L'Héritage d'Earlann, Dernière halte avant la forêt....

La semi-elfe conservait un vague souvenir d'avoir été hissée sur une monture et des cahots de la route. De nouveau, elle avait été transportée sur une couche plus confortable où elle avait sombré dans un sommeil profond. De temps à autres, sa conscience s'efforçait d'émerger, mais sans succès et elle retombait dans les limbes.

Et puis, ses paupières papillonnèrent, hésitantes. Il faisait clair et cette lumière étrange aux couleurs variées la blessait, la désorientait, suscitait la crainte, celle de se trouver en un lieu où seules ont accès les âmes détachées des corps. Elle remua et un élancement émanant de ses plaies à peine cicatrisées dissipa sa torpeur. La douleur étant l'apanage des vivants, ce fut presqu'avec reconnaissance qu'elle l'accueillit.

Elle s'abandonna encore un moment au réconfort et à la douceur de l'obscurité, avant de se forcer à entrouvrir les yeux. Elle ne perçut tout d'abord que la source de ces lueurs multicolores, qu'elle identifia comme des vitraux, avant de détourner bien vite le regard. Ensuite, elle avait senti Fir se glisser contre elle pour se lover dans ses cheveux. Au moins lui aussi était vivant et sa présence la réconfortait

Un jeune novice, bizarrement vêtu de rose, s'affairait à ses côtés, préparant ce qui lui sembla être un onguent. Ademara était assise non loin d'elle et d'une autre couche où il lui sembla reconnaître Elwin.

Son réveil ne passa pas inaperçu aux yeux de la prêtresse qui semblait observer les deux convalescents son regard tendre la surprit et le ton académique qu'elle employa l'aurait fait sourire si elle était parvenue réprimer la grimace qui s'imprima sur son visage pendant qu'elle s'appuyait sur un coude.

- Où sommes-nous, Ademara? Où nos compagnons?

Avec un effort manifeste, elle tentait de remettre ses idées en place et ce n'était pas chose facile. Chaque mot semblait lui coûter. Elle poursuivit de la même voix rauque et hachée.

- Je me suis battue, soit, plutôt lamentablement... puisque j'ai failli mourir. Est-ce à vous que je dois d'être de retour dans cette partie du monde?

Écoutant tendrement la jeune fille allongé dans un lit confortable.
Ademara passa une main délicate dans les cheveux de l'ensorceleuse. Ces doigts racées jouèrent avec une mèche quelque seconde.

Son regard se fit loin et dans un souffle elle lui dit,

- Votre chevelure est très belle. Votre courage et votre magie me rappel celui des défenseurs de l'île verte...

Retirant vivement la main et la ramenant contre sa poitrine, la tenant comme si un serpent venait de la mordre.
La demie elfe avait réveillée malgré elle un souvenir douloureux.

Son regard, d'un vert profond à l'instar de celui du feuillage du chêne centenaire fixa celui de Tasia.

- Sehanine veille sur vous, je ne suis que son humble servante. J'espère avoir simplement utilisée au mieux les pouvoirs qu'elle ma accordée. Je n'ai que simplement canalisé la magie divine.

Puis la prêtresse posa les yeux sur le museau de Fir sortir de la chevelure, sans doute pour respirer ou bien pour sentir la personne qui avait touchée sa maîtresse.

- Ne vous méprenez pas dame Tasia, votre magie est puissante. Persévérez dans cette voie et d'un claquement de doigt vous pourrez envoyer ces malandrins dans les abysses qui les ont vomis. Vous vous êtes vaillamment battue, sachez le.

Son regard se posa à nouveau sur l'ensorceleuse. Un sourire révéla ses dents blanches. Un sourire de circonstance, car il ne diffusait pas la chaleur habituelle.


- Nous sommes au temple de fort Olostin, à côté de nous se repose Elwin, il est physiquement indemne, ces blessures les plus profondes semblent être ailleurs. Nos autres compagnons se trouvent dans le hall. Mais reposez vous, le temps est sans importance, seul la vie l'est.

Tasia luttait pour rester éveillée, passant régulièrement et brièvement de l'ombre à la lumière. Un mouvement dans sa chevelure, semblable à une caresse, la ramena un peu plus durablement à la réalité. Elle pensa tout d'abord et tout naturellement à Fir, qui était venu s'y blottir. Et puis, elle vit les doigts minces de la prêtresse qui jouaient avec l'une de ses mèches. Elle n'avait pas l'habitude d'être touchée. Bizarrement, elle en éprouva du réconfort.

- Je ne sais pas et je ne connais pas l'île verte... vous m'en parlerez?

Pas plus qu'elle n'avait compris les raisons de l'approche de l'elfe lunaire, elle ne comprit son recul soudain. Elle l'accepta, simplement, comme elle avait accepté qu'elle lui touche les cheveux et, sans ciller, rendit à la prêtresse son regard.

- Si je vous ai bien comprise, la Sehanine n'a pas trouvé que mon temps en ce lieu était arrivé à son terme. Il n'empêche que si vous n'aviez pas eu la volonté de me soigner, je serais toujours probablement à mi-chemin entre ce monde et un autre. Et donc, je vous remercie...

Tout le monde va bien, dites-vous?

En même temps, ses paupières papillonnaient et elle se laissa retomber sur l'oreiller. Son corps et son esprit réclamaient impérieusement le repos qu'elle se refusait à leur accorder et elle sombra à nouveau dans le sommeil.

Les yeux d'Elwin s'agitaient sous ses paupières. Son sommeil était perturbé par des visions qui lui rappelaient étrangement le supplice subi quelques heures plus tôt. Tout était plus flou, il était plongé dans l'obscurité et était attaché mais sa vue n'était pas voilée. Des femmes encapuchonnées le battaient à multiples reprises jusqu'à ce qu'une silhouette familière les remplace. C'était son père, son visage n'avait pas changé. Il s'avança vers lui et recueillit le visage en sang du demi elfe dans sa main: -Pourquoi m'as tu abandonné ?
Il eût un sourire sarcastique et lança son poing sur le visage d'Elwin. Enfin, il chuta dans l'obscurité.

Le novice ouvrit brusquement les paupières, il n'était plus dehors. Il se redressa douloureusement, il était courbaturé mais la douleur s'était apaisée. Ademara et Tasia était là, cette dernière était elle aussi allongée. Il ne chercha pas à comprendre ce qu'il s'était passé pour l'instant. Les autres avaient-ils survécu ? La voix sèche il demanda à Ademara:

-Où sont-ils tous passés ?

Elwin installa le coussin dans son dos sans attendre la réponse. Le rôdeur savourait ce confort après être passé par le "Banc du Tigre". Jamais il n'oublierait ces évènements et s'il jamais il retrouvait sur sa route des personnes impliquées dans les attaques subies d'Everlund à aujourd'hui, alors il ferait tout pour ne laisser derrière lui qu'un bain de sang. Il repensa à Katrina et à Asulf. Les évènements d'après sa libération n'étaient encore que flous, il avait vu des cadavres sur le sol et Asulf regretter l'absence d'elfe parmi ceux ci. Ils avaient été attaqués, par la même organisation sans aucun doute, mais ce n'était pas des elfes. Les suppositions d'Elwin s'effondrèrent elles aussi mais il ne chercha pas d'autre interprétation. La seule piste qu'il avait était Katrina. Il reprît doucement pour ne pas réveiller Tasia:

-Je n'aurai pas le courage de raconter deux fois ce qu'il s'est passé Ademara, j'ai encore besoin de repos. Mais lorsque nous serons tous réunis, il faudra qu'on parle entre membres de la Confrérie. Je suppose qu'on a tous beaucoup de choses à se dire.

Le demi elfe posa sa tête en arrière et soupira un long moment. Etait-il en sécurité dorénavant ? Il en doutait. Son regard faisait des allers retours entre la poignée de la porte et la fenêtre. Si tout ce calme pouvait paraitre réconfortant, ça ne l'était pas pour lui. Comme conscient de sa chute vers les abîmes il murmura pour lui même :

- La paranoïa me guette.

Dix-neuvième jour de la Flétrissure-Année de la Magie Sauvage
19 Eleinte1372 (CV)

Lieu : Fort Olostin, Voie des Landes Eternelle
Temps : Vent frais, ciel qui commence à se dégager,clair de lune
Moment: de la journée : Soirée

MJ
Narration: Jnaya et Asulf

n ne pouvait pas dire qu’Asulf se trouvait dans d’excellentes dispositions après ce qu’il venait de vivre. Quittant le reste du groupe, il avait décidé de rejoindre au plus vite les deux femmes qu’il avait laissé à l’auberge, cheval attaché à proximité, l’homme des steppes entra dans l’établissement, monta quatre à quatre les escaliers jusqu’à l’étage. Quand il croisa trois hommes en armes dans le couloir, il craignait le pire et deux foulées plus tard, il pénétrait avec fracas dans la chambre pour découvrir une Katrina alitée, un mouchoir sur le nez et une Jnaya, le visage quelque peu tiré. Les traces de sang, l’ambiance tendue qui régnait dans la chambre ne laissait aucun doute , il y avait eu combat et si cette nouvelle n’enchantait guère le barbare, force était de constater que les deux femmes étaient belles et bien vivantes et que la moniale avait parfaitement remplie son rôle. En voyant la silhouette familière d’Asulf sentit un réel soulagement l’envahir.

Alors débuta l’h’istoire. Keled Fermebras qui venait de quitter la chambre avait reçu de la part des explications sommaires de sa part, Jnaya préférant rester discrète, optant pour une agression gratuite sans conséquence.

- Un tire laine un peu trop entreprenant, avait elle dit à l’homme.

Jnaya expliqua par contre tout en détail à Asulf et ce dernier fit de même et décréta qu’ils devaient maintenant rejoindre le reste du groupe qui avait prit ses quartiers dans le temple de Lathandre. Une mesure de sécurité évidente qui ne souffrait d’aucun délai. Katrina allait protester et réalisa rapidement que l’un comme l’autre n’étaient pas d’humeur à supporter d’éventuelles récriminations ou objections. Elle se laissa faire. La nuit fut payée.

Leurs affaires en main, ils plièrent bagages et sous la conduite d’un Asulf aux aguets et d’une moniale qui collait Katrina, il se dirigèrent tous les trois vers le temple de Lathandre.

MJ
Narration: Ina et Egill

n quoi pouvez vous m’aider ? Il faudrait plutôt me demander ce que moi je peux faire pour vous mon enfant ! dit Felevel.

La femme adressa un sourire entendu à la druidesse dont le visage montrait des signes incontestables de fatigue. Blessés dans leurs chairs, Ina et Egill avaient donnés le meilleur d’eux même au cours du dernier combat, allant même au-delà de leur propre limite. Une nuit de sommeil régénératrice allait être plus que bienvenue. Elle contourna Ina et alla se planter devant l’illuskien qui avait mené un magnifique combat quelques temps plus tôt, et était devenu sans aucun doute l’un des artisans de la victoire, une valeur sûre du groupe à ne pas douter.

.eriorc em zevuop suov stnelat sov ed egasu eriaf à sap zerua’n suov ,tiun ettec ,ici traghtu enuej ecnaligiv ertov zehcâleR .séuovéd te selèdif sruetivres ed reruotne’s tias eirérfnoC aL .ruelav as etuot revuorp ed tneiv erocne iuh’druojua iuq te érdnegne a li’uq slif ud erèif euq ertê tiarruop en iuq latégév drallieiv ud ruetivres engid nu ,esuba’m en ej is raflöS ed slif ,nossraflöS lligE -

Elle lui tapota l’épaule avant de se détourner vers une Ina qui cachait mal son impatience..

- On m’avait fait part de votre arrivée et je devais vous accueillir dans mon domaine pour la nuit mais j’ai été retenue plus que je ne l’aurais voulu. Et voilà qu’à mon retour, j’apprend vos mésaventures ! Au moins il ne m’aura pas été difficile d’entrer en contact avec vous, une petite note d’humour qui ne manqua pas de faire sourire Felevel, « le nécessaire sera fait pour que vous disposiez de toutes vos affaires Ina, soyez rassurée…comme je viens de le dire à votre compagnon, vous êtes en sécurité en ces lieux alors profitez de cette nuit pour vous reposer…je reviendrais demain aux aurores avec je l’espère peut-être quelques nouvlles sur vos agresseurs sait-on jamais…. Que Séluné vous apporte un sommeil réparateur mes enfants. »

La Gardienne de la vie quitta les lieux sans rien dire de plus mais Ina comme Egill n’eurent pas longtemps à patienter que la porte du réfectoire s’ouvrit sur un novice précédent un trio composé d’une rousse menue, d’une moniale qui ne la quittait pas d’une semelle et d’un barbare qui menait la petite troupe.

MJ
Narration: Elwin, Ademara et Tasia

elevel ne quitta pas le temple immédiatement, elle se fit conduire tout naturellement là où se trouvait Elwin, Ademara et Tasia. Si elle ne résidait pas d’ordinaire à Fort Olostin, elle n’en demeurait pas moins une des personnalités importante et pour cause elle se trouvait être la druidesse la plus puissante à plusieurs lieux alentours dont l’un des jeux favoris était de critiquer de manière acerbe Mardan Elthondsson, le maître des lieux. Et si ce dernier possédait une reconnaissance légitime et reconnue, Felevel n’était pas en reste, surtout dans cette région où la majorité de la population étaient cultivateurs et éleveurs. Bien fou serait celui qui irait à défier celle qui avait reçu pour mission de veiller avec attention sur cette partie du territoire du Chêne Père. Son entrée dans la chambrée ne passa pas inaperçue, elle était coutumière du fait, après tout n’était telle pas Felevel la Verdoyante…

Elle entra sans mot dire, et sans prêter la moindre attention à la novice du Seigneur de l’Aube un regard sans équivoque avant de reporter son attention sur les lits où reposaient les deux demi-elfes, sur lesquels veillaient Ademara. Les trois novices demeureraient pétrifiés face à cette brusque intrusion mais l’effet ne dura pas car Ademara se leva d’un bond pour faire face

-Paix filles et fils de Thüldae, paix…je ne suis pas votre ennemie, tout au contraire. Felevel pour vous servir, gardienne de la vie et amie des habitants du Grand Saule..

Fir quitta le giron de Tasia et se dressa sur son séant pour faire face à la druidesse qui d’un doigt gratouilla la tête du petit animal avant de couiner à la vue de la tête de l’ocelot qui venait de se dresser mais qui en vérité se montrait tout juste curieux. Le rat s’empressa de rejoindre la sécurité du corps de sa maîtresse tandis que Felevel adressa un sourire furtif à l’assemblée qui jusqu’ici demeurait silencieuse et elle expliqua aux trois jeunes gens que sa présence ici, n’était pas due au hasard. Mandée par Linwëline quelques jours plus tôt pour accueillir un groupe de la confrérie en provenance de la cité d’Everlund.

- Mon domaine se trouve à l’extérieur du Fort, et si je n’avais pas été en retard pour vous accueillir, jamais il ne vous aurait arrivé pareille mésaventure, je puis vous l’assurer. Mais ce qui est fait est fait et nous ne pouvons revenir en arrière...

Cette fois, elle se rapprocha d’Elwin dont le visage décomposé faisait mine à voir et s'asseya sur le bord du lit. Sa voix se fit douce.

- Je sais que votre fatigue est grande mais j'ai besoin de connaître votre histoire. Sitôt cela fait, je vous laisserai vous reposer et apaiserait pour la nuit vos démons...

Les prunelles topaze de la druidesse se rivèrent alors que Elwin puis sur chacune des jeunes femmes.

Ainsi en était-il des elfes en général et de certains semi-elfes: leur sommeil s'apparentait à la rêverie et n'était jamais bien profond. Le réveil et les chuchotements d'Elwin, bien que très discrets, ne lui avaient pas échappés. D'une pièce contigüe, émanaient les échos très assourdis d'une conversation, dont elle ne pouvait percevoir la teneur. Elle releva légèrement la tête pour apercevoir le semi-elfe. Bien qu'elle ne put encore sourire, son visage exprimait le bonheur qu'elle ressentait de le voir en vie.

- Nous sommes tous là et, certains un peu mal en point, mais heureusement vivants et en sécurité ici... dans le temple de Fort Olostin, m'a dit Ademara.

Une intense aura de souffrance se dégageait du corps et de l'âme du blessé. Une voix familière et amicale racontant une histoire autre que la sienne pourrait le rassurer, lui occuper l'esprit et atténuer quelque peu ses tourments. Mais elle ne s'en sentait pas capable. Quelques filets de songes embrumaient encore le regard qu'elle posa sur la prêtresse afin de l'inciter à raconter leur partie de l'aventure.

La porte de la cellule s'ouvrit. Instinctivement, sans même regarder qui entrait, elle se dressa sur son séant, la douleur de ses plaies ainsi réveillée figeant un moment ses traits. Ademara était déjà debout, prête à intervenir.

Une femme d'entre deux âges venait d'entrer dans la cellule. Et les yeux grand ouverts cette fois, Tasia la détaillait. De long cheveux bruns mêlés d'argent ondulaient autour d'un visage aux traits harmonieux, éclairé de grands yeux topaze en forme d'amande.

Belle pour qui aimait les formes pulpeuses, elle dégageait une indéniable prestance que venaient attester, si besoin était, le symbole d'argent du Chêne père et le bâton noueux qu'elle tenait à la main. Elle se présenta comme Felevel, gardienne de la vie et amie des habitants du Grand Saule.

Fir, qui avait imité la réaction de sa maîtresse, se vit gratifier d'une caresse sur la tête, avant de regagner bien vite l'abri de draps de lin pour se lover contre sa hanche à la vue du compagnon de la nouvelle venue. Tout son petit corps s'étaient mis à trembler à la vue de ce jeune ocelot qu'il ne pouvait considérer autrement que comme un prédateur. La jeune femme le caressait doucement pour l'apaiser, tout en étant attentive aux paroles de la gardienne..

*Si accueil il avait dû y avoir, ce n'était sans doute pas celui escompté.* Effectivement, remonter le temps ne pouvait se faire et les regrets étaient tout ce qu'il y a de plus superflu. Mais elle n'entendait pas être impolie.

- Merci à vous, dame Selevel, pour votre attention et votre hospitalité.

L'Innatoh s'était adossée au mur, les bras croisés, et avait ramené ses jambes contre elle dans la position qui lui était la moins inconfortable. Elle ne cilla pas lorsque les prunelles de la druidesse vinrent rencontrer les siennes. Comme face à tout inconnu, quelle que soit la bienveillance qu'il affiche, Tasia conservait ses distances... calmement, sans animosité. Juste curieuse pour l'instant de la suite des événements et de l'histoire d'Elwin.

Les renseignements de Tasia avaient un peu rassuré Elwin. Le doute tout d'abord laissé par leur silence l'avait inquiété, mais à présent, il était certain que tous s'en étaient encore tirés. L'histoire se répétait étrangement, comme à Everlund, sauf que cette fois personne n'était mort. Le fait de savoir qu'il se trouvait dans le temple de Fort Olostin apaisa encore un peu plus Elwin.

Puis, une femme entra, encore fatigué le rôdeur n'eût pas une réaction très marquée. Par contre il afficha un peu plus d'attention au moment où celle ci se présenta. Il avait déjà entendu parler de "Felevel, la gardienne de la vie". Le novice n'était pas étonné de l'entendre demander de lui raconter son histoire. Il ne dit rien pendant un moment, il se contentait de plonger son regard vitreux dans ses yeux en même temps qu'elle. Le sang mêlé ne prêta pas attention à son physique, il ne pensa que c'était une usurpatrice. Se redressant il débuta sans introduction son histoire.

- J'ai été frappé dans les écuries par une femme. Ensuite on m'a traîné à plusieurs pour me transporter à cheval jusqu'à une cabane en dehors de la ville. Une fois là bas, elles m'ont attaché à ce qu'elles appellaient le "banc du tigre". Elles m'ont torturé, je ne sais pas pendant combien de temps. Elles m'interrogeaient sur... Elwin marqua une pause, et scruta de nouveau Felevel un instant. Il pouvait sans aucun doute lui faire confiance, et dans tout les cas, il se moquait bien de couvrir Katrina. Mandatée par Linwëline, elle était surement au courant de certains détails et lui cacher la vérité n'aurait été qu'un fiasco vu les compétences d'Elwin en la matière. Sur Katrina Illance Davion. Après leur avoir révélé ce que je savais, mes tortionnaires se sont avérées trop déçues pour me tuer puis sont parties, m'abandonnant à mon sort. Il poursuivit avec un ton quelque peu irrité bien que la suite ne soit que des détails sanglants. Après qu'un serpent m'ait mordu je réussis à me détacher les mains pour pouvoir l'étrangler. Une fois libre de tout mes liens, je retirai toutes les pointes plantées dans mes pieds en sang. Et, je me traînai jusqu'à la porte avant de voir un piège refermant sur moi d'autres lames. Finalement mes compagnons sont arrivés, et me voici. Il conclût tout en constatant tout l'acharnement que semblait lui avoir prêté le destin, c'en était presque comique, mais cela était loin de le faire rire.

-Dorénavant vous savez tout.

Encore nerveux, le fils de Sölfar n'avait décroché mot depuis la fin du combat. Son corps avait été mis à rude épreuve et il ressentait encore en ses chairs la désagréable et froide morsure du métal. Les derniers événements lui laisseraient de nouvelles cicatrices, ornements que l'illuskien aurait été fier de présenter à Uthgar en parvenant au domaine divin de son seigneur. Dans d'autres circonstances...

Car en cette soirée venteuse, il ne se sentait pas digne de rejoindre le panthéons de ses aïeux. Il avait le coeur lourd. Se sentant déjà coupable de l'enlèvement d'Elwin aux écuries, Egill avait été plus troublé encore lorsqu'il avait compris les douleurs qui avaient été infligées au rôdeur.
Il était depuis resté dans un profond mutisme - plus que d'ordinaire, s'entendait - n'offrant pas à Ina une compagnie des plus agréables.

Les mots de la représentante du Grand-Père Arbre, qui auraient dû le réconforter, n'avaient contribué qu'à blesser plus encore l'orgueil du colosse qui avait alors préféré se détourner et s'installer contre un mur, à même le sol, serrant dans ses poings fatigués le manche de son arme.
C'est ainsi qu'il était lorsque la porte s'était ouverte à nouveau sur ses compagnons. Il avait rapidement levé les yeux et présenté un regard noir à Katrina.

¤ Tasia... ¤ déclara-t-il pour lui-même tandis qu'il décrochait une dague fixée à sa bandoulière. Il entreprit de graver sur le manche de son marteau plusieurs encoches, symbolisant le nombre d'ennemis abattus depuis son départ de la Cité du Saule Argenté.
¤ Arbre-Fantôme, bienveillant esprit, donne la paix à Elwin et Tasia cette nuit... ¤

C'est avec un grand soulagement que le guerrier des steppes gelées arpentait les rues qui menaient au temple de Lathandre. Revoir sa belle rouquine en vie avait suffit à effacer quelque peu sa fatigue, il se mouvait enfin sans le pénible poids du doute et de l'inquiétude.

Asulf avait appris dans les moindres détails ce qui c'était passé dans l'auberge alors qu'il bataillait dans la forêt afin de prêter assistance à un groupe qu'il commençait à adopter comme le sien. Le récit de Jnaya lui permit de se rendre compte que son geste fut audacieux, bien trop audacieux, et que c'est par la chance où l'on ne sait quel bienveillance divine que le dénouement des récents événements fut si "heureux".
Cette moine des marches d'argent avait de la ressource et les tripes d'une lionne, elle méritait dorénavant une once de confiance de la part du géant à la crinière blanche. Même s'il ne lui témoigna aucune gratitude directement, une chose peu courante dans les mœurs regheds, sa méfiance se dissipa légèrement et le barbare se décida à travailler de concert avec sa nouvelle collègue.

L'heure était grave et de nombreuses questions se devaient d'être éclaircies. Le jeune Illuskien vérifia un instant qu'il avait toujours en sa possession le curieux pendentif et la petite bourse aux pièces frappées d'un sceau tout aussi mystérieux.

En éclaireur, Asulf avait prit un peu de distance et se déplaçait aussi silencieusement que possible tout en longeant les façades des diverses demeures qui les cloisonnaient dans les étroites ruelles de Fort Olostin. Toutes les trente secondes il se tournait vers les deux femmes afin d'évaluer leur position et de s'assurer qu'elles n'étaient point suivies. La lumière de l'astre lunaire lui offrait une vision correcte et c'est sans ambages qu'ils arrivèrent à destination.

L'accueil fut relativement froid, ce dont le guerrier des Crocs Sanglants se doutait bien à la vue de leur dernière aventure. Il ouvrit les portes et invita les dames à entrer rapidement.
Dans les pas du membre du manoir de l'éternel Crépuscule et de sa garde, il cerna aussitôt le regard peu chaleureux du fils de Solfär, l'heure des comptes n'était plus très loin. Les yeux du barbare cherchèrent ensuite la silhouette des autres gardiens sylvestres, il ne put distinguer qu'Ina la druide et ce tant mieux, il avait des interrogations auxquelles elle pourrait surement répondre.

- Où sont les autres? lanca le reghed en fixant tour à tour Ina et Egill.

Dix-neuvième jour de la Flétrissure-Année de la Magie Sauvage
19 Eleinte1372 (CV)

Lieu : Fort Olostin, Voie des Landes Eternelle
Temps : Vent frais, ciel qui commence à se dégager,clair de lune
Moment: de la journée : Soirée

MJ
Narration: Tous

elevel avait écouté attentivement le demi-elfe et avant de quitter les cellules elle apposa ses mains sur la poitrine du jeune homme qui sentit tout son être résonner d’une bienfaisante chaleur, un apaisement bienvenu qui permit au rôdeur de s’enfoncer dans un sommeil calme sans mauvais rêve. Un luxe évident après ce qu’il venait de subir.

- Il devrait dormir du sommeil du juste pour cette nuit mais si les blessures physiques peuvent se résorber, celles de l’âme seront bien plus longues à cicatriser si elles cicatrisent. Il aura besoin de vous novices de la confrérie.

La druidesse quitta les lieux sur ces paroles en leur donnant rendez-vous le lendemain matin. L’heure n’était plus aux discussions, chacun s’enfermant dans un silence presque oppressant surtout après ce qu’ils venaient de vivre. Le mutisme de Jnaya et d’Ina n’arrangea rien mais ne disait-on pas que la nuit portait conseil. Ainsi la compagnie investit le réfectoire en s’installant à même le sol. Asulf, Egill, Jnaya, Ina dans la salle commune, Tasia, Elwin et Ademara dans les cellules. Le groupe rompu de fatigue céda au sommeil et aux rêves qui ne manqua pas de peupler leur esprit. Pour le regued, ce fut l’instant où il quitta sa toundra natale pour des contrées réputées plus civilisées alors Egill aperçut en songe sa sœur lui parler, le toucher. Si Ina, elle se revit petite jouer autour du domaine familiale, Tasia, eut au cours de la nuit plusieurs fois l’impression de tomber dans un gouffre et de se perdre en forêt alors qu’Ademara, plongée dans sa rêverie après ses dévotion à la Vierge lunaire, repassa quelques instants merveilleux avec les siens sur l’île verte. Seul Elwin et Jnaya ne rêvèrent pas. Le premier avait l’impression de flotter dans les airs et était étrangement heureux quant à la moniale, son esprit errait au-delà des contreforts de Damarie.



Vingtième jour de la Flétrissure-Année de la Magie Sauvage
20 Eleinte1372 (CV)

Lieu : Fort Olostin, Voie des Landes Eternelle
Temps : /
Moment: de la journée : Deux heures après le lever du soleil

Tous récupèrent leurs PV

MJ
Narration: Tous

e sont les clercs de Lathandre qui réveillèrent les compagnons, cinq d’entre eux pénétrèrent en chantant dans le réfectoire, d’évidence de bonne humeur. Les compagnons, couchés se réveillèrent les uns après les autres, débraillés, les vêtements froissés, les mines austères et les cheveux hirsutes, c’était un spectacle presque affligeant. Au premier coup d’œil Asulf et Jnaya s’aperçurent de l’absence de Katrina, elle avait échappé à leur vigilance. Il n’en fallut pas plus pour les mettre en ordre de bataille mais ils furent vite rassurés par un des prêtre qui leur confia que la jeune femme s’était levée une heure plus tôt et exigé de faire sa toilette et d’avoir des vêtements propres pour pouvoir débuter cette nouvelle journée sous les meilleurs auspices. Elle ne devrait pas tarder à les rejoindre.

Un petit déjeuner collectif était servit. Deux cruchons de lait de chèvre , un fromage à la pate dure, une grosse miche de pain gris et un brouet consistant étaient au menu. Les compagnonsd s’installèrent après avoir préparé leurs affaires.

Et si Katrina était absente, ce ne fut pas le cas de Tasia, Ademara et Elwin qui firent à leur tout irruption dans la salle commune, ils étaient habillés et lavés de prêt, une apparence à l’opposé d eleurs compagnons. Le demi elfe marchait seul, il boitillait encore et à ses côté, Ademara et Tasia étaient prêtent à le soutenir au cas-où. L’heure était désormais aux retrouvailles….