Les Sceaux de la Prophétie, Areala, Dugnar, Kasil, Tarsenian

L’agitation et la légère bousculade dans cet étroit couloir, le flot de paroles de la gnomette qui cherchait Kasil, cet homme qui avait écarté N’Jini sans qu’elle ne proteste… Areala jeta un regard perdu à Dugnar, était-ce elle qui avait l’esprit embrumé ou bien cette scène était-elle quelque peu irréaliste ?

Elle hésitait… Leur deux nouveaux compagnons avaient étés retrouvés avec beaucoup de facilité dans cette grande ville et elle trouvait cela étrange… Cela n’était pas rassurant du tout pour la suite des évènements !

La jeune femme sentait ses jambes trembler et ce couloir semblait d’un coup plus étroit encore, elle avait chaud et manquait d’air… Peut-être avait-elle réellement présumé de ses forces, le massacre de la veille et la scène macabre qui l’avait accueillie lorsqu’elle avait reprit conscience étaient des évènements auxquels elle n’était pas habituée…

Le regard toujours plongé dans celui du Nain, elle songea qu’elle aurait probablement du l’écouter et s’être un peu reposée… Les voix de ceux qui discutaient se faisaient de plus en plus sourdes et elle sentait le sol se dérober sous ses pieds. A cet instant elle ressentit le froid d’une cote de maille, tournant légèrement son visage elle vit le jeune Tarsenian qui la soutenait par la taille et elle lui adressa un sourire avant de lui murmurer qu’elle avait besoin d’air frais.

Elle se laissa guider vers l’extérieur de la maison et reprit peu à peu contenance auprès des deux paladins leur assurant qu’elle se sentait bien. Quelque peu rougissante devant ce signe de faiblesse elle fit mine d’écouter attentivement ce que la petite voulait à Kasil.

Il avait semblait-il enfin une piste sur la demi-elfe qu’il recherchait, cela risquait de s’avérer intéressant et Areala ne perdit plus un mot de l’échange entre la gnomette et le Nain.

Kasil avait, apparemment, arrêté de la secouer... et pourtant ! Le monde continuait à faire des caprices et tournait toujours et encore...refusant de se stabiliser. Le seul avantage à la situation était que, prise entre les pognes du nain, Lorelette ne pouvait pas tomber. Heureusement car sinon elle aurait certainement rejoint son confrère gnome par terre, cul par dessus tête.

¤ Oulala ma tête....¤

Ces nains avaient réellement des coutumes bien étranges et la petite gnome avait définitivement abandonné l'idée de les imiter... Non, vraiment, comment pouvait-elle ne serait-ce qu'espérer ébranler le nain ?

- Wouff Wouff !

Ki la ramena à la réalité... Ah oui, le nain lui avait posé une question. Si elle ne répondait pas rapidement, il allait continuer à la secouer... Peut-être faudrait-il lui expliquer que les gnomes ne donnaient pas de réponses comme les pommiers en les secouant ? Lorelette hésita un instant à lui expliquer mais décida finalement de rester - pour une fois - sur le premier sujet de conversation et de simplement répondre à sa question :

- Euuuh alors la jolie dame, je l'ai vu la nuit, y'a plusieurs jours déjà, je sais plus bien...

Réfléchissant, elle attrapa une couette et la martyrisa en repensant aux derniers jours. Tous se succédaient et se ressemblaient. Elle n'avait pas l'habitude de faire le compte ou de tenir un calendrier. Quel intérêt à cela ? Tant pis, peut-être le nain se rendrait-il pas compte qu'elle avait omis de répondre à ce passage de sa question.

- Ki, lui, c'est un gros dormeur, si je ne l'avais pas fait, jamais il ne se serait réveillé et il ne l'aurait pas vu la jolie dame ! C'était dans une ruelle... je vous montrerais si vous voulez. C'est une sorte de cul de sac, y'a jamais personne qui y passe, on aime bien y dormir des fois. On s'est fait une sortie de maison avec des cartons et des tissus, c'est tranquille et chaud !
Donc, oui, la demi-elfe. Je n’ai pas pu voir d'où elle est venue, j'avais fermé les rideaux et quand j'ai entendu quelqu'un courir, j'ai eu peur et j'ai préféré par regarder. C'est elle qui a entr'ouvert le tissu, ayant sans doute entendu Ki ! Des fois, ça lui prend comme ça, pouf ! Il se met à ronfler, c'est terrible.

Ki gronda doucement comme pour protester contre les accusations proférées par Lorelette. Boudant, il ne s'intéressa plus à l'histoire mais à un bout de tissu qui recouvrait une petite table, dans le couloir de la maison de maître Marb et qui pendait jusqu'à hauteur de ses babines. Inconsciente du drame qui se préparait sûrement, Lorelette continua son histoire :

- Quand elle m'a vu, elle m'a dit de me taire en mettant un doigt devant la bouche, mimant le geste, un index devant ses lèvres , et j'ai bien vu que ce n’était pas le moment de lui demander ce qu'il se passait. On a entendu des pas, on est resté caché. Puis les pas se sont éloignés et elle s'est sauvée.
Un peu remise de ma stupeur, j'ai voulu la rattraper après pour lui proposer de rester à dormir dans mon carton, mais je n'ai pas réussi à la rattraper. Et elle avait une bague comme vous, Messire Nain, à l'auriculaire avec rat représenté dessus.

Lorelette s'arrêta un instant, se remémorant la scène... avait-elle oublié un détail. Non, apparemment, elle avait tout raconté à Kasil :

- C'est pas incroyable comme histoire hein ?

¤ Tout concorde! ¤

Kasil eut un sourire béat en écoutant la description que faisait la gnome bien que sa barbe en cacha la plus grande partie.

Cependant, lâchant Lorelette, il reprit bientôt un air grave.

- Par la barbe de Clanggedin La personne que vous avez rencontré se nomme Neyril Iltia elle fait partie de ma compagnie et suis à sa recherche depuis plus d'une semaine.

Place nette ayant été faite dans le couloir il invita la rencontre providentielle à sortir de ce lieu qui , au vue de son exiguité, ne lui laisser guère le choix que d'accompagner l'imposante masse en armure qui avançait sur elle.

Ce n'est qu'une fois à l'extérieur que Kasil invita toisa ses compagnons d'un air interrogateur. Il ne pouvait pas tout abandonner pour eux et pourtant tel était sa mission: il DEVAIT retrouver Neyril Iltia coûte que coûte. C'est alors qu'il prit une décision.

Sans vraiment la regarder il s'adressa à Lorelette.

- Conduisez moi à l'endroit où vous l'avez vu pour la dernière fois.
Je regrette de devoir vous abandonner ainsi mes amis mais mon devoir pour la compagnie passe avant tout!
N'ayez crainte pour la mission que l'on nous a confié si je retrouve Neyril Iltia elle aura surement des informations à nous transmettre concernant le temple et ses occupants.
Retrouvons nous à l'auberge des étoiles déchues dés que la nuit sera tombée.

Son regard se posa alors sur Lorelette. Un regard qui annonçait le départ si toutefois la gnome été d'accord.

Attirée par la conversation entre Kasil et la petite gnome, Areala n’avait pas songé à s’écarter du bras du beau paladin qui la soutenait encore. Alors qu’elle le remerciait d’un sourire pour sa sollicitude à son égard, la voix déterminée de Kasil la fit sursauter.
Si sa nature curieuse lui dictait d’insister pour suivre le Nain, elle éprouvait une sensation étrange depuis quelques instants, et la proposition du guerrier lui sembla providentielle.

Se tournant à nouveau vers les deux paladins, elle leur adressa quelques mots d’une voix à peine audible,

« Si vous désirez accompagner Maître Kasil, je le comprendrai parfaitement, je suis certaine que l’aide de deux braves compagnons tels que vous lui serait bénéfique… Quant à moi, je crois que je vais vous attendre à l’auberge, je… Je profiterai pour me reposer un peu avant ce soir… »

En réalité elle n’avait pas envie du tout de se retrouver seule, peut-être qu’ils l’oublieraient lorsqu’ils trouveraient des indices quant à la destination de la demi-elfe… Pourtant elle devait admettre qu’elle ne se sentait pas capable en cet instant de les suivre.
Elle jeta un rapide coup d’œil à N’Jini qui semblait connaître cet homme, peut-être qu’elle aussi finalement partirait de son coté…

La jeune femme soupira doucement, quoiqu’il en soit, elle était trop intéressée par une possible intrigue au sein du temple d’Ilmater pour laisser tomber l’affaire… Elle irait se reposer un peu, puis se rendrait comme prévu à l’intérieur du temple.

Posant délicatement sa main sur celle de Tarsenian, elle s’écarta enfin de lui en lui adressant une fois encore un sourire de remerciement.

N'Jini les yeux baissés écouta les paroles de Tharivor qui la bouleversèrent pour des raisons qui pour l'instant ne firent qu'effleurer son esprit. Elle comprit très vite qu'elle avait le choix soit de feindre de ne pas se souvenir de lui, soit lui avouer le reconnaître à son tour. Elle n'était pas très sûre du chemin à prendre. Elle croisa ses bras se tenant les épaules comme si elle avait peur d'une agression invisible... Levant la tête elle posa un regard farouche sur Tharivor :

-Je me souviens en effet d'un jeune homme que j'ai vu chez mon Maître commença-t-elle d'une voix rauque et je dois vous avouer que vous lui ressemblez un peu...

N'Jini s'arrêta maudissant les dieux. Ce passé qu'Ils s'ingéniaient à remettre sans cesse sur son chemin, utilisant des rêves, des odeurs, des voix et voici que cet homme se présentait à elle : "oui, pensa-t-elle, c'est ma faute si ma mère est morte, je sais ! Ne vous lasserez vous jamais !!" Des remords profonds tels des démons cachés aux tréfonds de son âmes menacèrent de l'envahir bousculant sa vie vers la colère et la noirceur. Elle serra les dents pour ne pas les laisser la submerger. Elle ne voulait plus faire face à ce passé, elle ne voulait plus voir au travers des yeux de cet homme sa culpabilité et sa honte.

Ses yeux d'or s'assombrirent dans sa révolte et son angoisse et au prix d'un grand effort de maîtrise elle parvint à articuler ses paroles sans devoir y entendre le tremblement qui parcourait son âme :

- Votre requête est des plus inattendue Messire Tharivor. Et vous me voyez toute embarrassée d'avoir été l'objet de votre recherche. Néanmoins je n'ai pas besoin de protection...

N'Jini se rendit compte que ses propos étaient froids et dénudés de cœur et s'en voulut, sachant bien qu'elle écartait peut-être quelque chose de précieux...

- Mais si vous le désirez Messire Tharivor et si mes compagnons sont d'accord vous pourriez peut-être vous joindre à notre mission... Je propose en un premier temps d'aider Kasil dans sa recherche de son amie la demi-elfe...

Se détournant volontairement du regard pénétrant de Tharivor, N'Jini se tourna vers le nain en souriant :

- S'il est important que l'on retrouve cette personne, je vous prie Kasil de nous permettre de vous aider avant toute chose ! En chemin rien ne nous empêche de glaner quelques bribes d'informations qui pourraient nous être utiles à tous...

Lors du refus froid et à la limite agressif de Dame N'jini concernant la protection offerte, Tharivor crut tous ses effort vains et s'en voulu beaucoup de s'être montrer si direct, il prononça assez rapidement mais à voix basse car déjà, Dame N'jini continuait de répondre:

- Il ne faut pas le prendre comme ça...

Voici à présent qu'elle lui proposait de la suivre tout de même, cela revenait donc à accepter la proposition de protection, mais sous une autre forme, cela convenait parfaitement à Tharivor qui ne put qu'acquiescer.

Tharivor s'approcha légèrement de Kasil et lui dit d'une voix calme et posée:

- Moi, Tharivor Ningel, désire mettre mes forces et capacités à votre service afin de vous aidez à retrouvez la dame que vous sembler chercher. et peut être même d'avantage si mes capacités peuvent vous servir autrement.

Tharivor était vêtu de son armure scintillante et il tenait l'épée dans son fourreau devant lui la "pointe" du fourreau posée sur le sol. Ses deux mains étaient sur le pommeau et il attendait juste de connaitre la réponse de Kasil.

Neyril Iltia, c’était bien de pouvoir mettre un nom sur le visage de l’inconnue. L’appeler « la demi elfe » tout le temps n’était pas bien pratique pour les conversations.

Est-ce que les vilains bruits de pas dans la nuit avaient finalement réussis à attraper Neyril plus tard dans la nuit ?

Quel dommage qu’elle n’ait pas voulu rester à dormir dans le carton avec elle et Ki. Elle aurait été en sécurité, n’aurait pas disparu et Kasil ne la chercherait pas depuis plus d’une semaine.

En même temps, Lorelette n’aurait pas eu la joie de rencontrer toute cette joyeuse compagnie, ni ce cousin gnome – bien peu causant malheureusement.

Alors que Lorelette réfléchissait à toutes les aventures amusantes qu’une telle rencontre allait forcément engendrer, un drame se déroulait à quelques pas de là...

SCCCHllliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinnnnnnnnnnnnngggggggggggg

Un bruit de verre cassé provint de l’intérieur du couloir.

Habituée aux frasques de l’animal, Lorelette remarqua tout de suite que Ki brillait par son absence… à peu près depuis qu’elle avait raconté à tous qu’il ronflait. Qu’avait donc encore fait ce gros patapouf de chien !

Elle fit demi-tour promptement, surprenant le nain par la rapidité de ses réflexes et, se faufilant entre ses jambes, revint vers la porte. Mais à peine avait-elle fait 1 m qu’un courant d’air brun vint s’abattre sur elle, la repoussant vers le nain.

- Wouuuf Woufff !

Ki la regarda d’un air fautif, la tête légèrement penchée, les yeux tristes, la queue basse. Il avait encore fait une bêtise et le savait ! Trop gentille, Lorelette lui fit une petite tape amicale sur le bout du nez :

- T’en fais pas, ça va aller.

Et, se retournant vers le nain :

- C’est une excellente idée, allons y immédiatement...tout de suite... sans tarder un instant. Je vais vous montrer la ruelle et ma maison de cartons.

Elle jeta un œil inquiet vers le couloir, s’attendant à revoir la dame compatissante qui lui avait ouvert la porte tout à l’heure ou pire le maître marchand en colère.

N’importe où serait mieux qu’ici à attendre d’essuyer encore une fois les bêtises de Ki.

- Vous venez aussi vous tous ?

Dugnar semblait quelque peu décontenancé par la situation... Tout allait si vite..
Observant un instant Kasil, il suivit avec attention la discussion avec la gnomette.. Lorsqu'elle eut fini et que Kasil l'invita a un départ immédiat, Dugnar se tourna vers Areala et la regarda longuement...

*Par Moradin, dans quel traquenards me retrouve-je donc ?*

Alors que n'jini semblait des plus embarrassées face a cet homme qui lui semblait fort peu connu, mais qui lui proposait sa vie comme bouclier, alors que le chien faisait un boucan d'enfer dans le couloir de la maison et que la gnomette semblait totalement ignoré ce que pouvait être une once de logique éducative, Dugnar semblait toujours plongé dans de lointaine pensées..

*Cette histoire me semble fort étrange.. Entre cette demi-elfe qui disparaît et ce temple déchu... Que se trame-t-il donc en cette cité ? Un massacre, des gardes qui semblent inefficaces, un archiprêtre au bord de la mort... Voilà bien des choses étranges qui n'annoncent rien de bon..*

N'jini annonçant son intention de suivre Kasil, Dugnar se tourna vers Areala et celui qui passait de plus en plus pour un tombeur qu'un paladin aux yeux du nain et dit

- "Areala douce enfant, nous ne pouvons vous laisser seule.. Tarsenian ou moi-même resterons avec vous pour l'après-midi, pendant que les autres aideront notre compère nain dans ses recherches.."

Se tournant vers Tarsenian, il dit

- "Cher ami, je vous laisse choix de fonction, mais n'oubliez pas de pensez avec votre foi et votre tête, pas avec le reste.."

Bien que le ton semblait quelque peu réprobateur, Dugnar restait amical et sympathique...
Attendant une réponse, il observa un instant les gens en présence

Le regard de la danseuse passa tour à tour du serviteur de Moradin à celui de Tyr, se demandant si ce dernier avait réellement mérité les remarques de son compagnon… Remarques faites d’un ton amical, mais remarques tout de même !

Selon elle, Tarsenian n’avait fait qu’être courtois avec elle depuis leur rencontre, protecteur quelque peu fougueux certes, mais rien qui ne soit absolument déplacé ou répréhensible…
Si elle avait souhaité un fervent dévoué, elle ne désirait pas d’un pauvre innocent incapable de s’affirmer et d’assumer ses sentiments… Dans un soupir elle songea que le beau paladin était encore bien jeune et que c’était à cause d’elle qu’il se faisait doucement sermonner.

D’une voix plus sure et décidée elle répondit avant le jeune homme,

« Je n’ai nul besoin d’être accompagnée mon cher Dugnar, je me rendrai à l’auberge et vous y attendrai, je n’y vois là aucun danger méritant escorte… Je pense d’ailleurs que votre compagnon ne se pardonnerait pas de manquer à une tâche aussi importante que d’aider Maître Kasil. »

Inclinant la tête en signe d’adieu, elle prit la direction de l’auberge qui était semblait-il devenue leur point de rencontre.

MJ

Septième jour de la Flétrissure dans l'Année de la Magie Sauvage
(7 Eleinte 1372)
Lieu : Port-Ponant, quartier marchand
Temps : Beau ciel bleu
Moment : Milieu d’après midi


Narration

Tous

La Providence était parfois étrange. Alors que les aventuriers se préparaient pour venir en aide à un temple des dieux de la Trinité, bien des nouvelles les accueillirent à la sortie de la demeure de Maître Marb.

La petite gnome et son chien maladroit avaient capté toutes les attentions dès leur entrée en scène, ses informations étaient précieuses pour Kasil, bien qu’il serait sans doute difficile de trouver une piste supplémentaire à partir de celles-ci. L’orientation et la composition de ce qui avait été une toute jeune troupe d’aventuriers prête à se lancer dans les mystérieuses intrigues de Port-Pônant sembla changer du tout au tout avec ces rencontres fortuites. Ajouté à Lorelette qui emmènerait l’impétueux nain là où elle le désirait, un guerrier du nom de Tharivor Ningel, tout juste surgi du passé que N’Jini s’évertuait à enfouir, se ralliait au groupe, ou plutôt à l’ensorceleuse elle-même.

Mais déjà les objectifs des sept compagnons divergeaient. Areala rattrapée par la fatigue et la réalité de ce qui lui était arrivé se résolut à prendre un peu de repos. Et refusant une fois de plus avec politesse l’aide généreuse des paladins elle se mit en route. De l’autre côté Kasil et Lorelette étaient déjà prêts à partir s’aventurer dans les petites ruelles de Port-Pônant que connaissait bien la petite gnome. Ils allaient sans doute être rejoints par l’Ensorceleuse et son nouveau garde du corps malgré elle. Restaient les paladins indécis.

Et tous avaient oublié le gnome, avec raison, ce dernier était resté assis par terre bouche bée devant Lorelette puis devant toute cette succession d’évènements. Seul le fracas provoqué par le chien l’avait fait sortir de sa torpeur. Tout s’était bien déroulé jusque là, Abbonick avait trouvé de nobles aventuriers qui pouvaient aider maître Marb, il les avait amené à lui, et ils avaient accepté de le faire, et voilà que maintenant une jolie petite cousine gnome apparaissait du milieu de nulle part avec son énorme chien qui cassait tout dans la maison du sieur Marb et elle lui volait ses aventuriers avec ses histoires a coucher un nain dehors… Elle semblait gentille, mais c’étaient SES aventuriers !

Aussi Abbonick se releva prestement après être resté de longues minutes assis par terre, tâchant de se redonner contenance et dignité. Il épousseta d’un geste ses vêtements et tira dessus pour les défroisser puis s’avança en courant vers Areala qui partait déjà.

- Dames ! Maîtres Nains, Seigneurs Paladins ! Et le…

Soudain il se ravisa, en pleine rue, en présence d’inconnus, il n’était pas judicieux de parler des problèmes du temple d’Ilmater.

- Dois-je toujours vous emmener à l’entrepôt messire Dugnar ?

Le gnome toujours aussi affolé ne savait plus vraiment ou se placer, les aventuriers allaient-ils s’occuper du temple… Comment en être sur… Les paladins étaient des hommes de parole. Ils n’avaient pas non plus dit qu’ils allaient le faire tout de suite… Ils avaient parlé d’agir avant la nuit. Il restait quelques heures devant eux.

Mais si il avait tout compris, Dame Areala devait se diriger alors vers le Temple, pourquoi allait-elle à l’auberge ? Sans attendre la réaction du paladin de Moradin, il courut vers la jeune barde, du haut de ses courtes jambes dans une démarche enfantine.

- Dame Areala ?! Vous retournez à l’auberge ?

Son air était penaud, il ne comprenait plus grand-chose aux manigances des grandes gens…

- Je pensais que vous comptiez… Il se rapprocha tout près de la jeune femme avec l’intention de lui parler à l’oreille dans un chuchotement, mais la différence de taille était de ce fait flagrante et quelque peu gênante. …aller vous reposer au Temple d’Ilmater cette nuit. Vous avez changé d’avis ? Qui ira alors ?

Le petit air suppliant du gnome était presque caricatural.

Non loin de ce petit tête à tête, la fière petite gnome était prête à entamer la marche en direction du premier indice menant à la mission de Kasil.