Ad impossibilia nemo tenetur, Chapitre II

Lorindol ne pouvait détacher son regard de la créature de légende qui venait de mettre fin au festivité. Le reptile ailé était bien plus impressionnant que les plus précises illustrations des grimoires d'Eternelle rencontre.

Dans son esprit se bousculait les récits de dévastation que pouvait faire ce grand prédateur volant quand les hurlements de ses compagnons finir de le sortir de sa rêverie.

Le maléfique et puissant orque avait apparemment disparu entrainant à sa suite sa ménagerie dégénérée. Lorindol s'en félicita car il sentait l'issue du combat être particulièrement incertaine.

Cependant le temps n'était pas au réjouissance, il fallait agir.

Le questionnement des deux fils de la pierre était le symbole de leur impuissance.

- Quittons ce lieu maudit rapidement,la vue du grand ver semble avoir suffisamment impressionné notre ennemis du moment pour nous laisser une porte de sortie. -

- Malaric peut tu marcher ? Ta faiblesse te permet elle de suivre le mouvement ou faut il t'aider ?-

Inconscient du danger arachnéen qui approchait dans son dos, Malaric écarquilla des yeux révoltés en voyant surgir des eaux funestes une véritable incarnation de ses cauchemars. Le semblant de pieuvre géante qui se mit à élever ses tentacules répugnants dans les airs lui donna immédiatement envie de vomir. Nimbée d'une aura suppurant toute la force de son essence mort-vivante et contre-nature, l'apparition trouait l'espace telle une déchirure de noirceur dans un ciel limpide...

À cet instant, la brume se dissipa suffisamment pour que tous puissent distinguer clairement leur opposant principal : un demi-orque porteur de nombreux talismans que le langage utilisé et les créatures invoquées révélait comme un saccageur tellurique. Un suppôt des forces les plus opposées à celles défendues par le serviteur de Silvanus. Le loup géant manifestement animé par nécromancie lui aussi et dressé à ses côtés ne faisait que confirmer cet état de fait.

Malaric lui cria en langue druidique une injure pleine de colère et de défi... C'est ce qu'il lui sembla en tous cas. Mais ses compagnons n'entendirent qu'un vague gargouillis qui s'étrangla rapidement dans sa gorge à la vue du scarabée de Lorindol, démembré en un clin d'oeil. Leur adversaire était puissant, tous le réalisèrent immédiatement. Le temps suspendit son vol un instant, interminable seconde de silence ponctuée d'un lourd battement de cœur : un carnage était sur le point de s'abattre sur eux...

Puis il y eut ce hurlement impérieux déferlant du ciel comme une avalanche et auquel nul ne put résister. Tous levèrent les yeux vers le firmament pour découvrir l'immense créature stationnant dans les airs. Balayées les craintes précédentes ! La peur du reptile volant, omnipotente, fit oublier toute autre chose. Le dragon fit battre ses grandes ailes un instant tout en cherchant quelque chose du regard... Malaric sentit rouler sur lui aussi bien les violentes bourrasques soulevées que le regard d'un autre âge. Il se recroquevilla sur lui-même... Trop ! S'en était trop pour une même journée !
- Malheur à nous... S'entendit-il murmurer malgré lui. Malheur à nous...
Le druide s'attendait à tout. Allaient-ils périr par le feu, les griffes ou les crocs ?
Un nouveau cri retentit, telles les trompes du jugement dernier, puis ce fut terminé, aussi brusquement que cela avait commencé.
Lorsque Malaric osa enfin relever la tête, le dragon disparaissait en s'éloignant rapidement d'eux, les ignorant comme s'ils n'avaient été que des fourmis invisibles au sol.
Il n'y avait plus une trace du saccageur non plus, ni de ses créatures mortes.
Le serviteur de Silvanus n'en revenait pas et ne savait pas quoi penser du cours des évènements. Les commentaires qui fusèrent brusquement autour de lui démontrèrent qu'il en était de même pour ses compagnons, mais le druide ne savait que dire pour sa part. Ses nerfs avaient été mis à trop rude épreuve et l'ombre de cette terreur s'attardait encore en son âme.
La question de Lorindol lui donna heureusement matière à distraire ses pensées...

Je... Je crois qu'ça va aller... Répondit-il faiblement en se relevant péniblement. T'as raison, restons pas là. On a frôlé la mort. Faut bouger d'ici, rajouta t-il malgré la faiblesse qui lui tenaillait les membres.

Malaric avait les idées confuses. Ce n'était pas lui qui allait avoir une idée sur la bonne direction à prendre dans l'immédiat...

Ad impossibilia nemo tenetur

Onzième jour du Couchant, Année des Dragons Renégats.
(11 ches 1373)

Lieu : Haute-Forêt
Temps : Froid, températures négatives
Moment : Nuit

MJ
Narration: Tous


Jamais ils n’auraient d’autres opportunités de sauver les enfants prisonniers par les orques. En effet, la présence d’un dragon vert dans les parages avait créé un mouvement de panique dans la troupe des orques qui organisaient une retraite.

Jaricie, Solia, et les forces naines eurent donc le bénéfice de la surprise, mais qui finalement n’allait pas pencher le combat en leur faveur. Même si les orques partaient en retraite, ils restaient en surnombre et avaient l’expérience du combat. Heureusement qu’un renfort de fortune vint faire pencher la balance, en la présence des gardiens sylvestres et de leurs alliés.
L’essentiel avait été accompli : sauver les enfants. Les orques étaient bien trop nombreux pour les exterminer tous. D’autres renforts pouvaient arriver à tout moment. Les aventuriers avec les enfants s’enfuirent donc dans la direction opposée, évitant prudemment le plan d’eau empoisonné.

Ils marchèrent à un rythme soutenu, vérifiant leurs arrières. Mais Tymora devait les accompagner car aucun orque n’avait pointé le bout de son nez.
Après plusieurs heures de marche, ils firent accostés par un rôdeur des plus mystérieux. Le premier sentiment fut la méfiance mais Jaricie, Solia et les nains reconnurent leur sauveur contre le dragon vert qui avait affolé tout le monde. Ce rôdeur avait un nom, celui de ShilKerym, qui dans le langage des elfes veut dire le Guerrier de l'Ombre. Il les conduisit dans un lieu sûr au cœur de racines de grands arbres millénaires et gigantesques, tandis que les nains partirent escorter les enfants dans leur village. Malaric , souffrant, fut soigné par un breuvage indigeste d’herbes donné par le rôdeur.

Pendant leur escouade contre les orques, les aventuriers eurent le temps de leur prélever un trésor de guerre : un coffre avec des objets mystérieux…Lorindol, en sa qualité de magicien, aida à analyser le contenu des objets et confirma que certains d’entre eux étaient bien magiques. Il faillit tressaillir en découvrant un objet rare : une pierre Kiira. Cette pierre est surnommé gemme de connaissance. Ces pierres datent de l'époque de Cormanthor, et elles ne peuvent être utilisées que par des elfes ou des familles particulières et elles risquent de provoquer la folie ou la débilité chez ceux qui ne disposent pas d'une intelligence suffisante ou qui ne sont pas issus de la bonne lignée.

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Hache de guerre de naine trancheuse :
Marteau de guerre de nain +1 de foudre
Dague +1 stockeuse de sort
Anneau de protection +1
Anneau de feuille morte
6 gemmes d’une valeur de 50 P0 chacun
Une bourse contenant 60 PP
Une baguette de soins mineurs
Brassards de puissance
Deux grains de lune
Une pierre Kiira (avec un sort de projectile magique)

Une fois le combat terminé, Rak avait suivi le mouvement du groupe sans parler. Combattre dans ces conditions l'avait épuisé physiquement et psychologiquement. Le nain aimait en tant que tel, les combats où l'on fonçait sans réfléchir, où l'on tapait. Mais dès que la magie faisait son apparition et faussait à ses yeux les règles du combat, Rak risquait de perdre pied.

Mais bon, tout cela était du passé maintenant. Cependant la rencontre avec Shikerym raviva les craintes du guerrier jusqu'à ce qu'il comprenne que ce personnage les avait sauvé du dragon.

Aussi Rak lui tendit-il une main amicale :

- Content de revoir un si grand guerrier.

Et c'est sans crainte que le nain suivit l'inconnu qui les mena au cœur de racines de grands arbres où ils seraient en sécurité.

Puis Rak s'acquitta d'une mission qui lui tenant à cœur avec Godrick, raccompagner les enfants dans leur village.

La sollicitude de ses compagnons permis à Malaric de supporter la courte marche forcée qui suivit leur étrange rencontre au bord de l'étang empoisonné. Lorsqu'ils parvinrent en vue des campements orques, il aida de son mieux à repousser la fraction de peaux vertes qui en était aux prises avec un détachement de guerriers Nains de la compagnie des Marches, mais son action ne fut guère probante. Malgré cela, ils parvinrent à tenir les Orques en respect et à récupérer les enfants humains enlevés.
Son empoisonnement le maintint dans une torpeur qu'il ne quitta réellement que lorsqu'un mystérieux secours survint en la personne du rôdeur ShilKerym. Après avoir avalé une potion au moins aussi dégoutante que ses propres trouvailles, les esprits de Malaric lui revinrent définitivement et il remercia ShilKerym avec force gestuelle et sympathie.
Ce dernier les avait conduit sous la protection de grands arbres millénaires dont le druide voulu aussitôt tout savoir...

Après un rapide partage de diverses babioles trouvées dans le campement orque, vint le moment des adieux avec les fiers compagnons des Marches qui devaient s'en retourner, accompagnant les enfants vers leurs possibles familles restantes.

- Alae, les amis ! Commenta le druide. Pour sûr, on aura fait un drôle de bout de chemin ensemble ! HA ! On r'met ça quand vous voulez mais pas avant quelques années... Ça vous va ? Pas plus d'un dragon par dizaine, m'est avis...

Les accolades et les poignées de main fusèrent. Un respect mutuel était sensible dans l'air. Puis chaque groupe repartit de son côté.

- Bon ? Et nous les gars, on peut rentrer à Thuldaë, non ?

Le combat contre les orques fut, comme prévu, difficile. Leur nombre était des plus gênants, et ils faillirent y passer. Heureusement que des renforts, dont un veilleur draconique, preuve s'il en fallait que ces personnes étaient, au moins au premier abord, digne de confiance. Le fait qu'elles massacraient les orques pour libérer les enfants jouait aussi clairement en leur faveur, si bien qu'elle repartit avec ses compagnons et les pauvres victimes avec eux, direction le village.
Une fois à l'abri, du moins relativement et tout en continuant à marcher, les renforts orques tout comme le dragon n'étaient pas très loin, la jeune femme alla voir les enfants. Elle voulait déterminer s'ils avaient été maltraité, et faire ce qu'elle pouvait pour les aider. Le plus long serait certainement de fermer les blessures psychologiques, car voir de telles créatures se livrer à leurs passions pouvait choquer, surtout chez les plus jeunes. Au moins vivraient-ils assez longtemps pour se remettre du choc, et avec les nains comme escorte, ils iraient bien. Jarircie regretta de ne pas pouvoir les accompagner plus loin, mais elle voulait parler en privé avec le mystérieux guerrier de l'ombre qui les avait aidé, et si elle partait d'ici, elle craignait de ne jamais le retrouver.
En attendant, l'ambiance avait bien changée depuis que les orques n'étaient plus en vue, les scènes d'adieux étaient touchantes, mais Jarircie n'étant pas concerné, c'était un peu triste pour elle.

En arrivant dans la forêt quelques jours auparavant pour une mission de sauvetage, Godrick ne pensait pas réussir l’exploit de ramener les enfants aussi rapidement. C’est pourquoi il fut tout sourire sur le trajet qui l’amena au village. Il bondissait devant les mômes, riait aux éclats et leur montrait des plantes et des traces d’animaux sauvages, afin de les faire sourire, de leur changer les idées. Les pauvres, ils venaient de vivre une expérience douloureuse, il fallait bien leur montrer les bons côtés de la vie.
Avec l’aide de Rak il leur raconta aussi le combat contre les orques et l’apparition, merveilleuse, du dragon.
Au nom de la Confrérie, il remercia les gens du village pour la confiance qu’ils ont eu à leur égard. Il leur promet le soutien des Gardiens et les invite à prendre contact avec eux en cas de besoin.
Lorsqu’il retrouve ses camarades, il inspecte les armes et choisi la hache de guerre naine. Ses propriétés magiques correspondent parfaitement à ses attentes de rôdeur.
Puis le moment du départ arrive. Il fait une accolade aux nains, remercie les autres et répond à Malaric.

- Ouais j’pense qu’on peut y aller. On a fait tout ce qui fallait ici.

Le nain compte bien rentrer à Thuldaë, pour raconter leur aventure, même si ses compagnons pouvent s’en charger à sa place. Il a une envie de changement, de voir ailleurs, il veut du dépaysement. Peut-être va-il quitter ses amis plus tôt que prévu, il ne sait pas, il verra bien sur la route…

Aux regards des derniers évènements, Lorindol trouvait que la tranquillité de sa très chère Éternelle rencontre était bien loin. Quitter sa famille et ses petites habitudes n'avaient pas finalement posé de problème particulier. Le mage s'était même trouvé un certain gout pour l'action et l'aventure tout en reconnaissant que sans ses compagnons rien de tout cela n'aurait été possible.

"Soit toujours bien accompagné", la phrase sans cesse répétée par ses parents lors de son départ avait maintenant un sens profond.

Dans le regard des enfants libérés des maudits orques, le mage trouva la confirmation que son engagement au sein des gardiens sylvestres était la volonté de Corellon. Le coffret trouvé était aussi la juste récompense des efforts fournis et des risques encourus.

Inventoriant et décrivant à ses compagnons les objets contenus, le mage reconnu facilement une pierre précieuse Kiira datant de l'époque de Cormanthor, une gemme de connaissance. Comment expliquer la présence de cet objet magique dans les sales pattes des fidèles de Gruumsh ? Quel famille elfique pouvait bien avoir égaré cet objet ? Une analyse plus approfondie de la pierre par les membres des gardiens du savoir de Thuldae pourrait se révéler utile.

- Compagnons, cet objet est dangereux. Il ne peut être porté que par des membres de ma race ! je me propose de le convoyer à Thuldae pour qu'il soit visionné par plus sage que moi. Si personne ne si oppose bien entendu. -

- Dragon, orques, saccageur tellurique je crois qu'un peu de repos sous les frondaisons des grands arbres de Thuldae nous serons profitable -

Ad impossibilia nemo tenetur

Onzième jour du Couchant, Année des Dragons Renégats.
(11 ches 1373)

Lieu : Haute-Forêt
Temps : Froid, températures négatives

MJ
Narration: Tous





La nuit avait été calme et reposante pour chacun. A y repenser, les aventuriers avaient vécu une histoire avec de sacrées rencontres que tout barde serait heureux de narrer.

Il était le temps des adieux. Les gardiens sylvestres savaient qu'ils devaient rentrer d'urgence à leur cité sylvestre pour faire leur rapport. En discutant avec l'étrange rôdeur, ils apprirent certaines informations non rassurantes. Selon lui, les dragons se montreraient de plus en plus nerveux et dangereux comme il avait été observé à la veille de l'arrivée d'une comète appelée la tueuse de dragons. Suite à la malédiction antique, les dragons entreraient périodiquement dans une rage berserker terrifiante, se déchaînant à travers les Royaumes.

En parallèle, une autre menace pointait le bout de son nez...Un saccageur tellurgique puissant organisait le regroupement d'orques et cherchait à prisonnier des enfants, on ne sait pour quelle expérience macabre...

Jaricie eut quelques temps de discuter avec le guerrier de l'ombre. Elle apprit qu'elle avait affaire au dracosire de l'antre des dragons. Il s'agissait même d'un membre fondateur de l'œil du dragon...Il lui raconta qu'il était très inquiet. Si les dragons rentraient en dracorage, la région serait des plus menacées avec la présence importante de dragons dans le coin. Les veilleurs allaient devoir tripler leur vigilance...Peut être qu'elle pourrait nouer un lien avec les gardiens sylvestres pour trouver un allié de poids pour lutter contre l'ombre du mal qui plane sur leur tête...


FIN