Les Sceaux de la Prophétie, Areala, Dugnar, Kasil, Tarsenian

Tout en se baladant en ville, Tharivor avait regardé principalement les femmes, dans l'espoir de retrouver celle qu'il recherche avec tant d'ardeur.

Ne la trouvant pas au bout d'une heure, il pensait aller dans une taverne ou un quelconque lieu public afin de demander si personne ne l'avait vu lorsqu'il fit intrigué par cette petite fille bloquant le passage de plusieurs personnes et étant accompagnée d'un gros chien.

- Je peux vous aider?

Tharivor s'était rapproché et souhaitait savoir s'il y avait un problème qu'il pourrait aider à résoudre avant de repartir à la recherche de cette ensorceleuse.

"Que Tempus me protège d'une réaction inattendue..."

Tharivor espérait ne pas avoir dit de bétises qui ferait que ces personnes lui répondent tel que l'avait fait le garde. Il n'aimait pas rendre mal à l'aise les autres et ne voulait plus recommencer...

Que les humains pouvaient être crédules parfois ! Lorellette avait le sourire aux lèvres rien qu'en repensant à l'attitude pleine de compassion de la femme qui lui avait ouvert la porte... Une petite enfant crasseuse, elle n'y avait vu que du feu ! Son déguisement marchait toujours à merveille ! Et en prime, elle avait même gagné une piécette de cuivre. Exactement le prix de ces bonbons aux miels si bons et si collants que la veille femme vendait au marché !

Un homme derrière elle, un confrère gnome les fesses par terre et apparemment plusieurs personnes dans la maison, dont certainement ce nain avec la si jolie bague... quel bel auditoire, Lorelette ne se sentait plus de joie d'être ainsi au centre de toutes les attentions

- Bonjour tout le monde ! cria t'elle à la cantonade. Je suis très heureuse de faire votre connaissance, je suis...

Chercher à cacher son identité à un confrère n'était pas correct. Tant pis pour tous ces observateurs humains ! Tout en continuant à parler - il n'était pas né celui qui saurait l'arrêter après si peu de mots - Lorelette retira en partie son grand bandeau, de quoi laisser ses 2 petites oreilles pointues voir la lumière du jour.

- ...Lorelette ! Quel plaisir de vous voir tous ici réunis en cette magnifique journée. Je ne pense pas que vous puissiez beaucoup nous aider, Monsieur le guerrier, dit-elle en se retournant vers Tharivor, mais c'est très gentil à vous de proposer. Si vous étiez venu tout à l'heure, vous auriez sans doute pu m'aider à me remettre sur mes pieds, mais c'est maintenant trop tard. Vous voyez Ki...

Tout en continuant à abreuver le jeune guerrier de paroles inutiles, la jeune gnome montra négligemment du doigt le gros chien brun qui ne quittait jamais ses semelles. Ce dernier, bloquant toujours efficacement le chemin, s'était accroupi devant le Gnome abasourdi, la tête au niveau du sol, le postérieur en l'air, la queue battant la chamade, jappant joyeusement tout en essayant d'attraper un bout de sa chemise pour l'emmener dans de folles aventures. Un nouveau compagnon de jeu à embêter !

- ... m'avait fait tomber du tonneau là bas... plaff dans la boue, effaçant une trace oubliée sur son pantalon. Moué bon enfin, voilà et c'était mouillé et personne ne se serait arrêté pour me demander si ça allait ou pour m'aider à me relever !

Woufff.......woufff ! Quelques passants, intrigués par la scène s'étaient arrêtés à leur niveau et un petit attroupement commençait à se faire.

- Mais arrête d'embêter notre cousin voyons ! Comment il va se relever si tu mets tes vilaines pattes sur lui ? Je suis vraiment désolée, nous sommes si contents de trouver un ami dans cette grande ville pleine d'humains, Ki ne sait pas se tenir à sa place, je me demande pourquoi, j'ai pourtant essayé de lui inculquer les bonnes manières...

Tout en continuant à expliquer le dressage catastrophique de Ki, Lorelette se baissa pour serrer affectueusement la main du gnome qui, d'étonnement, était encore les fesses par terre, abasourdi par cette rencontre improbable.

- Vraiment enchantée, je viens de Grand Val. Tu connais ? C'est magnifique comme région et des tunnels de partout, pas besoin de sortir pour rendre visite au trou voisin, c'est très pratique les jours d'hiver lorsqu'il neige ou gèle.

Toujours accroupie, la petite gnome avait une vue imprenable sur le couloir. Elle avisa alors les étranges silhouettes de la maison qui devaient sans doute craindre la lumière du jour pour ne s'être pas encore avancées ni présentées, quel manque de civilité ! Sans attendre une invitation, Lorelette entra dans la maison, c'était faire preuve de courtoisie de leur éviter ainsi la confrontation avec le dehors.

- Bonjour ici ! Je suis Lorelette de Grand Val, mais vous avez du déjà entendre tout ça. Dites, sur la pointe des pieds, essayant de voir derrière Areala , vous n'auriez pas vu un nain par hasard ?

N'Jini suivit le groupe. Elle se garda bien d'émettre le moindre commentaire devant l'entêtement de la barde, et les comportements de ses compagnons, se décidant à rester en observatrice silencieuse quitte à se détacher de tout ce monde qui semblait bien sûr de la route à suivre. Elle aviserait en temps et en heure, les surprises de l'existence ayant cette fâcheuse habitude de se mêler des plans les mieux conçus.
N'Jini eut très vite la confirmation de ses pensées alors qu'elle se trouva derrière Areala arrêtée par une étrange petite gnomesse et son chien. N'Jini éclata de rire devant tant de verve et cette fontaine d'innocence qui amena une vivifiante brise de vie dans ce couloir.

- Dame Lorelette ! fit N'Jini en s'inclinant avec un sourire plein de douceurheureuse rencontre assurément. Je suis N'Jini... des nains nous en avons en effet !

Le sourire de N'Jini se figea soudainement alors qu'elle releva la tête et qu'elle vit le jeune guerrier sur le pas de la porte. Malgré le contrejour elle plongea son regard droit dans les yeux d'un fantôme, un visage de son passé, un passé qu'elle fuyait depuis plus de deux ans et qui venait de la rattraper là, dans cette maison d'étrangers. C'est comme si un étau venait de lui prendre son âme. N'Jini ne sachant que faire exactement resta plantée là comme un animal pris au piège. Son esprit priant que celui ci ne reconnaitrait pas l'adolescente qu'elle était lors de leur rencontre

L'arrivée de Tharivor Ningel n'avais suscité chez Kasil qu'un intérêt limité. Le brave homme nous proposait son aide mais comment cet étranger pourrait nous aider? Il en déduit donc qu'il avait mal entendu la question et que l'homme avait demandé: "Pouvez vous m'aider? ".

Il été sur le point de lui répondre lorsque la gnome prit la parole pour ne plus la lâcher.

La scène ne manquait de singularité. Kasil ne connaissait que par quelques légendes la race des gnomes. Au Grand Glacier, on raconte qu'ils ne sont pas ni forgeron ni guerrier dans l'âme mais qu'ils compensent cette carence par une certaine acuité à la magie et au produits pouvant en découler.
Ainsi les histoires qu'il eut pû entendre à leurs sujets concernaient des magiciens en quête d'artefacts ou troupes de troubadours s'illustrant particulièrement dans l'art du divertissement. Cependant elles omirent de mentionner leur maladresse et leur indélicatesse.

Lorsque Kasil vit Lorelette, il eut d'abord l'impression de voir une petite humaine comme il en put voir des dizaines au cours de son voyage. Ce n'est qu'une fois qu'elle ôta son bandeau qu'il s'aperçut de sa méprise. Un hoquet de surprise l'étreignit alors et elle continuait de parler...encore et encore et encore.

Kasil commençait à s'impatienter. Il n'est pas courant chez les nains qu'un individu monopoliser autant l'attention à moins bien sûr qu'il n'ait quelque chose d'important à dire mais tel n'était pas le cas de Lorelette qui parlait de chose sans importance. Au moins s'était-elle présentée ce qui dénotait un certain savoir vivre. Cependant lorsqu'elle tenta de pénétrer la maison de maître Marb, Kasil, qui se trouvait en qutrième position derrière N'jini Areala et Tarsénian, l'arrêta net d'une main sur sa poitrine ou plutôt sur tout son buste car la main du nain le lui recouvrait entièrement.

- Vous me semblez un peu trop cavalière dame Lorelette pour vous introduire ainsi dans une demeure sans y être convié.

Le nain dévisagea la gnome d'un air sévère.

- Vous cherchez un nain? Vous en avez trouvé un! Kasil Lutgen fils de Grüdor Lutgen et d'Alabrinil du clan Targar chien de meute de la compagnie des marches. Que voulez vous?

Kasil se garda bien de laisser sa main sur le corps de l'impudente qui pouvait voir la chevalière à son majeur.

Dugnar était resté silencieux dans le fond de la file, pensif a ce qui allait arriver.. Se rendant compte au bout de quelques minutes qu'ils n'avaient guère beaucoup bougé, bouscula quelques peu ses compagnons pour voir ce qu'il se passait.. Tombant nez à nez avec lorelette, il eut un regard méfiant puis, après qu'elle se fut rapidement présentée, il dit

Je suis également tout autant Nain que mon compagnon.. Dugnar FroidMartel, Paladin de Moradin... Pouvons-nous vous aider mon enfant ?

Lorelette était toute excitée, au centre de l'attention de ces héros rassemblés dans le couloir de la maison de ce bon marchand. Au diable la discrétion que ses pairs lui avaient recommandé d'user, c'était tellement moins amusant ! Tous armés de pied en cape, ce devait être des gens puissants qui avaient actuellement le regard posé sur elle, rendant la chose encore plus amusante.

La plus gentille restait Dame N'Jini. Comme une magicienne, à peine avait-elle finit de parler de nains, que 2 d'entre eux étaient sortis de l'obscurité de la maison. Maintenant, coincée au milieu du couloir entre eux deux, elle ne pouvait plus voir la jolie humaine pour la remercier mais ce n'était pas bien grave, elle n'allait pas se sauver et elle pourrait le faire plus tard.

Pour le moment, Lorelette avait suffisamment de sujets d’amusement pour occuper son esprit tout entier. Qu’était donc cette tape amicale du premier nain, une coutume locale mal connue, une habitude de la maison ? Dans tous les cas, c’était bien peu pratique vu la situation. Gênée par le bras puissant et l'exigüité du lieu, Lorelette n'arrivait pas à toucher la poitrine du nain pour lui rendre son geste de bienvenue, et c’était bien embêtant... s’il se fâchait de son manque de savoir-vivre ?

Pourtant, ce premier sujet, pourtant fort intéressant, fut vite occulté par un second bien plus attrayant. La chevalière ! Quelle chance, elle avait trouvé le bon nain.

"Que voulez vous?... Pouvons-nous vous aider mon enfant ?....."

Tournant la tête tantôt vers Kasil, tantôt vers Dugnar, Lorelette ne savait trop à qui répondre pour ne pas fâcher les susceptibilités... Un – trop – court instant, elle resta muette… Mais ces considérations ne l’arrêtèrent pas longtemps :

- Enchantée messires nains, sautant pour essayer de revoir la jolie N’Jini, restée à l’entrée, et vous aussi Dame N’Jini.

Déjà avant de parler des choses importantes au nain, il fallait qu’il arrête de parler avec sa grosse voix impressionnante et de la regarder avec son air sévère. Ne sachant trop comment le dérider ou s’excuser, machinalement, Lorelette attrapa une de ses couettes et commença à la mâchouiller nerveusement. Ki, sentant le stress de sa petite maîtresse, lui lécha la main, la poussant doucement à continuer son allocution.

- Seigneur Kasil Lutgen, désolée d’être rentrée comme ça, mais si une porte est ouverte, c’est bien pour inviter le visiteur à entrer ? Enfin, c’est toujours ce que m’a expliqué mon grand-père Kreuse, il suffisait de fermer la porte et je ne serais tout simplement pas rentrée.

Ki jappa doucement et continua à lui pousser la main de la tête… L’encourageant, il lui mordilla doucement le petit doigt de la main. Mais, Lorelette, agacée, reprit prestement sa main et, s’adressant au gros chien :

- Aie ! Oui, c’est bon, je vais lui dire…

Puis, revenant aux nains, elle reprit, étonnement claire et concise pour une fois, un léger tremblement dans la voix :

- Quand à savoir si vous pouvez m’aider, je ne pense pas que ce soit moi que vous devriez aider, Seigneur Dugnar FroidMartel… Ce que je veux ? C’est vous parler à vous, Maître Kasil Lutgen, à cause de la bague, comme la gentille et jolie demie elfe qui, elle, a besoin de votre aide.

Tharivor se voyait récompenser de sa générosité, en effet, que ce serait-il passé puisque la femme de ses recherches se trouve la devant lui. Bien qu'ayant grandit et visiblement muri, l'ensorceleuse N'jini n'avait pas changer suffisamment que pour être méconnaissable aux yeux de Tharivor qui espérait secrètement lié une amitié avec la jeune fille.

"Que Lliira et Tymora soit louées, la fin de mon voyage se présente enfin devant moi. Cette voix, je l'aurais reconnue entre mille, mais comment vais-je me présenter à elle, je l'ai tant cherchée qu'il serait dommage de ma part de ne pas le faire correctement..."

S'approchant encore un peu de la maison, il finit par se trouver juste devant dame N'jini la petite fille ou la gnome s'il avait bien compris se trouvait occupée avec les deux nains. Tharivor prit la main droite de N'jini de sa main gauche et la lui baisa avant de prononcer les paroles suivantes:

- Dame N'jini, j'aimerai m'entretenir avec vous d'un sujet important et je ne pense pas que vos amis doivent être au courant des détails. Il serait donc préférable, je pense, de nous éloigner quelque peu, que je puisse vous parler en toute liberté.

Tharivor espérait ne pas avoir offenser l'un des compagnons de voyages de N'jini ni même N'jini elle même... Et afin de tenter de persuader N'jini de sa bonne fois, il tenta une dernière réplique en chondathan:

- C'est au sujet de votre passé...

N'Jini baissa les yeux et s'écartant essaya de de fondre dans le mur de couloir, oppressée soudain par tout ce monde, ce tintamarre dans ce couloir. Les couleurs et les sons se mélangèrent, les voix courtoises des deux nains, la voix un peu plus aigüe de la jeune Lorelette qui quelques moments auparavant lui avait arraché une étincelle de joie et de gaieté. Tout se mélangea et elle eut du mal à respirer cherchant un souffle d'air frais.

Une main ferme prit doucement la sienne... Lorsqu'elle vit le jeune homme à nouveau devant elle, prononçant son nom et demandant une entrevue discrète, Njini comprit très vite qu'il ne servait à rien de chercher à fuir, du moins en cet instant précis. Ses souvenirs l'amenèrent malgré elle vers la tour de son maître sorcier qui lui avait appris à maîtriser les maigres compétences. N'Jini se souvint clairement de ce jeune homme fier sur son destrier. Elle l'avait fixé bien malgré elle, ressentant l'émoi qui éclaira soudainement et de façon enivrante son cœur d'adolescente innocente et insouciante de l'époque...
Bien des choses avaient changées depuis et le mal avait corrompu son chemin :

- Messire ? N'osant en dire davantage de peur de trahir son émotion, elle laissa le jeune homme la guider vers le dehors.

Tharivor entraina donc la jeune ensorceleuse quelques mètres plus loin puis il commença sans attendre la conversation.

- Dame N'jini, je suis à votre recherche depuis longtemps. A vrai dire, je vous recherche depuis que j'ai appris votre sombre histoire. Mon oncle m'a tout raconté car le souvenir de votre beauté hantait mes souvenir et, lorsque j'ai voulu repartir à l'aventure, n'ayant aucun but précis, je me suis donné comme but de vous retrouvez et de mettre mes forces à votre service.

Tharivor reprit son souffle et continua son histoire sans laisser le temps à N'jini de répondre car, dans le doute de sa réaction, il voulait qu'elle sache tout avant de répondre.

- Pardonnez mon étourderie, j'ai oublié de me présenter correctement, je me nomme Tharivor Ningel et j'ai atteint mes vingt deux printemps récemment. J'ai effectué plusieurs boulot tels que garde dans le Cormyr puis barman. C'est d'ailleurs après ce dernier métier que la partie qui te concerne commence. Durant ma carrière de barman, je m'ennuyais, tellement que je fini par donner mon auberge à mon frère et à me décider de partir à l'aventure. Seulement partir à l'aventure c'est bien beau mais pour où? C'est alors que j'ai repensé à vous et votre beauté qui n'a fait que s'améliorer avec le temps. Je repensais aux moments ou je ne m'entrainais pas et ou je venais vous regarder vous entrainer avec mon oncle sans que vous ne puissiez me voir. J'ai donc prit mon équipement et je me suis rendu chez mon oncle qui m'a expliquer toute votre histoire. Après quelques temps de recherche me voici enfin face à vous afin de vous offrir mes services en tant que combattant et garde du corps.

Tharivor attendait maintenant anxieusement la réaction de la jeune ensorceleuse qu'il avait passé tant d'année à chercher.

Tout à l'euphorie provoquée par la réponse de la gnome, Kasil dédaigna ce qui se tramait entre dame N'jini et le nouveau venu et ne prêta aucune attention au fait qu'ils se soient tout deux éloignés.
Il s'approcha encore un peu plus de la gnome et posa ses grosses mains sur ses épaules et la regarda les yeux brulants d'impatience. Enfin avait-il trouvé quelqu'un qui puisse le mener sur la piste de celle qu'il cherchait ardemment. Il parlait vite et avec un lourd accent gutural mais ses propos n'en demeurait pas moins tout à fait compréhensibles.


- Vous avez vu pareille bague au doigt d'une demi-elfe?! Où?! Quand?! Je vous en prie dame Lorelette, dites moi ce que vous savez!

Pris par son engouement le guerrier en oublia sa force et le pauvre petit être se voyait secouée d'avant en arrière sans qu'elle ne put objecter la moindre défense. A la fin de sa phrase Kasil cessant de s'agiter la regardait de ses yeux bleus clairs dans l'attente d'une réponse.