Chamaeleontis - Chapitre I, 20 Tarsakh 1373

ntroduction

n ce 22 Nuiteuse 1372 à Arrabar, alors que l’un des aventuriers notable du monde de Toril rejoignait le monde de l’éternelle quiétude - Othmann Lapons de son nom -, la gorge tranchée par un tire-laine quelconque - sa revanche lui sera acquise par Moira Sombrelune, mercenaire du Saphir Noir, moins d’une heure plus tard - l’un des mystères et trésors de ce monde s’apprêtait à sombrer dans l’oubli, toujours plus bas à mesure que chaque soleil se couchait, destiné à atteindre des profondeurs d’où il ne saurait jamais plus être extirpé.
Force est de constater que certaines choses ne sauraient être perdues, ou oubliées.

Ce même jour et en ce même lieu, deux découvertes furent faites d’un même tenant. Même si elles ne changeraient la face de ce monde, elles auraient probablement leur mot à dire quant au déroulement de la vie quotidienne de nombres d’individus de Faerûn dans les années à venir. Scathach, ou la Messagère de l'Acheron, une épée longue aux origines aussi prodigieuses qu’obscures, fut ramenée à sa vie de combats perpétuels grâce à la main de la même Moira Sombrelune, qu’elle saura sans aucun doute servir sans fléchir.
Il ne sera cependant pas question de Scathach ici, dont le destin avait déjà rejoint un chemin prometteur : l’autre mystère contenu dans ce coffre oublié de tous - Othmann Lapons inclu - était une carte.

Il existe des centaines, voire des milliers de carte en Faerûn, et c’est la principale raison pour laquelle celle-ci fut délaissée pendant quelques décades supplémentaires. Malgré tout, le destin finit par la pousser doucement sur le haut de la pile de papiers qu’accumulait Miriel Ilastul sur son bureau, dirigeante de la compagnie de Mercenaires du Saphir Noir. C’est elle qui avait commandité la visite de courtoisie à Othmann Lapons, assurée par Moira Sombrelune, aidée de deux nouvelles recrues - Eldrad Ulthrane et Enmorien - et cette singulière carte lui était finalement revenue, étant donné que personne d’autre ne pouvait rien en faire. Un œil attentif pouvait y remarquer qu’un plan y étant figuré. Non seulement un plan de ville, mais aussi semblait-il y avoir un plan de la région environnante à cette ville. Plusieurs éléments étaient remarquables et semblait représentés à des échelles bien plus importantes : on voyait un arbre, des bâtiments, une tour, entre autre.
Il fallait cependant un œil non seulement attentif mais aussi expert pour en démasquer toutes les subtilités.

L’un des meilleurs expert en géographie et histoire de la Ville Dorée, spécialement convoqué par Miriel, s’attela à la tâche de décrypter et identifier cette carte, et son potentiel, non sans quelques difficultés. Et ce qu’il en ressortit en aurait surpris plus d’un si seulement une personne autre que Miriel ne l’avait entendu. Tout n’était que mythe avoua le cartographe, mais il est bien connu que chacune des légendes de ce monde prend sa source dans des faits bien réels ; Miriel était de ce dernier avis.

Il y a une dizaine d’années de cela, les aventuriers d’un groupe dont la renommée commençait à dépasser les frontières du Chondath, décidèrent finalement de regagner leurs chaumières et de regarder plus sagement les années qui continueraient de s’écouler, et ils les espéraient alors nombreuses. Ils étaient six, fiers et puissants, de toutes races ; Othmann Lapons - ou de son vrai nom Lonsan Manthpo - n’était autre que l’un d’eux. A l’époque des séparations, ils avaient accumulé un trésor faramineux dit-on, qu’ils ne purent cependant se résoudre à partager. N’ayant aucune urgence à en disposer, la solution alors préférée de tous fut de cacher ce trésor et d’attendre que les années s’écoulant en choisissent naturellement l’heureux héritier. Ils firent donc cacher ce trésor par un tiers, qui fut réduit au silence une fois sa tâche accomplie, et reçurent chacun un indice sur sa localisation : seule la possession de l’ensemble de ces indices permettrait de retrouver le butin. Ils étaient, dit-on, trois portions de cartes et trois fragments d’un compas, qui une fois positionné sur la carte ré-assemblée permettrait de révéler la mystérieuse localisation.

Ce qui dans un premier temps se voulait être un accord heureux et de bonne foi entre aventuriers ayant bravé et surmonté bien des dangers, se transforma progressivement en une rivalité sans nom entre ceux qui, fidèles au serment autrefois prononcé, protégeaient leurs indices de ceux que la vénalité avait finalement rattrapé. Lonsan, Yanseldara et Vaerana étaient des fidèles aux serments et devant le danger incessant que représentaient les trois autres anciens amis, ils s’allièrent une dernière fois et les balayèrent un à un dans une amertume regrettable. L’histoire veut que l’un d’eux fut laissé pour mort seulement, car Lonsan ne trouva pas la force d’achever Bauvim Langranc, celui qui l’avait plusieurs fois sauvé de situations désespérées.

Les trois aventuriers se séparèrent finalement, Yanseldara et sa compagne Vaerana de leur côté, emportant trois des six indices, et Lonsan du sien, emportant la deuxième moitié des indices. Alors que Yanseldara conduisit plus tard une brillante rébellion contre l'ancien régime de nécromants de la ville de Elversult, devenant ainsi son nouveau dirigeant, sa compagne prit en main la justice de la ville ; Lonsan quant à lui disparut soudainement.

L’histoire s’arrête là. La suite, tout le monde - ou presque - la connaît.


Grâce aux qualités de Yanseldara et Vaerana, Elversult est aujourd’hui une communauté riche située au sud de la Mare aux dragons, au croisement de nombreuses routes marchandes, dont la Piste de l'Outrelande et la Route marchande. Bien qu'Elversult ne soit pas une cité portuaire, ses entrepôts accueillent les marchandises en partance pour le Cormyr au nord et la Côte des épées à l'ouest. Yanseldara et Vaerana provenaient de régions bien orientales à la Côte des Dragons, et leur influence est palpable dans chaque recoin de la ville de Elversult, qui est la cité, dit-on, dont les pratiques diffèrent le plus de celles de la région.
Lonsan - ou plutôt Othmann - quant à lui finit son existence dans son lit, la carotide béante. Il avait visiblement rejoint Arrabar, à une date parfaitement inconnue toutefois, y avait vécu dans l’anonymat le plus total et dans une apparente décrépitude grandissante chaque jour, alors qu’il consommait des substances lui endormant le corps, le cerveau et l’âme. Il serait spéculation de penser que la raison de cet abandon n’est en rien due à la faiblesse d’esprit du garçon, mais bien au traumatisme de devoir liquider ses amis de longue date ou encore à la volonté d’échapper à une menace des deux derniers membres du groupe. Il serait spéculation, en effet. Il n’empêche que Miriel y pensa et cela la rendit triste pour le reste de sa journée, et le tout lendemain.

Ce sentiment une fois passé, la question alléchante du trésor demeurait, si toutefois la légende disait vrai.

Othmann possédait trois des indices, apparemment. La carte avait été modifiée semblait-il et on remarquait bien qu’une couleur d’encre y avait inscrit le plan d’une ville et sa région, alors qu’une deuxième encre y avait inscrit les représentations de bâtiments et autres lieux remarquables à des échelles exagérées. Probablement qu’une seconde partie de la carte avait été recopié sur la première, c'est ainsi en tout cas que l'expert l'avait vu. Il n’y avait cependant pas la trace d’une troisième encre, ou d’un troisième élément cartographique. Miriel convoqua immédiatement Moira, Enmorien et Eldrad : avaient-ils récupéré ou vu quelques objets suspects ou pouvant faire partie de ce fameux compas démonté au cours de leur visite ?
Eldrad se souvint alors immédiatement de son briquet à amadou, qu’il s’en alla chercher en un instant. De style purement classique et commun, ce briquet contenait cependant une pièce qui avait toujours intrigué le roublard : comme rivetée au reste du briquet, elle passait inaperçu, ou presque, mais semblait malgré tout être un ajout postérieur à la fabrication de l’objet. Après un peu de bricolage avec ses outils de cambrioleur, il parvint à retirer la pièce devant Miriel et les deux autres mercenaires. C’était effectivement un petit morceau de métal en forme de spirale avec une partie droite tangente - point trop éloigné de la forme général d'une pipe, en somme - de trois pouces de long en tout, avec la spirale d’environ un pouce de diamètre. La partie qui avait été caché contre le briquet était gravée : un temple finement ouvragé apparaissait clairement.
Ainsi donc, le Saphir Noir disposait bien des trois indices de Lonsan, alias Othmann.

Même si Miriel n’avait encore rien divulgué aux trois aventuriers, ils sentirent l’excitation monter en elle à cet instant. Mais ce n’est que quelques jours plus tard que Moira et Eldrad comprirent, alors qu’ils tenaient une réunion à huis clos dans le bureau de la psionne.

Tout deux allaient partir pour Elversult, la ville où Yanseldara et Vaerana résidaient et même présidaient : ils devraient en apprendre d’avantage sur place à propos de cette légende, se renseigner sur la localisation précise de ces pièces manquantes. Une fois la situation évaluée, ils devraient alors éventuellement s’emparer des indices restant, par la ruse, la force, la diplomatie ou tout autre moyen utile.

remier jour de la troisième chevauchée de la Griffe des tempêtes
Année des Dragons Renégats.
20 Tarsakh 1373
Mi-jour
Temps ensoleillé et dégagé, température tiède.

Elversult, Auberge de la Roulotte.

Eldrad, Melkiot

es deux aventuriers étaient attablés non loin du comptoir d'où ils entendaient le patron beugler sur ses employés. Moira venait de les quitter, appelée par Miriel à quelques affaires urgentes de dernière minute dans la ville proche de Asbravn - une enquête sur la présence plus qu'étonnante d'une faction de la Compagnie des Marches, avait-elle glissé à Eldrad.

Eldrad et Moira étaient arrivés il y a deux jours au soir après un voyage relativement rapide pour la distance parcourue, mais néanmoins fatigant. Ils avaient usé de leur 19 Tarsakh à se repérer dans cette ville de près de dix mille âme qu'était Elversult - ils pouvaient maintenant se targuer de la connaître et de s'y orienter sans peine -, prendre la température des lieux et recruter Melkiot.

Melkiot avait quitté son natale Thétyr il y a déjà longtemps, lui-même ne gardait plus la trace de ses différentes étapes, et avait cheminé sur la route, s'arrêtant à presque tous les patelins dignes de ce nom. Ayant remonté par la Côte des Epées, il avait finalement bifurqué vers l'est à la Porte de Baldur pour emprunter la route extrêmement commerciale qui le mènerait probablement jusqu'à Port-Ponant, si les dieux le voudraient bien. Il avait débarqué à Elversult il y a une semaine maintenant et avait bien repéré la ville et ses environs. A l'affut de la moindre source de revenu - officielle ou non -, il allait et venait. Il mangeait à sa faim mais était loin de crouler sous l'or pour l'instant, et il le savait bien.

Quelle ne fut pas l'aubaine lorsqu'il entendit Moira et Eldrad parler au patron de l'auberge de la Roulotte, demandant s'il ne connaissait pas des mercenaires locaux disponibles, alors qu'il ruminait un morceau de bœuf trop cuit ! En effet, Moira venait d'être contactée par Miriel et préparait son départ vers l'ouest et tentait de trouver une aide pour son collègue du Saphir Noir.

Les présentations furent faites, la situation expliquée, et même si la mission n'avait pas plu au mage, les cinq cent brillantes à la clé lui suffirent à se laisser convaincre.

Ainsi donc, le mage ferait équipe avec Eldrad pour l'enquête sur cette légende locale d'un butin d'aventure glané par le couple dirigeant de cette ville même. Cette légende, dont il n'avait jamais entendu par ailleurs, était belle et bien fondée selon Eldrad et Moira : restait à trouver les pièces manquantes permettant de le localiser et qui, selon eux, seraient possédées par Yanseldara et Vaerana, rien que ça !

Reste qu'avant d'attaquer cet épineux problème, les deux aventuriers avaient un plat à finir : une côte de porc grillée pour Eldrad et un filet de canard en sauce pour Melkiot.

Melkiot regardait son filet de canard en sauce et réfléchissait.
*Cette mission est dangereuse et les prétendus alliés aussi, il faudra que je sois prudent.*
Il commença à prendre un bout de viande et le mastiqua, c'était pas mauvais, finalement il n'irait pas à Port Ponant, peut être qu'il n'irait jamais...
Il fut sortit de ses rêveries par le patron qu'il entendait beugler sur ses employés, Melkiot jeta un coup d'oeil au plat d'Elrad, et ce dit qu'il avait bien fait de prendre le canard, le porc semblait bien gras.
Il essayait de penser à autre chose mais n'arrivait pas à s'enlever de la tête les deux personnes qui possédaient les renseignements qu'ils devaient avoir.
Il regarda Eldrad et lui dit :
"Parle moi un peu de ces Yanseldara et Vaerana ? Vous avez beaucoup d'informations sur eux ?"
Il voulait savoir à qui il avait à faire et où il mettait les pieds, si les choses tournaient mal, il s'éclipserait, il n' avait pas envie de rejoindre le royaume des morts pour le moment même si sa route était pas toujours facile, la vie lui plaisait, du moins pour le moment.

Eldrad était contrarié, non pas qu'il appréciait particulièrement Moira mais elle était comme lui, un mercenaire du Saphir Noir et elle avait dût partir précipitamment, rappelé par Miriel, le laissant seul enfin presque.
Avant son départ, elle avait engagé un mercenaire humain pour la remplacer et aider Eldrad dans la tache qui leurs avaient été confié, et cela le contrarier encore plus.

¤ Comme si je ne pouvais pas m'occuper de cela tout seul, et en plus je me coltine encore un humain...¤

Son mécontentement était visible et il n'avait pas encore adressé la parole à son nouveau compagnon lorsque celui-ci l'interrogea.

- Et bien tout d'abord, évite de nommer ces deux femmes en publique, cela pourrait être dangereux si quelqu'un nous écoute. Comme tu le sais, elles ont un rôle important dans cette ville, c'est elles qui la dirigent. Je n'ai que peu d'informations sur elles donc pour commencer, on va faire simple et ne pas prendre trop de risques. On va rassembler un maximum d'informations sur elles, la façon dont elles occupent leurs journées, la sécurité qu'il y a autour d'elles, leurs habitudes surtout les mauvaises, brefs tout ce qu'on peut glaner sur elles nous servira d'une manière ou d'une autre.

Il fit une pause pour avaler le reste de sa chope et poursuivit.

- Si tu as des idées, tu peux m'en faire part.

Eldrad, Melkiot

es humains discutaient en partageant un repas bien mérité. Servi chaud dans des assiettes préalablement chauffée - fait peu courant, les deux aventuriers avaient manqué de se brûler en touchant l'assiette - l'heure de la pause était appréciable. Les recherches avaient à peine commencé, ce qui avait le bon goût de ne donner encore aucun soucis à Melkiot ou Eldrad.

Melkiot et Eldrad était resté dans cette auberge de la Roulotte depuis qu'ils avait débarqué à Elversult, séparément. L'auberge était tout ce qui avait de simple, de propre et de raisonnable tant sur le prix de la nuitée que le prix de la nourriture. Pour sûr, le fait que la ville se trouve sur deux des boyaux commerciaux de Faerûn n'était pas étranger à cela.

L'auberge était montée sur trois niveaux. Le rez-de-chaussée était réservé aux habituellement salle de repas, cuisine et autres lieux assimilés que l'on préfère amplement au rez-de-chaussé - monter les tonneaux de bière à l'étage n'est pas le loisir préféré des taverniers, bien souvent -. Les deux niveaux en étages étaient quant à eux réservés au couchages, les dortoirs se trouvant au premier étage - trois dortoirs de six lits et deux dortoirs de trois lits, apparemment - et les chambres séparées se trouvant au dernier étage, juste sous un grenier occupant les hauteurs de l'habitât, sous les toits. Chose peu commune et pas désagréable, se trouvait au niveau des dortoirs un salon. Mélange entre un salon de lecture, bibliothèque et lieux de vie calme de l'auberge, nombre de voyageur venaient s'y reposer ou discuter dans une ambiance plus tranquille que le rez-de-chaussée.

Le premier niveau, quant à lui, voyait des allers et venues incessants des serveurs et clients ; l'auberge était plus qu'aux trois-quart pleine à cette heure où le soleil est au plus haut dans le ciel, signe habituel pour les habitants que la pause de la mi-jour est venue. Quelques uns criait ici et là pour commander ou réclamer la suite du repas ; les cuisines échappaient des fumets variés qui venait créer une couche de fumée au plafond. Trois nains étaient assis à côté des deux aventuriers, et pas des plus discrets, l'un avait une grosse barbe rousse bien fournie.
C'est ainsi que les deux hommes discutait à propos des affaires à venir.

- Est-ce que je vous verse quelque chose ? Demanda la serveuse qui venait de s'approcher, trois bouteilles de vin dépassaient de son tablier spécialement cousu pour le service en salle.

Melkiot jeta un bref un coup d'oeil agacé aux nains qui faisaient tant de bruit, en même temps cela avait du couvrir sa voix, de ce fait personne n'avait due l'entendre prononcer les noms mais il se reprit tout de même et s'adressa cette fois à Eldrad à mi voix.

"Faisons les suivre par une mère et son môme pendant une journée comme ça lorsque le môme ne peut pas les suivre dans des endroits réservés aux adultes, la mère prend le relais et vice versa, en plus qui se méfierait d'une mère et de son enfant. Pis nous ça nous permettra de pas se faire repérer et on pourr..."

Il fut interrompu par la serveuse qui leur demanda si ils voulaient quelque chose.
"Ah oui, un verre s'il vous plait."
Il tendit son verre à la femme pour qu'elle le serve en vin, lui adressant un sourire de façade.
*Sale truie, si on était ailleurs je t'aurai égorgé pour m'avoir interrompu de la sorte, en plus je parie que tu vas me servir du vinaigre!*

Il regarda Elrad et lui dit, reprenant à haute voix :
"Qu'est ce t'en dis ? Bien sur faudrait deux personnes de confiance."

Eldrad n'était pas dupe, il observait attentivement Melkiot alors que celui-ci lui parlait. Il avait pût remarquer quelques tics dans son comportement notamment lorsque celui-ci avait lancés un regard furieux et agacé vers les nains attablés à côté d'eux. Ce regard avait été rapide mais cela avait suffi à éveiller l'attention d'Eldrad.

¤ Voilà quelqu'un qui n'aime pas le bruit ou bien être dérangé...¤

Puis vint le tour de la serveuse venu leur proposer à boire, Melkiot lui avait tendu son verre tout en lui adressant un sourire plus que suspect, presque pervers.

¤ Ce type là est vraiment louche et ses manières ne m'inspirent aucunement confiance... En plus son accoutrement indique clairement qu'il souhaite passer inaperçu et siérait mieux à un brigand qu'à un mercenaire... Gardons-le à l'oeil...¤

- Servez-moi un verre aussi, s'il vous plait, dit Eldrad à l'attention de la serveuse.

Une fois celle-ci partit, il se remit à observer Melkiot, celui-ci finissait justement de lui expliquer l'idée qu'il avait eut.

- C'est une bonne idée, pourquoi pas... Mais comment trouver une femme et un enfant digne de confiance, personnellement je ne connais personne dans cette ville. En plus, le risque est grand qu'elle nous dénonce si les choses tournent mal pour elle ou pire qu'elle nous dénonce dès l'instant où elle saura qui sont nos cibles. A la limite, si l'on pouvait trouver une femme et ses deux enfants, cela pourrait marcher. On garderait l'un des enfants en otage, ça la motiverait et les rendrait tout deux dociles. Mais bon, c'est une idée parmi tant d'autres, continuons de réfléchir et en attendant, parle moi un peu de tes compétences, j'ai cru comprendre que tu étais un mage ?

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Eldrad, Melkiot

a serveuse s'exécuta sans mot dire, servant les deux verres puis continuant sa tournée dans la salle. Elle ne prit pas la peine de s'arrêter à la table des nains, dont la surface horizontale avait déjà du mal à contenir autant de bières. Ils discutaient du déroulement de la mission et de la manière dont ils allaient s'y prendre. Effectivement, l'approche était ardue, et méritait réflexion.


Geodas

'ensorceleur avait été contacté par son ami Eldrad dès le premier soir de son arrivée. Les deux compères avaient gardé un contact régulier, bien que parfois espacé, depuis qu'il s'était quittés il y a quelques années de cela. Résidant à Teziir, il n'avait pas fallu plus de deux jours à Géodas pour rejoindre Eldrad à Elversult. Et voilà qu'il faisait son entrée dans l'auberge de la Roulotte, refermant les deux montants de la porte de bois qui laissèrent entrer une courant d'air frais.

Il se tint debout un instant pendant que ces yeux s'habituait à la relative pénombre du lieu - la clarté extérieure à ce moment du jour était réellement aveuglante -. Il ne tarda pas à repérer son ami attablé avec un autre homme, tout deux en plein repas, alors qu'une serveuse les quittait tout juste. Ils étaient à côté du comptoir et non loin d'une troupe de trois nain qu'on ne pouvait ne pas remarquer.


Eldrad, Melkiot, Geodas

e patron était derrière le comptoir, servant les bières du tonneau et les distribuant aux serveuses qui les prenaient à même les mains, par paires ou plus. Une serveuse nommé Ida s'approcha à son tour et quelques clients clamèrent son nom en tapant leurs choppes sur les tables. Elle avait un beau visage, ses lignes étaient douces et son sourire ne faisait apparaître aucune plissure encore. Elle portait une robe colorée, rouge, verte et bleue, avec quelques dentelles ici et là. Cette robe était large aux hanches et serrée à la taille et ne cachait pas un léger embonpoint qu'un corsage lacé avait l'agréable tendance à déplacer vers le haut. Probablement habituée au service - vue la poigne qu'elle s'apprêtait à exhiber -, elle empoigna par la hanse quatre bières dans chaque main et en plaça en équilibre encore une au dessus. Dix bières en tout, pintes ou masses - l'équivalent de un litre de boisson - : pas moins de sept kilo de verre et de boisson dans chaque main. Les quelques clients qui l'encourageaient l'instant d'avant explosèrent alors en applaudissements et exclamations pour la féliciter de son service pour le moins efficace.

Melkiot but une gorgée de vin et reposa le verre sur la table.
*Ouais c'est ce que je pensais , pas fameux.* Il regarda Eldrad et lui répondit :
"Oui, je suis mage, mes compétences sont donc toutes issues de la magie, j'ai beaucoup étudier les arcanes, j'avais un maître qui m'a beaucoup appris."

Il cacha sa spécialité, comme lui disait son ancien mentor, il ne faut pas révéler ses atouts ou ses faiblesses tout de suite, autant garder l'effet de surprise. Il regarda du coin de l'oeil la serveuse qui venait de prendre son service, tout le monde l'applaudissait pour ce qu'elle venait de faire, en la voyant de plus près il se dit qu'elle serait encore plus belle en squelette portant le même plateau avec ses bières, cela aurait un effet comique des plus agréables. Il sourit en la regardant puis revint sur Eldrad tout en essayant de détourner la conversation.
"Et toi, c'est quoi ta spécialité ?"

Eldrad écoutait Melkiot se présenter lorsqu'un brouhaha couvrit le reste de ses paroles.
Il jeta alors un regard en direction du comptoir, d'où semblait venir toute cette effervescence.
Apparemment les clients encourageait une serveuse au prénom d'Ida, c'est en tout cas le prénom qu'ils scandaient tout en frappant leurs tables de leurs choppes.

¤ Ces humains et leurs coutumes grotesques...c'est pitoyables...¤

Il se mit pourtant à observer ce qui allait se passer, sa curiosité prenant le pas sur son dégout des humains.
La serveuse se mit à empoigner les choppes avec ses mains jusqu'à en tenir une dizaine à la seule force des poignets.
Il ne put s'empêcher de se demander à quoi cela pouvait bien lui servir mais apparemment cela suscitait l'admiration des clients, qui explosèrent en applaudissements et congratulations de toutes parts.

¤ Quand je disais qu'ils sont complétements stupides...¤

Il se tourna alors de nouveau vers Melkiot pour lui demander de répéter ce que celui-ci lui avait dit, le bruit ayant couverts le son de sa voix. Quand soudain, un léger rayon de lumière frappa son œil et lui fit tourner la tête en direction de l'entrée.
Son visage se fendit d'un large sourire et sans plus attendre, il se leva, ne montrant plus la moindre attention envers Melkiot.
Il venait de reconnaitre son ami Geodas, qui venait de franchir le seuil de l'auberge.