Mission en eau trouble, Une petite croisière dans les Îles

Vingt-et-unième jour de la Griffe du Couchant de l'année des Dragons Renégats (21 Ches 1373)
16h25
Auberge du Soleil de Minuit
12°C
Pluie soutenue

Il fallut à Xedar jouer des coudes pour réussir à fendre la foule avant de se retrouver dehors. Sans surprise, l'étrange gnome inconnu avait disparu sans vraiment laisser de traces. A cause de la pluie, il n'y avait pas grand monde dans la rue pour lui indiquer la direction à suivre. En fait, seul un demi-elfe accompagné de ce qui ressemblait à un loup se trouvait à proximité de lui et ce fut donc tout naturellement que les pas du magicien se tournèrent vers Belgos. Il répondit de manière concise et précise indiquant de l'index la direction que venait de prendre le fuyard.

-Oui. Il est parti dans cette direction.

Xedar quitta la compagnie du Frère-Aigle en courant dans la direction qui lui avait été indiquée. Celui qu'il essayait de rattraper devait avoir plus d'une minute d'avance sur lui maintenant et il devait connaitre mieux que lui les environs. Sa poursuite ne s'amorçait donc pas sous les meilleurs auspices. Heureusement, la ruelle ne semblait pas comporter la moindre porte ou le moindre embranchement réduisant d'autant les doutes de Xedar sur la direction à suivre. Il finit par arriver dans un cul-de-sac dont la seule issue étqit une porte entrouverte et qui étaient jonchées de meubles détruits. Le magicien stoppa toutefois sa course car celui qu'il cherchait se trouvait devant lui, au centre de l'espace libre, une épée courte en main.

Maintenant qu'il pouvait le voir de plus prêt, Xedar se dit qu'il venait peut-être de mettre la main dans un grand pot de confiture de danger. Le gnome n'était pas beaucoup plus grand que lui mais il était largement plus athlétique. Mais son visage était ce qui attirait l'oeil. Il était évident à voir le reflet dans ses yeux qu'il n'hésiterait pas à blesser le lanceur de sort si celui-ci le laissait faire. Et la large cicatrice autour de son oeil gauche montrait qu'il n'était pas lui-même du genre à se laisser faire.

-Je ne sais pas qui tu es, l'ami, mais tu as intérêt à avoir une sacrée bonne raison de me suivre.

Il le suivait de ses petites pattes et du mieux qu'il pouvait. Puis patatra, le cul-de-sac et l'homme devant lui, lui faisant face. Arrêt immédiat du gnome et analyse assez rapide de la scène. Il semblait pas commode en face mais bon, c'était un gnome et les gnomes étaient gentil entre eux. Oui pour ceux qui n'était pas au courant, Xedar avait pas franchement vu grand monde du monde et à part les gnomes de chez lui ben, il en avait quasiment pas vu.


-Heu...ben en fait, vous m'avez intrigué, je vous ai vu mettre des pièces d'or dans une urne qui d'habitude réceptionne que les pièces de cuivre et pièces d'argent. Vous connaissiez la dame ?

Et comme il avait quand même pas l'air commode, malgré le fait que ce soit un gnome, Xedar réfléchissait aux solutions qui s'offraient à lui si jamais l'individu se jeter sur lui. Ses pouvoirs de gnome il ne fallait pas y penser, ça n'allait pas prendre sur un semblable. Rester ses sorts, mais bon il avait pas grand chose. Un petit tour rapide dans sa mémoire et il se dit que si jamais l'homme tentait d'attenter à sa vie, il pourrait alors mettre un peu de graisse entre lui et le gnome. Il regarda avec attention les meubles détruits par terre, un bout de bois avec des clous dépassant pouvait aussi faire un bon moyen de défense.

Vingt-et-unième jour de la Griffe du Couchant de l'année des Dragons Renégats (21 Ches 1373)
16h25
Ruelle proche de l'auberge du Soleil de Minuit
12°C
Pluie soutenue

Le gnome ne rengaina pas son arme tout de suite. Il essayait de percer du regard Xedar et il s'en sortait plutôt bien. Le lanceur de sort semblait aussi honnète que naïf dans sa réponse et, si cela n'était pas la preuve qu'il n'était pas dangereux, cela suffit à faire que le gnome relâche un peu sa tension. Il garda malgré tout la main sur la garde de son arme et il resta à distance prêt à réagir avec toute la prudence qui était la sienne habituellement si cela s'avérait être un piège. C'est sur un ton sarcastique, et donc non dépourvu d'humour dans sa moquerie, qu'il lui répondit.

-Je vois qu'il est malvenu de se montrer généreux. Je promets de ne pas me ruiner pour tes funérailles si cela peut te rassurer. Mais dire que je connaissais la dame est un peu exagéré. Nous partagions des intérêts communs et nous devions travailler ensemble, voila une description plus appropriée. Je venais la prévenir de prendre garde car elle avait été découverte mais il semblerait que j'ai été trop lent. Il avait un petit sourire triste lorsqu'il prononça la phrase suivante. Quand on fait sa fortune en vendant des êtres pensants, je suppose qu'on n'a pas trop de scrupules à assassinner une innocente de temps en temps.

Il s'apprêtait à repartir mais il stoppa son mouvement presque aussitôt. Tout en se grattant le lobe de l'oreille gauche, il grimaça quelques mots supplémentaires.

-Je ne veux pas te faire peur mais tu as une tête inconnue par ici et je ne suis pas le seul à savoir que tu connaissais Goëwin. Donc tu ferais mieux de fuir tant qu'il est encore temps ou au moins de faire profil bas pendant quelques jours. Ou de te trouver quelqu'un connaissant les ficelles de la ville pour éviter de finir avec une dague en travers de la gorge ou comme nouveau lot à acheter sur le marché de Port-Crâne.

¤ C'est ça tu peux toujours causer, n'empêche que donner des sous et se carapater en vitesse c'est plus qu'étrange.¤

Un tas de question se bousculaient dans sa tête. Xedar avait trouvé un fil sur lequel tirer. Mais il devait néanmoins rester sur ses gardes, l'homme en face pouvait tenter de l'endormir pour mieux le poignarder, qui sait c'était peut être lui qu'il l'avait tué et il aurait dans ce cas à se débarrasser du magicien.

- Vous deviez travailler ensemble ? Sur quel sujet ? C'est dangereux ? Vous étiez que deux à travailler dessus ? Des gens ne voulaient pas que ce travail soit fait ?

Il fit un pas en avant.

- Vous dites que vous n'êtes pas le seul à savoir que je connaissais Goëwin, vous me connaissez ? Qui d'autre me connait ?

Oui cela l'intriguait, si l'on savait qu'il connaissait quelqu'un, c'est donc qu'on le connaissait lui. Surtout que le gnom avait commencé par dire qu'il ne savait pas qui il était. Ho oui ça semblait fort alambiqué que tout ceci. Il refit un pas en avant.

- Quelqu'un qui connait les ficelles de la ville, c'est vous ça ?

Dit il avec un grand sourire. Car l'homme avait raison, il ne connaissait ni la ville ni aucune personne qui y était et pour s'y mouvoir mieux valait ne pas être seul, d'autant plus quand il semblerait que sa vie soit en danger. Prudence, prudence.

Vingt-et-unième jour de la Griffe du Couchant de l'année des Dragons Renégats (21 Ches 1373)
16h45
Auberge du Soleil de Minuit
12°C
Pluie soutenue

Le gnome retint un ricanement aux questions de l'innocent Xedar. Mais sa candeur a du quelque part toucher une fibre plus douce. Il agita son arme sous le nez de son suiveur, comme eut fait une mégère qui gronde un garnement Écoute au lieu de raconter n'importe quoi, il est important que tu fasses profil bas. Goëwin est mêlé à une sombre histoire de racket, et qui aujourd'hui va même au-delà. Aujourd'hui tout ceux qui entrent dans ce quartier sont surveillés de près, et leur mode de message est très efficace... Le gnome s'arrêta un instant, posant la pointe de son arme sur son menton réfléchissant puis continua d'une voix plus basse Même si je n'ai pas encore trouvé comment. Si tu entends le nom Fraternité des Sept, prend les jambes à ton cou. Si tu loges à l'auberge du Soleil de Minuit, va donc faire un tour du côté du pigeonnier dans la cour du fond, et va dire à Mygmol qu'elle ne viendra plus. Maintenant lâche moi la grappe. Je te trouverais si besoin !

Laissant Xédar à son sort, le gnome passa à côté de lui, jeta un regard avant de s'enfoncer rapidement dans les venelles du quartier, laissant le mage pratiquement sur place. Il avait apprit quelques petites choses, et avec un peu de chance et beaucoup d'intelligence il se trouverait la voie à suivre

La porte du fond révéla en effet une sorte de patio avec quelques parterres contenant ici un jardin où poussaient des légumes, là une belle collection d'épices. Des allées conduisaient vers le fond où se dressaient quelques arbres
Au-delà sur le mur qui fermait cette cours des niches grillagées qui devaient faire office de pigeonnier. C'est après avoir dépassé ces arbres que Belgos découvrit sur sa droite un petit bâtiment en bois, une sorte de cabanon bâti dans un des coins que formait l'enceinte de pierres. Sur le porche couvert d'un toit de chaume, un homme humain finissait de plumer un pigeon. D'un geste précis, il entailla le pigeon, enleva les entrailles qu'il mit dans une bassine à côté et embrocha la volaille qui prit sa place aux côtés d'autres sur la broche. La cheminée du cabanon lançait des nuages de fumées alors qu'une odeur de grillé embaumait les jardins.

Son visage carré n'exprimait aucune émotion particulière, il était entièrement concentré sur sa tâche. Il portait des vêtements simples dans les tons verts et marrons. Une sorte d'écharpe autour de ses épaules qui devait sans doute servir à un capuchon en dépliant le tissu, était retenu par une broche que le membre de la compagnie des marches reconnu. Ses pieds chaussés de simple sandales étaient tâchés de sang supposé des bêtes qu'ils étaient en train de nettoyer où collait quelques plumes douces et blanches. Plus loin au mur, le pigeonnier vide à l'exception de deux niches où des bêtes blessées essayaient de survivre aux soins prodigués par leur gardien. Enfin il leva des yeux sombres sur le couple qui l'approchait et d'une voix froide l'homme déclara

- C'est fermé, allez-vous en !

Dans le cabanon Belgos vit s'agiter une petite ombre. Un visage mutin apparut sur le pas de la porte, encadré de boucles blondes, de grands yeux verts dévisageaient les nouveaux-venus. La petite fille était habillée comme son père et ne devait pas avoir plus de cinq ans. Elle posa un regard émerveillé sur Sherkhan alors que sa bouche rose s'arrondit en un ho muet.

Bien évidemment, Belgos passa outre l'ordre qu'on venait de leur intimer. Il regarda dans un premier temps l'inconnu qu'il devina être Mygmol avec une expression qu'il voulait aussi amicale que possible, puis se mit à parler, lentement, distinctement, d'un air assuré. Non pas en direction de l'adulte mais dans celle de la petite fille

- On dirait bien mon ami que tu fasses impression sur cette jeune demoiselledit le demi-elfe en direction de son loup, il mit un genou à terre, fixant en souriant l'enfant. Il parlait assez distinctement pour que l'adulte puisse l'entendre aussi." Heureux de te rencontrer, Je me nomme Belgos Dalaèl de la Compagnie des Marches et voici Sherkhan, un fidèle compagnon. Tu peux t'en approcher tu sais, il se peut que tu deviennes son amie."

Il termina sa phrase par un clin d'oeil tout en se relevant. Cette fois, il s'adressa directement à l'homme derrière qu'il devinait n'avait manqué aucun de ses faits et gestes. Il alla droit au but

- Mygmol, je suis ici en ami , comme il se doit pour tout frères et sœurs des marches quand un des leurs se trouve dans la difficulté ou doit faire face à l'adversité.

Tout était dit, il ne restait plus qu'à attendre. Sherkhan lui s'assit aux pieds de Belgos, la tête légèrement penchée alors qu'il observait la petite fille.

On pouvait pas dire qu'il était bavard en face, mais Xedar sentait bien qu'il avait pas envie de trop en dire et qu'il ne pourrait de toutes façons pas lui en faire dire plus. Il le remercia donc d'un sourire et prit bonne note de ses paroles.

Puis direction le point de départ, l'auberge du Soleil de Minuit, marche assez rapide et en regardant tout autour de lui affichant un regard inquiet. Il ne voulait pas subir le sort de Goëwin.

Arrivé à l'auberge il demanda une chambre qu'il régla de suite si une était disponible. Puis ceci fait, il suivi les indications du gnome et alla dans la cour du fond.

Traversant les jardins, il alla vers le fond jusqu'au mur ou reposait les niches grillagés.

Du mouvement vers la droite, deux hommes, une petite fille et un loup.


¤ Mygmol ? ¤

Puis il traduisit sa pensée.

- Excusez-moi, l'un de vous est il Mygmol ?

Vingt-et-unième jour de la Griffe du Couchant de l'année des Dragons Renégats (21 Ches 1373)
17h
Auberge du Soleil de Minuit
12°C
Pluie faible

La petite fille n'eut nul besoin d'encouragements pour s'approcher du loup. Mygmol ne semblait pas mal à l'aise, et son regard s'était éclairé lorsque l'elfe déclina son identité. Il se leva et se lava les mains dans la bassine d'eau avant de les frotter sur ses pantalons tout en l'invitant à venir
- Heureuse rencontre Belgos, je suis Mygmol frère-Rat. Je fus prévenu de votre probable passage, et je suis heureux que vous ayez trouvé la bonne porte. Comment va ce vieux Rodolph ? Venez vous abriter de ce crachin, au moins la pluie semble cesser. La question posée d'un air presque négligent, était typique d'un agent des renseignements qui malgré le fait qu'il avait peu de doute sur l'identité de son visiteur, voulait quand même s'assurer du bien-fondé des déclarations. La petite fille ne se fit pas prier, elle avança vers Sherkhan les mains tendues, instinctivement comme pour montrer qu'elle n'avait rien à cacher et doucement caressa le poitrail du loup, en murmurant : que tu es beau... C'est maman qui va être contente de te rencontrer, je sais qu'elle aime les loups aussi, elle m'en parle souvent parceque papa il était dans la forêt et... Et la petite fille de raconter toute son histoire à son nouvel ami, qui remuant des oreilles semblait faire un excellent auditeur.
Mygmol sourit à l'enfant brièvement et expliqua sa présence : c'est la fille d'une amie très chère, amie d'ailleurs qui a œuvré pour notre cause. Je l'attends d'un moment à l'autre. Elle va nous apporter des informations qui confirment nos crainte, j'en ai bien peur... Le regard de Mygmol se figea soudain au-delà de Belgos...

Xédar déboula sur une scène presque paisible, si ce n'est le tas de pigeons morts, déplumés et prêt à être rôtis. Les deux hommes semblaient plongés dans une conversation et ne l'ont probablement nullement entendu arriver. Son regard heurta celui de l'homme aux sandales, alors qu'il posait la question. En une fraction de seconde, une dague apparut dans la main de l'un des deux hommes, qui sans tarder bougonna entre ses dents serrées : Ça dépend de qui le demande... Ses yeux s'étaient dangereusement assombris alors qu'il continua sur le même ton Pas âme qui vive depuis trois jours et voilà qu'on déboule ici comme sur la place d'un marché !

Xédar avait manifestement des explications à donner et au vu de la dague luisante dans la faible clarté, des explications rapides et bien fournies

¤Non mais ce n'est pas possible, c'est quoi tous ces gens en ville qui se sentent agressés dès qu'on veut leur parler, il y en a marre à la fin !¤

Oui après un gnome et une épée courte voilà l'humain et la dague. Il avait une si horrible tête que cela ? Il fit donc un grand sourire espérant ainsi amadouer la personne.


- Je dois donc en déduire qu'il s'agit de vous.

Continuant de sourire. Oui ça faisais un peu masochiste, face à la menace un grand sourire bienveillant.

- Vous pouvez ranger votre dague, vous avez vu ma taille ?

Oui c'était quand même un argument bidon et il le savait d'autant plus qu'en temps que magicien la force physique n'était pas sa seule arme. Et oui dire que son physique est une force est peut être un peu prétentieux. Mais quoi qu'il en soit.

- Je viens vous dire qu'elle ne viendra plus. Elle c'est Goëwin.

Son visage mit en place une moue interrogative. Non pas qu'il ne comprenait pas la phrase, il savait très bien pourquoi elle ne viendrait plus, mais il ne savait pas pourquoi lui dire ça à lui.

Rodolph? Il était inutile de chercher plus loin, Frère Aigle esquissa un sourire.

- Rufus Marbelk se portait bien à mon départ du Bastion tout comme ce cher Théodus bien que je sois parfois à mille lieux de saisir toutes le snuances de son humour si particulier. Bref, vous m'intriguez Mygmol, quelle est la nature de ses craintes? interrogea le vétéran de la Compagnie avant de lâche laconique:"J'ai quitté Sundabar il y a bien des décades sans la moindre nouvelle du Bastion, il me tarde de retrouver les nôtres mais si un danger menace la Compagnie je ferais en sorte de vous épauler ou le cas échéant de rapporter au plus tôt à nos supérieurs ces craintes et la moindre information susceptible de renseigner la Compagnie.

La phalange du rat étaient les spécialiste en renseignements en matière urbaine de la Compagnie dans les marches d'argent. Belgos ne connaissait que très peu les activités liées à cette unité mais il connaissait leur réputation et leur dévouement à la Compagnie et aussi la valeur des renseignements récoltés, pour le meilleur et pour le pire. Et là fit interruption le gnome qui ne permit pas à Belgos de poursuivre. Il laissa son hôte conduire la conversation avec le nouveau venu tout en suivant avec attention les échanges.