L'étrange tour, mission Mjöllnir, Gweadal

début de l'aventure

Narration

Si le récent moine du monastère avait déjà eu froid, ce n'était rien en comparaison de ce qu'il allait subir ici. Froid n'était pas vraiment le terme adapté en ces contrées. Les basses températures étaient un ennemi ici. Un ennemi implacable, toujours présent, sournois et mortel. Mais Mjöllnir en avait vu d'autre. A peine en dehors du monastère, il chercha à se repérer. Le manteau blanc qui recouvrait tout le paysage environnement ne facilitait pas sa tâche mais par chance les deux pics sortaient tels deux pointes dressées vers le ciel. Ils étaient visibles de n'importe quel endroit de ces collines et même des plaines les plus basses. Il avait déjà une direction sûr à prendre et à suivre, ce qui était autant de gagné. Il se mit en route, fendant la neige de ses puissants pas, en subissant tout de même les efforts supplémentaires à fournir pour avancer.
Il lui semblait avoir marché déjà des heures, deux rapaces volaient haut dans le ciel tournant en de larges cercles dans le ciel. Il garda un œil sur eux tandis qu'il poursuivait sa progression régulière quoique ralentie. Il s'aperçut qu'au bout d'un moment, les prédateurs se rapprochaient imperceptiblement de lui, décrivant un parcours centré sur lui. Les deux pics semblaient toujours aussi lointain et il n'atteindrait la tour que dans deux jours au mieux. Les rapaces toujours se rapprochaient, quand l'un deux plongea brusquement dans sa direction. Il se retourna prêt à affronter l'oiseau quand il se rendit compte qu'il n'était pas la cible. A une centaine de mètres derrière lui à l'abri d'un relief, ce qui s'apparentait à un aigle mais d'une envergure exceptionnelle, avait attrapé quelque chose. Un cri se fit entendre alors que l'oiseau de proie l'emportait au loin. En fait, en écoutant attentivement il entendit plusieurs cris. Trois ou quatre a priori, mais sans parvenir à les identifier. Le deuxième rapace fonça vers le sol au même endroit et emporta également la même petite créature. Mais la distance ne permettait pas au nain de voir de quoi il s'agissait. Tout ce qu'il voyait c'était de petites créatures, hurlantes pour lesquelles un triste sort les attendait.

Mjöllnir se retenait de rire et aurait sans doute insulté joyeusement les deux rapaces, les invitant à revoir leur folle idée que de ridicules charognards pourraient se repaître de son corps … s’il n’avait pas fait aussi froid et qu’il risqua de découvrir sa bouche au baiser d’Aurile ou la claque d’Ulutiu.

La neige avait beau avoir son poids, elle ne parvenait pas pour autant à refroidir l’ardeur du vigoureux. Elle lui faisait penser aux enfants de son clan qui jouaient à s’accrocher à ses bottes pour tenter de l’arrêter et éclataient de rire, sans la moindre retenue, quand la force des jambes musculeuses les faisaient quitter le sol. Des souvenirs heureux, lointain, de neveux et autres petits cousins qui n’hésitaient pas plus à lui tirer la barbe en poussant des petits « Ni ! Ni ! » d’essayer de le nommer.
Les cris des créatures étaient proches … à l’oreille seulement … et la chaleur de ses souvenirs s’évanouit quand il se rendit compte que ceux-ci devaient être de détresse.

Le Nain s’élança alors, de toute la vitesse que lui permettait la couche de neige, prenant soin de suivre autant que possible le chemin qu’il avait emprunté pour éviter quelque congère et profiter du chemin déjà tracé. Deux créatures avaient été emportées, au son il devait y en avoir plus, et Mjöllnir était bien disposé à les défendre contre les volatiles.

A travers les nuages qu’il soufflait avec force dans sa course effrénée, le moine cherchait à identifier agresseurs et agressés. D’oiseaux géants, il connaissait les corbeaux, montures des barbares du clan du même nom. Mais pas d’aigles …

Aussitôt dit aussitôt fait. Mjöllnir repassa sur ces traces pour voir de quoi donc les rapaces avaient bien pu se saisir. Arriver à l'endroit qu'il jugeait être celui où tout s'était déroulé, il ne vit personne. mais en observant attentivement les traces dans la neige encore fraîche, il remarqua d'étranges traces de pas qui partaient dans toutes les directions possibles. Il lui était très difficile de savoir combien decréatures avaient été impliquées dans cette histoire mais elles étaient nombreuses. Enfin nombreuses moins deux pour être exact. Les traces de pas ne lui apprirent rien quant à la nature des créatures non plus. Seule une plume d'un des oiseaux de proies s'était détachée comme pour témoigner de la scène qui s'était passée il n'y avait que quelques instants.
les créatures survivantes ne devait pas être très loin et les retrouver ne devait pas être très difficile. Il n'y avait qu'à suivre la piste de leur pas dans la neige, mais en avait-il le temps ? A en voir la rapidité avec laquelle elles avaient détalée, il serait étonnant que cette course poursuite ne prenne pas du temps.

- Voilà qui n’est pas très malin ! Revenez ! Ils sont partis !

Mjöllnir se gratta la barbe une seconde seulement, le temps de faire le point et de choisir entre les deux solutions qui s’offraient à lui. Devait-il poursuivre sa route comme si de rien n’était pour gagner un temps qu’il avait cru comprendre précieux ou préférer la voix de la prudence qui certes lui couterait quelques instants mais pourrait lui en faire gagner beaucoup plus en lui permettant d’éviter d’autres problèmes ?
Un groupe important de créature dont il ne savait rien s’était trouvé suffisamment près de lui dans une immensité blanche ou le hasard ne devait créer de rencontre et avait été attaqué par une créature qui pourrait très bien choisir d’en faire son repas à la prochaine occasion.
¤ J’voudrais bien voir ça d’ailleurs … ¤

Il devait en savoir plus, absolument et sans aucun doute ! Le vigoureux se remit en route, la plume à la main, aussi rapidement que le suivi des traces de pas dans la neige le lui permettait. La peur la plus primale, de la proie face à son prédateur les avait fait fuir, cette course déraisonnée serait moins rapide qu’une course poursuite, le moine en était persuadé et était prêt à se le prouver lui-même.
¤ Même si j’sais rien faire pour eux, hors de question de n’pas savoir ce qu’ils sont et c’qu’ils font là … Pas pour juste une centaine de mètres de distance ! ¤

Il avait une mission cruciale à remplir mais il devait garder la tête aussi froide que cette neige autour de lui et ne pas confondre vitesse et déni du reste du monde. Les choses s’imbriquaient trop souvent dans un entremêla où chaque chose à son importance et déteint sur le reste que pour ne pas en tenir compte.

Narration

Trop curieux de connaitre les raisons de ses poursuivants à son encontre, Mjöllnir choisit de suivre une des traces que les créatures avaient laissé dans la neige. Il remarqua immédiatement que les empreintes étaient plus fines et moins grandes que ses propres pas. Suivre une telle piste ne relevait guère de l'exploit. Un enfant aurait pu la suivre sans le moindre problème. Il déboula dans une petite zone de reliefs plus ou moins prononcés dans laquelle les traces se dirigèrent. Il scruta du regard chaque recoin des cachettes potentielles qui se présentaient devant lui, sans rien voir de particulier. Il se demandait ce qu'il allait décider quand une pierre de fronde fila dans sa direction sans l'atteindre toutefois. Il eut juste le temps de voir une toute petite créature filer derrière les reliefs et disparaitre. Tout juste après une seconde pierre vola vers lui et faillie le toucher. C'était sans compter les réflexes du nain qui esquiva gracieusement le projectile. Il y a avait deux tireurs distinct au moins. Restait maintenant à mettre la main dessus.

- Non mais ?! Petits vauriens ingrats ! J’essaye d’vous aider et v’là qu’vous m’envoyez des pierres ? C’est une légende ridicule colportée par les Hins, les Nains n’mangent pas d’caillou !

Mjöllnir n’était pas prêt à se prendre une pierre perdue pour le plaisir des petites créatures, il était trop tard pour faire marche arrière et leur tourner le dos. Faisant face à l’endroit d’où ils avaient dû tirer, il se décala de quelques pas de côté, vers la gauche, pour essayer de les repérer et reprit d’une voix forte, espérant que ses agresseurs parlent le commun : - "Je n’vous veux aucun mal, juste vous proposer d’vous accompagner si nous allons dans la même direction et d’nous protéger l’un l’autre autant qu’possible de ces oiseaux de malheur. Sortez donc d’votre cachette, on a tous mieux à faire que de jouer à ça."

Une idée qu’il trouva assez amusante que pour le faire sourire malgré la contrariété face à cette perte de temps lui caressa l’esprit et se baissant lentement, il saisit de ses gants puissants deux pleines poignées de neige qu’il serra pour en faire une boule compacte. Au prochain caillou volant dans sa direction, il répondrait par sa boule de neige qui, à défaut de blesser, devrait au moins surprendre les inconscients.

Sa quête faisait remonter un à un, par le plus grand des hasards, des souvenirs enfuis depuis longtemps sous la tignasse cuivre de celui qui n’avait encore aucune idée qu’il serait un jour moine mais qui vivait déjà de bonne humeur et d’optimisme. Les batailles de boules de neige … un plaisir simple auquel il n’avait le temps de s’adonner bien sur, ça n’était d’ailleurs pas ça du tout, ou si peu, c’était un moyen de faire avancer les choses, un pas vers le sauvetage de tout Toril ! Les yeux brillant et tout sourire, Mjöllnir attendait son heure, bien conscient que ses réflexions étaient tout sauf sérieuses et qu’elles attireraient certainement la désapprobation du Vénérable.

¤ Allons ‘Ni ! Juste une petite boule et on s’y r’met ! ¤

Narration

Mjöllnir 21(jet d'attaque) CA=? touché dégâts aucun


Tout en formant sa boule de neige, le nain scrutait chaque cachette possible. Il attendait une réponse, réponse qui lui parvint sous forme matérielle. Une créature toute menue, pas plus grande qu'un deux tiers de nain, rappelant vaguement un chien et armée d'une fronde surgit de derrière un rocher. Il la fit tournoyer et visait délibérément Mjöllnir. Ne voulant pas en rester là il lança sa boule de neige dans sa direction et l'atteignit en pleine figure. Ce qui eut pour effet de faire manquer son tir à la créature. Celle-ci retourna derrière le rocher en jappant. Le nain n'arrivait pas à comprendre la moindre parcelle de langage dans ces cris mais cela ressemblait tout de même à un moyen de communication. Tout d'un coup deux autres créatures, dont celle qu'il avait touché en pleine face, s'enfuirent dans la direction opposée à Mjöllnir comme prises de panique. Leurs frêles petites jambes s'enfonçaient à peine dans la neige ce qui donnait l'impression qu'ils volaient sur la neige. Une autre créature surgit de nulle part les rejoignit bien qu'encore assez distante d'elles. Il put voir clairement de quoi il s'agissait : des kobolds.

Des kobolds … s’il était bien une créature qui devait participer au cercle du prédateur et de la proie, il devait bien s’agir de ceux là …Les tavernes étaient pleines d’histoires d’aventuriers menteurs qui inventaient avoir vaincu des monstres de toutes sortes mais la seule fois que le moine avait entendu parler de ces frêles créatures, elles étaient plusieurs centaines, tuées sans effort par une poignée de valeureux compagnons. Mensonge bien entendu, leur instinct de survie et leur couardise étaient beaucoup trop importants pour ça où ils n’auraient pas hésité à l’attaquer à cinq contre un !

Ces êtres n’étaient que rarement associés à leurs lointains cousins, ailés, puissants, majestueux et terrifiants et nul n’était à blâmer tant ces êtres rachitiques et craintifs étaient loin des légendaires dragons. Mais ils parlaient ce même langage ancien et il n’était pas idiot de penser que les premiers puissent former d’adéquats serviteurs des seconds.

S’il en était un qui avait parlé le commun, il aurait pu en tirer quelque chose …mais là il n’avait plus du tout envie de jouer à chat avec eux. Qu’ils se fassent dévorer par un aigle géant ou par autre chose après tout.

Après avoir précautionneusement rangé la plume géante dans son sac, il repartit de plus belle, au pas de course, vers ses géants de roche et de neige, contrarié par cette perte de temps mais guère de moins bonne humeur pour autant, il n’y avait pas de mal. Qu’ils le suivent donc s’ils le souhaitaient. S’il avait à combattre des humains, l’hypothèse la plus probable selon lui, ils seraient des cibles de plus et si les aigles revenaient, ils se tourneraient probablement vers eux plutôt que vers lui.

Narration


Frustré, Mjöllnir partit sans demander son reste. Après tout si les Kobolds voulaient s'enfuir c'était leur affaire. Il reprit son chemin, affrontant le froid et la neige bravement. L'astre de lumière diffusait sa chaleur au fur et à mesure qu'il montait dans les cieux. Et arriver à son zénith, Mjöllnir fit une pause pour se restaurer. Il était encore loin de son objectif mais il avait assez bien progressé tout de même. Les deux cimes qui lui servaient de points de repère commençaient à se faire de plus en plus imposantes. Observant les alentours, il ne remarqua rien ni personne. Les kobolds semblaient avoir complètement disparu. Peut-être que leur présence n'était que pure coïncidence, peut-être que sa tentative de discussion les avait effrayé à un plus haut degré qu'il n'avait cru. Il en fut de même pour les animaux. Plus la moindre trace d'aigles, ou d'un quelconque rapace. Pas le moindre gibier. Pas la moindre âme qui vive. Même la végétation semblait se cacher. En fait il y avait comme un silence mortelle qui s'emparait petit à petit de la montagne blanche et immaculée. Mjöllnir n'avait pas peur, mais s'inquiétait d'un tel silence. Il scruta l'horizon sans rien voir de suspect ou d'inhabituel. Il n'y avait que du blanc, du blanc et encore du blanc.

Il reprit son chemin une fois restauré et fila droit vers le milieu des deux pics. Il s'avança vers une zone rocailleuse où la neige serait moins épaisse et donc plus facile à franchir. Les roches dessinaient d'étranges dents comme sorties d'une mâchoire d'un animal de grande taille.
Si c'était assez beau à voir, il n'en restait pas moins qu'il n'y avait que la monotonie du paysage à voir. La monotonie et l'odeur de brûler qui entrait dans ses narines.
Il ne remarqua pas tout de suite cette odeur. Mais elle se fit de plus en plus forte. Quelque chose était en train de se consumer. A première vue il s'agissait de bois ou de quelque chose d'approchant. Au delà des roches une fine fumée noire s'échappait. Un petit crépitement se fit entendre au fur et à mesure qu'il s'approchait de ce qui était certainement un feu.

La montagne laissait peu de place à la vie, elle s’imposait d’elle-même, écrasant quand le froid ne suffisait pas, toute tentative de vie propre à troubler sa parfaite tranquillité et son immaculée blancheur. Le moine avait tracé une tranchée nette dans la surface uniforme et, tournant la tête en tous sens à la recherche d’une erreur, regretta de la voir. Dans l’immensité neigeuse, il était impossible de rater sa piste … tout comme l’odeur dans cette région aseptisée.

¤ De la vie ? ¤
Sur une matinée de marche, il recevait pour la seconde fois la chance d’une rencontre là où il y en avait si peu et riche de sa précédente expérience, il la considéra cette fois d’entrée de jeu comme le fruit d’un Hasard joueur. Considérant le fortuit avec autant de prudence que la destinée, il s’approcha aussi discrètement que possible de la source de fumée.
¤ Ou de la mort ? ¤

Pourquoi n’entendait-il rien d’autre que ce crépitement ? Pas le moindre mot échangé entre des voyageurs arrêtés pour se restaurer, pas de bruit de bataille qui pourrait par contre déjà être finie, pas le moindre animal, bouquetin, lièvre ou marmotte où que son regard se pause … Il suspectait une présence humaine qui ait pu les faire fuir, se disant que la tour devait encore être loin et ne pouvait être responsable de cet absence. S’ils l’avaient vu arrivé, ils auraient pu prendre autant de précaution que lui et cacher leur présence sans avoir eu le temps d’éteindre leur feu.

Mjöllnir s’approcha encore des rochers, tout aussi prudent, tentant d’apercevoir la source de la fumée sans être repéré.