Quel est votre nom, voyageur ?
Eléasis (VIII) 1373, 2ᵉ chevauchée
   

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> La Princesse, le Dragon et le Truand, Quête épique
  écrit le : Mercredi 26 Août 2009 à 16h26 par Myel-Elina
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Cinquième jour de Marpenoth (Chute-Des-feuilles), année de la Magie Sauvage (1372 CV)
Lieu : Port de Fort-Calice
Météo : Brouillard, 25°C
Moment : Fin d'après-midi


La rive apparut lentement derrière les brumes du lac, longue ligne déchiquetée et sombre dans la lumière de cette fin d’après-midi. Derrière le navire, même l’ombre inquiétante de l’Arnroc ne transperçait plus le brouillard, et le navire semblait flottait dans un monde blanc et vaporeux. N’était l’affreuse odeur de soufre qui montait du lac, Joinon aurait vraiment pu apprécier la paisible traversée. Certes, le confort n’était pas au rendez-vous sur cette galère où des rameurs « volontaires » s’escrimaient jour et nuit, mais le Nain avait déjà connu bien pire. Et, de toute façon, il s’agissait du seul navire osant braver le Lac de Vapeur et accoster sur la côté des Royaumes Frontaliers. Une région bien peu fréquentée pour son tourisme, mais qui attirait chaque année des centaines de mercenaires des quatre coins de Faerûn. Pas un jour ne s’y passait sans qu’une armée n’en défie une autre, si l’on en croyait la réputation de la région.

Alors que les collines couvertes d’une végétation dense sortaient petit à petit de la brume, le Nain se remémora comment il avait été envoyé dans cet endroit du bout du monde. Cela faisait déjà longtemps que l’Assemblée voulait s’installer sur les bords du Lac de Vapeur, pour augmenter son champ d’action et ses capacités de recherche. Les émanations à la fois physiques et magiques du Lac laissent supposer un énorme potentiel pour des études, et il aurait été stupide de passer à côté. Seulement, la situation politique sur les deux rives du Lac n’est guère propice. Au Nord, les Cités-Etats gouvernées par des maîtres impitoyables luttent sans cesse pour ne pas tomber sous l’influence du Zhentarim ou, pire encore, pour ne pas être simplement annexées. Au Sud, les Royaumes Frontaliers sont un champ de bataille quasi-permanent, lieu peu adapté aux études recluses. La situation semblait bloquée quand la nouvelle que l’archi-duchesse de Fort-Calice appela à l’aide tout aventurier capable de lui ramener sa fille. Si l’Assemblée pouvait obtenir le soutien de l’un des seigneurs de guerre les plus redoutés de la région, elle pourrait probablement obtenir une base suffisamment stable pour installer un nouveau chapitre.

Et voici comment Joinon avait été envoyé, seul et sans grande information, jusqu’à Fort-Calice. Le voyage avait été difficile, car, même en usant de téléportation et de portails, les Royaumes Frontaliers semblaient désespérément loin de tout. Il avait été simple de joindre le Sespeech magiquement, mais le voyage au-delà s’était avéré ardu et éreintant. Mais, finalement, Joinon voyait désormais les murailles de Fort-Calice émerger de la brume. Bien que petite, la cité était solidement fortifiée, et le château qui surplombait la ville était inesthétique mais semblait imprenable, une armée de dragons fût-elle à ses portes. Debout sur le pont, Joinon se demanda si la taille de la ville justifiait une telle débauche de fortification.

Quelques instants plus tard, Joinon était sur le ponton en bois du port, heureux de retrouver la terre ferme après cette traversée. L’odeur de soufre était moins forte dans la petite rade où avait été bâti le port, mais les planches de bois étaient recouvertes en de nombreux endroits de dépôts jaunâtres caractéristiques. Depuis le port, la grand-rue montait en formant un vaste coude vers la citadelle, tandis qu’une autre artère se dirigeait vers l’unique porte de la cité. Face à Joinon, une rue plus étroite exhibait ses pancartes annonçant tavernes et échoppes. Deux auberges y étaient visibles, « Le repos du guerrier » et « L’épée de la Pucelle ». Alors que le soir tombait sur la cité, Joinon allait devoir décider où aller en premier lieu.


 
 
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écrit le : Lundi 31 Août 2009 à 17h54 par Joinon
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Les vapeurs d'eau iodée avaient humidifié la barbe rousse du nain, lui donnant un aspect plus bouclé qu'elle ne l'était naturellement. Il tenta de la lisser un peu avec son épaisse main, mais sans succès. Il abandonna donc cette tâche infructueuse et se promit de prendre un bain dans le premier établissement venu. Le quotidien qu'il avait retrouvé à Everlund lui avaient fait reprendre ses habitudes coquettes oubliées lors de son aventure dans les entrailles de Toril. Il tentait de ne plus penser à cet épisode plus que nécessaire, regrettant simplement de ne pas avoir pu revoir ses compagnons depuis leur brutale et inexpliquée séparation.

¤ Me voilà sur la terre, et bien campé sur mes deux jambes. ¤ se satisfit Joinon tandis que dans sa tête dansaient encore les vagues qui avaient fait tanguer le navire pendant toute la traversée.

Le barde ferma les yeux et inspira puissamment. Si l'air du large n'était pas pour lui déplaire, le monde marin n'était définitivement pas fait pour le Peuple Vigoureux.
Il fut tout d'abord surpris par la température sur le port. Il faisait assez chaud malgré la proximité de la mer ; surtout en cette saison. Rien à voir avec les climats qu'il avait connu dans le nord des Contrées du Mitan et dans les Marches d'Argent. Peut-être n'aurait-il pas dû enfiler son armure de cuir sous son costume ; il s'agissait d'une habitude récente à tendance paranoïaque. Il n'avait guère eu le temps de se renseigner sur la région et les moeurs des citadins de Fort-Calice, autant donc ne pas prendre de risque.

Tout en commençant à marcher, il observa autour de lui, moins inquiet que curieux.

¤ Nul danger ne doit en tout cas pas pouvoir venir de l'extérieur de ces murs, je gage... ¤ songea-t-il en étudiant d'un oeil connaisseur les fortifications.

Les mains croisées dans le dos, le barde se dirigea vers la petite ruelle ornée de pancartes. Il ne put contenir un léger sourire en apprenant les noms des deux premières auberges et se dirigea sans hésitation vers "L'épée de la Pucelle", pour plusieurs raisons. En premier lieu, il n'était pas un guerrier. Il craignit ensuite que le propriétaire du "Repos du Guerrier" ne soit pas plus original que le nom qu'il avait donné à son établissement, et donc que ce dernier manque d'intérêt pour l'esprit artistique du nain d'or. L'autre nom, au contraire, l'intrigua de suite, marier épée et pucelle était amusant. il ne s'agissait peut-être que d'une originalité feinte destinée à attirer les clients potentiels mais... ça fonctionnait!

Joinon rejoignit donc l'auberge d'un pas assuré tandis que des phrases prenaient forme dans sa tête.

¤ L'épée de la Pucelle vous accueille tous les soirs,
Ses pintes sont si belles qu'on n'ose point les boire.
Les brunes les blondes les rousses y valent leur pesant d'or,
De nacre en est la mousse et d'ambre en est le corps. ¤



Malheureux le royaume qui n'a pas de héros.
 
 
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écrit le : Mercredi 02 Septembre 2009 à 14h54 par Myel-Elina
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Cinquième jour de Marpenoth (Chute-Des-feuilles), année de la Magie Sauvage (1372 CV)
Lieu : Port de Fort-Calice
Météo : Brouillard, 25°C
Moment : Fin d'après-midi


La porte de l’auberge donnait sur grande salle basse de plafond enfoncée dans le sol et très enfumée. De puissants piliers et arches de briques soutenaient une voûte aux poutres robustes, sur lesquelles étaient accrochés différents trophées de chasse, de la simple tête de sanglier à celle, beaucoup plus effrayante, d’un troll verdâtre. Bien sûr, une épée très fine et très longue trônait en bonne place sur le pilier central, et il ne fallut qu’un coup d’œil à Joinon pour s’apercevoir qu’elle était entièrement forgée en mithral. Des tables massives étaient disposées sans ordre sur toute la pièce, à l’exception d’un coin où une estrade avait été installée. Un barde chauve y jouait de la cythare pendant qu’une jeune demi-elfe aux cheveux rouges exécutait une danse complexe dans une tenue vaporeuse qui dissimulait bien mal son corps svelte et musclé. Comme toujours dans ce genre de spectacle, le troubadour ne se montrait pas à la hauteur des talents de la danseuse mais, contrairement à ce à quoi Joinon était habitué, les mouvements souples de la danseuse ne captaient pas l’attention de l’auditoire. En fait, bien peu semblaient remarquer le duo, sinon à jeter quelques regards entre deux conversations, et plus de la moitié des clients étaient des femmes. On venait ici pour déguster le vin mais surtout, visiblement, pour fumer tranquillement une pipe ou deux. N’étaient les armes que tous gardaient à portée de main, cet endroit aurait pu passer pour une taverne calme des beaux quartiers d’Eauprofonde.

La musique et la danse s’arrêtèrent, et un déferlement d’applaudissements envahit la pièce. La danseuse salua la foule longuement avant de reprendre sur un autre morceau de son partenaire. Joinon, qui s’était rapproché du comptoir, fut bientôt approché par une serveuse, une jolie femme replète portant une lourde masse d’armes à la ceinture.


-La gamine se débrouille pas mal, vous ne trouvez pas ? Lança-t-elle avec un geste vers l’estrade. « Bon, elle aurait dû prévoir des habits de scène moins aguicheurs, mais on lui pardonne volontiers. Qu’est-ce que je vous sers, jeune voyageur ? Un arrivage de vin du Seespech nous est parvenu il y a une dizaine, et nous en avons profité pour faire un hypocras que je vous conseille vivement ! Du tabac pour accompagner ? Il nous reste quelques blagues de feuille-rouge du Calimshan dont vous me direz des nouvelles ! Ou peut-être voulez-vous une chambre ? Nous disposons de coquettes pièces au premier étage, avec vue sur le lac. »


 
 
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écrit le : Mardi 08 Septembre 2009 à 16h19 par Joinon
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Tout à sa découverte des lieux, le barde répondit avec une certaine distraction. Son regard ne quittait guère la scène tandis que son oreille se concentrait plus sur la mélodie qui débutait que sur les propos de la serveuse.
- Pour sûr qu'elle est douée, très douée... murmura-t-il dans sa barbe. Et sa tenue est moins choquante qu'agréable à l'oeil.

Il se retourna vers la femme derrière le comptoir, la fixant de ses yeux sombres. Sa gorge était sèche et ce n'avait pas été à bord du navire qu'il avait pu profiter de bonnes boissons.
- Votre hypocras vaut certainement les compliments que vous en faites. Mais cela fait trop longtemps que je n'ai pu apprécier la douceur d'une bière brune aux épices.
Joinon repensa à la Dragon d'Or qui restait l'un de ses alcools favoris, il aurait vidé sa bourse pour une seule chope de ce précieux breuvage.
- Pour l'heure, rien ne me ferait plus plaisir qu'une telle bière, douce damoiselle. Il marqua un temps avant de compléter. Si ce n'est votre sourire...

Le nain d'or ne manqua pas d'apercevoir la masse d'armes pendue au flanc de son interlocutrice. Voilà une forte femme qui devait savoir comment se défendre, loin de l'idée qu'il s'était faite de la Pucelle du nom de l'établissement. A moins que cette dernière eût été la toute jeune danseuse.
- Ma foi, ma propre réserve touche à sa fin, et je consommerais volontiers cette herbe dont vous me vantez les mérites. Je n'ai pas l'habitude des tabacs du sud-ouest, ce sera une nouvelle expérience.

Il sortit sa pipe de bois.
- Il me faudra une chambre oui, celle que vous me proposez sera parfaite. Je ne sais cependant combien de temps je resterai ici, je dois rencontrer quelqu'un.
D'ailleurs, continua-t-il, savez-vous comment l'archiduchesse pourrait m'accorder une audience? Je suppose qu'en ces temps troublés la méfiance est mère de sûreté.
Je n'ai pu en outre m'empêcher de remarquer que Fort-Calice ressemblait plus à un château fortifié qu'à une ville ; et que ses habitants n'avaient pas tous l'air de simple roturiers. Ses habitantes non plus...
Il pointa de sa pipe vide l'arme de la serveuse.
- La cité est-elle donc à ce point menacée?



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écrit le : Mercredi 09 Septembre 2009 à 12h54 par Myel-Elina
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Cinquième jour de Marpenoth (Chute-Des-feuilles), année de la Magie Sauvage (1372 CV)
Lieu : L'épe de la Pucelle, Port de Fort-Calice
Météo : Salle enfumée, 27°C
Moment : Fin d'après-midi


La serveuse sourit au Nain.

-Ah, vous n'êtes pas d'ici, cela se voit. Lança-t-elle avec amusement. "Je connais l'amour de votre peuple pour la bière mais, malheureusement, nous n'avons pas la moindre goutte de bière par ici. Je peux vous proposer un peu d'hydromel à la limite, en fouillant bien dans la réserve, mais pas de bière. Nous ne faisons pas pousser de houblon dans la région, donc pas de bière. L'activité commerciale avec le Sud est plutôt limitée du fait des conflits incessants, donc nous n'importons presque rien du Calimshan ou de la Grande Faille, et surtout pas de bière. En revanche, nos coteaux ensoleillés fournissent du raisin sucré à n'en plus finir, et nous nous passons fort bien de bière. Désolé messire, mais je n'y peux rien. Laissez-moi vous servir un gobelet d'hypocras en dédommagement!

La serveuse se retourna vers un tonneau, et revint bientôt vers Joinon, déposant un gobelet plein à ras-bord d'où montait d'exquises odeurs de vin et d'épices. Elle déposa également une blague pleine de tabac brun à côté du gobelet.

-Et vous devez donc aussi ignorer la vie dans les Royaumes Frontaliers. Fort-Calice est fortifiée, en effet, mais c'est grâce à ces fortifications, et aux talents de l'Archi-duchesse, que nous avons vécu plus de dix ans de paix. La menace d'une guerre est toujours présente ici, et un champ de bataille n'est jamais plus loin que quelques jours de marche. Alors, nous sommes tous habitués à porter des armes. Même si, je dois vous l'avouer, aujourd'hui ma bonne masse me sert plus à chasser les ivrognes qu'à fracasser des crânes. C'est vrai que l'on a tendance à se ramollir dans cette paix durable, mais on ne se plaint pas. Il y a même des murmures qui disent que l'archi-duchesse pourrait pacifier la région.

Un client appela la serveuse, qui laissa Joinon à son tabac et son hypocras. Elle fut cependant bientôt de retour, visiblement heureuse de parler à un étranger.

-Dites-moi si je me trompe, mais vous venez pour l'annonce? Vous savez, c'est terrible ce qui se produit. Ereinya est une bonne gamine, je ne comprends pas que quelqu'un puisse lui vouloir du mal. De là à l'enlever... L'archi-duchesse Lysel est vraiment tourmentée. Pour qu'elle fasse appel à des aventuriers, c'est que la situation doit être catastrophique. J'espère que tout ira bien pour vous. Enfin, vous aurez juste à vous présenter demain au château, les gardes doivent être prévenus là-haut!


 
 
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écrit le : Mardi 15 Septembre 2009 à 14h32 par Joinon
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Le nain d'or, quelque peu déçu de l'absence de bière mais touché par l'amabilité de la serveuse, entreprit d'ouvrir la blague à tabac qu'elle avait déposée et de remplir sa pipe de la précieuse herbe. Pincée par pincée, il bourrait légèrement mais plus fermement la cavité arrondie, en prenant soin de ne pas la remplir. Le tabac se dilaterait en effet sous la combustion.

- Qui donc se plaindrait de la paix? décréta Joinon en allumant délicatement sa pipe dans ses larges doigts.
- C'est une bonne chose que votre Archiduchesse prenne les choses en main pour garantir la sécurité de son peuple. Trop de régions de Toril sombrent dans la guerre et le chaos.
Le barde plaça l'orifice de sa pipe de bois entre ses lèvres charnues et inspira calmement, fermant les yeux comme pour mieux profiter de l'instant et du goût des feuilles du Calimshan.

- Excellent, excellent, reprit-il après quelques secondes de silence. Il se saisit de la coupe d'hypocras et en but une gorgée avant de passer sa langue sur sa bouche en déglutissant.
- Très bon aussi, j'aurais dû vous faire confiance dès le début, jolie damoiselle.
Il rebut une gorgée avant de plonger son regard dans celui de la femme.
- Une bonne gamine, dites-vous? Cette enfant - quelle âge a-t-elle d'ailleurs? - était-elle si bien connue par ici? Je veux dire, arpentait-elle souvent les rues de Fort-Calice?

Joinon se retourna vers la danseuse en tirant sur sa pipe. La fumée qui envahissait ses poumons lui faisait un bien fou. Il trouvait vraiment ce tabac délicieux.
- Pauvre gosse... Ereinya... Dame Lysel a, je suppose, des ennemis, car la paix n'est jamais à l'avantage de tout le monde. Sait-on seulement qui est à l'origine de ce rapt?



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écrit le : Jeudi 17 Septembre 2009 à 14h36 par Myel-Elina
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Mussel

Cinquième jour de Marpenoth (Chute-Des-feuilles), année de la Magie Sauvage (1372 CV)
Lieu : Port de Fort-Calice
Météo : Brouillard, 24°C
Moment : Soirée


Le brouillard était tel que l'on ne distinguait pas le moindre détail à vingt mètres devant soi, et pourtant le pas assez soutenu de la caravane était maintenu. Dans la lumière qui déclinait, distinguer les traits de ceux qui chevauchaient à côté n'était pas chose aisée, mais de toute façon personne ne semblait désireux de parler. Le voyage depuis Yallasch avait été éprouvant, la caravane traversant de nombreuses zones de guerre et, même si aucun incident n'avait été à déplorer, la tension palpable dans tous les territoires avait épuisé les membres du convoi. Maintenant que leur dernière étape, la petite ville de Fort-Calice, était proche, personne n'était favorable à l'idée de retarder la fin du périple. Et surtout pas Mussel.

Le hin avait eu vent de l'annonce dans une taverne du Calimshan, où il se trouvait par hasard après avoir quitté le Nord. L'archi-duchesse de Fort-Calice, sur le Lac de Vapeur, cherchait des aventuriers pour retrouver sa fille, ravie il y a peu. Des terres et une forte somme d'argent étaient promises, mais Mussel y voyait surtout une occasion de commencer une nouvelle vie après sa dure expérience dans le Nord. Les Royaumes Frontaliers n'étaient peut-être pas la plus agréable des régions de Faerûn, mais ceux qui voulaient refaire leur vie étaient toujours les bienvenus, pourvu qu'ils sachent manier une lame ou quelques sorts.

Les immenses remparts de Fort-Calice apparurent soudainement dans le brouillard. Pour une ville si réduite, Fort-Calice possédait des fortifications démesurément imposantes, avec mâchicoulis, créneaux hauts et merlons épais, guérites puissantes percées de meurtrières nombreuses. La garde maintenue est nombreuse, et la caravane dut se soumettre à mille contrôles avant de pouvoir entrer. Mussel s'en serait étonné il y a encore une semaine mais, après avoir vu la guerre partout dans les Royaumes Frontaliers, le hin se contenta de se sentir rassuré derrière ces protections.

La caravane se sépara rapidement une fois rentré dans la ville. Son chef, pressé de se débarrasser de sa marchandise, partit immédiatement chez son contact, indiquant d'un vague geste une rue où les quelques passagers, Mussel compris, pourraient trouver un lit et un gobelet de vin. Las du voyage et peu enclin à parler, le hin se dirigea dans cette direction. Demain, il lui faudrait aller au palais de l'archi-duchesse pour avoir plus de détails sur cette mission, mais pour l'instant il était fourbu et avait surtout besoin de sommeil. Dans la rue devant lui, deux auberges étaient visibles: "Le repos du guerrier" et "L'épée de la pucelle".


Joinon

Cinquième jour de Marpenoth (Chute-Des-feuilles), année de la Magie Sauvage (1372 CV)
Lieu : L'épée de la Pucelle, Port de Fort-Calice
Météo : Salle enfumée, 27°C
Moment : Fin d'après-midi


Si l'hypocras était tout à fait correct, le tabac s'avéra absolument délicieux, même pour un palais aussi expert que celui du Nain. Cela ne rattrapa pas l'absence de bière, hélas, mais contribua au bonheur du Nain.

La serveuse, visiblement bavarde, répondit avec empressement aux questions de Joinon.


-Ereinya est une fille plutôt mignonne, oui, mais elle a son petit caractère. Enfin, c'est assez normal, et même bien, pour une fille comme elle, qui risque à avoir à s'occuper de l'archiduché un jour. Si elle se laisse marcher dessus par le moindre dirigeant étranger, elle risque de ne pas faire long feu, et nous avec elle d'ailleurs. Mais malgré son caractère, elle est vraiment mignonne quand même. Elle venait souvent ici pour prendre un verre avec les gardes, qui étaient sensés veiller sur elle. Si vous saviez la vie qu'elle leur mène par moments! Oh, je n'aurais pas aimé être à leur place! Enfin, ils avaient l'air plutôt contents, ils ont même bien sympathisés. Surtout le jeune Louviel. Celui-là, il avait un sacré faible pour la gamine. Ah, elle est mignonne, oui, mais c'était au-dessus de son rang à lui. Enfin...

Le temps de servir un autre client, la serveuse laissa Joinon seul au comptoir. Sur l'estrade, le couple d'artiste termina sa représentation sous un tonnerre d'applaudissements. La jeune danseuse, en sueur, dut exécuter une dizaines de révérences avant que les applaudissements ne cessent.

-Ah, ça a encore été un succès ce soir. Lança la serveuse à son retour. "Bon, je suis content, le patron devrait encore leur laisser un bon cachet. Enfin, vous m'aviez posé une autre question. Ah, oui, le ravisseur. Hé bien, c'est bien là le problème. Il paraîtrait que l'on aurait reçu une rançon au palais. Et elle vient de Port-de-Soufre, le royaume voisin. Signé par le roi-dragon Dargolinom Ier en personne!


 
 
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écrit le : Mardi 22 Septembre 2009 à 10h35 par Joinon
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¤ Un dragon? ¤ se dit, stupéfait, le voyageur en manquant de s'étrangler avec sa pipe.

L'esprit d'enquêteur de Joinon s'était peu à peu éveillé depuis son arrivée à Fort-Calice.
Parmi ses conjectures, il s'était déjà imaginé Louviel, jeune soldat de basse condition - né avec "de la bouse entre les orteils" aurait déclaré le père du nain d'or - enlever sa belle et inaccessible aimée pour partir vivre avec elle de rocambolesques aventures aux quatre coins de Faerûn, poursuivis qu'ils l'auraient été par les sbires malveillants de l'Archiduchesse s'opposant au bonheur des deux enfants et ne voyant pour sa fille qu'un avenir politique.
La verve romanesque du barde avait cependant disparu aussitôt que la serveuse eût mentionné ce fameux Dargolinom Ier.


¤ Un dragon! ¤ répéta-t-il pour lui-même en déglutissant pour s'adoucir la gorge. Il but une gorgée d'alcool avant d'interroger l'humaine.

- Dites-moi, Port-de-Soufre, je suppose que c'est un royaume ennemi? Etes-vous en guerre ouverte? Est-ce la première fois que cette créature s'en prend à Fort-Calice ou à votre pays?
Un certain nombre de question firent bouillonner les cellules grises de Joinon, dont certaines qu'il ne posa pas. Il aurait souhaité savoir à quel type de dragon Dame Lysel avait à faire, car il savait qu'il en existait de moins mauvais que d'autres. Mais tous partageaient sans doute une même soif de richesse, ce qui pouvait suffire à expliquer la rançon et donc le rapt.
L'émissaire de l'Assemblée avait pensé mener une enquête en venant dans le Sud, or il s'avérait que le coupable s'était désigné ; sa mission serait donc toute autre.
La rançon devait en outre être bien élevée pour qu'il soit plus rentable pour l'Archiduchesse de proposer terres et trésors à des aventuriers que de payer la somme demandée.

Tout en inspirant l'agréable fumée, Joinon sortit d'une poche de son costume une bourse en cuir d'où il tira deux pièces d'argent qu'il tendit à la serveuse entre ses doigts boudinés.

- Ajoutez donc cela au salaire de la gamine et de son ménestrel, expliqua Joinon en mécène improvisé.
- Et dites-moi également combien je vous dois pour le tabac et l'hypocras. En espérant que l'éclat de vos yeux ne soit pas en supplément, car je crains qu'il n'y ait pas assez d'or ni de joyaux dans les mines de mon peuple pour compenser leur beauté.



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écrit le : Mardi 22 Septembre 2009 à 14h47 par Mussel
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eux auberges aux noms opposés se dressaient face à lui. Il soupira face à se choix cornélien qu’il aurait à faire. Lui qui avait toujours été hésitant se retrouvait à prendre des décisions précipités et ceux uniquement pour essayer de garder la tête hors de l’eau. Cependant il avait l’impression de se noyer peu à peu dans le flot continu qu’est la vie.

Depuis qu’il avait fuit Everlund comme un malpropre, il n’arrivait même plus à se regarder dans un miroir. Les rares fois ou il se lavait, il donnait des coups dans l’eau pour que les ondes brouillent son reflet tellement il se sentait fautif d’avoir abandonné ses amis à une mort certaine. Comment Plume et Hermine se débrouillaient-ils, alors qu’ils étaient aux prises avec des démons ? Les objets qu’il avait donné au barde leurs servaient-ils ?

Et si Mussel continuait à vivre, c’était uniquement parce qu’il était incapable de mettre un terme à ses jours. Il avait petit à petit délaissé son grimoire, Boedromios son corbeau ne lui parlait plus. S’il entretenait encore ses deux lames larges, c’était uniquement par habitude. Mais se considérait-il toujours comme un guerrier ? Rien en était moins sur. A quoi devait-il ressemblé, affublé comme il était. Ses vêtements avaient souffert du voyage, sa chemise jadis blanche était maintenant grise, son gilet au bleu profond était maintenant délavé.

Heureusement, il avait toujours eut sur lui suffisamment d’argent pour subsister. Certes, il était bien moins dépensier qu’avant et au moins cette aventure lui avait permit d’apprendre la valeur de l’argent, mais il avait du se priver par moment.

Pourquoi était il venu jusqu'à Fort-Calice ? Cette histoire d’enlèvement en quoi était-il intéressé ? Il ne se rappelait même plus des raisons qui l’avaient fait partir là bas. Surement une hardiesse nouvelle, après quelques verres d’un mauvais alcool dans le nez. Ca n’est pas que Poucet était devenu alcoolique, non, d’ailleurs, tous les alcools, encore aujourd’hui avaient le même goût pour lui, mais certains soir, il aimait s’abrutir de la sorte.

Il caressa ses joues couvert d’une barbe fine et clairsemée qu’il avait pourtant acquise au fil des semaines tout en réfléchissant. Avait-il réellement le droit de prétendre au repos du guerrier ? Mussel était convaincu que non. Et fuir comme il l’avait fait relevait plus de la pucelle. Ce qu’il était d’ailleurs, puisque de sa vie, il n’avait jamais gouté à la chaire des femmes. Il regarda ses lames jumelles, seules choses encore en bon état parmi son attirail.


- Va pour l’épée de la pucelle, dit-il en avançant vers celle-ci. Il espérait cependant ne pas être refoulé de l’auberge, fagoté comme il l’était. Perché sur le toit de l’autre auberge, son corbeau coassa, montrant son habituel désaccord que Mussel ignora, une fois de plus.



 
 
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écrit le : Vendredi 25 Septembre 2009 à 13h04 par Myel-Elina
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Lieu : L'épée de la Pucelle, Port de Fort-Calice
Météo : Salle enfumée, 27°C
Moment : Soirée


Mussel

Le halfelin rentra dans l'auberge sous un tonnerre d'applaudissements. Surpris de prime abord, il ne tarda pas à comprendre que ces acclamations étaient vouées aux artistes qui saluaient la foule depuis l'estrade, un humain chauve à la cythare et une jeune demi-elfe aux cheveux rouges dont la tenue extrêmement vaporeuse dévoilait son corps mince et svelte. Après une ovation qui en disait long sur l'enthousiasme du public, le couple se retira de l'estrade, et l'attention de Mussel se reporta sur la pièce enfumée. Des arcs et des piliers de poutre soutenaient un plafond bas et presque indiscernable derrière l'écran de fumée venu du sol. Différents trophées de chasse, de la simple tête de sanglier à celle, beaucoup plus effrayante, d’un troll verdâtre, étaient disposées sur les poutres et murs, mais bien en vue trônait une épée très longue, très fine et d'une facture exceptionnelle. L'endroit sentait presque bon, était presque propre et les conversations n'étaient pas assourdissantes. Une ambiance assez éloignée des tavernes miteuses du lointain Nord, même si hommes comme femmes portaient tous une arme, serveuses comprises.

Assis au comptoir, un Nain d'Or ventripotent mais d'aspect sympathique discutait avec une serveuse replette au visage charmant. Sur les tables, des autochtones parlaient entre eux avec l'accent caractéristique des Royaumes Frontaliers. La danseuse, désormais couverte d'une cape rouge plus décente quoique tout aussi voyante, vint s'asseoir à une table avec son compagnon de scène. Après les paysages dévastés traversés ces derniers jours, l'apparente tranquillité de cet endroit semblait incongru pour le jeune halfelin.


Joinon

L'évocation du dragon ne semblait pas le moins du monde inquiéter la serveuse.

-En fait, Port-de-Soufre est un royaume limitrophe de l'archiduché, et nous sommes officiellement en paix. Mais, dans cette région de Faerûn, la paix est plus souvent une trêve qu'un état durable, et il n'y a que la puissance militaire et le courage de Dame Lysel qui empêche Dargolinom Ier de nous envahir. D'après ce que j'ai entendu, Dargolinom serait un dragon vert, une espèce particulièrement cupide. Alors, rien d'étonnant à ce qu'il désire conquérir notre petite mais prospère cité!

D'un coup d'œil discret, Joinon remarqua l'entrée d'un halfelin mal vêtu dont la démarche et l'air hésitant indiquait qu'il était étranger. Il s'en détourna pourtant rapidement quand la serveuse sourit à son compliment.

-Je ne savais pas les Nains si poètes, fit celle-ci en rougissant légèrement. "Vos compliments me vont droit au cœur, croyez-le. Bon, en tout cela devrait faire 8 talents d'argent et 4 talents de bronze, mais pour un gentilhomme comme vous, on peut arrondir à 8 talents d'argent. Ah, et je m'appelle Merella, si un jour vous voulez revenir me voir. En attendant, faites moi signe quand vous voudrez que je vous ouvre votre chambre.

Puis Merella repartit dans la salle servir quelques clients, jetant de temps à autres de discrètes œillades vers le comptoir.


 
 
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