L'or et le Sang à Morteneige, Là où on trouve de l'or, tout va mal

Debout...Le jeune prêtre était resté debout pendant l'introduction de Laëna alors que celle-ci l'avait invité à s'asseoir... C'était pour lui une situation inconfortable, en ce qu'ayant suivi la conversation debout, il serait étonnant qu'il s'assoie. Néanmoins, il pourrait prétexter …
¤Mais qu'est-ce que je raconte là ?! Allons, allons reprends toi un peu !¤
Une occasion pour lui de se rasseoir survint néanmoins quand sa jeune interlocutrice évoqua l'hétéroclite compagnie dont il faisait partie. En esquissant un sourire sous sa barbe rousse, il reposa son sac entre sa chaise et celle de Belgos, et se rassit, tranquillement.

Quelques instants encore il s'accorda le temps de la réflexion, observant les traits de la jeune paladine qui se tenait devant lui.¤Une paladine ! Le héraut qui bientôt deviendra héros, auréolé de gloire et de la réputation du juste ...¤ C'était en effet une première pour le nain, qui n'avait jamais eu l'occasion de rencontrer de paladin, même parmi les siens. Il était bien plus honoré que la jeune humaine ne pourrait le deviner, et si un frisson glacial était remonté le long de son cou quelques secondes auparavant, son coeur irradiait bien plutôt d'une douce chaleur quand il dit :

-Je vous remercie pour ces éclaircissements, paladine d'Eldath. Une paladine ... savez-vous ce que j'ai appris au sujet des paladins quand on m'a enseigné les préceptes de Moradin ? On m'a dit que les paladins étaient des hérauts qui ne tarderaient guère à être élevés en héros, auréolé de gloire et de la réputation du juste ! Il se permit ici un léger rire, tandis que dans ses yeux brillait une étrange lueur à l'évocation de ses années comme acolyte ... Je dois bien l'avouer, vous êtes le premier paladin que je rencontre, et j'en suis honoré, pour sûr ! Que suis-je, moi humble serviteur, face à vous, champion divin ? … Je m'égare pardon ... cela me prend parfois, mais les bonnes discussions ont été si rares pour moi ces derniers temps !

Dans sa diatribe, le temps de remettre ses idées en place de telle sorte à ne plus partir dans toutes les directions comme il en avait l'habitude dès qu'il s'agissait de religion, il fit une pause. Courte et presque insaisissable, mais pendant laquelle toutefois il se contenta de tirer sur sa pipe, une fois ... deux fois. Quand enfin il eut relâché dans l'atmosphère déjà surchargée les fumées épicées, il reprit :

-L'isolationnisme de mon peuple est, en effet, une idée bien propagée dans notre monde. Mais, si on peut édicter cela en règle, alors ne faut-il pas des exceptions ? Commença-t-il en souriant. Mais, permettez-moi de vous présenter un vieil ami maintenant, et ces deux hommes avec lesquels je voyage, qui font de nous une compagnie surprenante ! A ses mots, il se tourna à demi vers Belgos, le commandant et Marnuf, tandis qu'il gardait un œil sur Laëna. Paladine d'Eldath, je vous présente Belgos Dalaèl, Kurtik Jundeth, et Marnuf Jundeth. Messieurs, voici Laëna Merviel, paladine d'Eldath, dame des Flots Chantants.

Sans même laisser le temps aux autres de saluer, il enchaîna immédiatement sur quelque chose de bien plus terre à terre, une réaction qui, somme toute, le caractérisait assez bien !

-Messieurs, mademoiselle, permettez moi de vous inviter tous ce soir !

Onzième jour du Coeur de l'Hiver, année des Dragons Renégats
11 martel 1373 (CV)

Lieu : La Fourche, Marches d'Argent
Temps : nuageux, risque de pluie, 8°
Moment : vers 17h45, début de la nuit


Narration Tous :

rvag revint bientôt porteur de la bière de Garjzlasa auquel il annonça le prix :

- Ce sera 5 pièces de cuivre. Vous pouvez payer plus tard avec le repas.

L’ensorceleur sourit, ravit de ne pas s’acquitter sur le champ de la somme. Se séparer de son argent ne lui plaisait guère, même une petite somme. La haute silhouette du vieux guerrier le dissuada d’en discuter le montant. Irvag désigna alors la belette dont la tête apparaissait toujours, les sourcils froncés :

- Vous pouvez garder votre bestiole avec vous. Mais je veux pas la voir traîner, surtout vers les plats qu’on prépare, et l’assiette d’autres clients. Si un seul se plaint, je l’attrape et la jette dehors.

L’humain n’ajouta pas « et vous avec », mais son ton l’indiquait.

- Pareil pour vous, dit-il à l’attention de Soran dont le corbeau s’agitait.

Son regard et sa voix se firent plus aimable quand il reprit :

- Il y a beaucoup de clients ce soir. Si vous voulez pas attendre longtemps avant de pouvoir manger, je vous conseille, de ne pas tarder à vous asseoir à une table. Finissez votre verre et asseyez-vous.

Garzlasa et Soran jetèrent un regard sur la salle et virent que le patron de l’auberge disait vrai. A part une table à moitié vide où se trouvaient notamment des personnes arrivées depuis peu, il ne restait que quelques places ici ou là. Quand les deux ensorceleurs refirent face au comptoir, ce fut pour voir qu’Irvag venait de le quitter.

Malgré le bruit ambiant, le vieux guerrier avait l’oreille fine et le son de la cloche que personne n’avait entendu dans la salle, ne lui avait pas échappé. Il disparut donc dans la cour et revint au bout de quelques minutes, suivi d’un jeune humain vêtu d’une cape.

Celui-ci retira son capuchon, révélant de longs cheveux blonds emmêlés. Son regard candide fit le tour de la salle tandis qu’Irvag regagnait sa place. Quand ses yeux tombèrent sur le chef de la Phalange de l’Ours, ses yeux s’agrandirent à la vue des insignes de la Compagnie des Marches que le nain arborait sur son armure. Excité, il s’avança immédiatement jusqu’à la table au moment même où Soran suivi de Garzlasa y parvenaient eux aussi dans l’intention d’y prendre place, leur verre à la main.

- Messire, excusez mon impolitesse, mais vous appartenez bien à la Compagnie des Marches ? demanda-t-il à Kurtik.

Le nain qui avait remarqué son entrée, détailla cette fois l’inconnu avant de s’exprimer :

- En effet, jeune homme. Je suis Kurtik Jundeth, chef de la Phalange de l’Ours.

Ravi l’humain le gratifia d’un salut de la tête.

- Messire, je me nomme Korian Makot. Je suis porteur d’un message de Dame Arletha, maîtresse de la Maison Piqueglace du village de Morteneige, à destination de la Compagnie des Marches. Mes ordres sont de rejoindre Sundabar pour y délivrer mon message. Mais suite à un contre temps, j’ai préféré venir ici pour y passer la nuit avant de poursuivre ma route. Vu votre qualité, puis-je vous faire lire mon message ?

- Faites, enjoignit Kurtik dont le regard montrait une grande curiosité.

Le messager tira un parchemin d’une poche de sa cape, et le tendit. D’un geste rapide, le chef de phalange en brisa le sceau. Puis il se mit à lire sous les regards de tous les occupants de la table qui n’avaient pas manqué un mot de cet échange. Ponctuant sa lecture de « hum » sonore, le chef de phalange replia bientôt le document et le rendit au jeune humain :

- Ainsi, ta maîtresse demande l’aide de la Compagnie des Marches pour rétablir l’ordre mit à mal par la présence de nombreux prospecteurs depuis qu’on a découvert de l’or. Le temps que tu arrives à Sundabar, que l’on réunisse des gens, et que ceux-ci aillent jusqu’à Morteneige, il se serra passé beaucoup de jours.

Kurtik réfléchit quelques instants avant de fixer le jeune homme d’un regard déterminé.

- Mon ami, tu vas continuer ta route jusqu’à Sundabar. Là, tu délivreras ton message, et tu expliqueras que tu m’as rencontré ici. Tu diras aussi qu’allant justement à Morteneige, je me charge de cette affaire, mais que des soldats suplémentaires pourraient m’être utiles. Je vais, ici, et ce soir même, chercher à recruter des volontaires. Car ce n’est pas avec deux soldats, quand bien même ils soient très bons, qui me suffiront. Avec un peu de chance, je pourrais arriver avec un groupe décent pour aider ta maîtresse. Mais l’envoie de renforts seront nécessaires. Demain, avant ton départ pour Sundabar, je te communiquerai le nombre de volontaires que j’aurai recruté.

- Merci bien, messire, déclara Korian ravit. Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, je vous laisse vous restaurer et je vais de ce pas boire un bon verre.

- Vas-y jeune homme.

Kurtik s’aperçu à cet instant qu’il était le centre de tous les regards.

- Hé bien les amis, voilà une histoire bien intéressante. On dirait que ce voyage qui était presque d’agrément, mon cher cousin, se transforme en véritable mission pour la Compagnie des Marches. Qu’en dites-vous ?

Un bon tabac, une fort agréable compagnie, paladine de surcroît et un repas caractéristique de ces régions froides qui ne manquerait pas d'être commandé sous peu. Tout allait pour le mieux dans ce monde que Kebur commençait à considérer comme le meilleur.
Les préceptes de Moradin faisaient état d'un monde forgé du marteau même du Père des Nains, boule de glaise humide sur laquelle vinrent plus tard les différentes races que l'on y trouvait aujourd'hui, modelées d'une main de maître, par Moradin lui même en ce qui concernait les nains. Dire que ce monde était le meilleur allait donc de soi ... Le croire, en revanche, nécessitait plus qu'une simple foi, fusse-t-elle solide et profonde.

Quand le messager arriva, le jeune prêtre était perdu dans de nombreuses contemplations, à la fois spirituelles et oculaires, pour la simple et bonne raison qu'il pensait à ce qui aurait pu pousser une si jeune femme à devenir paladin, et qu'il cherchait en même temps un serveur des yeux, tout en tirant machinalement sur sa pipe. Ne trouvant ni raison valable, ni serveur, Kebur se concentra donc sur le message que Kurtik avait entreprit de lire.

Après avoir acquiescé -inutilement- aux ordres du commandant et à ses derniers dires, il replongea dans ses réflexions, toutefois conscient que l'escorte qu'ils formaient aurait plus à faire à Morteneige que de s'assurer simplement l'acheminement correct de quelques parchemins de valeur. Il faudrait des renforts ? Soit ! Après tout il était vrai qu'à eux trois ils ne seraient pas d'une grande utilité s'ils devaient faire face à une bande de prospecteurs prête à se battre pour quelques paillettes d'or ..

¤S'ils voyaient ce que nous extrayons chaque jour dans le Turmish ! Ils ne seraient même plus insensés devant tout cet or : ils deviendraient complètement cinglés !¤

Sans qu'il n'y ait aucun rapport entre ses pensées et ses actions, sinon peut-être une réminiscence furtive des précédentes paroles de Kurtik, le prêtre de Moradin tourna la tête vers Laëna, et après avoir réfléchi encore quelques instants, il dit :

-Dame Merviel, vous êtes paladine m'avez-vous dit ... Si ce que j'ai lu et appris et vrai, alors vous savez vous battre comme le meilleur des guerriers, pour protéger la foi d'Eldath. Mais, pardonnez mon indiscrétion, ne chercheriez-vous pas quelque travail par hasard ? Vous avez entendu le commandant Jundeth, il recrute, aussi je me disais …

A temps, il rattrapa sa langue, mais il manqua de peu s'avancer bien plus que son rang nouveau ne le lui permettait, surtout face aux désirs d'un commandant de phalange. Demander, toutefois, ne coûtait rien, et si par le plus grand des hasards il s'avérait que la paladine cherchât de quoi gagner sa vie et répandre le foi d'Eldath, alors Kurtik sauterait vraisemblablement sur l'occasion ... Parce qu'au fond, le prêtre était bien conscient que même dans ce type d'auberge placée dans un endroit dangereux, rares étaient les hommes suffisamment compétents pour ce genre de travail. Une paladine au contraire était prédestinée à rétablir l'ordre ...

¤Et puis si elle nous accompagne, je vais peut-être pouvoir discuter de l’histoire et des religions de cette région avec elle !¤

L’éclair de malice qui traversa ses yeux alors qu’il prenait conscience de son intérêt personnel dans l’affaire, personne n’aurait pu le voir, sauf peut-être à avoir fixé le prêtre des yeux pendant quelques temps. Belgos et elle, en plus de son intégration à venir dans la Compagnie des Marches, donneraient à ce périple et à cette aventure une douce saveur sucrée qui effacerait sûrement le goût amer qu’avaient les souvenirs de Hlondeth et de tous ses sacs d’écailles montés sur pattes …

Intarissable ! Oui Kebur du clan Poindanel du Turmish était fort prolixe selon l’avis du demi-elfe, le fils de la pierre pouvait tenir une conversation à lui seul sans s’encombrer de la règle la plus élémentaire de bienséance, celle de laisser le libre choix à ses compagnons de se présenter ou pas. tre avenant était une chose qu’il fallait savoir user avec circonspection. Toutefois, Belgos ne dit rien, par amitié car la bohémie de son compagnon était du baume au cœur et leur mission ne les obligeait en rien à maintenir une certaine discrétion. Aussi il laissa son ami parler, parler et parler. Cela avait eu le mérite de confirmer l’appartenance de leur voisine de table à la communauté des chevaliers de la dame des Flots Chantants, pour Belgos, c’était une première, une paladine d’Eldath ? Rencontre étonnamment surprenante ici au milieu d’un paysage montagneux. Etrangement, l’évocation d’une des divinités de la nature laissa Belgos songeur. Sa main glissa vers la broche qu’il portait sous son manteau de voyage et il l’effleura du bout des doigts. Ce bijou avait appartenu à sa mère, une fervente adoratrice de Mailiki et représentait une tête de licorne en cornaline finement ciselée qu’il l’avait reçu en cadeau le jour de ses dix ans. Et il y tenait particulièrement.


L’irruption du messager le fit revenir à la réalité et il se montra attentif au résumé succinct que fit Kurtik. Sous officier de la Compagnie des Marches, le demi-elfe avait eu le loisir d’avoir quelques cours magistraux sur la géographie et la politique propre des Marches d’Argent. Mieux valait-il savoir où on mettait les pieds quand on était envoyé en mission. Il avait apprit qu’en Eleinte dernier que de l’or avait été découvert dans les ruisseaux montagneux au dessus de Morteneige, ce qui n’avait pas manqué de provoquer une ruée vers l’or dans toute la région. Il allait prendre la parole pour répondre au chef de la phalange mais il n’en eut pas le temps, Kebur parla de nouveau jusqu’à aller recruter pour le compte de la Compagnie, une nouvelle intervention de sa part qui ne manqua pas cette fois de l’irriter. Il ferma les yeux, se passa les main sur son visage et les rouvrit tandis que d’autres voyageurs approchaient de leur table. Il n’en eu cure, et dévisagea cette fois ouvertement Kurtik, en se contenant au dernier moment d’envoyer une réplique bien sentie à Kebur car il ne voulait pas froisser son camarade d’aventure.

- La garde de Morteneige semble donc à ce point débordé que nous devons faire la police à leur place, évoqua l’A’Tel’Quess avec un sourire entendu, cette réflexion n’avait rien d’une critique, en tout cas, si on réclame notre aide, nous nous devons de l’apporter, mais le message reste évasif…

Il ne prêta guère attention aux autres personnes qui l’entouraient et continua à dérouler le fil de sa pensée, sur un ton relativement bas.

- Prospecteurs de tout poil, canailles en tout genre. Il doit faire bon demeurer à Morteneige et dans les environs en ce moment. Je me demande réellement ce que veut Dame Arletha, loueur les services d’une compagnie telle que la nôtre est une chose mais si mes souvenirs sont bons, Morteneige bénéficie de la protection de la Haute-Dame

Il fit silence. Ce qui signifiait qu’en cas de grands périls, Arletha pouvait réclamer de l’aide aux grandes cités des Marches et demander l’envoi de forces régulières.

Narration MJ

Kurtik Jundeth éprouvait beaucoup de plaisir à se trouver ce soir là à cette table de l'auberge de La Fourche. Dans la vie trépidante de chef de phalange, on avait guère l'opportunité de profiter ainsi de moments si reposant, qui plus est aux côtés de son cousin dont il appréciait l'agréable compagnie.

Le voyage s'étant passé sans anicroche depuis Sundabar, il ne restait plus que le chemin assez mal famé menant à Morteneige, et la mission serait terminée.

C'est tout du moins ce que pensait le nain d'écu jusqu'à l'arrivée du messager. Et alors qu'il éprouvait quelques instants auparavant de la satisfaction à se laisser aller, la perspective d'une mission intéressante le galvanisa.

A la question qu'il avait posé, le chef de la Phalange de l'Ours obtint un simple sourire de la part de Marnuf. De Kebur, il n'obtint également aucune réponse, et celui-ci préféra s'adresser à une inconnue.

- Kebur, maugréa Kurtik. J'aurai apprécié que tu me répondes au lieu de discuter avec cette personne. Quant à lui offrir un emploi, je pense que c'est à moi que revient cette tâche.

Heureusement, Belgos détourna l'attention du chef de phalange qui hocha la tête :

- Tu as entièrement raison. La dame Piqueglace aurait pu être plus explicite. Mais il y a peut-être une raison à ce manque d'information. Mais que la garde de ce village soit déborbé ne m'étonne pas. J'ai entendu dire que des centaines de prospecteurs se sont rués sur cette zone. Or la Milice qui en assure la garde, n'est pas dimensionné pour un tel afflux de population.

Kurtik écouta Belgos exprimer son point de vue sur la situation de la ville et approuva une nouvelle fois :

- Tu as entièrement raison. L'or attire de tout.

Le chef de phalange ne releva pas l'allusion à la Haute-dame, car il n'en savait rien et ne voulait pas le révéler.

¤Oui, ce sera plutôt bien, plus nombreux, on sera en mesure de...¤

Le prêtre fut coupé dans ses pensées par une remarque du commandant de la phalange de l'ours. Immédiatement, le jeune nain sut que malgré les limites qu'il avait essayé de ne pas franchir, sa discussion avec la paladine était bien trop avancée.

-Mes excuses commandant. Il va de soi que je suis partant pour cette mission qui me semble très intéressante, vue d'ici j'entends. Excusez encore mon empressement.

Encore une fois sa prolixité lui avait joué des tours, et après avoir demander le pardon à Kurtik, il se contenta de rester tourné dans la direction de ses compagnons, tout en cherchant des yeux un serveur potentiel, qui serait le bienvenu.

Au fond, rétablir l'ordre n'était pas parmi les choses qui tenaient le plus à coeur au fils de Moradin, mais l'idée de découvrir par la même occasion quelques unes des façons de faire de cette région le poussait à accepter sans condition de suivre Kurtik et le groupe jusqu'à Morteneige pour faire face aux mineurs avides de quelques paillettes. L'idée de devoir rétablir l'ordre dans le sang n'était pas non plus trop à son goût, s'il fallait toutefois en arriver à de telles extrémités, alors il le ferait pour protéger et sa vie, et le village de la ruine si ça tournait en émeute.

A tirer sur sa pipe depuis quelques longues minutes, le tabac commençait déjà à être totalement consumé ... Aussi, d'un geste machinal il se saisit de son tuyau en bois sculpté, et la garda dans la main tout en ne cessant de regarder alentours, en évitant de s'arrêter sur Laëna, sans quoi il n'était pas sûr de pouvoir se retenir de reprendre la discussion avec celle-ci. Il repéra deux jeunes hommes qui étaient déjà assez proches de leur table, qui semblaient déjà se connaître, mais il ne leur accorda guère plus d'attention que celle nécessaire à un rapide coup d'oeil. Quant aux bruits d'une taverne à la tombée de la nuit, cela sonnait à ses oreilles toujours aussi plaisamment ...

A l'intérieur du Bastion vivait de nombreux clans nains, parmi eux les Junbeth qui n'étaient pas des guerriers mais qui s’occupaient des tâches les plus difficiles dans la forteresse et à l’extérieur, ils étaient bûcherons, charbonniers, chasseur, trappeurs, bergers et cultivateurs, leur tâches étaient multiples et sans eux la forteresse serait paralysée. Kurtik Jundeth était le parfait reflet de ceux qui appartenaient à ce clan et il ne l'aurait pas vu autre part qu'à la tête de la phalange de l'Ours.

Toujours est-il que Belgos fronça les sourcils. A sa grande stupéfaction Kurtik Jundeth n'avait pas relevé le fait que si les dirigeants de ce village le souhaitait, ils pouvaient faire appel à la protection des cités environnantes qu'on leur dépêche quelques renforts....

- Bien, je vous laisse faire vos affaires commandant, j'ai à faire. Kebur...Je reviens dit-il en se levant

Il adressa un petit sourire à Kebur pour lui signifier qu'il n'en avait pas pour longtemps, le demi-elfe ne regarda pas ceux qui prenaient place à la table et se fraya un chemin..jusqu'au comptoir pour y commander une pinte de bière.

- Ola Tavernier! une pinte de votre meilleure bière et quelques questions pour un voyageur en route vers Morteneige.

Qui mieux qu'un aubergiste plaçé à un endroit stratégique, pouvait être au courant des rumeurs et des dangers que recelaient cette région...

Belgos posa une pièce d'or sur le comptoir...

Garjzlasa s'etait assis a la table et ecoutant quelques breves phrases, entra soudain dans un instant d'exitation. Ce qu'il cherchait etait enfin a portée de main. Sirth ne tenait pas en place, et, sorti du manteau, faisait des allers retours d'une epaule a l'autre.

¤ça a l'air de bien s'agancer, ein Sirth? on a de la veine, avoue le!¤

Avancant le buste sur la table, il pris la parole et, s'adressant le plus clairement possible aux personnes deja impliqués dans le dialogue, tentant quelques mots.

-Etes vous en train de suggerer un travail quelconque pour des aventuriers, ou bien mon oreille me joue des tours. Si c'est bien le cas, sachez moi tres interressé, dautant plus que Monteneige est un lieu qui me fascine tout particulierement.

Il savait que, en un certain sens, il mentait. Mais partiellement, ca c'etait bel et bien monteneige qui l'attirait, et son or! Il sentrait renaire en lui l'espoir de revoir de l'or, du vrai! C'etait comme le debut de la fortune, pour lui(ou pas...).

Nonchalamment, Soran se mit debout en repoussant son tabouret sur la gauche.

Il aurait préféré une table vide. Hélas, la plus déserte était déjà bien peuplée. A leur carrure large et trapue on reconnaissait aisément deux nains, ainsi qu'un autre homme qui se dirigeait vers le comptoir, une femme en armure, ce qui était assez rare pour être remarquée et voilà que son ancien interlocuteur venait de s'y attabler lui aussi.. Il ne portait pas d'intérêt direct au demi-elfe, dont il ne distinguait de toute façon pas bien l'origine, il avait déjà fait la connaissance du personnage à la belette, il avait peu rencontré les gens de la race des petits hommes barbus mais avait toujours apprécié le caractère stoïque et rancunier de ces derniers. Seul la chétive combattante restait un mystère. Les femmes pouvaient être des magiciennes extrêmement féroces, et il l'imaginait plutôt mal dans une mêlée. Certains sorciers combattaient peut-être caparaçonnés, mais lui n'y serait pas arrivé, ce qui la rendait plus dangereuse encore. Bref, cette table avait le potentiel d'être la bonne, les convives semblant plutôt aventuriers.

Du pas lourd de ceux qui ont longuement marché pendant la journée, il vint rejoindre le buffet où c'était déjà installé l'autre ensorceleur. En temps habituel, il se serait volontiers assit sans un mot ou formule de politesse, mais, encore, une fois, il avait soucis de préserver l'éthique, surtout qu'on était en droit d'espérer qu'à cette planche se trouve des employeurs. Il slaloma entre les autres clients et atteint finalement le but du bref voyage en se demandant comment allait-il débuter la conversation. Il voulait faire simple, et ne pas se laisser emporter.

-Messieurs... Bonjour. Et il se posa lourdement sur une chaise. Il attendait son repas. Son corbeau noir croassa sinistrement en battant des ailes, sans raison apparente.

Onzième jour du Coeur de l'Hiver, année des Dragons Renégats
11 martel 1373 (CV)

Lieu : La Fourche, Marches d'Argent
Temps : nuageux, risque de pluie, 8°
Moment : vers 17h50, début de la nuit


Narration Tous :

elgos, en bon sous-officier de la Compagnie des Marches, voulait récolter des informations fraîches sur la zone dans laquelle ils allaient s’engager. Si cela semblait simplement utile pour leur première mission, cela devenait maintenant nécessaire en vue des problèmes qu’ils pourraient rencontrer en demeurant à Morteneige.

Grumbelham Maindor posa bientôt une pinte devant Belgos. Il écouta les questions de celui-ci et se fendit alors d’un large sourire. Le nain, en vieux guerrier, se tenait au courant des principaux événements agitant la région. De plus, de nature bavarde, il discutait volontiers avec les clients de passage qui le souhaitaient, glanant ainsi de nombreuses nouvelles. Considérant la pièce d’or, il la repoussa vers le demi-elfe :

- Vous me devez 5 pièces de cuivre. Sinon, voyons ce que je peux vous apprendre. En allant à Morteneige, méfiez-vous. On reconnaît plus le village depuis qu’un chasseur a trouvé de l’or dans un ruisseau au printemps dernier. Il y a tellement de prospecteurs qu’ils sont plus que les habitants d’avant. Comme il y avait pas assez de quoi les loger dans la ville, la Dame Pique Glace accepté qu’ils s’installent en dehors de l’enceinte. Ils ont construit des tas de cabanes. Les gens de Morteneige espéraient bien que l’hivers les feraient partir. Mais ils sont restés. Et je vous dis pas les problèmes que ça fait ! Il y a de tout dans les prospecteurs, des gens biens comme des mauvais. L’or, ça attire de tout.

Le nain but une gorgée de la pinte qu’il s’était servi en devisant :

- Mais c’est pas là le plus dangereux, poursuivit-il. Faudra déjà arriver là-bas entier. Déjà, faudra vous méfier des bandes d’Orques des Entrailles Arrachées qui sont installés sur tout le côté nord des Montagnes Néthères. On vient d’avoir trois mois de neige. Ils étaient plutôt calmes, car il y a moins de voyageur, si le chemin est pas tout bonnement impraticable dans les temps les plus dures. Mais avec la fonte de la neige, un voyageur m’a dit pas plus tard qu’hier qu’il avait échappé de justesse à une attaque. Mais c’était peut-être des orques qui viennent d’un campement installé plus haut que Morteneige, à l’ouest. Ils sont commandés par Ugreth, le fils d’un roi. Mais je pense pas que c’était eux, car Ugreth a deux worgs qu’il envoit attaquer les voyageurs. C’est de sâles bêtes. Et en plus de ça, on dit qu’il y a des adeptes de Shar qui se sont installés dans la région. On a pas besoin d’une pâle engeance dans ce genre, conclut-il en s’éloignant pour servir un autre client.

Tandis que Belgos sirotait sa bière en assimilant tout ce qu’il venait d’apprendre, Kurtik fixait Garjzlasa d’un regard dubitatif. L’ensorceleur qui venait de proposer ses services continuait de soutenir le ragard du chef de phalange, attendant une réponse.

- Patientez, jeune homme, finit par dire Kurtik. Je ferai un appel à candidat un peu plus tard dans la soirée.

Sur ces mots déclarés d’un ton neutre, le nain rencontra le regard de Marnuf.

- Pourquoi attendre, cousin ? Tous les clients sont là. C’est l’heure du repas.

- Chaque chose en son temps, répondit le chef de phalange. Pour l’instant, c’est l’heure de manger. C’est pas le meilleur moment pour recruter des gens qui pense plus à manger et à boire qu’à faire autre chose. Mieux vaut le faire une fois le repas terminé. Quand ils sont bien repu et après quelques verres, les candidats seront plus attentifs.

A leurs côtés, Kebur ne fit pas de commentaires, désireux de se faire oublier depuis la petite réprimande. Il ne put néanmoins s’empêcher de poser un regard interrogateur sur Laëna qui demeurait silencieuse depuis un moment, puis sur Garjzalasa qui venait de se porter candidat, et enfin sur Soran dont le corbeau s’agitait toujours sur l’épaule.

C’est l’instant que choisit une jeune serveuse pour s’approcher de la table. Il s’agissait d’une humaine au visage disgracieux mais agrémenté par un sourire aimable, et vêtue d’une simple robe courte de couleur grise.

- Bonsoir voyageurs, que voulez-vous boire et manger ? demanda-t-elle d'une voix mélodieuse. Pour le repas qui vous coûtera deux pièces d’argent, il y a ce soir du mouton grillé et du porcelet grillé à la broche, une potée de légumes et des pommes de terres aux oignons. Passez vos commandes s’il vous plaît.