangement redoubla de brefs coup de tête, suivi d'un mouvement étrange, il lui désignait clairement le dos. Il répéta son manège plusieurs fois pour s'assurer que le hin prenait pleinement conscience de ce qu'il tentait de lui dire, de l'invitation qu'il lui faisait.

L'idée était tentante, grisante même, bien que terriblement dangereuse pour l'un comme pour l'autre, enfin surtout pour l'un si on se mettait à réfléchir dans ce sens. Mais s'ils n'essayent pas, comment savoir si la chose était possible.

La main du hin parcouru les omoplates et le dos robuste du volatile, celui çi appréciant le geste se courba pour se rendre plus accessible.
Narvarth n'avait aucun équipement pour les aider dans leur projet, aucune selle, pas de bride. Pas même une corde pour se faire un semblant de harnais, et mettre la couverture sur le dos de l'aigle était provoquer son glissement à coup sur si rien ne la retenais.

-Elesil, mon si cher ami, je veux bien tenter cette folie avec toi, mais nous allons devoir y aller en douceur, pas d’acrobatie je te prie.
Le hin sentait que l'aigle serait protecteur envers son chargement à venir, il avait suffisamment confiance en lui pour ça. Il prit son courage à deux main, et tant bien que mal grimpa sur le dos de l'aigle, resserra les bretelles de son propre chargement, cala comme il pu ses cuisses et ses bras pour avoir le plus de prise possible sans avoir à se cramponner et faire du mal au rapace. Il expira un grand coup.

-Quand tu veux Elesil. Direction la maison gnome.
Une page allait surement se tourner dans leur vie à cet instant, et alors qu'Elesil commençait à prendre son élan, sautillant lourdement au sol, battant doucement des ailes, Narvarth se mit à les imaginer volant dans le ciel, une selle et un harnais les reliant, libres.

Le Dernier Gardien

Chapitre 3b de l'Orbe du Dragon

4e jour du Pourrissement
Forêt au-dessus de Proskur
Climat : frais et ensoleillé

Narvarth, la peur au ventre malgré la confiance qu'il portait à son compagnon animal, s'agrippait du mieux qu'il pouvait tandis que l'aigle prenait de l'élan pour son envol. La chose ne fut pas si aisée car d'une part, Elesil n'était pas habitué à cette charge et d'autre par, ils partaient du sol, ce qui obligeait l'oiseau à prendre de la vitesse par la seule force de ses ailes.

Le hin crut qu'il allait lâcher prise à cause des bonds d'Elesil, puis d'un coup, il ne sentit plus que l'air lui caresser le visage, faire frémir les plumes de son compagnon, tandis que les arbres défilaient de chaque côté... ils volaient ! Elesil se laissait glisser au-dessus de la rivière, dans un silence parfait et pourtant, Narvarth n'avait jamais voyagé aussi vite. La vitesse, le changement de perspective lui procuraient une sensation des plus grisantes.

Il ne ressentait plus aucune peur car les mouvements de l'aigle étaient lents et fluides, et les quelques plumes auxquelles l'halfelin se tenait ne le gênaient absolument pas.

Rapidement, Elesil s'écarta de la rivière pour prendre de la hauteur, et perça la frondaison des arbres, pour atteindre en quelques battements d'ailes la quiétude des cieux. De là, Narvarth voyait tout, la forêt, la cité de Proskur, les chemins parcourant la colline et là-bas, la Maison d'En-Dedans. Tout lui paraissait de plus en plus petit, et surtout, si facilement accessible, comme si tout n'était qu'un vaste plateau de jeu et qu'il pouvait se saisir de tout ce qu'il désirait, aller là où il voulait en un clin d’œil.

Ils survolèrent la maison de la dame gnome, descendant par cercles. D'ici, Narvartgh voyait très bien le ruisseau, les jardins, la terrasse et les différentes parties de la maison. C'est alors qu'il décela une fumée noirâtre qui provenait des fenêtres du premier étage...



La suite à la Maison d'En-Dedans...