Quand les chasseurs deviennent le gibier, Dernier Chapitre.

MJ
Narration: Cyprien et Oromë

érissé par l’attitude de Miriel, Oröme ne prêta pas la moindre attention aux propos de l’humain qui s’adressait à lui. Les autres elfes sauvages quittaient déjà les lieux, emportant avec eux les blessés et le mort.

Reportant son regard à Cyprien, il l’entraîna à l’écart de ses troublantes retrouvailles ou manifestations amicales que le druide était à mille lieux de comprendre. A quelques mètres de tout ce verbiage, l’elfe sauvage souffla de dépit mais répondit aux interrogations du jeune novice de la confrérie.

… … ’
Sa décision était sans appel. Il se détourna et emboîta le pas aux siens sans laisser l’opportunité à l’elfe des bois de lui répondre.

MJ
Narration: Tous

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Miriel perd 6 PV non létaux•
Broxigar, Inwën, Rak récupère leur havresac allégé et leurs armes de jets.
Havresac Broxigar : Contenu : 1 outre d’eau en peau vide (1kg), briquet et amadou, 5 bougies, trousse de premier secours (9 utilisations), boussole.
Sac à dos en cuir bouilli de Rak de Delzoun : 1 outre de peau 1 Kg à vide.
• Havresac Inwën : Contenu : Briquet a Amadou ; Potion de soins modéré; Corde de chanvre=5Kg, Outre de peau vide.

than se réveilla en sursaut, quel cauchemar venait de le tirer du sommeil ? Il n’aurait su le dire. Tout son corps le torturait. Dormir à même le sol ne lui avait fait aucun bien pour ses articulations mais cela avait eu l’avantage de le reposer un peu. Se redressant, il perçut une odeur de fumée qui planait dans l’air. Une pluie battante formait une cascade devant l’entrée du réseau de cavernes où les compagnons se trouvaient, l’eau martelait le sol avec une lancinante monotonie. Il se redressa et écarquilla les yeux en découvrant Oröme assis près de lui. Un sourire aux lèvres.

’

Le forestier esquissa un sourire forçé.



Une heure plus tôt, Orömé avait laissé les compagnons dans la grotte, suivant à la surface ses frères qui portaient les blessés, et le corps du défunt car ces conciliabules lui importait peu, il se devait maintenant de prendre les choses en mains. Quand contre toute attente, il avait découvert Ethan à sa sortie, une surprise de taille. Le forestier n’était pas en meilleure forme. Si ses blessures étaient refermées, il lui faudrait récupérer des forces s’il voulait soutenir la marche qui les attendait, tout comme Miriel qui malgré les apparences, n’était pas en grande forme.

Pour ne pas changer, la pluie s’était mise à tomber, un temps de chien ponctué de quelques coups de tonnerres. Pendant cette petite heure qui passa à une vitesse efferante, les autres grugash ne se préoccupèrent pas des compagnons qui étaient sortis à leur suite, au contraire, le mauvais temps qui venait de faire son apparition n’avait en rien entamé leur préparatif de départ. Car oui, ils vidaient les lieux. Oromë avait donné des instructions précises aux siens. Ils obéiraient et c’est ainsi que le fils de l’orateur s’était retrouvé rapidement seul avec le groupe,seul ? Non, les deux guerriers grugash qui les avait accompagné jusqu’ici étaient restés avec lui.

Rak de Delzoun, Broxigar Caladaï et Inwën devaient faire une croix sur leur armure, ils ne les récupéreraient pas par contre, ils pouvaient conserver les armures de peaux, sans doute moins seyant mais de bonne qualité. A l’inverse, chacun récupéra son havresac, quelque peu allégé. Miriel en profita pour informer Cyprien et Nob du départ de Lhamo, si brusque tandis que Rak et Broxigar déposaient à l’extérieur de la grotte le corps de leur défunt ami, son cadavre enveloppé dans une couverture.

e nain et l’humain devait s’occuper des rites funéraires de leur ami. Nob se proposa instinctivement pour les accompagner sous un bosquet de frênes situé non loin de l’entrée de la caverne, quoi de plus normal pour le gardien lugubre. Pendant ce temps, Cyprien qui avait récupéré son sac, rejoignait le druide et Ethan tandis qu’Inwën et Miriel s’installaient autour d’un feu qu’un elfe s’évertuait d’alimenter.

Si Rak de Delzoun avait été ébranlé par l'attitude soudain amicale de ceux qu'ils combattaient un instant plus tôt, le fait de porter le cadavre de Crâne d'Oeuf enroulé dans une couverture le rendit à nouveau imperméable à tout sentiment.

¤ Je les déteste, je les déteste,... ¤ n'arrêtait-il pas de penser.

Le seul plaisir qu'il éprouva, vint du fait de quitter la forteresse souterraine. Lui qui avait passé presque toute sa vie dans sa grotte natale, aimait la vie hors du monde d'en haut. Mais en cet instant, il pouffa un ouf de soulagement et prit de profondes inspiration d'air frais. Même la pluie qui lui trempa les vêtements en quelques instants, ne réussit pas à emtamer son moral.

¤ Enfin dehors ! ¤

Pourtant, une tâche difficile l'attendait : enterrer son ami. Aidé de Broxigar et d'un halfelin dont il s'étonna de l'atitude, il gagna un bosquet de frênes qui leur fournirent un abri précaire.

¤ Crâne d'oeuf, voilà un coin tranquille pour toi. ¤

Le corps déposé à terre, Rak, toujours en silence, entreprit de commencer à creuser le sol. Faute de mieux, il utilisa sa hache dont il tenait la lame à deux mains.

Rebhe-Llon fut agréablement étonné au point d’en être désarçonné, par la réponse d’Orömé. Un guide de cette prestance était beaucoup plus qu’il n’avait jamais espéré.
Ce en quoi il était –une fois de plus – bien naïf.
Il était évident qu’un chef aussi avisé que le jeune Grugach tenait à ce que d’une façon ou d’une autre son clan participe à réparer la situation.
Les siens avaient causé beaucoup de dégâts, mais il y aurait des témoins que les Sisahapas ne s’étaient pas dérobés quand il s’était agi d’agir pour la paix. Le nom du clan ne serait pas durablement entâché auprès des créatures de la Haute-Forêt.

Le Natif du Léthytr songeait en remontant le chemin qui menait à l’extérieur de la grotte.
¤Quel sens politique chez le jeune druide !¤
Rapprocher le concept de "politique" d’un Elfe Sauvage le faisait sourire tout en avançant, mais en définitive pourquoi ?
Le meneur d’un clan de Sy’Tel’Quess comme celui d’un royaume humain très policé ne devaient-ils pas tous les deux protéger les leurs et assurer leur avenir ?

Parvenu à l’extérieur le Guerrier cuivré fut désappointé de voir dans quel état se trouvait Ethan. Parti le premier en éclaireur du groupe, il l’avait quitté blessé certes, mais sur la voie du rétablissement.
Le Forestier avait exigé trop de lui-même surtout dans ces bois touffus où il fallait sans arrêt se contracter et s’étirer pour passer les taillis, éviter les branches, esquiver les souches.
Comment cicatriser dans ces conditions ?
Une fois ou deux, Rebhe-Llon, avec des blessures infiniment moins graves que celles d’Ethan, avait dû progresser dans sa forêt et il se rappelait à quel point c’était difficile.

Il se baissa vers l’homme et murmura :

- ’ Al hond ebrath, uol tath shantar en tath lalala ol hond ebrath.

Il glissa malicieusement à Oromé, sachant qu’il ferait plaisir à l’humain :
-Son fils est déjà prêt. Ses flèches ont fait des ravages dans les rangs orques tandis que son père se coltinait le plus puissant des peaux-vertes.

Il inspecta son sac et, comme il le craignait, leurs multiples blessures avaient eu raison de sa provision d’onguents.
Mais il lui restait deux potions de soin et c’est sans hésiter qu’il en offrit une au Forestier.

Il se redressa et nota la grande disparité des gens qui étaient là. Bien sûr, la majorité d’entre eux s’ignoraient, mais compte tenu qu’ils auraient pu être en train de s’étriper, le Saë’tel’Ques goûtait cette scène comme la plus douce manifestation de paix entre les peuples.

Il sentait confusément que ce serait bon que tous ces gens collaborent et pas uniquement parce que c’était de meilleures chances de réussite, mais parce qu’ils affrontaient un péril qui dépassait de loin la simple profanation de la Haute-Forêt. Il y avait un mal effrayant là.
Un mal qui les menaçait tous, même ce nain.

Il ne savait pas comment aborder la suite des opérations avec ses puissants voisins.
Il se ressouvint de sa transe chez la guérisseuse et frissonna.
- Est-ce qu’une Dame Luciàne vous dit quelque chose ? interrogea t-il à brûle-pourpoint.

Quand le groupe s'était mis en marche vers l'extérieur, Miriel avait presque faillit tourner de l'œil et s'était rattrapée in extremis à la paroi froide et dure de la grotte. Elle ne s'était jamais sentie aussi affaiblie ces cent dernières années qu'elle ne l'était à ce moment, et pourtant elle se souvenait de blessures pas très belles à regarder quand elle baroudait encore seule. Elle reprit tranquillement sa respiration, chassa le sombre voile qui avait subitement rétréci sont champ de vision, et se redressa doucement. C'était passé, mais elle sentait bien qu'elle était épuisée et qu'il n'était pas question de présumer de ses forces trop longtemps.

Elle se remit en marche vers l'extérieur, et respira à pleins poumons l'air frais rempli des fragrances de la forêt pour se remettre un peu d'aplomb. C'est à ce moment là qu'elle remarqua que le nain et l'humain transportaient un corps enroulé dans une couverture, et à leur visage, ce corps avait été celui d'un compagnon de longue date.
Miriel ne connaissait pas ce défunt personnage, et laissant Cyprien mener la conversation avec l'orateur Sihasapas, elle alla aider deux elfes à aviver un feu avant de s'asseoir pour se reposer un peu, s’en remettant ainsi à l’elfe cuivré pour la direction à prendre. Après tout, Ethan, Burdy et elle n’avait eu à faire qu’au Sihasapas, tandis que les autres avaient appris de nombreuses choses pendant leur visite chez la sorcière…Et bien qu’elle ne se l’avoua pas facilement, il était clair que l’archer avait peut-être une meilleure vision d’ensemble de la chose.
Quand Inwën vint la rejoindre, elle la gratifia d'un sourire et directement elle demanda :

-Qui était-il ?... Je veux dire, l'homme dans la couverture, il est mort pour notre cause s'il est là ... alors, je voulais savoir qui il avait été ?

En l'état des choses, elle ne savait pas quelle réaction allaient provoquer ces paroles chez la sang-mêlé, mais elle se devait au moins se souvenir du nom de l'homme qui était mort pour leur cause.
C'était étrange d'ailleurs. Elle était consciente qu'un homme était mort pour leur cause, et cet homme elle avait envie de savoir pourquoi il était mort pour eux. D'ordinaire elle n'aurait rien demandé et peut-être même n'aurait-elle pas remarquer que dans ce linceul était allongé un humain. Mais là elle voulait savoir, connaître au moins son nom car elle sentait qu'un jour elle tâcherait de se rappeler de passage de sa vie et qu'elle s'en voudrait alors d'oublier quelque chose.
S'il avait été un elfe, elle aurait prié pour lui.

Nob avait cillé légèrement en apprenant la défection de Lhamo. Il n’etait pas sur d’en comprendre la raison mais bien des choses lui semblait incompréhensible de la part des membres de la confrérie. Il remarquât le désarrois d’Inwen, l’intérêt de Miriel pour la mort d’un seul humain sans parler de cette espèce de sacrifice qu’avaient pratiqués les elfes. Finalement, il ne comprenait que peu de chose du monde extérieur si vaste dans lequel il s’etait plongé et cela lui faisait parfois regretter le monde petit et simple de son peuple. ¤ Je n’ai jamais trop aimé les humains mais jamais je n’aurais cru le peuple Elfique capable de pratiquer des rites pareils tout en aillant la sensibilité de s’inquiéter d’un mort alors qu’il y en a eu tant d’autres, mais après tout, n’est ce pas pour découvrir la diversité de ce monde que je suis parti pour accomplir ma quête ¤

Méditant sur cette pensé, le petit homme emboîtât le pas du nain et de son compagnons qui entamèrent de creuser une fosse afin d’ensevelir le corps de l’un des leurs. Sentant les gouttes de pluie s’écraser sur son visage, il leva les yeux au ciel.

-Seigneur, pourquoi faut il toujours qu’il pleuve au moment de donner les derniers sacrements, faut il donc que vous preniez plaisir à mouiller votre humble serviteur ?

Nob regarda les alentours pour voir si on pouvait imaginer trouver suffisamment de pierres pour ériger un cairn . Il lui semblait peut probable de creuser une fosse suffisamment large et profonde sans outils adéquates par temps de pluie.
Il songeât qu’il ne connaissait rien de ces hommes mais ils semblaient avoir subit de lourdes épreuves, il restait à savoir jusqu'à quel points ils etaient impliqués. Les paroles de Cyprien sur Dame Luciane lui parvinrent comme un murmure.

-Maître nain et serviteur de Kossuth, Nob n’avait pas encore utilisé leurs noms, ne sachant pas vraiment quel crédit leur apporter. "j’ignore exactement ce que vous savez sur celui ou celle qui vous a entraîné dans cette aventure mais je pense qu’il est temps de dissiper cette brume qui nous entoure. Inwen qui travail également pour la confrérie aura des informations à nous donner. Je n’en suis moi même, pas membre, je m’appelle Nob, prêtre itinérant si l’on peut dire et j’ai découvert avec mes compagnons qu’un chef humain, nommé Teilos Eirontalar prenait grand plaisir à organiser des chasses un peu particulières. Particulières au niveau du gibier bien entendu, il semble trouver les elfes plus à son goût que les cerfs, surtout si ceux ci sont composés de femmes et d’enfants. Nous avons nous même découvert un camps totalement ravagé par ce fou. Jeamenth, un druide, y a perdu sa famille et semble considérer que tout les moyens, y compris les plus mauvais, sont nécessaires à la fin de ses massacres. Nous savons également que Dame Luciane, sa sœur, est impliquée dans cette histoire. Avec Ethan, que vous voyez la bas, nous avons décidés d’intervenir afin de confondre ce damné Teilos pour arrêter cette escalade de violence entre humains et elfes. Si nous ni arrivons pas, je gage que tout cela pourrait tourner en guerre ouverte."

Le sagespectre aurait préféré parler de tout cela devant un plat de champignons comme ceux qu’il possédait dans son sac mais il pensait que suffisamment de temps etait passé. Le faire devant le corps de celui qui semblait avoir été un camarade leur ferait peut être comprendre les conséquences de ce qui se passerait si rien n’était fait.

Assise près du feu, Inwën tentait de rassembler ses esprits et essayait de comprendre comment elle en était arrivée là. Où avait elle échoué, à quel moment la situation lui avait échappé? Des questions simples en apparence qui demandait d'aller puiser dans ses souvenirs. Mais la fatigue mêlée aux dernières tensions ne lui permettait pas de se concentrer.
Le regard ailleurs, les yeux rivés sur des flammes qu'elle ne voyait pas, la rôdeuse s'en voulait d'avoir craqué dans les bras de son amie à la vue de tous et c'est honteuse qu'elle repensait à Mëlinàn Idawëne sa mère. Tous ceux que cette elfe, courageuse d'avoir quitter les siens pour suivre l'humain qu'elle aimait, lui avait inculqué pendant ses premières années prenaient l'eau.
Son courage et sa détermination vacillaient et son appartenance aux Tel'Quessir lui semblait bien dérisoire. A sa grande surprise et surtout à son grand regret, beaucoup plus de sang humain coulait dans ses veine qu'elle ne l'aurait souhaité. Elle devait retrouver Kirgan son père. Lui seul pourrait lui fournir des réponses.

Tout en continuant à songer au tournant que pourrait prendre sa vie, la voix de Miriel lui parvint aux oreilles.

- Hein! L'humain? Oui il s'appelait Crane d'œuf! C'était certainement un sobriquet mais je n'ai jamais su son nom. Je n'ai d'ailleurs pas vraiment eu le temps de le connaître, mais une chose est sûr, c'était un moine et un homme de bien! Rak le nain et Broxigar l'humain le connaissaient bien mieux!

Miriel! Je suis désolée de mon comportement de tout à l'heure. Maintenant excuse moi, je vais les aider à le mettre en terre.

Inwën se leva péniblement, sourit à son amie et se dirigea rejoindre le cortège hétéroclite. quelques mots du hin lui parvint et il semblait expliquer quelque chose.
Elle devait au moins faire ça pour lui rendre hommage.

MJ
Narration: Oromë

Ce nom ne disait rien au jeune druide. Tout juste avait-il entendu mentionner la présence d’une femelle humaine parmi les chasseurs qui adoraient voir les jeunes grugash courir et courir, pourchassé par des traqueurs impitoyables. Etait-ce celle-là ? Peut-être.

Alors qu’Ethan remercia Rebhe-Llon pour son geste, le forestier secoua la tête.

Ethan Larford

- Non ami Rebhe-Llon, je suis acquis à la cause que défend notre confrérie et il était normal que je m'implique sans concession mais j'avoue que le combat contre ces orques m'a quelque peu malmené....Enfin espérons que je puisse récuper suffisamment pour vous être d'une quelconque utilité dans l'avenir.... -------------------- Si de prime abord cet humain avoisinant les deux mètres et à la carrure impressionnante peut vous paraître distant et froid, il ne faut pas vous y fier. Père de famille comblé et époux heureux, Ethan veille attentivement sur les siens. Chasseur, forestier et guide de son état, il sert la cause des Gardiens Sylvestre.

Oröme plissa les yeux en regardant la demi-elfe se diriger vers le groupe tandis qu'Ethan continuait à parler.

- J'ai bien peur que Lhamo soit partie seule au devant de ce Jeamenth ou de cet humain, c'est une folle entreprise, à coup sûr. J'ignore les raisons d'une telle décision mais seule, elle ne parviendra jamais à raisonner l'un comme l'autre et je ne parle pas de sa condition....Il faut que nous nous mettions en route au plus tôt.

Le druide tourna la tête vers les deux membres de la confrérie.

- Cette Lhamo, qui est-elle exactement?

Une simple question parmi tant d'autre

Crâne d'Oeuf ... certes il était chauve, mais la rôdeuse trouvait ce surnom dégradant, trop peut-être. Il était vrai que son nom à elle aussi se voulait plus blessant qu'autre chose, lui rappelant à chaque occasion qu'elle avait tué sa mère pour venir au monde, mais...
De dépit, elle se détourna du linceul et s'intéressa d'un peu plus près à la conversion qui se tenait entre Ethan, l'orateur et Cyprien. Et elle en compris qu'ils ne prendraient guère de repos, aucun d'entre eux, tant le départ se devait d'être immédiat.

Au nom de Lhamo, elle réagit et soudain sentit comme une boule au fond de sa gorge. Elle savait qu'elle aurait du tenter de la raisonner, de lui dire de ne pas partir seule et ... non, elle n'aurait pu de toute façon, puisque celle ci s'était éclipsée sans mot dire. Il ne fallait pas qu'elle s'en veuille, mais si elle venait à mourir pour leur cause, alors elle n'était pas sûre de retenir ses larmes.
Perdue dans ses pensées sombres, elle vit toutefois les lèvres du Sihasapas bouger et y lut la question fatidique qu'il avait posé. Elle sentit soudain qu'elle se devait d'y répondre : elle avait annoncé aux autres son départ, et elle se sentait étrangement liée au destin de la druidesse depuis ce moment. Un sentiment absurde et sans aucune raison d'être.
Pourtant elle se leva, se rapprocha du colloque et dit avec une petite voix:

- Lhamo n'est plus un être des profondeurs. Elle a renié depuis toujours sa nature et elle a été choisie par un cercle de druide pour y appartenir. Aujourd'hui, elle n'a plus de sa race que la couleur de peau. Sa sagesse et sa diplomatie sont bien présents, et elle s'est battue avec nous, jusqu'à ce qu'elle décide de partir seule au devant du danger, hélas. C'est une druidesse et elle a la nature avec elle, avec ses dons, elle pourrait réussir, si ce n'était le sanguinaire avec lequel elle va essayer de parlementer. Elle court à sa perte.

Elle aurait voulu dire à Rhebe qu'elle s'en remettait à lui pour fixer l'heure du départ, mais elle se rendit compte que c'était surtout l'état d'Ethan qui fixerait leur départ. Aussi, tourna-t-elle la tête vers Ethan, encore adossé à la grotte, et reprit.

-Ethan, dès que vous vous sentirez en état de marcher, il nous faudra partir.


P.S : le "na" est le verbe "être" à la troisième personne du singulier.

Rak creusait toujours la tombe de son ami. Aussi n'écouta-t-il l'elfe que d'une oreille au début. Puis, il lui décocha un regard, sans cesser son ouvrage. L'horreur des paroles le pénétra.

¤ S'il dit vrai, le seigneur Eirontalar serait l'unique responsable de tout ce massacre. Et nous, ils nous a entraîné bien malgré nous à l'aider. ¤

Mais un doute étreignit le coeur du nain d'écu. Comme toujours, sa nature simple le guidait dans un sens ou dans un autre, pas au milieu. Et cet elfe dont il combattait les siens moins d'une heure plus tôt, pouvait-il lui mentir. Quelle foie apporter à ces paroles ?

Rak cessa un instant de creuser et fixa l'elfe droit dans les yeux :

- Tu dis peut-être vrai, mais peut-être faux. Comment je pourrais le savoir ? J'ai servi le seigneur Eirontalar car il me semblait digne de cela. Bien sûr, je l'ai fait pour l'argent, car je suis un guerrier. Mais ma bourse ne m'oblige pas à travailler pour ceux que je réprouve. Alors ! Comment savoir ?

Le nain d'écu poursuivit son oeuvre, ne sachant ce que ses paroles allaient donner comme résultat. Lorsqu'Inwën les rejoignit, Rak cessa à nouveau de creuser pour lui parler :

- Inwën. Je sais que je peux te faire confiance. Alors dis-moi. Cet elfe affirme que le seigneur Eirontalar est une brute sanguinaire, qui tut les elfes, leurs femmes et enfants pour le plaisir. Alros, dis-moi, disent-ils la vérité ?

Rak continua à creuser.

Rebhe Llon cherchait une réponse avisée à faire à Orömé, bien qu’à vrai dire, il ne pouvait pas se targuer de bien connaître Lhamo, quand il fut devancé par un torrent verbal.

Surpris et un peu décontenancé, il eut un sourire triste en entendant l’intervention de Miriel. Si la couleur de peau de Lhamo n’était pas un problème pourquoi l’annoncer d’emblée ? Pourquoi les premiers mots qui venaient à l’esprit pour la présenter à un inconnu, n’étaient pas "C’est une druide, initiée de la Confrérie" ou mieux encore " Elle aime les érables et le chant du vent d’automne dans les branches" ?

Il se contenta d’ajouter
- Lhamo exige plus d’elle-même que quiconque.
Désormais Orömé avait les clefs pour comprendre pourquoi.

Il resta un peu en balance dansant d’un pied sur l’autre pour conserver la souplesse de ses articulations qu'il avait beaucoup sollicité ces derniers temps. Comme un félin, il changeait rarement de position sans en profiter pour faire ces quelques exercices.
Il regardait le groupe hétéroclite qui s’échinait à creuser sous la boue quand il proposa :
- Nous pourrions partir demain à la première heure. Ethan si ça ne va pas mieux vous boirez ma potion.
Les Elfes monteront la garde tandis que les N’Tel’Quessir nous feront entendre le concert de ronflements dont ils ont le secret.
Tâchons de profiter du temps qu’il nous reste pour nous sécher et nous restaurer.

Il quitta ses interlocuteurs avec un signe de tête pour Orömé et un sourire d’encouragement pour Ethan pour aller faire part des résolutions au Halfelin.
Il semblait que les évènements prenaient une tournure décisive et peut-être encore plus dangereuse.
Une fois encore, il proposerait, tout en espérant un refus, au courageux petit bonhomme de se retirer d’une affaire qui n’était pas la sienne.

Mais, à vrai dire, il était également curieux de cette novice avec laquelle il n’avait pas échangé encore.

Lorsqu’il parvint sur les lieux il entendit le rude nain ingurgiter les renseignements que le décidément très volubile Sagespectre distribuait à qui voulait l’entendre et, à en juger par les brèves réponses bougonnes du Fils de la Pierre, même à ceux qui ne voulaient pas.

- Pourquoi le noble Nob dirait faux Maître nain ? Il n’est pas un elfe et il agit librement selon sa conscience.
C’est juste un voyageur qui a été attaqué par des chiens de chasse dressés pour tuer et qui les a vu égorger une elfe devant lui.
Des chiens qui portaient la marque d’Eirontalar et qui divaguaient à quelques pas d’un campement elfe où tous les femmes et les enfants avaient été massacrés y compris par le feu.

Comme la majorité des Saë’Tel’Quess, il n’avait aucun a priori contre les nains et si les conditions du moment faisaient qu’il était circonspect en face de cet employé du Chasseur humain, on aurait été bien en peine de lui voir une attitude plus négative contre le barbu que contre son compère humain.

Au contraire il avait choisi de décrire la situation en peu de mots d’une façon directe, presque brutale. il croyait cette façon de faire coutumière et pas impolie pour les Enfants de Moradin.

- Néanmoins, Vous n’avez pas fait totalement fausse route et ce mort que vous enterrez en atteste. Certains elfes sont partis en guerre et ont choisi de répondre aux crimes aveugles par des crimes aveugles à la suite notamment du père de cette adolescente tuée par les chiens.

Il aurait bien aimé savoir pourquoi l’amie de Miriel était tellement proche de ces deux gaillards. Bien qu’il ne se l’avoua pas, cela titillait sa curiosité.
A la fois dans l’espoir de la satisfaire bientôt, à la fois pour rendre hommage aux humains victimes des Elfes, il sauta lestement dans la tombe que creusait le nain et entreprit d’évacuer à la main la terre qu’écroulait le barbu avec sa hache.