La Voie du Papillon, Chapitre 1 : La jarre d'Anésidora

La Voie du Papillon.

Une fin impromptue


Finalement, les trois hommes encore debout dans la pièce se retrouvèrent tous au niveau des gisants. Elzear le maudit et ses deux compagnons ne purent que constater le décès du courageux Garlin. Son âme déjà dans le domaine des dieux, tout soin sur son cadavre était désormais inutile.
Cependant ils trouvèrent quelques réconforts imprévus. La femme Aasimar, ancienne esclave du Cerf infernal, était sur le point de rendre son dernier soupir mais pouvait encore être arrachée des griffes de la mort. De même Aldaril respirait toujours et son état ne semblait pas encore critique.
Bien sûr, la présence endormie et gémissante de la jeune Ralween qu'ils étaient venu sauver était aussi un symbole fort. L'objectif était atteint et le démon qui habitait ces murs ne nuirait plus jamais.
Avec l'assistance des deux humains, les soins magiques de l'elfe permirent de stabiliser les deux blessés, et alors que Shamar et lui fouillait la pièce, il se souvint d'un conte qui évoquait la lycanthropie et sa propagation. Dans cette histoire, les enfants du "garou originel" ne transmettait pas la maladie, ce qui avait permit aux villageois de contrôler l'infection en tuant le père... ou quelque chose de ce gout là. Dzahim se rappela d'un conte similaire, mais sa version se finissait beaucoup moins bien et il la garda pour lui.

La découverte, sous l'autel, d'un petit coffret noir scellé et légèrement rougeoyant vint mettre fin aux recherches. Et alors que tous se demandaient quoi faire des blessés et du coffret, Eloïdine entra dans le monument.
Sa démarche décidée et ses yeux rougies indiquaient clairement qu'elle connaissait déjà le destin de Marcin. Elle se racla la gorge et réussit néanmoins à garder le contrôle de sa voix alors qu'elle prenait la parole :

-Peu après votre départ, la confrérie m'a fait parvenir un message. Je voulais vous en informer avant...

Elle prit une grande inspiration, et sans finir sa phrase tendis un parchemin humide à Dzahim avant de faire un aller-retour à l'extérieur d'où elle ramena plusieurs montures. L'une d'elle transportait déjà le corps du paladin.

Le parchemin ne contenait que quelques mots :

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

L'Assemblée n'est plus.

Alors que tous les poids morts, vivants ou non, étaient chargés sur les montures, la jeune femme dit encore:

-Je les ramènent chez eux, votre aide serait la bienvenue mais je ne veux pas vous forcer. Nous pouvons nous séparer une fois revenus auprès des enfants, le choix est votre.

Et sur cette affirmation, elle prit la monture qui portait son amant et se dirigea vers la sortie.

e Thayen était sous le choc. Tout ce départ précipité, cette fureur pour rien. L'assemblé s'était évaporée à peine un jour après les avoirs embauché. Sans doute était-ce lié au départ de Volan, et tout le complot autour de cette caravane une diversion pour les laisser croire que leurs ennemis étaient ailleurs.

Ou alors, les dés avaient été jeté il y a bien longtemps avec la disparition de cette « papillon ». Et l'expédition lancée beaucoup trop tardivement. Une chose était sure, il n'avait plus d'employeur. Soupirant d'agacement, le Thayen fit passer le papier à ses hommes. Au final, ce diable de Volan avait tout de même gagné. Enfin partiellement.

Le Thayen posa un œil sur les blessés, l'ancien marchand d'esclave y vit des gens faibles, l'humain y ressentit un soulagement de voir des compagnons en vie, sa promesse accomplie, et le mélange des deux qu'était Dzahim était troublé de voir ces deux sentiments se disputter.

Il était par ailleurs particulièrement navré pour Eloïdine, qui l'avait aidé comme cela. Presque sur un coup de tête, et répondu à son appel. Et dans l'affaire, elle n'avait fait que perdre un être cher. Encore une fois partagé dans ses émotions, entre ce que son éducation lui faisait voir et ce qu'il ressentais réellement. Il hésita, puis, quelque chose en lui pris le dessus. Il se dirigea vers la jeune femme et avec délicatesse (un art à Thay) posa sa main sur l'épaule de la rôdeuse.

- Il a combattu vaillamment. C'est la traîtrise d'une de nos hommes qui l'a fait tomber, aussi, je suis en votre dette. Ce point mis à part, puisque je n'ai plus vraiment de mission, je vais personnellement vous suivre pour raccompagner les blessés. Cependant, mes hommes, réunit par l'assemblée, seront pour chacun libres de choisir leur chemins. »

Une fois cela dis, il s'écarta sans attendre de réponse. Plus par peur de ses propres émotions que par calcul à vrai dire. Il assista ensuite les derniers préparatif. Et consulta Shamar et Elzear sur la route qu'ils comptaient suivre une fois la famille Aasimar rassemblée.

Il aurait fallu une pipe. Son maître disait toujours qu'en cas de coup dur, tirer sur une bonne pipe avait un effet des plus relaxant. Mais à défaut, il se contenta de s'assoir au bord de la table.
Il était perdu. C'était sa première compagnie et il avait déjà vu mourir d'honorables compagnons, de la main d'un traître. Et puis la chute de l'Assemblée. Oh, certes, il était arrivé tard et il n'avait que peu d'intérêt pour cette organisation, mais il doutait de voir jamais sa prime maintenant. Au moins, dans la nature on voyait venir les choses, cette événement lui semblait complètement inexplicable.

Il retroussa le cuir de son armure pour examiner sa blessure... Ce n'était pas propre, et il n'avait pas suffisamment de talent pour la nettoyer proprement, il lui fallait donc retourner en ville.

- Pour ce qui me concerne, j'espère que ton compte dit vrai Elzear, mais je vais essayer de trouver un apothicaire ou quelque chose comme ça... Je vais vous suivre également. Et puis, j'ai ma propre quête, mais tant que le chemin ne s'éclairera pas... et bien je ne crois pas que laisser Volan dans la nature soit une idée brillante.

Il récupéra ensuite son arc sur le champ de bataille avant de s'approcher à nouveau du cadavre du cerf-garou. Sa puanteur faisait déjà frémir ses narines. Il fouilla pour vérifier qu'il n'y avait rien d'important à récupérer puis :

- Ne devrions nous pas le brûler ou, que sais-je ? Non pas que je veuille absolument lui offrir des funérailles mais mieux vaudrait éviter un quelconque problème...

Jet de fouille sur le cerf-garou (je ne sais plus si ça à déjà été fait )

L'elfe maudit fit la mou devant tant de dépit et de résignation, décidément ces humains portaient la poisse. Le silence était pesant et les esprits lourds, tout ce qui déplaisait au danseur aux oreilles pointues. Ainsi, sans mots dire et sans chercher à récupérer des objets qui seraient forcement de mauvaise augure en ce lieu, il leva un bras et déclara calmement :

-Messieurs j'ai été ravi de faire votre connaissance, et sachez que j'ai mis tout mon courage et mon savoir faire dans cette aventure, même si les résultats ne sont pas à la hauteur de ce que j'escomptais. Je pense que vous serrez assez pour raccompagner les blessés, et je m'en vais suivre ma route. Je sais au fond de moi qu'ici n'est pas ma place, ou du moins pas la bonne.

Je vous souhaite bien du courage et une longue vie.

Tout en disant celà l'elfe se dit qu'il pourrait être mal interprété, vu que lui n'aurait même pas changé de génération quand ceux ci seraient déjà six pieds sous terre. Mais il n'y avait aucune ironie dans son propos, juste une maladresse de barde. Il ajouta promptement, histoire de changer de sujet.

-Si j'étais vous je laisserait tout ça ici, sans toucher à rien, les bêtes sauvages, insectes et charognards feront très bien le travail. Mais c'est vous qui voyez bien sur.

Puis il fit quelques pas de danse, qui voulaient dire "au revoir" en langage du corps, puis prenant son sac sur son dos il quitta le lieu pour partir vers son nouveau destin, qui espérait-t-il serait plus reluisant !
Il repensa au gnome qui l'avait engagé et tous ce qui avait été dit, ce vieux barbu aveugle sur la place de la ville et ses mystérieux conseils qui n'avaient pas eut de suites ... La vie était bien étrange parfois, heureusement elle était longue ! Il s'en passerait bien d'autre afin d'oublier ce vilain épisode.