L'or et le Sang à Morteneige, Là où on trouve de l'or, tout va mal

Kerlomar regarda attentivement le rôdeur lorsque celui-ci se tourna vers lui, lui apprenant par là même son nom et son prénom. Il fut surpris pas l'intensité de son regard et de sa couleur. En y regardant, Kerlomar se retrouvait sous la voute du grand chêne en Cormanthor où il aimait tant aller quand il voulait être seul, c'est à dire presque tout le temps. Puis, à la seconde remarque de Belgos, le druide damarien ne put s'empêcher d'éclater de rire, la fin de la phrase étant, à son avis, un peu naïve et légèrement fausse. il prit néanmoins le temps de se calmer avant de répondre à son supérieur hiérarchique.

- Je ne sais pas si le fait d'avoir Haridian comme compagnon fait de moi quelqu'un qui gagne à être connu. Je pense même le contraire au vu de se que je suis. Mais bon, je pense que ce n'est pas à moi d'en juger. Et d'où venez vous pour qu'on y dise une chose pareille. Chez moi, les mauvaises langues disent d'un homme qui a réussi à se trouver un compagnon animal est un homme qui aura toujours de quoi manger même pendant les périodes de disette. Personnellement, je préfèrerai mourir de faim que la manger.

Puis, reprenant son expression faciale habituelle, c'ets à dire aussi lisse que possible, il demanda d'une voix empreinte de sérieux :

- Parlez moi de la Compagnie des Marches.

Le rôdeur haussa les sourcils en entendant l'homme lui demande de l'entretenir de la Compagnie des Marches et sans le vouloir, il claqua sa langue contre son palais.

- Il faudrait d'abord que je vous parle des Marches d'Argent car l'histoire de la Compagnie des Marches est intimement liée à cette région, avoua le demi-elfe dans uh souffle, ici dans les Marches, chacun est libre, chacun a le droit de posséder des terres, aucun droit et privilège n'est garanti à certains qui serait refusé à d'autres de par la loi, nombreux sont ceux qui l'affirment haut et fort, les Marches d'argent représentent l'épanouissement d'un rêve, la chance de forger un meilleur Faerûn.

Sans le vouloir, Belgos avait parlé d'un ton passionné, il s'en était rendu compte et lorsqu'il regarda de nouveau Kerlomar, ses yeux se plissèrent.

- Etes-vous un familier des lieux Kerlomar Ribens? Connaissez-vous un tant soit peu les Marches? Car il est difficile pour les étrangers qui ne sont que de passage de bien saisir la mentalité des gens d'ici tout comme de saisir ce qui peut pousser tant d'aventurier à mettre leur lame et leur vie au service de la jeune alliance.

Le claquement de langue du rôdeur n'échappa pas au damarien qui le regarda fixement tout en haussant lui aussi les sourcils. Il ne savait comment interpréter ce geste : comme signe d'une question ennuyeuse, impertinente, ou alors d'un manque de motivation. Mais comme il attaqua cependant sur un léger exposé sur les Marches, le druide décida de ne pas s'en formaliser plus que ça, malgré une envie d'en savoir plus tout de même. Puis, quand vint la question fatidique, l'humain se demanda comment il pourrait parler de lui au minimum.

- Je ne suis pas des Marches d'Argents. Je viens d'une contrée de l'autre côté du grand désert de l'Anauroch et j'avoue en être parti que depuis quelques mois. Cependant, j'ai déjà passé quelques jours dans cette région, dans le vieux Delzoun exactement, et ce n'est pas un souvenir très heureux. De plus, je n'ai pas vraiment eu le temps de constater tout se dont vous m'avez parlé.

Et en effet, le souvenir était aussi heureux que volatile, c'est à dire particulièrement marquant et tenace dans sa mémoire. Kerlomar y pensait presque toutes les nuits et les différents yuans ti hantaient ses songes autant que ses pensées. Et, une fois de plus, le damarien porta sa main droite sur l'intérieur de son coude gauche et le caressa sans vraiment sans rendre compte, tandis qu'il regardait le rôdeur demi elfe.

- Il me semble que les Marches ne sont indépendantes depuis seulement deux ans. La compagnie date t-elle de la même époque ?

Soran, s'il était sorti de la taverne avec les autres, était resté en arrière. C'était peut-être le froid, qui lui rappelait son pays, mais, sans qu'on se soucia de lui, il s'était arrêté, avait contemplé ses compagnons, comme pour faire un point.

¤Voulais-je vraiment de cette vie ?¤

La réponse lui-était difficile à obtenir. Il cherchait dans son passé. Avant de devenir aventurier, il avait été un enfant calme et sage, doué pour les travaux du champs, et pour faire rire son père. Son père qu'il avait laissé, ingrat, dans sa dure labeur au milieu de la région gelée. Qu'avait-il gagné, au fond ? Le soutien, peut-être, d'un dieu dont le don était une malédiction. Il était encore jeune, il pourrait, sans doute, encore se marier et reprendre l'exploitation familiale.

Seulement voilà, il aurait dû y penser avant de s'engager. L'ensorceleur n'aimait pas rompre une promesse à la légère. Mais il se dit, que, finalement, c'était probablement là, encore une entrave posée par Hoar. Qu'en avait-il à faire de ces chaînes d'honneur ? Elles n'apporteraient bonheur à personne. Le monde était plus beau entouré de ceux qu'on aime. Si Soran n'avait pas encore d'ami, il était décidé à ce que ça change. Il construirait son monde. En Damarie.

Il tourna les talons. Un corbeau, sur son épaule, s'envola. Il emportait un insupportable fardeau. Ce jour là, un fils allait rejoindre un père.

La discussion avec Kerlomar se déroulait sereinement, et ce premier contact n’était pas déplaisant pour le rôdeur. En bon officier qu’il était, Belgos se détourna pour regarder si la procession se déroulait sous les meilleurs auspices, oui à priori, sauf que, il manquait la silouhette de l’ensorceleur que Belgos avait prit en grippe après l’épisode déplorable de l’auberge. Oui ce Soran s’était essayé à jouer avec son art sous l’effet de l’alcool et il s’était vautré lamentablement, son absence était prévisible, aussi bizarre que cela puisse paraître, il s'y attendait. Certes, Belgos n’excellait pas pour jauger les hommes, il n’avait pas cette prétention mais là où il était né, la parole donnée était quelque chose de sacrée, et valait un engament écrit. Ainsi on savait sur qui compter et on pouvait sans risque tourner le dos, sachant ses arrières assurés. C’était tout ce qui comptait.

Soran correspondait à tout ce que Belgos n’aimait pas mais ce n’était pas au frère des marches de prouver ce qu’il valait, mais bel et bien à l‘ensorceleur. Détournant la tête, il esquissa un sourire puis reprit le fil de la discussion avec Kerlomar.

- Oui, deux années déjà que l’alliance des Marches d’argent est née et que le rêve de Hannibal Caliban à prit forme, c’est lui qui a créé la compagnie avec le soutien de dame Alustriel et Helm, le maitre de Sundabar.. Enfin, ceci est une longue histoire Kerlomar et pour ma part, je n’ai pas connu la création de la Compagnie.

Le rôdeur détourna la tête pour regarder l’humain.

- Parlez-moi un peu de vous Kerlomar, de quelle contrée venez-vous ?

Kerlomar discutait avec le semi elfe et se trouvait étonnement prolixe alors que ce n'était pas dans son habitude de parler autant. Enfin, il se donnait pour excuse que le sujet l'intéressait et que cela lui permettait d'en savoir plus sur cette région qu'il se voyait comme condamné à explorer de long en large au nom de la Confrérie. Ce n'était pas que le damarien n'était pas attiré par cette région, mais il souhaitait voyager et avait envie de partir en mission dans la terrible jungle de Chult. Avec Cormanthor, la Haute Forêt et Chult étaient les deux autres forêts qui attiraient le druide balafré et c'était pour cela qu'il ne se voyait pas officier seulement dans les Marches.

Lorsque Belgos se retourna, le damarien suivit le mouvement, plus par curiosité que pour autre chose. Personnellement, il se moquait de la bonne marche de la colonne, ne s'intéressant qu'à sa mission propre. Bon, il savait qu'il avait besoin des membres de la Compagnie des Marches mais que ceux-ci ne soient pas disciplinés ne le chagrinaient pas du tout. Seulement, en regardant à son tour, il constata qu'il en manquait un. Il n'était pas sûr de lui mais il lui semblait, à l'auberge, avoir bien compté un semi elfe, deux nains et trois humains. Or, là il n'en comptait plus que deux.

¤ On verra ça plus tard. Le plus important est de savoir si c'était un membre important et surtout s'il était nécessaire au groupe, se dont je doute. Alors on verra... ¤

Kerlomar fut tiré de ses réflexions par le rôdeur semi elfe qui lui posait une question. Ne voulant pas montrer qu'il n'avait pas écouté, il essayé de deviner l'interrogation en fonction du dernier mot, et, utilisant quelques minutes pendant lesquelles il donna l'impression d'être très concentré sur leur environnement, il parvint à la reconstituer complètement et se lança dans sa réponse.

- Je viens de la forêt de Cormanthor, sur la rive ouest du Duathampre. Et vous ?

Douzième jour du Coeur de l'Hiver, année des Dragons Renégats
12 martel 1373 (CV)

Lieu : Morteneige, Marches d'Argent
Temps : couverture nuageuse basse, chute de neige importante, 1°
Moment : vers 14h45





Narration Amur, Belgos, Garjzlasa, Kebur, Kerlomar et Soran :


Si certains s’étaient aperçu de la disparition de Soran, personne n’en parla. Après tout, ils se connaissaient depuis si peu de temps. Et comment savoir si les motivations affichées par l’humain étaient réelles ou feintes. De plus, la neige qui tombait drue quand ils quittèrent la ville, permit à l’ensorceleur de s’éloigner sans un bruit et de disparaître en quelques instants.

Le groupe poursuivit donc sa progression, et approchait de l’abbaye quand une accalmie se fit. Les flocons cessèrent leur danse virevoltante puis le soleil perça la couche nuageuse, illuminant le paysage resplendissant sous la neige, particulièrement les montagnes se dressant aux alentours.

L’abbaye, dissimulée jusqu’alors par les bourrasques, apparut aux yeux intéressés du groupe. L’hospice de Marthammor s’avéra être fortifiée. Il n’y avait à cela aucune surprise. Car isolée sur les pentes des Montagnes Nétheres, elle se trouvait sous la menace constante d’orques et d’autres créatures. Derrière un haut mur crénelés, étaient érigés quatre bâtiments identiques à un étage, construits en pierres massives. Il n’y avait là aucune place à l’inutile. L’architecture apparaissait fort simple, et fonctionnel.

- Ah ! fit Marnuf l’air réjouit. Me voilà chez moi. Merci les amis.

Il fouetta son poney pour le faire accélérer, mais la bête rechigna, gênée par la neige. Du haut du mur, on devait les observer car la seule et unique porte s’ouvrit à leur approche. Le groupe pénétra bientôt dans la petite cour accueillit par une petite assemblée de nains, des prêtes, des frères, entourant une naine au port altier. Des gardes tous de solides nains guerriers se tenaient à proximité.

Marnuf quitta prestement le siège de son chariot et marcha jusqu’à la naine aux pieds de laquelle il s’agenouilla respectueusement. Sans un mot, mais le regard brillant, il lui tendit l’étui à parchemin qui n’avait pas quitté sa poitrine depuis tant de jours.

- Relève-toi, Marnuf, invita-t-elle d’un ton chaleureux en se saisissant de l’étui. Est-ce les gens de la Compagnie des Marches qui t’ont protégé depuis Sundabar ? s’enquit-elle.

Le nain se releva et désigna tour à tour Belgos et Kébur.

- Seuls ceux-ci ont fait tout le voyage avec moi. Les autres nous ont rejoint il y a peu de temps pour remplir une autre mission, ici à Morteneige. Mon cousin Kurtik est resté à la ville afin d’en discuter avec la Dame Piqueglace. Vous ne le verrez donc pas cette fois. Ce groupe est pour l’instant sous les ordres de Belgos. Approche, demanda-t-il à ce dernier. Je tiens à te présenter la Surveillante Kerrilla Gemmétoile. Approchez aussi, vous autres. Vous êtes les bienvenus ici.

Kerilla leva un main, mi salut, mi bénédiction.

- Nous, humbles serviteurs de Marthammor Duin, vous saluons.

- Je suis né sous des températures plus clémentes ! avoua le demi-elfe sur un ton rieur, au sein d’un royaume elfe qui a pour nom Shilmista, situé en Amn, bien plus au sud d’ici.

Le rôdeur fit silence. Evoquer la Forêt des Ombres provoquait chaque fois en lui une certaine nostalgie, il inspira profondément pour dissiper le trouble passager qu’il ressentait. Mais ce fut bref. Déjà, la silhouette de l’hospice se découpait à l’horizon, arrachant un sourire au rôdeur.

- Il semble que nous arrivons à destination Kerlomar, nous devrions être biens accueillis par les fidèles de Marthammor mais entre nous j’espère que cette halte sera de courte durée et que demain nous repartirons rapidement pour effectuer une quelconque mission, histoire de ne pas se sentir inutile.

Le rôdeur n’en dit pas plus, il se détourna adressa un signe de la main à Kebur. Et au reste de la petite compagnie pour leur indiquer qu’ils arrivaient.

Et quelques minutes plus tard, le groupe pénétra dans l’enceinte du temple fortifié. Aussi bizarre que cela puisse paraître, la première impression que l’hospice donne au demi-elfe fut certaines similitudes avec la forteresse de la guilde et même si elle n’était pas aussi imposante, elle n’en demeurait pas moins une construction naine, solide, bien assise et prête à défier quiconque chercherait à la défier.

Avisant le comité d’accueil, le rôdeur laissa le prêtre se présenter le premier comme le voulait les usage et son regard glissa sur les autres nains et aussi étrange que cela puisse paraître, ses pensées se tournèrent vers Sundabar et le Bastion. Ce dernier était composé presque pour moitié d’une forte population naine, il ne fallait gère s’en étonner. Dès son incorporation au sein de la Compagnie,, le rôdeur s’était intéressé ce peuple et plus particulièrement au cours de la période où les phalanges du Molosse et de l’Aigle avait été jumelé après la disparition de Maître Frolamin Dagarkin. Belgos n’avait rencontré qu’une dizaine de fois ce puissant nain d’écu qui comme Kurtik, était un rescapé du massacre de la forteresse d'Arragrath. A la tête des Molosses, ce fils de la pierre avait acquis une solide réputation en tant que combattant mais aussi un commandant aimé et respecté de ses hommes.

¤ Ce fut une grande perte pour nous et cela aurait pu briser la guilde ¤ songea amèrement Belgos en se souvenant du vaillant nain d’écu. Au lendemain de sa disparition inexpliquée, les clans du Bastion s’étaient agités, et il avait fallut toute la diplomatie du commandement de la compagnie pour calmer les esprits.

Il leva les yeux devant la représentante du Protecteur des Errants, elle appartenait aux volamtars, ce qui signifiait en langue naine « ceux qui ouvrent de nouvelles voies ». si Belgos le savait, il le devait au frère molosse Mirtzar Boucledacier, un chevalier de l'Oeil Vigilant avait lequel il avait sympathisé. C’était désormais à son tour de se présenter. Il s’avança et posa le poing droit serré contre son cœur.

- Honneur et vie à vous Surveillante Kerrilla Gemmétoile, déclama le demi-elfe en reprenant le salut traditionnel de la Compagnie, je me nomme Belgos Dalaèl, membre de la Compagnie des Marches, puis désignant un à un les membres du groupes voici dans l’ordre Frère aigle Kebur Poindanel, Frère-Licorne Amur Mardilack et Garjzlasa, une de nos nouvelles recrues.

Le rôdeur désigna ensuite l’homme à la cicatrice.

- Enfin, voici Kerlomar Ribens, que nous avons recruté à Morteneige, Belgos reporta son attention sur la prêtresse, nous nous mettons à votre disposition Dame Kerrilla Gemmétoile.

- Je ne connais pas le nom du royaume auquel vous êtes rattaché, au moins sûrement par le coeur. Tout comme je ne connais l'Amn que de nom. Accepteriez vous de me parler de ces deux endroits, une fois que nous serons revenus à Morteneige ?

En effet, Haridian venait de revenir vers lui et le druide vit ensuite l'enceinte de pierre du monastère, qui pour lui ressemblait plus à Sundabar qu'à un monastère rassemblant de pieux hommes, nains pour ce domaine là. L'accueil fut intéressant à voir mais il préféra ne pas l'interpréter. D'ailleurs, il ne connaissait même pas le dieu qui avait été cité, mais il en déduisait qu'il s'agissait d'un dieu nanique. Lorsque qu'il était entré dans l'énorme bâtisse, il s'était naturellement mis derrière tout le monde, sa discrétion et son agoraphobie reprenant le dessus. Il était le plus prêt possible de la porte, prêt à partir s'il en éprouvait le besoin. Il se sentait mal à l'aise dans ce lieu, oppressé et des gouttes de sueur commençaient à perler sur son front et à couler le long de sa nuque. De plus, sa chaleur corporelle augmentait petit à petit et il recula un peu plus. De plus, il ne cessait de regarder autour de lui, cherchant un moyen d'évacuer son stress. Attrapant son gauche du sa main droite, il essaya de calmer les tremblement de son membre supérieur et se mit à tourner les yeux d'un air fou. Il se mit à respirer plus fort, bruyamment, pris soudainement à la gorge et ressentant une difficulté à respirer. Il se baissa pour prendre de la neige et se la passa sur le front, mais la sensation était toujours là. Il enleva alors sa cape, dévoilant légèrement son symbole du loup argenté avant de passer son bras devant pour poser sa main sur son ventre et se le masser. Il ouvrit légèrement le haut de sa tunique, pour être moins oppressé, mais cela n'eut pas l'effet escompté. Il regarda autour de lui et cria presque à la directrice du monastère et à son chef propre, d'une voix éraillée et un ton un peu fou.

- Je suis désolé, mais il faut vraiment que je sorte.

Terminant à peine sa phrase, il quitta l'enceinte de pierre et marcha plusieurs dizaines de mètres au-dehors, dans la neige. Lorsqu'il s'arrêta, il respira à plein poumons l'air froid et piquant de l'hiver, l'acceptant avec plaisir et délice. Peu à peu, sa sueur cessa de couler et le froid le reprit. Il referma sa tunique et remit sa cape et commença à faire les cents pas, attendant que le reste de la petite troupe vienne le rejoindre. Mais il évitait de se tourner vers le monastère, car poser les yeux sur les murs lui donnaient un sentiment d'emprisonnement. Il était d'autant plus surpris par un tel accès de terreur intérieure qu'il n'avait pas ressenti ça depuis les yuan ti. Il se rendait compte au fur et à mesure que cette expérience l'avait troublé et traumatisé plus qu'il n'avait voulu le croire et l'accepter. Il n'avait jamais aimé les lieux clos, de pierre, mais depuis cette horrible expérience, il en devenait complètement malade. Il se massa de nouveau le ventre, sentant s'éloigner son envie de vomir en même temps qu'il passait du temps dans la nature libre.

¤ Pourvu qu'ils se dépêchent de sortir. Je ne veux pas dormir ici, je vais devenir dingue sinon. ¤

Le groupe était déjà aux portes de la ville avant qu'Amur ne s'aperçoive de la disparition de Soran. Ils étaient toujours en ville, aussi le guerrier ne s'inquiéta-t-il pas, jurant dans sa barbe contre la fiabilité des hommes du Nord. Guère différente de celle des hommes du Sud, mais il fallait bien pester contre quelque chose, d'autant qu'il s'en prenait aussi à lui-même. Après tout, Belgos lui en avait confié la responsabilité, et voilà qu'il ne remarquait pas son départ.

Déjà, le groupe sortait de la ville et il était trop tard pour chercher l'ensorceleur. Se promettant d'expliquer la situation à Belgos dès que possible, Amur ferma la marche avec Garzjlasa. Le trajet fut cette fois sans histoire, le groupe arrivant bien vite en vue du monastère. Le guerrier détailla d'un œil appréciateur la massive construction. Décidément, les nains savaient comment construire des ouvrages défensifs !

Belgos se chargea des présentations d'usages tandis que Marnuf conversait avec les prêtres. N'ayant rien de mieux à faire, Amur observait les alentours. Il n'eut que le temps de remarquer le malaise de Kerlomar avant que celui-ci ne ressorte du bâtiment. S'approchant de Belgos, Amur lui glissa à l'oreille :

- Excusez-moi une minute, je vais voir s'il va bien.

Ayant averti son supérieur, Amur suivit Kerlomar à l'extérieur. Non pas qu'il s'inquiète d'un départ impromptu comme celui de Soran, mais il n'aurait pas été prudent de laisser Kerlomar seul hors du monastère, et ils avaient déjà perdu assez de compagnons dans la journée. Il suivit le druide lorsqu'il s'éloigna des murailles et lui demanda, assez maladroitement :

- Que vous arrive-t-il ? Vous n'avez pas l'air en forme...